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Trump sort sa pioche et démolit tout… sauf les fake news


Trump sort sa pioche et démolit tout… sauf les fake news
Washington, 23 octobre 2025 © Andrew Leyden/ZUMA/SIPA

Aile Est de la Maison Blanche: et Trump conduit le bal…


Si vous ne suivez l’information que d’un œil et d’une oreille, vous avez peut-être vu et entendu ces derniers jours une nouvelle proprement effrayante concernant les Etats-Unis: « Donald Trump est en train de détruire la Maison Blanche » !

Ah, quel boulet !

Jay Scarborough le présentateur matinal de MSNBC a dénoncé une « destruction grotesque »! Les présentatrices de l’émission « The View » sur ABC (une table ronde quotidienne exclusivement féminine) ont hurlé de colère : « Il n’a pas le droit de la détruire ce n’est pas sa maison, c’est la maison du peuple ». Hillary Clinton, une autre femme féministe, a dit exactement la même chose sur X « ce n’est pas sa maison, c’est la vôtre et il est en train de la détruire. » Et le très sérieux New York Times s’est lamenté que Trump ait utilisé un « boulet de démolition contre la Maison Blanche».

Qu’on se rassure, la Maison Blanche est toujours debout ! Ces informations étaient erronées. C’étaient encore des fausses nouvelles (« fake news ») vendues par la clique de journalistes américains qui détestent Trump et détournent les faits – ou racontent carrément n’importe quoi – depuis dix ans, avec l’espoir de monter l’opinion publique contre lui. Espoir totalement vain, cela dit au passage. Tout au plus, ces journalistes ont-ils réussi à tuer leur propre crédibilité et à provoquer une crise de confiance sans précédent envers les médias « officiels »…

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Trump n’est pas en train de détruire la Maison Blanche et n’a aucune intention de le faire. Au contraire il vient d’y engager un projet de rénovation majeur : la construction d’une grande salle de bal (8 000 m²) en place et lieu de l’actuelle « aile est ». Les travaux d’excavation ont commencé avec inévitablement la démolition d’une partie de la structure actuelle… D’où les élucubrations de la gauche américaine. Imaginez qu’en 1985,  Le Monde ait accusé François Mitterrand de « détruire le Louvre » lorsque les travaux de la future pyramide ont commencé dans la Cour Carrée !

Au-delà de la fausse polémique, le projet mérite quelques éclaircissements, ne serait-ce que pour rappeler que de nombreux présidents avant Trump ont laissé leur marque sur cette demeure, et ont en général été vivement critiqués par leurs contemporains pour cela.

Trop étroit pour Théodore Roosevelt

La Maison Blanche est le lieu de vie et de travail du président des Etats-Unis. Elle sert aux réceptions protocolaires. Elle est aussi ouverte au public et reçoit un demi-million de visiteurs chaque année. Elle fut construite à partir de 1792 sur un site choisi par le président Washington. C’est une demeure néo-classique de style géorgien, avec un fronton palladien et une rotonde à l’arrière, due à l’architecte James Hoban, également maître d’œuvre du Capitole, le bâtiment qui abrite le Congrès.

Le fronton et la rotonde sont toujours là, ornant respectivement les façades nord et sud, mais le bâtiment n’est plus l’original. Car cette première Maison Blanche fut brulée par les Anglais lors de la prise de Washington durant la guerre de 1812-1814 et le bâtiment reconstruit ensuite à l’identique.

Aujourd’hui ce que les médias appellent « la Maison Blanche » est en fait un complexe de plusieurs bâtiments qui abritent les principaux services de l’appareil exécutif américain. Le bâtiment central est appelé en anglais la « executive mansion » ou « executive residence ». C’est cette bâtisse qui abrite les appartements présidentiels – au premier étage – et les principaux bureaux de l’exécutif – au rez-de-chaussée et dans les sous-sols.

La bâtisse avec ses deux étages extérieurs et ses onze fenêtres a conservé un même aspect extérieur depuis sa reconstruction en 1817. Chaque président a effectué des aménagements mineurs et changé le mobilier, sans toucher à l’édifice.

En 1802, Thomas Jefferson fit ajouter des colonnades de chaque côté, longues allées couvertes permettant de se rendre dans des bureaux à l’extérieur, prémices des futures « aile est » et « aile ouest ».  Andrew Jackson agrémenta le fronton d’un portique majestueux et fit installer la plomberie et le chauffage en 1830. James Polk ajouta l’éclairage au gaz en 1848.  Abraham Lincoln fit construire une verrière sur le toit, malgré la guerre de Sécession en 1862. Il fit aussi installer un poste de télégraphe. En 1878 Rutherford B. Hayes fit installer le téléphone, et en 1891 Benjamin Harrison, l’électricité.

En 1882 le président Chester Arthur effectua une grande rénovation intérieure en faisant appel à l’artiste Louis Tiffany, qui fit entrer l’art nouveau et des vitraux colorés dans la demeure présidentielle.

Mais la première modification majeure du bâtiment fut l’œuvre de Théodore Roosevelt à partir de 1902. A l’aube du 20e siècle le bâtiment que Thomas Jefferson avait appelé une « agréable résidence de campagne » était devenu trop étroit pour une administration qui n’avait cessé d’étendre ses compétences et le nombre de ses employés.

Roosevelt fit donc aménager « l’aile ouest » pour y loger une partie de son administration. La presse de l’époque fut unanime pour condamner ces travaux. Roosevelt avait privé le bâtiment de « sa valeur historique », dit-elle. Sans parler de la serre qu’il fallut détruire et des plantes qu’il fallut déplacer…

L’aile ouest devint néanmoins le nouveau centre névralgique de la présidence américaine. Le président Taft y fit même aménager son bureau, de forme ovale, en 1909. Franklin Roosevelt, élu en 1932, fit déplacer le bureau ovale à l’emplacement qu’il occupe toujours aujourd’hui, le coin sud-est de l’aile, ouvrant sur la pelouse sud.

Fantasmes

En 1942,  le même  Franklin Roosevelt fit construire « l’aile est ». Toujours pour accommoder une administration de plus en plus pléthorique. Temps de guerre oblige, un bunker fut aménagé dans le sous-sol. Et sécurité nationale oblige, sa construction fut gardée secrète. Ce qui alimenta tous les fantasmes, ainsi que la colère du Congrès, vexé de ne pas être informé.

Certains des nouveaux bureaux de l’aile est furent aussi destinés à la Première Dame et son entourage. Une première dans l’histoire américaine.

Ces aménagements, ainsi qu’un aménagement des combles dans les années 1920 finirent pas imposer un stress excessif à la structure originale alors âgée de 130 ans. Les planchers du 1er étage étaient particulièrement fragiles. Le pied du piano de Madame Truman finit par passer à travers et une baignoire du premier faillit se retrouver au rez-de-chaussée. La Maison Blanche tout entière menaçait de s’écrouler. « Elle ne tient debout que par la force de l’habitude » dit un ingénieur venu inspecter son état.

Une rénovation totale fut alors ordonnée et le président Harry Truman et son épouse durent emménager dans la Blair House, habituellement réservées aux hôtes étrangers, le temps des travaux. Seule la carcasse extérieure fut conservée. Comme un décor de cinéma. Pour ne pas effrayer les Américains. La Maison Blanche fut ramenée à l’état de coquille vide. L’intérieur de la demeure fut entièrement rasé puis reconstruit à l’identique. Les travaux durèrent trois ans, jusqu’en 1951.

A l’occasion, la vieille ossature de bois fut renforcée par une structure en acier et la climatisation installée, ce qui, vue la chaleur humide et étouffante de Washington l’été, a changé la vie des employés de la Maison Blanche.

En 1960 Jacqueline Kennedy, supervisa une nouvelle rénovation intérieure, avec l’aide d’un designer français, Stéphane Boudin. Elle fut la première à piocher dans l’immense stock de mobiliers et œuvres d’art accumulés par les différents occupants au cours des décennies passées et remisés dans des entrepôts de stockage. Une fois les travaux terminés, elle invita les caméras de télévision et fit éditer un guide de la Maison Blanche dont la vente permit de rembourser une partie du coût des travaux.

Jackie Kennedy fit également planter une roseraie dans la pelouse du sud, le « rose garden ». Elle existe toujours et tient lieu de décor à certaines cérémonies et conférences de presse pendant les beaux jours. Jackie Kennedy fut la seule personne à être jamais félicitée par les médias pour ses transformations apportées à la Maison Blanche. Peut-être parce qu’elle n’était que la première dame, et non pas le président, et parce qu’elle personnifiait l’élégance et le bon goût. Son mari, le président John Kennedy, aimait nager dans la piscine aménagée dans le sous-sol. Elle datait de 1933 et avait été construite pour le président Roosevelt qui souffrait de la polio et l’utilisait à des fins thérapeutiques. Kennedy en faisait, pour sa part, un usage strictement récréatif, invitant dit-on les jeunes secrétaires de la Maison Blanche à le rejoindre dans le plus simple appareil…

Nixon fit couvrir la piscine et installa à la place la salle de presse. Toujours utilisée aujourd’hui. L’essor de la télévision et de l’information en images et en direct avaient généré une demande pour un espace dédié aux « briefings » où l’on puisse installer des caméras et une salle de presse.

Toutefois, la Maison Blanche dispose toujours d’une piscine, mais en extérieur. Elle fut construite sous Gerald Ford, à partir de donations privées et est réservée à l’usage de la famille et de leurs invités. Ford était un avide nageur. Nixon préférait jouer au bowling et en fit bâtir un au sous-sol. Barack Obama préférait le basket-ball et fit recouvrir le court de tennis pour y installer des paniers de basket…

Bill et Hillary Clinton firent à nouveau changer la décoration intérieure. Avec l’aide d’une décoratrice de l’Arkansas, l’Etat de Bill Clinton. Bill prit quelques libertés avec les lieux, faisant de l’alcôve menant au bureau ovale le lieu de ses ébats sexuels avec une jeune stagiaire, Monica Lewinski. En quittant les lieux, le couple Clinton emporta la vaisselle et l’argenterie. Ils furent rattrapés par la patrouille et durent tout restituer, ces biens étant ceux du peuple américain, et non des occupants de la Maison Blanche…

En 2003 George W. Bush, bien qu’originaire de l’Etat pétrolier du Texas, fit installer des panneaux solaires pour chauffer l’eau de la piscine extérieure et alimenter certains ateliers techniques. Dix ans plus tard Barack Obama installera des panneaux solaires directement sur le toit de la résidence principale, pour alimenter les appartements présidentiels. Quant à Michelle Obama, elle plantera un potager « bio » et installera des ruches pour produire un miel de la Maison Blanche.

Jusqu’à récemment, le seul apport de Donald Trump était des mâts de trente mètres de haut de part et d’autre du bâtiment principal pour hisser les couleurs américaines plus haut que jamais.

Scandale !

Et puis il y eut la salle de bal ! Le lieu de tous les enjeux. La pièce à l’origine du scandale. Contrairement à ce que beaucoup de médias ont affirmé ce projet n’est ni soudain, ni  nouveau. Il trotte dans la tête de Donald Trump depuis des années. Régulièrement invité à des diners à la Maison Blanche, Trump avait constaté que la Maison Blanche ne dispose pas d’un salon digne de la puissance et de la richesse des Etats-Unis. La « East Room » ne peut accueillir que deux cents personnes. Pour toute capacité supérieure, il faut dresser des tentes sur la pelouse, monter un faux parquet et installer des toilettes portatives ! Indigne de la première puissance mondiale.

En  2010, le citoyen Trump avait proposé à David Axelrod, principal conseiller de Barack Obama, de leur construire une salle de bal pour cent millions de dollars. Proposition non retenue. Lors de son premier mandat, le temps avait manqué pour lancer le projet. Cette fois et parce qu’il sait qu’il ne fera pas de « troisième mandat » (même s’il aime provoquer les démocrates sur cette question), Trump a décidé d’agir et d’agir vite.

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L’annonce officielle du projet remonte au 31 juillet dernier ! Il s’agissait d’une salle de bal venant se greffer sur l’aile-est, sans nécessiter sa démolition totale. La dimension annoncée était de 8 000 m². De quoi accommoder jusqu’à mille invités. Clark Construction, firme immobilière très reconnue de Washington, fut retenue pour le projet, contre un budget de 200 millions de dollars. En septembre ce budget fut révisé à 250 millions de dollars. Il apparut aussi que l’aile est devrait être entièrement détruite. Avec son propre argent et le soutien de donateurs privés et pour financer le projet, Donald Trump donna l’ordre de préparer le terrain, c’est-à-dire de démolir l’aile est.

En dépit de cris d’orfraies de la gauche américaine, Trump n’a rien fait d’illégal. La preuve, aucune action judiciaire n’a été engagée contre lui. Il existe bien une loi aux Etats-Unis sur la gestion des monuments historiques, mais la Maison Blanche et le Capitole ne sont pas concernés. Il existe aussi la National Historical Planning Commission (NCPC), chargée de superviser les projets fédéraux, mais ses compétences se limitent à la « construction » du nouveau bâtiment, pas à la destruction de l’ancien ! Les fonds finançant le projet étant privés, Trump n’avait besoin d’aucune autorisation du Congrès et n’a donc pas consulté les législateurs… D’autant que le gouvernement est actuellement « fermé » pour cause d’impasse budgétaire.

DR

Moralité, ayant les mains libres Trump en a profité pour agir vite. Comme à son habitude. L’aile est n’est plus et le retour en arrière n’est pas possible, sauf à la reconstruire à l’identique ce qui serait une perte totale d’argent et de temps. Trump aurait pu présenter les plans de la future salle de bal à la NCPC, mais il n’en avait pas l’obligation. Ces plans peuvent donc encore évoluer et avec eux le budget du projet. Pour l’heure, Trump a levé pas moins de 350 millions de dollars. Plus que nécessaire. Et les plus grandes entreprises américaines sont derrière lui, de Google à Microsoft en passant par Apple et Amazon ou Lockheed Martin et d’autres.

Moralité, la salle de bal verra le jour. La question est de savoir si les travaux seront finis pour fin 2028 comme le projet le prévoit. Sinon, Trump pourrait bien être tenté de rester au-delà de son mandat pour être toujours président au moment de l’inauguration de « sa » salle de bal… Que les anti-Trump se rassurent, la salle ne sera pas nommée la « salle de bal Donald J. Trump». Donald Trump a lui-même modestement suggéré « la salle de bal présidentielle ».


Ce texte a été publié sur le blog de Gerald Olivier.

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est un journaliste franco-américain, éditeur du blog "France-Amérique, le blog de Gérald Olivier" et auteur en 2013 de "Kennedy le Temps de l'Amérique" aux éditions Jean Picollec

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