Ni la France, ni l’Europe, ni le CICR, ni l’ONU n’agissent, se désole Elisabeth Lévy dans sa chronique matinale sur Sud Radio. Nous vous proposons de l’écouter.
Cela fait 349 jours qu’un écrivain français dont le seul crime est de penser librement est détenu en Algérie – en réalité retenu en otage. À l’isolement. Se dit-il que la France l’a abandonné ?
Très peu d’informations (et conditionnelles) nous parviennent. Hier, nouvelles alarmantes de son comité de soutien. L’écrivain de 81 ans a un cancer. Il vit dans des conditions très dures. Il aurait demandé à être hospitalisé.
La gauche indifférente
L’indifférence des pétitionnaires professionnels et de la gauche en général est stupéfiante. Les milieux culturels sont aux abonnés absents. L’Académie française a refusé de l’élire (l’Académie royale de Belgique, elle, l’a fait). Les artistes qui dénoncent un génocide en boucle ne se soucient pas plus de Sansal que des supposés collabos palestiniens exécutés publiquement par le Hamas. Si Sansal était dans une prison israélienne, ils seraient déchaînés. Mais comme son crime est de dénoncer l’islam politique là-bas et ici, on vous dit qu’il est d’extrême droite. D’ailleurs, le Rassemblement national le défend.
A lire aussi: Internet, nouveau bouc émissaire d’Emmanuel Macron
Est-ce qu’au moins la France officielle agit véritablement ? Ni la France, ni l’Europe, ni le CICR, ni l’ONU. On rêve d’une opération des forces spéciales à l’israélienne ou d’un coup d’éclat à la Trump. Mais non : nous devons nous contenter de l’Elysée qui prétend depuis des mois que c’est une priorité. Nous ne cessons de nous humilier. Il n’y a eu aucune rétorsion ou presque. Jean-Noël Barrot est allé baiser toutes les babouches qu’il pouvait. Pour en conclure que les relations étaient désormais apaisées, tu parles. Un signe parmi d’autres : le record des visas étudiants délivrés aux Algériens cette années. Macron adjure tout le monde de ne pas faire trop de bruit. Il promet que le dossier avance avec des airs entendus. Mais ni Boualem Sansal, ni Christophe Gleizes, journaliste retenu pour raisons politiques, ne l’ont convaincu de taper du poing sur la table. Notre diplomatie est en réalité dictée par la peur et par la culpabilité coloniale.
La France ne fait pas peur
Hier soir, la présidente du comité de soutien Noëlle Lenoir affichait un optimisme mesuré et diplomatique. Elle espère un déblocage lors du prochain voyage de Laurent Nuñez. Il est plus réaliste de s’en remettre au Pape qui va faire également un voyage en Algérie sur les traces d’Augustin.
A lire aussi: Concours Chopin: déroute européenne, raz de marée asiatique
Hier, je voulais être Allemande. Et aujourd’hui, j’aimerais être Américaine. Un pays qu’on respecte aurait déjà obtenu le retour de nos deux compatriotes Sansal et Gleizes. Par la diplomatie ou par la force. Avec des rétorsions disproportionnées. Genre confiscations des biens, expulsions, arrêt de tout visa… Ça aurait duré deux jours. Mais non, vous comprenez on ne peut pas. Nous on a des bonnes manières. Ce n’est pas la diplomatie de la canonnière mais la diplomatie de la courbette.




