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Le bûcher des vanités

Comment reconnaît-on un impuissant ? Il s’indigne et met en scène son indignation. Il serait puissant, il agirait pour mettre fin à la situation qui l’indispose.


Telle est l’attitude de l’Espagne, de l’Irlande et de la Norvège en ce moment. Incapables de peser sur le conflit israélo-palestinien, ces trois pays reconnaissent l’État palestinien.

Incapables de convaincre Netanyahou de cesser de bombarder Gaza avec des missiles à 140 000 USD pièce, incapables de peser sur la Turquie et le Qatar pour qu’ils obligent le Hamas à rendre les otages, incapables ne serait-ce que de convaincre l’Égypte d’ouvrir sa frontière pour sauver les Palestiniens qui peuvent encore être sauvés.

Hystérie mondiale

Incapables sur toute la ligne, insignifiants même, alors ils prennent date et lèvent le menton en signe de majesté tel le très beau Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez. Son port est altier, son verbe est fluide lorsqu’il explique les raisons qui l’ont poussé à reconnaître la Palestine mais son insignifiance est totale. Il ne peut même pas empêcher la désagrégation de son pays, l’Espagne, sous la poussée de l’indépendantisme catalan alors de là à forcer la main à Israël…

Lui et tant d’autres politiciens européens qui appellent à la reconnaissance de l’État palestinien sont comme une femme au bord de la crise de nerfs et qui s’offre une journée au spa avec ses copines. Elle ne veut pas résoudre le problème, elle veut juste se sentir mieux dans sa peau. Ou pour utiliser une métaphore moins misogyne, l’on dira qu’ils s’offrent un certificat d’honorabilité à accrocher bien en vue sur leur bureau.  Sur ce certificat sera écrit en lettres d’or quelque chose comme : « je ne suis pas resté les bras croisés, j’ai pris mes responsabilités devant l’Histoire. » Pedro Sánchez reconnaît l’État palestinien en mai et partira en vacances en juillet, la conscience tranquille.

À vrai dire, jusqu’aux Américains sont impuissants. Blinken accumule les miles pour rien depuis octobre dernier. Il consulte, il exhorte, il se réunit et la guerre continue. Il ne reste plus que l’hystérie collective des campus de la Ivy League pour compenser l’impuissance des États-Unis.

Et à supposer qu’il faille reconnaître l’État palestinien, quelle en serait l’utilité ?

Absolument aucune.

Le Hamas continuera à persécuter les Gazaouis, hommes, femmes, enfants, homosexuels et dissidents. Et persécuter signifie dans ces contrées jeter du septième étage et écraser sous les pneus d’une jeep.

L’autorité palestinienne de Cisjordanie continuera à étouffer sous sa corruption et sous l’avancée de la colonisation.

Netanyahou poursuivra son offensive stérile qui n’a pas réussi à éradiquer le Hamas ni à récupérer les otages ou du moins un nombre suffisant d’entre eux. Quant à savoir s’il a un plan et des partenaires palestiniens pour gérer l’après-Hamas, personne n’ose poser la question de peur de ne rencontrer que le vide.

Pire, reconnaître un État palestinien ne facilite en rien la recherche de la paix. Il alimente une illusion dangereuse et qui sert de fonds de commerce aux commentateurs de plateau : la solution à deux États. Comme s’il était possible de faire vivre en harmonie et en bonne intelligence des frères ennemis qui se ressemblent tellement et divergent tout autant. Comme s’il était possible d’effacer des siècles d’hostilité et de méfiance par la force magique d’un traité.

Deux narcissismes face-à-face

Dès sa mise en place, un État palestinien en bonne et due forme deviendra une source de nuisance pour les Israéliens. La moindre des choses que les nouvelles autorités palestiniennes entreprendront serait d’inonder Israël de migrants au nom de la réparation de « 80 ans de colonisation ».  S’en suivra une litanie d’escarmouches, d’incidents et de querelles entre deux voisins qui sont l’antithèse absolue de l’autre. Entre Juifs et Arabes, il y a tout d’abord une concurrence religieuse et spirituelle. Sa seule issue, et l’Histoire l’a maintes fois confirmée, est la recherche de la suprématie de l’un sur l’autre. Les questions qui les séparent sont : qui a eu accès en premier à la Vérité ? Et qui a reçu la meilleure synthèse des instructions divines pour l’Humanité ? Autrement dit, obliger les uns à vivre à côté des autres revient à obliger l’exemple et le contre-exemple à cohabiter sous le même ciel. Le paradis et l’enfer séparés par un jet de pierre. Ça ne marchera jamais.

Au-delà de l’aspect religieux qui est essentiel, il y a le ressentiment et la jalousie. Pour les Palestiniens et les Arabes de la région, la simple existence d’Israël constitue une blessure narcissique. Les uns vivent dans l’échec et la stagnation, les autres symbolisent le succès scientifique et le rayonnement culturel et économique. Et ils se ressemblent tellement ! C’est ce qui rend cette comparaison insupportable aux yeux des Arabes. Que les Français aient inventé le TGV leur est égal car ils sont laïcs et sécularisés. Mais que les Juifs, encore imprégnés de religion, fabriquent des semi-conducteurs, ça c’est insoutenable. Pourquoi eux et pas nous ? Et si le problème résidait dans nos mentalités plutôt que dans une conspiration judéo-maçonnique ?

Les élites arabes ne sont pas prêtes à plonger dans ce gouffre, à commencer par les élites palestiniennes. Les Européens qui n’ont plus de culture religieuse se contrefichent de ces aspects. Ils peuvent comprendre tout de même qu’il est strictement inimaginable que la gay pride se déroule à Tel Aviv alors qu’un Etat palestinien véritable opère à Ramallah. Les Palestiniens ne peuvent l’admettre et trouveront un moyen de le faire savoir, et les Israéliens non plus ne peuvent admettre que des homosexuels soient lapidés en place publique à portée de wifi de leur domicile.

Cela dit et au nom de l’honnêteté intellectuelle, il convient de souligner l’émotion qui parcoure le monde au regard des images insoutenables en provenance de Gaza. Israël a ruiné le capital sympathie qu’elle avait gagné le 7 octobre lorsque l’intégralité du monde civilisé faisait bloc avec elle. Elle avait les meilleurs arguments mais n’a pas su en profiter. Elle se retrouve dans la même position que les Palestiniens en 1948 qui avaient à l’époque des arguments en béton mais des politiciens incapables de les faire valoir. Plus Netanyahou échoue, plus il lance de missiles. Comment reconnaît-on un impuissant ? Il déploie des F16 dans le ciel d’une ville surpeuplée au lieu de dessiner une stratégie pertinente et de la mettre en œuvre de manière épatante. Il y a de quoi plaindre Palestiniens et Israéliens.

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La triple frontière: un slogan? Non! Un projet

Mais quelle est cette singulière idée défendue par Sarah Knafo, n°3 sur la liste de Marion Maréchal ?


Les tabous tombent ! Avant — c’était quand, déjà ? Ah oui ! 1985 ! — avant 1985,  donc, c’est-à-dire Schengen, il y avait des frontières. On se souvient des réveils, en pleine nuit, à Vintimille, du boucan sur les quais, des douaniers et des carabinieri, d’un blanc-seing à tendre, non pas l’Identity card, mais sa carte d’identité, de l’attente interminable avant le sifflet du départ. Depuis, « revenir sur Schengen », était im-pos-si-ble ! Im-pen-sable ! Ces embouteillages, ces bouchons à la frontière espagnole ? Vous n’y pensez pas ! Mais si, justement, on y pense ! Et même drôlement ! Et partout ! A la télévision, dans les cafés, les journaux, les think tanks. Or, en parler, c’est déjà envisager, anticiper. Serait-ce la fin, au pays des vaches polluantes, d’une vache sacrée : les accords de Schengen ? En tout cas, le seul parti à prendre le taureau par les cornes, c’est Reconquête.

Les travailleurs transfrontaliers ? Pas un problème !

Que propose donc le parti Reconquête ? Il propose le rétablissement, non seulement de la frontière nationale, mais l’instauration de « la triple frontière ». Aux mots « triple frontière », Madame Hayer, lors du premier débat à la télévision avec ses concurrents, avait réagi par un étonnement de bon aloi. Triple frontière ! On rêve ! Face à Gabriel Attal, Jordan Bardella, lui, avait sorti le lapin du chapeau Reconquête mais sans expliciter ni défendre cette idée. Sarah Knafo vient de donner les précisions. Il ne s’agit pas d’un « slogan » mais d’un « projet » soutenu par Reconquête qui concerne trois frontières : celles de la France, de l’Europe, celles du pays d’origine.

À relire: Sarah Knafo: «Le RN est le parti des sondages»

Il faut, d’abord, rétablir la frontière nationale comme la France l’a fait durant toute son histoire. L’histoire d’un peuple, d’un pays, d’une nation s’inscrit toujours et partout dans un territoire. Il faut donc, dit Knafo, limiter l’accès libre à l’espace européen aux seuls Européens. Ce qui suppose ne plus confondre le droit de pénétrer en Europe et d’y pénétrer sans contrôle préalable comme on le fait aux Etats-Unis, en présentant un visa. Et les transfrontaliers, dira-t-on ? La tête de liste de Renaissance paraissait bien démunie. Or, ce problème, dit Knafo, ne doit pas effaroucher les experts en télépéage que nous sommes ! Nous avons suffisamment de moyens techniques pour assurer le passage journalier des transfrontaliers ! Des plaques numéralogiques, par exemple, qui donneront accès à des files dédiées.

Les clandestins ne sont pas forcément démunis

La frontière européenne, elle, suppose un blocus naval militaire, avec la mise en commun des moyens de police maritime des pays européens, pour intercepter les bateaux et renvoyer les clandestins dans leur pays d’origine. Quant à la troisième frontière qui s’impose, à partir du moment où les OQTF ne sont plus exécutées sur notre territoire (constat chaque jour plus dramatique), c’est une campagne serrée à mener de dissuasion des candidats au transit, et c’est protéger les frontières des pays d’origine. Parce qu’enfin, — les études et les témoignages l’attestent — la migration recouvre une réalité sordide : celle d’un marché dont Sarah Knafo, énarque, qui fut magistrate à la Cour des Comptes, parle d’expérience pour l’avoir étudié in situ. Contrairement aux idées reçues, dit Sarah Knafo, les clandestins sont loin (ou ne sont pas tous, loin de là) d’être de pauvres hères démunis.

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Manon Aubry et Marie Toussaint auront beau crier aux heures les plus sombres de la France, le principe de réalité est implacable : il n’y a pas de pays sans frontières pour délimiter l’espace de souveraineté d’un Etat. Il n’y a pas de civilisations sans murs pour protéger de « l’ennemi » et délimiter un espace de liberté pour la vie en commun. « Ennemi » : l’absence des frontières fait prospérer les réseaux mafieux du trafic et de la traite ; sans frontières, l’Europe se déchire ; sans frontières, la France est désunie, fracturée, en proie à la violence. Que ce « projet » de la triple frontière soit ambitieux, c’est incontestable. Difficile peut-être. Irréalisable ? Sauf que nous n’avons plus le choix, dit Knafo, qu’entre « les embouteillages et les coups de couteau ».

Je pense aux « restanques ». Ce mot provençal désigne un muret de retenue, dans le lit d’un torrent, pour lutter contre le glissement ou le déboisement des terres cultivées. Permettant l’atterrissement en amont, tout en laissant passer l’eau, la restanque rend une terre fertile. Pour lutter contre l’effondrement de notre pays dans beaucoup de domaines, deux solutions sont à envisager sérieusement : rétablir les frontières extérieures et construire des « restanques » intérieures où pousseront les vignes d’un vin nouveau. La France est terre d’asile non terrain de vagance. Marion Maréchal, tête de liste de Reconquête, est la seule des candidats, lundi soir sur BFMTV, dans le débat qui les opposait, à avoir rappelé les racines chrétiennes de la France.

Questions au gouvernement: ce ridicule et permanent monôme

L’Assemblée nationale a démontré hier qu’elle pouvait se comporter de manière aussi stupide que le cortège d’étudiants le plus bêbête. Selon les députés islamo-gauchistes, la France serait ainsi complice d’un « génocide » à Gaza. Chaque jour qui passe laisse à penser que LFI est devenu le petit télégraphiste du Hamas dans l’hexagone.


À l’Assemblée nationale, certains députés n’ont visiblement pas conscience qu’ils représentent la nation toute entière et le peuple français. A LFI, ces enfants gâtés de la République se comportent comme s’ils étaient dans une AG étudiante, où l’exaltation est inversement proportionnelle au sens des responsabilités. Le zozo du jour, dont je ne me fatiguerai pas à citer le nom tant il mérite de rester dans l’oubli que son geste médiocre appelle, a donc brandi un drapeau palestinien en plein hémicycle, lors de la séance des questions au gouvernement.

Pourquoi un tel geste ? Parce qu’en bon idiot utile des massacreurs du Hamas, il faut faire résonner les éléments de langage des islamistes dans tous les lieux de pouvoir et d’influence. Mais comme soutenir un mouvement qui s’est comporté comme des nazis envers une population civile sans défense est un peu compliqué à assumer, un transfert a eu lieu : le Hamas a été effacé de l’équation, recouvert par le drapeau palestinien, censé représenter une population idéale, la quintessence de l’innocence bafouée… Le problème c’est que cela ne correspond à aucune réalité.

Le drapeau palestinien, cache-sexe du soutien au Hamas

Car disons-le tout net, brandir un drapeau palestinien dans l’hémicycle a deux buts : désigner l’état d’Israël comme agresseur, en faisant de tout ce qui a trait à la Palestine, un objet de compassion, et installer l’idée que la France est complice d’un génocide. Le problème est que l’histoire n’est pas si simple. D’abord, comme dans le cas de l’Ukraine et de la Russie, il n’y a aucun doute sur l’agresseur. Le Hamas a commis une attaque ignoble et Israël s’est défendu.

Assemblée nationale, 28 mai 2024 © NICOLAS MESSYASZ/SIPA

Ensuite les mensonges n’ont cessé d’affluer sur la façon dont les Israéliens mènent cette guerre. D’abord on fait semblant d’oublier que les guerres sont meurtrières et que les civils en payent souvent le prix. Et c’est le cas quelle que soit la guerre. Celles que nous avons menées, en Syrie ou en Irak contre l’Etat islamique ont tué leur lot d’innocents. Mais il y a pire, l’autocensure des médias. La presse garde souvent un silence pudique alors que se confirme tout ce que les dirigeants palestiniens ont toujours nié : les caches d’armes dans les écoles et les hôpitaux, les QG installés au milieu de la population civile, le détournement massif de l’aide internationale et de l’aide humanitaire, l’enrichissement des dirigeants, l’indifférence à la population, la fanatisation des enfants et de la jeunesse, le fait de voir comme un atout de communication les dommages infligés à la population civile… En revanche pour discréditer la réplique d’Israël, tout a été mobilisé, à commencer par le mensonge. Rappelez-vous l’histoire de l’hôpital Ahli Arab, au centre de Gaza : l’Etat juif avait été accusé d’avoir bombardé des civils sans défense avant que l’on apprenne que c’était une frappe du Hamas qui avait fait tous ces dégâts. Dans le cas du camp en toile qui a pris feu suite à une frappe israélienne ciblée, il semble que le fait que le Hamas planque ses caches d’armes et ses réserves d’essence là où il installe sa population civile soit une nouvelle fois la cause de ce terrible drame.

Des médias exaltés qui ignorent les faits

Autre point problématique. LFI excite la haine contre les juifs au nom de ce que subissent les Palestiniens. Mais pourquoi les journalistes ne font-ils pas leur travail ? Pourquoi ne pas écrire clairement qu’une partie de la population civile palestinienne est venue se servir le 7 octobre dans les kibboutz. Et qu’ils n’ont pas fait que voler. Ils ont aussi violé, tué et emporté des captives pour leur servir d’esclaves sexuelles. L’information a été confirmée par le Hamas expliquant qu’ils ne savaient pas où se trouvaient tous les otages car des civils en avaient amené un certain nombre. Jamais la population d’Israël n’a fait cela. L’esclavage n’appartient plus à notre champ mental depuis des années. De tels comportements expliquent pourquoi le monde arabe ne veut surtout pas accueillir les Palestiniens et garde ses frontières hermétiquement closes.

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Mais poursuivons. Pourquoi, alors que l’on a découvert plusieurs centaines de kilomètres de tunnels du Hamas, les journalistes ne s’interrogent-ils pas sur l’attitude de dirigeants qui n’abritent pas leur population alors qu’ils en ont les moyens ? Pourquoi taire le fait que les dirigeants du Hamas pensent que faire tuer un maximum de Palestiniens est utile, car cela sert leur politique ? Pourquoi ne pas dire qu’ils théorisent eux-mêmes que le fait que le nombre de morts soit le plus élevé possible sert leurs intérêts ? Pourquoi taire les détournements de l’aide humanitaire et leur confiscation par le Hamas ? Pourquoi taire que pour travailler dans la bande de Gaza, il faut faire allégeance au Hamas et diffuser leurs éléments de langage sinon il est délicat d’y retourner et on peut mettre en danger ses fixeurs (accompagnateurs stipendiés par le Hamas et qui accompagnent les journalistes) ? Pourquoi taire le fait qu’un certain nombre d’agences de presse n’ignore pas que le Hamas s’installe toujours là où les installations civiles le protègent, notamment non loin de leurs bureaux, des hôpitaux, des écoles… ?

Une explosion de la haine des Juifs qui a de graves conséquences en France

Les mêmes questions se posent en France. Pourquoi taire la propagande antisémite qui sévit sur les réseaux sociaux et que diffusent largement les militants LFI ? Pourquoi taire le fait que la tournée de Rima Hassan et de Jean-Luc Mélenchon réveille les haines antisémites au point que dans les universités les Juifs ont peur ? Comment ne pas voir que la rhétorique violente et victimaire de LFI participe de la désinhibition de la violence antisémite ? Pourtant il n’est pas difficile de voir les résultats d’une telle propagande chez nous. L’antisémitisme explose et le phénomène est massif : après le pogrome du 7 octobre, ce n’est pas à une vague de solidarité que nous avons assisté, mais à un tsunami antisémite. + 1000% d’augmentation des actes anti-Juifs en quelques mois.

La journaliste Céline Pina © Bernard Martinez

D’ailleurs, les mêmes qui agitent le drapeau palestinien au nom de leur grande conscience humaniste n’ont pourtant pas eu un geste le lendemain du 7 octobre alors qu’un crime contre l’humanité venait d’être commis sur des civils et que le Hamas s’était comporté en véritables nazis. Là, LFI ne s’est pas senti concernée. Là aucun drapeau n’a été agité. Pourquoi ? Parce que c’était des juifs qui ont été martyrisés ? Ou parce que, considérant le Hamas comme un mouvement de résistance, LFI ne pouvait se ranger du côté des juifs massacrés ? Parce que soyons clairs : si le Hamas est un mouvement de résistance, il est le dirigeant légitime des Palestiniens de Gaza, leur avant-garde même. Il les représente. Si de telles atrocités sont des actes de résistance et se justifient parce qu’elles sont exercées pour venger le peuple palestinien ; alors quand on agite ce drapeau-là, on agite le même que celui qu’agite le Hamas. L’usage du drapeau palestinien vise à évacuer le 7 octobre, à le banaliser, à délégitimer le droit d’Israël à se défendre pour installer l’idée que les Juifs persécutent par pur vice et plaisir le peuple palestinien. Et cette rhétorique aussi stupide que fausse fonctionne puisque personne ne fait le travail rationnel consistant à s’appuyer sur les faits pour dégonfler une telle propagande.

Une offensive concertée des Frères musulmans, maison mère du Hamas ?

Aujourd’hui c’est essentiellement le milieu universitaire, massivement noyauté suivant les secteurs par les islamistes et les gauchistes, qui est à la manœuvre et qui trouve un relais complaisant chez LFI et à gauche en général.

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Les Frères musulmans, branche mère du Hamas, activent leurs relais car la haine des Juifs qui se réveille en Europe réveille de lourds traumatismes et de profondes angoisses collectives susceptibles de contribuer à notre déstabilisation. Tout cela renforce leur poids dans la société et leur influence sur leur communauté. En Belgique, leurs relais universitaires sont tellement imbibés par cette logique qu’ils ont décidé d’autoriser leurs étudiants à tricher en signe de soutien à la Palestine. On cherche en vain la logique d’un comportement aussi débile, mais ce serait inutile. Ce qui compte ici n’est pas la cohérence mais la démonstration de force. Les islamistes montrent leurs muscles, leurs poids et l’importance de leurs relais. Le déploiement du drapeau palestinien dans l’hémicycle par un de leurs obligés en témoigne. Ce clientélisme a un prix, que paye sans barguigner LFI : celui de se mettre au service d’intérêts qui sont rarement ceux de son pays.

La même mise en scène a eu lieu hier au parlement italien. Cette offensive concertée a pour but de faire accepter comme normal et légitime un terrifiant massacre et un terrible pogrome. D’entériner l’abandon d’Israël et le soutien de l’occident à un mouvement terroriste islamiste, le Hamas. Car c’est bel et bien lui, et non le « peuple palestinien » qui capitalise politiquement sur cette sordide manipulation. On en est ainsi arrivé à ce qu’un massacre de Juifs ouvre la porte à la reconnaissance d’un Etat palestinien dirigé par des fanatiques meurtriers. C’est redonner à la cruauté gratuite et au crime contre l’humanité ses lettres de noblesse en tant qu’outil politique. Que cela soit l’œuvre de la gauche et qu’elle en tire fierté interroge.

Assemblée nationale: la séance la plus violente depuis des décennies

LFI importe le conflit israélo-palestinien jusque dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. Le député de Marseille Sébastien Delogu en a été exclu hier pour avoir brandi un drapeau palestinien en pleine séance ! Peu après, les députés Guiraud et Habib ont failli en venir aux mains. Le Premier ministre Gabriel Attal a déploré un spectacle « absolument navrant ».


C’était probablement la séance la plus houleuse, et même la plus violente, de toute la législature. Mardi 28 mai, pendant que le Ministre chargé des Relations avec le Parlement Franck Riester parlait, un obscur élu insoumis que je n’ai pas envie de nommer cherchait vraisemblablement son quart d’heure de gloire et a brandi un drapeau palestinien, provocant des applaudissements à gauche, bien que cela soit évidemment totalement interdit par le règlement. 

Applaudissements chez LFI, huées chez les autres, silence gêné d’une partie de la gauche. Suspension de séance et convocation du bureau.

La présidente Yaël Braun-Pivet reprend ensuite la parole pour prononcer une sanction : « L’assemblée a prononcé la censure avec exclusion temporaire. En conséquence, il est désormais interdit à Monsieur Delogu de prendre part aux travaux de l’Assemblée nationale et de reparaître dans cette enceinte pendant quinze jours de séance. Monsieur Delogu, veuillez quitter l’enceinte de l’Assemblée nationale immédiatement ». C’est la sanction la plus grave. Bien qu’elle soit parfaitement justifiée, on peut regretter que cela fasse du député une sorte de martyr.

Quasi-bagarre dans la salle des Quatre Colonnes

Dans la foulée, David Guiraud (LFI) et Meyer Habib (UDI/LR) en sont presque venus aux mains. Meyer Habib ayant apostrophé les journalistes qui interviewaient M. Guiraud, ce dernier le traite de « porc » à plusieurs reprises, injure qui n’est pas innocente car pour les musulmans identitaires – clientèle électorale que vise M. Guiraud – porc veut dire impur et abomination.

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Ce que nous avons vu là, c’est surtout l’échec dramatique de la culture des Lumières, qui est une culture de l’argumentation, laquelle peut être dure, piquante voire violente. Mais quand il n’y a plus de langage, quand le logos disparait, ne restent que des injures. Nous assistons à la disparition du consensus démocratique, où on est d’accord pour ne pas être d’accord. En paraphrasant Sartre, pour les insoumis, tout contradicteur est un chien.

Pourtant, on peut être démocrate et défendre la cause palestinienne

Et aucun être humain ne peut être insensible aux malheurs des civils palestiniens. Mais les civils palestiniens, ceux qui les défendent et ceux qui saignent pour les enfants qui meurent à Gaza méritent la vérité. Sous réserve des conclusions à la fin de l’enquête, le Hamas qui installe des dépôts de munitions à proximité de zones urbaines densément peuplées et tire des roquettes à partir de là, est aussi largement responsable de la tragédie de Rafah. On peut critiquer la conduite israélienne de la guerre, penser qu’Israël aurait dû prendre plus de précautions, mais on ne peut pas accuser Israël de vouloir sciemment tuer des civils.

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Les insoumis ne défendent pas la Palestine, ils souhaitent la destruction d’Israël (puisqu’ils veulent la Palestine « de la Mer au Joudain »). Si le député se souciait tant des civils, il aurait brandi un drapeau israélien le 7 Octobre. Depuis plus de 70 ans, les prétendus amis des Palestiniens les poussent au refus et au fanatisme. Résultat : où en sont les Palestiniens aujourd’hui ? Ils n’ont pas de pays, et ont beaucoup moins que ce qu’ils avaient en 1947. 

Mais là où les LFI sont vraiment misérables, c’est qu’ils tentent d’embarquer nos compatriotes d’origine arabe dans leur combat antisém… pardon ! antisioniste. Alors je dis à tous ces Français sincèrement émus par le sort des Palestiniens : ces faux-amis vous mentent et vous manipulent. Les Palestiniens méritent mieux que ces calculs miteux.


Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio

Retrouvez Elisabeth Lévy du lundi au jeudi dans la matinale

Clash Marion Maréchal/Sonia Devillers: une Gauloise sans filtre s’enflamme à la radio publique

Face aux invités qu’elle n’aime pas, Sonia Devillers peut poser les questions les plus pernicieuses. «Quand on écoute le maréchal Pétain, la famille française c’est la cellule de base de la France» a ainsi lancé hier la journaliste de France Inter à la tête de liste de Reconquête, Marion Maréchal. Cette dernière lui a répondu «Hitler aimait la confiture de fraises, vous aussi? Vous êtes un peu hitlérienne non?», avant de renouveler son souhait de voir l’audiovisuel public privatisé.


Avant d’aborder le sujet principal de cette chronique, plantons le décor en rappelant deux hauts faits de la journaliste Sonia Devillers, lesquels sont assez caractéristiques de la sale manière dont cette dernière fait le plus souvent son métier.

Le 11 octobre 2019, Sonia Devillers recevait sur France Inter deux « journalistes médias » afin de parler de… la légitimité ou non de la participation d’Eric Zemmour à l’émission Face à l’info sur CNews. Pensez donc, cet homme avait été embauché par Vincent Bolloré « malgré une condamnation en justice pour des propos déjà tenus dans les médias, malgré aussi l’ultra violence de son discours proféré à la convention de la droite ». Il n’y eut pas de débat, les deux journalistes invités étant sur la même ligne que Sonia Devillers – c’est ce qu’on appelle, en terre france-intérienne, la pluralité des opinions. On se demanda, avec force pleurnicheries, comment Christine Kelly avait pu accepter d’animer une émission ayant comme invité permanent un homme aussi détestable. Puis, s’appuyant sur les écrits des deux invités aux CV impeccables – Isabelle Roberts et Raphaël Garrigos, journalistes pendant quinze ans à Libération – Mme Devillers fit la liste des affreux, des fachos, des « journalistes très très à droite, voire à l’extrême droite » qui participaient à l’époque (et participent encore aujourd’hui pour la plupart) aux débats sur la chaîne honnie – Ivan Rioufol, Élisabeth Lévy, Gilles-William Goldnadel, Charlotte d’Ornellas, Gabrielle Cluzel – puis posa une question métaphysique : « Qu’est-ce qui se passe à CNews ? » La journaliste ne comprenait visiblement pas comment il était possible qu’existât en France une chaîne de télévision n’obéissant pas aux injonctions progressistes et au diktat idéologique du gauchisme ambiant en général, de celui des médias publics en particulier. Pour se remettre de ce choc, Sonia Devillers recevra le lendemain, en grandes pompes et avec tous les honneurs dus à son rang de journaliste adulé par les étudiants des écoles de journalisme, Edwy Plenel.  

Le 11 décembre 2019, la même Sonia Devillers recevait Geoffroy Lejeune, à l’époque directeur de la rédaction de Valeurs actuelles. La charge fut grossière, comme à l’accoutumée, et le vocabulaire à la hauteur des capacités intellectuelles et sémantiques du psittacidé radiophonique se prétendant journaliste : droite, droite de la droite, extrême droite, droite réactionnaire, droite identitaire, le vilain Éric Zemmour, la méchante Marion Maréchal. Point de subtilité chez Mme Devillers : Valeurs Actuelles ayant consacré un article critique sur « l’historien officiel » Benjamin Stora et un dossier complet sur le milliardaire progressiste et immigrationniste George Soros et les réseaux d’influence gravitant autour de sa fondation Open Society, la journaliste, aussi perspicace qu’un Jean-Michel Aphatie au mieux de sa forme, interrogea faussement Geoffroy Lejeune : « VA n’est-il pas un média antisémite ? »

Ce genre d’entretien est la marque de fabrique d’une Sonia Devillers qui n’hésita pas par ailleurs à dénoncer la création de deux chaînes de télé anti-wokes anglaises et à animer des Masterclass pour le Bondy Blog tout en vilipendant continuellement CNews. Cette salariée du service public est un spécimen parfaitement représentatif des cerbères médiatiques et bornés nécessaires aux basses œuvres calomnieuses et délatrices du pouvoir médiatique en place. Les bureaux de surveillance de la pensée unique se sauraient se passer de ce type d’employés. Moins finaude que sa collègue Léa Salamé, plus laborieuse que l’éditorialiste politico-bobo Yaël Goosz qui la concurrence sérieusement dans le genre doctrinaire, plus intellectuellement étriquée que ses autres comparses de la matinale de France Inter, Sonia Devillers est le marteau-pilon de la matinale de France-Inter : une raideur idéologique ferrailleuse, des réflexions d’enclume, des questions plombées, un lexique rudimentaire, mécanique, répétitif. Le tout accompagné d’une gestuelle azimutée et enrobé d’une exhalaison fétide. Du très lourd, donc. Et du très bête.

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Ce 28 mai 2024, Sonia Devillers a atteint les sommets du journalisme lourdingue, métallique, aux effluves douteuses. Marion Maréchal, tête de liste Reconquête ! pour les élections européennes, était son « invitée ». Le marteau-pilon se met en branle dès le début de l’entretien. « La Cour Internationale de Justice a donné l’ordre à Israël de cesser le feu, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell RÉCLAME que cette décision soit appliquée. Pas vous ? » Boum ! Cette question n’en est évidemment pas une – c’est une opinion à peine camouflée qui appelle un acquiescement que Marion Maréchal se garde bien de lui offrir. Encore moins camouflée sera celle se cachant derrière la question (syntaxiquement bancale) concernant le message sur X de Marion Maréchal – « C’est donc un homme qui reçoit à Cannes le prix d’interprétation féminine. Le progrès pour la gauche c’est l’effacement des femmes et l’effacement des mères » – suite à la consécration d’une « actrice trans » au festival de Cannes : « Est-ce que vous avez conscience que nier à Karla Sofia Gascón qui a effectué sa transition et obtenu devant la justice son changement d’état-civil, c’est un délit ? » Boum ! Marion Maréchal rappelle simplement la réalité biologique – « Que ça plaise ou non, les chromosomes XX et XY sont indépassables » – et en tire une conclusion évidente : ce prix d’interprétation féminine a été remis à un homme, point barre. « Mais, mais, pilonne Sonia Devillers manquant de s’étrangler, on ne parle pas d’une opinion, on parle d’un délit. » Boum ! « La transphobie n’est pas une opinion, c’est un délit. » Boum ! Boum !  « Il s’agit de respecter la loi. […] La dysphorie de genre est quelque chose qui est répertoriée par la médecine et reconnue par la loi. […] Vous êtes face à la science, vous êtes face à la médecine, vous êtes face à la loi. » Boum ! Boum ! Boum ! Ces affirmations sont d’une abyssale niaiserie. Mais le plus crasseux est à venir… Après que Marion Maréchal a pris la défense des femmes, des mères et de la famille dans ce monde qui tend à les effacer ou les détruire d’une manière ou d’une autre (GPA, transgenrisme, écologisme, etc.), Sonia Devillers ose demander : « Quelle différence y-a-t-il entre la défense de la famille que vous proposez et celle que proposait le Maréchal Pétain ? » Marion Maréchal refuse à juste titre de répondre à cette question imbécile. Ses mots pour qualifier cette interrogation faisandée sont ceux d’une femme politique digne et mesurée : « dingue », « bête », « outrancière ». C’est tout à son honneur. N’envisageant aucune carrière politique ou médiatique, je peux me permettre d’ajouter que la manière de faire de Sonia Devillers a été abjecte, dégoûtante, ignoble, obscène, dégueulasse, immonde, répugnante.  

Mme Devillers continue dans le crapoteux, car rien ne l’arrête : « Il y a de nombreux homosexuels assumés qui ont rejoint le RN, est-ce qu’ils sont les bienvenus chez Reconquête ! ? » demande-t-elle, ses trois neurones chauffés à blanc, avant d’aborder, enfin, à une minute de la fin de l’émission, un thème en rapport avec les élections européennes. Entretien écœurant, émétique, du début à la fin. On savait les journalistes de la radio publique idéologiquement cadenassés et prêts à tout pour se ripoliner la conscience en combattant « l’extrême droite », cet épouvantail qui n’effraie plus qu’eux-mêmes, on n’imaginait pas qu’ils pouvaient aller aussi loin. Mme Devillers a fait la démonstration que certains journalistes n’ont désormais plus aucune limite ; que l’indécence et la bêtise font dorénavant bon ménage sur France Inter ; que l’ignominie et la crapulerie sont bienvenues, voire recommandées sur la radio publique. Suite à l’article de Judith Waintraub sur le rapport accablant de l’institut Thomas More objectivant l’absence de pluralisme et dénonçant le « traitement de défaveur réservé systématiquement aux représentants des droites » dans l’audiovisuel public[1], la direction de Radio France, qui ne manque pas de culot, a reproché au Figaro Magazine une « opération de dénigrement ». Pourtant, n’est-ce pas plutôt le service public qui « dénigre » à longueur de temps une chaîne privée, en l’occurrence CNews, et réclame sa disparition ? N’est-ce pas Sonia Devillers qui réclame depuis des mois à l’Arcom de surveiller et de punir CNews pour tout et n’importe quoi – ce qui est arrivé dernièrement avec l’incroyable amende infligée à la chaîne pour des propos de Geoffroy Lejeune sur les liens pourtant évidents entre insécurité et immigration, propos tenus par ailleurs presque mot pour mot par une représentante macroniste sur la même chaîne il y a quelques jours[2] ? N’est-ce pas la même qui vient de prouver la véracité du rapport de l’institut Thomas More à propos du traitement spécial réservé à certains représentants politiques ? Sonia Devillers est-elle toujours à proprement parler une journaliste ? Selon moi, elle est réalité une garde-chiourme médiatique, une estafette aux ordres du pouvoir et de la bien-pensance gauchisante, un maton radiophonique, une militante woke totalitaire ne supportant pas la contradiction et prête à obéir à tous les ordres de la police de la pensée pour faire taire les adversaires de l’idéologie dominante. La directrice de France Inter, Adèle Van Reeth, ayant avoué récemment que France Inter est une « radio progressiste », nous imaginons que Sonia Devillers ne craint rien et que nul reproche ne lui sera fait concernant ses propos ignominieux vis-à-vis de Marion Maréchal. Cette dernière a décidé de son côté de ne rien entreprendre contre Sonia Devillers, considérant que la journaliste s’est discréditée toute seule avec ses propos outranciers et complètement débiles. Mais, a-t-elle ajouté en substance, il est décidément temps de réfléchir sérieusement à l’avenir de l’audiovisuel public et d’envisager une mesure radicale pour que cesse une propagande répandue par des journalistes rémunérés avec l’argent de tous les Français – tous les Français, même ceux que méprisent radicalement Sonia Devillers et ses acolytes de France Inter.

Les Gobeurs ne se reposent jamais

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[1] Sur ce point, relire https://www.causeur.fr/pluralisme-audiovisuel-public-etude-institut-thomas-more-figaro-magazine-283493

[2] https://www.lejdd.fr/politique/info-jdd/cnews-immigration-tensions-dans-la-majorite-apres-les-propos-de-maud-bregeon-145696

LFI veut briser la France fragile

Même s’ils n’ont que l’expression « vivre-ensemble » à la bouche, les députés et militants d’extrême gauche contribuent au séparatisme qui mine la société française.


La France est fragile. Elle peut se briser. Mardi, à l’Assemblée, les députés de La France Insoumise ont attisé la haine anti-juive en saluant le drapeau palestinien brandi en séance par Sébastien Delogu. Puis David Guiraud a traité de « porc » Meyer Habib (LR), juif et défenseur d’Israël, en se prêtant à la répétition d’une rupture au cœur de la communauté nationale[1].

Partition

Même François Hollande en était convenu, dès 2016, face à des journalistes : « Comment peut-on éviter la partition ? Car c’est quand même ça qui est en train de se produire : la partition ». De fait : le multiculturalisme, chanté par un universalisme insensible aux particularismes, a amené la conflictualité entre des communautés venues d’ailleurs. La violence en est un symptôme. Selon le criminologue Alain Bauer (Le Figaro, lundi), « l’année 2023 aura été, en matière d’homicides et de tentatives, la pire des 50 dernières années »[2]. Rien n’était plus prévisible, depuis Babel, que ces chocs culturels qui explosent derrière les faux-nez du vivre ensemble et de la diversité. Ce n’est pas seulement la Nouvelle-Calédonie qui retombe dans la guerre civile opposant Canaques et Européens.

Métissage et détissage

Le « détissage » d’un peuple n’est jamais loin de son métissage. Or l’immigration de peuplement ne cesse de se poursuivre (500 000 arrivées par an), avec l’approbation du pouvoir qui ne veut légiférer que contre les clandestins. De 2013 à 2023, huit millions de demandeurs d’asiles ont été accueillis en Europe, dont un million en France, selon l’Observatoire de l’immigration et de la démographie. Le feu est allumé par les belles âmes.

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Sonia Backès, présidente de la province sud de Nouvelle-Calédonie, l’affirme sur le site du Figaro, mardi : « Il est urgent que chacun prenne conscience que ce qui se passe à Nouméa maintenant arrivera ailleurs demain sur le sol national »[3]. Le rejet de l’Occident est le dénominateur commun des nouvelles tensions internes qui menacent la nation jadis « une et indivisible », dans ses territoires et ses provinces.

Séparatisme(s)

L’idéologie décoloniale, matrice du réveil planétaire du Sud global contre les démocraties libérales, justifie le racisme anti-blancs chez les Canaques pro-Poutine comme elle justifie l’antisémitisme décomplexé des islamo-gauchistes en métropole ou les barbaries du Hamas contre Israël au nom de la cause palestinienne. Mardi soir, à Paris, 4500 manifestants anti-israéliens ont spontanément répondu aux mots d’ordre de LFI après le drame de Rafah, à Gaza, (45 morts) causé semble-t-il par l’explosion d’un dépôt de munitions du Hamas après deux frappes de Tsahal contre deux dirigeants de l’organisation terroriste. Le choix du séparatisme, qui s’installe dans l’opinion israélienne en protection d’un islam judéophobe et fanatisé, est une issue qui ne peut plus être exclue entre Canaques et Caldoches, pour des raisons ethniques cette fois. Le séparatisme pourrait se profiler aussi en métropole, comme l’évoquait Hollande, si rien ne devait être fait pour résister aux assauts de l’islam politique et de ses soutiens d’extrême gauche. Une Seine-Saint-Denis majoritairement musulmane connaitra-t-elle un jour le sort du Kosovo chrétien devenu islamiste et détaché de son berceau serbe ? La fragilité française rend possible son éclatement.


[1] https://www.causeur.fr/assemblee-nationale-palestine-delogu-guiraud-habib-283736

[2] https://www.lefigaro.fr/vox/societe/alain-bauer-couteaux-battes-de-baseball-machettes-le-grand-retour-des-attaques-a-l-arme-blanche-en-france-20240527

[3] https://www.lefigaro.fr/vox/politique/sonia-backes-ce-qu-il-se-passe-aujourd-hui-a-noumea-arrivera-demain-en-metropole-20240528

La conversion de Mélenchon

Dans son nouveau livre, La République, c’était lui !, Éric Naulleau brosse le portrait de Jean-Luc Mélenchon en lider minimo. Ou comment un laïcard pur jus s’est mué en islamo-gauchiste convaincu, aussi séduit par les dictatures comme par la France des imams et des caïds.


Au printemps 2023, Éric Naulleau avait consacré un pamphlet à Sandrine Rousseau (La Faute à Rousseau, Léo Scheer). Cette année, dans un essai riche en allusions littéraires, ce n’est pas à la créature wokiste du moment que l’ancien acolyte cathodique d’Éric Zemmour s’en prend, mais à un vieux routier de la politique française, Jean-Luc Mélenchon, qui a sillonné depuis cinquante ans les routes de la gauche, du lambertisme au rocardisme.

Renversement d’alliances

Au titre (La République, c’était lui !) et au sous-titre (Grandeur et déchéance du camarade Mélenchon), on pouvait s’imaginer que l’essayiste racontait son amour déçu pour l’ancien sénateur de l’Essonne. Éric Naulleau fait en réalité deux reproches principaux à Jean-Luc Mélenchon : une tendresse de longue date pour tous les gouvernements totalitaires de la terre, de Cuba à la Chine en passant par le Venezuela. Et une inclination plus récente : la conversion de Jean-Luc à l’islamo-gauchisme. Naulleau était aux premières loges, le 24 avril 2010, sur le plateau de « On n’est pas couchés », lorsque Mélenchon, à la tête du tout jeune Parti de gauche, critiquait le choix du NPA d’Olivier Besancenot de présenter une femme voilée aux élections régionales en PACA. À cette époque, Mélenchon refusait aussi que « des fantômes se trimballent dans les rues », en plein débat sur l’interdiction sur la burqa. À revoir le passage, Éric Naulleau n’était pas encore un laïcard pur et dur, puisqu’il s’était inquiété du sort des femmes qui portaient « la burqa volontairement » et se demandait si ça ne valait quand même pas le coup d’écouter les arguments de la candidate voilée du Vaucluse. Sur le plateau de Laurent Ruquier, un front Jean-Luc Mélenchon-Éric Zemmour-Caroline Fourest s’était constitué contre la burqa, face aux maigres nuances de Naulleau. Depuis, un renversement d’alliances s’est opéré, aussi spectaculaire que celui de 1756, qui avait conduit la France dans les bras des Habsbourg d’Autriche contre la Prusse de Frédéric II.

Éric Naulleau adresse d’autres griefs au lider minimo de la France insoumise, et plus encore à ses sbires : la passion gauchiste pour les malfrats et les marginaux, pour les bagnards et pour les transsexuels, pour les imams et les caïds, au détriment de la France populaire. Également, les clins d’œil de moins en moins discrets aux pires penchants antisémites. On apprend que David Guiraud a été biberonné, de l’aveu de son père, aux vidéos de Dieudonné et d’Alain Soral. C’est avec des allusions conspirationnistes, prononcées à Tunis ou ailleurs, qu’il a fini par recevoir des éloges vibrants dans les colonnes de Rivarol. Si l’on a voulu chercher en Amérique du Nord les racines intellectuelles de la nouvelle gauche wokiste, on peut se demander si elles ne doivent pas aussi quelque chose à notre vieille extrême droite qui tache. Le seul dans la galaxie LFI à trouver grâce aux yeux de Naulleau : François Ruffin, qui ne s’est pas compromis dans la manifestation contre l’islamophobie de novembre 2019.

Politiquement, Éric Naulleau se sent comme dans un train à l’arrêt : « Tout le monde a fait cette expérience une fois dans sa vie. Bien calé dans un siège de TGV, vous éprouvez la sensation que le train s’est ébranlé, mais un autre s’éloigne sur la voie d’à côté – le vôtre n’a pas bougé. Illusion du mouvement, vous êtes à quai. » Le traducteur de poèmes slaves n’a pas bougé d’un iota ; c’est la quasi-totalité de la gauche qui se serait trahie. On pourrait nuancer ce point. En se convertissant tardivement à l’islamo-gauchisme, après le fiasco des européennes de 2019, Mélenchon ne s’est pas tant rapproché des Indigènes de la République que de Terra Nova, officine située sur l’aile droite du PS qui avait prôné en 2011 l’abandon de la population ouvrière au profit des minorités. Avec sa volte-face sur le voile islamique, Mélenchon n’a fait que rejoindre, avec trente ans de retard, la mollesse d’un Lionel Jospin, ministre de l’Éducation nationale au moment de l’affaire du collège de Creil. Certes, à chaque fois que Bernard Cazeneuve se promène dans un cimetière avec un feutre mitterrandien, il y a un début de frémissement au sein du microcosme de la gauche républicaine. Une gauche républicaine qui commence toutefois à relever de la fable mythologique, car ça fait quand même un moment qu’on ne l’a pas vue à l’œuvre. Ils n’étaient pas nombreux, les députés socialistes qui ont voté, avec Manuel Valls, la loi interdisant la burqa en juillet 2010. Elles commencent à être anciennes, les compromissions locales avec les dealers et avec la djellaba. Le paradoxe de Mélenchon n’est pas de s’être converti à cette facilité stratégique, mais de s’y être converti si tard.

Continuité historique de la France

Éric Naulleau s’exclame aussi : « Avis aux nouveaux locataires : la France est un appartement meublé de longue date. De commodes Louis XV, de bureaux Directoire, de fauteuils Empire, de buffets Régence, d’armoires gothiques, de chaises Starck et de luminaires Keller. Merci de respecter le mobilier et de laisser l’endroit aussi propre que vous l’avez trouvé quand vous repartirez dans votre pays ou pour le grand néant – plutôt que dans un état totalement imprévisible. On vous saura gré d’épousseter de temps à autre ces trésors accumulés au fil des siècles par une vieille civilisation – plutôt que de prétendre les bazarder dans les poubelles de l’histoire. Et de chausser des patins au lieu de gros sabots pour vous déplacer de pièce en pièce, ne serait-ce que pour le respect des voisins. Ils étaient là avant vous. » Voilà qui pourrait définir un conservatisme soucieux de la continuité historique de la France. Et si l’avenir de la gauche républicaine et d’Éric Naulleau se trouvait à droite ? Il faudra pour cela sortir de la mentalité religieuse, renoncer aux promesses de sa première communion chez les Jeunes socialistes, et rejoindre, comme Amine El Khatmi, l’entourage de Valérie Pécresse, ou pourquoi pas, soyons fous, les rangs de la droite nationale.

À lire

Éric Naulleau, La République, c’était lui ! Grandeur et déchéance du camarade Mélenchon, Léo Scheer, 2024.

George Miller: la mythologie des vieux?

Notre collaboratrice, lasse de corriger des copies évoquant la « crétianisation des Romains » et les « constitadors » espagnols, a voulu s’intellectualiser les neurones devant les derniers monster trucks de George Miller. Alors, ce Furiosa : une saga Mad Max, de quoi se divertir ?


Mad Max : Fury road avait véhiculé son lot d’histoires… Des étincelles entre Charlize Theron — l’imperator Furiosa — et Tom Hardy — Max Rockatansky — auquel l’Australienne faisait une queue de poisson, aux récents démêlés entre George Miller et Christofer Sundberg (responsable de l’adaptation de l’univers en jeu-vidéo), l’univers post-apocalyptique de la Désolation a fait couler pas mal d’encre et le Furiosa : une saga Mad Max était attendu au tournant.

Alors simplifions : Furiosa n’est pas une révision de Fury Road. Oui, ça ne parle pas beaucoup. Mais il y a un scénario. Il y en a même plusieurs, parce que Miller, octogénaire à « la tête blanche et la queue verte », comme disait Bassompierre, n’a plus de temps à perdre pour les livrer prémâchés et simplifiés à un spectateur dont le carbu neuronique bulle.  Il y a du western — la vengeance d’une fillette. Il y a de l’épopée — les courses de char à la Ben Hur. Il y a même de la love story — la walkyrie Brunehilde a couché avec un homme… Damned !

Anya Taylor-Joy ne déçoit pas, Chris Hemsworth génial

Furiosa est plus composite qu’un moteur Tesla : c’est un petit bijou, ça brille de chrome et d’or désertique. Et si le slogan « one man, one bullet » de Fury Road est appliqué à la lettre, Furiosa s’en distingue par son sens. C’est sans doute un film qui fait boum boum, un objet kinétoscopique, comme dit justement Libé, mais c’est aussi un film qui pense.

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Alors rassurons tout le monde : oui, Anya Taylor-Joy, tête rasée et huile de moteur sur le front est tout aussi sexy que sa devancière. L’origine de la prothèse de Furiosa — question à 168 millions de dollars tout de même — est à la hauteur de l’attente. Mais si personne ne doutait du talent d’Anya Taylor-Joy, c’est la performance d’un autre acteur qu’il faut saluer : celle de Chris Hemsworth.

Furiosa, interprétée par Anya Taylor-Joy, et Praetorian Jack, campé par Tom Burke. © Warner Bros

Dans la série « les stars ont-elles de l’humour ? », le visage du Thor de Marvel est méconnaissable. Modèle parmi les bodybuildés hyper-testostéronés, sa performance dans le rôle de Dementus, grand méchant de cette histoire de 2h28 minutes légitime son étoile sur le Hollywood Boulevard du 23 mai. Et 2h28 avec un ours en peluche épinglé sur la quéquette — pas pratique pour régner sur l’univers de la motosphère —, il faut les assumer. Plus Dementus se durcit dans l’horreur, plus le doudou est malmené et c’est avec un bras de Barbie roussi que le pauvre nounours finit…

La mythologie de demain

Car Miller ne déconstruit pas seulement le mâle blond à la cape flamboyante ni le doudou de vos angelots. Il fusionne des signifiants mythiques, les connecte les uns aux autres, comme les cornes teutoniques sur des réservoirs d’Ironhorse, pour forger une mythologie 2.0. Celle du pétrole épuisé et de la terre désolée. Celle de demain.

Accepter la furie créatrice et vrombissante de l’octogénaire, enfourcher les bécanes augmentées de Dementus, ou plonger dans le vide avec les War Boys d’Immortan Joe, c’est abandonner les mots à la mode : le féminisme, l’écologisme… écrasés sous la surconsommation qui en est faite pour revenir à ce qui fait ciment : la culture commune, la forme plus que le fond. C’est un tableau de Waterhouse, Hylas et les Nymphes, qu’on reproduit en cachette à Pétroville, ce sont les cercles de l’enfer du Moulin à balles, c’est le géant nordique Ymir qu’on utilise comme terreau, ou encore un arbre des Désastres de la guerre que Goya n’aurait pas cru australiens. 

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Car Dementus, celui à qui l’on doit l’amputation de la ravissante Furiosa souffre de la maladie la plus universelle : l’ennui. Il est un roi sans divertissement, aurait dit Giono. « Je m’ennuie » dit-il quand la Désolation ne laisse plus place qu’à « l’horreur, l’horreur » — celle de Brando dans Apocalypse now. Sur le parcours du dément, il n’y a que la lassitude des aigles de sang des sagas nordiques, et seul le boudin de fillette rassasie.

Rien de nouveau sur le bitume de l’outback, et pour se divertir, il n’y a plus que l’Homme-Histoire, ce vieillard à la peau de parchemin qui récite la définition de « larme » : « sécrétion salée de joie ou de tristesse ». Miller égrène, pour notre plus grand bonheur et film après film, des gammes un peu plus amères dans un cinéma qui, à Cannes et ailleurs, sacrifie la beauté à l’idée et se vautre dans les problématiques sociales.

IA: la protection des droits d’auteurs est une priorité culturelle

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L’intelligence artificielle (IA) se déploie à un rythme accéléré, transformant nos sociétés, nos économies et notre quotidien. En France, cette technologie suscite des débats intenses, révélant des tensions entre différentes visions de son intégration.


Il règne une certaine schizophrénie au sein du gouvernement au sujet de l’avenir de l’IA en France. En effet, si Mme Rachida Dati, ministre de la Culture, préfère défendre les droits d’auteur, le ministre de l’Économie, M. Bruno Le Maire, préfère privilégier les opportunités économiques de l’IA. Cette dichotomie illustre les défis et les choix cruciaux que notre pays doit affronter pour naviguer dans cette nouvelle ère technologique.

L’IA peut créer, apprendre et évoluer en utilisant de vastes quantités de données, souvent protégées par des droits d’auteur. La ministre de la Culture insiste sur la nécessité de garantir que les œuvres des créateurs ne soient pas exploitées sans une rémunération appropriée. Cette préoccupation est partagée par de nombreux auteurs et traducteurs, qui craignent l’exploitation non compensée de leurs œuvres. Ils insistent sur la transparence dans l’utilisation des données pour entraîner ces IA, afin de protéger leurs droits et leur travail.

Doublés par l’IA, les doubleurs se révoltent et organisent une grande pétition.

Pour aborder ces enjeux, le ministère de la Culture a saisi le Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique (CSPLA), lui confiant deux missions : déterminer les informations que les fournisseurs d’IA doivent rendre publiques et garantir que les ayants droit puissent faire valoir leurs droits et recevoir une juste rémunération. Cette démarche vise à instaurer un cadre clair et équitable pour l’utilisation des œuvres protégées.

Sans droits d’auteurs, il n’y a plus de créateurs ; sans créateurs, il n’y a plus de création

Les auteurs et traducteurs ne sont pas les seuls à exprimer leurs préoccupations. Les éditeurs et ayants droit sont également réticents face à la situation actuelle. La commission de l’IA a noté les défis posés par leur refus de partager leurs contenus, ce qui pourrait affaiblir la qualité des résultats produits par les IA et limiter la présence de contenus français. L’Association des traducteurs littéraires de France (ATLF) voit dans l’IA une menace sérieuse pour leurs droits, soulignant le risque d’une exploitation injuste de leurs œuvres. En décembre 2023, le New York Times a poursuivi OpenAI pour avoir utilisé illégalement des millions d’articles du journal pour entraîner des systèmes d’IA. Plus tôt dans l’année, des artistes avaient poursuivi Midjourney, Stability AI et DeviantArt pour des motifs similaires. Aux États-Unis toujours, l’Authors Guild, un collectif d’auteurs, a signalé qu’OpenAI a carrément utilisé des bases de données illégales pour entraîner ses modèles d’IA, soulevant des questions cruciales sur la transparence et l’éthique dans l’utilisation des contenus protégés.

L’I.A : un levier pour l’innovation et la compétitivité ?

Bruno Le Maire privilégie les opportunités économiques que représente l’IA. Il considère cette technologie comme un levier puissant pour l’innovation et la compétitivité de la France. Cependant, cette focalisation sur les bénéfices économiques se fait souvent au détriment de la protection des droits d’auteur. Le ministre de l’Economie et des Finances insiste sur la nécessité de ne pas freiner le développement de l’IA, mais sa vision néglige les préoccupations légitimes des créateurs. En minimisant l’importance du respect des droits d’auteur, il met en péril les bases mêmes de la créativité et de la culture. Pour un amoureux de Marcel Proust cette approche purement comptable est d’autant plus étonnante.

L’Europe à la rescousse de la culture ?

L’Union Européenne a mis en place dès 2021 l’IA Act (ou Artificial Intelligence Act). Le 11 décembre 2023, l’UE a adopté une législation historique pour réguler cette technologie. Ce règlement vise à garantir que les droits fondamentaux, la démocratie, l’État de droit et la durabilité environnementale sont protégés contre les risques liés à l’IA, tout en encourageant l’innovation. La législation impose des obligations strictes aux entreprises d’IA, garantissant que la technologie respecte les droits existants et crée un cadre légal pour son développement.

La Fédération des Éditeurs Européens (FEP) a salué ce vote et les principes posés par le texte, en particulier les obligations de transparence quant aux données utilisées pour entraîner les IA. L’Union européenne promet ainsi que les œuvres protégées par le droit d’auteur ne seront pas utilisées illégalement et ouvre ainsi un marché de licences pour les éditeurs, ce qui devrait à terme permettre une rémunération des titulaires de droits.

L’IA : un choix de société

Le débat sur l’intégration de l’IA en France n’est pas seulement technique ou économique, il est fondamentalement sociétal. Nous devons décider quelle société nous voulons pour demain. Une société qui protège ses créateurs tout en exploitant les opportunités offertes par les nouvelles technologies. Cela nécessite un dialogue ouvert entre tous les acteurs concernés : créateurs, entreprises, régulateurs et public. Cela implique également une transparence totale de la part des entreprises d’IA sur les données qu’elles utilisent. L’IA offre des opportunités économiques considérables, pouvant renforcer la compétitivité de la France. Les régulations européennes montrent qu’il est possible de créer un cadre légal qui protège les droits tout en encourageant l’innovation.

La France peut montrer la voie en protégeant les droits d’auteur tout en soutenant l’innovation. C’est un choix de société crucial pour notre avenir culturel et économique.

Hélas, les querelles gouvernementales et l’incapacité d’Emmanuel Macron à trancher risquent de mettre en péril le droit d’auteur et de freiner l’innovation technologique et l’économie. Il est impératif de protéger nos créateurs tout en embrassant les possibilités offertes par l’IA. L’Union européenne a fait un premier pas vers la protection des droits d’auteur, mais c’est à la France de créer un pont entre la créativité, la défense des arts et le développement économique.

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Les électeurs appelés aux urnes en Afrique du Sud, étoile pâlissante du Sud global

Près de 28 millions d’électeurs sud-africains se rendent aujourd’hui aux urnes pour élire leurs représentants aux parlements nationaux et provinciaux. Cette septième élection générale démocratique pourrait marquer un tournant historique, avec la possibilité pour l’African National Congress (ANC) de ne pas atteindre la majorité absolue pour la première fois en trois décennies.


Le 29 mai, l’Afrique du Sud est appelée à renouveler son Parlement national et ses assemblées provinciales. Pour la première fois depuis la fin de l’apartheid (1994), l’ANC pourrait obtenir moins de 50 % des voix, selon certains sondages. Cette perspective marque un tournant après trente ans de domination politique pour un parti aujourd’hui confronté à de vives critiques. Un mouvement qui fait face à une opposition en rang serré et à de nombreuses divisions internes. L’ANC, autrefois symbole de la lutte contre la ségrégation raciale et pilier de la transition démocratique, doit également composer avec une population de plus en plus désillusionnée par sa gestion du pays.

80 meurtres par jour

L’arrivée de Cyril Ramaphosa à la présidence en 2018 avait suscité de grands espoirs de changement et de renouveau. Un mandat cependant marqué par des défis économiques et sociaux majeurs. La hausse de la criminalité (en moyenne 130 viols et 80 meurtres par jour au cours des trois derniers mois de 2023), un chômage qui reste un problème endémique, atteignant 32 % l’année dernière (plus de 60 % des jeunes âgés de 15 à 24 ans sont sans emploi), des inégalités économiques qui persistent, creusant un peu plus les barrières raciales loin d’avoir disparues depuis la chute du régime afrikaner, et des allégations de corruption, touchant même les plus hauts échelons de l’État, ont terni l’image de son administration, qui s’est aggravée durant la pandémie de Covid-19. 

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De plus, les fréquentes coupures d’électricité ont exaspéré la population, sapant la confiance en la capacité du gouvernement à fournir des services de base contraignant même Cyril Ramaphosa à déclarer « le pays en état de désastre nation ». Face à la pression croissante de ses électeurs, l’ANC a tenté de se défendre et n’a eu de cesse de vanter ses réussites depuis la fin de l’apartheid. Le parti affirme que les niveaux de pauvreté ont diminué, que davantage de Sud-Africains vivent dans des logements décents et que l’accès aux soins de santé s’est amélioré. Une perception qui est loin d’être ressentie au quotidien par les Sud-africains qu’il peine à convaincre. En promettant de créer des millions d’emplois supplémentaires au cours des cinq prochaines années, l’ANC s’est engagé également à stimuler les investissements, à soutenir le secteur privé et à intensifier la lutte contre la corruption, espérant pouvoir se maintenir avec une majorité stable.

Une possible coalition 

L’Alliance démocratique (DA), dirigée par l’afrikaner John Steenhuisen, se pose comme l’alternative au pouvoir en place. Accusant l’ANC d’avoir fait sombrer le pays dans le chaos, la DA propose une libéralisation de l’économie et une privatisation accrue. Le parti promet de créer deux millions de nouveaux emplois se plaçant face aux réalités économiques d’un pays où le Rand ne vaut quasiment plus rien face à l’euro ou le dollar, de mettre fin aux coupures d’électricité et de réduire de moitié le taux de crimes violents. Sa campagne, marquée par des messages alarmistes (son clip de campagne montre le drapeau de la nation arc-en-ciel se consumer doucement sous un fond sonore parlé très angoissant) et des propositions concrètes, cherche à convaincre les électeurs qu’un changement de direction est nécessaire. Les sondages indiquent d’ailleurs que la DA pourrait augmenter sa représentation parlementaire, ouvrant la voie à…

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Le bûcher des vanités

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Périphérie de Madrid, Espagne, 28 mai 2024 © Bernat Armangue/AP/SIPA

Comment reconnaît-on un impuissant ? Il s’indigne et met en scène son indignation. Il serait puissant, il agirait pour mettre fin à la situation qui l’indispose.


Telle est l’attitude de l’Espagne, de l’Irlande et de la Norvège en ce moment. Incapables de peser sur le conflit israélo-palestinien, ces trois pays reconnaissent l’État palestinien.

Incapables de convaincre Netanyahou de cesser de bombarder Gaza avec des missiles à 140 000 USD pièce, incapables de peser sur la Turquie et le Qatar pour qu’ils obligent le Hamas à rendre les otages, incapables ne serait-ce que de convaincre l’Égypte d’ouvrir sa frontière pour sauver les Palestiniens qui peuvent encore être sauvés.

Hystérie mondiale

Incapables sur toute la ligne, insignifiants même, alors ils prennent date et lèvent le menton en signe de majesté tel le très beau Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez. Son port est altier, son verbe est fluide lorsqu’il explique les raisons qui l’ont poussé à reconnaître la Palestine mais son insignifiance est totale. Il ne peut même pas empêcher la désagrégation de son pays, l’Espagne, sous la poussée de l’indépendantisme catalan alors de là à forcer la main à Israël…

Lui et tant d’autres politiciens européens qui appellent à la reconnaissance de l’État palestinien sont comme une femme au bord de la crise de nerfs et qui s’offre une journée au spa avec ses copines. Elle ne veut pas résoudre le problème, elle veut juste se sentir mieux dans sa peau. Ou pour utiliser une métaphore moins misogyne, l’on dira qu’ils s’offrent un certificat d’honorabilité à accrocher bien en vue sur leur bureau.  Sur ce certificat sera écrit en lettres d’or quelque chose comme : « je ne suis pas resté les bras croisés, j’ai pris mes responsabilités devant l’Histoire. » Pedro Sánchez reconnaît l’État palestinien en mai et partira en vacances en juillet, la conscience tranquille.

À vrai dire, jusqu’aux Américains sont impuissants. Blinken accumule les miles pour rien depuis octobre dernier. Il consulte, il exhorte, il se réunit et la guerre continue. Il ne reste plus que l’hystérie collective des campus de la Ivy League pour compenser l’impuissance des États-Unis.

Et à supposer qu’il faille reconnaître l’État palestinien, quelle en serait l’utilité ?

Absolument aucune.

Le Hamas continuera à persécuter les Gazaouis, hommes, femmes, enfants, homosexuels et dissidents. Et persécuter signifie dans ces contrées jeter du septième étage et écraser sous les pneus d’une jeep.

L’autorité palestinienne de Cisjordanie continuera à étouffer sous sa corruption et sous l’avancée de la colonisation.

Netanyahou poursuivra son offensive stérile qui n’a pas réussi à éradiquer le Hamas ni à récupérer les otages ou du moins un nombre suffisant d’entre eux. Quant à savoir s’il a un plan et des partenaires palestiniens pour gérer l’après-Hamas, personne n’ose poser la question de peur de ne rencontrer que le vide.

Pire, reconnaître un État palestinien ne facilite en rien la recherche de la paix. Il alimente une illusion dangereuse et qui sert de fonds de commerce aux commentateurs de plateau : la solution à deux États. Comme s’il était possible de faire vivre en harmonie et en bonne intelligence des frères ennemis qui se ressemblent tellement et divergent tout autant. Comme s’il était possible d’effacer des siècles d’hostilité et de méfiance par la force magique d’un traité.

Deux narcissismes face-à-face

Dès sa mise en place, un État palestinien en bonne et due forme deviendra une source de nuisance pour les Israéliens. La moindre des choses que les nouvelles autorités palestiniennes entreprendront serait d’inonder Israël de migrants au nom de la réparation de « 80 ans de colonisation ».  S’en suivra une litanie d’escarmouches, d’incidents et de querelles entre deux voisins qui sont l’antithèse absolue de l’autre. Entre Juifs et Arabes, il y a tout d’abord une concurrence religieuse et spirituelle. Sa seule issue, et l’Histoire l’a maintes fois confirmée, est la recherche de la suprématie de l’un sur l’autre. Les questions qui les séparent sont : qui a eu accès en premier à la Vérité ? Et qui a reçu la meilleure synthèse des instructions divines pour l’Humanité ? Autrement dit, obliger les uns à vivre à côté des autres revient à obliger l’exemple et le contre-exemple à cohabiter sous le même ciel. Le paradis et l’enfer séparés par un jet de pierre. Ça ne marchera jamais.

Au-delà de l’aspect religieux qui est essentiel, il y a le ressentiment et la jalousie. Pour les Palestiniens et les Arabes de la région, la simple existence d’Israël constitue une blessure narcissique. Les uns vivent dans l’échec et la stagnation, les autres symbolisent le succès scientifique et le rayonnement culturel et économique. Et ils se ressemblent tellement ! C’est ce qui rend cette comparaison insupportable aux yeux des Arabes. Que les Français aient inventé le TGV leur est égal car ils sont laïcs et sécularisés. Mais que les Juifs, encore imprégnés de religion, fabriquent des semi-conducteurs, ça c’est insoutenable. Pourquoi eux et pas nous ? Et si le problème résidait dans nos mentalités plutôt que dans une conspiration judéo-maçonnique ?

Les élites arabes ne sont pas prêtes à plonger dans ce gouffre, à commencer par les élites palestiniennes. Les Européens qui n’ont plus de culture religieuse se contrefichent de ces aspects. Ils peuvent comprendre tout de même qu’il est strictement inimaginable que la gay pride se déroule à Tel Aviv alors qu’un Etat palestinien véritable opère à Ramallah. Les Palestiniens ne peuvent l’admettre et trouveront un moyen de le faire savoir, et les Israéliens non plus ne peuvent admettre que des homosexuels soient lapidés en place publique à portée de wifi de leur domicile.

Cela dit et au nom de l’honnêteté intellectuelle, il convient de souligner l’émotion qui parcoure le monde au regard des images insoutenables en provenance de Gaza. Israël a ruiné le capital sympathie qu’elle avait gagné le 7 octobre lorsque l’intégralité du monde civilisé faisait bloc avec elle. Elle avait les meilleurs arguments mais n’a pas su en profiter. Elle se retrouve dans la même position que les Palestiniens en 1948 qui avaient à l’époque des arguments en béton mais des politiciens incapables de les faire valoir. Plus Netanyahou échoue, plus il lance de missiles. Comment reconnaît-on un impuissant ? Il déploie des F16 dans le ciel d’une ville surpeuplée au lieu de dessiner une stratégie pertinente et de la mettre en œuvre de manière épatante. Il y a de quoi plaindre Palestiniens et Israéliens.

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La triple frontière: un slogan? Non! Un projet

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Sarah Knafo © Hannah Assouline

Mais quelle est cette singulière idée défendue par Sarah Knafo, n°3 sur la liste de Marion Maréchal ?


Les tabous tombent ! Avant — c’était quand, déjà ? Ah oui ! 1985 ! — avant 1985,  donc, c’est-à-dire Schengen, il y avait des frontières. On se souvient des réveils, en pleine nuit, à Vintimille, du boucan sur les quais, des douaniers et des carabinieri, d’un blanc-seing à tendre, non pas l’Identity card, mais sa carte d’identité, de l’attente interminable avant le sifflet du départ. Depuis, « revenir sur Schengen », était im-pos-si-ble ! Im-pen-sable ! Ces embouteillages, ces bouchons à la frontière espagnole ? Vous n’y pensez pas ! Mais si, justement, on y pense ! Et même drôlement ! Et partout ! A la télévision, dans les cafés, les journaux, les think tanks. Or, en parler, c’est déjà envisager, anticiper. Serait-ce la fin, au pays des vaches polluantes, d’une vache sacrée : les accords de Schengen ? En tout cas, le seul parti à prendre le taureau par les cornes, c’est Reconquête.

Les travailleurs transfrontaliers ? Pas un problème !

Que propose donc le parti Reconquête ? Il propose le rétablissement, non seulement de la frontière nationale, mais l’instauration de « la triple frontière ». Aux mots « triple frontière », Madame Hayer, lors du premier débat à la télévision avec ses concurrents, avait réagi par un étonnement de bon aloi. Triple frontière ! On rêve ! Face à Gabriel Attal, Jordan Bardella, lui, avait sorti le lapin du chapeau Reconquête mais sans expliciter ni défendre cette idée. Sarah Knafo vient de donner les précisions. Il ne s’agit pas d’un « slogan » mais d’un « projet » soutenu par Reconquête qui concerne trois frontières : celles de la France, de l’Europe, celles du pays d’origine.

À relire: Sarah Knafo: «Le RN est le parti des sondages»

Il faut, d’abord, rétablir la frontière nationale comme la France l’a fait durant toute son histoire. L’histoire d’un peuple, d’un pays, d’une nation s’inscrit toujours et partout dans un territoire. Il faut donc, dit Knafo, limiter l’accès libre à l’espace européen aux seuls Européens. Ce qui suppose ne plus confondre le droit de pénétrer en Europe et d’y pénétrer sans contrôle préalable comme on le fait aux Etats-Unis, en présentant un visa. Et les transfrontaliers, dira-t-on ? La tête de liste de Renaissance paraissait bien démunie. Or, ce problème, dit Knafo, ne doit pas effaroucher les experts en télépéage que nous sommes ! Nous avons suffisamment de moyens techniques pour assurer le passage journalier des transfrontaliers ! Des plaques numéralogiques, par exemple, qui donneront accès à des files dédiées.

Les clandestins ne sont pas forcément démunis

La frontière européenne, elle, suppose un blocus naval militaire, avec la mise en commun des moyens de police maritime des pays européens, pour intercepter les bateaux et renvoyer les clandestins dans leur pays d’origine. Quant à la troisième frontière qui s’impose, à partir du moment où les OQTF ne sont plus exécutées sur notre territoire (constat chaque jour plus dramatique), c’est une campagne serrée à mener de dissuasion des candidats au transit, et c’est protéger les frontières des pays d’origine. Parce qu’enfin, — les études et les témoignages l’attestent — la migration recouvre une réalité sordide : celle d’un marché dont Sarah Knafo, énarque, qui fut magistrate à la Cour des Comptes, parle d’expérience pour l’avoir étudié in situ. Contrairement aux idées reçues, dit Sarah Knafo, les clandestins sont loin (ou ne sont pas tous, loin de là) d’être de pauvres hères démunis.

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Manon Aubry et Marie Toussaint auront beau crier aux heures les plus sombres de la France, le principe de réalité est implacable : il n’y a pas de pays sans frontières pour délimiter l’espace de souveraineté d’un Etat. Il n’y a pas de civilisations sans murs pour protéger de « l’ennemi » et délimiter un espace de liberté pour la vie en commun. « Ennemi » : l’absence des frontières fait prospérer les réseaux mafieux du trafic et de la traite ; sans frontières, l’Europe se déchire ; sans frontières, la France est désunie, fracturée, en proie à la violence. Que ce « projet » de la triple frontière soit ambitieux, c’est incontestable. Difficile peut-être. Irréalisable ? Sauf que nous n’avons plus le choix, dit Knafo, qu’entre « les embouteillages et les coups de couteau ».

Je pense aux « restanques ». Ce mot provençal désigne un muret de retenue, dans le lit d’un torrent, pour lutter contre le glissement ou le déboisement des terres cultivées. Permettant l’atterrissement en amont, tout en laissant passer l’eau, la restanque rend une terre fertile. Pour lutter contre l’effondrement de notre pays dans beaucoup de domaines, deux solutions sont à envisager sérieusement : rétablir les frontières extérieures et construire des « restanques » intérieures où pousseront les vignes d’un vin nouveau. La France est terre d’asile non terrain de vagance. Marion Maréchal, tête de liste de Reconquête, est la seule des candidats, lundi soir sur BFMTV, dans le débat qui les opposait, à avoir rappelé les racines chrétiennes de la France.

Questions au gouvernement: ce ridicule et permanent monôme

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Après avoir fait son numéro avec un drapeau palestinien dans l'hémicycle, le député d'extrême gauche Sébastien Delogu (LFI) répond à la presse à l'Assemblée nationale, Paris, 28 mai 2024 © WITT/SIPA

L’Assemblée nationale a démontré hier qu’elle pouvait se comporter de manière aussi stupide que le cortège d’étudiants le plus bêbête. Selon les députés islamo-gauchistes, la France serait ainsi complice d’un « génocide » à Gaza. Chaque jour qui passe laisse à penser que LFI est devenu le petit télégraphiste du Hamas dans l’hexagone.


À l’Assemblée nationale, certains députés n’ont visiblement pas conscience qu’ils représentent la nation toute entière et le peuple français. A LFI, ces enfants gâtés de la République se comportent comme s’ils étaient dans une AG étudiante, où l’exaltation est inversement proportionnelle au sens des responsabilités. Le zozo du jour, dont je ne me fatiguerai pas à citer le nom tant il mérite de rester dans l’oubli que son geste médiocre appelle, a donc brandi un drapeau palestinien en plein hémicycle, lors de la séance des questions au gouvernement.

Pourquoi un tel geste ? Parce qu’en bon idiot utile des massacreurs du Hamas, il faut faire résonner les éléments de langage des islamistes dans tous les lieux de pouvoir et d’influence. Mais comme soutenir un mouvement qui s’est comporté comme des nazis envers une population civile sans défense est un peu compliqué à assumer, un transfert a eu lieu : le Hamas a été effacé de l’équation, recouvert par le drapeau palestinien, censé représenter une population idéale, la quintessence de l’innocence bafouée… Le problème c’est que cela ne correspond à aucune réalité.

Le drapeau palestinien, cache-sexe du soutien au Hamas

Car disons-le tout net, brandir un drapeau palestinien dans l’hémicycle a deux buts : désigner l’état d’Israël comme agresseur, en faisant de tout ce qui a trait à la Palestine, un objet de compassion, et installer l’idée que la France est complice d’un génocide. Le problème est que l’histoire n’est pas si simple. D’abord, comme dans le cas de l’Ukraine et de la Russie, il n’y a aucun doute sur l’agresseur. Le Hamas a commis une attaque ignoble et Israël s’est défendu.

Assemblée nationale, 28 mai 2024 © NICOLAS MESSYASZ/SIPA

Ensuite les mensonges n’ont cessé d’affluer sur la façon dont les Israéliens mènent cette guerre. D’abord on fait semblant d’oublier que les guerres sont meurtrières et que les civils en payent souvent le prix. Et c’est le cas quelle que soit la guerre. Celles que nous avons menées, en Syrie ou en Irak contre l’Etat islamique ont tué leur lot d’innocents. Mais il y a pire, l’autocensure des médias. La presse garde souvent un silence pudique alors que se confirme tout ce que les dirigeants palestiniens ont toujours nié : les caches d’armes dans les écoles et les hôpitaux, les QG installés au milieu de la population civile, le détournement massif de l’aide internationale et de l’aide humanitaire, l’enrichissement des dirigeants, l’indifférence à la population, la fanatisation des enfants et de la jeunesse, le fait de voir comme un atout de communication les dommages infligés à la population civile… En revanche pour discréditer la réplique d’Israël, tout a été mobilisé, à commencer par le mensonge. Rappelez-vous l’histoire de l’hôpital Ahli Arab, au centre de Gaza : l’Etat juif avait été accusé d’avoir bombardé des civils sans défense avant que l’on apprenne que c’était une frappe du Hamas qui avait fait tous ces dégâts. Dans le cas du camp en toile qui a pris feu suite à une frappe israélienne ciblée, il semble que le fait que le Hamas planque ses caches d’armes et ses réserves d’essence là où il installe sa population civile soit une nouvelle fois la cause de ce terrible drame.

Des médias exaltés qui ignorent les faits

Autre point problématique. LFI excite la haine contre les juifs au nom de ce que subissent les Palestiniens. Mais pourquoi les journalistes ne font-ils pas leur travail ? Pourquoi ne pas écrire clairement qu’une partie de la population civile palestinienne est venue se servir le 7 octobre dans les kibboutz. Et qu’ils n’ont pas fait que voler. Ils ont aussi violé, tué et emporté des captives pour leur servir d’esclaves sexuelles. L’information a été confirmée par le Hamas expliquant qu’ils ne savaient pas où se trouvaient tous les otages car des civils en avaient amené un certain nombre. Jamais la population d’Israël n’a fait cela. L’esclavage n’appartient plus à notre champ mental depuis des années. De tels comportements expliquent pourquoi le monde arabe ne veut surtout pas accueillir les Palestiniens et garde ses frontières hermétiquement closes.

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Mais poursuivons. Pourquoi, alors que l’on a découvert plusieurs centaines de kilomètres de tunnels du Hamas, les journalistes ne s’interrogent-ils pas sur l’attitude de dirigeants qui n’abritent pas leur population alors qu’ils en ont les moyens ? Pourquoi taire le fait que les dirigeants du Hamas pensent que faire tuer un maximum de Palestiniens est utile, car cela sert leur politique ? Pourquoi ne pas dire qu’ils théorisent eux-mêmes que le fait que le nombre de morts soit le plus élevé possible sert leurs intérêts ? Pourquoi taire les détournements de l’aide humanitaire et leur confiscation par le Hamas ? Pourquoi taire que pour travailler dans la bande de Gaza, il faut faire allégeance au Hamas et diffuser leurs éléments de langage sinon il est délicat d’y retourner et on peut mettre en danger ses fixeurs (accompagnateurs stipendiés par le Hamas et qui accompagnent les journalistes) ? Pourquoi taire le fait qu’un certain nombre d’agences de presse n’ignore pas que le Hamas s’installe toujours là où les installations civiles le protègent, notamment non loin de leurs bureaux, des hôpitaux, des écoles… ?

Une explosion de la haine des Juifs qui a de graves conséquences en France

Les mêmes questions se posent en France. Pourquoi taire la propagande antisémite qui sévit sur les réseaux sociaux et que diffusent largement les militants LFI ? Pourquoi taire le fait que la tournée de Rima Hassan et de Jean-Luc Mélenchon réveille les haines antisémites au point que dans les universités les Juifs ont peur ? Comment ne pas voir que la rhétorique violente et victimaire de LFI participe de la désinhibition de la violence antisémite ? Pourtant il n’est pas difficile de voir les résultats d’une telle propagande chez nous. L’antisémitisme explose et le phénomène est massif : après le pogrome du 7 octobre, ce n’est pas à une vague de solidarité que nous avons assisté, mais à un tsunami antisémite. + 1000% d’augmentation des actes anti-Juifs en quelques mois.

La journaliste Céline Pina © Bernard Martinez

D’ailleurs, les mêmes qui agitent le drapeau palestinien au nom de leur grande conscience humaniste n’ont pourtant pas eu un geste le lendemain du 7 octobre alors qu’un crime contre l’humanité venait d’être commis sur des civils et que le Hamas s’était comporté en véritables nazis. Là, LFI ne s’est pas senti concernée. Là aucun drapeau n’a été agité. Pourquoi ? Parce que c’était des juifs qui ont été martyrisés ? Ou parce que, considérant le Hamas comme un mouvement de résistance, LFI ne pouvait se ranger du côté des juifs massacrés ? Parce que soyons clairs : si le Hamas est un mouvement de résistance, il est le dirigeant légitime des Palestiniens de Gaza, leur avant-garde même. Il les représente. Si de telles atrocités sont des actes de résistance et se justifient parce qu’elles sont exercées pour venger le peuple palestinien ; alors quand on agite ce drapeau-là, on agite le même que celui qu’agite le Hamas. L’usage du drapeau palestinien vise à évacuer le 7 octobre, à le banaliser, à délégitimer le droit d’Israël à se défendre pour installer l’idée que les Juifs persécutent par pur vice et plaisir le peuple palestinien. Et cette rhétorique aussi stupide que fausse fonctionne puisque personne ne fait le travail rationnel consistant à s’appuyer sur les faits pour dégonfler une telle propagande.

Une offensive concertée des Frères musulmans, maison mère du Hamas ?

Aujourd’hui c’est essentiellement le milieu universitaire, massivement noyauté suivant les secteurs par les islamistes et les gauchistes, qui est à la manœuvre et qui trouve un relais complaisant chez LFI et à gauche en général.

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Les Frères musulmans, branche mère du Hamas, activent leurs relais car la haine des Juifs qui se réveille en Europe réveille de lourds traumatismes et de profondes angoisses collectives susceptibles de contribuer à notre déstabilisation. Tout cela renforce leur poids dans la société et leur influence sur leur communauté. En Belgique, leurs relais universitaires sont tellement imbibés par cette logique qu’ils ont décidé d’autoriser leurs étudiants à tricher en signe de soutien à la Palestine. On cherche en vain la logique d’un comportement aussi débile, mais ce serait inutile. Ce qui compte ici n’est pas la cohérence mais la démonstration de force. Les islamistes montrent leurs muscles, leurs poids et l’importance de leurs relais. Le déploiement du drapeau palestinien dans l’hémicycle par un de leurs obligés en témoigne. Ce clientélisme a un prix, que paye sans barguigner LFI : celui de se mettre au service d’intérêts qui sont rarement ceux de son pays.

La même mise en scène a eu lieu hier au parlement italien. Cette offensive concertée a pour but de faire accepter comme normal et légitime un terrifiant massacre et un terrible pogrome. D’entériner l’abandon d’Israël et le soutien de l’occident à un mouvement terroriste islamiste, le Hamas. Car c’est bel et bien lui, et non le « peuple palestinien » qui capitalise politiquement sur cette sordide manipulation. On en est ainsi arrivé à ce qu’un massacre de Juifs ouvre la porte à la reconnaissance d’un Etat palestinien dirigé par des fanatiques meurtriers. C’est redonner à la cruauté gratuite et au crime contre l’humanité ses lettres de noblesse en tant qu’outil politique. Que cela soit l’œuvre de la gauche et qu’elle en tire fierté interroge.

Assemblée nationale: la séance la plus violente depuis des décennies

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Assemblée nationale, 28 mai 2024 © NICOLAS MESSYASZ/SIPA

LFI importe le conflit israélo-palestinien jusque dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. Le député de Marseille Sébastien Delogu en a été exclu hier pour avoir brandi un drapeau palestinien en pleine séance ! Peu après, les députés Guiraud et Habib ont failli en venir aux mains. Le Premier ministre Gabriel Attal a déploré un spectacle « absolument navrant ».


C’était probablement la séance la plus houleuse, et même la plus violente, de toute la législature. Mardi 28 mai, pendant que le Ministre chargé des Relations avec le Parlement Franck Riester parlait, un obscur élu insoumis que je n’ai pas envie de nommer cherchait vraisemblablement son quart d’heure de gloire et a brandi un drapeau palestinien, provocant des applaudissements à gauche, bien que cela soit évidemment totalement interdit par le règlement. 

Applaudissements chez LFI, huées chez les autres, silence gêné d’une partie de la gauche. Suspension de séance et convocation du bureau.

La présidente Yaël Braun-Pivet reprend ensuite la parole pour prononcer une sanction : « L’assemblée a prononcé la censure avec exclusion temporaire. En conséquence, il est désormais interdit à Monsieur Delogu de prendre part aux travaux de l’Assemblée nationale et de reparaître dans cette enceinte pendant quinze jours de séance. Monsieur Delogu, veuillez quitter l’enceinte de l’Assemblée nationale immédiatement ». C’est la sanction la plus grave. Bien qu’elle soit parfaitement justifiée, on peut regretter que cela fasse du député une sorte de martyr.

Quasi-bagarre dans la salle des Quatre Colonnes

Dans la foulée, David Guiraud (LFI) et Meyer Habib (UDI/LR) en sont presque venus aux mains. Meyer Habib ayant apostrophé les journalistes qui interviewaient M. Guiraud, ce dernier le traite de « porc » à plusieurs reprises, injure qui n’est pas innocente car pour les musulmans identitaires – clientèle électorale que vise M. Guiraud – porc veut dire impur et abomination.

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Ce que nous avons vu là, c’est surtout l’échec dramatique de la culture des Lumières, qui est une culture de l’argumentation, laquelle peut être dure, piquante voire violente. Mais quand il n’y a plus de langage, quand le logos disparait, ne restent que des injures. Nous assistons à la disparition du consensus démocratique, où on est d’accord pour ne pas être d’accord. En paraphrasant Sartre, pour les insoumis, tout contradicteur est un chien.

Pourtant, on peut être démocrate et défendre la cause palestinienne

Et aucun être humain ne peut être insensible aux malheurs des civils palestiniens. Mais les civils palestiniens, ceux qui les défendent et ceux qui saignent pour les enfants qui meurent à Gaza méritent la vérité. Sous réserve des conclusions à la fin de l’enquête, le Hamas qui installe des dépôts de munitions à proximité de zones urbaines densément peuplées et tire des roquettes à partir de là, est aussi largement responsable de la tragédie de Rafah. On peut critiquer la conduite israélienne de la guerre, penser qu’Israël aurait dû prendre plus de précautions, mais on ne peut pas accuser Israël de vouloir sciemment tuer des civils.

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Les insoumis ne défendent pas la Palestine, ils souhaitent la destruction d’Israël (puisqu’ils veulent la Palestine « de la Mer au Joudain »). Si le député se souciait tant des civils, il aurait brandi un drapeau israélien le 7 Octobre. Depuis plus de 70 ans, les prétendus amis des Palestiniens les poussent au refus et au fanatisme. Résultat : où en sont les Palestiniens aujourd’hui ? Ils n’ont pas de pays, et ont beaucoup moins que ce qu’ils avaient en 1947. 

Mais là où les LFI sont vraiment misérables, c’est qu’ils tentent d’embarquer nos compatriotes d’origine arabe dans leur combat antisém… pardon ! antisioniste. Alors je dis à tous ces Français sincèrement émus par le sort des Palestiniens : ces faux-amis vous mentent et vous manipulent. Les Palestiniens méritent mieux que ces calculs miteux.


Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio

Retrouvez Elisabeth Lévy du lundi au jeudi dans la matinale

Clash Marion Maréchal/Sonia Devillers: une Gauloise sans filtre s’enflamme à la radio publique

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Marion Maréchal face à Sonia Devillers sur France inter, 28 mai 2024. Captures YouTube.

Face aux invités qu’elle n’aime pas, Sonia Devillers peut poser les questions les plus pernicieuses. «Quand on écoute le maréchal Pétain, la famille française c’est la cellule de base de la France» a ainsi lancé hier la journaliste de France Inter à la tête de liste de Reconquête, Marion Maréchal. Cette dernière lui a répondu «Hitler aimait la confiture de fraises, vous aussi? Vous êtes un peu hitlérienne non?», avant de renouveler son souhait de voir l’audiovisuel public privatisé.


Avant d’aborder le sujet principal de cette chronique, plantons le décor en rappelant deux hauts faits de la journaliste Sonia Devillers, lesquels sont assez caractéristiques de la sale manière dont cette dernière fait le plus souvent son métier.

Le 11 octobre 2019, Sonia Devillers recevait sur France Inter deux « journalistes médias » afin de parler de… la légitimité ou non de la participation d’Eric Zemmour à l’émission Face à l’info sur CNews. Pensez donc, cet homme avait été embauché par Vincent Bolloré « malgré une condamnation en justice pour des propos déjà tenus dans les médias, malgré aussi l’ultra violence de son discours proféré à la convention de la droite ». Il n’y eut pas de débat, les deux journalistes invités étant sur la même ligne que Sonia Devillers – c’est ce qu’on appelle, en terre france-intérienne, la pluralité des opinions. On se demanda, avec force pleurnicheries, comment Christine Kelly avait pu accepter d’animer une émission ayant comme invité permanent un homme aussi détestable. Puis, s’appuyant sur les écrits des deux invités aux CV impeccables – Isabelle Roberts et Raphaël Garrigos, journalistes pendant quinze ans à Libération – Mme Devillers fit la liste des affreux, des fachos, des « journalistes très très à droite, voire à l’extrême droite » qui participaient à l’époque (et participent encore aujourd’hui pour la plupart) aux débats sur la chaîne honnie – Ivan Rioufol, Élisabeth Lévy, Gilles-William Goldnadel, Charlotte d’Ornellas, Gabrielle Cluzel – puis posa une question métaphysique : « Qu’est-ce qui se passe à CNews ? » La journaliste ne comprenait visiblement pas comment il était possible qu’existât en France une chaîne de télévision n’obéissant pas aux injonctions progressistes et au diktat idéologique du gauchisme ambiant en général, de celui des médias publics en particulier. Pour se remettre de ce choc, Sonia Devillers recevra le lendemain, en grandes pompes et avec tous les honneurs dus à son rang de journaliste adulé par les étudiants des écoles de journalisme, Edwy Plenel.  

Le 11 décembre 2019, la même Sonia Devillers recevait Geoffroy Lejeune, à l’époque directeur de la rédaction de Valeurs actuelles. La charge fut grossière, comme à l’accoutumée, et le vocabulaire à la hauteur des capacités intellectuelles et sémantiques du psittacidé radiophonique se prétendant journaliste : droite, droite de la droite, extrême droite, droite réactionnaire, droite identitaire, le vilain Éric Zemmour, la méchante Marion Maréchal. Point de subtilité chez Mme Devillers : Valeurs Actuelles ayant consacré un article critique sur « l’historien officiel » Benjamin Stora et un dossier complet sur le milliardaire progressiste et immigrationniste George Soros et les réseaux d’influence gravitant autour de sa fondation Open Society, la journaliste, aussi perspicace qu’un Jean-Michel Aphatie au mieux de sa forme, interrogea faussement Geoffroy Lejeune : « VA n’est-il pas un média antisémite ? »

Ce genre d’entretien est la marque de fabrique d’une Sonia Devillers qui n’hésita pas par ailleurs à dénoncer la création de deux chaînes de télé anti-wokes anglaises et à animer des Masterclass pour le Bondy Blog tout en vilipendant continuellement CNews. Cette salariée du service public est un spécimen parfaitement représentatif des cerbères médiatiques et bornés nécessaires aux basses œuvres calomnieuses et délatrices du pouvoir médiatique en place. Les bureaux de surveillance de la pensée unique se sauraient se passer de ce type d’employés. Moins finaude que sa collègue Léa Salamé, plus laborieuse que l’éditorialiste politico-bobo Yaël Goosz qui la concurrence sérieusement dans le genre doctrinaire, plus intellectuellement étriquée que ses autres comparses de la matinale de France Inter, Sonia Devillers est le marteau-pilon de la matinale de France-Inter : une raideur idéologique ferrailleuse, des réflexions d’enclume, des questions plombées, un lexique rudimentaire, mécanique, répétitif. Le tout accompagné d’une gestuelle azimutée et enrobé d’une exhalaison fétide. Du très lourd, donc. Et du très bête.

A lire aussi, du même auteur: Du pluralisme dans les médias? Oui, mais pas n’importe comment…

Ce 28 mai 2024, Sonia Devillers a atteint les sommets du journalisme lourdingue, métallique, aux effluves douteuses. Marion Maréchal, tête de liste Reconquête ! pour les élections européennes, était son « invitée ». Le marteau-pilon se met en branle dès le début de l’entretien. « La Cour Internationale de Justice a donné l’ordre à Israël de cesser le feu, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell RÉCLAME que cette décision soit appliquée. Pas vous ? » Boum ! Cette question n’en est évidemment pas une – c’est une opinion à peine camouflée qui appelle un acquiescement que Marion Maréchal se garde bien de lui offrir. Encore moins camouflée sera celle se cachant derrière la question (syntaxiquement bancale) concernant le message sur X de Marion Maréchal – « C’est donc un homme qui reçoit à Cannes le prix d’interprétation féminine. Le progrès pour la gauche c’est l’effacement des femmes et l’effacement des mères » – suite à la consécration d’une « actrice trans » au festival de Cannes : « Est-ce que vous avez conscience que nier à Karla Sofia Gascón qui a effectué sa transition et obtenu devant la justice son changement d’état-civil, c’est un délit ? » Boum ! Marion Maréchal rappelle simplement la réalité biologique – « Que ça plaise ou non, les chromosomes XX et XY sont indépassables » – et en tire une conclusion évidente : ce prix d’interprétation féminine a été remis à un homme, point barre. « Mais, mais, pilonne Sonia Devillers manquant de s’étrangler, on ne parle pas d’une opinion, on parle d’un délit. » Boum ! « La transphobie n’est pas une opinion, c’est un délit. » Boum ! Boum !  « Il s’agit de respecter la loi. […] La dysphorie de genre est quelque chose qui est répertoriée par la médecine et reconnue par la loi. […] Vous êtes face à la science, vous êtes face à la médecine, vous êtes face à la loi. » Boum ! Boum ! Boum ! Ces affirmations sont d’une abyssale niaiserie. Mais le plus crasseux est à venir… Après que Marion Maréchal a pris la défense des femmes, des mères et de la famille dans ce monde qui tend à les effacer ou les détruire d’une manière ou d’une autre (GPA, transgenrisme, écologisme, etc.), Sonia Devillers ose demander : « Quelle différence y-a-t-il entre la défense de la famille que vous proposez et celle que proposait le Maréchal Pétain ? » Marion Maréchal refuse à juste titre de répondre à cette question imbécile. Ses mots pour qualifier cette interrogation faisandée sont ceux d’une femme politique digne et mesurée : « dingue », « bête », « outrancière ». C’est tout à son honneur. N’envisageant aucune carrière politique ou médiatique, je peux me permettre d’ajouter que la manière de faire de Sonia Devillers a été abjecte, dégoûtante, ignoble, obscène, dégueulasse, immonde, répugnante.  

Mme Devillers continue dans le crapoteux, car rien ne l’arrête : « Il y a de nombreux homosexuels assumés qui ont rejoint le RN, est-ce qu’ils sont les bienvenus chez Reconquête ! ? » demande-t-elle, ses trois neurones chauffés à blanc, avant d’aborder, enfin, à une minute de la fin de l’émission, un thème en rapport avec les élections européennes. Entretien écœurant, émétique, du début à la fin. On savait les journalistes de la radio publique idéologiquement cadenassés et prêts à tout pour se ripoliner la conscience en combattant « l’extrême droite », cet épouvantail qui n’effraie plus qu’eux-mêmes, on n’imaginait pas qu’ils pouvaient aller aussi loin. Mme Devillers a fait la démonstration que certains journalistes n’ont désormais plus aucune limite ; que l’indécence et la bêtise font dorénavant bon ménage sur France Inter ; que l’ignominie et la crapulerie sont bienvenues, voire recommandées sur la radio publique. Suite à l’article de Judith Waintraub sur le rapport accablant de l’institut Thomas More objectivant l’absence de pluralisme et dénonçant le « traitement de défaveur réservé systématiquement aux représentants des droites » dans l’audiovisuel public[1], la direction de Radio France, qui ne manque pas de culot, a reproché au Figaro Magazine une « opération de dénigrement ». Pourtant, n’est-ce pas plutôt le service public qui « dénigre » à longueur de temps une chaîne privée, en l’occurrence CNews, et réclame sa disparition ? N’est-ce pas Sonia Devillers qui réclame depuis des mois à l’Arcom de surveiller et de punir CNews pour tout et n’importe quoi – ce qui est arrivé dernièrement avec l’incroyable amende infligée à la chaîne pour des propos de Geoffroy Lejeune sur les liens pourtant évidents entre insécurité et immigration, propos tenus par ailleurs presque mot pour mot par une représentante macroniste sur la même chaîne il y a quelques jours[2] ? N’est-ce pas la même qui vient de prouver la véracité du rapport de l’institut Thomas More à propos du traitement spécial réservé à certains représentants politiques ? Sonia Devillers est-elle toujours à proprement parler une journaliste ? Selon moi, elle est réalité une garde-chiourme médiatique, une estafette aux ordres du pouvoir et de la bien-pensance gauchisante, un maton radiophonique, une militante woke totalitaire ne supportant pas la contradiction et prête à obéir à tous les ordres de la police de la pensée pour faire taire les adversaires de l’idéologie dominante. La directrice de France Inter, Adèle Van Reeth, ayant avoué récemment que France Inter est une « radio progressiste », nous imaginons que Sonia Devillers ne craint rien et que nul reproche ne lui sera fait concernant ses propos ignominieux vis-à-vis de Marion Maréchal. Cette dernière a décidé de son côté de ne rien entreprendre contre Sonia Devillers, considérant que la journaliste s’est discréditée toute seule avec ses propos outranciers et complètement débiles. Mais, a-t-elle ajouté en substance, il est décidément temps de réfléchir sérieusement à l’avenir de l’audiovisuel public et d’envisager une mesure radicale pour que cesse une propagande répandue par des journalistes rémunérés avec l’argent de tous les Français – tous les Français, même ceux que méprisent radicalement Sonia Devillers et ses acolytes de France Inter.

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[1] Sur ce point, relire https://www.causeur.fr/pluralisme-audiovisuel-public-etude-institut-thomas-more-figaro-magazine-283493

[2] https://www.lejdd.fr/politique/info-jdd/cnews-immigration-tensions-dans-la-majorite-apres-les-propos-de-maud-bregeon-145696

LFI veut briser la France fragile

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Manuel Bompard et Rima Hassan, meeting électoral de Jean-Luc Mélenchon et Manon Aubry, Marseille, 23 mai 2024 © LOUAI BARAKAT/SIPA

Même s’ils n’ont que l’expression « vivre-ensemble » à la bouche, les députés et militants d’extrême gauche contribuent au séparatisme qui mine la société française.


La France est fragile. Elle peut se briser. Mardi, à l’Assemblée, les députés de La France Insoumise ont attisé la haine anti-juive en saluant le drapeau palestinien brandi en séance par Sébastien Delogu. Puis David Guiraud a traité de « porc » Meyer Habib (LR), juif et défenseur d’Israël, en se prêtant à la répétition d’une rupture au cœur de la communauté nationale[1].

Partition

Même François Hollande en était convenu, dès 2016, face à des journalistes : « Comment peut-on éviter la partition ? Car c’est quand même ça qui est en train de se produire : la partition ». De fait : le multiculturalisme, chanté par un universalisme insensible aux particularismes, a amené la conflictualité entre des communautés venues d’ailleurs. La violence en est un symptôme. Selon le criminologue Alain Bauer (Le Figaro, lundi), « l’année 2023 aura été, en matière d’homicides et de tentatives, la pire des 50 dernières années »[2]. Rien n’était plus prévisible, depuis Babel, que ces chocs culturels qui explosent derrière les faux-nez du vivre ensemble et de la diversité. Ce n’est pas seulement la Nouvelle-Calédonie qui retombe dans la guerre civile opposant Canaques et Européens.

Métissage et détissage

Le « détissage » d’un peuple n’est jamais loin de son métissage. Or l’immigration de peuplement ne cesse de se poursuivre (500 000 arrivées par an), avec l’approbation du pouvoir qui ne veut légiférer que contre les clandestins. De 2013 à 2023, huit millions de demandeurs d’asiles ont été accueillis en Europe, dont un million en France, selon l’Observatoire de l’immigration et de la démographie. Le feu est allumé par les belles âmes.

A lire aussi, Céline Pina: Questions au gouvernement: ce ridicule et permanent monôme

Sonia Backès, présidente de la province sud de Nouvelle-Calédonie, l’affirme sur le site du Figaro, mardi : « Il est urgent que chacun prenne conscience que ce qui se passe à Nouméa maintenant arrivera ailleurs demain sur le sol national »[3]. Le rejet de l’Occident est le dénominateur commun des nouvelles tensions internes qui menacent la nation jadis « une et indivisible », dans ses territoires et ses provinces.

Séparatisme(s)

L’idéologie décoloniale, matrice du réveil planétaire du Sud global contre les démocraties libérales, justifie le racisme anti-blancs chez les Canaques pro-Poutine comme elle justifie l’antisémitisme décomplexé des islamo-gauchistes en métropole ou les barbaries du Hamas contre Israël au nom de la cause palestinienne. Mardi soir, à Paris, 4500 manifestants anti-israéliens ont spontanément répondu aux mots d’ordre de LFI après le drame de Rafah, à Gaza, (45 morts) causé semble-t-il par l’explosion d’un dépôt de munitions du Hamas après deux frappes de Tsahal contre deux dirigeants de l’organisation terroriste. Le choix du séparatisme, qui s’installe dans l’opinion israélienne en protection d’un islam judéophobe et fanatisé, est une issue qui ne peut plus être exclue entre Canaques et Caldoches, pour des raisons ethniques cette fois. Le séparatisme pourrait se profiler aussi en métropole, comme l’évoquait Hollande, si rien ne devait être fait pour résister aux assauts de l’islam politique et de ses soutiens d’extrême gauche. Une Seine-Saint-Denis majoritairement musulmane connaitra-t-elle un jour le sort du Kosovo chrétien devenu islamiste et détaché de son berceau serbe ? La fragilité française rend possible son éclatement.


[1] https://www.causeur.fr/assemblee-nationale-palestine-delogu-guiraud-habib-283736

[2] https://www.lefigaro.fr/vox/societe/alain-bauer-couteaux-battes-de-baseball-machettes-le-grand-retour-des-attaques-a-l-arme-blanche-en-france-20240527

[3] https://www.lefigaro.fr/vox/politique/sonia-backes-ce-qu-il-se-passe-aujourd-hui-a-noumea-arrivera-demain-en-metropole-20240528

La conversion de Mélenchon

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Éric Naulleau. © Hannah Assouline

Dans son nouveau livre, La République, c’était lui !, Éric Naulleau brosse le portrait de Jean-Luc Mélenchon en lider minimo. Ou comment un laïcard pur jus s’est mué en islamo-gauchiste convaincu, aussi séduit par les dictatures comme par la France des imams et des caïds.


Au printemps 2023, Éric Naulleau avait consacré un pamphlet à Sandrine Rousseau (La Faute à Rousseau, Léo Scheer). Cette année, dans un essai riche en allusions littéraires, ce n’est pas à la créature wokiste du moment que l’ancien acolyte cathodique d’Éric Zemmour s’en prend, mais à un vieux routier de la politique française, Jean-Luc Mélenchon, qui a sillonné depuis cinquante ans les routes de la gauche, du lambertisme au rocardisme.

Renversement d’alliances

Au titre (La République, c’était lui !) et au sous-titre (Grandeur et déchéance du camarade Mélenchon), on pouvait s’imaginer que l’essayiste racontait son amour déçu pour l’ancien sénateur de l’Essonne. Éric Naulleau fait en réalité deux reproches principaux à Jean-Luc Mélenchon : une tendresse de longue date pour tous les gouvernements totalitaires de la terre, de Cuba à la Chine en passant par le Venezuela. Et une inclination plus récente : la conversion de Jean-Luc à l’islamo-gauchisme. Naulleau était aux premières loges, le 24 avril 2010, sur le plateau de « On n’est pas couchés », lorsque Mélenchon, à la tête du tout jeune Parti de gauche, critiquait le choix du NPA d’Olivier Besancenot de présenter une femme voilée aux élections régionales en PACA. À cette époque, Mélenchon refusait aussi que « des fantômes se trimballent dans les rues », en plein débat sur l’interdiction sur la burqa. À revoir le passage, Éric Naulleau n’était pas encore un laïcard pur et dur, puisqu’il s’était inquiété du sort des femmes qui portaient « la burqa volontairement » et se demandait si ça ne valait quand même pas le coup d’écouter les arguments de la candidate voilée du Vaucluse. Sur le plateau de Laurent Ruquier, un front Jean-Luc Mélenchon-Éric Zemmour-Caroline Fourest s’était constitué contre la burqa, face aux maigres nuances de Naulleau. Depuis, un renversement d’alliances s’est opéré, aussi spectaculaire que celui de 1756, qui avait conduit la France dans les bras des Habsbourg d’Autriche contre la Prusse de Frédéric II.

Éric Naulleau adresse d’autres griefs au lider minimo de la France insoumise, et plus encore à ses sbires : la passion gauchiste pour les malfrats et les marginaux, pour les bagnards et pour les transsexuels, pour les imams et les caïds, au détriment de la France populaire. Également, les clins d’œil de moins en moins discrets aux pires penchants antisémites. On apprend que David Guiraud a été biberonné, de l’aveu de son père, aux vidéos de Dieudonné et d’Alain Soral. C’est avec des allusions conspirationnistes, prononcées à Tunis ou ailleurs, qu’il a fini par recevoir des éloges vibrants dans les colonnes de Rivarol. Si l’on a voulu chercher en Amérique du Nord les racines intellectuelles de la nouvelle gauche wokiste, on peut se demander si elles ne doivent pas aussi quelque chose à notre vieille extrême droite qui tache. Le seul dans la galaxie LFI à trouver grâce aux yeux de Naulleau : François Ruffin, qui ne s’est pas compromis dans la manifestation contre l’islamophobie de novembre 2019.

Politiquement, Éric Naulleau se sent comme dans un train à l’arrêt : « Tout le monde a fait cette expérience une fois dans sa vie. Bien calé dans un siège de TGV, vous éprouvez la sensation que le train s’est ébranlé, mais un autre s’éloigne sur la voie d’à côté – le vôtre n’a pas bougé. Illusion du mouvement, vous êtes à quai. » Le traducteur de poèmes slaves n’a pas bougé d’un iota ; c’est la quasi-totalité de la gauche qui se serait trahie. On pourrait nuancer ce point. En se convertissant tardivement à l’islamo-gauchisme, après le fiasco des européennes de 2019, Mélenchon ne s’est pas tant rapproché des Indigènes de la République que de Terra Nova, officine située sur l’aile droite du PS qui avait prôné en 2011 l’abandon de la population ouvrière au profit des minorités. Avec sa volte-face sur le voile islamique, Mélenchon n’a fait que rejoindre, avec trente ans de retard, la mollesse d’un Lionel Jospin, ministre de l’Éducation nationale au moment de l’affaire du collège de Creil. Certes, à chaque fois que Bernard Cazeneuve se promène dans un cimetière avec un feutre mitterrandien, il y a un début de frémissement au sein du microcosme de la gauche républicaine. Une gauche républicaine qui commence toutefois à relever de la fable mythologique, car ça fait quand même un moment qu’on ne l’a pas vue à l’œuvre. Ils n’étaient pas nombreux, les députés socialistes qui ont voté, avec Manuel Valls, la loi interdisant la burqa en juillet 2010. Elles commencent à être anciennes, les compromissions locales avec les dealers et avec la djellaba. Le paradoxe de Mélenchon n’est pas de s’être converti à cette facilité stratégique, mais de s’y être converti si tard.

Continuité historique de la France

Éric Naulleau s’exclame aussi : « Avis aux nouveaux locataires : la France est un appartement meublé de longue date. De commodes Louis XV, de bureaux Directoire, de fauteuils Empire, de buffets Régence, d’armoires gothiques, de chaises Starck et de luminaires Keller. Merci de respecter le mobilier et de laisser l’endroit aussi propre que vous l’avez trouvé quand vous repartirez dans votre pays ou pour le grand néant – plutôt que dans un état totalement imprévisible. On vous saura gré d’épousseter de temps à autre ces trésors accumulés au fil des siècles par une vieille civilisation – plutôt que de prétendre les bazarder dans les poubelles de l’histoire. Et de chausser des patins au lieu de gros sabots pour vous déplacer de pièce en pièce, ne serait-ce que pour le respect des voisins. Ils étaient là avant vous. » Voilà qui pourrait définir un conservatisme soucieux de la continuité historique de la France. Et si l’avenir de la gauche républicaine et d’Éric Naulleau se trouvait à droite ? Il faudra pour cela sortir de la mentalité religieuse, renoncer aux promesses de sa première communion chez les Jeunes socialistes, et rejoindre, comme Amine El Khatmi, l’entourage de Valérie Pécresse, ou pourquoi pas, soyons fous, les rangs de la droite nationale.

À lire

Éric Naulleau, La République, c’était lui ! Grandeur et déchéance du camarade Mélenchon, Léo Scheer, 2024.

George Miller: la mythologie des vieux?

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L'antagoniste Dementus, joué par Chris Hemsworth, entouré de ses sbires dans Furiosa : une saga Mad Max. © Warner Bros

Notre collaboratrice, lasse de corriger des copies évoquant la « crétianisation des Romains » et les « constitadors » espagnols, a voulu s’intellectualiser les neurones devant les derniers monster trucks de George Miller. Alors, ce Furiosa : une saga Mad Max, de quoi se divertir ?


Mad Max : Fury road avait véhiculé son lot d’histoires… Des étincelles entre Charlize Theron — l’imperator Furiosa — et Tom Hardy — Max Rockatansky — auquel l’Australienne faisait une queue de poisson, aux récents démêlés entre George Miller et Christofer Sundberg (responsable de l’adaptation de l’univers en jeu-vidéo), l’univers post-apocalyptique de la Désolation a fait couler pas mal d’encre et le Furiosa : une saga Mad Max était attendu au tournant.

Alors simplifions : Furiosa n’est pas une révision de Fury Road. Oui, ça ne parle pas beaucoup. Mais il y a un scénario. Il y en a même plusieurs, parce que Miller, octogénaire à « la tête blanche et la queue verte », comme disait Bassompierre, n’a plus de temps à perdre pour les livrer prémâchés et simplifiés à un spectateur dont le carbu neuronique bulle.  Il y a du western — la vengeance d’une fillette. Il y a de l’épopée — les courses de char à la Ben Hur. Il y a même de la love story — la walkyrie Brunehilde a couché avec un homme… Damned !

Anya Taylor-Joy ne déçoit pas, Chris Hemsworth génial

Furiosa est plus composite qu’un moteur Tesla : c’est un petit bijou, ça brille de chrome et d’or désertique. Et si le slogan « one man, one bullet » de Fury Road est appliqué à la lettre, Furiosa s’en distingue par son sens. C’est sans doute un film qui fait boum boum, un objet kinétoscopique, comme dit justement Libé, mais c’est aussi un film qui pense.

A lire aussi : Gérard Depardieu, un monstre sacré comme un autre

Alors rassurons tout le monde : oui, Anya Taylor-Joy, tête rasée et huile de moteur sur le front est tout aussi sexy que sa devancière. L’origine de la prothèse de Furiosa — question à 168 millions de dollars tout de même — est à la hauteur de l’attente. Mais si personne ne doutait du talent d’Anya Taylor-Joy, c’est la performance d’un autre acteur qu’il faut saluer : celle de Chris Hemsworth.

Furiosa, interprétée par Anya Taylor-Joy, et Praetorian Jack, campé par Tom Burke. © Warner Bros

Dans la série « les stars ont-elles de l’humour ? », le visage du Thor de Marvel est méconnaissable. Modèle parmi les bodybuildés hyper-testostéronés, sa performance dans le rôle de Dementus, grand méchant de cette histoire de 2h28 minutes légitime son étoile sur le Hollywood Boulevard du 23 mai. Et 2h28 avec un ours en peluche épinglé sur la quéquette — pas pratique pour régner sur l’univers de la motosphère —, il faut les assumer. Plus Dementus se durcit dans l’horreur, plus le doudou est malmené et c’est avec un bras de Barbie roussi que le pauvre nounours finit…

La mythologie de demain

Car Miller ne déconstruit pas seulement le mâle blond à la cape flamboyante ni le doudou de vos angelots. Il fusionne des signifiants mythiques, les connecte les uns aux autres, comme les cornes teutoniques sur des réservoirs d’Ironhorse, pour forger une mythologie 2.0. Celle du pétrole épuisé et de la terre désolée. Celle de demain.

Accepter la furie créatrice et vrombissante de l’octogénaire, enfourcher les bécanes augmentées de Dementus, ou plonger dans le vide avec les War Boys d’Immortan Joe, c’est abandonner les mots à la mode : le féminisme, l’écologisme… écrasés sous la surconsommation qui en est faite pour revenir à ce qui fait ciment : la culture commune, la forme plus que le fond. C’est un tableau de Waterhouse, Hylas et les Nymphes, qu’on reproduit en cachette à Pétroville, ce sont les cercles de l’enfer du Moulin à balles, c’est le géant nordique Ymir qu’on utilise comme terreau, ou encore un arbre des Désastres de la guerre que Goya n’aurait pas cru australiens. 

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Car Dementus, celui à qui l’on doit l’amputation de la ravissante Furiosa souffre de la maladie la plus universelle : l’ennui. Il est un roi sans divertissement, aurait dit Giono. « Je m’ennuie » dit-il quand la Désolation ne laisse plus place qu’à « l’horreur, l’horreur » — celle de Brando dans Apocalypse now. Sur le parcours du dément, il n’y a que la lassitude des aigles de sang des sagas nordiques, et seul le boudin de fillette rassasie.

Rien de nouveau sur le bitume de l’outback, et pour se divertir, il n’y a plus que l’Homme-Histoire, ce vieillard à la peau de parchemin qui récite la définition de « larme » : « sécrétion salée de joie ou de tristesse ». Miller égrène, pour notre plus grand bonheur et film après film, des gammes un peu plus amères dans un cinéma qui, à Cannes et ailleurs, sacrifie la beauté à l’idée et se vautre dans les problématiques sociales.

IA: la protection des droits d’auteurs est une priorité culturelle

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Image d'illustration. Unsplash.

L’intelligence artificielle (IA) se déploie à un rythme accéléré, transformant nos sociétés, nos économies et notre quotidien. En France, cette technologie suscite des débats intenses, révélant des tensions entre différentes visions de son intégration.


Il règne une certaine schizophrénie au sein du gouvernement au sujet de l’avenir de l’IA en France. En effet, si Mme Rachida Dati, ministre de la Culture, préfère défendre les droits d’auteur, le ministre de l’Économie, M. Bruno Le Maire, préfère privilégier les opportunités économiques de l’IA. Cette dichotomie illustre les défis et les choix cruciaux que notre pays doit affronter pour naviguer dans cette nouvelle ère technologique.

L’IA peut créer, apprendre et évoluer en utilisant de vastes quantités de données, souvent protégées par des droits d’auteur. La ministre de la Culture insiste sur la nécessité de garantir que les œuvres des créateurs ne soient pas exploitées sans une rémunération appropriée. Cette préoccupation est partagée par de nombreux auteurs et traducteurs, qui craignent l’exploitation non compensée de leurs œuvres. Ils insistent sur la transparence dans l’utilisation des données pour entraîner ces IA, afin de protéger leurs droits et leur travail.

Doublés par l’IA, les doubleurs se révoltent et organisent une grande pétition.

Pour aborder ces enjeux, le ministère de la Culture a saisi le Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique (CSPLA), lui confiant deux missions : déterminer les informations que les fournisseurs d’IA doivent rendre publiques et garantir que les ayants droit puissent faire valoir leurs droits et recevoir une juste rémunération. Cette démarche vise à instaurer un cadre clair et équitable pour l’utilisation des œuvres protégées.

Sans droits d’auteurs, il n’y a plus de créateurs ; sans créateurs, il n’y a plus de création

Les auteurs et traducteurs ne sont pas les seuls à exprimer leurs préoccupations. Les éditeurs et ayants droit sont également réticents face à la situation actuelle. La commission de l’IA a noté les défis posés par leur refus de partager leurs contenus, ce qui pourrait affaiblir la qualité des résultats produits par les IA et limiter la présence de contenus français. L’Association des traducteurs littéraires de France (ATLF) voit dans l’IA une menace sérieuse pour leurs droits, soulignant le risque d’une exploitation injuste de leurs œuvres. En décembre 2023, le New York Times a poursuivi OpenAI pour avoir utilisé illégalement des millions d’articles du journal pour entraîner des systèmes d’IA. Plus tôt dans l’année, des artistes avaient poursuivi Midjourney, Stability AI et DeviantArt pour des motifs similaires. Aux États-Unis toujours, l’Authors Guild, un collectif d’auteurs, a signalé qu’OpenAI a carrément utilisé des bases de données illégales pour entraîner ses modèles d’IA, soulevant des questions cruciales sur la transparence et l’éthique dans l’utilisation des contenus protégés.

L’I.A : un levier pour l’innovation et la compétitivité ?

Bruno Le Maire privilégie les opportunités économiques que représente l’IA. Il considère cette technologie comme un levier puissant pour l’innovation et la compétitivité de la France. Cependant, cette focalisation sur les bénéfices économiques se fait souvent au détriment de la protection des droits d’auteur. Le ministre de l’Economie et des Finances insiste sur la nécessité de ne pas freiner le développement de l’IA, mais sa vision néglige les préoccupations légitimes des créateurs. En minimisant l’importance du respect des droits d’auteur, il met en péril les bases mêmes de la créativité et de la culture. Pour un amoureux de Marcel Proust cette approche purement comptable est d’autant plus étonnante.

L’Europe à la rescousse de la culture ?

L’Union Européenne a mis en place dès 2021 l’IA Act (ou Artificial Intelligence Act). Le 11 décembre 2023, l’UE a adopté une législation historique pour réguler cette technologie. Ce règlement vise à garantir que les droits fondamentaux, la démocratie, l’État de droit et la durabilité environnementale sont protégés contre les risques liés à l’IA, tout en encourageant l’innovation. La législation impose des obligations strictes aux entreprises d’IA, garantissant que la technologie respecte les droits existants et crée un cadre légal pour son développement.

La Fédération des Éditeurs Européens (FEP) a salué ce vote et les principes posés par le texte, en particulier les obligations de transparence quant aux données utilisées pour entraîner les IA. L’Union européenne promet ainsi que les œuvres protégées par le droit d’auteur ne seront pas utilisées illégalement et ouvre ainsi un marché de licences pour les éditeurs, ce qui devrait à terme permettre une rémunération des titulaires de droits.

L’IA : un choix de société

Le débat sur l’intégration de l’IA en France n’est pas seulement technique ou économique, il est fondamentalement sociétal. Nous devons décider quelle société nous voulons pour demain. Une société qui protège ses créateurs tout en exploitant les opportunités offertes par les nouvelles technologies. Cela nécessite un dialogue ouvert entre tous les acteurs concernés : créateurs, entreprises, régulateurs et public. Cela implique également une transparence totale de la part des entreprises d’IA sur les données qu’elles utilisent. L’IA offre des opportunités économiques considérables, pouvant renforcer la compétitivité de la France. Les régulations européennes montrent qu’il est possible de créer un cadre légal qui protège les droits tout en encourageant l’innovation.

La France peut montrer la voie en protégeant les droits d’auteur tout en soutenant l’innovation. C’est un choix de société crucial pour notre avenir culturel et économique.

Hélas, les querelles gouvernementales et l’incapacité d’Emmanuel Macron à trancher risquent de mettre en péril le droit d’auteur et de freiner l’innovation technologique et l’économie. Il est impératif de protéger nos créateurs tout en embrassant les possibilités offertes par l’IA. L’Union européenne a fait un premier pas vers la protection des droits d’auteur, mais c’est à la France de créer un pont entre la créativité, la défense des arts et le développement économique.

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Les électeurs appelés aux urnes en Afrique du Sud, étoile pâlissante du Sud global

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Des Sud-Africains votent à Soweto, le 29 mai 2024. © Jerome Delay/AP/SIPA

Près de 28 millions d’électeurs sud-africains se rendent aujourd’hui aux urnes pour élire leurs représentants aux parlements nationaux et provinciaux. Cette septième élection générale démocratique pourrait marquer un tournant historique, avec la possibilité pour l’African National Congress (ANC) de ne pas atteindre la majorité absolue pour la première fois en trois décennies.


Le 29 mai, l’Afrique du Sud est appelée à renouveler son Parlement national et ses assemblées provinciales. Pour la première fois depuis la fin de l’apartheid (1994), l’ANC pourrait obtenir moins de 50 % des voix, selon certains sondages. Cette perspective marque un tournant après trente ans de domination politique pour un parti aujourd’hui confronté à de vives critiques. Un mouvement qui fait face à une opposition en rang serré et à de nombreuses divisions internes. L’ANC, autrefois symbole de la lutte contre la ségrégation raciale et pilier de la transition démocratique, doit également composer avec une population de plus en plus désillusionnée par sa gestion du pays.

80 meurtres par jour

L’arrivée de Cyril Ramaphosa à la présidence en 2018 avait suscité de grands espoirs de changement et de renouveau. Un mandat cependant marqué par des défis économiques et sociaux majeurs. La hausse de la criminalité (en moyenne 130 viols et 80 meurtres par jour au cours des trois derniers mois de 2023), un chômage qui reste un problème endémique, atteignant 32 % l’année dernière (plus de 60 % des jeunes âgés de 15 à 24 ans sont sans emploi), des inégalités économiques qui persistent, creusant un peu plus les barrières raciales loin d’avoir disparues depuis la chute du régime afrikaner, et des allégations de corruption, touchant même les plus hauts échelons de l’État, ont terni l’image de son administration, qui s’est aggravée durant la pandémie de Covid-19. 

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De plus, les fréquentes coupures d’électricité ont exaspéré la population, sapant la confiance en la capacité du gouvernement à fournir des services de base contraignant même Cyril Ramaphosa à déclarer « le pays en état de désastre nation ». Face à la pression croissante de ses électeurs, l’ANC a tenté de se défendre et n’a eu de cesse de vanter ses réussites depuis la fin de l’apartheid. Le parti affirme que les niveaux de pauvreté ont diminué, que davantage de Sud-Africains vivent dans des logements décents et que l’accès aux soins de santé s’est amélioré. Une perception qui est loin d’être ressentie au quotidien par les Sud-africains qu’il peine à convaincre. En promettant de créer des millions d’emplois supplémentaires au cours des cinq prochaines années, l’ANC s’est engagé également à stimuler les investissements, à soutenir le secteur privé et à intensifier la lutte contre la corruption, espérant pouvoir se maintenir avec une majorité stable.

Une possible coalition 

L’Alliance démocratique (DA), dirigée par l’afrikaner John Steenhuisen, se pose comme l’alternative au pouvoir en place. Accusant l’ANC d’avoir fait sombrer le pays dans le chaos, la DA propose une libéralisation de l’économie et une privatisation accrue. Le parti promet de créer deux millions de nouveaux emplois se plaçant face aux réalités économiques d’un pays où le Rand ne vaut quasiment plus rien face à l’euro ou le dollar, de mettre fin aux coupures d’électricité et de réduire de moitié le taux de crimes violents. Sa campagne, marquée par des messages alarmistes (son clip de campagne montre le drapeau de la nation arc-en-ciel se consumer doucement sous un fond sonore parlé très angoissant) et des propositions concrètes, cherche à convaincre les électeurs qu’un changement de direction est nécessaire. Les sondages indiquent d’ailleurs que la DA pourrait augmenter sa représentation parlementaire, ouvrant la voie à…

>> Lire la fin de l’article sur le site de la revue de géopolitique Conflits <<