Pas d’humour, pas de commentaires, rien que le texte intégral de l’appel officiel à la manifestation de ce samedi, contre la loi sur la burqa, place de la Nation à 14h, tel qu’il a été publié sur le site des organisateurs, le groupe Jamat Tawhid et repris sur de nombreux sites islamistes français tels Forsane. Les rédacteurs étant probablement anglophones, on ne s’arrêtera pas aux fautes d’orthographe, de grammaire ou de syntaxe, l’essentiel est ailleurs.
Communiqué De Presse
Allah (swt) nous dit « N’obéissez pas à l’ordre des outranciers qui sèment le désordre sur la terre et n’améliorent rien ». [Ar-Room:41]. Ce que nous voyons avec l’interdiction du niqab c’est simplement une continuation de guerre contre l’Islam. Le sang de la haine circule toujours dans les veines du croisade. Même après que ces mécréants interdiront le niqab dans les jours à venir, ils ne seront pas satisfait et voudraient que les musulmans deviennent comme eux. Allah (swt) dit « Ni les Juifs, ni les Chrétiens ne seront jamais satisfaits de toi, jusqu’à ce que tu suives leur religion… » [Baqara:120].
Ô les Muslumans en France, reveillez vous de cette oppression. Combien de temps vous allez vous soumettre sous cette domination mécréants. Alors que Sarkosy veut que nos soeurs musulmanes soient tout nues comme sa femme qui se prostitue ouvertement sur le magazine Playboy.
Le Niqab c’est le symbol de la soumission et de l’obeissance à Allah(swt). Votre allegeance n’est pas vers la loi de l’homme mais plutôt vers Allah(swt). Si vous choissez de garder la bouche bée, eh bien attendez-vous au diable.
Chère frères et soeurs Musulmans soyez brave et ferme pour defier l’interdiction du Niqab le 9 Avril. L’islam et venue pour dominer le monde y compris La France. N’oublier pas que nous apartenons à l’ummah du Prophet Mohammad (pssl). Notre guidance c’est le Shariah et non pas la constitution de La France. Alors nos soeurs Muslumanes venez en foule et portez votre Niqab le 9 avril Insha Allah.
NDLR : L’expression « swt » est l’abréviation de Subhanahu Wa Ta’ala » (سبحانه وتعالى) et qui signifie «que Son nom soit exalté», est placée par les musulmans observants après toute citation du nom d’Allah. De même l’expression « pssl » placée rituellement après le nom de Mahomet signifie « Paix et Salut Soient sur Lui »
Le saviez-vous ? En ce moment se tiennent les Etats généraux de la qualité de l’air, un des produits dérivés du Grenelle de l’environnement. Ils auraient fort bien pu passer inaperçus si la ministre de l’Environnement, Nathalie Kosciusko-Morizet, n’y avait d’ores et déjà annoncé une mesure spectaculaire pour faire baisser la pollution en ville: 10 millions de véhicules, – deux roues, utilitaires, camions et voitures – immatriculés avant 1997 seront interdits de centre-ville dans huit agglomérations, entre 2012 et 2015. Et il ne s’agit pas d’une mesure incitative, comme souvent jusque là en matière de qualité de l’air : à Paris, Saint-Denis, Lyon, Grenoble, Clermont-Ferrand, Nice, Aix-en-Provence et Bordeaux, ces véhicules seront purement et simplement interdits de voie publique sous peine d’amende.
La mesure est déjà pratiquée dans certaines villes de Suède ou d’Allemagne, avec succès explique le ministère. Avec un tel argument, qui oserait protester ? D’ailleurs, on ne proteste pas : il ne fait pas bon douter par chez nous du principe de précaution.
L’éradication de ces véhicules peu citoyens devrait, nous dit-on, faire baisser le nombre de particules qui empoisonnent l’air et provoquent de l’asthme, des troubles cardiaques et entraînent une surmortalité chez les personnes les plus fragiles. Honnêtement qui peut s’opposer à cela ?
Et bien moi, par exemple. Parce qu’en pratique, ce n’est rien d’autre qu’une mesure discriminatoire. J’imagine, peut-être bêtement, que ce sont souvent les ménages les plus modestes, ou les jeunes qui débutent dans la vie active qui conduisent les voitures les plus anciennes ou les mobs les plus décaties. Au pilori ! Haro aussi sur l’épicier du coin qui livre dans un estafette hors d’âge. Je croyais -peut-être bêtement, me répéterai-je- que le contrôle technique de plus en plus contraignant auquel sont soumis les véhicules garantissait que leur niveau de pollution était acceptable. Moyennant quoi, cette mesure de santé publique, annoncée ainsi, passe pour un emmerdement de plus, voire une humiliation pour ceux qui ont besoin de leur voiture pour aller travailler, ou même, quel scandale !, pour aller au resto ou au cinéma le vendredi soir.
C’est la manière la plus efficace de rendre l’écologie de bon sens impopulaire. Et de donner l’impression, une fois de plus, d’un deux poids, deux mesures. Et je me mets à la place du conducteur de Clio millésimée qui aura sans doute des pensées terribles, quand il croisera en ville un énorme 4X4 flambant neuf -avec ses vitres teintées noir foncé et son pare-buffle écrase-piétons- qui, lui, pourra continuer à polluer tranquillement…
On a beaucoup moqué, et à juste titre l’ex-maire ex-gauchiste de Londres, Ken Livingstone, quand il a exigé qu’on achète une vignette pour pouvoir circuler en centre-ville. On l’a accusé de vouloir rétablir l’octroi, et de s’abriter derrière des arguments sanitaires pour empêcher de facto les pauvres de venir gâcher le paysage des vieux banquiers et des jeunes traders. Et bien chez nous, ce sera encore mieux : pour rouler dans un rayon de quatre kilomètres autour de Notre-Dame, de la place des Quinconces ou du cours Mirabeau, ce n’est pas une vignette qu’il faudra acheter, mais une voiture neuve…
Non content d’être un affreux tyran socialiste, le président Hugo Chavez prépare en secret des armes de destruction massive. S’il n’a pas encore été prouvé que le fou furieux sanguinaire qui opprime, élection gagnée après élection gagnée, son pauvre peuple est en train de préparer un programme nucléaire, il n’en est pas de même dans le domaine de l’arment chimique. Bien sûr, pour ne pas affoler une opinion mondiale déjà suffisamment traumatisée par le Japon, la Libye et la Côte d’Ivoire, l’information n’a pas été donnée directement mais seulement entre les lignes par une publication étasunienne très sérieuse, Proceedings of the National Academy of Sciences : les grenouilles toxiques d’Amérique Latine, que les Indiens utilisaient pour empoisonner leurs flèches ont muté de manière inquiétante pour une raison mystérieuse.
Non seulement, elles sont beaucoup plus jolies que les autres avec leur peau multicolore mais en plus elles sont devenues bien plus résistantes que leurs congénères non toxiques. Certes, les scientifiques sont en mesure de décrire le phénomène, à partir d’un échantillon de 50 espèces différentes dont la plupart sont originaires, comme par hasard, du Venezuela : « Elles sont davantage en mesure d’extraire l’oxygène à chaque respiration et de le transporter vers leurs muscles, tout comme les athlètes bien entraînés. »
En revanche, ils ne peuvent ou ne veulent en expliquer l’origine. Il faudrait pour cela montrer du doigt les laboratoires secrets de Chavez à Caracas. Et envoyer au plus vite une mission d’inspection de l’ONU pour forcer le Caligula des tropiques à en finir avec ses terrifiants batraciens.
Sarkozy : le Napoléon de Spielberg ? La newsletter du Film Français réservée aux abonnés (« 24 images par seconde ») rapporte que – d’après le Daily Variety – Steven Spielberg serait sur le point de reprendre le grand projet de film sur Napoléon que Stanley Kubrick avait développé (sans pouvoir le mener à bien) au début des années 70. Le cinéaste, qui avait déjà réalisé « A.I. » en 2001 d’après un projet de Kubrick, aurait à nouveau obtenu l’accord et la confiance des héritiers de l’auteur de Lolita, pour poursuivre et parachever son œuvre. Plus intriguant, le Variety rapporte ces propos de Spielberg : « Reste la question du casting. Stan envisageait Jack Nicholson pour interpréter Napoléon. C’était comme toujours très brillant. Mon ami Tom Cruise m’a suggéré une idée : Nicolas Sarkozy, qu’il connait bien, et qui est chef de l’état français, présente beaucoup de ressemblances avec l’Empereur. Il est petit, nerveux, expressif et ressemble à Astérix sans moustache. En plus, d’après le Los Angeles Times, il aura pas mal de temps libre à partir de 2012. Je l’invite à passer un casting avec moi. (…) Tom m’a dit également que la jolie femme du petit français, qui est une ancienne hôtesse de l’air je crois, a été figurante chez Woody Allen : elle pourrait très bien participer à mon projet ». Les Cahiers du cinéma précisent que le tournage pourrait débuter en 2013, et que Joséphine – l’épouse de Napoléon – pourrait être incarnée par l’actrice Scarlett Johansson.
Une wikipizz’ familiale, supplément pepperoni, avec un maxi-Coca ! Qu’on se le dise dans les chaumières « Speed Rabbit Pizza soutient Wikileaks » ! La Tribune.fr nous apprend ainsi que : « Speed Rabbit Pizza a décidé d’afficher le logo WikiLeaks sur la première page de son site Internet. L’enseigne met également en place un concours qui encourage les internautes à envoyer leurs recettes de pizza les plus créatives. La recette la plus originale servira de base pour la création d’une pizza Wikipizz… » Voilà qui donne faim ! Julian Assange aurait-il finalement réussi son coup ?
Pétard mouillé. Le quotidien régional Var Matin nous apprend qu’: « Un étrange paquet, dont dépassait une pointe en fer, a suscité un grand remue-ménage, mercredi, dans le centre de tri postal du Vaucluse » Le colis était destiné à un certain « Monsieur Nicolas Sarkozy » résidant à Paris, boulevard Saint-honoré. « Le dangereux paquet – révèle Var Matin – ne contenait en fait qu’une brochette de figues sèches, des gousses d’ail, un pot de confiture… » Enfer et damnation… « Ils ont envoyé les ambulances, les voitures de police, des démineurs de Marseille, et même une cellule chimique – raconte Thierry Gras, délégué CGT PTT du Vaucluse. Ils ont même barré la route d’accès à la plateforme. Il y avait des bouchons jusqu’au camping de Cavaillon ! » Peuchère ! D’après la police, l’expéditrice de ce colis loufoque serait une « déséquilibrée » farfelue… « Selon nos informations – dit le journal – le colis contenait aussi une petite médaille porte-bonheur, ainsi qu’une invitation à l’adresse du Président, afin qu’il vienne assister à la messe à Nice. » Le plan orsec aurait au passage – selon des sources proches du dossier – pris l’eau…
Je fais partie sans doute des derniers représentants de la génération qui préfère le Pinot noir à l’afghan de la même couleur et un Alsace rouge de chez Binner à un quatre feuilles même bien roulé. Question de goût, de culture, de civilisation dans les moyens employés pour jouer avec le temps, colorer les rêveries, faire tanguer la réalité.
J’ai aussi fait partie, sans doute partie des premiers représentants de la même génération où l’occasion de fumer du shit me fut donnée très facilement dans les environs de mon lycée, public mais réputé, d’une ville de l’ouest célèbre pour avoir brûlé une sainte.
Aujourd’hui, tout le monde ou presque fume et l’usage du cannabis s’est banalisé. On peut trouver cela désastreux, mais les faits sont têtus comme disait Lénine qui n’était pas du genre à apprécier ce genre d’amollissement anxiolytique détournant le vrai révolutionnaire de son devoir.
Cette banalisation, c’est d’abord ce que monte le livre de Stéphane Gatignon et Serge Supersac, Pour en finir avec les dealers. Le titre pourrait être celui d’une circulaire de Claude Guéant en pleine forme pré-électorale, mais le ministre de l’Intérieur risquerait pourtant de s’étrangler à la lecture du livre qui a le mérite d’ouvrir le débat sans la moindre provocation mais avec fermeté : pour en finir avec les dealers, il faut en finir avec la prohibition du cannabis, et plus généralement « cesser d’envisager les drogues d’un point de vue moral. » Le reste suivra, et notamment une chute spectaculaire de la criminalité toujours induite par un commerce de substances déclarées illicites.
Il n’est sans doute pas inutile de présenter les auteurs. Notre époque est friande en procès d’intention et brandit promptement la vieille injonction soixante-huitarde devant le moindre discours un peu non conforme : « D’où parles-tu ? ». Il est assez difficile, pour le coup, de voir en Gatignon et Supersac deux libéraux-libertaires qui pensent que la drogue n’est qu’un moment récréatif de leur existence sans se soucier du fait qu’à quelques stations de RER, elle est l’enjeu d’une guerre de tous contre tous, police contre dealers, dealers contre dealers, dealers contre population, et par transitivité, comme on disait en math, police contre population.
Non, nos deux auteurs savent que quoi ils parlent.
Stéphane Gatignon, petite quarantaine, est le maire de Sevran qui n’est tout de même pas Shangri-La. Tout en aimant profondément sa ville, cet élu encore récemment communiste ne peut que constater à propos de la violence : « Nourrie par les trafics, elle se diffuse dans l’espace public et le tissu social. À Sevran, un gamin de dix ans a été blessé par une arme parce qu’il jouait avec une arme à feu trouvée dans un bosquet à côté de son HLM. (…)Sevran comme nombre d’autres villes dites sensibles n’est qu’un laboratoire de la société qui se déconstruit sous nos yeux. »
Serge Supersac n’est pas non plus suspect de ne pas connaître le terrain comme on dit, un terrain vu sous l’angle du champ de bataille puisqu’il a dirigé plusieurs compagnies de CRS en Seine Saint-Denis. Cela ne l’empêche pas, à 54 ans, de voir à quelles impasses le politique a conduit son institution en ayant fait, en matière de drogue, le choix unique de la répression : « La hiérarchie de la police a changé : jadis, ils ne renonçaient jamais à leurs idéaux professionnels pour convenir à une hiérarchie politique », écrit-il. Et de poursuivre: « La logique martiale imposée depuis 2002 ne peut qu’empirer la situation : si l’on saisit de plus en plus de drogue et qu’on intercepte de plus en plus de délinquants, c’est qu’ils sont de plus en plus nombreux sur le marché et que la consommation progresse plus rapidement encore. »
C’est ce paradoxe d’une répression qui aggrave les choses qui permet à nos deux auteurs d’envisager la fin de la prohibition du cannabis sans que leurs lecteurs sautent au plafond en hurlant au laxisme.
Ils ont des arguments à faire valoir, étayés par des chiffres aux sources sérieuses et dans la mesure où la religion de votre serviteur n’est pas faite sur ces questions, je les ai lus avec intérêt.
Gatignon et Supersac reviennent pour commencer sur l’histoire de cette prohibition du cannabis et sur la criminalisation, non seulement du vendeur, mais aussi de l’usager : cela commence par une loi de 1970, votée dans le cadre de la lutte contre le gauchisme toujours vivace, que dans un réel souci de santé publique. C’est au cours des années 1970 et 1980, alors que la crise frappe de plus en plus fort, que l’usage des stupéfiants se généralise. Supersac se rappelle qu’il y a trente ans, alors qu’il était jeune gardien de la paix, il était déjà terrifié par les dégâts de l’héroïne.
Face au délitement annoncé de l’économie, à la paupérisation de territoires entiers qui ouvraient de nouveaux marchés à la défonce tarifée, Gatignon se souvient que c’est sa famille d’origine, les communistes, qui ont été les plus virulents pour tenter d’endiguer la vague délétère. Il raconte comment le 8 février 1981, à Ivry sur Seine, une manifestation assez dure s’est déroulée devant le logement d’une famille marocaine accusée « de trafic de drogue » et initiée par un certain… Robert Hue. Il n’empêche, cette banlieue rouge qui avait été une contre-société a été une des dernières à tenir le langage de la « common decency ». Et Gatignon de rappeler le discours de Marchais, à Montigny-Lès-Cormeilles, le 20 février de la même année : « Nous posons le problème de l’immigration, ce serait poser le problème du racisme ; nous menons la lutte contre la drogue, ce serait parce que nous ne voulons pas combattre l’alcool prisé par notre clientèle (…) Pour la jeunesse, je choisis l’étude, le sport, la lutte et non pas la drogue. »
Sur l’origine ethnique des dealers, le livre n’élude pas la question mais contrairement à Zemmour, les auteurs terminent leurs phrases. D’accord, ces dealers sont arabes ou noirs. Mais c’est parce que là où ils sont, ils offrent une réponse spécifiquement ultralibérale pour tenter de créer, sans contrainte, une économie rentable dans des zones désertée par toute autre activité. Le livre insiste aussi sur le fait que cette économie parallèle, grande pourvoyeuse de fantasmes, s’apparente davantage, d’après les mots mêmes des auteurs à une « économie de subsistance » : « Il faut bien comprendre et répéter que l’argent de la drogue ne permet pas de faire des folies. Elle offre une espèce d’obole à des gamins, qui viennent de plus en plus grossir les rangs de ceux qui œuvrent pour les parrains. » Là encore, la « théorie du ruissellement » chère au libéralisme ne se vérifie pas…La aussi, l’essentiel des richesses n’est pas redistribué.
Le résultat, nous disent les auteurs, c’est que ces quartiers qui vivent en autarcie, plus ou moins contrôlés par quelques parrains, ressemblent de plus en plus à Banlieue 13, ce film nanaresque d’un point de vue cinématographique mais qui pousse jusqu’au bout la logique de territorialisation des secteurs de vente laissés à eux-mêmes y compris pour assurer leur propre maintien de l’ordre.
Mais Banlieue 13 existe déjà dans la réalité : ça s’appelle le Mexique, où l’Etat, très rigide sur le principe de la prohibition, est, dans les faits, attaqué de manière quasi militaire par des cartels devenus de petites principautés – une guerre qui a fait 9000 morts en 2009. Bien sur, il n’y a en a eu que 7 à Sevran sur 51 000 habitants mais c’est précisément le moment ou jamais de réfléchir, pour ne pas terminer « à la mexicaine » parce qu’on aurait peur de finir « à la hollandaise ».
La sortie de la prohibition, en coupant l’herbe sous le pied du dealer, est l’une de ces solutions et, comme l’écrit avec humour Gatignon, on imagine mal une manif des trafiquants Place Beauvau pour exiger le retrait de la loi. « Sortir de la société de la prohibition c’est accepter de voir le monde tel qu’il est pour casser les mafias et libérer des territoires entiers de la violence. C’est libérer des personnes et des familles d’un système qui les opprime et qui détourne leurs enfants de la socialisation. »
Si l’on considère que l’ordre public, c’est-à-dire la sûreté réelle des populations, est un enjeu qui mérite autre chose que quelques opérations coups de poing télévisées destinées à satisfaire ce que l’on croit être son électorat il faut lire Pour en finir avec les dealers. Et peut-être, appliquer ses propositions qui relèvent davantage du pragmatisme que de l’idéologie.
La prolophobie décrite par Brustier et Huelin dans Voyage au bout de la droite semble bien devenue un sport très prisé dans certains milieux. Chez Taddéi ce mercredi, par exemple, on a pu voir un Me Thierry Lévy saisissant d’agressivité s’indigner contre la demande de sécurité formulée par de nombreux Français, quand bien même son interlocutrice lui faisait remarquer qu’elle émanait des classes les plus pauvres de notre pays.
L’humoriste subventionné Jean-Michel Ribes a aussitôt surenchéri sur la star du barreau en signalant qu’il ne sentait pas cette demande, habitant lui-même dans un quartier populaire. Pas étonnant qu’il ait davantage de mal à la sentir, cette anxiété, qu’un habitant de Noisy-le-Sec. Si son quartier de Ménilmontant fût populaire au temps de Maurice Chevalier et l’était encore à l’orée des années 80, les loyers actuels le rendent surtout accessible aux classes moyennes-supérieures en veine d’encanaillement. Quant au prix du mètre carré à l’achat, il se situe autour des huit-mille euros, c’est dire si le prolo a été expulsé -puis dispersé façon puzzle- depuis longtemps du voisinage du créateur de Palace.
Cette prolophobie ne concerne évidemment pas que les questions de sécurité, d’immigration ou de laïcité. Patrick Buisson, qui lui aussi a repris le concept de prolophobie, semble bien frappé d’hémiplégie lorsqu’il liste les solutions qu’il préconise afin de faire revenir au bercail sarkozyste les classes populaires qui l’ont lâché lors des derniers scrutins, en s’abstenant massivement ou en votant pour les candidats estampillés Marine Le Pen. Son ordonnance ne répond qu’à ces thématiques islamocentrées. Le bon docteur Buisson a juste oublié la désindustrialisation, les délocalisations, la croissance atone, les transports, le logement, autant de thèmes qui préoccupent autant voire davantage les milieux populaires en question.
Ne prenant pas les conseillers du Président pour des imbéciles, j’ai tendance à croire que Monsieur Buisson n’ignore rien de cela et qu’il est contraint de faire l’impasse sur le patriotisme économique et social puisqu’il est entendu que Nicolas Sarkozy n’est pas décidé à sauter le pas décisif ; à savoir aller vers la démondialisation préconisée par les uns et/ou de sortie du carcan euromonétaire réclamée par les autres. Peut-on vraiment aimer les ouvriers sans rien faire pour les empêcher de devenirs des chômeurs ? C’est bien beau de dénoncer la prolophobie mais encore ne faut-il pas y tomber soi-même.
Et s’il n’y avait que Lévy, Ribes et Buisson ! Voilà donc que notre ministre de l’écologie, dans le cadre du Grenelle vert, souhaite interdire dans huit villes la circulation aux véhicules à moteur mis en circulation il y a plus de douze ans. Parmi ces communes, Clermont-Ferrand mais aussi et surtout Paris et Saint-Denis. Imaginez un salarié endetté et habitant loin de Paris (ou de la Plaine Saint-Denis) où il travaille. Les transports en commun sont longs et ne lui donnent pas la garantie d’arriver à l’heure au bureau. Alors il prend sa vieille bagnole qu’il n’a pas pu renouveler parce que son endettement dépasserait le tiers de son revenu. Grâce à Borloo, NKM et Hulot, il fait comment ? Il se démerde. Salaud de pollueur ! Salaud de pauvre !
On pouvait attendre des éléphants de la rue de Solférino un barrissement, au moins pour la forme. Ainsi a-t-on posé la question à Claude Bartolone, qui était invité à Europe1. N’est-il pas aussi président du Conseil Général de Seine-Saint-Denis, département le plus pauvre de France là où les vieilles bagnoles concernées par la mesure gouvernementale constituent la plus grande partie du parc ? Que croyez-vous qu’il a répondu? Qu’il a crié au scandale ? Que nenni ! Certes, il signifié le fait que le 9-3 manquait cruellement de transports en commun et que cela pouvait être ressenti comme injuste mais, relancé par Nicolas Poincaré, il ne s’est pas dit scandalisé par la mesure, qualifiée au passage de « signal » et de « symbole ». Prolos de Seine-Saint-Denis, vous voilà défendus énergiquement ! Mon petit doigt me dit que beaucoup d’entre eux auraient sans doute préféré qu’il s’indignât contre NKM que contre Guéant et Copé.
Une présidentielle à 50 % de participation, ça vous dit ?
Ce n’est (heureusement) pas tous les jours qu’un artiste de renommée internationale est tué par balle en Cisjordanie. Et pourtant, vous n’en avez probablement pas entendu parler.
Vous n’avez pas vu non plus de manifestations appelée par le PCF, le NPA, le MRAP ou Boycott Désinvestissement Sanctions sur le Parvis du Trocadéro. Et il n’y aura pas non plus de grande marche aux flambeaux de Shalom Archav ou de Yesh Gvul sur la Place Rabin à Tel Aviv.
Pourtant Juliano Mer-Khamis, tombé le 4 avril dernier sous les balles de tueurs masqués à Jénine était l’un des leurs, c’était un opposant intégral à la politique israélienne, à toutes les politiques israéliennes. Né de parents israéliens – très exactement père arabe chrétien et de mère juive communiste -, il se définissait lui-même comme « juif palestinien » et avait choisi – comme sa mère avant lui – de vivre et d’exercer son métier de metteur en scène de théâtre au contact des populations déshéritées de Cisjordanie.
Artiste militant, mais pas seulement, il préparait, au moment de son assassinat, une verion d’Alice au Pays des merveilles avec les enfants de Jénine.
Les circonstances dramatiques de cet assassinat, le profil hors-norme mais hautement symbolique de la victime, aurait donc dû déchainer un vaste mouvement de solidarité, voire de colère chez les militants de gauche. Chez ceux en particulier car j’ai cru comprendre qu’ils étaient nombreux à s’intéresser plus à ce point chaud là qu’à tous les autres drames géopolitiques de la planète.
On n’ose imaginer que ce mutisme soit justifié par l’identité des bourreaux, qui, c’est une certitude, n’ont rien à voir avec Tsahal les colons ou la LDJ. Sur place, tout le monde sait que les assassins étaient palestiniens, des palestiniens qui ne sauraient tolérer chez eux une activité aussi haram que le théâtre, propagée par un juif, qui plus est[1. Pour être honnête d’autres motivations, moins idéologiques et plus sordides ne sont pas à exclure]. Ce qui donne lieu à des circonvolutions qui auraient pu être comiques en d’autres circonstances dans les rares communiqués de protestations émis après ce lâche assassinat, tel celui du Parti Communiste Israélien.
En clair, Juliano Mer-Khamis n’a pas été tué pour la bonne personne… En conséquence, à son enterrement il n’y aura ni youyous, ni délégation de la Ligue des Droits de l’Homme, ni même un message vidéo vibrant d’émotion de Ken Loach…
Pour contrer l’Iran, les pays du Golfe ont trouvé un nouveau champion : le Pakistan. En proie à une grave crise politique menaçant son intégrité territoriale et nationale, confronté à une guerre sans fin en Afghanistan et absorbé par des relations plus que compliquées avec le voisin indien, celui-ci s’embarque dans une nouvelle aventure : sauver le monde sunnite fragilisé par les révolutions arabes que l’Iran tente sournoisement d’exploiter pour renforcer l’arc chiite.
À vrai dire, sans même monter sur les grands chevaux de la cause sunnite, Islamabad a des intérêts très prosaïques à défendre dans les pays du Golfe : les Pakistanais fournissent un gros contingent des travailleurs étrangers dans la région. À Bahreïn, pays en proie à un fort mouvement de contestation, des attaques, menaces et même quelques assassinats de ressortissants pakistanais terrorisent cette communauté qui compte plus de 50.000 personnes. Ils sont nombreux aussi à Dubaï et au Koweït, et l’argent qu’ils envoient à leur famille est essentiel pour l’économie pakistanaise. Tout cela évoque le souvenir douloureux de la guerre du Golfe en 1991. Pour Islamabad, la perspective d’un retour précipité de plusieurs centaines de milliers d’hommes et l’arrêt brutal de transferts monétaires est un cauchemar.
Aussi compréhensibles que soient ces craintes et la volonté du Pakistan de maintenir l’ordre dans cette région, la réaction surprend par son ampleur.
Depuis plusieurs semaines, la Fondation Fauji – à l’origine une association caritative devenue un acteur majeur de l’économie pakistanaise – mène une campagne publicitaire visant à recruter d’anciens militaires pour intégrer la Garde nationale de Bahreïn. Proche de l’armée et dirigée par d’anciens officiers, la Fondation propose aux candidats des salaires faramineux allant jusqu’à 1200 dollars, soit cinq à six fois la rémunération d’un lieutenant d’active ! Les Chiites qui représentent 20 % des Pakistanais ne peuvent bénéficier de cette offre généreuse, le recrutement étant réservé non seulement aux Sunnites mais aussi à quelques clans considérés comme sûrs.
Mais ce n’est pas tout. L’armée a mis deux divisions en alerte, dans l’éventualité d’un départ immédiat vers la monarchie sunnite menacée par une révolte de la majorité chiite. Autant dire que l’intérêt d’Islamabad va largement au-delà de la volonté de protéger ses ressortissants menacés. En clair, le Pakistan a choisi son camp. Face à l’Iran, il entend sauver l’équilibre géostratégique actuel dans la région, c’est-à-dire la domination des monarchies sunnites. Cette politique a évidemment son volet intérieur : face à ses propres radicaux, le régime d’Islamabad se positionne comme un champion de l’islam sunnite, voire, comme le protecteur de La Mecque – plus musulman que les Talibans.
Cette ligne a une conséquence évidente qui est de creuser l’antagonisme avec le principal « challenger » de l’ordre régional, l’Iran. Qui n’a pas attendu une déclaration officielle d’Islamabad pour désigner l’ennemi.
Les Iraniens ne sont pas les instigateurs de la contestation dans le monde arabe en général et à Bahreïn en particulier : comme tout le monde, ils ont été pris de court par les événements. Mais ils entendent bien en tirer le plus grand bénéfice possible. Ils ont déjà marqué des points en Egypte, comme en témoigne l’évolution stratégique de cet ancien allié d’Israël qui a clairement manifesté sa volonté de s’éloigner de l’Etat hébreu. Téhéran aimerait bien, maintenant, saisir l’occasion inespérée qu’est le « printemps arabe » pour déstabiliser la péninsule arabique, perturbée par les mouvements de contestation au Yémen et à Bahreïn.
Pour l’Iran, Bahreïn est une cible de choix. Principale base de la Cinquième flotte américaine, ce micro-pays compte un million d’habitants, majoritairement chiites, et dont seulement 60 % sont ses ressortissants. Or, si les Chiites ne représentent que 7 % de la population d’Arabie saoudite, soit 2 millions sur 27 millions d’habitants, ils sont majoritaires dans la zone orientale frontalière de Bahreïn. Au grand dam de Riyad, cette région est particulièrement riche en pétrole. On imagine aisément le scénario noir que les Saoudiens veulent à tout prix éviter : une démocratisation de Bahreïn amènerait les Chiites au pouvoir, ce qui pourrait donner des idées à leurs coreligionnaires de l’autre côté de la frontière et se traduire par une insurrection au milieu des puits d’or noir.
Un peu trop chatouilleux sur les Droits de l’homme, les Etats-Unis ne sont plus considérés par la monarchie saoudienne comme des alliés très sûrs. Riyad a tiré les leçons des infortunes de Ben Ali et Moubarak et ne se fait guère d’illusions sur l’amitié de Washington. Les princes saoudiens préfèrent des partenaires un peu moins idéalistes et capables d’évaluer froidement les enjeux géostratégiques et les rapports de forces : des Nixon ou des De Gaulle plutôt que des Obama, des Cameron et autres Sarkozy. Dans ces conditions, la carte pakistanaise peut être un atout majeur pour l’Arabie saoudite. On pourrait paraphraser la dernière réplique de Casablanca : c’est peut-être le début d’une grande amitié…
Vendredi, je n’y ai pas vraiment prêté attention car je pensais qu’il s’agissait d’un poisson d’avril de plus. Et aujourd’hui, je dois bien me rendre à l’évidence. Un buste de Marianne a bien été retiré de la mairie de Neuville-en-Ferrain (Nord) sous le prétexte qu’il était trop bien doté au niveau des nénés. Monsieur le maire a pris cette décision car, semble t-il, les différentes cérémonies étaient troublées par les nombreux commentaires suscités par le décolleté de la sculpture. Pourtant, à bien y regarder, ce dernier n’est pas si vertigineux qu’on ne le racontait à la radio.
A cet instant, je pense moins à l’artiste locale, qui avait sculpté ce joli buste, qu’à toutes ces femmes généreusement dotées par Dame Nature ainsi stigmatisées voire discriminées. On ne voit vraiment pas pourquoi seule la peinture de Delacroix, située au fronton de ce blog, ferait foi sur le tour de poitrine et le bonnet de Marianne. C’est ainsi que j’encourage toutes celles qui se sentiraient victimes de discrimination de saisir la HALDE.
On me rétorquera que, le plus souvent, les femmes à poitrines plus modestes faisaient l’objet de discrimination, notamment dans les réclames publicitaires ou les téléfilms diffusés le samedi après minuit sur une chaîne cryptée. Certes ! Mais qui les empêchait de saisir Louis Schweitzer puis Jeannette Bougrab puis aujourd’hui Eric Molinié ? D’autre part, il n’était pas question d’un des symboles de la République, au contraire de l’affaire qui nous occupe et à propos de laquelle on peut très bien plaider la circonstance aggravante.
Interview de Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP
Causeur : Le débat sur la laïcité a été très critiqué à gauche mais aussi à droite. Pensez-vous que maintenant, le climat va s’apaiser ?
Jean-François Copé : L’excellente tenue du débat va calmer ceux qui critiquaient notre démarche. Mais les réactions qu’il a suscitées sont révélatrices des postures des uns et des autres. La gauche et le Front National vont devoir prendre leurs responsabilités : nous, nous nous attaquons aux problèmes. L’extrême droite, elle, prétend que tout est dans la loi et qu’il est inutile de faire de nouvelles propositions.
La gauche, de son côté, ne va pas pouvoir continuer à nier que la laïcité est un sujet politique qui intéresse au plus haut point nos concitoyens et refuser en permanence la discussion. Le PS va devoir trancher entre les laïcs façon Glavany et ceux qui cèdent aux pressions communautaristes comme Martine Aubry. Il faut tout de même rappeler que, dans sa ville, elle avait accepté d’instaurer des créneaux séparés dans les piscines pour tenir compte des religieux qui refusent la mixité.
Causeur : Que le sujet intéresse les Français, soit. Fallait-il organiser à la va-vite une telle réunion sur des questions sensibles qui heurtent nombre de citoyens ?
JFC : Ce débat est le fruit d’un gros travail. Il nous permet surtout d’apporter des réponses concrètes aux problèmes concrets posés aujourd’hui par l’application d’une loi fondatrice, mais qui date de 1905. En juin, nous déposerons une proposition de résolution à l’Assemblée nationale. C’est le meilleur antidote aux hurlements du FN et au déni de la gauche.
Causeur : Vous allez donc toucher à la loi de 1905 ?
JFC : Non, il n’y a pas lieu de modifier la loi, ni de la remettre en cause. Nous allons simplement procéder à des ajustements pour qu’elle prenne en compte les comportements nouveaux qui posent des problèmes nouveaux dans les services publics, les écoles, les crèches, les entreprises ou les hôpitaux. Cette résolution parlementaire formera, à partir de nos 26 propositions, le point de départ d’un Code de la laïcité qui permettra de définir, clairement et pour tous, les bonnes pratiques.
Causeur : Pensez-vous qu’en aidant le financement des mosquées, on mettra fin aux prières de rue ?
JFC : Ce n’est pas lié mais il nous paraît important de trouver de nouveaux moyens de sécuriser et de faciliter le financement des lieux de culte. L’idée est simple, les représentants du CFCM (Conseil français du culte musulman) nous ont expliqué qu’ils n’avaient pas de difficultés pour recueillir le denier du culte auprès des fidèles, mais qu’ils ont besoin d’aide pour acheter les terrains et assurer les montages financiers de la construction de lieux de culte. À travers la souscription de baux emphytéotiques et l’ouverture de garanties d’emprunts par les collectivités locales, les projets devraient être plus simples à monter. De plus, en créant des associations, nous allons pouvoir assurer une meilleure traçabilité des fonds qui seront récoltés auprès des fidèles. Quant à la prière de rue en tant que telle, c’est un problème d’ordre public qui doit être résolu par le ministère de l’Intérieur. Cela dit, vous savez très bien que ce problème concerne trois rues et qu’on peut alimenter tous les fantasmes en en faisant un enjeu global.
Causeur : Ce n’est pas simplement un problème d’ordre public. L’islam de France que vous proposez, une partie des musulmans n’en veut pas comme à Epinay sur Seine ou à Drancy. Que fait-on dans ce cas-là ?
JFC : La laïcité, ça marche dans les deux sens. Ce n’est pas aux religieux d’organiser la vie de la Cité, mais ce n’est pas non plus aux politiques d’organiser les religions. Dans cette logique, l’organisation de l’islam de France dépend d’abord des musulmans eux-mêmes. C’est à eux de faire le travail pour s’assurer que l’exercice de leur culte respecte les règles de la République, par exemple l’égalité entre les hommes et les femmes ou la liberté de conscience, notamment le droit de ne pas pratiquer, de ne pas avoir de religion ou de changer de religion. Dans leur immense majorité, les Français de confession musulmane ont fait cet exercice : ils savent bien qu’on ne pratique pas de la même façon sa religion en Asie, au Maghreb, en Afrique noire ou en Europe. Des courants fondamentalistes s’opposent à ce mouvement en mélangeant ce qui relève de la religion, de la société et du pouvoir politique. Ma responsabilité n’est pas de les contester sur le terrain religieux ou théologique, il est de faire respecter la loi de la République avec justice et sérénité, et de la clarifier quand cela est nécessaire. Nous l’avons fait concernant le port du voile intégral. Et nous allons le faire à la suite de ce débat qui nous a permis de formuler 26 propositions concrètes.
Causeur : Vous pensez donc qu’il y a plus de motifs de se réjouir que de s’inquiéter ?
JFC : À l’encontre des visions catastrophistes, je suis assez serein sur l’évolution des choses. Il est normal que ce travail prenne un peu de temps pour l’islam de France comme il a pris du temps pour d’autres religions dans l’histoire de notre pays. La seule condition pour que cela marche, c’est que le politique ne tremble pas face aux extrémistes et qu’il reste ferme sur le respect des valeurs de la République, même quand il y a des tensions ou des provocations. Voilà pourquoi je regrette tant les ambiguïtés ou les lâchetés de certains responsables politiques.
Causeur : Toutes ces mesures vont-elles apaiser les dignitaires religieux qui se sont élevés il y a peu de temps dans une tribune commune contre ce débat ?
JFC : Les communautés ne craignent pas la discussion, elles craignent la stigmatisation. Et notamment celle des fidèles musulmans, puisque tout le poids pèse sur eux. Il faut éviter les caricatures, c’est dans cet esprit que j’ai écrit, à la demande d’un hebdomadaire, ma « lettre à un ami musulman », pour expliquer notre démarche et éviter qu’elle soit déformée. Un certain nombre de personnalités politiques sont tombées dans ce piège de la stigmatisation et ont tout fait pour nous interdire de discuter. Mais à droite, les choses se calment. Car nous sommes tous d’accord pour lutter contre tous ceux qui, de part et d’autre, veulent à tout prix instrumentaliser la religion et la laïcité à des à des fins politiques. C’est tout le contraire du sens de notre action. Nous venons de le montrer.
Pas d’humour, pas de commentaires, rien que le texte intégral de l’appel officiel à la manifestation de ce samedi, contre la loi sur la burqa, place de la Nation à 14h, tel qu’il a été publié sur le site des organisateurs, le groupe Jamat Tawhid et repris sur de nombreux sites islamistes français tels Forsane. Les rédacteurs étant probablement anglophones, on ne s’arrêtera pas aux fautes d’orthographe, de grammaire ou de syntaxe, l’essentiel est ailleurs.
Communiqué De Presse
Allah (swt) nous dit « N’obéissez pas à l’ordre des outranciers qui sèment le désordre sur la terre et n’améliorent rien ». [Ar-Room:41]. Ce que nous voyons avec l’interdiction du niqab c’est simplement une continuation de guerre contre l’Islam. Le sang de la haine circule toujours dans les veines du croisade. Même après que ces mécréants interdiront le niqab dans les jours à venir, ils ne seront pas satisfait et voudraient que les musulmans deviennent comme eux. Allah (swt) dit « Ni les Juifs, ni les Chrétiens ne seront jamais satisfaits de toi, jusqu’à ce que tu suives leur religion… » [Baqara:120].
Ô les Muslumans en France, reveillez vous de cette oppression. Combien de temps vous allez vous soumettre sous cette domination mécréants. Alors que Sarkosy veut que nos soeurs musulmanes soient tout nues comme sa femme qui se prostitue ouvertement sur le magazine Playboy.
Le Niqab c’est le symbol de la soumission et de l’obeissance à Allah(swt). Votre allegeance n’est pas vers la loi de l’homme mais plutôt vers Allah(swt). Si vous choissez de garder la bouche bée, eh bien attendez-vous au diable.
Chère frères et soeurs Musulmans soyez brave et ferme pour defier l’interdiction du Niqab le 9 Avril. L’islam et venue pour dominer le monde y compris La France. N’oublier pas que nous apartenons à l’ummah du Prophet Mohammad (pssl). Notre guidance c’est le Shariah et non pas la constitution de La France. Alors nos soeurs Muslumanes venez en foule et portez votre Niqab le 9 avril Insha Allah.
NDLR : L’expression « swt » est l’abréviation de Subhanahu Wa Ta’ala » (سبحانه وتعالى) et qui signifie «que Son nom soit exalté», est placée par les musulmans observants après toute citation du nom d’Allah. De même l’expression « pssl » placée rituellement après le nom de Mahomet signifie « Paix et Salut Soient sur Lui »
Le saviez-vous ? En ce moment se tiennent les Etats généraux de la qualité de l’air, un des produits dérivés du Grenelle de l’environnement. Ils auraient fort bien pu passer inaperçus si la ministre de l’Environnement, Nathalie Kosciusko-Morizet, n’y avait d’ores et déjà annoncé une mesure spectaculaire pour faire baisser la pollution en ville: 10 millions de véhicules, – deux roues, utilitaires, camions et voitures – immatriculés avant 1997 seront interdits de centre-ville dans huit agglomérations, entre 2012 et 2015. Et il ne s’agit pas d’une mesure incitative, comme souvent jusque là en matière de qualité de l’air : à Paris, Saint-Denis, Lyon, Grenoble, Clermont-Ferrand, Nice, Aix-en-Provence et Bordeaux, ces véhicules seront purement et simplement interdits de voie publique sous peine d’amende.
La mesure est déjà pratiquée dans certaines villes de Suède ou d’Allemagne, avec succès explique le ministère. Avec un tel argument, qui oserait protester ? D’ailleurs, on ne proteste pas : il ne fait pas bon douter par chez nous du principe de précaution.
L’éradication de ces véhicules peu citoyens devrait, nous dit-on, faire baisser le nombre de particules qui empoisonnent l’air et provoquent de l’asthme, des troubles cardiaques et entraînent une surmortalité chez les personnes les plus fragiles. Honnêtement qui peut s’opposer à cela ?
Et bien moi, par exemple. Parce qu’en pratique, ce n’est rien d’autre qu’une mesure discriminatoire. J’imagine, peut-être bêtement, que ce sont souvent les ménages les plus modestes, ou les jeunes qui débutent dans la vie active qui conduisent les voitures les plus anciennes ou les mobs les plus décaties. Au pilori ! Haro aussi sur l’épicier du coin qui livre dans un estafette hors d’âge. Je croyais -peut-être bêtement, me répéterai-je- que le contrôle technique de plus en plus contraignant auquel sont soumis les véhicules garantissait que leur niveau de pollution était acceptable. Moyennant quoi, cette mesure de santé publique, annoncée ainsi, passe pour un emmerdement de plus, voire une humiliation pour ceux qui ont besoin de leur voiture pour aller travailler, ou même, quel scandale !, pour aller au resto ou au cinéma le vendredi soir.
C’est la manière la plus efficace de rendre l’écologie de bon sens impopulaire. Et de donner l’impression, une fois de plus, d’un deux poids, deux mesures. Et je me mets à la place du conducteur de Clio millésimée qui aura sans doute des pensées terribles, quand il croisera en ville un énorme 4X4 flambant neuf -avec ses vitres teintées noir foncé et son pare-buffle écrase-piétons- qui, lui, pourra continuer à polluer tranquillement…
On a beaucoup moqué, et à juste titre l’ex-maire ex-gauchiste de Londres, Ken Livingstone, quand il a exigé qu’on achète une vignette pour pouvoir circuler en centre-ville. On l’a accusé de vouloir rétablir l’octroi, et de s’abriter derrière des arguments sanitaires pour empêcher de facto les pauvres de venir gâcher le paysage des vieux banquiers et des jeunes traders. Et bien chez nous, ce sera encore mieux : pour rouler dans un rayon de quatre kilomètres autour de Notre-Dame, de la place des Quinconces ou du cours Mirabeau, ce n’est pas une vignette qu’il faudra acheter, mais une voiture neuve…
Non content d’être un affreux tyran socialiste, le président Hugo Chavez prépare en secret des armes de destruction massive. S’il n’a pas encore été prouvé que le fou furieux sanguinaire qui opprime, élection gagnée après élection gagnée, son pauvre peuple est en train de préparer un programme nucléaire, il n’en est pas de même dans le domaine de l’arment chimique. Bien sûr, pour ne pas affoler une opinion mondiale déjà suffisamment traumatisée par le Japon, la Libye et la Côte d’Ivoire, l’information n’a pas été donnée directement mais seulement entre les lignes par une publication étasunienne très sérieuse, Proceedings of the National Academy of Sciences : les grenouilles toxiques d’Amérique Latine, que les Indiens utilisaient pour empoisonner leurs flèches ont muté de manière inquiétante pour une raison mystérieuse.
Non seulement, elles sont beaucoup plus jolies que les autres avec leur peau multicolore mais en plus elles sont devenues bien plus résistantes que leurs congénères non toxiques. Certes, les scientifiques sont en mesure de décrire le phénomène, à partir d’un échantillon de 50 espèces différentes dont la plupart sont originaires, comme par hasard, du Venezuela : « Elles sont davantage en mesure d’extraire l’oxygène à chaque respiration et de le transporter vers leurs muscles, tout comme les athlètes bien entraînés. »
En revanche, ils ne peuvent ou ne veulent en expliquer l’origine. Il faudrait pour cela montrer du doigt les laboratoires secrets de Chavez à Caracas. Et envoyer au plus vite une mission d’inspection de l’ONU pour forcer le Caligula des tropiques à en finir avec ses terrifiants batraciens.
Sarkozy : le Napoléon de Spielberg ? La newsletter du Film Français réservée aux abonnés (« 24 images par seconde ») rapporte que – d’après le Daily Variety – Steven Spielberg serait sur le point de reprendre le grand projet de film sur Napoléon que Stanley Kubrick avait développé (sans pouvoir le mener à bien) au début des années 70. Le cinéaste, qui avait déjà réalisé « A.I. » en 2001 d’après un projet de Kubrick, aurait à nouveau obtenu l’accord et la confiance des héritiers de l’auteur de Lolita, pour poursuivre et parachever son œuvre. Plus intriguant, le Variety rapporte ces propos de Spielberg : « Reste la question du casting. Stan envisageait Jack Nicholson pour interpréter Napoléon. C’était comme toujours très brillant. Mon ami Tom Cruise m’a suggéré une idée : Nicolas Sarkozy, qu’il connait bien, et qui est chef de l’état français, présente beaucoup de ressemblances avec l’Empereur. Il est petit, nerveux, expressif et ressemble à Astérix sans moustache. En plus, d’après le Los Angeles Times, il aura pas mal de temps libre à partir de 2012. Je l’invite à passer un casting avec moi. (…) Tom m’a dit également que la jolie femme du petit français, qui est une ancienne hôtesse de l’air je crois, a été figurante chez Woody Allen : elle pourrait très bien participer à mon projet ». Les Cahiers du cinéma précisent que le tournage pourrait débuter en 2013, et que Joséphine – l’épouse de Napoléon – pourrait être incarnée par l’actrice Scarlett Johansson.
Une wikipizz’ familiale, supplément pepperoni, avec un maxi-Coca ! Qu’on se le dise dans les chaumières « Speed Rabbit Pizza soutient Wikileaks » ! La Tribune.fr nous apprend ainsi que : « Speed Rabbit Pizza a décidé d’afficher le logo WikiLeaks sur la première page de son site Internet. L’enseigne met également en place un concours qui encourage les internautes à envoyer leurs recettes de pizza les plus créatives. La recette la plus originale servira de base pour la création d’une pizza Wikipizz… » Voilà qui donne faim ! Julian Assange aurait-il finalement réussi son coup ?
Pétard mouillé. Le quotidien régional Var Matin nous apprend qu’: « Un étrange paquet, dont dépassait une pointe en fer, a suscité un grand remue-ménage, mercredi, dans le centre de tri postal du Vaucluse » Le colis était destiné à un certain « Monsieur Nicolas Sarkozy » résidant à Paris, boulevard Saint-honoré. « Le dangereux paquet – révèle Var Matin – ne contenait en fait qu’une brochette de figues sèches, des gousses d’ail, un pot de confiture… » Enfer et damnation… « Ils ont envoyé les ambulances, les voitures de police, des démineurs de Marseille, et même une cellule chimique – raconte Thierry Gras, délégué CGT PTT du Vaucluse. Ils ont même barré la route d’accès à la plateforme. Il y avait des bouchons jusqu’au camping de Cavaillon ! » Peuchère ! D’après la police, l’expéditrice de ce colis loufoque serait une « déséquilibrée » farfelue… « Selon nos informations – dit le journal – le colis contenait aussi une petite médaille porte-bonheur, ainsi qu’une invitation à l’adresse du Président, afin qu’il vienne assister à la messe à Nice. » Le plan orsec aurait au passage – selon des sources proches du dossier – pris l’eau…
Je fais partie sans doute des derniers représentants de la génération qui préfère le Pinot noir à l’afghan de la même couleur et un Alsace rouge de chez Binner à un quatre feuilles même bien roulé. Question de goût, de culture, de civilisation dans les moyens employés pour jouer avec le temps, colorer les rêveries, faire tanguer la réalité.
J’ai aussi fait partie, sans doute partie des premiers représentants de la même génération où l’occasion de fumer du shit me fut donnée très facilement dans les environs de mon lycée, public mais réputé, d’une ville de l’ouest célèbre pour avoir brûlé une sainte.
Aujourd’hui, tout le monde ou presque fume et l’usage du cannabis s’est banalisé. On peut trouver cela désastreux, mais les faits sont têtus comme disait Lénine qui n’était pas du genre à apprécier ce genre d’amollissement anxiolytique détournant le vrai révolutionnaire de son devoir.
Cette banalisation, c’est d’abord ce que monte le livre de Stéphane Gatignon et Serge Supersac, Pour en finir avec les dealers. Le titre pourrait être celui d’une circulaire de Claude Guéant en pleine forme pré-électorale, mais le ministre de l’Intérieur risquerait pourtant de s’étrangler à la lecture du livre qui a le mérite d’ouvrir le débat sans la moindre provocation mais avec fermeté : pour en finir avec les dealers, il faut en finir avec la prohibition du cannabis, et plus généralement « cesser d’envisager les drogues d’un point de vue moral. » Le reste suivra, et notamment une chute spectaculaire de la criminalité toujours induite par un commerce de substances déclarées illicites.
Il n’est sans doute pas inutile de présenter les auteurs. Notre époque est friande en procès d’intention et brandit promptement la vieille injonction soixante-huitarde devant le moindre discours un peu non conforme : « D’où parles-tu ? ». Il est assez difficile, pour le coup, de voir en Gatignon et Supersac deux libéraux-libertaires qui pensent que la drogue n’est qu’un moment récréatif de leur existence sans se soucier du fait qu’à quelques stations de RER, elle est l’enjeu d’une guerre de tous contre tous, police contre dealers, dealers contre dealers, dealers contre population, et par transitivité, comme on disait en math, police contre population.
Non, nos deux auteurs savent que quoi ils parlent.
Stéphane Gatignon, petite quarantaine, est le maire de Sevran qui n’est tout de même pas Shangri-La. Tout en aimant profondément sa ville, cet élu encore récemment communiste ne peut que constater à propos de la violence : « Nourrie par les trafics, elle se diffuse dans l’espace public et le tissu social. À Sevran, un gamin de dix ans a été blessé par une arme parce qu’il jouait avec une arme à feu trouvée dans un bosquet à côté de son HLM. (…)Sevran comme nombre d’autres villes dites sensibles n’est qu’un laboratoire de la société qui se déconstruit sous nos yeux. »
Serge Supersac n’est pas non plus suspect de ne pas connaître le terrain comme on dit, un terrain vu sous l’angle du champ de bataille puisqu’il a dirigé plusieurs compagnies de CRS en Seine Saint-Denis. Cela ne l’empêche pas, à 54 ans, de voir à quelles impasses le politique a conduit son institution en ayant fait, en matière de drogue, le choix unique de la répression : « La hiérarchie de la police a changé : jadis, ils ne renonçaient jamais à leurs idéaux professionnels pour convenir à une hiérarchie politique », écrit-il. Et de poursuivre: « La logique martiale imposée depuis 2002 ne peut qu’empirer la situation : si l’on saisit de plus en plus de drogue et qu’on intercepte de plus en plus de délinquants, c’est qu’ils sont de plus en plus nombreux sur le marché et que la consommation progresse plus rapidement encore. »
C’est ce paradoxe d’une répression qui aggrave les choses qui permet à nos deux auteurs d’envisager la fin de la prohibition du cannabis sans que leurs lecteurs sautent au plafond en hurlant au laxisme.
Ils ont des arguments à faire valoir, étayés par des chiffres aux sources sérieuses et dans la mesure où la religion de votre serviteur n’est pas faite sur ces questions, je les ai lus avec intérêt.
Gatignon et Supersac reviennent pour commencer sur l’histoire de cette prohibition du cannabis et sur la criminalisation, non seulement du vendeur, mais aussi de l’usager : cela commence par une loi de 1970, votée dans le cadre de la lutte contre le gauchisme toujours vivace, que dans un réel souci de santé publique. C’est au cours des années 1970 et 1980, alors que la crise frappe de plus en plus fort, que l’usage des stupéfiants se généralise. Supersac se rappelle qu’il y a trente ans, alors qu’il était jeune gardien de la paix, il était déjà terrifié par les dégâts de l’héroïne.
Face au délitement annoncé de l’économie, à la paupérisation de territoires entiers qui ouvraient de nouveaux marchés à la défonce tarifée, Gatignon se souvient que c’est sa famille d’origine, les communistes, qui ont été les plus virulents pour tenter d’endiguer la vague délétère. Il raconte comment le 8 février 1981, à Ivry sur Seine, une manifestation assez dure s’est déroulée devant le logement d’une famille marocaine accusée « de trafic de drogue » et initiée par un certain… Robert Hue. Il n’empêche, cette banlieue rouge qui avait été une contre-société a été une des dernières à tenir le langage de la « common decency ». Et Gatignon de rappeler le discours de Marchais, à Montigny-Lès-Cormeilles, le 20 février de la même année : « Nous posons le problème de l’immigration, ce serait poser le problème du racisme ; nous menons la lutte contre la drogue, ce serait parce que nous ne voulons pas combattre l’alcool prisé par notre clientèle (…) Pour la jeunesse, je choisis l’étude, le sport, la lutte et non pas la drogue. »
Sur l’origine ethnique des dealers, le livre n’élude pas la question mais contrairement à Zemmour, les auteurs terminent leurs phrases. D’accord, ces dealers sont arabes ou noirs. Mais c’est parce que là où ils sont, ils offrent une réponse spécifiquement ultralibérale pour tenter de créer, sans contrainte, une économie rentable dans des zones désertée par toute autre activité. Le livre insiste aussi sur le fait que cette économie parallèle, grande pourvoyeuse de fantasmes, s’apparente davantage, d’après les mots mêmes des auteurs à une « économie de subsistance » : « Il faut bien comprendre et répéter que l’argent de la drogue ne permet pas de faire des folies. Elle offre une espèce d’obole à des gamins, qui viennent de plus en plus grossir les rangs de ceux qui œuvrent pour les parrains. » Là encore, la « théorie du ruissellement » chère au libéralisme ne se vérifie pas…La aussi, l’essentiel des richesses n’est pas redistribué.
Le résultat, nous disent les auteurs, c’est que ces quartiers qui vivent en autarcie, plus ou moins contrôlés par quelques parrains, ressemblent de plus en plus à Banlieue 13, ce film nanaresque d’un point de vue cinématographique mais qui pousse jusqu’au bout la logique de territorialisation des secteurs de vente laissés à eux-mêmes y compris pour assurer leur propre maintien de l’ordre.
Mais Banlieue 13 existe déjà dans la réalité : ça s’appelle le Mexique, où l’Etat, très rigide sur le principe de la prohibition, est, dans les faits, attaqué de manière quasi militaire par des cartels devenus de petites principautés – une guerre qui a fait 9000 morts en 2009. Bien sur, il n’y a en a eu que 7 à Sevran sur 51 000 habitants mais c’est précisément le moment ou jamais de réfléchir, pour ne pas terminer « à la mexicaine » parce qu’on aurait peur de finir « à la hollandaise ».
La sortie de la prohibition, en coupant l’herbe sous le pied du dealer, est l’une de ces solutions et, comme l’écrit avec humour Gatignon, on imagine mal une manif des trafiquants Place Beauvau pour exiger le retrait de la loi. « Sortir de la société de la prohibition c’est accepter de voir le monde tel qu’il est pour casser les mafias et libérer des territoires entiers de la violence. C’est libérer des personnes et des familles d’un système qui les opprime et qui détourne leurs enfants de la socialisation. »
Si l’on considère que l’ordre public, c’est-à-dire la sûreté réelle des populations, est un enjeu qui mérite autre chose que quelques opérations coups de poing télévisées destinées à satisfaire ce que l’on croit être son électorat il faut lire Pour en finir avec les dealers. Et peut-être, appliquer ses propositions qui relèvent davantage du pragmatisme que de l’idéologie.
La prolophobie décrite par Brustier et Huelin dans Voyage au bout de la droite semble bien devenue un sport très prisé dans certains milieux. Chez Taddéi ce mercredi, par exemple, on a pu voir un Me Thierry Lévy saisissant d’agressivité s’indigner contre la demande de sécurité formulée par de nombreux Français, quand bien même son interlocutrice lui faisait remarquer qu’elle émanait des classes les plus pauvres de notre pays.
L’humoriste subventionné Jean-Michel Ribes a aussitôt surenchéri sur la star du barreau en signalant qu’il ne sentait pas cette demande, habitant lui-même dans un quartier populaire. Pas étonnant qu’il ait davantage de mal à la sentir, cette anxiété, qu’un habitant de Noisy-le-Sec. Si son quartier de Ménilmontant fût populaire au temps de Maurice Chevalier et l’était encore à l’orée des années 80, les loyers actuels le rendent surtout accessible aux classes moyennes-supérieures en veine d’encanaillement. Quant au prix du mètre carré à l’achat, il se situe autour des huit-mille euros, c’est dire si le prolo a été expulsé -puis dispersé façon puzzle- depuis longtemps du voisinage du créateur de Palace.
Cette prolophobie ne concerne évidemment pas que les questions de sécurité, d’immigration ou de laïcité. Patrick Buisson, qui lui aussi a repris le concept de prolophobie, semble bien frappé d’hémiplégie lorsqu’il liste les solutions qu’il préconise afin de faire revenir au bercail sarkozyste les classes populaires qui l’ont lâché lors des derniers scrutins, en s’abstenant massivement ou en votant pour les candidats estampillés Marine Le Pen. Son ordonnance ne répond qu’à ces thématiques islamocentrées. Le bon docteur Buisson a juste oublié la désindustrialisation, les délocalisations, la croissance atone, les transports, le logement, autant de thèmes qui préoccupent autant voire davantage les milieux populaires en question.
Ne prenant pas les conseillers du Président pour des imbéciles, j’ai tendance à croire que Monsieur Buisson n’ignore rien de cela et qu’il est contraint de faire l’impasse sur le patriotisme économique et social puisqu’il est entendu que Nicolas Sarkozy n’est pas décidé à sauter le pas décisif ; à savoir aller vers la démondialisation préconisée par les uns et/ou de sortie du carcan euromonétaire réclamée par les autres. Peut-on vraiment aimer les ouvriers sans rien faire pour les empêcher de devenirs des chômeurs ? C’est bien beau de dénoncer la prolophobie mais encore ne faut-il pas y tomber soi-même.
Et s’il n’y avait que Lévy, Ribes et Buisson ! Voilà donc que notre ministre de l’écologie, dans le cadre du Grenelle vert, souhaite interdire dans huit villes la circulation aux véhicules à moteur mis en circulation il y a plus de douze ans. Parmi ces communes, Clermont-Ferrand mais aussi et surtout Paris et Saint-Denis. Imaginez un salarié endetté et habitant loin de Paris (ou de la Plaine Saint-Denis) où il travaille. Les transports en commun sont longs et ne lui donnent pas la garantie d’arriver à l’heure au bureau. Alors il prend sa vieille bagnole qu’il n’a pas pu renouveler parce que son endettement dépasserait le tiers de son revenu. Grâce à Borloo, NKM et Hulot, il fait comment ? Il se démerde. Salaud de pollueur ! Salaud de pauvre !
On pouvait attendre des éléphants de la rue de Solférino un barrissement, au moins pour la forme. Ainsi a-t-on posé la question à Claude Bartolone, qui était invité à Europe1. N’est-il pas aussi président du Conseil Général de Seine-Saint-Denis, département le plus pauvre de France là où les vieilles bagnoles concernées par la mesure gouvernementale constituent la plus grande partie du parc ? Que croyez-vous qu’il a répondu? Qu’il a crié au scandale ? Que nenni ! Certes, il signifié le fait que le 9-3 manquait cruellement de transports en commun et que cela pouvait être ressenti comme injuste mais, relancé par Nicolas Poincaré, il ne s’est pas dit scandalisé par la mesure, qualifiée au passage de « signal » et de « symbole ». Prolos de Seine-Saint-Denis, vous voilà défendus énergiquement ! Mon petit doigt me dit que beaucoup d’entre eux auraient sans doute préféré qu’il s’indignât contre NKM que contre Guéant et Copé.
Une présidentielle à 50 % de participation, ça vous dit ?
Ce n’est (heureusement) pas tous les jours qu’un artiste de renommée internationale est tué par balle en Cisjordanie. Et pourtant, vous n’en avez probablement pas entendu parler.
Vous n’avez pas vu non plus de manifestations appelée par le PCF, le NPA, le MRAP ou Boycott Désinvestissement Sanctions sur le Parvis du Trocadéro. Et il n’y aura pas non plus de grande marche aux flambeaux de Shalom Archav ou de Yesh Gvul sur la Place Rabin à Tel Aviv.
Pourtant Juliano Mer-Khamis, tombé le 4 avril dernier sous les balles de tueurs masqués à Jénine était l’un des leurs, c’était un opposant intégral à la politique israélienne, à toutes les politiques israéliennes. Né de parents israéliens – très exactement père arabe chrétien et de mère juive communiste -, il se définissait lui-même comme « juif palestinien » et avait choisi – comme sa mère avant lui – de vivre et d’exercer son métier de metteur en scène de théâtre au contact des populations déshéritées de Cisjordanie.
Artiste militant, mais pas seulement, il préparait, au moment de son assassinat, une verion d’Alice au Pays des merveilles avec les enfants de Jénine.
Les circonstances dramatiques de cet assassinat, le profil hors-norme mais hautement symbolique de la victime, aurait donc dû déchainer un vaste mouvement de solidarité, voire de colère chez les militants de gauche. Chez ceux en particulier car j’ai cru comprendre qu’ils étaient nombreux à s’intéresser plus à ce point chaud là qu’à tous les autres drames géopolitiques de la planète.
On n’ose imaginer que ce mutisme soit justifié par l’identité des bourreaux, qui, c’est une certitude, n’ont rien à voir avec Tsahal les colons ou la LDJ. Sur place, tout le monde sait que les assassins étaient palestiniens, des palestiniens qui ne sauraient tolérer chez eux une activité aussi haram que le théâtre, propagée par un juif, qui plus est[1. Pour être honnête d’autres motivations, moins idéologiques et plus sordides ne sont pas à exclure]. Ce qui donne lieu à des circonvolutions qui auraient pu être comiques en d’autres circonstances dans les rares communiqués de protestations émis après ce lâche assassinat, tel celui du Parti Communiste Israélien.
En clair, Juliano Mer-Khamis n’a pas été tué pour la bonne personne… En conséquence, à son enterrement il n’y aura ni youyous, ni délégation de la Ligue des Droits de l’Homme, ni même un message vidéo vibrant d’émotion de Ken Loach…
Pour contrer l’Iran, les pays du Golfe ont trouvé un nouveau champion : le Pakistan. En proie à une grave crise politique menaçant son intégrité territoriale et nationale, confronté à une guerre sans fin en Afghanistan et absorbé par des relations plus que compliquées avec le voisin indien, celui-ci s’embarque dans une nouvelle aventure : sauver le monde sunnite fragilisé par les révolutions arabes que l’Iran tente sournoisement d’exploiter pour renforcer l’arc chiite.
À vrai dire, sans même monter sur les grands chevaux de la cause sunnite, Islamabad a des intérêts très prosaïques à défendre dans les pays du Golfe : les Pakistanais fournissent un gros contingent des travailleurs étrangers dans la région. À Bahreïn, pays en proie à un fort mouvement de contestation, des attaques, menaces et même quelques assassinats de ressortissants pakistanais terrorisent cette communauté qui compte plus de 50.000 personnes. Ils sont nombreux aussi à Dubaï et au Koweït, et l’argent qu’ils envoient à leur famille est essentiel pour l’économie pakistanaise. Tout cela évoque le souvenir douloureux de la guerre du Golfe en 1991. Pour Islamabad, la perspective d’un retour précipité de plusieurs centaines de milliers d’hommes et l’arrêt brutal de transferts monétaires est un cauchemar.
Aussi compréhensibles que soient ces craintes et la volonté du Pakistan de maintenir l’ordre dans cette région, la réaction surprend par son ampleur.
Depuis plusieurs semaines, la Fondation Fauji – à l’origine une association caritative devenue un acteur majeur de l’économie pakistanaise – mène une campagne publicitaire visant à recruter d’anciens militaires pour intégrer la Garde nationale de Bahreïn. Proche de l’armée et dirigée par d’anciens officiers, la Fondation propose aux candidats des salaires faramineux allant jusqu’à 1200 dollars, soit cinq à six fois la rémunération d’un lieutenant d’active ! Les Chiites qui représentent 20 % des Pakistanais ne peuvent bénéficier de cette offre généreuse, le recrutement étant réservé non seulement aux Sunnites mais aussi à quelques clans considérés comme sûrs.
Mais ce n’est pas tout. L’armée a mis deux divisions en alerte, dans l’éventualité d’un départ immédiat vers la monarchie sunnite menacée par une révolte de la majorité chiite. Autant dire que l’intérêt d’Islamabad va largement au-delà de la volonté de protéger ses ressortissants menacés. En clair, le Pakistan a choisi son camp. Face à l’Iran, il entend sauver l’équilibre géostratégique actuel dans la région, c’est-à-dire la domination des monarchies sunnites. Cette politique a évidemment son volet intérieur : face à ses propres radicaux, le régime d’Islamabad se positionne comme un champion de l’islam sunnite, voire, comme le protecteur de La Mecque – plus musulman que les Talibans.
Cette ligne a une conséquence évidente qui est de creuser l’antagonisme avec le principal « challenger » de l’ordre régional, l’Iran. Qui n’a pas attendu une déclaration officielle d’Islamabad pour désigner l’ennemi.
Les Iraniens ne sont pas les instigateurs de la contestation dans le monde arabe en général et à Bahreïn en particulier : comme tout le monde, ils ont été pris de court par les événements. Mais ils entendent bien en tirer le plus grand bénéfice possible. Ils ont déjà marqué des points en Egypte, comme en témoigne l’évolution stratégique de cet ancien allié d’Israël qui a clairement manifesté sa volonté de s’éloigner de l’Etat hébreu. Téhéran aimerait bien, maintenant, saisir l’occasion inespérée qu’est le « printemps arabe » pour déstabiliser la péninsule arabique, perturbée par les mouvements de contestation au Yémen et à Bahreïn.
Pour l’Iran, Bahreïn est une cible de choix. Principale base de la Cinquième flotte américaine, ce micro-pays compte un million d’habitants, majoritairement chiites, et dont seulement 60 % sont ses ressortissants. Or, si les Chiites ne représentent que 7 % de la population d’Arabie saoudite, soit 2 millions sur 27 millions d’habitants, ils sont majoritaires dans la zone orientale frontalière de Bahreïn. Au grand dam de Riyad, cette région est particulièrement riche en pétrole. On imagine aisément le scénario noir que les Saoudiens veulent à tout prix éviter : une démocratisation de Bahreïn amènerait les Chiites au pouvoir, ce qui pourrait donner des idées à leurs coreligionnaires de l’autre côté de la frontière et se traduire par une insurrection au milieu des puits d’or noir.
Un peu trop chatouilleux sur les Droits de l’homme, les Etats-Unis ne sont plus considérés par la monarchie saoudienne comme des alliés très sûrs. Riyad a tiré les leçons des infortunes de Ben Ali et Moubarak et ne se fait guère d’illusions sur l’amitié de Washington. Les princes saoudiens préfèrent des partenaires un peu moins idéalistes et capables d’évaluer froidement les enjeux géostratégiques et les rapports de forces : des Nixon ou des De Gaulle plutôt que des Obama, des Cameron et autres Sarkozy. Dans ces conditions, la carte pakistanaise peut être un atout majeur pour l’Arabie saoudite. On pourrait paraphraser la dernière réplique de Casablanca : c’est peut-être le début d’une grande amitié…
Vendredi, je n’y ai pas vraiment prêté attention car je pensais qu’il s’agissait d’un poisson d’avril de plus. Et aujourd’hui, je dois bien me rendre à l’évidence. Un buste de Marianne a bien été retiré de la mairie de Neuville-en-Ferrain (Nord) sous le prétexte qu’il était trop bien doté au niveau des nénés. Monsieur le maire a pris cette décision car, semble t-il, les différentes cérémonies étaient troublées par les nombreux commentaires suscités par le décolleté de la sculpture. Pourtant, à bien y regarder, ce dernier n’est pas si vertigineux qu’on ne le racontait à la radio.
A cet instant, je pense moins à l’artiste locale, qui avait sculpté ce joli buste, qu’à toutes ces femmes généreusement dotées par Dame Nature ainsi stigmatisées voire discriminées. On ne voit vraiment pas pourquoi seule la peinture de Delacroix, située au fronton de ce blog, ferait foi sur le tour de poitrine et le bonnet de Marianne. C’est ainsi que j’encourage toutes celles qui se sentiraient victimes de discrimination de saisir la HALDE.
On me rétorquera que, le plus souvent, les femmes à poitrines plus modestes faisaient l’objet de discrimination, notamment dans les réclames publicitaires ou les téléfilms diffusés le samedi après minuit sur une chaîne cryptée. Certes ! Mais qui les empêchait de saisir Louis Schweitzer puis Jeannette Bougrab puis aujourd’hui Eric Molinié ? D’autre part, il n’était pas question d’un des symboles de la République, au contraire de l’affaire qui nous occupe et à propos de laquelle on peut très bien plaider la circonstance aggravante.
Interview de Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP
Causeur : Le débat sur la laïcité a été très critiqué à gauche mais aussi à droite. Pensez-vous que maintenant, le climat va s’apaiser ?
Jean-François Copé : L’excellente tenue du débat va calmer ceux qui critiquaient notre démarche. Mais les réactions qu’il a suscitées sont révélatrices des postures des uns et des autres. La gauche et le Front National vont devoir prendre leurs responsabilités : nous, nous nous attaquons aux problèmes. L’extrême droite, elle, prétend que tout est dans la loi et qu’il est inutile de faire de nouvelles propositions.
La gauche, de son côté, ne va pas pouvoir continuer à nier que la laïcité est un sujet politique qui intéresse au plus haut point nos concitoyens et refuser en permanence la discussion. Le PS va devoir trancher entre les laïcs façon Glavany et ceux qui cèdent aux pressions communautaristes comme Martine Aubry. Il faut tout de même rappeler que, dans sa ville, elle avait accepté d’instaurer des créneaux séparés dans les piscines pour tenir compte des religieux qui refusent la mixité.
Causeur : Que le sujet intéresse les Français, soit. Fallait-il organiser à la va-vite une telle réunion sur des questions sensibles qui heurtent nombre de citoyens ?
JFC : Ce débat est le fruit d’un gros travail. Il nous permet surtout d’apporter des réponses concrètes aux problèmes concrets posés aujourd’hui par l’application d’une loi fondatrice, mais qui date de 1905. En juin, nous déposerons une proposition de résolution à l’Assemblée nationale. C’est le meilleur antidote aux hurlements du FN et au déni de la gauche.
Causeur : Vous allez donc toucher à la loi de 1905 ?
JFC : Non, il n’y a pas lieu de modifier la loi, ni de la remettre en cause. Nous allons simplement procéder à des ajustements pour qu’elle prenne en compte les comportements nouveaux qui posent des problèmes nouveaux dans les services publics, les écoles, les crèches, les entreprises ou les hôpitaux. Cette résolution parlementaire formera, à partir de nos 26 propositions, le point de départ d’un Code de la laïcité qui permettra de définir, clairement et pour tous, les bonnes pratiques.
Causeur : Pensez-vous qu’en aidant le financement des mosquées, on mettra fin aux prières de rue ?
JFC : Ce n’est pas lié mais il nous paraît important de trouver de nouveaux moyens de sécuriser et de faciliter le financement des lieux de culte. L’idée est simple, les représentants du CFCM (Conseil français du culte musulman) nous ont expliqué qu’ils n’avaient pas de difficultés pour recueillir le denier du culte auprès des fidèles, mais qu’ils ont besoin d’aide pour acheter les terrains et assurer les montages financiers de la construction de lieux de culte. À travers la souscription de baux emphytéotiques et l’ouverture de garanties d’emprunts par les collectivités locales, les projets devraient être plus simples à monter. De plus, en créant des associations, nous allons pouvoir assurer une meilleure traçabilité des fonds qui seront récoltés auprès des fidèles. Quant à la prière de rue en tant que telle, c’est un problème d’ordre public qui doit être résolu par le ministère de l’Intérieur. Cela dit, vous savez très bien que ce problème concerne trois rues et qu’on peut alimenter tous les fantasmes en en faisant un enjeu global.
Causeur : Ce n’est pas simplement un problème d’ordre public. L’islam de France que vous proposez, une partie des musulmans n’en veut pas comme à Epinay sur Seine ou à Drancy. Que fait-on dans ce cas-là ?
JFC : La laïcité, ça marche dans les deux sens. Ce n’est pas aux religieux d’organiser la vie de la Cité, mais ce n’est pas non plus aux politiques d’organiser les religions. Dans cette logique, l’organisation de l’islam de France dépend d’abord des musulmans eux-mêmes. C’est à eux de faire le travail pour s’assurer que l’exercice de leur culte respecte les règles de la République, par exemple l’égalité entre les hommes et les femmes ou la liberté de conscience, notamment le droit de ne pas pratiquer, de ne pas avoir de religion ou de changer de religion. Dans leur immense majorité, les Français de confession musulmane ont fait cet exercice : ils savent bien qu’on ne pratique pas de la même façon sa religion en Asie, au Maghreb, en Afrique noire ou en Europe. Des courants fondamentalistes s’opposent à ce mouvement en mélangeant ce qui relève de la religion, de la société et du pouvoir politique. Ma responsabilité n’est pas de les contester sur le terrain religieux ou théologique, il est de faire respecter la loi de la République avec justice et sérénité, et de la clarifier quand cela est nécessaire. Nous l’avons fait concernant le port du voile intégral. Et nous allons le faire à la suite de ce débat qui nous a permis de formuler 26 propositions concrètes.
Causeur : Vous pensez donc qu’il y a plus de motifs de se réjouir que de s’inquiéter ?
JFC : À l’encontre des visions catastrophistes, je suis assez serein sur l’évolution des choses. Il est normal que ce travail prenne un peu de temps pour l’islam de France comme il a pris du temps pour d’autres religions dans l’histoire de notre pays. La seule condition pour que cela marche, c’est que le politique ne tremble pas face aux extrémistes et qu’il reste ferme sur le respect des valeurs de la République, même quand il y a des tensions ou des provocations. Voilà pourquoi je regrette tant les ambiguïtés ou les lâchetés de certains responsables politiques.
Causeur : Toutes ces mesures vont-elles apaiser les dignitaires religieux qui se sont élevés il y a peu de temps dans une tribune commune contre ce débat ?
JFC : Les communautés ne craignent pas la discussion, elles craignent la stigmatisation. Et notamment celle des fidèles musulmans, puisque tout le poids pèse sur eux. Il faut éviter les caricatures, c’est dans cet esprit que j’ai écrit, à la demande d’un hebdomadaire, ma « lettre à un ami musulman », pour expliquer notre démarche et éviter qu’elle soit déformée. Un certain nombre de personnalités politiques sont tombées dans ce piège de la stigmatisation et ont tout fait pour nous interdire de discuter. Mais à droite, les choses se calment. Car nous sommes tous d’accord pour lutter contre tous ceux qui, de part et d’autre, veulent à tout prix instrumentaliser la religion et la laïcité à des à des fins politiques. C’est tout le contraire du sens de notre action. Nous venons de le montrer.