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Le Japon, l’autre pays de la peine de mort

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107 détenus attendent dans les couloirs de la mort des prisons nippones, ce qui fait du Japon, avec les Etats Unis, l’un des deux dernier pays développés à garder la peine capitale dans leurs arsenaux juridiques.
Malgré la popularité de la peine de mort dans le pays, le Parti Démocrate du Japon (PDJ), au pouvoir depuis un an, avait l’intention de lancer «une discussion d’ampleur» sur le sujet, ce qui en langage politique veut dire avancer vers son abolition. Pour conduire à bien la manœuvre, le portefeuille de la Justice a été confié à Keiko Chiba, opposante déclarée à la peine de mort.
Néanmoins, faute de reforme, le ministre s’est vu obligé de donner son accord à l’exécution des deux assassins. Mais pour manifester son opposition de principe avec cette pratique que son poste l’oblige à faire respecter, Madame Chiba a décidé d’assister au deux exécutions capitales par pendaison qui ont eu lieu à la prison de Tokyo le 18 aout dernier. En plus, pour s’assurer que le débat lancé par son geste «prenne», elle a autorisé les médias à visiter les couloirs de la mort. Vaste programme que ce « débat national », si on considère qu’une écrasante majorité de Japonais voit plutôt d’un bon œil cette sanction maximale: d’après un sondage effectué l’an dernier 86% des personnes interrogées la jugent nécessaire.

Pourtant, Madame le Ministre ne devrait pas désespérer; rappelons qu’en France, au lendemain de l’abolition de 1981, 63% des sondés étaient favorables à son maintien…

Futurs parents : faites les 104 coups!

Vous voulez un enfant : faites les 104 coups ! Il y a quelques jours, on apprenait en effet dans Le Parisien qu’il faut en moyenne faire l’amour 104 fois pour que l’improbable rencontre entre un ovule et un spermatozoïde ait lieu. Soit quatre fois par semaine pendant six mois – donc, petits malins, inutile d’essayer d’atteindre ce score en trois jours, ça n’augmentera pas vos chances.

Cette importante révélation nous est offerte par une marque américaine de tests de grossesse qui a suivi 3000 femmes désireuses de devenir mères et ayant accepté de consigner avec précision les dates auxquelles elles ont pratiqué le stupre et la fornication comme disait Brassens.

Ne vous méprenez pas, tout ça est très sérieux. On ne rigole pas avec le « désir d’enfant », sauf si on veut se faire fouetter par Ségolène Royal (ne rêvez pas les amis, je n’ai pas dit par Sarah Palin). Et il faut être vraiment être mauvaise femme et de petite vertu comme qui vous savez pour ne pas trouver que le « droit à l’enfant » devrait être inscrit dans la déclaration universelle des droits de l’Homme. Pour autant, je ne suis pas un monstre insensible : j’admets qu’il est fort bon que la science aide à procréer tous ceux qui se sentent de taille à être parents et que la nature a privés de cette faculté. On me permettra cependant de remarquer que la technologie ne fait pas toujours bon ménage avec la poésie. Ainsi trouve-t-on dans le commerce des tests d’ovulation qui permettent aux femmes de savoir à quel moment elles sont fécondes et de siffler en temps voulu le reproducteur sélectionné. Chéri, c’est l’heure ! Ça fait envie, non ?

Ventre à moitié plein ou à moitié vide

Quoi qu’il en soit, cette étude révèle un changement de perspective considérable. Hier on jouait avec le risque, aujourd’hui on évalue ses chances. Des générations de femmes ont pensé qu’elles « tombaient enceintes » – la sémantique dit tout – trop vite et trop souvent. La mienne trouve que pour atteindre le nirvana de la grossesse – et de la maternité qui s’ensuit généralement – les femmes doivent trop payer de leur corps. En somme, c’est une histoire de ventre à moitié plein ou à moitié vide. De fait, pour nos grands-mères et aïeules, la grossesse était parfois une joie, enfin je suppose, et souvent une catastrophe, voire, pour celles qui avaient fauté hors-mariage, une malédiction. Pour une partie de mes contemporaines, elle semble être devenue le sens même de la vie, la seule expérience dont on ne pourrait pas se passer. C’est à se demander si le fameux « désir d’enfant » ne serait synonyme de renoncement au désir tout court.

Mais et le sexe dans tout ça ? Des siècles durant, les Eglises ont mis le désir hors-la-loi. La jouissance était la passagère clandestine ou, pire, l’effet pervers de la volonté d’engendrer. La déconnection du plaisir et de la procréation a permis aux hommes et aux femmes de se soumettre librement aux tourments du sexe et de l’amour et même à l’aliénation qui va avec. Remplacer la religion de Dieu par celle de l’enfant, cela ressemble furieusement à un retour à la case départ.

Ne croyez pas que je suis favorable à la décroissance démographique – ni d’ailleurs, à la décroissance tout court. La reproduction a toujours été un besoin de l’espèce et c’est heureux. Pour autant, je n’aimerais pas qu’elle devienne la fin ultime d’une humanité qui n’aurait plus d’autre rêve que celui de sa propre conservation.

Antisémantisme primaire

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Juif errant

Tout s’est passé très vite, si vite que je n’ai pas vu le coup venir. C’était lors de la « tempête de cerveaux » d’où sortit, telle Vénus de sa coquille Saint-Jacques, le thème de ce dossier : « Sous les pavés, la France ! » Une superbe accroche assurément, avec son côté provoc’ droitière bien dans la manière de Causeur comme j’aime. Et chacun, dans l’enthousiasme de cette trouvaille, d’égrener à son tour les multiples « questions d’actualité » – comme on dit dans nos Chambres d’enregistrement – à aborder dans le cadre de ce dossier « beau, grand et généreux » comme la France elle-même : laïcité, communautarisme, islam, burqa, minarets, Zemmour, etc., sans oublier bien sûr le vrai-faux débat sur l’identité nationale.

Et moi de ramener ma fraise en ajoutant : « Et les juifs ? » Comment parler de la France aujourd’hui sans évoquer la question des relations entre Israël et les juifs de France ? Parce que quand même, sans me vanter, notre pays[1. La France, donc.] a bel et bien importé chez lui le conflit israélo-palestinien, ou judéo-arabe, ou isaaco-ismaélien pour les plus théologiens d’entre nous. Au point même d’en faire un élément « clivant », comme on dit, de notre sempiternel débat droite-gauche.

Au-delà des jeunes-des-cités, la droite n’accuse-t-elle pas une certaine gauche d’« antisémitisme déguisé en antisionisme » ? Au-delà du Front national, la gauche ne soupçonne-t-elle pas toute la droite d’une « islamophobie » même pas déguisée, sous laquelle pointerait même le museau du racisme ? Et puis surtout, quand on s’appelle Causeur, n’est-ce pas pour causer librement de tout – y compris des sujets qui pourraient fâcher[2. Pas question de les dénoncer, ce n’est pas mon genre, mais il y a des juifs à Causeur – et haut placés !] ?

[access capability= »lire_inedits »]J’ai compris un peu tard mon erreur : déjà, la reine Élisabeth m’avait chargé d’écrire, sur cette « question complexe », comme elle a ajouté sans ironie, le papier que je me serais volontiers contenté de lire ! La prochaine fois, promis, je réfléchirai avant de me taire. Mais là, c’était un peu tard : il a bien fallu que je m’y colle…

Pour « importer un conflit », il faut être deux

Bon, reprenons au début, comme on dit dans les gardes à vue. La « proche-orientalisation » du débat politique national ne doit rien au hasard. Elle a au moins une première cause évidente : la présence en France de quelque six millions de personnes d’origine maghrébine[3. Est-ce que je compte là-dedans les clandestins ? Certes non ! Par définition, même Hortefeux serait bien en peine de le faire…] aux statuts infiniment variés, du citoyen au clandestin (drôlement rebaptisé « sans-papiers », comme s’il les avait égarés…)

La responsabilité de cet état de fait n’incombe évidemment pas aux intéressés, mais à nos gouvernants, infoutus depuis quarante ans de mener une politique cohérente en matière d’immigration. Les frontières d’un pays qui se respecte ne sont pas les battants de porte d’un saloon, bon sang ! Quant au droit du sol, il implique l’assimilation des impétrants. Pour avoir perdu de vue ces évidences, la France se retrouve avec sur les bras, si l’on ose dire, des millions de gens qu’elle « intègre » à l’aveuglette, au risque de se désintégrer.

Mais trêve de banalités ! Pour « importer un conflit », il faut être deux, et je tiens que ce sont les juifs de France qui ont commencé – comme on dit dans les cours de récré. Je le tiens même de la première manif à laquelle il m’ait été donné d’assister. C’était en 1967, au moment de la guerre des Six-Jours. Cette année-là − à peine sevré ! − je sortais un soir du Drugstore où j’avais tété ma glace préférée[4. Un « Chocolate rock », pour les historiens : le genre de goûter qui rendait impossible tout dîner.]. Sur l’avenue des Champs-Élysées, il y avait une petite foule : des gens défilaient dans la bonne humeur en brandissant des drapeaux et en scandant des slogans. La fête, quoi !

Renseignements pris auprès des participants, il s’agissait d’une « manif de soutien à Israël » – qui, en l’occurrence, n’en avait guère besoin, mais ça je ne l’ai su qu’après. Sur le moment, comment vous dire ? J’étais jeune, il faisait beau, l’ambiance était cool et mes nouveaux amis m’ont tout expliqué : en gros, Israël[5. Que je situais alors vaguement sur une autre planète.] était un « bastion de l’Occident » menacé par des hordes barbares. Comment ne pas sympathiser ?

En plus, au premier rang figuraient non seulement Enrico Macias – que je trouvais déjà ringard comme Tino Rossi –, mais surtout Johnny, « l’idole des jeunes » dont je faisais partie. Pour tout dire, je lui devais même ma première prise de conscience politique… L’année d’avant, je m’étais découvert « droitier » en prenant parti, tout seul dans ma chambre, contre les Élucubrations d’Antoine – qui voulait l’enfermer « en cage à Medrano » – et surtout pour sa réponse proto-houellebecquienne : Cheveux longs et idées courtes[6. Depuis, le combat entre eux s’est déplacé sur le terrain de la lunetterie.].

Malgré mon enthousiasme, quelque chose m’a vite chiffonné : outre un « Israël vaincra ! » somme toute logique, le principal slogan, c’était : « Les Français avec nous ! » Gulp ! Je me souviens même de m’être dit in petto : « Ah bon, Johnny il est juif ? Et les juifs ne sont pas français ? »

Sans le savoir, j’assistais là au premier mouvement de raidissement, voire de repli identitaire de certains juifs de France (et de sionistes agrégés, si j’ose dire, comme Johnny).

Pourtant, à l’époque, il y avait en France environ vingt fois moins de Maghrébins, et pas du tout de communautarisme arabe, ni a fortiori musulman. Tout a changé au tournant des années 1970, avec l’attentat terroriste de Munich et l’arrivée au pouvoir de Giscard[7. Qui était fait pour diriger la France comme moi pour être major de l’ENA.].

Entretemps, la « guerre d’agression » menée par Israël avait été dûment condamnée, au nom de la morale, par l’Union soviétique, les dictateurs du tiers-monde, l’ONU, la gauche et même le Bon Dieu – version vaticane, cru Paul VI. Une condamnation restée purement platonique, certes, grâce à l’indéfectible allié américain ; n’empêche ! Il devenait compréhensible, voire légitime, que les juifs de France se sentent chaque jour un peu plus solidaires de leurs frères israéliens – montrés du doigt, vilipendés, voire désignés à la vindicte mondiale en tant que « fascistes »[8. Comme déjà Nixon en 68, ou de Gaulle dès 58 : « Le fascisme ne passera pas ! », criait la gauche analphabète face au danger de la Constitution Debré.].

Le raidissement communautairese généralise

Le problème, du point de vue français, c’est que, depuis quarante ans, ce raidissement a tendance à se généraliser. Il est vrai aussi que, dans l’intervalle, la communauté arabo-musulmane est devenue le terreau d’un « nouvel antisémitisme » à base de solidarité politico-religioso-radicale et de frustration sociale.

C’est même là toute la difficulté : une sorte de montée aux extrêmes que rien ni personne ne semble en état de maîtriser. Il n’est pas jusqu’à notre cher Finkielkraut qui n’en vienne à s’alarmer… d’un simple dialogue Debray-Barnavi[9. Lettre à un ami israélien, de Régis Debray.] ! Ces deux-là, s’inquiète-t-il, n’auraient pas pris en compte l’essentiel, à savoir « l’extrême vulnérabilité d’Israël ». Comme si cet État, pour assurer sa survie, ne s’en tenait pas strictement au mot d’ordre maoïste : « Compter sur ses propres forces ! »

Quant au fameux « processus de paix », c’est comme le monstre du Loch Ness : avec le temps, aucun riverain n’y croit plus – hormis une extrême gauche improbable[10. Pardon pour le pléonasme.] et quelques intellos bruyants. La paix, comme chacun sait, on la signe à Rethondes, une fois qu’on a gagné !

Je crains qu’aujourd’hui en France « nos » juifs n’aient tendance, notamment face à « nos » Arabes, à reproduire les schémas israéliens : une mentalité obsidionale débouchant sur une fuite en avant stratégique. C’est d’autant plus dommageable qu’ici, si ça se trouve, on n’est même pas encore en guerre !

Sérieusement, puisqu’on parle France, comment ne pas pointer le danger pour sa cohésion nationale ? Comme si elle n’était pas déjà assez mal prise, entre une mondialisation qui la rapetisse, un Occident perdu, une Europe introuvable et une Asie déjà assise à table…

Dans ces circonstances délicates, les patriotes conscients et organisés, qu’ils soient juifs, cathos ou dadaïstes, n’ont pas le droit de se prêter à la tribalisation du débat public. Bien sûr, la gauche n’aspire qu’à ça : incarner une fois de plus – comme elle en a pris l’habitude depuis qu’elle écrit l’Histoire – la générosité tous azimuts face à une droite recroquevillée sur ses phobies.

Ce sont les institutions qui font les hommes, et non l’inverse

Mais la politique, c’est autre chose : Principiis obsta !, comme disent mes derniers amis latinistes. À l’intention des autres, disons simplement qu’il faut s’en prendre aux causes et non aux effets. Comme je l’ai déjà habilement suggéré, la présence sur le sol national de millions d’étrangers, dont beaucoup ont la ferme intention de le rester, n’est que la conséquence d’une gestion directement inspirée d’Ubu roi.

Alors, on fait quoi maintenant ? Chassons-les, ils reviendront au galop ! Humilions-les, ils deviendront cette base « de masse » dont rêvent néo-marxistes et islamistes… Attention, je ne prétends pas non plus avoir en magasin des solutions toutes faites : je ne suis même pas candidat pour 2017 comme Copé ! J’aspire seulement, en tant que citoyen, à des lois plus justes qui, disons, traiteraient les politiciens comme les immigrés. Provocation ? Sûrement pas, vous me connaissez ! Ou alors juste provocation à la réflexion.

Dans ces deux groupes, par ailleurs pléthoriques, tout se passe comme si certains n’étaient là que par intérêt… Un rééquilibrage entre droits et devoirs n’aiderait-il pas, ici et là, à séparer le bon grain de l’ivraie ?

L’idée est simple : encourager dans leur voie les seuls politiciens qui ont vraiment la vocation de servir la France, et les seuls immigrés qui ont pour vocation d’en faire partie, c’est-à-dire d’en faire leur patrie.

Ah oui, encore un truc : si par extraordinaire on m’écoutait, même à titre posthume, encore faudrait-il s’occuper d’abord des premiers. Les lois ne valent pas mieux que les hommes qui les font ; or ce sont les institutions qui font les hommes, et non l’inverse ; donc il convient d’adapter les institutions aux hommes, et pas le contraire.

« Gouverner, c’est contraindre », disait le regretté Georges Pompidou. Après quarante ans d’incurie, il nous faudra au moins des moines-soldats pour contraindre ce pays à retrouver les moyens de sa survie, tant la décadence est plus douce. Et comme l’exemple ne peut venir que d’en haut, je propose pour commencer une modeste réforme du statut du chef de l’État, articulée autour d’un mandat présidentiel de dix ans non renouvelable. Ça devrait lui permettre de songer au long terme sans plus se préoccuper des coteries et des partis. Bref, la classe monarchique dans le respect des principes républicains : qui dit mieux[12. Pierre Boutang bien sûr, mais il est mouru.] ?

BHL, « juif d’affirmation »

– « Et les juifs dans tout ça ? », répondront les plus attentifs d’entre vous. Eh bien justement, j’allais y revenir. Assimilés de longtemps et fiers de l’être à juste titre, faisant même « souvent partie de l’élite »[13. Comme dit Élisabeth Lévy dans son livre d’entretiens avec Robert Ménard, Les Français sont-ils antisémites ? (Mordicus, 2009). C’est bon, je suis couvert ?], ils doivent eux aussi montrer l’exemple – aux Français de papier comme aux « Gaulois » assoupis sur leur souche.

À cet égard, comme à l’ordinaire, Bernard-Henri Lévy constitue une assez fiable boussole à l’envers. Je ne parle pas de son dernier pamphlet, intitulé en toute simplicité De la guerre en philosophie ; l’auteur, censé déconstruire le kantisme en vingt pages, y appelait à sa rescousse un philosophe imaginaire – autant dire un collègue. Outre cette perle d’inculture saluée par toute la critique, la collection de printemps 2010 griffée BHL comportait un pavé de mille pages qui, du coup, fut injustement négligé.

C’est pourtant ce qui nous concerne : Pièces d’identité[14. Ne dirait-on pas le titre d’un one-man-show ?] collige l’essentiel des Discours & messages du bonhomme depuis quatre ans. Et au milieu coule un chapitre – fleuve de 250 pages, toujours aussi sobrement titré : Génie du judaïsme (salut Chateaubriand, ça va, et toi ?) BHL s’y pose en « juif d’affirmation », face à des « juifs d’assimilation » qu’il n’a pas de mots assez durs pour fustiger. Des lâches, tout simplement, puisqu’ils auraient « renoncé à leur identité » en acceptant le triste sort réservé aux juifs par la Révolution française : « reconnaître tous les droits à l’individu, aucun à la communauté ». Et de s’en prendre notamment à l’insoutenable légèreté du dénommé Raymond Aron, qui opta pour l’assimilation alors même qu’il avait connu l’antisémitisme nazi.

Bernard-Henri, lui, c’est l’inverse : au nom de drames qu’il n’a pas connus, il appelle au repli sur l’Aventin identitaire sans même en mesurer les conséquences. La preuve : ça ne l’empêche pas de prôner, dans la foulée, « une séparation absolue entre les convictions privées et l’espace public ». Incohérence ? Que non pas ! Simplement, savez-vous, le judaïsme est le contraire d’une conviction privée : « un trésor intellectuel universel ».

Devant une telle argumentation, on reste coi, mais qu’importe ? L’essentiel, Zemmour l’a déjà dit à BHL lors de leur rencontre sur le ring de Ruquier[15. « On n’est pas couché », 3 février 2010.] : comment combattre le communautarisme islamique quand on en revendique un autre ? « Tariq Ramadan n’est pas votre pire ennemi ; c’est votre meilleur disciple ! » En gros, si un communautarisme, quel qu’il soit, l’emporte sur le patriotisme, on est cuits ! Dans le cadre national en revanche, rien n’empêche personne d’afficher ses affinités électives quelles qu’elles soient.

C’est clair ? En tout cas, ça l’était pour ce vieux con de Raymond Aron, qui critiqua durement la politique proche-orientale du Général[16. De Gaulle, Israël et les juifs, Plon, 1968.], mais pas au point d’en faire une obsession ni même un créneau. Un bouquin sur quarante, pas plus – et pas le plus important, selon l’auteur lui-même. C’est que le Raymond se considérait comme un juif français, et non pas simplement comme un juif de France[17. Ni a fortiori comme un « juif polonais né en France », selon le titre des Souvenirs obscurs de feu Pierre Goldman.]. Moi, j’aurais encore préféré Français juif, mais vous me direz, je ne suis pas juif !

Bref, c’est un des avantages de notre bel idiome par rapport au pidgin ou à l’esperanto : la possibilité, non pas d’une île, mais d’un archipel de nuances. Chez nous, Monsieur, les mots ont un sens et leur agencement aussi ! Les mépriser serait faire preuve d’un antisémantisme primaire et dangereux.

Aron par exemple, à mes yeux, avait tous les défauts : libéral, atlantiste et plus intelligent que moi. Mais pas « juif » ! BHL, en revanche, qui a tous les talents, a en particulier celui de m’horripiler ; m’est avis qu’il serait même redoutable, si les « vraies gens » venaient à l’écouter.

Quant aux juifs en général, qu’est ce que vous voulez que je vous dise ? Comme l’expliquait à peu près la Bible, il y en a autant de sortes que d’étoiles dans le ciel ou de grains de sable dans la chaussure… Simplement, la France, en ce moment, a bien assez de grains de sable ; elle aurait plutôt besoin de regarder les étoiles ![/access]

Galouzeau, roi de la métaphore

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Dans l’opus que Le Monde s’est empressé de publier sans même le soumettre à la lecture pointilleuse des secrétaires de rédaction, Dominique Galouzeau de Villepin, ci-devant premier ministre et aspirant à la plus haute fonction de la République, s’est déchaîné contre son ennemi intime Nicolas Sarkozy. Et quand Galouzeau est en colère, côté style, ça déménage ! Il pleut des métaphores comme à Gravelotte. Passe encore pour la « tâche de honte sur notre drapeau » déposée à Grenoble par le président en exercice. Aurait-il lu Philippe Roth ? Cette tache nous plonge dans la perplexité quant à sa nature.

Mais la franche rigolade est de mise lorsqu’on découvre les figures de style villepiniennes qui nous invitent à constater, par exemple, que « la rupture ente le sommet de l’Etat et la nation est en marche ». Je dirais même plus : la rupture, elle court ! Il accuse également notre président et ses courtisans de tenter de réveiller « L’hydre (qui sommeille) au fond de chacun de nous ». Il ne peut s’agir que d’une version parasite, style ténia, de l’hydre de Lerne, dont Hercule trancha d’un seul coup d’épée les sept têtes. Quelle horreur ! Ce Sarko est pire qu’un monstre ! Il invite d’autre part les hommes politiques à « se hisser au delà des arrière-pensées électorales ». Comme il est déjà pour le moins hasardeux, stylistiquement, de se hisser au-delà de la pensée, il faut être un cador de la poésie comme Dominique pour réaliser cet exploit « au-delà de l’arrière ». On a pu entendre quelques commentateurs de la radio publique française qualifier cette prose de « gaullienne ». Disons plutôt : gaugaullienne.

Prière de ne plus prier

Le père Arthur Hervet : prêtre ou jeteur de sorts ?

L’histoire a tourné en boucle ces jours-ci : le père Arthur Hervet, 71 ans, assompsionniste lillois, a déclaré face à des journalistes : « Je prie, je vous demande pardon, pour que M. Sarkozy ait une crise cardiaque. » Quelques heures après, l’ecclésiastique se rétracte, convoque une conférence de presse et fait pénitence. La presse compatit et justifie, dans ses oeuvres, le brave vieux exténué par les combats qu’il mène en faveur des Roms. Le diocèse de Lille y va de sa petite antienne catholique : « Ses mots ont certainement dépassé ses propos. » Ite missa est ? Mon cul, oui ! On ne quitte rien du tout avant l’élévation.

Les mots du curé lillois ont certainement dépassé ses propos. Son repentir était des plus sincères. Chacun peut en être convaincu. Cependant, vouloir, dans son for intérieur, la mort d’un homme n’est déjà pas rien. Prier pour elle, nom de Dieu, est une sacrée affaire ! Prier pour cette mort et l’annoncer publiquement, lorsque l’on est prêtre de l’Eglise catholique, apostolique et romaine (et néanmoins lilloise) est une autre chose encore.

On n’est plus dans le christianisme, on est dans le gore, le film de série Z, non plus dans les canons de l’Eglise. Le christianisme est né au Golgotha. Il repose essentiellement sur la victoire de la vie sur la mort. Cela s’appelle la foi en la résurrection. « Mort, où est ta victoire ? » Voilà ce que tout chrétien, après la lettre de Paul aux Corinthiens, peut proclamer à la face du monde. La plus irrationnelle question de l’univers est la raison d’être de tout chrétien.

Prier pour qu’advienne sur un homme la mort n’est pas simplement en contradiction avec je-ne-sais quelle éthique chrétienne : c’est la négation même de la foi au Christ ressuscité. Qu’un prêtre prie pour que la mort advienne sur un homme revient à consacrer la victoire de la mort sur la vie. Il y a quelque chose de vaudou là-dedans : certes, on suppose le père Hervet gentil avec les animaux – aucun poulet n’aura été sacrifié dans son anti-exorcisme –, mais « prier pour la mort » n’a pas franchement une tronche très catholique.

Et puis, Dieu sait que tout ça n’est pas très canon. Le droit canonique – qui n’est pas une fumisterie lorsque l’on est prêtre catholique – prescrit qu’il y a des conduites incorrectes par nature et d’autres qui le deviennent selon les circonstances de temps et de lieu. Le canon 285 interdit au clerc tout ce qui ne convient pas à son état. Souhaiter la mort de quelqu’un convient-elle à un prêtre ? Conseiller de la nonciature aux Etats-Unis, Mgr Jean-François Lantheaume répond : « Il va de soi que « souhaiter la mort de quelqu’un » non seulement ne convient pas à un clerc, mais a fortiori à un chrétien même, car souhaiter que quelqu’un meurre, c’est lui souhaiter du mal, et partant, c’est un péché grave, ce n’est pas seulement une grave entorse au droit canonique mais au précept évangélique qui nous commande d’aimer nos ennemis et de prier pour eux. Le canon 287 – plus général que le canon 285 du CIC 1983 –, intime l’application au maintien entre les hommes de la paix et de la concorde fondée sur la justice. Prier pour la mort d’une personne physique relève non seulement d’une infraction à ce canon – puisqu’en l’état, on entraîne inévitablement un appel à la haine et au mépris, donc à la discorde et à l’injustice – mais aussi relève de la gravité amorale manifeste de la part du clerc qui adresse cette prière. A moins qu’on soit en présence d’un être « non compos sui », qui ne dispose ni de ses facultés mentales ni de son jugement, la question doit être traitée non plus seulement sur le plan canonique, mais aussi sur le plan moral. L’agir moral du prêtre qui appelle à prier pour la mort de quelqu’un, par haine ou mépris, est intrinsèquement mauvais moralement car, en contrevenant directement le Décalogue, il emporte ex toto genere suo une violation grave de l’ordre moral de par sa malice. Cette contravention entraîne un préjudice non seulement de la personne, mais aussi de l’ordre moral objectif et demande réparation. Il revient à l’ordinaire du lieu de prendre une juste peine pour faire cesser ce trouble public. »

Il y aurait donc, selon ce spécialiste du droit canon, matière à poursuites. Des poursuites qui pourraient aller loin, jusqu’au renvoi du père Hervet de l’état ecclésiastique. Mais le droit canon, qui s’en soucie ? Qui le prend au sérieux ?

Cependant, une question fondamentale se pose à l’évêque de Lille comme à l’ensemble des évêques de France. Peuvent-ils imaginer ce qui se serait passé si la prière du père Hervet avait été exaucée ? Quoi – rires entendus à la Conférence épiscopale –, vous croyez encore que les prières adressées au Très-Haut peuvent être exaucées ? Pères évêques, à vous de répondre maintenant : croyez-vous encore en la prière ?

Cinq trucs faciles pour tricher à la session de septembre

Un rouleau de papier hygiénique
Le rouleau de papier hygiénique, bon rapport qualité-prix

1. Antisèches
Qualités : un classique indémodable.
Défauts : pas toujours facile de retrouver la page « Structures agraires dans l’Occident médiéval au VIe siècle ».

2. Liaison émetteur-récepteur indétectable (avec complice à l’extérieur)
Qualités : discrétion, modernité.
Défauts : douleurs au moment de la greffe dans la trompe d’Eustache.[access capability= »lire_inedits »]

3. iPhone
Qualités : un néo-classique indémodable.
Défauts : risque de recopier inconsidérément toutes les erreurs factuelles contenues dans Wikipédia. Sauf si, comme il est vraisemblable, l’examinateur puise à la même source pour faire ses corrections.

4. Rouleau de papier hygiénique
Qualités : bon rapport qualité-prix. Et puis, dans l’intimité des toilettes, on a tout loisir de faire le point sur la culture du manioc en Afrique subsaharienne des origines à nos jours.
Défauts : pas toujours facile de rembobiner.

5. Sosie
Qualités : simple et funky. Perspective d’un papier dans Technikart.
Défauts : pas évident de trouver un sosie incollable sur le contrat de bail à affermage indirect dans le Perche.
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Muray revient et il n’est pas content !

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Chaque année en période de rentrée, les magazines font leur rentrée avec des gros titres sur la rentrée. Histoire de faire les malins, pour le mensuel Causeur de septembre, nous avons donc décidé de faire un numéro spécial Philippe Muray, avec notamment une interview inédite, et une myriade de contributions qui le sont tout autant. Bref, si ce n’est déjà fait, abonnez-vous !

Chavez : trop de morgue!

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La devinette du jour : je jouis de 36% de popularité dans les sondages, l’économie de mon pays peine à sortir de la crise, mais en revanche la criminalité y est en plein essor ; qui suis-je ? Hugo Chavez, who else ?

À quelques semaines des législatives, la situation au Venezuela est plus que difficile. Le New York Times a même titré son dernier article sur le sujet « Le Venezuela, plus meurtrier que l’Irak, s’interroge » (« Venezuela, More Deadly Than Iraq, Wonders Why » . Selon les chiffres avancés dans cet l’article, 16000 Vénézuéliens ont été assassinés en 2009, ce qui laisse loin derrière non seulement l’Irak (4,644 civils tués) mais aussi le Mexique, pourtant en pleine guerre contre les barons de la drogue. L’image qu’accompagne ce texte, une photo prise dans la morgue centrale de Caracas et publiée en Une du quotidien vénézuélien « El Nacional », glace le sang.

Sans être dupe – ce n’est pas un pur hasard si cette histoire est publiée au beau milieu d’une campagne électorale – ni oublier que les morgues des voisins sont, elles aussi, bien garnies (en Colombie les assassins utilisent aujourd’hui Facebook pour faciliter leur besogne), ce phénomène met en lumière des maux profonds, notamment la politisation de la police et de la justice. Résultat : le pays est inondé d’armes illégales et la police arrive dans seulement 10% des cas à mettre la main sur les criminels. Comme par le passé, des mesures de «Salut public» prises pour corriger des injustices criantes finissent par frapper ceux-là même qu’elles auraient dû protéger.

Ce n’est pas pour rien que le golpe censé guérir tous les maux est une spécialité sud-américaine…

Les années Mitterrand et Craven d’Éric Neuhoff

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Éric Neuhoff
Éric Neuhoff.

En 1984, Éric Neuhoff prend le chemin des fugues. Il n’a pas encore 30 ans. Son premier roman, Précaution d’usage, a été salué par quelques glorieux aînés. Il écrit des articles chics et rapides dans des journaux qui, aujourd’hui, n’existent plus.

Un lointain cousin des « hussards »

Il fait déjà figure de lointain cousin des « hussards », Blondin, Nimier et Jacques Laurent. Il est temps pour lui, désormais, de n’en faire qu’à sa fête mélancolique. C’est ce que lui demande son éditrice, Marie-Hélène Orban, « de sa voix de petite fille ». Un Triomphe est donc le livre d’un jeune homme en liberté qui a « appris à lire dans le Club des Cinq, dans Bob Morane, dans San Antonio, dans SAS » et qui, avec le Drieu La Rochelle d’État civil, pense que « dès le moment où la femme entra dans ma vie et occupa mon imagination, tout fut bouleversé ».[access capability= »lire_inedits »]

Délaissant les genres qui enferment, Un Triomphe est une balade dans les années 1970 et dans le début des années 1980. Que faire ? se demande Neuhoff. Commencer par un éclat de rire triste, la gorge serrée, ce serait bien. Une princesse d’opérette, à la silhouette de papier glacé, vient de se marier. Et ce n’est pas avec lui. Caroline de Monaco, définitivement, est une adorable peste intouchable. Il faut tourner la page, préférer les actrices aux filles de Grace Kelly, leur écrire des lettres d’amour : « Vous êtes une idée, Isabelle, celle qu’on se fait du cinéma. Ne fichez pas les pieds dans l’existence, elle vous boufferait. Avec vous, on revient du côté des mythes et des héros. Vous êtes la preuve que les films et les femmes (c’est pareil) ne sont pas morts. Vous avez le tragique et la gaieté, la folie et la douleur, vous êtes le temps perdu, le travail, l’exil de soi, l’amour incompris (mettez des majuscules partout où vous voulez). » Adjani n’a pas répondu : elle a invité le jeune homme à dîner, oubliant toutefois de déposer sur ses lèvres un baiser de cinéma. Que faire, encore ? La voix d’Anna Karina, en écho, répond : « J’sais pas quoi faire ! » Neuhoff se souvient de l’adolescent provincial qu’il était, qu’il ne sera plus jamais : « Il avait besoin d’une ville assez grande pour lui, une ville livrée aux ombres, où il mangerait des Big Mac sous les néons, hélerait des taxis à l’aube, une ville où il pourrait s’oublier. Enfin. »

Être Bernard Frank ou rien

Que faire, finalement, en buvant des gin-tonics et en fumant des Craven A ? Ricaner de François Mitterrand et des socialistes qui découvrent le pouvoir. Se moquer des mœurs domestiques de Philippe Sollers. Visiter Michel Déon en Irlande. Partir en ouiquende à Trouville, dans les bras d’une brune demoiselle, et se dire que c’est l’unique remède acceptable aux tristes temps où nous vivons. Se rêver dans la peau d’un écrivain de la collaboration, Sachs par exemple, parce que l’œuvre est là, malgré tout, et la mort au rendez-vous. Être Bernard Frank ou rien. Dans les plus belles pages d’Un Triomphe, Neuhoff se rappelle de sa découverte des Rats, la Côte d’Azur, la dolce vita, l’ivresse triste au cœur, les mots comme des fusées dans une nuit d’été. Être Frank ou rien, c’est-à-dire écrire, l’air de rien, des petits chefs-d’œuvre dilettantes pour ne pas travailler, pour retrouver le temps. Un beau programme…

Un triomphe

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Lectures socialistes

Bon, je vous fais un petit rappel si vous avez manqué un épisode : les méchants détestent la culture, détestent la Princesse de Clèves, et ne jurent que par les matraques pleines de morgue des CRS ; tandis que les gentils aiment la culture et l’humanisme citoyen ! C’est très simple. Au Parti socialiste – par exemple – on est très gentils, c’est pourquoi on fait longuement étalage de sa passion pour la culture. Ainsi, la question culturelle semble être au centre de l’Université d’été du Parti socialiste qui va se tenir à la Rochelle du 27 au 29 août… et entre des conférences aussi prometteuses que « Yes we can : comment mobiliser notre électorat », « Faire société » ou encore « Carte blanche au MJS avec Danièle Mitterrand » (non, ce n’est pas une blague), les militants pourront voir la pièce de théâtre Il marchait vers la terre promise, dont la thématique citoyenne fait chaud au cœur : « Un samedi soir, à la fête foraine, Désiré, un jeune noir de 22 ans, sourd-muet tente d’échapper à un contrôle de police. Il est sans-papiers. » Et même pas homo, Désiré ? Petit bras ! On imagine aisément la suite tragique : les méchants, c’est la police et les gentils font du théâtre subventionné.

Henri Weber se cite lui-même dans ses lectures préférées !

Plus piquant, les militants socialistes pourront retrouver dans une librairie de la Rochelle les livres préférés des cadres du PS, présentés sur le site web du parti. Car oui, les gentils lisent des livres, tandis que les méchants font du jogging et caressent des Rolex sur les ponts en acajou des yachts de milliardaires. Sans surprise, on voit que les dirigeants socialistes lisent Karl Marx, Albert Camus et se lisent parfois eux-mêmes. (Henri Weber citant parmi ses livres préférés l’un de ceux qu’il a signés, et Jean-Christophe Cambadélis un ouvrage d’Hubert Védrine). Certains font de la provocation, tel Medhi Ouraoui, secrétaire national adjoint à la coordination, qui n’a certainement pas été suffisamment coordonné en amont et cite Malraux, Mauriac et De Gaulle parmi ses lectures préférées.
Hormis cette dissidence, la plupart des choix ne surprennent pas : on retrouve beaucoup d’auteurs de la galaxie socialiste (Erik Orsenna, par exemple, est cité plusieurs fois), et beaucoup de littérature étrangère. On s’étonne – et s’attriste – par contre de ne retrouver dans les bagages des cadres socialistes que très peu de classiques. Certes Cervantès, Stefan Zweig, Gabriel Garcia Marquez ou René Char surnagent, parmi quelques autres. Mais le dirigeant socialiste, pour montrer qu’il est gentil et aime la culture, prend bien garde de ne pas trop citer les grands classiques de la littéraire française… de François Villon à Balzac, en passant par Hugo ou Flaubert. Même punition pour Ronsard et Aragon, et idem pour Péguy.

Rendez-vous à La Rochelle dans dix ans… leurs successeurs citeront certainement Marc Levy, Katherine Pancol et Guillaume Musso.

Le Japon, l’autre pays de la peine de mort

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107 détenus attendent dans les couloirs de la mort des prisons nippones, ce qui fait du Japon, avec les Etats Unis, l’un des deux dernier pays développés à garder la peine capitale dans leurs arsenaux juridiques.
Malgré la popularité de la peine de mort dans le pays, le Parti Démocrate du Japon (PDJ), au pouvoir depuis un an, avait l’intention de lancer «une discussion d’ampleur» sur le sujet, ce qui en langage politique veut dire avancer vers son abolition. Pour conduire à bien la manœuvre, le portefeuille de la Justice a été confié à Keiko Chiba, opposante déclarée à la peine de mort.
Néanmoins, faute de reforme, le ministre s’est vu obligé de donner son accord à l’exécution des deux assassins. Mais pour manifester son opposition de principe avec cette pratique que son poste l’oblige à faire respecter, Madame Chiba a décidé d’assister au deux exécutions capitales par pendaison qui ont eu lieu à la prison de Tokyo le 18 aout dernier. En plus, pour s’assurer que le débat lancé par son geste «prenne», elle a autorisé les médias à visiter les couloirs de la mort. Vaste programme que ce « débat national », si on considère qu’une écrasante majorité de Japonais voit plutôt d’un bon œil cette sanction maximale: d’après un sondage effectué l’an dernier 86% des personnes interrogées la jugent nécessaire.

Pourtant, Madame le Ministre ne devrait pas désespérer; rappelons qu’en France, au lendemain de l’abolition de 1981, 63% des sondés étaient favorables à son maintien…

Futurs parents : faites les 104 coups!

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Vous voulez un enfant : faites les 104 coups ! Il y a quelques jours, on apprenait en effet dans Le Parisien qu’il faut en moyenne faire l’amour 104 fois pour que l’improbable rencontre entre un ovule et un spermatozoïde ait lieu. Soit quatre fois par semaine pendant six mois – donc, petits malins, inutile d’essayer d’atteindre ce score en trois jours, ça n’augmentera pas vos chances.

Cette importante révélation nous est offerte par une marque américaine de tests de grossesse qui a suivi 3000 femmes désireuses de devenir mères et ayant accepté de consigner avec précision les dates auxquelles elles ont pratiqué le stupre et la fornication comme disait Brassens.

Ne vous méprenez pas, tout ça est très sérieux. On ne rigole pas avec le « désir d’enfant », sauf si on veut se faire fouetter par Ségolène Royal (ne rêvez pas les amis, je n’ai pas dit par Sarah Palin). Et il faut être vraiment être mauvaise femme et de petite vertu comme qui vous savez pour ne pas trouver que le « droit à l’enfant » devrait être inscrit dans la déclaration universelle des droits de l’Homme. Pour autant, je ne suis pas un monstre insensible : j’admets qu’il est fort bon que la science aide à procréer tous ceux qui se sentent de taille à être parents et que la nature a privés de cette faculté. On me permettra cependant de remarquer que la technologie ne fait pas toujours bon ménage avec la poésie. Ainsi trouve-t-on dans le commerce des tests d’ovulation qui permettent aux femmes de savoir à quel moment elles sont fécondes et de siffler en temps voulu le reproducteur sélectionné. Chéri, c’est l’heure ! Ça fait envie, non ?

Ventre à moitié plein ou à moitié vide

Quoi qu’il en soit, cette étude révèle un changement de perspective considérable. Hier on jouait avec le risque, aujourd’hui on évalue ses chances. Des générations de femmes ont pensé qu’elles « tombaient enceintes » – la sémantique dit tout – trop vite et trop souvent. La mienne trouve que pour atteindre le nirvana de la grossesse – et de la maternité qui s’ensuit généralement – les femmes doivent trop payer de leur corps. En somme, c’est une histoire de ventre à moitié plein ou à moitié vide. De fait, pour nos grands-mères et aïeules, la grossesse était parfois une joie, enfin je suppose, et souvent une catastrophe, voire, pour celles qui avaient fauté hors-mariage, une malédiction. Pour une partie de mes contemporaines, elle semble être devenue le sens même de la vie, la seule expérience dont on ne pourrait pas se passer. C’est à se demander si le fameux « désir d’enfant » ne serait synonyme de renoncement au désir tout court.

Mais et le sexe dans tout ça ? Des siècles durant, les Eglises ont mis le désir hors-la-loi. La jouissance était la passagère clandestine ou, pire, l’effet pervers de la volonté d’engendrer. La déconnection du plaisir et de la procréation a permis aux hommes et aux femmes de se soumettre librement aux tourments du sexe et de l’amour et même à l’aliénation qui va avec. Remplacer la religion de Dieu par celle de l’enfant, cela ressemble furieusement à un retour à la case départ.

Ne croyez pas que je suis favorable à la décroissance démographique – ni d’ailleurs, à la décroissance tout court. La reproduction a toujours été un besoin de l’espèce et c’est heureux. Pour autant, je n’aimerais pas qu’elle devienne la fin ultime d’une humanité qui n’aurait plus d’autre rêve que celui de sa propre conservation.

Antisémantisme primaire

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Juif errant

Tout s’est passé très vite, si vite que je n’ai pas vu le coup venir. C’était lors de la « tempête de cerveaux » d’où sortit, telle Vénus de sa coquille Saint-Jacques, le thème de ce dossier : « Sous les pavés, la France ! » Une superbe accroche assurément, avec son côté provoc’ droitière bien dans la manière de Causeur comme j’aime. Et chacun, dans l’enthousiasme de cette trouvaille, d’égrener à son tour les multiples « questions d’actualité » – comme on dit dans nos Chambres d’enregistrement – à aborder dans le cadre de ce dossier « beau, grand et généreux » comme la France elle-même : laïcité, communautarisme, islam, burqa, minarets, Zemmour, etc., sans oublier bien sûr le vrai-faux débat sur l’identité nationale.

Et moi de ramener ma fraise en ajoutant : « Et les juifs ? » Comment parler de la France aujourd’hui sans évoquer la question des relations entre Israël et les juifs de France ? Parce que quand même, sans me vanter, notre pays[1. La France, donc.] a bel et bien importé chez lui le conflit israélo-palestinien, ou judéo-arabe, ou isaaco-ismaélien pour les plus théologiens d’entre nous. Au point même d’en faire un élément « clivant », comme on dit, de notre sempiternel débat droite-gauche.

Au-delà des jeunes-des-cités, la droite n’accuse-t-elle pas une certaine gauche d’« antisémitisme déguisé en antisionisme » ? Au-delà du Front national, la gauche ne soupçonne-t-elle pas toute la droite d’une « islamophobie » même pas déguisée, sous laquelle pointerait même le museau du racisme ? Et puis surtout, quand on s’appelle Causeur, n’est-ce pas pour causer librement de tout – y compris des sujets qui pourraient fâcher[2. Pas question de les dénoncer, ce n’est pas mon genre, mais il y a des juifs à Causeur – et haut placés !] ?

[access capability= »lire_inedits »]J’ai compris un peu tard mon erreur : déjà, la reine Élisabeth m’avait chargé d’écrire, sur cette « question complexe », comme elle a ajouté sans ironie, le papier que je me serais volontiers contenté de lire ! La prochaine fois, promis, je réfléchirai avant de me taire. Mais là, c’était un peu tard : il a bien fallu que je m’y colle…

Pour « importer un conflit », il faut être deux

Bon, reprenons au début, comme on dit dans les gardes à vue. La « proche-orientalisation » du débat politique national ne doit rien au hasard. Elle a au moins une première cause évidente : la présence en France de quelque six millions de personnes d’origine maghrébine[3. Est-ce que je compte là-dedans les clandestins ? Certes non ! Par définition, même Hortefeux serait bien en peine de le faire…] aux statuts infiniment variés, du citoyen au clandestin (drôlement rebaptisé « sans-papiers », comme s’il les avait égarés…)

La responsabilité de cet état de fait n’incombe évidemment pas aux intéressés, mais à nos gouvernants, infoutus depuis quarante ans de mener une politique cohérente en matière d’immigration. Les frontières d’un pays qui se respecte ne sont pas les battants de porte d’un saloon, bon sang ! Quant au droit du sol, il implique l’assimilation des impétrants. Pour avoir perdu de vue ces évidences, la France se retrouve avec sur les bras, si l’on ose dire, des millions de gens qu’elle « intègre » à l’aveuglette, au risque de se désintégrer.

Mais trêve de banalités ! Pour « importer un conflit », il faut être deux, et je tiens que ce sont les juifs de France qui ont commencé – comme on dit dans les cours de récré. Je le tiens même de la première manif à laquelle il m’ait été donné d’assister. C’était en 1967, au moment de la guerre des Six-Jours. Cette année-là − à peine sevré ! − je sortais un soir du Drugstore où j’avais tété ma glace préférée[4. Un « Chocolate rock », pour les historiens : le genre de goûter qui rendait impossible tout dîner.]. Sur l’avenue des Champs-Élysées, il y avait une petite foule : des gens défilaient dans la bonne humeur en brandissant des drapeaux et en scandant des slogans. La fête, quoi !

Renseignements pris auprès des participants, il s’agissait d’une « manif de soutien à Israël » – qui, en l’occurrence, n’en avait guère besoin, mais ça je ne l’ai su qu’après. Sur le moment, comment vous dire ? J’étais jeune, il faisait beau, l’ambiance était cool et mes nouveaux amis m’ont tout expliqué : en gros, Israël[5. Que je situais alors vaguement sur une autre planète.] était un « bastion de l’Occident » menacé par des hordes barbares. Comment ne pas sympathiser ?

En plus, au premier rang figuraient non seulement Enrico Macias – que je trouvais déjà ringard comme Tino Rossi –, mais surtout Johnny, « l’idole des jeunes » dont je faisais partie. Pour tout dire, je lui devais même ma première prise de conscience politique… L’année d’avant, je m’étais découvert « droitier » en prenant parti, tout seul dans ma chambre, contre les Élucubrations d’Antoine – qui voulait l’enfermer « en cage à Medrano » – et surtout pour sa réponse proto-houellebecquienne : Cheveux longs et idées courtes[6. Depuis, le combat entre eux s’est déplacé sur le terrain de la lunetterie.].

Malgré mon enthousiasme, quelque chose m’a vite chiffonné : outre un « Israël vaincra ! » somme toute logique, le principal slogan, c’était : « Les Français avec nous ! » Gulp ! Je me souviens même de m’être dit in petto : « Ah bon, Johnny il est juif ? Et les juifs ne sont pas français ? »

Sans le savoir, j’assistais là au premier mouvement de raidissement, voire de repli identitaire de certains juifs de France (et de sionistes agrégés, si j’ose dire, comme Johnny).

Pourtant, à l’époque, il y avait en France environ vingt fois moins de Maghrébins, et pas du tout de communautarisme arabe, ni a fortiori musulman. Tout a changé au tournant des années 1970, avec l’attentat terroriste de Munich et l’arrivée au pouvoir de Giscard[7. Qui était fait pour diriger la France comme moi pour être major de l’ENA.].

Entretemps, la « guerre d’agression » menée par Israël avait été dûment condamnée, au nom de la morale, par l’Union soviétique, les dictateurs du tiers-monde, l’ONU, la gauche et même le Bon Dieu – version vaticane, cru Paul VI. Une condamnation restée purement platonique, certes, grâce à l’indéfectible allié américain ; n’empêche ! Il devenait compréhensible, voire légitime, que les juifs de France se sentent chaque jour un peu plus solidaires de leurs frères israéliens – montrés du doigt, vilipendés, voire désignés à la vindicte mondiale en tant que « fascistes »[8. Comme déjà Nixon en 68, ou de Gaulle dès 58 : « Le fascisme ne passera pas ! », criait la gauche analphabète face au danger de la Constitution Debré.].

Le raidissement communautairese généralise

Le problème, du point de vue français, c’est que, depuis quarante ans, ce raidissement a tendance à se généraliser. Il est vrai aussi que, dans l’intervalle, la communauté arabo-musulmane est devenue le terreau d’un « nouvel antisémitisme » à base de solidarité politico-religioso-radicale et de frustration sociale.

C’est même là toute la difficulté : une sorte de montée aux extrêmes que rien ni personne ne semble en état de maîtriser. Il n’est pas jusqu’à notre cher Finkielkraut qui n’en vienne à s’alarmer… d’un simple dialogue Debray-Barnavi[9. Lettre à un ami israélien, de Régis Debray.] ! Ces deux-là, s’inquiète-t-il, n’auraient pas pris en compte l’essentiel, à savoir « l’extrême vulnérabilité d’Israël ». Comme si cet État, pour assurer sa survie, ne s’en tenait pas strictement au mot d’ordre maoïste : « Compter sur ses propres forces ! »

Quant au fameux « processus de paix », c’est comme le monstre du Loch Ness : avec le temps, aucun riverain n’y croit plus – hormis une extrême gauche improbable[10. Pardon pour le pléonasme.] et quelques intellos bruyants. La paix, comme chacun sait, on la signe à Rethondes, une fois qu’on a gagné !

Je crains qu’aujourd’hui en France « nos » juifs n’aient tendance, notamment face à « nos » Arabes, à reproduire les schémas israéliens : une mentalité obsidionale débouchant sur une fuite en avant stratégique. C’est d’autant plus dommageable qu’ici, si ça se trouve, on n’est même pas encore en guerre !

Sérieusement, puisqu’on parle France, comment ne pas pointer le danger pour sa cohésion nationale ? Comme si elle n’était pas déjà assez mal prise, entre une mondialisation qui la rapetisse, un Occident perdu, une Europe introuvable et une Asie déjà assise à table…

Dans ces circonstances délicates, les patriotes conscients et organisés, qu’ils soient juifs, cathos ou dadaïstes, n’ont pas le droit de se prêter à la tribalisation du débat public. Bien sûr, la gauche n’aspire qu’à ça : incarner une fois de plus – comme elle en a pris l’habitude depuis qu’elle écrit l’Histoire – la générosité tous azimuts face à une droite recroquevillée sur ses phobies.

Ce sont les institutions qui font les hommes, et non l’inverse

Mais la politique, c’est autre chose : Principiis obsta !, comme disent mes derniers amis latinistes. À l’intention des autres, disons simplement qu’il faut s’en prendre aux causes et non aux effets. Comme je l’ai déjà habilement suggéré, la présence sur le sol national de millions d’étrangers, dont beaucoup ont la ferme intention de le rester, n’est que la conséquence d’une gestion directement inspirée d’Ubu roi.

Alors, on fait quoi maintenant ? Chassons-les, ils reviendront au galop ! Humilions-les, ils deviendront cette base « de masse » dont rêvent néo-marxistes et islamistes… Attention, je ne prétends pas non plus avoir en magasin des solutions toutes faites : je ne suis même pas candidat pour 2017 comme Copé ! J’aspire seulement, en tant que citoyen, à des lois plus justes qui, disons, traiteraient les politiciens comme les immigrés. Provocation ? Sûrement pas, vous me connaissez ! Ou alors juste provocation à la réflexion.

Dans ces deux groupes, par ailleurs pléthoriques, tout se passe comme si certains n’étaient là que par intérêt… Un rééquilibrage entre droits et devoirs n’aiderait-il pas, ici et là, à séparer le bon grain de l’ivraie ?

L’idée est simple : encourager dans leur voie les seuls politiciens qui ont vraiment la vocation de servir la France, et les seuls immigrés qui ont pour vocation d’en faire partie, c’est-à-dire d’en faire leur patrie.

Ah oui, encore un truc : si par extraordinaire on m’écoutait, même à titre posthume, encore faudrait-il s’occuper d’abord des premiers. Les lois ne valent pas mieux que les hommes qui les font ; or ce sont les institutions qui font les hommes, et non l’inverse ; donc il convient d’adapter les institutions aux hommes, et pas le contraire.

« Gouverner, c’est contraindre », disait le regretté Georges Pompidou. Après quarante ans d’incurie, il nous faudra au moins des moines-soldats pour contraindre ce pays à retrouver les moyens de sa survie, tant la décadence est plus douce. Et comme l’exemple ne peut venir que d’en haut, je propose pour commencer une modeste réforme du statut du chef de l’État, articulée autour d’un mandat présidentiel de dix ans non renouvelable. Ça devrait lui permettre de songer au long terme sans plus se préoccuper des coteries et des partis. Bref, la classe monarchique dans le respect des principes républicains : qui dit mieux[12. Pierre Boutang bien sûr, mais il est mouru.] ?

BHL, « juif d’affirmation »

– « Et les juifs dans tout ça ? », répondront les plus attentifs d’entre vous. Eh bien justement, j’allais y revenir. Assimilés de longtemps et fiers de l’être à juste titre, faisant même « souvent partie de l’élite »[13. Comme dit Élisabeth Lévy dans son livre d’entretiens avec Robert Ménard, Les Français sont-ils antisémites ? (Mordicus, 2009). C’est bon, je suis couvert ?], ils doivent eux aussi montrer l’exemple – aux Français de papier comme aux « Gaulois » assoupis sur leur souche.

À cet égard, comme à l’ordinaire, Bernard-Henri Lévy constitue une assez fiable boussole à l’envers. Je ne parle pas de son dernier pamphlet, intitulé en toute simplicité De la guerre en philosophie ; l’auteur, censé déconstruire le kantisme en vingt pages, y appelait à sa rescousse un philosophe imaginaire – autant dire un collègue. Outre cette perle d’inculture saluée par toute la critique, la collection de printemps 2010 griffée BHL comportait un pavé de mille pages qui, du coup, fut injustement négligé.

C’est pourtant ce qui nous concerne : Pièces d’identité[14. Ne dirait-on pas le titre d’un one-man-show ?] collige l’essentiel des Discours & messages du bonhomme depuis quatre ans. Et au milieu coule un chapitre – fleuve de 250 pages, toujours aussi sobrement titré : Génie du judaïsme (salut Chateaubriand, ça va, et toi ?) BHL s’y pose en « juif d’affirmation », face à des « juifs d’assimilation » qu’il n’a pas de mots assez durs pour fustiger. Des lâches, tout simplement, puisqu’ils auraient « renoncé à leur identité » en acceptant le triste sort réservé aux juifs par la Révolution française : « reconnaître tous les droits à l’individu, aucun à la communauté ». Et de s’en prendre notamment à l’insoutenable légèreté du dénommé Raymond Aron, qui opta pour l’assimilation alors même qu’il avait connu l’antisémitisme nazi.

Bernard-Henri, lui, c’est l’inverse : au nom de drames qu’il n’a pas connus, il appelle au repli sur l’Aventin identitaire sans même en mesurer les conséquences. La preuve : ça ne l’empêche pas de prôner, dans la foulée, « une séparation absolue entre les convictions privées et l’espace public ». Incohérence ? Que non pas ! Simplement, savez-vous, le judaïsme est le contraire d’une conviction privée : « un trésor intellectuel universel ».

Devant une telle argumentation, on reste coi, mais qu’importe ? L’essentiel, Zemmour l’a déjà dit à BHL lors de leur rencontre sur le ring de Ruquier[15. « On n’est pas couché », 3 février 2010.] : comment combattre le communautarisme islamique quand on en revendique un autre ? « Tariq Ramadan n’est pas votre pire ennemi ; c’est votre meilleur disciple ! » En gros, si un communautarisme, quel qu’il soit, l’emporte sur le patriotisme, on est cuits ! Dans le cadre national en revanche, rien n’empêche personne d’afficher ses affinités électives quelles qu’elles soient.

C’est clair ? En tout cas, ça l’était pour ce vieux con de Raymond Aron, qui critiqua durement la politique proche-orientale du Général[16. De Gaulle, Israël et les juifs, Plon, 1968.], mais pas au point d’en faire une obsession ni même un créneau. Un bouquin sur quarante, pas plus – et pas le plus important, selon l’auteur lui-même. C’est que le Raymond se considérait comme un juif français, et non pas simplement comme un juif de France[17. Ni a fortiori comme un « juif polonais né en France », selon le titre des Souvenirs obscurs de feu Pierre Goldman.]. Moi, j’aurais encore préféré Français juif, mais vous me direz, je ne suis pas juif !

Bref, c’est un des avantages de notre bel idiome par rapport au pidgin ou à l’esperanto : la possibilité, non pas d’une île, mais d’un archipel de nuances. Chez nous, Monsieur, les mots ont un sens et leur agencement aussi ! Les mépriser serait faire preuve d’un antisémantisme primaire et dangereux.

Aron par exemple, à mes yeux, avait tous les défauts : libéral, atlantiste et plus intelligent que moi. Mais pas « juif » ! BHL, en revanche, qui a tous les talents, a en particulier celui de m’horripiler ; m’est avis qu’il serait même redoutable, si les « vraies gens » venaient à l’écouter.

Quant aux juifs en général, qu’est ce que vous voulez que je vous dise ? Comme l’expliquait à peu près la Bible, il y en a autant de sortes que d’étoiles dans le ciel ou de grains de sable dans la chaussure… Simplement, la France, en ce moment, a bien assez de grains de sable ; elle aurait plutôt besoin de regarder les étoiles ![/access]

Galouzeau, roi de la métaphore

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Dans l’opus que Le Monde s’est empressé de publier sans même le soumettre à la lecture pointilleuse des secrétaires de rédaction, Dominique Galouzeau de Villepin, ci-devant premier ministre et aspirant à la plus haute fonction de la République, s’est déchaîné contre son ennemi intime Nicolas Sarkozy. Et quand Galouzeau est en colère, côté style, ça déménage ! Il pleut des métaphores comme à Gravelotte. Passe encore pour la « tâche de honte sur notre drapeau » déposée à Grenoble par le président en exercice. Aurait-il lu Philippe Roth ? Cette tache nous plonge dans la perplexité quant à sa nature.

Mais la franche rigolade est de mise lorsqu’on découvre les figures de style villepiniennes qui nous invitent à constater, par exemple, que « la rupture ente le sommet de l’Etat et la nation est en marche ». Je dirais même plus : la rupture, elle court ! Il accuse également notre président et ses courtisans de tenter de réveiller « L’hydre (qui sommeille) au fond de chacun de nous ». Il ne peut s’agir que d’une version parasite, style ténia, de l’hydre de Lerne, dont Hercule trancha d’un seul coup d’épée les sept têtes. Quelle horreur ! Ce Sarko est pire qu’un monstre ! Il invite d’autre part les hommes politiques à « se hisser au delà des arrière-pensées électorales ». Comme il est déjà pour le moins hasardeux, stylistiquement, de se hisser au-delà de la pensée, il faut être un cador de la poésie comme Dominique pour réaliser cet exploit « au-delà de l’arrière ». On a pu entendre quelques commentateurs de la radio publique française qualifier cette prose de « gaullienne ». Disons plutôt : gaugaullienne.

Prière de ne plus prier

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Le père Arthur Hervet : prêtre ou jeteur de sorts ?
Le père Arthur Hervet : prêtre ou jeteur de sorts ?

L’histoire a tourné en boucle ces jours-ci : le père Arthur Hervet, 71 ans, assompsionniste lillois, a déclaré face à des journalistes : « Je prie, je vous demande pardon, pour que M. Sarkozy ait une crise cardiaque. » Quelques heures après, l’ecclésiastique se rétracte, convoque une conférence de presse et fait pénitence. La presse compatit et justifie, dans ses oeuvres, le brave vieux exténué par les combats qu’il mène en faveur des Roms. Le diocèse de Lille y va de sa petite antienne catholique : « Ses mots ont certainement dépassé ses propos. » Ite missa est ? Mon cul, oui ! On ne quitte rien du tout avant l’élévation.

Les mots du curé lillois ont certainement dépassé ses propos. Son repentir était des plus sincères. Chacun peut en être convaincu. Cependant, vouloir, dans son for intérieur, la mort d’un homme n’est déjà pas rien. Prier pour elle, nom de Dieu, est une sacrée affaire ! Prier pour cette mort et l’annoncer publiquement, lorsque l’on est prêtre de l’Eglise catholique, apostolique et romaine (et néanmoins lilloise) est une autre chose encore.

On n’est plus dans le christianisme, on est dans le gore, le film de série Z, non plus dans les canons de l’Eglise. Le christianisme est né au Golgotha. Il repose essentiellement sur la victoire de la vie sur la mort. Cela s’appelle la foi en la résurrection. « Mort, où est ta victoire ? » Voilà ce que tout chrétien, après la lettre de Paul aux Corinthiens, peut proclamer à la face du monde. La plus irrationnelle question de l’univers est la raison d’être de tout chrétien.

Prier pour qu’advienne sur un homme la mort n’est pas simplement en contradiction avec je-ne-sais quelle éthique chrétienne : c’est la négation même de la foi au Christ ressuscité. Qu’un prêtre prie pour que la mort advienne sur un homme revient à consacrer la victoire de la mort sur la vie. Il y a quelque chose de vaudou là-dedans : certes, on suppose le père Hervet gentil avec les animaux – aucun poulet n’aura été sacrifié dans son anti-exorcisme –, mais « prier pour la mort » n’a pas franchement une tronche très catholique.

Et puis, Dieu sait que tout ça n’est pas très canon. Le droit canonique – qui n’est pas une fumisterie lorsque l’on est prêtre catholique – prescrit qu’il y a des conduites incorrectes par nature et d’autres qui le deviennent selon les circonstances de temps et de lieu. Le canon 285 interdit au clerc tout ce qui ne convient pas à son état. Souhaiter la mort de quelqu’un convient-elle à un prêtre ? Conseiller de la nonciature aux Etats-Unis, Mgr Jean-François Lantheaume répond : « Il va de soi que « souhaiter la mort de quelqu’un » non seulement ne convient pas à un clerc, mais a fortiori à un chrétien même, car souhaiter que quelqu’un meurre, c’est lui souhaiter du mal, et partant, c’est un péché grave, ce n’est pas seulement une grave entorse au droit canonique mais au précept évangélique qui nous commande d’aimer nos ennemis et de prier pour eux. Le canon 287 – plus général que le canon 285 du CIC 1983 –, intime l’application au maintien entre les hommes de la paix et de la concorde fondée sur la justice. Prier pour la mort d’une personne physique relève non seulement d’une infraction à ce canon – puisqu’en l’état, on entraîne inévitablement un appel à la haine et au mépris, donc à la discorde et à l’injustice – mais aussi relève de la gravité amorale manifeste de la part du clerc qui adresse cette prière. A moins qu’on soit en présence d’un être « non compos sui », qui ne dispose ni de ses facultés mentales ni de son jugement, la question doit être traitée non plus seulement sur le plan canonique, mais aussi sur le plan moral. L’agir moral du prêtre qui appelle à prier pour la mort de quelqu’un, par haine ou mépris, est intrinsèquement mauvais moralement car, en contrevenant directement le Décalogue, il emporte ex toto genere suo une violation grave de l’ordre moral de par sa malice. Cette contravention entraîne un préjudice non seulement de la personne, mais aussi de l’ordre moral objectif et demande réparation. Il revient à l’ordinaire du lieu de prendre une juste peine pour faire cesser ce trouble public. »

Il y aurait donc, selon ce spécialiste du droit canon, matière à poursuites. Des poursuites qui pourraient aller loin, jusqu’au renvoi du père Hervet de l’état ecclésiastique. Mais le droit canon, qui s’en soucie ? Qui le prend au sérieux ?

Cependant, une question fondamentale se pose à l’évêque de Lille comme à l’ensemble des évêques de France. Peuvent-ils imaginer ce qui se serait passé si la prière du père Hervet avait été exaucée ? Quoi – rires entendus à la Conférence épiscopale –, vous croyez encore que les prières adressées au Très-Haut peuvent être exaucées ? Pères évêques, à vous de répondre maintenant : croyez-vous encore en la prière ?

Cinq trucs faciles pour tricher à la session de septembre

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Un rouleau de papier hygiénique
Le rouleau de papier hygiénique, bon rapport qualité-prix
Un rouleau de papier hygiénique
Le rouleau de papier hygiénique, bon rapport qualité-prix

1. Antisèches
Qualités : un classique indémodable.
Défauts : pas toujours facile de retrouver la page « Structures agraires dans l’Occident médiéval au VIe siècle ».

2. Liaison émetteur-récepteur indétectable (avec complice à l’extérieur)
Qualités : discrétion, modernité.
Défauts : douleurs au moment de la greffe dans la trompe d’Eustache.[access capability= »lire_inedits »]

3. iPhone
Qualités : un néo-classique indémodable.
Défauts : risque de recopier inconsidérément toutes les erreurs factuelles contenues dans Wikipédia. Sauf si, comme il est vraisemblable, l’examinateur puise à la même source pour faire ses corrections.

4. Rouleau de papier hygiénique
Qualités : bon rapport qualité-prix. Et puis, dans l’intimité des toilettes, on a tout loisir de faire le point sur la culture du manioc en Afrique subsaharienne des origines à nos jours.
Défauts : pas toujours facile de rembobiner.

5. Sosie
Qualités : simple et funky. Perspective d’un papier dans Technikart.
Défauts : pas évident de trouver un sosie incollable sur le contrat de bail à affermage indirect dans le Perche.
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Muray revient et il n’est pas content !

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Chaque année en période de rentrée, les magazines font leur rentrée avec des gros titres sur la rentrée. Histoire de faire les malins, pour le mensuel Causeur de septembre, nous avons donc décidé de faire un numéro spécial Philippe Muray, avec notamment une interview inédite, et une myriade de contributions qui le sont tout autant. Bref, si ce n’est déjà fait, abonnez-vous !

Chavez : trop de morgue!

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La devinette du jour : je jouis de 36% de popularité dans les sondages, l’économie de mon pays peine à sortir de la crise, mais en revanche la criminalité y est en plein essor ; qui suis-je ? Hugo Chavez, who else ?

À quelques semaines des législatives, la situation au Venezuela est plus que difficile. Le New York Times a même titré son dernier article sur le sujet « Le Venezuela, plus meurtrier que l’Irak, s’interroge » (« Venezuela, More Deadly Than Iraq, Wonders Why » . Selon les chiffres avancés dans cet l’article, 16000 Vénézuéliens ont été assassinés en 2009, ce qui laisse loin derrière non seulement l’Irak (4,644 civils tués) mais aussi le Mexique, pourtant en pleine guerre contre les barons de la drogue. L’image qu’accompagne ce texte, une photo prise dans la morgue centrale de Caracas et publiée en Une du quotidien vénézuélien « El Nacional », glace le sang.

Sans être dupe – ce n’est pas un pur hasard si cette histoire est publiée au beau milieu d’une campagne électorale – ni oublier que les morgues des voisins sont, elles aussi, bien garnies (en Colombie les assassins utilisent aujourd’hui Facebook pour faciliter leur besogne), ce phénomène met en lumière des maux profonds, notamment la politisation de la police et de la justice. Résultat : le pays est inondé d’armes illégales et la police arrive dans seulement 10% des cas à mettre la main sur les criminels. Comme par le passé, des mesures de «Salut public» prises pour corriger des injustices criantes finissent par frapper ceux-là même qu’elles auraient dû protéger.

Ce n’est pas pour rien que le golpe censé guérir tous les maux est une spécialité sud-américaine…

Les années Mitterrand et Craven d’Éric Neuhoff

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Éric Neuhoff
Éric Neuhoff.
Éric Neuhoff
Éric Neuhoff.

En 1984, Éric Neuhoff prend le chemin des fugues. Il n’a pas encore 30 ans. Son premier roman, Précaution d’usage, a été salué par quelques glorieux aînés. Il écrit des articles chics et rapides dans des journaux qui, aujourd’hui, n’existent plus.

Un lointain cousin des « hussards »

Il fait déjà figure de lointain cousin des « hussards », Blondin, Nimier et Jacques Laurent. Il est temps pour lui, désormais, de n’en faire qu’à sa fête mélancolique. C’est ce que lui demande son éditrice, Marie-Hélène Orban, « de sa voix de petite fille ». Un Triomphe est donc le livre d’un jeune homme en liberté qui a « appris à lire dans le Club des Cinq, dans Bob Morane, dans San Antonio, dans SAS » et qui, avec le Drieu La Rochelle d’État civil, pense que « dès le moment où la femme entra dans ma vie et occupa mon imagination, tout fut bouleversé ».[access capability= »lire_inedits »]

Délaissant les genres qui enferment, Un Triomphe est une balade dans les années 1970 et dans le début des années 1980. Que faire ? se demande Neuhoff. Commencer par un éclat de rire triste, la gorge serrée, ce serait bien. Une princesse d’opérette, à la silhouette de papier glacé, vient de se marier. Et ce n’est pas avec lui. Caroline de Monaco, définitivement, est une adorable peste intouchable. Il faut tourner la page, préférer les actrices aux filles de Grace Kelly, leur écrire des lettres d’amour : « Vous êtes une idée, Isabelle, celle qu’on se fait du cinéma. Ne fichez pas les pieds dans l’existence, elle vous boufferait. Avec vous, on revient du côté des mythes et des héros. Vous êtes la preuve que les films et les femmes (c’est pareil) ne sont pas morts. Vous avez le tragique et la gaieté, la folie et la douleur, vous êtes le temps perdu, le travail, l’exil de soi, l’amour incompris (mettez des majuscules partout où vous voulez). » Adjani n’a pas répondu : elle a invité le jeune homme à dîner, oubliant toutefois de déposer sur ses lèvres un baiser de cinéma. Que faire, encore ? La voix d’Anna Karina, en écho, répond : « J’sais pas quoi faire ! » Neuhoff se souvient de l’adolescent provincial qu’il était, qu’il ne sera plus jamais : « Il avait besoin d’une ville assez grande pour lui, une ville livrée aux ombres, où il mangerait des Big Mac sous les néons, hélerait des taxis à l’aube, une ville où il pourrait s’oublier. Enfin. »

Être Bernard Frank ou rien

Que faire, finalement, en buvant des gin-tonics et en fumant des Craven A ? Ricaner de François Mitterrand et des socialistes qui découvrent le pouvoir. Se moquer des mœurs domestiques de Philippe Sollers. Visiter Michel Déon en Irlande. Partir en ouiquende à Trouville, dans les bras d’une brune demoiselle, et se dire que c’est l’unique remède acceptable aux tristes temps où nous vivons. Se rêver dans la peau d’un écrivain de la collaboration, Sachs par exemple, parce que l’œuvre est là, malgré tout, et la mort au rendez-vous. Être Bernard Frank ou rien. Dans les plus belles pages d’Un Triomphe, Neuhoff se rappelle de sa découverte des Rats, la Côte d’Azur, la dolce vita, l’ivresse triste au cœur, les mots comme des fusées dans une nuit d’été. Être Frank ou rien, c’est-à-dire écrire, l’air de rien, des petits chefs-d’œuvre dilettantes pour ne pas travailler, pour retrouver le temps. Un beau programme…

Un triomphe

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Lectures socialistes

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Bon, je vous fais un petit rappel si vous avez manqué un épisode : les méchants détestent la culture, détestent la Princesse de Clèves, et ne jurent que par les matraques pleines de morgue des CRS ; tandis que les gentils aiment la culture et l’humanisme citoyen ! C’est très simple. Au Parti socialiste – par exemple – on est très gentils, c’est pourquoi on fait longuement étalage de sa passion pour la culture. Ainsi, la question culturelle semble être au centre de l’Université d’été du Parti socialiste qui va se tenir à la Rochelle du 27 au 29 août… et entre des conférences aussi prometteuses que « Yes we can : comment mobiliser notre électorat », « Faire société » ou encore « Carte blanche au MJS avec Danièle Mitterrand » (non, ce n’est pas une blague), les militants pourront voir la pièce de théâtre Il marchait vers la terre promise, dont la thématique citoyenne fait chaud au cœur : « Un samedi soir, à la fête foraine, Désiré, un jeune noir de 22 ans, sourd-muet tente d’échapper à un contrôle de police. Il est sans-papiers. » Et même pas homo, Désiré ? Petit bras ! On imagine aisément la suite tragique : les méchants, c’est la police et les gentils font du théâtre subventionné.

Henri Weber se cite lui-même dans ses lectures préférées !

Plus piquant, les militants socialistes pourront retrouver dans une librairie de la Rochelle les livres préférés des cadres du PS, présentés sur le site web du parti. Car oui, les gentils lisent des livres, tandis que les méchants font du jogging et caressent des Rolex sur les ponts en acajou des yachts de milliardaires. Sans surprise, on voit que les dirigeants socialistes lisent Karl Marx, Albert Camus et se lisent parfois eux-mêmes. (Henri Weber citant parmi ses livres préférés l’un de ceux qu’il a signés, et Jean-Christophe Cambadélis un ouvrage d’Hubert Védrine). Certains font de la provocation, tel Medhi Ouraoui, secrétaire national adjoint à la coordination, qui n’a certainement pas été suffisamment coordonné en amont et cite Malraux, Mauriac et De Gaulle parmi ses lectures préférées.
Hormis cette dissidence, la plupart des choix ne surprennent pas : on retrouve beaucoup d’auteurs de la galaxie socialiste (Erik Orsenna, par exemple, est cité plusieurs fois), et beaucoup de littérature étrangère. On s’étonne – et s’attriste – par contre de ne retrouver dans les bagages des cadres socialistes que très peu de classiques. Certes Cervantès, Stefan Zweig, Gabriel Garcia Marquez ou René Char surnagent, parmi quelques autres. Mais le dirigeant socialiste, pour montrer qu’il est gentil et aime la culture, prend bien garde de ne pas trop citer les grands classiques de la littéraire française… de François Villon à Balzac, en passant par Hugo ou Flaubert. Même punition pour Ronsard et Aragon, et idem pour Péguy.

Rendez-vous à La Rochelle dans dix ans… leurs successeurs citeront certainement Marc Levy, Katherine Pancol et Guillaume Musso.