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LFI: les Palestiniens méritent mieux que ces calculs électoraux miteux

Il n’y a vraiment pas de quoi pavoiser… Après le nouveau coup d’éclat clownesque de Rachel Keke à l’Assemblée nationale, hier, notre directrice de la rédaction formule un vœu: « J’espère que dimanche, les électeurs montreront à LFI le chemin de la sortie ». Sera-t-il exaucé ?


Nouvelle séance houleuse à l’Assemblée : l’insoumise Rachel Keke a encore brandi un drapeau palestinien dans l’hémicycle. Ce que l’on ne dit pas, c’est qu’en réalité il s’agissait selon Libération[1] d’une initiative des écolos. Des dizaines de députés de gauche, élus pour représenter le peuple français et faire la loi, s’étaient habillés en rouge, vert, blanc ou noir pour former un drapeau palestinien sur les bancs… Quand on pense que cela a dû mobiliser des assistants parlementaires pendant des heures…

Bordélisation générale

Puis, Mme Keke a brandi son drapeau. À droite, on a sorti les écharpes tricolores. Rappel à l’ordre pour l’insoumise, huées, brouhaha et suspension de séance, comme un air de déjà-vu… La présidente Yaël Braun-Pivet a du rappeler qu’on était dans l’hémicycle. Mais quand on regarde les images, on dirait plutôt une AG à Tolbiac.

Ce qui est frappant, c’est que ces députés prétendent dénoncer un génocide et compatir à la souffrance de civils, alors qu’on les voit tout contents d’eux, rigolant. Mais ce ne sont pas seulement des blagues de potache. Le bilan à tirer de cette séquence (pour parler comme les politologues), c’est qu’il y a en France un parti anti-démocratique. Certes, ce sont des révolutionnaires de salon qui ne font pas vraiment peur, et l’on voit mal M. Boyard, Mme Soudais ou Mme Keke prendre le palais d’Hiver, mais ils pourrissent le débat public. C’est la stratégie du chaos : dans la rue, dans les facs et maintenant au Palais Bourbon. En quelques heures, Rima Hassan est capable de rameuter plusieurs milliers de gens pour intimider un média (TF1). Les manifestants n’ont pas pris les armes, mais ça, c’est une logique fasciste : on veut faire taire par la force et la foule. Le pire, c’est que le média ne proteste pas. Car LFI fait peur.

A lire aussi: Vénéneuse Rima Hassan, nouvelle étoile filante de la galaxie Mélenchon

Dans ces conditions, que faut-il faire ? Pas de liberté pour les ennemis de la liberté, disait Saint-Just. Je crois exactement le contraire depuis longtemps. Ce qu’il ne faut surtout pas faire : la diabolisation, l’indignation, le cordon sanitaire. En revanche, nous pouvons bien sûr essayer d’imposer à ces députés la règle commune (la politesse). Mais surtout, ne leur offrons pas un statut de martyre ! Il faut démystifier leur position, dévoiler ce qu’elle cache. À part l’exécration d’Israël, ces députés de gauche n’ont aucune proposition. Ils réclament soi-disant un cessez-le-feu, mais quand il y a une proposition sur la table, ils ne disent pas un mot – parce qu’elle vient d’Israël et des Américains.

LFI, maîtresse en mauvaise bannière

Comme les chefs du Hamas, navrée de le dire, ils ont intérêt à ce que des images terribles viennent de Gaza. Elles leur permettent de transformer l’émotion en haine. Au passage, rappelons qu’on a bien constaté récemment que les seuls drapeaux qu’ils aiment sont toujours des drapeaux étrangers.

N’oublions pas enfin que LFI n’a pas obtenu toute seule cette capacité de nuisance. Elle provient de M. Faure et des autres alliés d’hier, qui aujourd’hui ne peuvent plus plaider l’ignorance. S’ils retournent à Canossa et s’allient encore avec un parti qui flirte avec l’antisémitisme et méprise nos institutions, ils auront la défaite et le déshonneur. Il est peut-être aussi temps pour des dissidents de l’intérieur de ce parti décidément peu démocratique de sortir du bois (Ruffin, Corbière etc…).

Mme Braun-Pivet peut prendre des sanctions. Mais seuls les électeurs peuvent congédier des élus. J’ai confiance. La politique de l’éructation n’a pas fait bouger les sondages pour les élections européennes, la liste LFI n’est pas passée de 6-8% à 12% depuis que le parti fait campagne sur le dos des Palestiniens. Alors, j’espère que dimanche, les électeurs montreront à ces boutefeux le chemin de la sortie. Et, on peut rêver, qu’ils priveront Rima Hassan de son siège d’eurodéputée.  


Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio

Retrouvez Elisabeth Lévy du lundi au jeudi dans la matinale de Patrick Roger.


[1] https://www.liberation.fr/politique/a-lassemblee-nationale-des-deputes-de-gauche-vetus-des-couleurs-du-drapeau-palestinien-20240604_XCHYRWV32JHSLPJDEBNLRPPDTI/

Tant qu’il y aura des films

Une adaptation très réussie d’un mythique roman de Dumas, une comédie d’été en forme de chronique batelière et la reprise d’un grand classique signé Melville: un trio français gagnant.


Se venger

Le Comte de Monte-Cristo, de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière
Sortie le 28 juin

L’an passé, la nouvelle version des Trois mousquetaires par Martin Bourboulon avait laissé un goût amer aux amateurs des romans d’Alexandre Dumas. À force de trahisons et d’interprétations hasardeuses de l’œuvre originelle, le film s’est éloigné de son modèle au profit d’un vague western à la mode Richelieu. Les libertés prises avec le sort réservé par Dumas au sulfureux personnage de Milady ont même exaspéré les plus tolérants : on ne saurait tout sacrifier sur l’autel d’un hypothétique troisième volet dicté par des intentions commerciales ! C’est dire si l’annonce d’une adaptation du Comte de Monte-Cristo par les mêmes scénaristes a inquiété les puristes les moins farouches. Or, Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, devenus entre-temps réalisateurs, ont manifestement retenu les leçons de leurs premiers errements. Certes, ce nouvel opus affiche quelques différences notables avec le roman, mais rien d’irréparable. On se désole toutefois que la belle figure du père comploteur bonapartiste inventée par Dumas se transforme ici en celle d’une sœur, tout aussi active il est vrai : concession à l’air du temps féministe. On ne comprend pas plus pourquoi l’un des morceaux de bravoure du livre (une formidable et scandaleuse séance à la Chambre des Pairs) disparaît de cette version. Et ainsi de suite pour d’autres personnages et d’autres scènes. Mais, après tout, les adaptateurs doivent justifier leurs confortables rémunérations en tentant de faire mieux que Dumas. Du moins le pensent-ils.

Heureusement, un casting impeccable permet de faire oublier ces petits arrangements avec l’implacable histoire d’un homme ivre de colère et de vengeance, Pierre Niney en tête. L’acteur confère à Edmond Dantès et au comte de Monte-Cristo une insondable mélancolie qui sied absolument au personnage. Revenu sinon d’entre les morts, du moins de l’oubli total, il ne saurait esquisser le moindre sourire ou le moindre contentement et, surtout pas quand son ancienne fiancée, la belle Mercédès (parfaite Anaïs Demoustier), lui tombe dans les bras après des années de silence. Face à ce couple tragique et romantique, les méchants qui l’ont empêché d’exister font merveille parce qu’ils sont campés notamment par Patrick Mille (une mention spéciale pour son glaçant Danglars) et Laurent Lafitte. Les deux acteurs forment un duo plus que parfait dans la veulerie, la lâcheté et la noirceur. Ils sont l’incarnation idéale de la malédiction qui s’abat sur le héros, même si on peut regretter que l’infâme Caderousse du livre disparaisse quelque peu dans le film. Aux côtés de ces protagonistes évolue une distribution sans reproche, avec l’excellent Pierfrancesco Favino, acteur italien vu notamment chez Bellocchio, qui campe un abbé Faria plus que crédible. Ajoutez à cela des décors et des extérieurs dignes du lyrisme de Dumas et vous obtenez un film exigeant et populaire à la fois, ce qui, au cinéma, ne relève pas du pléonasme.

De fait, le budget imposant (plus de 35 millions d’euros) se voit à l’écran, ce qui est la moindre des choses, mais sert efficacement un propos artistique et narratif ambitieux. Loin des canons télévisuels et de l’envahissant esprit de la récurrence voulu par la dictature des séries, ce Comte de Monte-Cristo est d’abord un objet de cinéma, et de pur cinéma. Mené tambour battant par deux scénaristes-réalisateurs décidés à ne pas trahir fondamentalement l’œuvre, le film affiche un bel allant : pas une baisse de tension, pas un moment d’ennui, toute l’énergie mise au service de l’histoire et de son inexorable progression. Prouesse finale, qualité essentielle, cette adaptation donne envie aux spectateurs de se replonger dans le roman, ou de le découvrir, pour lire les destins du ténébreux comte de Monte-Cristo et de ses abominables ennemis.


Afbrillot

Naviguer

La Petite Vadrouille, de Bruno Podalydès
Sortie le 5 juin

On connaît les qualités du cinéma de Bruno Podalydès, digne héritier d’une comédie à la française qui, d’Yves Robert à Pascal Thomas en passant par Jacques Rozier, sait mélanger avec brio l’indolence rurale et la fantaisie urbaine. Cette fois, l’acteur-cinéaste nous entraîne dans un film au fil de l’eau avec ce titre malicieusement modeste, Petite Vadrouille, qui fait évidemment référence à Gérard Oury. Tout se passe donc sur un canal et dans une de ces « pénichettes » qui font le bonheur du tourisme fluvial pour marins d’eau douce et autres amateurs d’aventures sans grand danger. Daniel Auteuil et Sandrine Kiberlain forment le couple principal d’une comédie un peu romantique et surtout drolatique. Comme toujours chez Podalydès, les seconds rôles s’agitent en tous sens pour conférer au film sa dynamique loufoque. Denis Podalydès et Isabelle Candelier, entre autres, mènent ainsi la danse avec une verve communicative. Potemkine faisait construire pour sa tsarine de faux villages idylliques. Podalydès fait de même pour notre plus grand plaisir avec cette croisière en forme de trompe-l’œil permanent.


Résister

L’Armée des ombres, de Jean-Pierre Melville
Sortie le 5 juin

Présente-t-on encore L’Armée des ombres de Jean-Pierre Melville, alors que sort sur les écrans une version magnifiquement restaurée de cette ode à la Résistance française ? Oui, peut-être, quand on découvre, horrifié, l’inculture de nos collégiens sur l’Occupation. On se dit que la vision de ce chef-d’œuvre en cours d’histoire pourrait s’avérer d’utilité publique et scolaire. Et tant pis si certains cinéphiles ont le culot de faire la fine bouche. Melville en son temps savait ce qu’il faisait en dressant ainsi le portrait d’une France résistante, en convoquant notamment les destins de Jean Moulin et des époux Aubrac. Incarnés par Lino Ventura, Paul Meurisse, Simone Signoret ou Paul Crauchet, ces personnages donnent au film une incroyable humanité. Décrivant avec soin le véritable travail de résistance au quotidien, le film ne verse jamais dans un héroïsme facile ou ostentatoire. Glacé et glaçant, il s’approche au plus près de ce que vécurent ces « ombres » au-delà de l’imaginable.

STUDIOCANAL

Et le droit au logement?


« Être logé, c’est le commencement d’être. La France a eu très tôt des frontières, elle a eu très tôt un logement, avant même d’exister de façon formelle » écrit Fernand Braudel dans son maître ouvrage Lidentité de la France. Ainsi, débattre de la pertinence du maintien de frontières physiques aux marches du pays ne saurait se réduire à la seule question de la « libre circulation des personnes et des biens », le couplet tant de fois seriné et sur la base de quoi on a pondu la trouvaille délétère de Schengen. L’historien Fernand Braudel nous ouvre la voie. Si être logé, avoir des frontières, c’est « commencer d’être », nier ces frontières, les effacer, renoncer à leur matérialisation comme on l’a laissé faire et comme l’Europe ne cesse non seulement de le revendiquer mais surtout de le promouvoir, ne serait-ce pas tout bonnement commencer à ne pas être ?

Indispensables frontières

C’est bien ce à quoi nous assistons. Sans frontières définies, inscrites sur le terrain, l’espace national se dilue à terme dans un espace de moins en moins identifiable et se trouve, au bout du compte, amené à se fondre dans une forme d’abstraction. Car, qu’est-ce que l’Europe qu’ils nous ont tricotée sinon une abstraction ? Une abstraction à vingt-sept – en attendant mieux, vingt-neuf, trente ? – prétendument régie par des lois qui ne sont plus l’expression de l’histoire, de la culture, de la spécificité des peuples mais un assemblage relevant bien davantage du bricolage technocratique que de la traduction de la volonté des nations et des citoyens. Cela donne un pseudo corpus juridique de plus en plus rejeté par ces mêmes citoyens parce qu’il leur est impossible de s’y reconnaître, d’y repérer l’empreinte de leur héritage, de leurs racines, l’expression de leur sensibilité singulière, de leurs spécificités mentales, morales, intellectuelles. On le voit bien au dogme sans cesse asséné de la prétendue conformité de la loi européenne au concept de « Droits de l’Homme ». Là encore, abstraction ! L’homme, quel homme ? L’homme universel, éternel, identique à lui-même en tous lieux et de tous temps, l’humain déshumanisé, l’humain réduit à la qualité improbable de concept. Quelque chose comme un énième avatar de la lubie de « L’homme nouveau », cette promesse intenable de toutes les révolutions, celle du bienfaiteur de l’humanité Maximilien de Robespierre en particulier. L’homme nouveau, l’abstraction culte, celle qui ne peut être imposée aux peuples que par la force, la violence, la terreur. Relisons donc Hegel là-dessus[1].

A lire aussi: La triple frontière: un slogan? Non! Un projet

Et si la dilution de notre être faisait l’affaire des fédéralistes ?

La dilution, conséquence du dogme du sans frontières, n’est pas que géographique dans ses conséquences, elle est essentiellement culturelle et civilisationnelle. Elle constitue bel et bien le premier pas du « ne pas être ». Du « ne plus être », en l’occurrence. Cela dit, n’est-ce pas tout simplement le but inavoué de ses promoteurs et zélateurs ? Que les peuples constitués en nations se dissolvent en une masse indifférenciée et la plus nombreuse possible de non-citoyens réduits à la dimension de producteurs-consommateurs asservis et dociles ? J’entendais le candidat d’une liste européiste, clamer, pontifiant et suffisant comme il se doit : « Qu’est ce qui nous séparait de nos voisins italiens, espagnols, belges, allemands, à part une vague frontière commune ? Rien, ou si peu. Donc la création de l’Europe allait de soi. » Rappelons tout de même à ce bel esprit que la France a aussi une frontière commune avec le Brésil. Qu’attendent-ils donc pour faire entrer ce pays-là, au demeurant magnifique et respectable, dans leur belle Europe ?

A lire aussi: Laurence Trochu: «Dans sa logique de dédiabolisation, le RN a renoncé à mener les combats civilisationnels»

Contrairement à ce qu’ils osent affirmer, la frontière matérialisée n’est pas un véritable obstacle à la circulation des personnes et des biens. Elle implique seulement que celui qui la franchit puisse prendre conscience de passer d’un pays à un autre, d’une nation à une autre, d’un peuple à un autre. Ce qui ne peut être pour lui qu’un enrichissement. De plus, si la re-matérialisation pouvait  contribuer à endiguer si peu que ce soit la quasi libre-circulation des drogues, des terroristes et des passeurs, cela constituerait à n’en pas douter un avantage non négligeable. Bref, le droit au logement, une revendication urgente à exprimer, me semble-t-il. Bulletin de vote en main, dimanche prochain.

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[1] Principes de la philosophie du droit, 1820

Les bombes d’Abnousse

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À partir du fabuleux discours qu’elle prononça au Prix de la laïcité 2023, Abnousse Shalmani fait l’éloge comme jamais de la laïcité, de la République et de la France. Bombes de liberté, d’amour et d’art…


1989 – L’année où tout a basculé. En février, l’ayatollah Khomeini lançait sa fatwa contre Salman Rusdhie pour avoir écrit Les Versets sataniques ; à la rentrée de septembre, deux élèves musulmanes du collège de Creil refusaient de retirer leur foulard islamique. De ce que d’aucuns ont qualifié de « banale affaire de tissu » aux égorgements de Samuel Paty et de Dominique Bernard, le continuum est bien là, scandaleusement scolaire, programmé comme un nouveau planning familial[1].

La République se vit à visage découvert

Il est vrai qu’au pays de Voltaire, de Diderot et de Sade, et aujourd’hui, de Kamel Daoud, de Boualem Sansal et d’Abnousse Shalmani, l’infâme a de quoi se régaler. Et si « la laïcité a toujours été un rapport de force », alors « il faut arrêter d’être poli, il faut cogner »[2]… Là-dessus, on peut compter sur la merveilleuse autrice de J’ai péché, péché dans le plaisir pour écraser l’infame, réhabiliter le boudoir, défendre la France contre elle-même, quitte à ressasser : « cher lecteur, tu connais déjà mes répétitions, mes obsessions, mais de toute évidence, il faut encore marteler, rappeler, disséquer, offrir la seule chose que j’ai entre mes mains : le savoir et l’analyse ». En plus de l’amour de la France, du sentiment de la langue et du souvenir du voile qu’elle dût porter, enfant, sous la dictature iranienne et qui lui démange encore le cou[3]. Elle-même étant une échappée de la « mollahrchie », connait l’hypocrisie sanguinaire des islamistes et la stupidité des gauchistes, toujours persuadés de rouler les premiers au nom de leur cause alors qu’ils finiront par être exterminés par eux – et, de fait, a une longueur d’avance sur nous autres, pauvres citoyens du monde égarés dans notre vivre-ensemble de jour en jour plus communautariste, identitaire, tribal.

Version 1.0.0

« Peut-être que j’ai déjà perdu », se demande-t-elle dans un moment de désespoir. À quoi bon se battre puisque Marianne ne semble plus faire bander le bobo, que l’universalisme passe désormais pour un racisme et que la planète a viré antisioniste, anti-occidental, anti-Olympia de Manet (ces élèves qui refusent d’aller au Musée d’Orsay parce qu’il y a trop de nus) ? De toute façon, la liberté, l’art, la jouissance, c’est bon pour les boomers. Comme le notait Salman Rusdhie himself à La Grande librairie[4], aujourd’hui, c’est la « justice sociale » qui a remplacé la liberté d’expression dans le credo des valeurs, c’est l’annulation culturelle qui importe en cas d’offense des minorités – le pire étant que ce sont les jeunes qui portent la censure et l’interdit. « Imperceptiblement, la liberté n’est plus le phare de toute humanité, elle est devenue louche, entachée du passé historique de l’Occident, elle est devenue la marque du dominant alors qu’elle était, à juste titre, le but de tout désir d’émancipation, l’espoir inébranlable de tout opprimé sur terre. »

Gare à l’immigré trop amoureux de la France !

Contre ces nouveaux terrorismes bigots, et qui relèvent d’une véritable contre-révolution, Shalmani a pris le parti de la France irrévérencieuse, libertaire (libertine !), blasphématrice. « La France ! Ce pays où il était moins grave d’avoir faim, car on y était assuré de trouver la liberté totale. »  Celle de la poésie, de la peinture et de l’alcool. « Tant pis pour la faim, le froid, la misère. La liberté. La liberté sonnait alors comme une victoire ! » Et d’abord pour les sublimes métèques du Bateau-Lavoir que furent Modigliani, Picasso, Brancusi, Chagall et par-dessus-tout Chaïm Soutine avec qui notre exquise sadienne s’imagine une filiation précisément imaginaire. Bonheur de ces ascendances françaises que l’on se choisit à rebours de ses origines et que de bonnes âmes croient aimable de lui rappeler. « Quel dommage que tu aies perdu ton accent ! », entend-elle régulièrement de la part de ceux qui croient l’honorer alors qu’ils l’insultent. C’est que pour une certaine gauche, « l’important, c’est de faire immigré », c’est-à-dire victime sempiternelle de la colonisation, de l’esclavage, du système blanc patriarcal (et comme si « les Blancs » avaient été les seuls colonisateurs au monde alors que dans le genre, et Shalmani le rappelle avec délectation, les Arabes ont fait bien pire[5]). Gare à l’immigré ou à l’enfant d’immigré qui oserait s’assimiler complètement à son pays d’adoption ! Gare à l’Arabe amoureux de la France ! Gare à l’étranger qui ferait l’éloge de la langue de La Fontaine – au lieu de considérer, et comme notre système masochiste l’y encourage, que son apprentissage est une discrimination faite à son endroit. Celui-là serait considéré comme un traitre à sa race. Or, c’est « venger sa race » qui aujourd’hui fait recette et permet le Nobel. Ce que les islamistes, qui « n’attaquent pas la France par hasard », ont bien compris. La haine de soi est chez nous si grande, si prestigieuse, si subventionnée, que toutes les intersectionnalités, néo-féminisme pro-burka, LGBTQIA pro-Hamas, gauchisme eurasien, sont possibles. En vérité, « le Ku Klux Klan l’a rêvé, l’antiracisme l’a accompli ! ».

Annie Ernaux. Photo: Hannah Assouline

C’est que le wokisme, « cette synthèse identitaire », est en écho avec le littéralisme coranique. Comme en Orient, on est en train d’en finir avec l’interprétation, l’exégèse, l’esprit (critique et poétique), ce que l’islam éclairé appelait l’ijtihad – et qu’un Rusdhie a tenté de remettre au goût du jour dans ses Versets avec le résultat qu’on sait. Car c’est le djihad qui l’a emporté contre l’ijtihad – la lettre qui tue contre l’esprit qui vivifie. Et cela avec la complicité des déconstructeurs, Jacques Derrida en tête, déclarant un jour à l’auteur de Joseph Anton, et rapporté par celui-ci, que « la rage de l’islam » trouve sa source non dans l’islam en soi mais dans « les mauvaises actions de l’Occident ». Et voilà le mythe du mal derrière le mal dans nos têtes de petits blancs. L’idée perverse au possible que nous méritons nos frères Kouachi et nos Mohammed Merah – tout comme Israël mérite son pogrom du 7 octobre.  

Au fond, pour cette gauche moisie, ce sont les morts les coupables. Alors que c’est nous, à force de lâcheté, de compromission, d’abandon de la laïcité, d’acculturation programmée, d’oubli de nos arts, armes et lois, de nihilisme bien-pensant, qui sommes coupables de ces morts. Et là-dessus, Abnousse Shalmani nous met en garde : « Soyons un peu plus courageux et nous aurons un peu moins l’impression d’avoir du sang sur les mains au prochain attentat. »

Abnousse, présidente !

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[1] Voir le livre de David di Nota, J’ai exécuté un chien de l’Enfer. Rapport sur l’assassinat de Samuel Paty, Le Cherche midi, 2021

[2] Entretien avec Abnousse Shalmani et Kamel Daoud, par Peggy Sastre, « Si vous ne voulez pas de ce pays, on est preneurs ! », Le Point, n° 2699, 25 avril 2024

[3] Idem.

[4] Émission du 15 mai 2024 que l’on peut revoir ici : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/saison-16/5988222-emission-speciale-salman-rushdie.html

[5] « L’empire arabo-musulman a pratiqué plus longtemps et à plus grande échelle l’esclavage : alors que la traite transatlantique a concerné entre 9,6 et 11 millions d’individus, la traite arabo-musulmane a déporté plus de 17 millions d’Africains. Mais les descendants d’esclaves transatlantiques s’élèvent à 70 millions contre 1 million pour la traite arabo-musulmane, conséquence de la castration systématique. »

Causeur: Contre le maccarthysme MeToo. Fanny Ardant: «Pour l’honneur de Roman Polanski»

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Présentant notre dossier, Élisabeth Lévy se réjouit que Roman Polanski ait gagné son procès contre une ex-comédienne qui l’accusait de diffamation, mais nous rappelle que la Justice ne fait pas taire la meute MeToo. Au Festival de Cannes la grande famille du cinéma, terrorisée, se prosterne devant une poignée de fanatiques. Fanny Ardant a le rare courage de dénoncer ce nouveau maccarthysme qui, comme le premier, réduit au silence et au chômage de grands artistes. L’actrice, se confiant à Sabine Prokhoris, est formelle : «Je n’ai jamais voulu être une victime». À l’affiche du nouveau film de Roman Polanski (The Palace), elle sort de son habituelle réserve pour défendre le réalisateur qu’elle aime et admire.

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Élisabeth Lévy a interrogé Delphine Meillet, l’avocate de Roman Polanski, qui considère que le jugement en sa faveur est une décision majeure à l’heure de la révolution Metoo : un homme accusé publiquement a le droit d’exprimer publiquement sa vérité. Il est peu probable, cependant, que ce jugement calmera les meutes qui, comme l’a reconnu le tribunal, poursuivent le cinéaste de leur «vindicte». Commentant le dernier festival de Cannes, Sabine Prokhoris y voit plus que jamais le festival de ces actrices qui, s’affichant en robes longues et décolletées, se proclament « oppressées » et donnent libre cours à leurs envies d’épuration, de purge et de castration. En revanche, leur cible préférée, Roman Polanski, reste l’auteur d’une œuvre universelle parce qu’elle est portée par le sens du tragique : le réalisateur mondialement célébré est resté un gamin de Cracovie. Jean-Baptiste Roques a lu le livre de l’actrice-réalisatrice Isild Le Besco, Dire vrai. Ce récit qui dévoile les humiliations et violences qu’elle a subies met davantage en cause la dérive tyrannique de certaines réalisatrices que les méfaits du patriarcat.

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Dans son édito du mois, notre directrice de la rédaction analyse la polémique autour de l’actrice espagnole transgenre Karla Sofia Gascón, qui a reçu le prix d’interprétation féminine à Cannes et que Marion Maréchal a qualifiée d’« homme ». Pour Élisabeth Lévy, ce propos n’est pas une injure, comme le prétendent les associations qui poursuivent en justice la tête de liste de Reconquête ! Car «le scepticisme est un droit. Quel est le poids de la génétique ? Jusqu’à quel point peut-on changer ce qu’on est ? Tout cela devrait être matière à débat et controverses, pas à un festival d’interdits».

Causeur se penche sur une des tendances les plus troublantes de l’actualité : la montée de l’antisémitisme en France – et ailleurs – depuis les atrocités du 7 octobre. Aujourd’hui, les leçons de l’histoire semblent bien oubliées. Comme le constate Elisabeth Lévy, «On dirait que les digues illusoires qu’on a cru ériger en psalmodiant « plus jamais ça » ont cédé». Se confiant à Gil Mihaely, l’historien Georges Bensoussan souligne les rôles de l’islamisation d’une jeune génération issue d’une immigration maghrébine ancienne et de l’immigration massive en provenance du monde arabo-musulman. Les deux alimentent un antisémitisme «français» inédit associant les juifs à la domination des Blancs, et donc au colonialisme. Céline Pina a rassemblé des témoignages sur la situation à l’université. Dans de nombreux établissements, l’antisémitisme d’atmosphère s’est mué en soutien au Hamas et les références au nazisme se sont banalisées, dans l’indifférence complice de l’administration. Olivier Douman analyse la convergence des luttes entre les mouvements antifas et propalestiniens.

Pour l’outre-mer, Driss Ghali évalue la situation en Nouvelle-Calédonie où, par faiblesse et lâcheté, la République cède sur tous les plans. Enfin, dans le domaine économique, l’entrepreneur et essayiste Charles Gave, qui est aussi actionnaire de Causeur, plaide pour l’abolition des banques centrales qui ne font qu’entretenir des États de plus en plus dépensiers et mauvais payeurs. Il prône leur fusion avec les ministères des Finances et l’adoption de lois bannissant tout déficit budgétaire. 

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Nos pages culture s’ouvrent avec panache, en l’occurrence celui de Judith Magre, la comédienne qui, à 97 ans, continue de brûler les planches ! Celle qui a travaillé avec Julien Duvivier et Sacha Guitry, Jean Vilar et Gaby Morlay, Fernandel et Jean Poiret se confie à Yannis Ezziadi. Nos lecteurs connaissent le don d’Hannah Assouline pour fixer le regard des écrivains. Cette exploratrice inlassable de la république des Lettres et de l’engeance humaine a découvert il y a quarante ans un autre miroir de l’âme : les mains. Élisabeth Lévy salue un beau livre qui nous ouvre, enfin, les portes de sa galerie. Georgia Ray traque les raisons pour lesquelles les visiteurs se pressent toujours plus nombreux au musée. Que viennent-ils chercher ? Peut-être une consolation à l’instabilité du monde, admirer des œuvres à leur guise, leurs formes et couleurs qui sont source de plaisir. On aurait tort de s’en priver, d’autant que les expos de ce mois de juin méritent le déplacement. Patrick Mandon regrette que l’héritage de Drieu la Rochelle – son talent littéraire et son passé de collabo – soit encore lourd d’ambiguïtés. Mise en vente en décembre 2023, sa bibliothèque a mobilisé les admirateurs de l’écrivain, mais l’État n’a pas préempté certains documents majeurs, tel le manuscrit de Feu follet. Julien Benda a plus de chance, faisant l’objet d’une nouvelle biographie très complète du philosophe Pascal Engel. Ce dernier, nous dit François Kasbi, a raison de rendre hommage à un penseur qui n’a pas craint de s’opposer aux courants intellectuels et littéraires de l’entre-deux-guerres, en défendant la rationalité contre le règne montant de l’émotion. Napoléon superstar ? Oui, selon Julien San Frax, dans la nouvelle version restaurée du chef-d’œuvre d’Abel Gance, datant de 1927. Le film sera projeté en ciné-concert au début du mois de juillet, accompagné d’une composition musicale de Simon Cloquet-Lafollye. Dans les carnets d’Ivan Rioufol du mois de juin, on apprend qu’être français ne va plus de soi. La montée de l’antisémitisme islamisé s’est accompagnée de la haine de la France française, au nom de l’universalisme déraciné et de la repentance perpétuelle. La «fierté française», qui emplit les discours des Jeux olympiques, est un leurre. Et Gilles-William Goldnadel nous raconte une journée au Moyen-Orient – celle du 24 mai de cette année – vue par Le Monde qui en présente une vision… tout à fait biaisée. Ce n’est guère étonnant. Pascal a écrit : «L’étonnement, voilà le secret». Si l’on est pascalien, il ne faut pas lire Le Monde mais Causeur !

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Éric Dupond-Moretti, entre mauvaise foi et impuissance

Notre chroniqueur a craqué: il a regardé la dernière intervention du garde des Sceaux à la télévision, une semaine avant les élections européennes. M. Dupond-Moretti y a notamment sous-entendu que si Marine Le Pen n’était peut-être pas antisémite, Jordan Bardella l’était probablement, selon lui.


Chaque dimanche j’essaie de ne jamais manquer Le Grand Jury animé par Olivier Bost. Pourtant j’ai hésité le 2 juin, l’invité étant le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti[1]. À un ressentiment personnel qui ne s’efface pas, s’ajoutent surtout des considérations judiciaires et politiques. Ayant déjà beaucoup écrit sur lui, je voulais échapper à la certitude désolante de continuer à le voir développer des idées, des convictions et une inconditionnalité tellement aux antipodes de sa pensée et de sa personnalité d’hier… Pourtant j’ai craqué. Et j’ai bien fait. Car durant une heure nous avons d’abord eu droit à une mauvaise foi qui m’a rappelé celle de l’avocat brillant qu’il a été, prêt à tout soutenir pour obtenir les acquittements dont il se prévalait. Puis à une impuissance quand, dans l’émission, le ministre a pris la relève.

Dédiabolisation

La mauvaise foi de l’avocat, associée bizarrement à une pauvreté de l’argumentation, a été éclatante quand face à Olivier Bost qui ne se contentait pas de ses pétitions de principe et de ses banalités hostiles, il a exprimé sa haine à l’encontre de Marine Le Pen, de Jordan Bardella et du RN. Elle lui a fait perdre toute lucidité dans la dénonciation politique.

Pour tenter de démontrer qu’il n’y a pas eu dédiabolisation du parti par Marine Le Pen, pourtant admise par beaucoup de ses pires ennemis, il a été contraint de ressasser ce dont il se sert depuis des années : il nomme le RN Front National, il radote sur la présence de Frédéric Chatillon dans l’entourage de Marine Le Pen, il se régale à parler des Waffen-SS à l’origine selon lui de la création de ce parti qu’il semble continuer à dater sous Jean-Marie Le Pen, en totale méconnaissance de la forte adhésion populaire (c’est un constat) qu’il suscite aujourd’hui.

Questionné sur l’antisémitisme de Marine Le Pen, gêné entre la vérité – non seulement elle n’est pas antisémite mais qu’on le déplore ou non une part importante de la communauté juive fait plus confiance au RN pour la défendre qu’au macronisme verbeux – et son obsession partisane, il se contente de proférer que Jordan Bardella l’est. Faisant un sort à une de ses déclarations sur Jean-Marie Le Pen, que Jordan Bardella a ensuite précisée. C’est tout, donc.

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Ainsi, Marine Le Pen serait coupable par contagion. Et cela remonte à des lustres ! Je n’ai pu m’empêcher, face à la contestation désespérée de certaines évidences, d’imaginer l’avocat Dupond-Moretti si on avait cherché seulement dans le passé de ses clients la preuve de leur éventuelle culpabilité criminelle !

Je me souvenais aussi de son talent redoutable, quand pour les besoins de ses causes il n’hésitait pas, sinon à travestir le réel, du moins à en présenter une vision hémiplégique. N’oublions pas qu’il est allé jusqu’à soutenir ceci : « Faire acquitter un innocent, c’est la moindre des choses. Sortir un coupable, c’est plus intéressant, ça prouve que les règles sont respectées »[2]. Quelles lettres de noblesse pour devenir garde des Sceaux !

Contre-productif

On mesure alors combien Marine Le Pen et le RN – à combattre intelligemment et politiquement – sont tranquillement à l’abri sous les assauts d’Éric Dupond-Moretti, qui augmente au contraire leur emprise. Faut-il considérer qu’il garde en mémoire la blessure de sa déculottée aux élections régionales quand il avait prétendu battre en pièces Xavier Bertrand et le RN, en même temps ?

Enfin, dans Le Grand Jury, le ministre apparut vers midi 35. C’est son impuissance et son irresponsabilité qui ont dominé dans ses réponses, derrière ses satisfecit aussi peu plausibles que sa mue totale d’avocat compassionnel en ministre rigoureux. D’avocat tempétueux à garde des Sceaux obéissant.

Dans cette séquence, consacrée à la sanglante attaque du convoi pénitentiaire au péage d’Incarville, au désastre carcéral, à la pauvreté des moyens pénitentiaires, à l’incroyable dérèglement rendant dans beaucoup d’établissements la vie plus insupportable pour le personnel pénitentiaire que pour les condamnés incarcérés, le ministre a manifesté un art de se défausser qui serait admirable s’il ne concernait pas l’échec quasi-absolu de sa mission ministérielle.

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Que je sache, à la Chancellerie il y a une direction de l’administration pénitentiaire à laquelle les responsables des centres pénitentiaires, des centres de détention et des maisons centrales rendent compte : le ministre est donc informé des dysfonctionnements de toutes sortes qui pourrissent le fonctionnement de beaucoup d’établissements, des conditions honteuses d’enfermement (les matelas !), de la circulation de la drogue et des portables, du fait lamentable que l’incarcération n’est plus la fin de la délinquance et de la criminalité mais leur poursuite.

Éric Dupond-Moretti prétend ne pas avoir découvert ce déplorable constat avec la fuite de Mohamed Amra. Qu’a-t-il donc accompli pour y remédier ? Après les assassinats, il a reçu les syndicats pénitentiaires et il leur a fait des promesses, il a pris des engagements. Pour le court terme et à échéance lointaine. On a le droit de douter. Le macronisme dont il est une navrante incarnation est doué pour le verbe et le virtuel : les prisons et ceux qui exercent ce dur métier de gardien exigent autre chose.

N’oublions pas que la première visite ostentatoire du ministre a été au bénéfice des prisonniers. L’avocat veillait à ce que ses clients n’y aillent pas, le ministre ne s’en est guère occupé. Tant que nous n’aurons pas une personnalité libre, indépendante, pragmatique et courageuse (ses augmentations de budget n’ont rien changé à la vie carcérale) place Vendôme, nous serons orphelins de dignité pour tous et de vraie Justice. Tant que le futur et encore inconnu ministre de 2027 n’aura pas compris qu’il faudra dans l’urgence restaurer pour les détenus une décence minimale, imposer des règles drastiques et respectées et en même temps assurer une sécurité au personnel pénitentiaire et le traiter financièrement comme il le mérite, rien ne changera. Comme aujourd’hui, entre mauvaise foi et impuissance.

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[1] https://www.dailymotion.com/video/x8zid50

[2] Libération, 31 mars 2006. https://www.liberation.fr/france/2006/03/31/eric-dupond-moretti-direct-du-droit_34756

Qui est réellement Raphaël Glucksmann?

Raphaël Glucksmann, tête de liste PS-Place publique, progresse en ce moment dans les sondages en profitant de la faillite macroniste et des dérives de l’extrême gauche mélenchoniste et écologiste. Pourtant, les desseins politiques de ce néo-bourgeois euro-atlantiste sont aux antipodes des intérêts de la France, estime notre contributeur. Immigrationniste, adepte d’une Europe fédérale et supranationale, il est également ce va-t-en-guerre obnubilé par Vladimir Poutine…


En 2004, Raphaël Glucksmann plante un couteau dans le dos de la France en accréditant la thèse de « la responsabilité accablante de l’Etat français et en particulier de François Mitterrand » dans le génocide des Tutsi au Rwanda via un documentaire intitulé Tuez-les tous ! Présomptueux, le jeune homme se pousse du col et pense avoir révélé le « pire scandale de la Ve république ». Des diplomates, des journalistes et des experts de l’Afrique assermentés devant le TPIR (Tribunal pénal international pour le Rwanda) contestèrent, preuves à l’appui, les accusations aberrantes de Glucksmann. Celles-ci sont en réalité issues de l’histoire officielle écrite par le nouveau régime rwandais et destinée à accabler la France en même temps qu’à camoufler les exactions meurtrières du très autoritaire Paul Kagame et de son parti le FPR (Front Patriotique Rwandais). Raphaël Glucksmann et Bernard Kouchner (ministre des Affaires étrangères de 2007 à 2010) contribueront, chacun à sa manière, pour que les conclusions de l’instruction judiciaire menée par le juge Bruguière et celles du TPIR – à savoir l’éventuelle implication de Kagame dans l’attentat qui coûta la vie au président Habyarimana et déclencha le massacre des Tutsi – finissent dans les oubliettes de l’histoire (1). On se souviendra également que les États-Unis et la Grande-Bretagne, en plus d’avoir voulu empêcher l’opération humanitaire proposée par la France à l’ONU immédiatement après le début du génocide, interdirent finalement au TPIR d’enquêter sur cet attentat. Pour ces deux pays dont l’objectif est, depuis toujours, de chasser la France de la région des Grands Lacs en général et du Rwanda en particulier – avec d’excellents résultats d’ailleurs : dans ce pays traditionnellement francophone, Kagame, une fois au pouvoir, fera adopter l’anglais comme langue officielle, Tony Blair sera son conseiller spécial en 2008 et le Rwanda entrera dans le Commonwealth en 2009 tandis qu’en 2018, Emmanuel Macron, toujours là quand il s’agit de rabaisser la France, manigancera pour faire élire à la tête de l’Organisation Internationale de la Francophonie la très anglophone ex-ministre des Affaires étrangères rwandaise Louise Mushikiwabo (réélue en 2022) (2) et (3) – pour ces deux pays, donc, la réécriture de la catastrophe rwandaise en faveur de Paul Kagame s’imposait. Elle profitera en France d’une étonnante publicité grâce à des personnalités comme Glucksmann (père et fils), Kouchner et Rocard (qui ne connaissait rien au dossier mais crut trouver là un excellent moyen de salir Mitterrand), et des médias serviles s’interdisant de porter objectivement à la connaissance du public les jugements, articles ou livres français ou anglo-saxons remettant en question la thèse officielle du génocide rwandais élaborée par le nouveau régime. Les mêmes peinent aujourd’hui à informer sur ce qu’est devenu le Rwanda sous la présidence despotique de Paul Kagame : réélu en 2017 avec… 98,8 % des voix, ce dernier est parvenu à faire modifier la constitution rwandaise afin de pouvoir gouverner jusqu’en… 2034. Presse surveillée, opposition muselée, contradicteurs « intimidés » : Kagame est d’ores et déjà assuré de remporter les élections présidentielles qui auront lieu en juillet de cette année. Gluksmann ne pipe mot.

Activités politiques en Georgie et en Ukraine avant la guerre

En 2006, Raphaël Glucksmann rejoint Alternative libérale, parti favorable au libéralisme politique et économique, voire au libertarianisme – pas vraiment ce qu’on peut appeler un parti de gauche. Oui mais non, j’étais là par hasard, dira-t-il quelques années plus tard. On le sait proche, à l’époque, de Nicolas Sarkozy avec qui il s’entretient régulièrement, en particulier à propos de l’Europe de l’Est – plus tard, il dira regretter l’engagement de… son père, soutien de Sarkozy en 2007. Il contribue jusqu’en 2008 à la revue Le Meilleur des Mondes, revue publiée par le Cercle de l’Oratoire, think tank néoconservateur ayant soutenu la politique belliqueuse de G. W. Bush. Il propose ensuite ses services au président géorgien pro-occidental Mikheil Saakachvili dont il sera le conseiller jusqu’en 2012. En 2013, celui qui prétend être un « consultant en révolution » (Le Monde, 21 mars 2014) rejoint Kiev pour soutenir et conseiller Vitali Klitschko, un des chefs de file du mouvement Euromaïdan. « J’essaie de dire aux oligarques ukrainiens que s’ils veulent prouver qu’ils sont devenus pro-européens ils doivent aider les autres à faire leur révolution », déclare Glucksmann au Monde. Retour en France. En 2017, après avoir soutenu Benoît Hamon, il appelle à voter Emmanuel Macron au second tour des élections présidentielles pour « faire barrage à l’extrême droite ». En 2018, il fonde le parti Place publique avec Claire Nouvian et Thomas Porcher – qui quitteront quelques mois plus tard ce mouvement qu’ils disent être noyauté par des apparatchiks socialistes et un nombril géant du nom de Glucksmann – et se voit déjà comme le grand unificateur de la gauche. Il est élu député européen en 2019 sur la liste commune PS-Place publique-PRG mais vote Macron aux deux tours en 2022. Désigné tête de liste de PS-Place Publique pour les prochaines élections européennes, Raphaël Glucksmann joue sur du velours : des électeurs macronistes tendance socialo-boboïste repentis, une partie des électeurs insoumis constatant (enfin) l’inquiétante et dangereuse dérive islamo-gauchiste et antisémite de LFI et certains électeurs écolos refroidis par la radicalisation punitive des Verts voient en lui une planche de salut, un moyen de renouer avec un « centre-gauche républicain » propre sur lui, social-démocrate et écolo juste ce qu’il faut. Peut-être est-il temps de creuser un peu le sujet et de montrer à tous ces gens, si ce portrait succinct ne suffit pas, qui est vraiment Raphaël Glucksmann. 

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M. Glucksmann reste extrêmement discret sur ses années passées en Géorgie et en Ukraine, deux pays sur lesquels les États-Unis lorgnent depuis l’effondrement soviétique dans le but de les voir un jour adhérer à l’OTAN et d’élargir ainsi leur influence au plus près de la Russie – malgré la promesse faite à cette dernière de ne rien en faire. En Géorgie, Glucksmann devient le conseiller du président pro-otanien Mikheil Saakachvili en 2008. Il rencontre à cette occasion celle qui va devenir son épouse. Après avoir étudié le droit pendant un an aux États-Unis, Ekaterina Zgouladze est surtout connue en Géorgie pour sa vie festive et ses extravagances nocturnes – « Tout le monde la connaît, elle fréquente le tout-Tbilissi branché, les DJ et les designers », s’extasie le Nouvel Obs. En 2005, titulaire de diplômes de journalisme et de droit que d’aucuns qualifient de « modestes », elle est nommée vice-ministre de l’Intérieur par Mikheil Saakachvili, poste qu’elle occupera jusqu’en octobre 2012, un mois après qu’auront été révélées les tortures pratiquées dans les prisons géorgiennes. Le couple Glucksmann-Zgouladze quitte alors précipitamment la Géorgie pour rejoindre l’Ukraine où il participe activement à la révolution de Maïdan qui conduira à l’avénement d’un nouveau gouvernement constitué en partie sous la férule de la sous-secrétaire d’État américaine Victoria Nuland. En 2014, après avoir été naturalisée citoyenne ukrainienne par le président Porochenko, Ekaterina Zgouladze est nommée… vice-ministre de l’Intérieur du nouveau gouvernement ukrainien. Au même moment, Washington, par l’intermédiaire de la toujours très efficace Victoria Nuland, exige et obtient la promotion de la directrice de la section économique de l’ambassade des États-Unis en Ukraine, Natalie Jaresko, au poste de ministre des Finances du… gouvernement ukrainien – Mme Jaresko, Américaine d’origine ukrainienne, obtient la nationalité ukrainienne… le jour même de sa nomination. Quelques mois plus tard, l’ex-président de la Géorgie, Mikheil Saakachvili, réfugié aux États-Unis pour échapper aux poursuites judiciaires engagées contre lui par son pays, migre en Ukraine où le président Porochenko lui octroie vite fait bien fait la nationalité ukrainienne avant de le nommer gouverneur de l’oblast d’Odessa. Curieux jeu de chaises musicales où d’ardents « nationalistes » changent de nationalité comme de chemise, au gré de leurs intérêts personnels ou des intérêts américains – qui souvent se rejoignent. [Saakachvili est aujourd’hui en prison pour abus de pouvoir dans diverses affaires en Géorgie].

Il ne parle jamais des ingérences américaines

Hormis dans un article récent de Marc Endeweld paru dans Marianne (4), les médias français ne se sont guère attardés sur le parcours tortueux de Raphaël Glucksmann en Géorgie et en Ukraine – parcours qui montre assez bien que les intérêts de la France sont très éloignés des véritables préoccupations de Raphaël Glucksmann. Durant des années, cet euro-atlantiste convaincu a manœuvré auprès des dirigeants de ces pays pour voir aboutir une politique strictement pro-américaine et anti-russe. D’aucuns pensent que Raphaël Glucksmann, parce qu’il bombe le torse et se dit prêt à soutenir, quel qu’en soit le prix, l’Ukraine contre la Russie, est un « candidat de gauche anti-totalitaire ». Premièrement, Glucksmann n’est pas de gauche – « Ça ne m’a jamais fait vibrer de manifester pour les retraites », avoue-t-il au Monde. Deuxièmement, son anti-totalitarisme est du même bois que celui dont se sont chauffés ses prédécesseurs et mentors, BHL, Bernard Kouchner ou son père, André Glucksmann. Comme eux, il n’épouse que les causes « anti-totalitaires » agréées par Washington. Comme eux, il est enragé dès qu’il s’agit de la Russie. Au Parlement européen, son obsession l’a poussé à créer et présider une « Commission spéciale sur l’ingérence étrangère et la désinformation » qui a semblé ne vouloir s’intéresser qu’à l’ingérence russe. Pas un mot sur les ingérences venues de l’Ouest, par exemple le travail d’espionnage mené en Europe par les États-Unis, celui de la NSA (National Security Agency) qui épia, via le Danemark, les conversations téléphoniques des responsables politiques européens, M. Macron et Mme Merkel en tête. Le Sénat américain vient de prolonger, avec la loi FISA (Foreign Intelligence Surveillance Act), les pouvoirs d’espionnage du FBI, de la CIA et de la NSA sur les citoyens américains mais également non-américains par le biais des communications privées (messageries, réseaux sociaux, téléphonie, etc.) dans tous les pays du monde (5) – mais cela ne semble pas beaucoup inquiéter M. Glucksmann. Le rapport de ladite commission reste également relativement discret sur les ingérences des pays alliés du bloc occidental, l’Arabie Saoudite, la Turquie ou le Qatar. Concernant ce dernier, il y avait pourtant bien des choses à dire, que Glucksmann a à peine susurrées. Par exemple : en novembre 2022, la socialiste grecque Eva Kaïli, à l’époque vice-présidente du Parlement européen, tient un discours dithyrambique sur le Qatar, pays exemplaire devenu, selon elle, « un chef de file en matière de droit du travail ». En décembre de la même année, dans le cadre d’une enquête pour corruption au profit du Qatar, la police belge arrête Eva Kaïli après avoir découvert des centaines de milliers d’euros en liquide répartis dans son appartement et dans celui de son père. L’ex-eurodéputé socialiste italien Antonio Panzeri – fondateur de l’ONG Fight Impunity par laquelle transitait apparemment l’argent de la corruption – est également incriminé. Le Qatargate n’en est qu’à ses débuts. Pourtant, le Qatar n’est mentionné que trois fois dans le rapport issu de la commission sur les ingérences étrangères dirigée par Glucksmann – la Russie, elle, est mentionnée soixante-six fois ! Cherchez l’erreur.

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Raphaël Glucksmann est un européiste fédéraliste qui se fiche des intérêts de la France. L’Europe, l’Europe, l’Europe, bêle-t-il en sautant sur sa chaise comme un cabri. La France qui désire rester la France l’incommode. De son propre aveu, il se sent bien plus à l’aise à New-York ou à Berlin qu’en Picardie. Cet explorateur des métropoles mondialisées et uniformes n’a que peu de considération pour le bouseux picard enraciné. « Les nouvelles élites sociales ne se sentent chez elles qu’en transit, sur le chemin d’une conférence de haut niveau ou de l’ouverture d’un festival de cinéma. Leur vision du monde est essentiellement celle d’un touriste », écrivait Christopher Lasch dans son dernier essai analytique et visionnaire, La révolte des élites, paru il y a bientôt trente ans. Raison pour laquelle, ajoutait-il, le« multiculturalisme leur convient parfaitement ». L’Europe dont rêve Raphaël Glucksmann est essentiellement celle de ces métropoles où les anywhere – néo-bourgeois de toute obédience, migrants ubérisés ou non, étudiants wokisés et touristes en masse – ont supplanté les classes populaires et moyennes chassées par la spéculation immobilière, le chômage et de nouvelles relations sociales techno-culturelles (et lugubrement festives, ajouterait Philippe Muray) qui ne les concernent pas. Et puis, pourrait-on dire en paraphrasant Gilles-William Goldnadel, le Picard a la malchance de ne pas être l’Autre, cet Autre lointain pour lequel Glucksmann est tout amour, celui de la diversité, celui des causes humanitaires, celui de l’immigration, celui que la gauche aisée apprécie d’autant plus qu’il vient « comme il est », tout auréolé d’une culture que, cette fois, nul ne lui reproche, bien au contraire. Ferment de la société multiculturaliste souhaitée par les nouvelles élites, cet Autre présente également l’avantage d’être corvéable à merci dans les métropoles gentrifiées, au service des classes aisées ou mondialisées. Le Picard n’a aucun avenir. L’Autre interchangeable est le futur.

Cet intellectuel mondain et mondialiste habitué à l’entre-soi des salons médiatiques ne s’intéresse que modérément aux difficultés quotidiennes des Français. Sait-il seulement ce qu’ils vivent réellement ? Il est permis d’en douter. Les résultats amers de l’immigration massive – son coût, son impact sur nos mœurs, ses conséquences délétères, l’insécurité et l’islamisation galopante de la société entre autres – sont des sujets qu’il n’aborde que difficilement et toujours pour considérer que, si problème il y a, la seule réponse envisageable est eu-ro-pé-en-ne. De toute façon, comme la majorité des élites bruxelloises, Glucksmann pense que l’immigration extra-européenne est inévitable, nécessaire, voire indispensable. Sa priorité n’est pas de défendre la France mais de favoriser l’immigration massive tout en osant affirmer qu’elle n’existe pas – « l’Europe n’est pas le véhicule de la submersion migratoire. C’est un mythe. »et en maniant l’habituel discours culpabilisateur : « Tout le monde s’est habitué à ce que notre mer soit devenue un cimetière. Il n’y a pas un mot dessus dans ce pacte (celui de l’UE sur l’immigration). Il faut relancer les opérations de sauvetage. » Frontex, devenu organisme d’accueil des migrants plutôt que de défense des frontières européennes, répond aujourd’hui à ses attentes. Avec des députés européens comme Glucksmann, les flux migratoires ne sont pas prêts de se tarir.

Raphaël Glucksmann, qui se réclame de Delors, ce qui est en soi un motif d’inquiétude, est un être composite qui tient tout à la fois d’Emmanuel Macron et de BHL, avec un zeste de Bernard Kouchner pour ajouter à l’aspect humanitaire de théâtre et une pincée de Daniel Cohn-Bendit pour fortifier le côté révolutionnaire de salon. Ce portrait hybride met en évidence la dangerosité d’un individu prêt à tout pour désintégrer la France en tant qu’État-nation. Depuis le début de la guerre russo-ukrainienne, Glucksmann jette de l’huile sur le feu et semble espérer un embrasement total de l’Europe en vue de détruire la Russie – et gare à ceux qui osent rappeler que l’Ukraine n’est pas pour rien dans le déclenchement de ce conflit (6). Ce belliciste est prêt à engager la France dans un conflit qui aurait pu cesser depuis longtemps : le quotidien allemand Die Welt vient de révéler la teneur exacte du projet d’accord de paix envisagé dès la fin mars 2022 – une rencontre entre Poutine et Zelensky étant même alors prévue afin d’en finaliser les points cruciaux – et de confirmer, via le témoignage du négociateur ukrainien David Arakhamia, la venue de Boris Johnson à Kiev le 9 avril 2022 pour faire capoter cet accord et demander à Zelensky de poursuivre le combat tout en l’assurant du soutien des Britanniques et, vraisemblablement, des Américains – on imagine mal Boris Johnson se lancer de son propre chef et seul dans cette délicate manœuvre (7). Foncièrement dégoûté par le nationalisme français mais opportunément charmé par le nationalisme ukrainien, le va-t-en-guerre Glucksmann réclame à cor et à cri que l’économie française passe « totalement en économie de guerre » pour soutenir l’Ukraine et confiait récemment ne pas être fondamentalement opposé à la proposition d’Emmanuel Macron concernant l’intégration de la puissance nucléaire de la France dans une stratégie globale de défense européenne. On ajoutera à ce tableau déjà sombre, la promesse de Glucksmann de tout faire pour que l’Ukraine intègre l’OTAN et l’UE, ce qui serait, pour la France, un désastre, tant au niveau géopolitique qu’au niveau économique.

L’électeur potentiel de la liste PS-Place publique conduite par Glucksmann ne devra pas oublier que les actions de ce dernier ne sont motivées que par deux obsessions : la première est de tenter d’affaiblir la Russie par tous les moyens possibles, y compris une guerre engageant militairement la France ; la seconde est de dissoudre la France dans une mosaïque de territoires européens dépendant d’un pouvoir central bruxellois lui-même aux ordres des nouvelles élites de l’empire davosien, diversitaire, immigrationniste et multiculturaliste en cours de construction. Dans tous les cas, l’objectif glucksmannien est, d’une manière ou d’une autre, la disparition de la France. Autant le savoir avant d’aller voter.


(1) https://www.marianne.net/monde/exclusif-rwanda-le-document-top-secret-qui-accuse-le-regime-de-kagame 

(2) https://www.marianne.net/monde/geopolitique/militante-de-langlais-n2-du-rwanda-louise-mushikiwabo-surrealiste-patronne-de-la-francophonie 

(3) https://www.marianne.net/monde/rwanda-noel-en-avance-pour-paul-kagame-qui-gagne-la-francophonie-et-decroche-presque-son-non 

(4) https://www.marianne.net/politique/gauche/conseiller-de-saakachvili-et-negos-sur-les-armes-georgie-ukraine-glucksmann-epoque-consultant-en-revolution 

(5) https://www.lefigaro.fr/international/etats-unis-le-senat-americain-approuve-la-prolongation-d-un-programme-de-surveillance-a-l-etranger-20240420 

(6) La journaliste et reporter de terrain Anne-Laure Bonnel a réalisé deux documentaires sur le Donbass, l’un en 2014 et l’autre en 2022, quelques semaines avant le début de la guerre. Ces documentaires n’ayant pas eu l’heur de plaire à M. Glucksmann, celui-ci a affirmé sur Sud Radio que la journaliste travaillait « au service des intérêts russes ». « M. Glucksmann, vous m’avez mis une cible sur le dos », a déclaré, une semaine plus tard, Anne-Laure Bonnel au micro d’André Bercoff.

(7) https://www.lefigaro.fr/international/le-document-secret-qui-aurait-pu-mettre-fin-a-la-guerre-en-ukraine-20240513 

Trump reconnu «coupable»: les bizarreries d’un procès hors normes

Un tour d’horizon de la presse européenne et américaine permet de constater que les médias étaient à l’euphorie après la condamnation de Donald Trump. La preuve, nous a-t-on répété à satiété, que « nul n’est au-dessus des lois ». Pourtant, ce qui frappe de prime abord après un procès aussi spectaculaire, c’est que personne n’est capable d’expliquer clairement de quoi Trump est coupable exactement. Notre contributeur fait le point.


Pour des infractions qui remonteraient à 2016, l’ancien président est inculpé en avril 2023 seulement, après qu’il se soit déclaré candidat à l’élection présidentielle de 2024. Le procureur l’inculpe de 34 chefs d’accusations pour « falsification de documents commerciaux », 34 afin de frapper les esprits car les motifs se ressemblent, comme si un juge français avait mis un individu en examen pour 34 chèques ou documents différents au lieu de faire une seule inculpation avec 34 éléments à charge. La falsification dont on parle ici est le fait d’avoir enregistré dans la comptabilité sous la rubrique “services juridiques” des paiements à son avocat Michaël Cohen, qui auraient, en partie, servi à acheter le silence de l’actrice porno Stormy Daniels. Il est important de préciser qu’il n’y a rien d’illégal à conclure un accord de type argent contre silence.

Des bases ténues pour un tel procès

La prescription pour ce délit est de deux ans. Pour pouvoir requalifier le délit (misdemeanor) en crime (felony) et ainsi retarder la prescription, il faut qu’il ait été commis  dans le but d’en commettre un plus grave. En tordant au maximum l’interprétation de la loi, sans preuve, le procureur Bragg sort de son chapeau que ce crime serait la conspiration en vue d’influencer l’élection de 2016. Or, le  département fédéral de la Justice (DOJ) ainsi que la Commission électorale fédérale (FEC) avaient auparavant renoncé à poursuivre M. Trump pour ce motif.

Avant cette inculpation, le prédécesseur du procureur Alvin Bragg, Cyrus Vance, ainsi que M. Bragg lui-même, élu sur la promesse d’avoir la peau de M. Trump, avait renoncé à l’inculper tant l’issue d’un procès sur des bases aussi ténues semblait incertaine, avant de relancer la procédure début 2023, suite à la pression médiatique à l’encontre de Donald Trump résultant notamment du livre d’un ancien procureur adjoint ayant travaillé sur l’affaire.

Contrairement à la coutume new-yorkaise qui veut que l’affectation des affaires sensibles à un juge soient tirées au sort, Juan Merchan a été choisi parce qu’il avait déjà rendu une série de décisions négatives à l’encontre de Donald Trump dans des procès concernant ses sociétés. Il a effectué un don à la campagne de Biden et à des actions pour « résister au Parti républicain et à l’héritage de droite radicale de Donald Trump ». Cela aurait dû suffire à le disqualifier. Ce juge a ensuite mené le procès de façon partiale. Dans le seul but d’humilier l’ancien président, il a autorisé des témoignages sans objet comme celui de Stormy Daniels à l’origine de l’affaire qui était sans rapport avec la falsification de documents commerciaux. Toute l’Amérique a pris connaissance que cette actrice aux 200 films pornos sous-entendait avoir été violée par Donald Trump.

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Le témoin principal sur lequel toute l’accusation repose, M. Cohen, l’ancien avocat de Trump, est un menteur notoire. De son propre aveu, il a menti à un tribunal, il a menti aux médias et il a plaidé coupable d’avoir menti au Congrès. Pour condamner Donald Trump, en l’absence d’autres témoins de ce qu’ils se sont dits, il fallait donc croire M. Cohen.

L’analyse des bizarreries de ce procès et de la partialité du juge sort du cadre d’un article. On pourrait mentionner le traitement du témoin M. Costello ou encore le refus de laisser témoigner l’ancien président de la FEC, Brad Smith, qui était prêt à affirmer que « de tels paiements ne peuvent être considérés comme des violations des règles électorales fédérales et qu’ils n’affecteraient pas l’élection même s’ils étaient considérés comme des contributions, puisqu’ils n’auraient même pas dû être déclarés avant la fin de l’élection » .

C’est votre dernier mot ?

Ce qui choquera sans doute le plus un observateur européen, mais qui n’a guère été souligné dans les médias, est que, dans la procédure new-yorkaise, les plaidoiries finales commencent par la défense, l’accusation ayant le dernier mot. En l’absence de réplique de la défense, c’est au juge qu’il incombe d’empêcher le procureur d’avancer des contre-vérités flagrantes, ce qu’il ne fera pas, laissant le procureur affirmer que la loi électorale a été violée par la campagne Trump.

Les instructions données au jury furent la cerise du juge Merchan sur le gâteau de cette étonnante justice. Rappelons que pour qu’il soit condamné Trump devait avoir falsifié des documents commerciaux dans le but de commettre une autre infraction plus grave. Comme il n’avait jamais été condamné pour cette supposée dernière, le juge Juan Merchan laissa le choix au jury entre trois options. Il pouvait s’agir de dissimuler une infraction électorale fédérale, de la falsification de documents commerciaux ou d’infractions fiscales. Mais le jury ne devait pas être unanime sur ce point et du moment qu’ensemble tout le monde était d’accord qu’une de ces infractions avait été commise – sans dire laquelle et même si les jurés n’étaient pas d’accord entre eux – le compte du « Donald » était bon ! On se saura donc jamais – et l’accusé non plus – quelle est ce crime secondaire pour lequel il n’a jamais été condamné mais qui lui vaut quand même d’être jugé coupable !

D’ailleurs, Donald Trump avait-il la moindre chance d’être déclaré non coupable avec un jury pêché dans un district électoral qui a voté à 86% pour Joe Biden en 2020 ? On ne s’attardera pas non plus sur le fait, à cinq mois de l’élection, en pleine campagne électorale, d’obliger le candidat républicain à être présent au tribunal quatre jours par semaine pendant plus d’un mois. Loin d’être la preuve d’un fonctionnement tout à fait normal de la justice, ce procès en était une grossière caricature, entaché de nombreuses irrégularités comme des dizaines de juristes et d’observateurs (Alan Dershowiz, Alex Berenson, Elie Honig, Johantan Turley..) l’ont mis en évidence. Malheureusement, dans le climat de polarisation de l’Amérique et de haine envers Donlad Trump, les faits importent peu. Il était donc important de les rappeler.

Bardella, la tactique du gendarme

Le RN joue à fond la carte de sa popularité au sein des forces de l’ordre ; on lui reproche d’enfreindre la loi. En revenant sur la polémique autour d’une affiche de campagne du Rassemblement national, Jordan Bardella a dénoncé « l’ombre du gouvernement et de Gérald Darmanin ».


Une affiche électorale du RN agace le patron de la gendarmerie. Et agacer est un faible mot. Christian Rodriguez, Directeur général de la Gendarmerie nationale, est colère. Gérald Darmanin, aussi. Sur une affiche du RN, on voit un gendarme – du moins, un homme en uniforme de gendarme – de dos. Légende : « Je suis gendarme. Le 9 juin, je vote Bardella. » Sur X (ex-Twitter), l’affiche est accompagnée d’un commentaire un peu plus long : « Parce que je souhaite que les Français vivent en sécurité dans un pays où l’ordre est respecté et où on ne risque pas sa vie pour un regard de travers, le 9 juin je vote pour la liste de Jordan Bardella. » A noter que les créatifs du RN proposent une affiche similaire avec un militaire. « Contre une armée européenne, contre le partage de notre dissuasion, je vote Bardella », peut-on lire sur celle-là. 

Le général Rodriguez a apostrophé la tête de liste RN sur X. «Vous semblez ignorer que le statut militaire interdit ce genre de message ». Avant de l’appeler à respecter le «gendarme et son statut, dans ces périodes où son engagement peut le conduire aux pires conséquences.» Réplique de Bardella: Rodriguez contrevient à son devoir de réserve «pour prendre à partie de manière inélégante, outrancière et polémique» un responsable politique.

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Cette affiche viole-t-elle la loi ? La loi, je l’ignore, une certaine délicatesse républicaine, sans doute. Tous les partis ciblent des clientèles (les professeurs, les pêcheurs à la ligne ou les amoureux des bêtes), c’est très classique. Que le RN cherche le vote des militaires et des gendarmes est parfaitement légitime. Seulement, le visuel et l’usage de la première personne embarquent l’institution. Ces affiches ne disent pas exactement « gendarmes, votez pour nous », mais « les gendarmes votent pour nous ». D’ailleurs, Jordan Bardella le dit au général Rodriguez, dans leurs échanges sur X : beaucoup de gendarmes votent pour le RN, ce qui semble vous contrarier… Factuellement, ce n’est pas faux: la popularité du RN chez les militaires est notoire. Par ailleurs, il n’y a que peu de partisans enthousiastes de la défense européenne dans l’armée.

Mais imaginez une affiche « Les profs votent LFI » ou « Les journalistes votent Glucksmann ». Ce serait largement vrai aussi, mais on dénoncerait à raison l’arraisonnement de corporations entières par la gauche. S’agissant de l’armée ou de la gendarmerie, c’est plus fâcheux encore. Le Code Général de la Fonction Publique stipule que « tout agent public doit faire preuve de réserve et de retenue dans l’expression de ses opinions ». Une exigence plus stricte encore bien sûr pour les représentants d’institutions garantes de l’ordre, de la sécurité et de l’unité nationale. Ces derniers doivent échapper à tout soupçon de politisation, raison pour laquelle l’armée est qualifiée de « grande muette ». Un gendarme ne peut pas évoquer publiquement son vote, surtout en le liant à son statut, donc le « supposé » gendarme de la photo sur l’affiche est en faute.

Certes, comme le dit Bardella, « les gendarmes ne sont pas des sous-citoyens. Ils ont parfaitement le droit d’exprimer une opinion politique dans l’isoloir ». Sauf qu’il nous prend un peu pour des lapins de trois semaines, parce qu’une affiche n’est pas un isoloir. C’est même le contraire.  


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L’antisémitisme, est-ce normal? Non, c’est Normalien!

Après Sciences-Po et Harvard, c’est l’Ecole Normale Supérieure qui se mêle de défendre les terroristes du Hamas — sous couvert de défendre la Palestine et son droit à un État sans voisins juifs. Notre chroniqueur, ancien élève de cette vénérable institution, n’en est pas revenu.


Dans une interview réalisée en janvier par le podcaster koweitien Amar Taki, le chef du Hamas « extérieur », Khaled Mashaal, s’est exprimé clairement sur ce que voulaient les Palestiniens : un seul État, et l’annihilation de « l’entité sioniste ». Il a noté que l’attaque dévastatrice de son groupe terroriste contre Israël le 7 octobre a prouvé que la libération de la Palestine « du fleuve à la mer » est une idée réaliste.

Le slogan est régulièrement scandé lors des rassemblements d’étudiants américains et dans les capitales européennes, un soutien dont ce chef terroriste se félicite. Avant-hier, c’était Sciences-Po, puis ce fut Harvard et les universités américaines, et hier c’était l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm, dont sont sortis nombre de bons et de grands esprits, et qui est aujourd’hui un repaire de vipères antisémites.

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Yana Grinshpun, maître de conférences en sciences du langage à l’Université Paris III-Sorbonne Nouvelle, et Georges-Elia Sarfati professeur des universités, linguiste, psychanalyste et fondateur de l’École Française d’analyse et de thérapies existentielles, se sont exprimés avec éloquence sur le sujet dans un podcast du Figaro il y a trois jours. La cérémonie de remise des diplômes a été sérieusement perturbée par des étudiants pro-palestiniens, devant les yeux éberlués des enseignants et des administratifs :

« Certes, à l’ENS on nous a épargné le spectacle de conversion massive à l’islam, comme cela a été le cas à l’université de Columbia au cours des mois de mars et d’avril 2024. Le fait est qu’en France, nous sommes toujours un peu en retard. Il n’y a rien à reprocher à la direction de l’ENS, sa lâcheté est sans lacune et sa complicité sans faille avec ce spectacle de décadence. »

Etienne Delarcher révèle ce qui se dit dans les mosquées françaises

« Spectacle de décadence » ? Je n’en suis pas sûr. Il s’agit de manifestations orchestrées en sous-main par des groupes qui se fichent certainement des Palestiniens (qui sont méprisés par l’ensemble des pays arabes, qui les ont régulièrement rejetés, voire massacrés, au fil des décennies) mais veulent enfoncer, un coin toujours plus profond, dans le cœur même de la France.

Hier le voile islamique, aujourd’hui la Palestine, demain la charia. Le dernier numéro de Marianne, qui cite abondamment le témoignage d’Etienne Delarcher (un prudent pseudonyme), journaliste infiltré depuis trois ans dans les mosquées françaises (financées en partie avec l’argent de l’Etat, en Alsace) pour y entendre les prêches et dialoguer avec les imams, est éloquent sur ce point : amputation des voleurs et obéissance absolue des femmes aux quatre volontés de leur mari (« Aujourd’hui, ton mari a besoin de toi au lit, tu ne vas pas dire non, c’est une obéissance obligatoire », dit un religieux de Villeurbanne), le Coran est valide « des débuts de l’islam jusqu’à la fin des temps ».

A lire aussi, Frédéric Magellan : Comment la haine envers les juifs s’est mondialisée

Mais le plus édifiant, c’est l’enquête de Jeremy Stubbs dans Causeur, en janvier dernier. Sous le titre « Le grand capital contre les Juifs », Stubbs explorait les filières financières, prenant leur source aussi bien au Qatar que chez certains capitalistes (George Soros par exemple), opportunément antisémites. Reprenant l’enquête de Bari Weiss dans The Free Press, il souligne que les fonds (13 milliards de dollars) transitent par un réseau opaque d’organismes « humanitaires » — étant entendu que l’humanitaire consiste aujourd’hui à trucider des Juifs pour le plus grand bien des Palestiniens. Quand vous voyez une manif pro-Hamas, demandez-vous d’où viennent les fonds qui en ont permis l’organisation, quels avocats défendent les manifestants interpelés, etc. Et lorsque vous entendez « Palestine vaincra », calculez la puissance du slogan en poids d’Israéliens assassinés.

Bêtise généralisée

Le parallèle qu’établissent les imbéciles avec les slogans de 68 sur le Vietnam sont sidérants de crétinerie. Aucun organisme ne finançait les partis d’extrême-gauche (et surtout pas les Soviétiques, ni les Chinois qui à cette époque tentaient de sortir de la Révolution culturelle).

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Aujourd’hui, les pétrodollars coulent à flot, et les achats visibles des Qataris (le PSG, les hôtels Royal Monceau, Concorde Lafayette, Carlton ou Martinez — ou le Printemps) sont les leurres des opérations souterraines.

Tous ceux qui dimanche prochain voteront Mélenchon doivent savoir qu’ils donneront leur bulletin aux monarchies du Golfe et aux Frères musulmans. Et je trouve Darmanin un peu lent à la manœuvre pour débusquer les grands argentiers du racisme ambiant, dans la rue comme à l’ENS. Comme l’écrivent Yana Grinshpun et Georges-Elias Sarfati à la fin de leur article : « Personne ne semble comprendre que seules les mesures strictes (privation de diplôme ou exclusion de l’école) peuvent incarner la loi. » Je ne saurais mieux dire.

Etienne Delarcher, Au cœur de l’islam de France, trois ans d’infiltration dans 70 mosquées, Editions du Rocher, mai 2024, 224 p.

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LFI: les Palestiniens méritent mieux que ces calculs électoraux miteux

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Les questions au gouvernement se suivent et se ressemblent. Assemblée nationale, 4 juin 2024 © NICOLAS MESSYASZ/SIPA

Il n’y a vraiment pas de quoi pavoiser… Après le nouveau coup d’éclat clownesque de Rachel Keke à l’Assemblée nationale, hier, notre directrice de la rédaction formule un vœu: « J’espère que dimanche, les électeurs montreront à LFI le chemin de la sortie ». Sera-t-il exaucé ?


Nouvelle séance houleuse à l’Assemblée : l’insoumise Rachel Keke a encore brandi un drapeau palestinien dans l’hémicycle. Ce que l’on ne dit pas, c’est qu’en réalité il s’agissait selon Libération[1] d’une initiative des écolos. Des dizaines de députés de gauche, élus pour représenter le peuple français et faire la loi, s’étaient habillés en rouge, vert, blanc ou noir pour former un drapeau palestinien sur les bancs… Quand on pense que cela a dû mobiliser des assistants parlementaires pendant des heures…

Bordélisation générale

Puis, Mme Keke a brandi son drapeau. À droite, on a sorti les écharpes tricolores. Rappel à l’ordre pour l’insoumise, huées, brouhaha et suspension de séance, comme un air de déjà-vu… La présidente Yaël Braun-Pivet a du rappeler qu’on était dans l’hémicycle. Mais quand on regarde les images, on dirait plutôt une AG à Tolbiac.

Ce qui est frappant, c’est que ces députés prétendent dénoncer un génocide et compatir à la souffrance de civils, alors qu’on les voit tout contents d’eux, rigolant. Mais ce ne sont pas seulement des blagues de potache. Le bilan à tirer de cette séquence (pour parler comme les politologues), c’est qu’il y a en France un parti anti-démocratique. Certes, ce sont des révolutionnaires de salon qui ne font pas vraiment peur, et l’on voit mal M. Boyard, Mme Soudais ou Mme Keke prendre le palais d’Hiver, mais ils pourrissent le débat public. C’est la stratégie du chaos : dans la rue, dans les facs et maintenant au Palais Bourbon. En quelques heures, Rima Hassan est capable de rameuter plusieurs milliers de gens pour intimider un média (TF1). Les manifestants n’ont pas pris les armes, mais ça, c’est une logique fasciste : on veut faire taire par la force et la foule. Le pire, c’est que le média ne proteste pas. Car LFI fait peur.

A lire aussi: Vénéneuse Rima Hassan, nouvelle étoile filante de la galaxie Mélenchon

Dans ces conditions, que faut-il faire ? Pas de liberté pour les ennemis de la liberté, disait Saint-Just. Je crois exactement le contraire depuis longtemps. Ce qu’il ne faut surtout pas faire : la diabolisation, l’indignation, le cordon sanitaire. En revanche, nous pouvons bien sûr essayer d’imposer à ces députés la règle commune (la politesse). Mais surtout, ne leur offrons pas un statut de martyre ! Il faut démystifier leur position, dévoiler ce qu’elle cache. À part l’exécration d’Israël, ces députés de gauche n’ont aucune proposition. Ils réclament soi-disant un cessez-le-feu, mais quand il y a une proposition sur la table, ils ne disent pas un mot – parce qu’elle vient d’Israël et des Américains.

LFI, maîtresse en mauvaise bannière

Comme les chefs du Hamas, navrée de le dire, ils ont intérêt à ce que des images terribles viennent de Gaza. Elles leur permettent de transformer l’émotion en haine. Au passage, rappelons qu’on a bien constaté récemment que les seuls drapeaux qu’ils aiment sont toujours des drapeaux étrangers.

N’oublions pas enfin que LFI n’a pas obtenu toute seule cette capacité de nuisance. Elle provient de M. Faure et des autres alliés d’hier, qui aujourd’hui ne peuvent plus plaider l’ignorance. S’ils retournent à Canossa et s’allient encore avec un parti qui flirte avec l’antisémitisme et méprise nos institutions, ils auront la défaite et le déshonneur. Il est peut-être aussi temps pour des dissidents de l’intérieur de ce parti décidément peu démocratique de sortir du bois (Ruffin, Corbière etc…).

Mme Braun-Pivet peut prendre des sanctions. Mais seuls les électeurs peuvent congédier des élus. J’ai confiance. La politique de l’éructation n’a pas fait bouger les sondages pour les élections européennes, la liste LFI n’est pas passée de 6-8% à 12% depuis que le parti fait campagne sur le dos des Palestiniens. Alors, j’espère que dimanche, les électeurs montreront à ces boutefeux le chemin de la sortie. Et, on peut rêver, qu’ils priveront Rima Hassan de son siège d’eurodéputée.  


Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio

Retrouvez Elisabeth Lévy du lundi au jeudi dans la matinale de Patrick Roger.


[1] https://www.liberation.fr/politique/a-lassemblee-nationale-des-deputes-de-gauche-vetus-des-couleurs-du-drapeau-palestinien-20240604_XCHYRWV32JHSLPJDEBNLRPPDTI/

Tant qu’il y aura des films

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© Jérôme Prébois/Pathé Film

Une adaptation très réussie d’un mythique roman de Dumas, une comédie d’été en forme de chronique batelière et la reprise d’un grand classique signé Melville: un trio français gagnant.


Se venger

Le Comte de Monte-Cristo, de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière
Sortie le 28 juin

L’an passé, la nouvelle version des Trois mousquetaires par Martin Bourboulon avait laissé un goût amer aux amateurs des romans d’Alexandre Dumas. À force de trahisons et d’interprétations hasardeuses de l’œuvre originelle, le film s’est éloigné de son modèle au profit d’un vague western à la mode Richelieu. Les libertés prises avec le sort réservé par Dumas au sulfureux personnage de Milady ont même exaspéré les plus tolérants : on ne saurait tout sacrifier sur l’autel d’un hypothétique troisième volet dicté par des intentions commerciales ! C’est dire si l’annonce d’une adaptation du Comte de Monte-Cristo par les mêmes scénaristes a inquiété les puristes les moins farouches. Or, Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, devenus entre-temps réalisateurs, ont manifestement retenu les leçons de leurs premiers errements. Certes, ce nouvel opus affiche quelques différences notables avec le roman, mais rien d’irréparable. On se désole toutefois que la belle figure du père comploteur bonapartiste inventée par Dumas se transforme ici en celle d’une sœur, tout aussi active il est vrai : concession à l’air du temps féministe. On ne comprend pas plus pourquoi l’un des morceaux de bravoure du livre (une formidable et scandaleuse séance à la Chambre des Pairs) disparaît de cette version. Et ainsi de suite pour d’autres personnages et d’autres scènes. Mais, après tout, les adaptateurs doivent justifier leurs confortables rémunérations en tentant de faire mieux que Dumas. Du moins le pensent-ils.

Heureusement, un casting impeccable permet de faire oublier ces petits arrangements avec l’implacable histoire d’un homme ivre de colère et de vengeance, Pierre Niney en tête. L’acteur confère à Edmond Dantès et au comte de Monte-Cristo une insondable mélancolie qui sied absolument au personnage. Revenu sinon d’entre les morts, du moins de l’oubli total, il ne saurait esquisser le moindre sourire ou le moindre contentement et, surtout pas quand son ancienne fiancée, la belle Mercédès (parfaite Anaïs Demoustier), lui tombe dans les bras après des années de silence. Face à ce couple tragique et romantique, les méchants qui l’ont empêché d’exister font merveille parce qu’ils sont campés notamment par Patrick Mille (une mention spéciale pour son glaçant Danglars) et Laurent Lafitte. Les deux acteurs forment un duo plus que parfait dans la veulerie, la lâcheté et la noirceur. Ils sont l’incarnation idéale de la malédiction qui s’abat sur le héros, même si on peut regretter que l’infâme Caderousse du livre disparaisse quelque peu dans le film. Aux côtés de ces protagonistes évolue une distribution sans reproche, avec l’excellent Pierfrancesco Favino, acteur italien vu notamment chez Bellocchio, qui campe un abbé Faria plus que crédible. Ajoutez à cela des décors et des extérieurs dignes du lyrisme de Dumas et vous obtenez un film exigeant et populaire à la fois, ce qui, au cinéma, ne relève pas du pléonasme.

De fait, le budget imposant (plus de 35 millions d’euros) se voit à l’écran, ce qui est la moindre des choses, mais sert efficacement un propos artistique et narratif ambitieux. Loin des canons télévisuels et de l’envahissant esprit de la récurrence voulu par la dictature des séries, ce Comte de Monte-Cristo est d’abord un objet de cinéma, et de pur cinéma. Mené tambour battant par deux scénaristes-réalisateurs décidés à ne pas trahir fondamentalement l’œuvre, le film affiche un bel allant : pas une baisse de tension, pas un moment d’ennui, toute l’énergie mise au service de l’histoire et de son inexorable progression. Prouesse finale, qualité essentielle, cette adaptation donne envie aux spectateurs de se replonger dans le roman, ou de le découvrir, pour lire les destins du ténébreux comte de Monte-Cristo et de ses abominables ennemis.


Afbrillot

Naviguer

La Petite Vadrouille, de Bruno Podalydès
Sortie le 5 juin

On connaît les qualités du cinéma de Bruno Podalydès, digne héritier d’une comédie à la française qui, d’Yves Robert à Pascal Thomas en passant par Jacques Rozier, sait mélanger avec brio l’indolence rurale et la fantaisie urbaine. Cette fois, l’acteur-cinéaste nous entraîne dans un film au fil de l’eau avec ce titre malicieusement modeste, Petite Vadrouille, qui fait évidemment référence à Gérard Oury. Tout se passe donc sur un canal et dans une de ces « pénichettes » qui font le bonheur du tourisme fluvial pour marins d’eau douce et autres amateurs d’aventures sans grand danger. Daniel Auteuil et Sandrine Kiberlain forment le couple principal d’une comédie un peu romantique et surtout drolatique. Comme toujours chez Podalydès, les seconds rôles s’agitent en tous sens pour conférer au film sa dynamique loufoque. Denis Podalydès et Isabelle Candelier, entre autres, mènent ainsi la danse avec une verve communicative. Potemkine faisait construire pour sa tsarine de faux villages idylliques. Podalydès fait de même pour notre plus grand plaisir avec cette croisière en forme de trompe-l’œil permanent.


Résister

L’Armée des ombres, de Jean-Pierre Melville
Sortie le 5 juin

Présente-t-on encore L’Armée des ombres de Jean-Pierre Melville, alors que sort sur les écrans une version magnifiquement restaurée de cette ode à la Résistance française ? Oui, peut-être, quand on découvre, horrifié, l’inculture de nos collégiens sur l’Occupation. On se dit que la vision de ce chef-d’œuvre en cours d’histoire pourrait s’avérer d’utilité publique et scolaire. Et tant pis si certains cinéphiles ont le culot de faire la fine bouche. Melville en son temps savait ce qu’il faisait en dressant ainsi le portrait d’une France résistante, en convoquant notamment les destins de Jean Moulin et des époux Aubrac. Incarnés par Lino Ventura, Paul Meurisse, Simone Signoret ou Paul Crauchet, ces personnages donnent au film une incroyable humanité. Décrivant avec soin le véritable travail de résistance au quotidien, le film ne verse jamais dans un héroïsme facile ou ostentatoire. Glacé et glaçant, il s’approche au plus près de ce que vécurent ces « ombres » au-delà de l’imaginable.

STUDIOCANAL

Et le droit au logement?

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L'historien et académicien Fernand Braudel (1902-1985) photographié en 1979 © ANDERSEN ULF/SIPA

« Être logé, c’est le commencement d’être. La France a eu très tôt des frontières, elle a eu très tôt un logement, avant même d’exister de façon formelle » écrit Fernand Braudel dans son maître ouvrage Lidentité de la France. Ainsi, débattre de la pertinence du maintien de frontières physiques aux marches du pays ne saurait se réduire à la seule question de la « libre circulation des personnes et des biens », le couplet tant de fois seriné et sur la base de quoi on a pondu la trouvaille délétère de Schengen. L’historien Fernand Braudel nous ouvre la voie. Si être logé, avoir des frontières, c’est « commencer d’être », nier ces frontières, les effacer, renoncer à leur matérialisation comme on l’a laissé faire et comme l’Europe ne cesse non seulement de le revendiquer mais surtout de le promouvoir, ne serait-ce pas tout bonnement commencer à ne pas être ?

Indispensables frontières

C’est bien ce à quoi nous assistons. Sans frontières définies, inscrites sur le terrain, l’espace national se dilue à terme dans un espace de moins en moins identifiable et se trouve, au bout du compte, amené à se fondre dans une forme d’abstraction. Car, qu’est-ce que l’Europe qu’ils nous ont tricotée sinon une abstraction ? Une abstraction à vingt-sept – en attendant mieux, vingt-neuf, trente ? – prétendument régie par des lois qui ne sont plus l’expression de l’histoire, de la culture, de la spécificité des peuples mais un assemblage relevant bien davantage du bricolage technocratique que de la traduction de la volonté des nations et des citoyens. Cela donne un pseudo corpus juridique de plus en plus rejeté par ces mêmes citoyens parce qu’il leur est impossible de s’y reconnaître, d’y repérer l’empreinte de leur héritage, de leurs racines, l’expression de leur sensibilité singulière, de leurs spécificités mentales, morales, intellectuelles. On le voit bien au dogme sans cesse asséné de la prétendue conformité de la loi européenne au concept de « Droits de l’Homme ». Là encore, abstraction ! L’homme, quel homme ? L’homme universel, éternel, identique à lui-même en tous lieux et de tous temps, l’humain déshumanisé, l’humain réduit à la qualité improbable de concept. Quelque chose comme un énième avatar de la lubie de « L’homme nouveau », cette promesse intenable de toutes les révolutions, celle du bienfaiteur de l’humanité Maximilien de Robespierre en particulier. L’homme nouveau, l’abstraction culte, celle qui ne peut être imposée aux peuples que par la force, la violence, la terreur. Relisons donc Hegel là-dessus[1].

A lire aussi: La triple frontière: un slogan? Non! Un projet

Et si la dilution de notre être faisait l’affaire des fédéralistes ?

La dilution, conséquence du dogme du sans frontières, n’est pas que géographique dans ses conséquences, elle est essentiellement culturelle et civilisationnelle. Elle constitue bel et bien le premier pas du « ne pas être ». Du « ne plus être », en l’occurrence. Cela dit, n’est-ce pas tout simplement le but inavoué de ses promoteurs et zélateurs ? Que les peuples constitués en nations se dissolvent en une masse indifférenciée et la plus nombreuse possible de non-citoyens réduits à la dimension de producteurs-consommateurs asservis et dociles ? J’entendais le candidat d’une liste européiste, clamer, pontifiant et suffisant comme il se doit : « Qu’est ce qui nous séparait de nos voisins italiens, espagnols, belges, allemands, à part une vague frontière commune ? Rien, ou si peu. Donc la création de l’Europe allait de soi. » Rappelons tout de même à ce bel esprit que la France a aussi une frontière commune avec le Brésil. Qu’attendent-ils donc pour faire entrer ce pays-là, au demeurant magnifique et respectable, dans leur belle Europe ?

A lire aussi: Laurence Trochu: «Dans sa logique de dédiabolisation, le RN a renoncé à mener les combats civilisationnels»

Contrairement à ce qu’ils osent affirmer, la frontière matérialisée n’est pas un véritable obstacle à la circulation des personnes et des biens. Elle implique seulement que celui qui la franchit puisse prendre conscience de passer d’un pays à un autre, d’une nation à une autre, d’un peuple à un autre. Ce qui ne peut être pour lui qu’un enrichissement. De plus, si la re-matérialisation pouvait  contribuer à endiguer si peu que ce soit la quasi libre-circulation des drogues, des terroristes et des passeurs, cela constituerait à n’en pas douter un avantage non négligeable. Bref, le droit au logement, une revendication urgente à exprimer, me semble-t-il. Bulletin de vote en main, dimanche prochain.

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[1] Principes de la philosophie du droit, 1820

Les bombes d’Abnousse

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L'essayiste Abnousse Shalmani © Hannah Assouline

À partir du fabuleux discours qu’elle prononça au Prix de la laïcité 2023, Abnousse Shalmani fait l’éloge comme jamais de la laïcité, de la République et de la France. Bombes de liberté, d’amour et d’art…


1989 – L’année où tout a basculé. En février, l’ayatollah Khomeini lançait sa fatwa contre Salman Rusdhie pour avoir écrit Les Versets sataniques ; à la rentrée de septembre, deux élèves musulmanes du collège de Creil refusaient de retirer leur foulard islamique. De ce que d’aucuns ont qualifié de « banale affaire de tissu » aux égorgements de Samuel Paty et de Dominique Bernard, le continuum est bien là, scandaleusement scolaire, programmé comme un nouveau planning familial[1].

La République se vit à visage découvert

Il est vrai qu’au pays de Voltaire, de Diderot et de Sade, et aujourd’hui, de Kamel Daoud, de Boualem Sansal et d’Abnousse Shalmani, l’infâme a de quoi se régaler. Et si « la laïcité a toujours été un rapport de force », alors « il faut arrêter d’être poli, il faut cogner »[2]… Là-dessus, on peut compter sur la merveilleuse autrice de J’ai péché, péché dans le plaisir pour écraser l’infame, réhabiliter le boudoir, défendre la France contre elle-même, quitte à ressasser : « cher lecteur, tu connais déjà mes répétitions, mes obsessions, mais de toute évidence, il faut encore marteler, rappeler, disséquer, offrir la seule chose que j’ai entre mes mains : le savoir et l’analyse ». En plus de l’amour de la France, du sentiment de la langue et du souvenir du voile qu’elle dût porter, enfant, sous la dictature iranienne et qui lui démange encore le cou[3]. Elle-même étant une échappée de la « mollahrchie », connait l’hypocrisie sanguinaire des islamistes et la stupidité des gauchistes, toujours persuadés de rouler les premiers au nom de leur cause alors qu’ils finiront par être exterminés par eux – et, de fait, a une longueur d’avance sur nous autres, pauvres citoyens du monde égarés dans notre vivre-ensemble de jour en jour plus communautariste, identitaire, tribal.

Version 1.0.0

« Peut-être que j’ai déjà perdu », se demande-t-elle dans un moment de désespoir. À quoi bon se battre puisque Marianne ne semble plus faire bander le bobo, que l’universalisme passe désormais pour un racisme et que la planète a viré antisioniste, anti-occidental, anti-Olympia de Manet (ces élèves qui refusent d’aller au Musée d’Orsay parce qu’il y a trop de nus) ? De toute façon, la liberté, l’art, la jouissance, c’est bon pour les boomers. Comme le notait Salman Rusdhie himself à La Grande librairie[4], aujourd’hui, c’est la « justice sociale » qui a remplacé la liberté d’expression dans le credo des valeurs, c’est l’annulation culturelle qui importe en cas d’offense des minorités – le pire étant que ce sont les jeunes qui portent la censure et l’interdit. « Imperceptiblement, la liberté n’est plus le phare de toute humanité, elle est devenue louche, entachée du passé historique de l’Occident, elle est devenue la marque du dominant alors qu’elle était, à juste titre, le but de tout désir d’émancipation, l’espoir inébranlable de tout opprimé sur terre. »

Gare à l’immigré trop amoureux de la France !

Contre ces nouveaux terrorismes bigots, et qui relèvent d’une véritable contre-révolution, Shalmani a pris le parti de la France irrévérencieuse, libertaire (libertine !), blasphématrice. « La France ! Ce pays où il était moins grave d’avoir faim, car on y était assuré de trouver la liberté totale. »  Celle de la poésie, de la peinture et de l’alcool. « Tant pis pour la faim, le froid, la misère. La liberté. La liberté sonnait alors comme une victoire ! » Et d’abord pour les sublimes métèques du Bateau-Lavoir que furent Modigliani, Picasso, Brancusi, Chagall et par-dessus-tout Chaïm Soutine avec qui notre exquise sadienne s’imagine une filiation précisément imaginaire. Bonheur de ces ascendances françaises que l’on se choisit à rebours de ses origines et que de bonnes âmes croient aimable de lui rappeler. « Quel dommage que tu aies perdu ton accent ! », entend-elle régulièrement de la part de ceux qui croient l’honorer alors qu’ils l’insultent. C’est que pour une certaine gauche, « l’important, c’est de faire immigré », c’est-à-dire victime sempiternelle de la colonisation, de l’esclavage, du système blanc patriarcal (et comme si « les Blancs » avaient été les seuls colonisateurs au monde alors que dans le genre, et Shalmani le rappelle avec délectation, les Arabes ont fait bien pire[5]). Gare à l’immigré ou à l’enfant d’immigré qui oserait s’assimiler complètement à son pays d’adoption ! Gare à l’Arabe amoureux de la France ! Gare à l’étranger qui ferait l’éloge de la langue de La Fontaine – au lieu de considérer, et comme notre système masochiste l’y encourage, que son apprentissage est une discrimination faite à son endroit. Celui-là serait considéré comme un traitre à sa race. Or, c’est « venger sa race » qui aujourd’hui fait recette et permet le Nobel. Ce que les islamistes, qui « n’attaquent pas la France par hasard », ont bien compris. La haine de soi est chez nous si grande, si prestigieuse, si subventionnée, que toutes les intersectionnalités, néo-féminisme pro-burka, LGBTQIA pro-Hamas, gauchisme eurasien, sont possibles. En vérité, « le Ku Klux Klan l’a rêvé, l’antiracisme l’a accompli ! ».

Annie Ernaux. Photo: Hannah Assouline

C’est que le wokisme, « cette synthèse identitaire », est en écho avec le littéralisme coranique. Comme en Orient, on est en train d’en finir avec l’interprétation, l’exégèse, l’esprit (critique et poétique), ce que l’islam éclairé appelait l’ijtihad – et qu’un Rusdhie a tenté de remettre au goût du jour dans ses Versets avec le résultat qu’on sait. Car c’est le djihad qui l’a emporté contre l’ijtihad – la lettre qui tue contre l’esprit qui vivifie. Et cela avec la complicité des déconstructeurs, Jacques Derrida en tête, déclarant un jour à l’auteur de Joseph Anton, et rapporté par celui-ci, que « la rage de l’islam » trouve sa source non dans l’islam en soi mais dans « les mauvaises actions de l’Occident ». Et voilà le mythe du mal derrière le mal dans nos têtes de petits blancs. L’idée perverse au possible que nous méritons nos frères Kouachi et nos Mohammed Merah – tout comme Israël mérite son pogrom du 7 octobre.  

Au fond, pour cette gauche moisie, ce sont les morts les coupables. Alors que c’est nous, à force de lâcheté, de compromission, d’abandon de la laïcité, d’acculturation programmée, d’oubli de nos arts, armes et lois, de nihilisme bien-pensant, qui sommes coupables de ces morts. Et là-dessus, Abnousse Shalmani nous met en garde : « Soyons un peu plus courageux et nous aurons un peu moins l’impression d’avoir du sang sur les mains au prochain attentat. »

Abnousse, présidente !

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[1] Voir le livre de David di Nota, J’ai exécuté un chien de l’Enfer. Rapport sur l’assassinat de Samuel Paty, Le Cherche midi, 2021

[2] Entretien avec Abnousse Shalmani et Kamel Daoud, par Peggy Sastre, « Si vous ne voulez pas de ce pays, on est preneurs ! », Le Point, n° 2699, 25 avril 2024

[3] Idem.

[4] Émission du 15 mai 2024 que l’on peut revoir ici : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/saison-16/5988222-emission-speciale-salman-rushdie.html

[5] « L’empire arabo-musulman a pratiqué plus longtemps et à plus grande échelle l’esclavage : alors que la traite transatlantique a concerné entre 9,6 et 11 millions d’individus, la traite arabo-musulmane a déporté plus de 17 millions d’Africains. Mais les descendants d’esclaves transatlantiques s’élèvent à 70 millions contre 1 million pour la traite arabo-musulmane, conséquence de la castration systématique. »

Causeur: Contre le maccarthysme MeToo. Fanny Ardant: «Pour l’honneur de Roman Polanski»

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© Causeur

Découvrez le sommaire de notre numéro de juin


Présentant notre dossier, Élisabeth Lévy se réjouit que Roman Polanski ait gagné son procès contre une ex-comédienne qui l’accusait de diffamation, mais nous rappelle que la Justice ne fait pas taire la meute MeToo. Au Festival de Cannes la grande famille du cinéma, terrorisée, se prosterne devant une poignée de fanatiques. Fanny Ardant a le rare courage de dénoncer ce nouveau maccarthysme qui, comme le premier, réduit au silence et au chômage de grands artistes. L’actrice, se confiant à Sabine Prokhoris, est formelle : «Je n’ai jamais voulu être une victime». À l’affiche du nouveau film de Roman Polanski (The Palace), elle sort de son habituelle réserve pour défendre le réalisateur qu’elle aime et admire.

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Élisabeth Lévy a interrogé Delphine Meillet, l’avocate de Roman Polanski, qui considère que le jugement en sa faveur est une décision majeure à l’heure de la révolution Metoo : un homme accusé publiquement a le droit d’exprimer publiquement sa vérité. Il est peu probable, cependant, que ce jugement calmera les meutes qui, comme l’a reconnu le tribunal, poursuivent le cinéaste de leur «vindicte». Commentant le dernier festival de Cannes, Sabine Prokhoris y voit plus que jamais le festival de ces actrices qui, s’affichant en robes longues et décolletées, se proclament « oppressées » et donnent libre cours à leurs envies d’épuration, de purge et de castration. En revanche, leur cible préférée, Roman Polanski, reste l’auteur d’une œuvre universelle parce qu’elle est portée par le sens du tragique : le réalisateur mondialement célébré est resté un gamin de Cracovie. Jean-Baptiste Roques a lu le livre de l’actrice-réalisatrice Isild Le Besco, Dire vrai. Ce récit qui dévoile les humiliations et violences qu’elle a subies met davantage en cause la dérive tyrannique de certaines réalisatrices que les méfaits du patriarcat.

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Dans son édito du mois, notre directrice de la rédaction analyse la polémique autour de l’actrice espagnole transgenre Karla Sofia Gascón, qui a reçu le prix d’interprétation féminine à Cannes et que Marion Maréchal a qualifiée d’« homme ». Pour Élisabeth Lévy, ce propos n’est pas une injure, comme le prétendent les associations qui poursuivent en justice la tête de liste de Reconquête ! Car «le scepticisme est un droit. Quel est le poids de la génétique ? Jusqu’à quel point peut-on changer ce qu’on est ? Tout cela devrait être matière à débat et controverses, pas à un festival d’interdits».

Causeur se penche sur une des tendances les plus troublantes de l’actualité : la montée de l’antisémitisme en France – et ailleurs – depuis les atrocités du 7 octobre. Aujourd’hui, les leçons de l’histoire semblent bien oubliées. Comme le constate Elisabeth Lévy, «On dirait que les digues illusoires qu’on a cru ériger en psalmodiant « plus jamais ça » ont cédé». Se confiant à Gil Mihaely, l’historien Georges Bensoussan souligne les rôles de l’islamisation d’une jeune génération issue d’une immigration maghrébine ancienne et de l’immigration massive en provenance du monde arabo-musulman. Les deux alimentent un antisémitisme «français» inédit associant les juifs à la domination des Blancs, et donc au colonialisme. Céline Pina a rassemblé des témoignages sur la situation à l’université. Dans de nombreux établissements, l’antisémitisme d’atmosphère s’est mué en soutien au Hamas et les références au nazisme se sont banalisées, dans l’indifférence complice de l’administration. Olivier Douman analyse la convergence des luttes entre les mouvements antifas et propalestiniens.

Pour l’outre-mer, Driss Ghali évalue la situation en Nouvelle-Calédonie où, par faiblesse et lâcheté, la République cède sur tous les plans. Enfin, dans le domaine économique, l’entrepreneur et essayiste Charles Gave, qui est aussi actionnaire de Causeur, plaide pour l’abolition des banques centrales qui ne font qu’entretenir des États de plus en plus dépensiers et mauvais payeurs. Il prône leur fusion avec les ministères des Finances et l’adoption de lois bannissant tout déficit budgétaire. 

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Nos pages culture s’ouvrent avec panache, en l’occurrence celui de Judith Magre, la comédienne qui, à 97 ans, continue de brûler les planches ! Celle qui a travaillé avec Julien Duvivier et Sacha Guitry, Jean Vilar et Gaby Morlay, Fernandel et Jean Poiret se confie à Yannis Ezziadi. Nos lecteurs connaissent le don d’Hannah Assouline pour fixer le regard des écrivains. Cette exploratrice inlassable de la république des Lettres et de l’engeance humaine a découvert il y a quarante ans un autre miroir de l’âme : les mains. Élisabeth Lévy salue un beau livre qui nous ouvre, enfin, les portes de sa galerie. Georgia Ray traque les raisons pour lesquelles les visiteurs se pressent toujours plus nombreux au musée. Que viennent-ils chercher ? Peut-être une consolation à l’instabilité du monde, admirer des œuvres à leur guise, leurs formes et couleurs qui sont source de plaisir. On aurait tort de s’en priver, d’autant que les expos de ce mois de juin méritent le déplacement. Patrick Mandon regrette que l’héritage de Drieu la Rochelle – son talent littéraire et son passé de collabo – soit encore lourd d’ambiguïtés. Mise en vente en décembre 2023, sa bibliothèque a mobilisé les admirateurs de l’écrivain, mais l’État n’a pas préempté certains documents majeurs, tel le manuscrit de Feu follet. Julien Benda a plus de chance, faisant l’objet d’une nouvelle biographie très complète du philosophe Pascal Engel. Ce dernier, nous dit François Kasbi, a raison de rendre hommage à un penseur qui n’a pas craint de s’opposer aux courants intellectuels et littéraires de l’entre-deux-guerres, en défendant la rationalité contre le règne montant de l’émotion. Napoléon superstar ? Oui, selon Julien San Frax, dans la nouvelle version restaurée du chef-d’œuvre d’Abel Gance, datant de 1927. Le film sera projeté en ciné-concert au début du mois de juillet, accompagné d’une composition musicale de Simon Cloquet-Lafollye. Dans les carnets d’Ivan Rioufol du mois de juin, on apprend qu’être français ne va plus de soi. La montée de l’antisémitisme islamisé s’est accompagnée de la haine de la France française, au nom de l’universalisme déraciné et de la repentance perpétuelle. La «fierté française», qui emplit les discours des Jeux olympiques, est un leurre. Et Gilles-William Goldnadel nous raconte une journée au Moyen-Orient – celle du 24 mai de cette année – vue par Le Monde qui en présente une vision… tout à fait biaisée. Ce n’est guère étonnant. Pascal a écrit : «L’étonnement, voilà le secret». Si l’on est pascalien, il ne faut pas lire Le Monde mais Causeur !

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Éric Dupond-Moretti, entre mauvaise foi et impuissance

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Le ministre de la Justice prend la parole à un meeting de Valérie Hayer, Pontcarré (77), 3 mai 2024 © Jacques Witt/SIPA

Notre chroniqueur a craqué: il a regardé la dernière intervention du garde des Sceaux à la télévision, une semaine avant les élections européennes. M. Dupond-Moretti y a notamment sous-entendu que si Marine Le Pen n’était peut-être pas antisémite, Jordan Bardella l’était probablement, selon lui.


Chaque dimanche j’essaie de ne jamais manquer Le Grand Jury animé par Olivier Bost. Pourtant j’ai hésité le 2 juin, l’invité étant le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti[1]. À un ressentiment personnel qui ne s’efface pas, s’ajoutent surtout des considérations judiciaires et politiques. Ayant déjà beaucoup écrit sur lui, je voulais échapper à la certitude désolante de continuer à le voir développer des idées, des convictions et une inconditionnalité tellement aux antipodes de sa pensée et de sa personnalité d’hier… Pourtant j’ai craqué. Et j’ai bien fait. Car durant une heure nous avons d’abord eu droit à une mauvaise foi qui m’a rappelé celle de l’avocat brillant qu’il a été, prêt à tout soutenir pour obtenir les acquittements dont il se prévalait. Puis à une impuissance quand, dans l’émission, le ministre a pris la relève.

Dédiabolisation

La mauvaise foi de l’avocat, associée bizarrement à une pauvreté de l’argumentation, a été éclatante quand face à Olivier Bost qui ne se contentait pas de ses pétitions de principe et de ses banalités hostiles, il a exprimé sa haine à l’encontre de Marine Le Pen, de Jordan Bardella et du RN. Elle lui a fait perdre toute lucidité dans la dénonciation politique.

Pour tenter de démontrer qu’il n’y a pas eu dédiabolisation du parti par Marine Le Pen, pourtant admise par beaucoup de ses pires ennemis, il a été contraint de ressasser ce dont il se sert depuis des années : il nomme le RN Front National, il radote sur la présence de Frédéric Chatillon dans l’entourage de Marine Le Pen, il se régale à parler des Waffen-SS à l’origine selon lui de la création de ce parti qu’il semble continuer à dater sous Jean-Marie Le Pen, en totale méconnaissance de la forte adhésion populaire (c’est un constat) qu’il suscite aujourd’hui.

Questionné sur l’antisémitisme de Marine Le Pen, gêné entre la vérité – non seulement elle n’est pas antisémite mais qu’on le déplore ou non une part importante de la communauté juive fait plus confiance au RN pour la défendre qu’au macronisme verbeux – et son obsession partisane, il se contente de proférer que Jordan Bardella l’est. Faisant un sort à une de ses déclarations sur Jean-Marie Le Pen, que Jordan Bardella a ensuite précisée. C’est tout, donc.

A lire aussi, Romain Baubry: Meurtre de deux agents pénitentiaires: comment cela n’est-il pas arrivé avant?

Ainsi, Marine Le Pen serait coupable par contagion. Et cela remonte à des lustres ! Je n’ai pu m’empêcher, face à la contestation désespérée de certaines évidences, d’imaginer l’avocat Dupond-Moretti si on avait cherché seulement dans le passé de ses clients la preuve de leur éventuelle culpabilité criminelle !

Je me souvenais aussi de son talent redoutable, quand pour les besoins de ses causes il n’hésitait pas, sinon à travestir le réel, du moins à en présenter une vision hémiplégique. N’oublions pas qu’il est allé jusqu’à soutenir ceci : « Faire acquitter un innocent, c’est la moindre des choses. Sortir un coupable, c’est plus intéressant, ça prouve que les règles sont respectées »[2]. Quelles lettres de noblesse pour devenir garde des Sceaux !

Contre-productif

On mesure alors combien Marine Le Pen et le RN – à combattre intelligemment et politiquement – sont tranquillement à l’abri sous les assauts d’Éric Dupond-Moretti, qui augmente au contraire leur emprise. Faut-il considérer qu’il garde en mémoire la blessure de sa déculottée aux élections régionales quand il avait prétendu battre en pièces Xavier Bertrand et le RN, en même temps ?

Enfin, dans Le Grand Jury, le ministre apparut vers midi 35. C’est son impuissance et son irresponsabilité qui ont dominé dans ses réponses, derrière ses satisfecit aussi peu plausibles que sa mue totale d’avocat compassionnel en ministre rigoureux. D’avocat tempétueux à garde des Sceaux obéissant.

Dans cette séquence, consacrée à la sanglante attaque du convoi pénitentiaire au péage d’Incarville, au désastre carcéral, à la pauvreté des moyens pénitentiaires, à l’incroyable dérèglement rendant dans beaucoup d’établissements la vie plus insupportable pour le personnel pénitentiaire que pour les condamnés incarcérés, le ministre a manifesté un art de se défausser qui serait admirable s’il ne concernait pas l’échec quasi-absolu de sa mission ministérielle.

A lire aussi, du même auteur: Plus qu’assez de l’alibi des hommages nationaux!

Que je sache, à la Chancellerie il y a une direction de l’administration pénitentiaire à laquelle les responsables des centres pénitentiaires, des centres de détention et des maisons centrales rendent compte : le ministre est donc informé des dysfonctionnements de toutes sortes qui pourrissent le fonctionnement de beaucoup d’établissements, des conditions honteuses d’enfermement (les matelas !), de la circulation de la drogue et des portables, du fait lamentable que l’incarcération n’est plus la fin de la délinquance et de la criminalité mais leur poursuite.

Éric Dupond-Moretti prétend ne pas avoir découvert ce déplorable constat avec la fuite de Mohamed Amra. Qu’a-t-il donc accompli pour y remédier ? Après les assassinats, il a reçu les syndicats pénitentiaires et il leur a fait des promesses, il a pris des engagements. Pour le court terme et à échéance lointaine. On a le droit de douter. Le macronisme dont il est une navrante incarnation est doué pour le verbe et le virtuel : les prisons et ceux qui exercent ce dur métier de gardien exigent autre chose.

N’oublions pas que la première visite ostentatoire du ministre a été au bénéfice des prisonniers. L’avocat veillait à ce que ses clients n’y aillent pas, le ministre ne s’en est guère occupé. Tant que nous n’aurons pas une personnalité libre, indépendante, pragmatique et courageuse (ses augmentations de budget n’ont rien changé à la vie carcérale) place Vendôme, nous serons orphelins de dignité pour tous et de vraie Justice. Tant que le futur et encore inconnu ministre de 2027 n’aura pas compris qu’il faudra dans l’urgence restaurer pour les détenus une décence minimale, imposer des règles drastiques et respectées et en même temps assurer une sécurité au personnel pénitentiaire et le traiter financièrement comme il le mérite, rien ne changera. Comme aujourd’hui, entre mauvaise foi et impuissance.

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[1] https://www.dailymotion.com/video/x8zid50

[2] Libération, 31 mars 2006. https://www.liberation.fr/france/2006/03/31/eric-dupond-moretti-direct-du-droit_34756

Qui est réellement Raphaël Glucksmann?

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Marseille, 1er juin 2024 Alain ROBERT/SIPA

Raphaël Glucksmann, tête de liste PS-Place publique, progresse en ce moment dans les sondages en profitant de la faillite macroniste et des dérives de l’extrême gauche mélenchoniste et écologiste. Pourtant, les desseins politiques de ce néo-bourgeois euro-atlantiste sont aux antipodes des intérêts de la France, estime notre contributeur. Immigrationniste, adepte d’une Europe fédérale et supranationale, il est également ce va-t-en-guerre obnubilé par Vladimir Poutine…


En 2004, Raphaël Glucksmann plante un couteau dans le dos de la France en accréditant la thèse de « la responsabilité accablante de l’Etat français et en particulier de François Mitterrand » dans le génocide des Tutsi au Rwanda via un documentaire intitulé Tuez-les tous ! Présomptueux, le jeune homme se pousse du col et pense avoir révélé le « pire scandale de la Ve république ». Des diplomates, des journalistes et des experts de l’Afrique assermentés devant le TPIR (Tribunal pénal international pour le Rwanda) contestèrent, preuves à l’appui, les accusations aberrantes de Glucksmann. Celles-ci sont en réalité issues de l’histoire officielle écrite par le nouveau régime rwandais et destinée à accabler la France en même temps qu’à camoufler les exactions meurtrières du très autoritaire Paul Kagame et de son parti le FPR (Front Patriotique Rwandais). Raphaël Glucksmann et Bernard Kouchner (ministre des Affaires étrangères de 2007 à 2010) contribueront, chacun à sa manière, pour que les conclusions de l’instruction judiciaire menée par le juge Bruguière et celles du TPIR – à savoir l’éventuelle implication de Kagame dans l’attentat qui coûta la vie au président Habyarimana et déclencha le massacre des Tutsi – finissent dans les oubliettes de l’histoire (1). On se souviendra également que les États-Unis et la Grande-Bretagne, en plus d’avoir voulu empêcher l’opération humanitaire proposée par la France à l’ONU immédiatement après le début du génocide, interdirent finalement au TPIR d’enquêter sur cet attentat. Pour ces deux pays dont l’objectif est, depuis toujours, de chasser la France de la région des Grands Lacs en général et du Rwanda en particulier – avec d’excellents résultats d’ailleurs : dans ce pays traditionnellement francophone, Kagame, une fois au pouvoir, fera adopter l’anglais comme langue officielle, Tony Blair sera son conseiller spécial en 2008 et le Rwanda entrera dans le Commonwealth en 2009 tandis qu’en 2018, Emmanuel Macron, toujours là quand il s’agit de rabaisser la France, manigancera pour faire élire à la tête de l’Organisation Internationale de la Francophonie la très anglophone ex-ministre des Affaires étrangères rwandaise Louise Mushikiwabo (réélue en 2022) (2) et (3) – pour ces deux pays, donc, la réécriture de la catastrophe rwandaise en faveur de Paul Kagame s’imposait. Elle profitera en France d’une étonnante publicité grâce à des personnalités comme Glucksmann (père et fils), Kouchner et Rocard (qui ne connaissait rien au dossier mais crut trouver là un excellent moyen de salir Mitterrand), et des médias serviles s’interdisant de porter objectivement à la connaissance du public les jugements, articles ou livres français ou anglo-saxons remettant en question la thèse officielle du génocide rwandais élaborée par le nouveau régime. Les mêmes peinent aujourd’hui à informer sur ce qu’est devenu le Rwanda sous la présidence despotique de Paul Kagame : réélu en 2017 avec… 98,8 % des voix, ce dernier est parvenu à faire modifier la constitution rwandaise afin de pouvoir gouverner jusqu’en… 2034. Presse surveillée, opposition muselée, contradicteurs « intimidés » : Kagame est d’ores et déjà assuré de remporter les élections présidentielles qui auront lieu en juillet de cette année. Gluksmann ne pipe mot.

Activités politiques en Georgie et en Ukraine avant la guerre

En 2006, Raphaël Glucksmann rejoint Alternative libérale, parti favorable au libéralisme politique et économique, voire au libertarianisme – pas vraiment ce qu’on peut appeler un parti de gauche. Oui mais non, j’étais là par hasard, dira-t-il quelques années plus tard. On le sait proche, à l’époque, de Nicolas Sarkozy avec qui il s’entretient régulièrement, en particulier à propos de l’Europe de l’Est – plus tard, il dira regretter l’engagement de… son père, soutien de Sarkozy en 2007. Il contribue jusqu’en 2008 à la revue Le Meilleur des Mondes, revue publiée par le Cercle de l’Oratoire, think tank néoconservateur ayant soutenu la politique belliqueuse de G. W. Bush. Il propose ensuite ses services au président géorgien pro-occidental Mikheil Saakachvili dont il sera le conseiller jusqu’en 2012. En 2013, celui qui prétend être un « consultant en révolution » (Le Monde, 21 mars 2014) rejoint Kiev pour soutenir et conseiller Vitali Klitschko, un des chefs de file du mouvement Euromaïdan. « J’essaie de dire aux oligarques ukrainiens que s’ils veulent prouver qu’ils sont devenus pro-européens ils doivent aider les autres à faire leur révolution », déclare Glucksmann au Monde. Retour en France. En 2017, après avoir soutenu Benoît Hamon, il appelle à voter Emmanuel Macron au second tour des élections présidentielles pour « faire barrage à l’extrême droite ». En 2018, il fonde le parti Place publique avec Claire Nouvian et Thomas Porcher – qui quitteront quelques mois plus tard ce mouvement qu’ils disent être noyauté par des apparatchiks socialistes et un nombril géant du nom de Glucksmann – et se voit déjà comme le grand unificateur de la gauche. Il est élu député européen en 2019 sur la liste commune PS-Place publique-PRG mais vote Macron aux deux tours en 2022. Désigné tête de liste de PS-Place Publique pour les prochaines élections européennes, Raphaël Glucksmann joue sur du velours : des électeurs macronistes tendance socialo-boboïste repentis, une partie des électeurs insoumis constatant (enfin) l’inquiétante et dangereuse dérive islamo-gauchiste et antisémite de LFI et certains électeurs écolos refroidis par la radicalisation punitive des Verts voient en lui une planche de salut, un moyen de renouer avec un « centre-gauche républicain » propre sur lui, social-démocrate et écolo juste ce qu’il faut. Peut-être est-il temps de creuser un peu le sujet et de montrer à tous ces gens, si ce portrait succinct ne suffit pas, qui est vraiment Raphaël Glucksmann. 

A lire aussi, Paul Rafin: Glucksmann, le candidat des gnangnans de la mondialisation?

M. Glucksmann reste extrêmement discret sur ses années passées en Géorgie et en Ukraine, deux pays sur lesquels les États-Unis lorgnent depuis l’effondrement soviétique dans le but de les voir un jour adhérer à l’OTAN et d’élargir ainsi leur influence au plus près de la Russie – malgré la promesse faite à cette dernière de ne rien en faire. En Géorgie, Glucksmann devient le conseiller du président pro-otanien Mikheil Saakachvili en 2008. Il rencontre à cette occasion celle qui va devenir son épouse. Après avoir étudié le droit pendant un an aux États-Unis, Ekaterina Zgouladze est surtout connue en Géorgie pour sa vie festive et ses extravagances nocturnes – « Tout le monde la connaît, elle fréquente le tout-Tbilissi branché, les DJ et les designers », s’extasie le Nouvel Obs. En 2005, titulaire de diplômes de journalisme et de droit que d’aucuns qualifient de « modestes », elle est nommée vice-ministre de l’Intérieur par Mikheil Saakachvili, poste qu’elle occupera jusqu’en octobre 2012, un mois après qu’auront été révélées les tortures pratiquées dans les prisons géorgiennes. Le couple Glucksmann-Zgouladze quitte alors précipitamment la Géorgie pour rejoindre l’Ukraine où il participe activement à la révolution de Maïdan qui conduira à l’avénement d’un nouveau gouvernement constitué en partie sous la férule de la sous-secrétaire d’État américaine Victoria Nuland. En 2014, après avoir été naturalisée citoyenne ukrainienne par le président Porochenko, Ekaterina Zgouladze est nommée… vice-ministre de l’Intérieur du nouveau gouvernement ukrainien. Au même moment, Washington, par l’intermédiaire de la toujours très efficace Victoria Nuland, exige et obtient la promotion de la directrice de la section économique de l’ambassade des États-Unis en Ukraine, Natalie Jaresko, au poste de ministre des Finances du… gouvernement ukrainien – Mme Jaresko, Américaine d’origine ukrainienne, obtient la nationalité ukrainienne… le jour même de sa nomination. Quelques mois plus tard, l’ex-président de la Géorgie, Mikheil Saakachvili, réfugié aux États-Unis pour échapper aux poursuites judiciaires engagées contre lui par son pays, migre en Ukraine où le président Porochenko lui octroie vite fait bien fait la nationalité ukrainienne avant de le nommer gouverneur de l’oblast d’Odessa. Curieux jeu de chaises musicales où d’ardents « nationalistes » changent de nationalité comme de chemise, au gré de leurs intérêts personnels ou des intérêts américains – qui souvent se rejoignent. [Saakachvili est aujourd’hui en prison pour abus de pouvoir dans diverses affaires en Géorgie].

Il ne parle jamais des ingérences américaines

Hormis dans un article récent de Marc Endeweld paru dans Marianne (4), les médias français ne se sont guère attardés sur le parcours tortueux de Raphaël Glucksmann en Géorgie et en Ukraine – parcours qui montre assez bien que les intérêts de la France sont très éloignés des véritables préoccupations de Raphaël Glucksmann. Durant des années, cet euro-atlantiste convaincu a manœuvré auprès des dirigeants de ces pays pour voir aboutir une politique strictement pro-américaine et anti-russe. D’aucuns pensent que Raphaël Glucksmann, parce qu’il bombe le torse et se dit prêt à soutenir, quel qu’en soit le prix, l’Ukraine contre la Russie, est un « candidat de gauche anti-totalitaire ». Premièrement, Glucksmann n’est pas de gauche – « Ça ne m’a jamais fait vibrer de manifester pour les retraites », avoue-t-il au Monde. Deuxièmement, son anti-totalitarisme est du même bois que celui dont se sont chauffés ses prédécesseurs et mentors, BHL, Bernard Kouchner ou son père, André Glucksmann. Comme eux, il n’épouse que les causes « anti-totalitaires » agréées par Washington. Comme eux, il est enragé dès qu’il s’agit de la Russie. Au Parlement européen, son obsession l’a poussé à créer et présider une « Commission spéciale sur l’ingérence étrangère et la désinformation » qui a semblé ne vouloir s’intéresser qu’à l’ingérence russe. Pas un mot sur les ingérences venues de l’Ouest, par exemple le travail d’espionnage mené en Europe par les États-Unis, celui de la NSA (National Security Agency) qui épia, via le Danemark, les conversations téléphoniques des responsables politiques européens, M. Macron et Mme Merkel en tête. Le Sénat américain vient de prolonger, avec la loi FISA (Foreign Intelligence Surveillance Act), les pouvoirs d’espionnage du FBI, de la CIA et de la NSA sur les citoyens américains mais également non-américains par le biais des communications privées (messageries, réseaux sociaux, téléphonie, etc.) dans tous les pays du monde (5) – mais cela ne semble pas beaucoup inquiéter M. Glucksmann. Le rapport de ladite commission reste également relativement discret sur les ingérences des pays alliés du bloc occidental, l’Arabie Saoudite, la Turquie ou le Qatar. Concernant ce dernier, il y avait pourtant bien des choses à dire, que Glucksmann a à peine susurrées. Par exemple : en novembre 2022, la socialiste grecque Eva Kaïli, à l’époque vice-présidente du Parlement européen, tient un discours dithyrambique sur le Qatar, pays exemplaire devenu, selon elle, « un chef de file en matière de droit du travail ». En décembre de la même année, dans le cadre d’une enquête pour corruption au profit du Qatar, la police belge arrête Eva Kaïli après avoir découvert des centaines de milliers d’euros en liquide répartis dans son appartement et dans celui de son père. L’ex-eurodéputé socialiste italien Antonio Panzeri – fondateur de l’ONG Fight Impunity par laquelle transitait apparemment l’argent de la corruption – est également incriminé. Le Qatargate n’en est qu’à ses débuts. Pourtant, le Qatar n’est mentionné que trois fois dans le rapport issu de la commission sur les ingérences étrangères dirigée par Glucksmann – la Russie, elle, est mentionnée soixante-six fois ! Cherchez l’erreur.

A lire aussi, Marion Maréchal: « La solidarité n’est pas le suicide »

Raphaël Glucksmann est un européiste fédéraliste qui se fiche des intérêts de la France. L’Europe, l’Europe, l’Europe, bêle-t-il en sautant sur sa chaise comme un cabri. La France qui désire rester la France l’incommode. De son propre aveu, il se sent bien plus à l’aise à New-York ou à Berlin qu’en Picardie. Cet explorateur des métropoles mondialisées et uniformes n’a que peu de considération pour le bouseux picard enraciné. « Les nouvelles élites sociales ne se sentent chez elles qu’en transit, sur le chemin d’une conférence de haut niveau ou de l’ouverture d’un festival de cinéma. Leur vision du monde est essentiellement celle d’un touriste », écrivait Christopher Lasch dans son dernier essai analytique et visionnaire, La révolte des élites, paru il y a bientôt trente ans. Raison pour laquelle, ajoutait-il, le« multiculturalisme leur convient parfaitement ». L’Europe dont rêve Raphaël Glucksmann est essentiellement celle de ces métropoles où les anywhere – néo-bourgeois de toute obédience, migrants ubérisés ou non, étudiants wokisés et touristes en masse – ont supplanté les classes populaires et moyennes chassées par la spéculation immobilière, le chômage et de nouvelles relations sociales techno-culturelles (et lugubrement festives, ajouterait Philippe Muray) qui ne les concernent pas. Et puis, pourrait-on dire en paraphrasant Gilles-William Goldnadel, le Picard a la malchance de ne pas être l’Autre, cet Autre lointain pour lequel Glucksmann est tout amour, celui de la diversité, celui des causes humanitaires, celui de l’immigration, celui que la gauche aisée apprécie d’autant plus qu’il vient « comme il est », tout auréolé d’une culture que, cette fois, nul ne lui reproche, bien au contraire. Ferment de la société multiculturaliste souhaitée par les nouvelles élites, cet Autre présente également l’avantage d’être corvéable à merci dans les métropoles gentrifiées, au service des classes aisées ou mondialisées. Le Picard n’a aucun avenir. L’Autre interchangeable est le futur.

Cet intellectuel mondain et mondialiste habitué à l’entre-soi des salons médiatiques ne s’intéresse que modérément aux difficultés quotidiennes des Français. Sait-il seulement ce qu’ils vivent réellement ? Il est permis d’en douter. Les résultats amers de l’immigration massive – son coût, son impact sur nos mœurs, ses conséquences délétères, l’insécurité et l’islamisation galopante de la société entre autres – sont des sujets qu’il n’aborde que difficilement et toujours pour considérer que, si problème il y a, la seule réponse envisageable est eu-ro-pé-en-ne. De toute façon, comme la majorité des élites bruxelloises, Glucksmann pense que l’immigration extra-européenne est inévitable, nécessaire, voire indispensable. Sa priorité n’est pas de défendre la France mais de favoriser l’immigration massive tout en osant affirmer qu’elle n’existe pas – « l’Europe n’est pas le véhicule de la submersion migratoire. C’est un mythe. »et en maniant l’habituel discours culpabilisateur : « Tout le monde s’est habitué à ce que notre mer soit devenue un cimetière. Il n’y a pas un mot dessus dans ce pacte (celui de l’UE sur l’immigration). Il faut relancer les opérations de sauvetage. » Frontex, devenu organisme d’accueil des migrants plutôt que de défense des frontières européennes, répond aujourd’hui à ses attentes. Avec des députés européens comme Glucksmann, les flux migratoires ne sont pas prêts de se tarir.

Raphaël Glucksmann, qui se réclame de Delors, ce qui est en soi un motif d’inquiétude, est un être composite qui tient tout à la fois d’Emmanuel Macron et de BHL, avec un zeste de Bernard Kouchner pour ajouter à l’aspect humanitaire de théâtre et une pincée de Daniel Cohn-Bendit pour fortifier le côté révolutionnaire de salon. Ce portrait hybride met en évidence la dangerosité d’un individu prêt à tout pour désintégrer la France en tant qu’État-nation. Depuis le début de la guerre russo-ukrainienne, Glucksmann jette de l’huile sur le feu et semble espérer un embrasement total de l’Europe en vue de détruire la Russie – et gare à ceux qui osent rappeler que l’Ukraine n’est pas pour rien dans le déclenchement de ce conflit (6). Ce belliciste est prêt à engager la France dans un conflit qui aurait pu cesser depuis longtemps : le quotidien allemand Die Welt vient de révéler la teneur exacte du projet d’accord de paix envisagé dès la fin mars 2022 – une rencontre entre Poutine et Zelensky étant même alors prévue afin d’en finaliser les points cruciaux – et de confirmer, via le témoignage du négociateur ukrainien David Arakhamia, la venue de Boris Johnson à Kiev le 9 avril 2022 pour faire capoter cet accord et demander à Zelensky de poursuivre le combat tout en l’assurant du soutien des Britanniques et, vraisemblablement, des Américains – on imagine mal Boris Johnson se lancer de son propre chef et seul dans cette délicate manœuvre (7). Foncièrement dégoûté par le nationalisme français mais opportunément charmé par le nationalisme ukrainien, le va-t-en-guerre Glucksmann réclame à cor et à cri que l’économie française passe « totalement en économie de guerre » pour soutenir l’Ukraine et confiait récemment ne pas être fondamentalement opposé à la proposition d’Emmanuel Macron concernant l’intégration de la puissance nucléaire de la France dans une stratégie globale de défense européenne. On ajoutera à ce tableau déjà sombre, la promesse de Glucksmann de tout faire pour que l’Ukraine intègre l’OTAN et l’UE, ce qui serait, pour la France, un désastre, tant au niveau géopolitique qu’au niveau économique.

L’électeur potentiel de la liste PS-Place publique conduite par Glucksmann ne devra pas oublier que les actions de ce dernier ne sont motivées que par deux obsessions : la première est de tenter d’affaiblir la Russie par tous les moyens possibles, y compris une guerre engageant militairement la France ; la seconde est de dissoudre la France dans une mosaïque de territoires européens dépendant d’un pouvoir central bruxellois lui-même aux ordres des nouvelles élites de l’empire davosien, diversitaire, immigrationniste et multiculturaliste en cours de construction. Dans tous les cas, l’objectif glucksmannien est, d’une manière ou d’une autre, la disparition de la France. Autant le savoir avant d’aller voter.


(1) https://www.marianne.net/monde/exclusif-rwanda-le-document-top-secret-qui-accuse-le-regime-de-kagame 

(2) https://www.marianne.net/monde/geopolitique/militante-de-langlais-n2-du-rwanda-louise-mushikiwabo-surrealiste-patronne-de-la-francophonie 

(3) https://www.marianne.net/monde/rwanda-noel-en-avance-pour-paul-kagame-qui-gagne-la-francophonie-et-decroche-presque-son-non 

(4) https://www.marianne.net/politique/gauche/conseiller-de-saakachvili-et-negos-sur-les-armes-georgie-ukraine-glucksmann-epoque-consultant-en-revolution 

(5) https://www.lefigaro.fr/international/etats-unis-le-senat-americain-approuve-la-prolongation-d-un-programme-de-surveillance-a-l-etranger-20240420 

(6) La journaliste et reporter de terrain Anne-Laure Bonnel a réalisé deux documentaires sur le Donbass, l’un en 2014 et l’autre en 2022, quelques semaines avant le début de la guerre. Ces documentaires n’ayant pas eu l’heur de plaire à M. Glucksmann, celui-ci a affirmé sur Sud Radio que la journaliste travaillait « au service des intérêts russes ». « M. Glucksmann, vous m’avez mis une cible sur le dos », a déclaré, une semaine plus tard, Anne-Laure Bonnel au micro d’André Bercoff.

(7) https://www.lefigaro.fr/international/le-document-secret-qui-aurait-pu-mettre-fin-a-la-guerre-en-ukraine-20240513 

Trump reconnu «coupable»: les bizarreries d’un procès hors normes

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© Levine-Roberts/Sipa USA/SIPA

Un tour d’horizon de la presse européenne et américaine permet de constater que les médias étaient à l’euphorie après la condamnation de Donald Trump. La preuve, nous a-t-on répété à satiété, que « nul n’est au-dessus des lois ». Pourtant, ce qui frappe de prime abord après un procès aussi spectaculaire, c’est que personne n’est capable d’expliquer clairement de quoi Trump est coupable exactement. Notre contributeur fait le point.


Pour des infractions qui remonteraient à 2016, l’ancien président est inculpé en avril 2023 seulement, après qu’il se soit déclaré candidat à l’élection présidentielle de 2024. Le procureur l’inculpe de 34 chefs d’accusations pour « falsification de documents commerciaux », 34 afin de frapper les esprits car les motifs se ressemblent, comme si un juge français avait mis un individu en examen pour 34 chèques ou documents différents au lieu de faire une seule inculpation avec 34 éléments à charge. La falsification dont on parle ici est le fait d’avoir enregistré dans la comptabilité sous la rubrique “services juridiques” des paiements à son avocat Michaël Cohen, qui auraient, en partie, servi à acheter le silence de l’actrice porno Stormy Daniels. Il est important de préciser qu’il n’y a rien d’illégal à conclure un accord de type argent contre silence.

Des bases ténues pour un tel procès

La prescription pour ce délit est de deux ans. Pour pouvoir requalifier le délit (misdemeanor) en crime (felony) et ainsi retarder la prescription, il faut qu’il ait été commis  dans le but d’en commettre un plus grave. En tordant au maximum l’interprétation de la loi, sans preuve, le procureur Bragg sort de son chapeau que ce crime serait la conspiration en vue d’influencer l’élection de 2016. Or, le  département fédéral de la Justice (DOJ) ainsi que la Commission électorale fédérale (FEC) avaient auparavant renoncé à poursuivre M. Trump pour ce motif.

Avant cette inculpation, le prédécesseur du procureur Alvin Bragg, Cyrus Vance, ainsi que M. Bragg lui-même, élu sur la promesse d’avoir la peau de M. Trump, avait renoncé à l’inculper tant l’issue d’un procès sur des bases aussi ténues semblait incertaine, avant de relancer la procédure début 2023, suite à la pression médiatique à l’encontre de Donald Trump résultant notamment du livre d’un ancien procureur adjoint ayant travaillé sur l’affaire.

Contrairement à la coutume new-yorkaise qui veut que l’affectation des affaires sensibles à un juge soient tirées au sort, Juan Merchan a été choisi parce qu’il avait déjà rendu une série de décisions négatives à l’encontre de Donald Trump dans des procès concernant ses sociétés. Il a effectué un don à la campagne de Biden et à des actions pour « résister au Parti républicain et à l’héritage de droite radicale de Donald Trump ». Cela aurait dû suffire à le disqualifier. Ce juge a ensuite mené le procès de façon partiale. Dans le seul but d’humilier l’ancien président, il a autorisé des témoignages sans objet comme celui de Stormy Daniels à l’origine de l’affaire qui était sans rapport avec la falsification de documents commerciaux. Toute l’Amérique a pris connaissance que cette actrice aux 200 films pornos sous-entendait avoir été violée par Donald Trump.

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Le témoin principal sur lequel toute l’accusation repose, M. Cohen, l’ancien avocat de Trump, est un menteur notoire. De son propre aveu, il a menti à un tribunal, il a menti aux médias et il a plaidé coupable d’avoir menti au Congrès. Pour condamner Donald Trump, en l’absence d’autres témoins de ce qu’ils se sont dits, il fallait donc croire M. Cohen.

L’analyse des bizarreries de ce procès et de la partialité du juge sort du cadre d’un article. On pourrait mentionner le traitement du témoin M. Costello ou encore le refus de laisser témoigner l’ancien président de la FEC, Brad Smith, qui était prêt à affirmer que « de tels paiements ne peuvent être considérés comme des violations des règles électorales fédérales et qu’ils n’affecteraient pas l’élection même s’ils étaient considérés comme des contributions, puisqu’ils n’auraient même pas dû être déclarés avant la fin de l’élection » .

C’est votre dernier mot ?

Ce qui choquera sans doute le plus un observateur européen, mais qui n’a guère été souligné dans les médias, est que, dans la procédure new-yorkaise, les plaidoiries finales commencent par la défense, l’accusation ayant le dernier mot. En l’absence de réplique de la défense, c’est au juge qu’il incombe d’empêcher le procureur d’avancer des contre-vérités flagrantes, ce qu’il ne fera pas, laissant le procureur affirmer que la loi électorale a été violée par la campagne Trump.

Les instructions données au jury furent la cerise du juge Merchan sur le gâteau de cette étonnante justice. Rappelons que pour qu’il soit condamné Trump devait avoir falsifié des documents commerciaux dans le but de commettre une autre infraction plus grave. Comme il n’avait jamais été condamné pour cette supposée dernière, le juge Juan Merchan laissa le choix au jury entre trois options. Il pouvait s’agir de dissimuler une infraction électorale fédérale, de la falsification de documents commerciaux ou d’infractions fiscales. Mais le jury ne devait pas être unanime sur ce point et du moment qu’ensemble tout le monde était d’accord qu’une de ces infractions avait été commise – sans dire laquelle et même si les jurés n’étaient pas d’accord entre eux – le compte du « Donald » était bon ! On se saura donc jamais – et l’accusé non plus – quelle est ce crime secondaire pour lequel il n’a jamais été condamné mais qui lui vaut quand même d’être jugé coupable !

D’ailleurs, Donald Trump avait-il la moindre chance d’être déclaré non coupable avec un jury pêché dans un district électoral qui a voté à 86% pour Joe Biden en 2020 ? On ne s’attardera pas non plus sur le fait, à cinq mois de l’élection, en pleine campagne électorale, d’obliger le candidat républicain à être présent au tribunal quatre jours par semaine pendant plus d’un mois. Loin d’être la preuve d’un fonctionnement tout à fait normal de la justice, ce procès en était une grossière caricature, entaché de nombreuses irrégularités comme des dizaines de juristes et d’observateurs (Alan Dershowiz, Alex Berenson, Elie Honig, Johantan Turley..) l’ont mis en évidence. Malheureusement, dans le climat de polarisation de l’Amérique et de haine envers Donlad Trump, les faits importent peu. Il était donc important de les rappeler.

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Bardella, la tactique du gendarme

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DR.

Le RN joue à fond la carte de sa popularité au sein des forces de l’ordre ; on lui reproche d’enfreindre la loi. En revenant sur la polémique autour d’une affiche de campagne du Rassemblement national, Jordan Bardella a dénoncé « l’ombre du gouvernement et de Gérald Darmanin ».


Une affiche électorale du RN agace le patron de la gendarmerie. Et agacer est un faible mot. Christian Rodriguez, Directeur général de la Gendarmerie nationale, est colère. Gérald Darmanin, aussi. Sur une affiche du RN, on voit un gendarme – du moins, un homme en uniforme de gendarme – de dos. Légende : « Je suis gendarme. Le 9 juin, je vote Bardella. » Sur X (ex-Twitter), l’affiche est accompagnée d’un commentaire un peu plus long : « Parce que je souhaite que les Français vivent en sécurité dans un pays où l’ordre est respecté et où on ne risque pas sa vie pour un regard de travers, le 9 juin je vote pour la liste de Jordan Bardella. » A noter que les créatifs du RN proposent une affiche similaire avec un militaire. « Contre une armée européenne, contre le partage de notre dissuasion, je vote Bardella », peut-on lire sur celle-là. 

Le général Rodriguez a apostrophé la tête de liste RN sur X. «Vous semblez ignorer que le statut militaire interdit ce genre de message ». Avant de l’appeler à respecter le «gendarme et son statut, dans ces périodes où son engagement peut le conduire aux pires conséquences.» Réplique de Bardella: Rodriguez contrevient à son devoir de réserve «pour prendre à partie de manière inélégante, outrancière et polémique» un responsable politique.

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Cette affiche viole-t-elle la loi ? La loi, je l’ignore, une certaine délicatesse républicaine, sans doute. Tous les partis ciblent des clientèles (les professeurs, les pêcheurs à la ligne ou les amoureux des bêtes), c’est très classique. Que le RN cherche le vote des militaires et des gendarmes est parfaitement légitime. Seulement, le visuel et l’usage de la première personne embarquent l’institution. Ces affiches ne disent pas exactement « gendarmes, votez pour nous », mais « les gendarmes votent pour nous ». D’ailleurs, Jordan Bardella le dit au général Rodriguez, dans leurs échanges sur X : beaucoup de gendarmes votent pour le RN, ce qui semble vous contrarier… Factuellement, ce n’est pas faux: la popularité du RN chez les militaires est notoire. Par ailleurs, il n’y a que peu de partisans enthousiastes de la défense européenne dans l’armée.

Mais imaginez une affiche « Les profs votent LFI » ou « Les journalistes votent Glucksmann ». Ce serait largement vrai aussi, mais on dénoncerait à raison l’arraisonnement de corporations entières par la gauche. S’agissant de l’armée ou de la gendarmerie, c’est plus fâcheux encore. Le Code Général de la Fonction Publique stipule que « tout agent public doit faire preuve de réserve et de retenue dans l’expression de ses opinions ». Une exigence plus stricte encore bien sûr pour les représentants d’institutions garantes de l’ordre, de la sécurité et de l’unité nationale. Ces derniers doivent échapper à tout soupçon de politisation, raison pour laquelle l’armée est qualifiée de « grande muette ». Un gendarme ne peut pas évoquer publiquement son vote, surtout en le liant à son statut, donc le « supposé » gendarme de la photo sur l’affiche est en faute.

Certes, comme le dit Bardella, « les gendarmes ne sont pas des sous-citoyens. Ils ont parfaitement le droit d’exprimer une opinion politique dans l’isoloir ». Sauf qu’il nous prend un peu pour des lapins de trois semaines, parce qu’une affiche n’est pas un isoloir. C’est même le contraire.  


Cette chronique a d’abord été diffusée ce matin sur Sud Radio

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L’antisémitisme, est-ce normal? Non, c’est Normalien!

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"Marche contre le fascisme", Paris, 1er juin 2024 © Gabrielle CEZARD/SIPA

Après Sciences-Po et Harvard, c’est l’Ecole Normale Supérieure qui se mêle de défendre les terroristes du Hamas — sous couvert de défendre la Palestine et son droit à un État sans voisins juifs. Notre chroniqueur, ancien élève de cette vénérable institution, n’en est pas revenu.


Dans une interview réalisée en janvier par le podcaster koweitien Amar Taki, le chef du Hamas « extérieur », Khaled Mashaal, s’est exprimé clairement sur ce que voulaient les Palestiniens : un seul État, et l’annihilation de « l’entité sioniste ». Il a noté que l’attaque dévastatrice de son groupe terroriste contre Israël le 7 octobre a prouvé que la libération de la Palestine « du fleuve à la mer » est une idée réaliste.

Le slogan est régulièrement scandé lors des rassemblements d’étudiants américains et dans les capitales européennes, un soutien dont ce chef terroriste se félicite. Avant-hier, c’était Sciences-Po, puis ce fut Harvard et les universités américaines, et hier c’était l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm, dont sont sortis nombre de bons et de grands esprits, et qui est aujourd’hui un repaire de vipères antisémites.

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Yana Grinshpun, maître de conférences en sciences du langage à l’Université Paris III-Sorbonne Nouvelle, et Georges-Elia Sarfati professeur des universités, linguiste, psychanalyste et fondateur de l’École Française d’analyse et de thérapies existentielles, se sont exprimés avec éloquence sur le sujet dans un podcast du Figaro il y a trois jours. La cérémonie de remise des diplômes a été sérieusement perturbée par des étudiants pro-palestiniens, devant les yeux éberlués des enseignants et des administratifs :

« Certes, à l’ENS on nous a épargné le spectacle de conversion massive à l’islam, comme cela a été le cas à l’université de Columbia au cours des mois de mars et d’avril 2024. Le fait est qu’en France, nous sommes toujours un peu en retard. Il n’y a rien à reprocher à la direction de l’ENS, sa lâcheté est sans lacune et sa complicité sans faille avec ce spectacle de décadence. »

Etienne Delarcher révèle ce qui se dit dans les mosquées françaises

« Spectacle de décadence » ? Je n’en suis pas sûr. Il s’agit de manifestations orchestrées en sous-main par des groupes qui se fichent certainement des Palestiniens (qui sont méprisés par l’ensemble des pays arabes, qui les ont régulièrement rejetés, voire massacrés, au fil des décennies) mais veulent enfoncer, un coin toujours plus profond, dans le cœur même de la France.

Hier le voile islamique, aujourd’hui la Palestine, demain la charia. Le dernier numéro de Marianne, qui cite abondamment le témoignage d’Etienne Delarcher (un prudent pseudonyme), journaliste infiltré depuis trois ans dans les mosquées françaises (financées en partie avec l’argent de l’Etat, en Alsace) pour y entendre les prêches et dialoguer avec les imams, est éloquent sur ce point : amputation des voleurs et obéissance absolue des femmes aux quatre volontés de leur mari (« Aujourd’hui, ton mari a besoin de toi au lit, tu ne vas pas dire non, c’est une obéissance obligatoire », dit un religieux de Villeurbanne), le Coran est valide « des débuts de l’islam jusqu’à la fin des temps ».

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Mais le plus édifiant, c’est l’enquête de Jeremy Stubbs dans Causeur, en janvier dernier. Sous le titre « Le grand capital contre les Juifs », Stubbs explorait les filières financières, prenant leur source aussi bien au Qatar que chez certains capitalistes (George Soros par exemple), opportunément antisémites. Reprenant l’enquête de Bari Weiss dans The Free Press, il souligne que les fonds (13 milliards de dollars) transitent par un réseau opaque d’organismes « humanitaires » — étant entendu que l’humanitaire consiste aujourd’hui à trucider des Juifs pour le plus grand bien des Palestiniens. Quand vous voyez une manif pro-Hamas, demandez-vous d’où viennent les fonds qui en ont permis l’organisation, quels avocats défendent les manifestants interpelés, etc. Et lorsque vous entendez « Palestine vaincra », calculez la puissance du slogan en poids d’Israéliens assassinés.

Bêtise généralisée

Le parallèle qu’établissent les imbéciles avec les slogans de 68 sur le Vietnam sont sidérants de crétinerie. Aucun organisme ne finançait les partis d’extrême-gauche (et surtout pas les Soviétiques, ni les Chinois qui à cette époque tentaient de sortir de la Révolution culturelle).

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Aujourd’hui, les pétrodollars coulent à flot, et les achats visibles des Qataris (le PSG, les hôtels Royal Monceau, Concorde Lafayette, Carlton ou Martinez — ou le Printemps) sont les leurres des opérations souterraines.

Tous ceux qui dimanche prochain voteront Mélenchon doivent savoir qu’ils donneront leur bulletin aux monarchies du Golfe et aux Frères musulmans. Et je trouve Darmanin un peu lent à la manœuvre pour débusquer les grands argentiers du racisme ambiant, dans la rue comme à l’ENS. Comme l’écrivent Yana Grinshpun et Georges-Elias Sarfati à la fin de leur article : « Personne ne semble comprendre que seules les mesures strictes (privation de diplôme ou exclusion de l’école) peuvent incarner la loi. » Je ne saurais mieux dire.

Etienne Delarcher, Au cœur de l’islam de France, trois ans d’infiltration dans 70 mosquées, Editions du Rocher, mai 2024, 224 p.

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