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PragerU: fer de lance conservateur dans la guerre culturelle aux États-Unis


PragerU: fer de lance conservateur dans la guerre culturelle aux États-Unis
Dennis Prager à la Faith and Freedom Coalition, 28/6/2019 Jeff Malet Photography/Newscom/SIPA SIPAUSA31508213_000005

Quelle est la stratégie à succès de cette organisation, peu connue en France, qui se bat contre l’éducation progressiste donnée sur les campus américains et la censure des géants du numérique ? Enquête…


Elle est devenue la bête noire des mondialo-progressistes américains. Forte d’une audience majoritairement jeune, PragerU cumule près de 5,5 milliards de vues et trois millions de plus chaque jour grâce à ses contenus pédagogiques sous format vidéo. Mais aujourd’hui, non sans difficultés, les GAFAM tentent tout pour la censurer.

Un projet éducatif innovant

« Je fais de la contre-programmation idéologique, face à tous les médias qui vont dans un sens et qui fascisent toute opinion dissidente ou patriote. » Ce que revendique Éric Zemmour sur CNEWS, c’est aussi le leitmotiv qui irrigue le projet de cette organisation se présentant comme une université digitale, fondée en 2009 par Dennis Prager, célèbre chroniqueur radio outre-Atlantique, et Allen Estrin, producteur et réalisateur. Leur programme: défaire des décennies de dommages idéologiques dans le système universitaire américain.

Le projet initial visait à créer une université physique, mais il demandait un investissement trop coûteux, trop long. À l’ère de l’avènement d’internet qui permet d’atteindre un bien plus large public, fleurit dans l’esprit des fondateurs l’idée de créer une université digitale, idée qui fait suite au constat sans appel sur les contenus conservateurs présents sur la toile : lourds, décousus, présentés par des hommes âgés qui radotent derrière leur tableau. Face à une gauche gramscienne surentrainée au combat culturel, impossible dans ces conditions d’attirer les jeunes. De là naitra le concept à l’origine de leur succès colossal.

Les raisons du succès

Chaque vidéo traite en cinq minutes un sujet expliqué par d’éminents experts dans leur domaine, qu’il s’agisse d’un universitaire de Harvard, d’un professeur au MIT, d’un ancien premier ministre ou encore d’un journaliste réputé.

Pourquoi cinq minutes ? « Trois minutes, c’est trop court pour développer. Sept minutes, trop long. Cinq minutes est un bon entre deux », estime Allen Estrin. Un raisonnement que confirme les statistiques sur YouTube, après quoi l’audience chute. PragerU fera donc de cette stratégie son slogan : « Donnez-nous cinq minutes et nous vous donnerons un semestre », qui deviendra par la suite : « Vidéos libres (en libre accès). Esprits libres. » En effet, organisation à but non lucratif, PragerU est entièrement financée par des dons, dont 40% proviennent des spectateurs eux-mêmes.

De nombreux thèmes sont abordés : politique, religion, histoire, enseignements de vie… Pourquoi être nationaliste plutôt que mondialiste ? Pourquoi Napoléon fut-il l’un des grands hommes qui changèrent le cours de l’histoire ? Pourquoi n’y a-t-il pas d’État palestinien ? Pourquoi la gauche promeut-elle une mentalité victimaire ? Quelles sont les clés pour être heureux ?

Les propos des intervenants sont délivrés dans un format scripté et accompagnés par des animations. Pour chaque vidéo, l’université digitale propose sur son site une documentation comprenant notamment ses sources et des suggestions de lectures. Par ailleurs, elle produit d’autres contenus. Entre autres, micro-trottoirs et mini-documentaires réalisés par l’une de ses jeunes personnalités phares au look californien, Will Witt, et des interviews conduites par l’analyste politique, Candace Owens, présentée en France par le Huffington Post comme une « Marion Maréchal à l’américaine ». Depuis avril, en vue de contrebalancer la propagande woke et le révisionnisme historique dans les écoles dès le plus jeune âge, PragerU s’est aussi lancée dans la production de ressources éducatives à destination des parents et des enseignants.

À lire aussi : Olivier Amiel, La cancel culture, c’est l’enrôlement de la jeunesse

Dernier élément phare de leur stratégie : une coalition internationale qui regroupe des étudiants et jeunes professionnels, baptisée PragerForce. Comptant plus de 15 000 membres répartis dans le monde, celle-ci a pour objectif d’augmenter l’impact de diffusion des contenus PragerU, de mettre en relation des jeunes du monde entier qui partagent les mêmes valeurs et d’offrir à ses membres l’opportunité de participer à des séminaires. Tout jeune de moins de 35 ans peut candidater sur leur site.

Haro des médias

 « Prager University n’est pas une vraie université, elle n’a pas de campus. », dénonce le Los Angeles Times, qui cite une journaliste évoquant une « campagne d’endoctrinement des jeunes. »

Les critiques médiatiques pleuvent, mais PragerU se défend : comment fait-on pour endoctriner en cinq minutes ? De plus, l’endoctrinement implique la notion de captivité. Or, ce sont sur les campus universitaires qu’est frappé d’ostracisation quiconque exprime une opinion à rebours du politiquement correct. En outre, le site internet précise que « PragerU n’est pas une institution académique accréditée et ne délivre pas de diplômes ou de certificats. En revanche, il s’agit d’un lieu où vous êtes libres d’apprendre. »


Pour autant, Dennis Prager demande : « Disposer d’un campus universitaire, délivrer des diplômes, être accrédité par un organisme, est-ce là la seule définition d’une université ? Si l’université est un lieu où l’on étudie, où l’on apprend, pourquoi ne serions-nous pas une université ? » PragerU veut remettre en question l’utilité de dépenser des sommes d’argent parfois exorbitantes en vue de passer plusieurs années dans des structures universitaires dominées par la gauche.

Haro des GAFAM

« La suppression des contenus sur internet opérée par Google et YouTube mais aussi Twitter et Facebook pour des motifs idéologiques menace le futur des États-Unis plus que tout autre ennemi extérieur. » Ces mots prononcés par Dennis Prager devant le Sénat américain s’inscrivent dans la lutte contre la cancel culture.


À l’instar de plusieurs voix patriotes en France, PragerU fait face à la censure et à la restriction, mais aussi à des sabotages. En mai dernier, la plateforme qui hébergeait les vidéos de l’université digitale, JW Player, a mis fin à leur contrat suite aux pressions de NewsGuard, entreprise américaine associée à la multinationale fondée par Bill Gates, Microsoft.


NewsGuard est en partie financée par la fondation Knight, liée dans des projets à l’Open Society de George Soros, et par le groupe français, Publicis, dont l’un des actionnaires stables est aujourd’hui la multinationale BlackRock. Ce dernier a annoncé ce 3 août un partenariat avec le réseau social Tik Tok, accusé de transférer les données de ses utilisateurs au Parti Communiste Chinois et d’avoir banni PragerU de sa plateforme.

À lire aussi : Anthony Reisberg, Eric Zemmour censuré par Instagram


Œuvrant aussi en France, la mission officielle de NewsGuard est de « lutter contre la désinformation ». Dans son conseil consultatif, l’entreprise compte notamment des membres provenant des administrations Clinton, Bush et Obama, comme le général Hayden, ancien directeur de la CIA et de la NSA, qui compara la politique de protection des frontières sous l’administration Trump à l’Holocauste. Marissa Streit, directrice générale de PragerU, estime qu’il ne s’agirait ni plus ni moins que d’un groupe d’oligarques s’étant autoproclamés arbitres de la vérité. Mais l’université ne compte pas se laisser faire. Dans le cadre de sa lutte, marquée par son retentissant recours en justice contre Google et YouTube, cependant débouté en première instance, elle invite déjà à signer sa pétition sur son site et étudie plusieurs pistes d’actions. PragerU reste confiant : « Ils ne pourront jamais nous réduire au silence et nous empêcher de grandir. »

« Qu’est-ce qui unit tous les Américains? » Vidéo de Bobby Jindal, ancien gouverneur de la Louisiane, sur la chaîne YouTube de PargerU, postée le 16 août 2021.




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