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Éric Zemmour censuré par Instagram


Éric Zemmour censuré par Instagram
Une campagne d'affichage pour Eric Zemmour, Isère 31/7/2021 Mourad ALLILI/SIPA 01031273_000009

Après Donald Trump ou Jean Messiha, censurés par Twitter, c’est maintenant le tour d’Eric Zemmour dont le compte Instagram a été fermé avant d’être réactivé. Cette atteinte à la liberté d’expression porte préjudice non seulement à un individu, mais à notre démocratie elle-même.


Ce jeudi 19 août, le compte Instagram d’Éric Zemmour a été purement et simplement supprimé, sans plus d’explications. Cette décision vraisemblablement arbitraire s’inscrit dans une nouvelle tendance qui s’observe sur les réseaux sociaux depuis près d’un an : tandis que les GAFA font la promotion d’une idéologie communautariste ancrée à gauche, les personnalités les plus marquées à droite voient les uns après les autres leurs comptes censurés.

Une censure visant les personnalités marquées à droite

Le compte Instagram d’Éric Zemmour comptait, hier soir encore, près de 50 000 abonnés. À titre de comparaison, les candidats déclarés à droite, Valérie Pécresse et Xavier Bertrand, sont tous deux suivis par environ 15 000 personnes. Cela ne fait pourtant que quelques semaines qu’Éric Zemmour a mis en place une stratégie de communication sur les réseaux sociaux, c’est dire le succès de l’écrivain politique sur la toile. Et pourtant, sa pérennité sur les réseaux sociaux semble toute menacée depuis que le géant Instagram détenu par Facebook a décidé de supprimer son compte officiel. Si le compte a depuis été réactivé, cela ne présage rien de bon pour l’avenir du débat politique sur internet. Sur Twitter, Éric Zemmour a ainsi déclaré : « Ce matin, Instagram a pris la décision arbitraire de bannir mon compte officiel. Les GAFA se sont engagés dans une lutte féroce contre les peuples qui ne veulent pas mourir. Ils peuvent me censurer, mais ils ne peuvent pas faire taire tout un peuple. »

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Cette décision d’Instagram n’est pas sans rappeler celle prise le 8 janvier 2021 par Twitter de bannir définitivement Donald Trump, président en fonction au moment des faits. Elle n’est pas non plus sans rappeler la suspension définitive du compte de Jean Messiha le 31 juillet dernier. Cette censure, particulièrement choquante lorsqu’elle vise des personnalités contribuant au débat public et massivement suivies par une partie de la population, est en fait une tendance de plus en plus importante sur les réseaux sociaux. De nombreuses personnalités marquées à droite ont ainsi été contraintes d’ouvrir des comptes de secours sur d’autres applications, telles que Telegram, au cas où la censure les atteindrait – ce qui finira, au rythme où les choses vont, par arriver.

Les GAFA, nouvelle arme de guerre idéologique ?

On observe, depuis plusieurs années, un phénomène nouveau de moralisation dans le monde des entreprises. À l’avant-garde, les GAFA n’y échappent pas : elles donnent le rythme. On l’a vu dernièrement lors des manifestations Black Lives Matter avec le marquage des commerces dirigés par des Noirs mis en place par Google aux États-Unis. Cette lutte idéologique a également lieu sur les réseaux sociaux et, l’époque étant marquée par un rejet presque universel de la nuance, le débat d’idées s’y résume bien souvent entre progressisme et conservatisme. Dans cette guerre idéologique, les GAFA ont donc choisi leur camp. Ainsi, les personnalités les plus marquées à droite sont les premières – sinon les seules – à être censurées tandis que d’autres, pourtant éminemment plus dangereuses, prospèrent librement. C’est ainsi que l’ayatollah Khomeini possède un compte Twitter et n’en est jamais inquiété. Plus récemment, la plateforme à l’oiseau bleu déclarait que les Talibans pourraient continuer à utiliser le réseau social.

La toute-puissance numérique des GAFA n’est plus à démontrer : qu’une entreprise privée muselle le président élu d’un peuple souverain est un fait historique majeur du XXIe siècle. Qu’elle n’en fasse pas de même pour un groupe terroriste reconnu comme tel internationalement est particulièrement inquiétant. En devenant les petits-mains numériques d’une certaine gauche idéologique, les GAFA s’en prennent à la liberté d’expression dans ses fondements les plus sacrées : c’est tout un pan du débat qui est amené à disparaître.

Un risque immense pour la liberté d’expression

La question de la régulation des réseaux sociaux et du contrôle des GAFA constituera sans aucun doute l’enjeu majeur des prochaines années en matière de liberté d’expression. Il est évident que la multiplication des discours antisémites, racistes ou encore homophobes impose au législateur de s’interroger. On se rappelle, par exemple, des dizaines de milliers de menaces de mort reçues par Mila et du calvaire que lui infligèrent ses geôliers anonymes. Il est, en revanche, une évidence que l’on peine encore à voir : les réseaux sociaux ont remplacé l’agora et les bistrots populaires ; Twitter, c’est la rue. Ceux qui s’exprimaient hier au bar débattent aujourd’hui en ligne. Et les personnalités les plus suivies, qu’elles soient de gauche ou de droite, mondialistes ou souverainistes, progressistes ou réactionnaires, sont les porte-voix de ceux qui les soutiennent.

La liberté d’expression est affirmée par l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. N’oublions pas que, selon le mot de Mirabeau, elle est notre droit le plus précieux, celui sans lequel aucun autre droit ne peut être affirmé, défendu, débattu. À l’ère du tout numérique, de la viralité des informations et de leur diffusion de masse, qu’importe leur véracité, le chemin qu’empruntent les GAFA doit inquiéter tous les défenseurs de la liberté, non seulement les soutiens d’Éric Zemmour mais aussi ses opposants politiques. En effet, Éric Zemmour censuré par Instagram, c’est la liberté d’expression de nouveau menacée par les GAFA : à terme, ce n’est pas l’homme seul qui est visé, mais bien le peuple, la démocratie et le principe même du contradictoire qui fonde la République et définit si bien la France.

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Anthony Reisberg est avocat au barreau de Paris et diplômé d'HEC.

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