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Pourquoi je ne célèbrerai pas le 8 mars

Aujourd’hui rejoindre le combat des néo-féministes, c’est un peu se joindre au parti des dindes en faveur de Noël…


Pourquoi je ne célèbrerai pas le 8 mars
Violaine De Filippis, porte-parole d'Osez le féminisme. D.R.

Une cause qui marche sur la tête…


Le 8 mars devient une date qui me met mal à l’aise tant le néo-féminisme puritain et radical qui devient dominant dans la sphère médiatique et politique a détruit la cause qu’il est censé défendre.

Alors que notre pays et l’Europe sont les endroits où les droits des femmes sont les plus forts et les plus respectés au monde, au lieu de le reconnaître et de se battre sur les vrais problèmes (les sanctions pénales très légères même en cas de viol avéré par exemple, ou de continuer à faire pression pour l’égalité salariale), les jeunes féministes se battent en faveur du sexisme qu’elles ont rebaptisé « liberté de porter le voile » et font semblant de croire que l’Europe est au taquet dans l’oppression des femmes.

Elles prônent la haine de leur culture qui est pourtant adossée à une vision de l’être humain qui a permis l’égalité et la garantie des libertés publiques, pour mettre en avant des cultures qui piétinent les femmes.

Retour à la case départ, comme au jeu de l’oie

Au nom d’une vision délirante et condescendante de la femme, elles en font une victime absolue. Sa parole ne souffre aucune contradiction car une femme ne saurait mentir ; toute accusation d’une femme envers un homme doit devenir condamnation de celui-ci sans autre forme de procès. La femme est réduite à la faiblesse, créature innocente et incapable de malice ; un enfant à protéger en somme. Or c’est au nom de cette vision de la femme qu’elle a été réduite au rang d’éternelle mineure et qu’en échange de la protection du groupe, elle a dû longtemps renoncer à l’égalité.

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Une génération de geignardes se sent ainsi persécutée et fait des procès à sa propre société, alors qu’elles contribuent à la représentation de la femme en éternelle mineure et qu’au nom de l’antiracisme, elles promeuvent un signe, le voile, qui est le symbole du refus d’accorder aux femmes l’égalité, et qui dit par ailleurs que leur corps est fondamentalement impur.

Ici et ailleurs, ce n’est pourtant tellement pas pareil !

En revanche, les mêmes qualifient de leurre tous les progrès réalisés en Occident, le fait que les femmes aient accès comme les hommes à l’éducation, que l’égalité soit la base de notre contrat social, que les femmes puissent réaliser leurs ambitions… Tout cela ne vaut rien à leurs yeux. Elles sont devenues incapables de voir la différence entre un continent où l’égalité est un droit et un monde où le statut des femmes est inférieur, où elles sont minorisées.

Et pourtant, dans le réel, naître ici ou de l’autre côté de la Méditerranée vous réserve un sort très différent si vous êtes une femme, par rapport aux perspectives offertes aux hommes. Ainsi, pendant que les Iraniennes nous prouvent quelle est la signification du voile et comment les femmes sont traitées dans les pays où règne l’islam, les jeunes féministes militent en faveur du voile. Alors que la situation ailleurs qu’en Occident témoigne de la dévalorisation des femmes, les néo-féministes n’ont pour ennemi que le mâle blanc occidental.

Retour au bercail, c’est-à-dire la famille, voire la tribu

Elles reprennent la terminologie de tous ceux qui prônent le tribalisme contre la nation sans voir que la tribu se bâtit sur l’inégalité de ses membres et que la femme est un des derniers barreaux de l’échelle. Elles crachent sur la culture égalitaire de l’Occident en en faisant un leurre, une escroquerie sans voir les différences réelles qu’une affirmation de principe dans une constitution donne dans la réalité. Pourtant il suffit de comparer la condition féminine là où l’égalité est un principe civilisationnel et là où elle ne l’est pas pour constater que les principes agissent sur le réel.

Dans le même temps, les néo-féministes choisissent de se coudre les paupières face à l’influence de l’islamisme qui a fait régresser la condition des femmes dans certains quartiers et ce, dans l’indifférence générale. Elles nient ce qui est sous leurs yeux mais n’hésitent pas à traiter de racistes et de fascistes toutes celles qui refusent leurs mots d’ordre et leur vision biaisée du monde.

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Alors en ce 8 mars je ne sais plus quoi faire. Non que le combat féministe me paraisse vain. Je suis persuadée que si l’on cesse de combattre pour les droits des femmes, ils régresseront car les pays où la femme est libre sont rares dans le monde et les droits des femmes sont loin d’être en expansion. Mais je ne sais pas avec qui et pour qui me battre quand je vois toutes ces jeunes femmes  pleines de haine contre les hommes, qui n’ont que le patriarcat à la bouche quand il s’agit de critiquer le mâle blanc et la culture judéo-chrétienne et qui en même temps promeuvent le voile, défilent aux côtés des islamo-gauchistes, se taisent quand Mila se fait attaquer ou quand les imams 2.0 diffusent sur les réseaux une vision archaïque de la femme.

La déroute du poulailler

Aujourd’hui, rejoindre le combat des néo-féministes, c’est un peu se joindre au parti des dindes en faveur de Noël ou défiler pour le droit des volailles en compagnie de la milice des renards. Les associations féministes actuelles sont trop nombreuses à abîmer la cause de l’égalité. Elles contribuent plus à détruire effectivement les droits des femmes qu’à les renforcer. Alors en ce 8 mars, je ne fêterai rien, car voir les jeunes femmes d’aujourd’hui piétiner une égalité fragile parce qu’elle n’est pas parfaite, sans voir qu’elles préparent le terrain de leur future infériorisation me désole. Je ne me joindrai pas au chœur des hypocrites qui se soumettent à un rituel dénué de sens alors même qu’ils constatent qu’une partie du mouvement féministe est pervertie par des idéologies qui sacrifieront les femmes si jamais elles gagnent en influence et en pouvoir. Le 8 mars est devenu le jour où de plus en plus de femmes marquent contre leur camp en oubliant que la revendication de l’égalité ne passe pas par la haine des hommes et de la société occidentale. Pas de quoi se pavaner.

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Ancienne conseillère régionale PS d'Île de France et cofondatrice, avec Fatiha Boudjahlat, du mouvement citoyen Viv(r)e la République, Céline Pina est essayiste et chroniqueuse. Dernier essai: "Ces biens essentiels" (Bouquins, 2021)

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