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Affaire Arnault : Exonère, c’est du belge !

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La récente affaire Bernard Arnault n’a pas fait que des heureux en Belgique. Non, le gouvernement de Di Rupo ne s’est pas vraiment indigné du mauvais coup fait à son camarade de l’Internationale Socialiste François Hollande par l’homme qui racheta Boussac avec mes sous pour vendre du Dior à l’hyperclasse. Les sociaux-libéraux belges aimeraient bien taxer à la Française mais ils n’osent pas. Il reste des forces politiques cependant, certes très minoritaires en Belgique, pour rappeler que si l’affaire Arnault coûte cher à la France, elle n’est pas non particulièrement profitable aux Belges de la rue.

Ainsi le PTB, le Parti du Travail Belge (communiste, tendance marxiste-léniniste) ne dispose que de 5000 militants et représente grosso modo 1% des électeurs sur toute la Belgique puisque c’est une des rares formation belge unitaire qui refuse le clivage linguistique. Mais il a malgré tout ses experts, ses universitaires, ses économistes et il les a faits plancher sur le cas Arnault. Bernard Arnault, outre-Quiévrain, possède déjà un certain nombre de sociétés et filiales largement bénéficiaires. Ces 3 dernières années, il y a fait 630 millions d’euros de bénéfices imposés… à moins de 4 %. « Si M. Arnault avait payé le taux nominal de 33,99 %, l’État aurait récupéré 190 millions d’euros en plus » conclut le PTB. On est très content pour monsieur Arnault mais sans doute moins les salariés belges. Les 11 sociétés belges du milliardaire brassent des centaines de millions mais n’embauchent en tout et pour tout que… 7 personnes dont 5 équivalents temps plein. C’est que la principale activité d’Arnault en Belgique est LVMH Finance. Cette entreprise a payé en 2008 et 2009 zéro euro d’impôt. Et sur les quatre années de son existence, un taux moyen de 8,23%, ce qui fait 20 millions pour un bénéfice total de 246 millions.

On ne va tout de même pas envahir la Belgique ? Si ? Puis le Luxembourg, Monaco et la Suisse dans la foulée.

Ah, le bon temps de la France de 1811 et de ses 130 départements…

Avis aux amateurs : Samedi et dimanche, Jérôme dédicacera ses livres au village du Livre de la Fête de l’Huma

Non à la Morale Laïque d’État !

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La morale laïque à l'école contre l'Eglise catholique

Il nous faut de la morale. C’est le psychodrame occidental que de se laisser aller à un « vivre-les-uns-à-côté-des-autres » dans l’oubli total des principes élémentaires qui font une société – respect, révérence des anciens, solidarité. 91% des français l’ont lucidement compris. Mais qui, parmi ces 91%, éduque ses enfants dans le respect des professeurs, des policiers, de la société, des institutions, de l’Histoire du pays ?

Il semblerait que les familles comptent sur l’État pour pallier leurs insuffisances. Certes l’État, soulignons-le, ne les aide pas comme il le devrait : on cherche toujours une politique familiale forte respectueuse des grandes valeurs du foyer (lutte contre l’accès facile à la pornographie, contre l’omniprésente violence audiovisuelle, retour aux valeurs chrétiennes qui ont fait l’Occident, etc.).
Plus que jamais, une éducation morale couplée à une solide politique familiale sont indispensables.

Aux prises avec une crise morale de grande ampleur, le pouvoir politique a l’art de justifier ses manquements par ses partis pris idéologiques. Ainsi, la morale laïque de Peillon a l’imprimatur de la catéchèse socialiste : non contente d’avoir gagné la bataille des idées, de l’art et des médias, elle se veut maintenant éducatrice des foules, et formatrice des « futurs citoyens »… Autant dire des futurs électeurs de gauche. Voyez l’article d’Olivier Vial, président de l’UNI, qui montre, à partir des textes fournis publiquement par les officines socialistes, à quel point cette Morale LaïqueTM (avec des majuscules s’il vous plaît) n’est pas tout à fait « laïcisée » de son idéologie gauchiste. Créer des électeurs de gauche, lutter contre les « discriminations », créer une « égalité réelle », développer l’esprit « artistique » des enfants, lutter contre les « valeurs de l’argent », promouvoir l’ « égalité des genres » ou la « liberté sexuelle », voilà ce que cache la Morale LaïqueTM. Il faut donc rester vigilant.

Sur le plan philosophique, n’importe quelle archéologie de la pensée, à la manière de Foucault, pourrait montrer que l’idée de Morale LaïqueTM n’est pas aussi pure qu’elle le prétend. Jérôme Leroy loue cette « morale laïque » héroïque qui a mis fin au totalitarisme éducatif de l’Eglise catholique, ainsi que les Lumières rousseauistes qui ont participé de cette libération. Mais attention. Tout se récupère, comme les marchés ont récupéré le slogan soixante-huitard « il est interdit d’interdire », la « religion civile » de Rousseau devient « laïcisme » d’état, selon un retournement philosophique tout aussi spectaculaire. À défaut de provoquer de nouvelles Lumières, on recycle et instrumentalise les anciennes. Jusqu’à promouvoir ce que les philosophes des Lumières, justement, dénonçaient. Les nouveaux « curés bourgeois » de Léon Bloy qui pullulent à l’ENA et dans les Think-thank de gauche vous semblent-ils à même de nous préserver de l’embrigadement moral ?

Face au procès de non républicanisme qui m’est intenté, que dire sinon que j’aimerais justement conserver cette pluralité d’opinions et de manières d’être qui coexistent dans une République qui ne tranche pas, et qui ne décide pas « du bien et du mal ». Cette Morale LaïqueTM est si idéologiquement orientée qu’on comprend assez vite que son universalisme de facade cache la déliquescence de la société. Si elle sert à dénoncer les riches pour défendre les pauvres, à justifier la révolte des seconds contre les premiers, à développer des formes d’ « art » déconstructeurs ou à mettre les autres cultures au premier plan pour masquer l’affreuse Histoire de France, elle ne fera que renforcer la « sous-morale des quartiers » et n’empêchera pas les charges de CRS. La France ne vaut un concert de rap, et pourtant le socialisme se gargarise en permanence de cet « enrichissement », « avenir » et « évolution » normale de notre civilisation. Pas la peine d’être catholique intégriste ou sympathisant du Bloc identitaire pour le remarquer.

La crise est spirituelle, cher Jérôme Leroy, donc trop profonde pour être résolue par de simples pansements politiques. La République démocratique, tout à la fois le cadre de notre vie sociale et notre idéal, ne saurait se faire le vecteur officiel d’une idéologie quelconque, si « laïciste » soit-elle. Car la laïcité socialiste deviendra elle aussi une religion, si ce n’est pas déjà fait…

Islamisme : les impasses de l’apaisement

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Le film Innocence of Muslims provoque la colère du monde musulman

Quatre fonctionnaires américains, dont l’ambassadeur des Etats-Unis en Libye, Christopher Stevens, ont été tués le 11 septembre au soir à Benghazi, à la suite de l’attaque au lance-roquettes contre le consulat américain. Cet attentat s’inscrit dans le cadre de la vague de manifestations spontanées qui a touché de nombreux pays arabes ces derniers jours : Egypte, Libye, Tunisie, Yémen. Au cours de ces manifestions, les bâtiments diplomatiques des Etats-Unis ont été pris d’assaut par des foules d’islamistes en colère, à l’exception notable de l’ambassade américaine à Tunis, où tout s’est passé dans le calme. D’autres manifestations en Iran, en Libye et ailleurs dans le monde musulman sont prévues ce vendredi, « jour de prière », selon la formule consacrée. Quel est donc l’objet de ce vaste courroux ? Faut-il que l’enjeu soit fort, pour provoquer tant de dégâts… Personne de bonne foi ne pourra croire que la politique étrangère d’Obama soit en cause, puisque le président américain se montre, depuis plusieurs années et son incroyable discours du Caire de 2008 – qui vantait Al-Andalus et son système d’apartheid entre musulmans, Juifs et chrétiens, comme un modèle de tolérance pour le monde-, impeccable dans son soutien aux mouvements islamistes qui prennent progressivement le pouvoir dans la région. On l’a vu en Egypte et en Libye, on le voit en Syrie, et on le verra peut-être demain au Liban, les chrétiens n’y étant peut-être plus assez nombreux pour entraver l’émergence à terme d’un régime islamique proche de la restauration générale du Califat naguère rêvée par Ben Laden[1. Je suis tenté d’écrire : Ben Laden en a rêvé, Obama l’a fait, mais ce serait une exagération passible des pires excommunications benjellouniennes.].

Ce n’est donc pas la politique américaine qui peut décemment être considérée comme la cause de l’irritation des peuples arabes. De fait, la colère des foules musulmanes a une tout autre cause, autrement importante sans doute : une vidéo en ligne. Cette obscure vidéo postée sur Internet attaquant l’islam et son prophète, est intitulée Innocence of muslims. Strictement personne, ici en Occident, n’en avait entendu parler avant ces jours derniers. On compte donc au moins quatre morts et de nombreux blessés en représailles du postage sur Internet de la vidéo d’un film inconnu réalisé par des inconnus. On n’ose imaginer la réaction de la « rue arabe » le jour où les Monty Python se reformeront enfin pour s’essayer à une nouvelle Vie de Brian, version mahométane. On peut rêver. Il paraît d’ailleurs qu’Eric Idle a récemment réalisé une adaptation théâtrale de La Vie de Brian intitulée Not the Messiah. Mais voici qu’on me signale que malgré ce titre prometteur, il n’y est pas du tout question de l’islam. Sans blague. La prochaine fois peut-être. On compte sur toi Eric pour nous faire bientôt rire avec le Coran et le prophète, comme tu nous as vivement amusés autrefois avec le Christ et les Evangiles.
Innocence of muslims, pour sa part, est une ineptie complète qui retrace de façon romancée, sarcastique et crétine la vie de Mahomet. Disposant de moyens limités – des acteurs, grossièrement incrustés dans des images d’un désert quelconque, portant vaille que vaille le costume arabe version Amérique des fifties (c’est-à-dire tout droit tiré des surplus de Ben-Hur) y vocifèrent un texte imbécile et sans grand rapport, on ose le souhaiter à défaut de le croire tout à fait, avec la lettre ou l’esprit du Coran – ce film modeste n’a pas été financé par des fonds publics et n’a été diffusé qu’une seule fois au cinéma, devant une salle quasi-vide à Hollywood. Il n’a trouvé aucun écho dans le public américain et n’a suscité aucun commentaire positif de la part de qui que ce soit de notable aux Etats-Unis. Cette œuvre avant tout grotesque, dont on saisit mal la dimension artistique est en anglais (Mahomet et ses épouses y ont un magnifique accent new-yorkais), déshonore presque aussi sûrement l’islamophobie qu’Anders Breivik l’a fait selon Elisabeth Levy.

Innocence of Muslims a néanmoins commencé à faire parler de lui dans les pays musulmans, et singulièrement en Egypte, grâce à la diffusion d’une version sous-titrée en arabe dialectal sur Internet. L’ambassade des Etats-Unis au Caire a alors décidé de publier sur son site, le 11 septembre 2012, onzième anniversaire des attentats islamistes qui ont frappé le World Trade center à New York et le Pentagone à Washington, une condamnation de ceux qui aux Etats-Unis cherchent à heurter les « sentiments religieux » des musulmans. Ce communiqué, jugé par beaucoup aux Etats-Unis indécent – en ce qu’il paraissait comprendre et même justifier l’animosité des islamistes à l’encontre des Américains -, a été précipitamment retiré après la mort de l’ambassadeur Stevens.
L’indifférence complète du public américain à l’égard de ce navet, comme la condamnation officielle, un 11 septembre, par des diplomates américains, de l’usage par leurs propres concitoyens de la sacro-sainte liberté d’expression garantie par la constitution, serait plutôt le signe d’une remarquable absence d’hostilité de principe du peuple et du gouvernement américain à l’égard des musulmans. On y décèle plutôt une volonté d’apaisement et de prise en compte de la sensibilité musulmane assez étonnante de la part d’une puissance qui reste très largement dominante sur le plan militaire. A bien réfléchir, c’est peut-être cette bienveillante indifférence américaine, quoiqu’elle soit sans doute mâtinée d’une crainte mal refoulée de la propagation de l’idéologie islamiste, qui agace au plus haut point les islamistes parce qu’elle paraît contredire leurs fantasmes lorsqu’ils se voient en épouvantails terrifiant un monde occidental acharné de son côté à détruire l’islam. Serait-ce cela qui les amènent à faire les poubelles d’Internet ? S’agit-il d’y dénicher, avec l’amère satisfaction du jaloux pathologique qui découvre en lui faisant les poches la preuve de la trahison de l’infidèle (quitte à la fabriquer), le moindre déchet numérique susceptible de justifier et de nourrir une haine inextinguible? Si c’est le cas, toutes les politiques d’apaisement, tous les discours du Caire du monde, sont irrémédiablement condamnés à l’échec.

*Photo : « Innocence of muslims »

Mia Love, une chance pour Mitt Romney

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Il n’y a pas que la bévue de Barack Obama après l’attentat de Benghazi qui pourrait le déstabiliser, il y a également Mia Love. Alors qu’une très large majorité de Noirs s’apprêtent à voter pour Obama, même si leur situation n’a jamais été aussi mauvaise, une jeune Afro-Américaine, maire de Saratoga, un village de fermiers près de Salt Lake City, s’est lancée avec une belle ardeur dans la campagne républicaine. Catholique convertie à l’église mormone, elle flirte avec les libertariens, est favorable à la suppression des Départements fédéraux de l’énergie et de l’éducation et milite pour le maintien du port d’arme.

Le rêve américain, Mia Love l’incarne et veut le préserver. « Mes parents, dit-elle, ont immigré dans ce pays avec dix dollars en poche et l’espoir que l’Amérique dont ils ont entendu parler existait bel et bien. Quand vinrent des moments difficiles, ils n’ont pas cherché l’aide de Washington, ils se sont débrouillés seuls. L’Amérique dans laquelle j’ai grandi était axée sur l’autonomie personnelle et la possibilité de vivre le rêve américain.  » Marquée par Ayn Rand que Paul Ryan cite volontiers, Mia Love est dorénavant une épine dans le pied d’Obama et un atout pour Romney : un peu de couleur dans le parti républicain ne peut que le servir. Les chaînes de télévision s’arrachent Mia Love. Qui résisterait à un tel patronyme ?

Alain Finkielkraut sur l’affaire Millet : « ce que ne peut pas la littérature »

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Alain Finkielkraut

Cyril Bennasar[1. Le titre de cet entretien est une référence à celui d’un ouvrage rassemblant, sous une forme écrite, une sélection des meilleures émissions « Répliques » de France Culture parmi celles consacrées à la littérature. Ce que peut la littérature, sous la direction d’Alain Finkielkraut, Stock, 2006.]. L’essai de Richard Millet intitulé Éloge littéraire d’Anders Breivik a déclenché plusieurs types de réactions : certains ont critiqué et réprouvé, d’autres (comme Annie Ernaux et Tahar Ben Jelloun) sont allés plus loin, en réclamant une action collective des écrivains Gallimard pour obtenir son éviction. On assiste là à un nouveau type de chasse aux sorcières, où ce n’est plus le pouvoir qui censure, mais des écrivains qui viennent demander au pouvoir, en l’occurrence l’éditeur, la tête d’un des leurs. Qu’en pensez-vous ?
Alain Finkielkraut. Dans l’article qu’il consacre à cette affaire et qu’a publié le journal Libération, Michel Crépu cite cette phrase admirable de Bernard Delvaille : « Je n’ai jamais hué personne. » Je voudrais que l’on puisse dire cela de moi : je me désolidarise donc des écrivains qui demandent la peau de Richard Millet. Et je salue le courageux refus par Antoine Gallimard de satisfaire l’instinct punitif de ces grandes consciences. Mais l’aversion pour les épurateurs ne suffit pas. La critique de la critique ne doit pas m’exempter d’une appréhension et d’une évaluation du texte lui-même.

Justement, que vous inspire ce pamphlet, à commencer par son titre ? Peut-on faire un éloge, même « littéraire », de Breivik ?
Le titre Éloge littéraire d’Anders Breivik m’a exaspéré.[access capability= »lire_inedits »] J’ai bien pensé qu’il ne fallait pas le prendre pour un ralliement et que Millet recherchait la palme de l’opprobre, qu’il éprouvait une étrange jouissance à être l’écrivain le plus haï de France. Mais j’ai trouvé ce narcissisme enfantin et, en l’occurrence de très mauvais goût. Ensuite, je me suis dit : « Il y a peut-être littérature sous roche. » J’ai donc surmonté mon irritation première et j’ai voulu lire. Et voici le premier paragraphe : « Au moment d’entreprendre ce qui pourrait être un éloge littéraire d’Anders Breivik, je voudrais qu’on garde à l’esprit que je n’approuve pas les actes commis par Breivik le 22 juillet 2011 en Norvège. » « Je n’approuve pas » est une formulation déjà singulière. Son minimalisme n’est pas à l’échelle des actes commis. Il ne s’agit pas de « n’approuver pas » : ces actes sont ignobles. Mais bon, admettons.
Je lis la suite : « C’est pourtant sur ces actes que je me pencherai, frappé par leur perfection formelle, donc, d’une certaine façon, et si tant est que l’on puisse les détacher de leur contexte politique voire criminel, par leur dimension littéraire, la perfection, comme le Mal, ayant toujours peu ou prou à voir avec la littérature. » Et là, je suis accablé.

Dans un sens, Millet commente la tuerie d’Utoya comme s’il s’agissait d’une scène de film. Est-ce cela qui vous accable ? Qu’il juge la forme de l’acte, indépendamment de son atrocité morale ?
Il y avait, hélas, une certaine perfection formelle dans les attentats du 11 septembre. Ces Boeings qui s’écrasent contre les deux tours jumelles symboles du capitalisme américain, c’était un spectacle qu’on ne pouvait pas s’empêcher, au sein même de l’horreur, de trouver fascinant. Et certains ont cédé au vertige. On connaît le texte de Baudrillard sur la fulgurance inoubliable de ces images, on connaît moins l’éloge de Stockhausen : « Ce à quoi nous avons assisté est la plus grande œuvre d’art jamais réalisée. » Je suis révolté par ce rapport purement esthétique au 11-Septembre (le sens du beau ne doit pas faire de nous de petits Néron), mais je comprends ce qui l’a rendu possible. En revanche, je ne vois nulle beauté de l’horrible dans le carnage de l’île d’Utoya. Quant à dire que la littérature a à voir avec le Mal ou que le Mal a toujours peu ou prou à voir avec la littérature, c’est faire bon marché du XXe siècle. Le Mal, au siècle des camps, a perdu pour toujours son aura luciférienne. Et il est dommage pour Georges Bataille que celui-ci ne s’en soit pas aperçu. Pour revenir à Breivik, il est allé sur une île tuer, les uns après les autres, de pauvres adolescents à bout touchant. C’est seulement abominable. J’ai une trop haute idée de la littérature pour accepter de la voir compromise ainsi. Millet oppose implicitement littéraire à littéral. Je veux bien, mais la littérature ne doit pas non plus être une insulte au sens commun, ou au sens moral. Elle mérite mieux.
Au demeurant, le même qui « n’approuve pas », qui semble désapprouver du bout des lèvres le crime de Breivik, n’a pas de mots trop durs, quelques pages, plus loin contre le pauvre DSK, qualifié de « terroriste socialo-priapique ». Cela me rappelle une conversation avec Philippe Roth, qui disait, parlant du Théâtre de Sabbath et de son héros, un infréquentable obsédé sexuel, que le procès que lui faisaient certains critiques était ridicule. Au regard de la réalité du mal, les actes de Sabbath, c’était du « kid stuff » (« des jeux d’enfants »). « Éloge littéraire d’Anders Breivik » d’un côté, dénonciation du terrorisme priapique de DSK de l’autre : je suis trop attaché à la littérature et à ce que les mots veulent dire pour accepter cette différence de traitement.

Même si de nombreux aspects de ce texte vous consternent, n’y a-t-il rien dans ces dix-sept pages qui mérite selon vous d’être défendu ?
Si, et c’est justement parce que certains passages sont particulièrement bienvenus qu’on ne peut que se désoler de les voir mêlés à des propos aussi détestables. Je pense, par exemple, aux quelques lignes ironiques que Millet consacre à la littérature policière scandinave qui, immanquablement, donne au crime le visage d’un « souchien » raciste à l’innocence le visage d’un immigré et au Bien celui d’un farouche défenseur blanc du multiculturalisme. C’est ainsi que des auteurs renommé pour n’avoir pas froid aux yeux camouflent la réalité sous le grand mensonge de la bigarrure heureuse.

Aujourd’hui, en Occident, quand on condamne le terrorisme islamiste, on s’empresse de faire valoir la politique de l’excuse : « Ce qu’a fait Merah est abominable, mais…» Dans le cas de Breivik, on condamne unanimement le crime, et l’on s’empresse de nous dire qu’il n’y a pas de cause, qu’il n’y a qu’un schizophrène paranoïaque ou un raciste néo-nazi. Comment analysez-vous cette différence de traitement ?
Tahar Ben Jelloun a affirmé qu’on ne pouvait pas, sous prétexte de littérature, se mettre dans la peau d’un monstre. Or, il y a quelques mois, Le Monde a publié en première page de son supplément littéraire une fiction intitulée « Moi, Mohammed Merah », et l’écrivain Salim Bachi, déjà auteur de « Moi, Khaled Kelkal », est entré, pour le quotidien de référence, dans la tête du tueur. Il ne le justifiait pas, certes, mais il poussait l’empathie jusqu’à écrire : « Donnez-moi vos avions et je donnerai mon scooter. Donnez-moi vos bombes et je vous donnerai le pistolet avec lequel j’ai tué ces gamins pour venger d’autres gamins tués par des paras israéliens ou français c’est la même chose vu du trou sans fond où l’on se trouve. » Mohammed Merah n’a pas tué autant qu’Anders Breivik, mais ce n’est pas l’envie qui lui manquait, et je ne crois pas qu’il y ait des « monstres de gauche » dont la révolte, certes égarée, aurait quelque chose de compréhensible, et des « monstres de droite », dont le comportement serait purement tératologique. Je ne fais pas ce genre de distinction.

Mais comprendre n’est pas justifier. Même les actes les plus horribles ont des causes. Peut-on renoncer à les comprendre parce qu’elles sont moralement inacceptables ?
Il y a toujours des « causes » mais, dans la logique de l’excuse, la cause devient le coupable. Elle ne doit jouer ni pour les uns ni pour les autres, ni pour Merah, ni pour Breivik. Dans le cas du 11-Septembre, Télérama , certes, n’avait pas sombré dans l’esthétisme, mais avait titré « L’Amérique victime de son hyper-puissance ». La cause était le coupable. Ce n’était pas vrai alors et ce n’est pas vrai non plus pour Breivik. Ce n’est pas le progrès de l’islam ou de l’islamisme en Europe qui est le coupable des massacres d’Oslo et d’Utoya, ni une idéologie multiculturelle (qu’on est en droit en effet de critiquer). Il faut rester obstinément arc-bouté à la tautologie. Le coupable est le coupable. Dans tous les cas.

Le pamphlet de Millet est condamné par un grand nombre de gens qui sont en désaccord radical avec lui, mais il est également jugé contre-productif par ceux qui partagent sa critique de l’islam et du multiculturalisme. Or Millet déclare, dans une interview publiée récemment : « Quand je parle de manière diplomatique, personne ne m’écoute. » Si son objectif était de tirer un signal d’alarme, ne l’a-t-il pas mieux atteint par le scandale que par le silence qui entourait ses écrits précédents ?
Il ne s’agit pas d’être diplomatique. Il s’agit d’être précis et intransigeant. L’objectif de Breivik était aussi de tirer un signal d’alarme. Et bien sûr, il a atteint le résultat inverse de celui qu’il espérait. Il en va de même pour Richard Millet, qui, contrairement à ce que soutient Renaud Camus, a versé dans la pure provocation. Pour attirer l’attention, il a créé le scandale. Cette logique de l’outrance ne peut plus être celle de la littérature car elle fait le bonheur des médias. Et le bonheur aussi de la bien-pensance. Après cette sortie, il sera plus difficile encore à ceux qui ne veulent pas se laisser intimider par « le parti dévôt », comme dit très justement Millet, d’ouvrir la bouche. Ils seront immanquablement renvoyés, par sa faute, au massacreur de Norvège.
J’ajoute que c’est bien précisément parce que nous sommes inquiets, parce que nous subissons sans cesse le chantage à l’islamophobie quand nous essayons de regarder la réalité en face, que nous devons expressément non seulement prendre nos distances avec Breivik, mais aussi marquer la répulsion totale que son acte nous inspire.

Certes, mais quand Richard Millet déclare : « Il m’arrive d’être le seul Blanc à la station RER de Châtelet-Les-Halles et cela me gêne », ces propos provoquent aussi un scandale et une réprobation générale. Or, ne permettent-ils pas également une libération de la parole chez des gens qui vivent la même chose et que la bien-pensance condamne au silence ?
Ce n’est pas du tout la même chose ! Cela n’a strictement rien à voir. Richard Millet a pu dire cela à la télévision à plusieurs reprises, notamment chez Taddeï dans son émission « Ce soir ou jamais ». Il part de cette expérience pour réfléchir à notre situation. Parmi ceux qui l’entendent, certains sont choqués, d’autres sont intéressés. En tout cas, ils l’écoutent. Et si une telle phrase faisait scandale à hauteur de l’Éloge littéraire d’Anders Breivik, il me verrait entièrement à ses côtés. Car il est faux de dire que cette phrase est raciste. Mais avec son pamphlet, Millet a franchi un pas supplémentaire et il a donné à cette phrase un éclairage « breivikien » qu’elle n’aurait jamais dû avoir.

On a retrouvé, dans le texte que Breivik a laissé, votre nom et une référence à votre critique du multiculturalisme. Assumez-vous une part de responsabilité dans les dérives criminelles de certains de vos lecteurs ?
Non. D’ailleurs je ne suis pas certain qu’il m’ait lu, si ce n’est dans la traduction fautive de l’entretien que j’ai accordé au journal Haaretz et qui a fait le tour d’Internet. Du reste, je suis, fort heureusement pour moi, en excellente compagnie : Breivik ne cite pas Hitler, mais Churchill et John Stuart Mill. Il se prend pour ce qu’il n’est pas : un défenseur de la civilisation européenne.[/access]

*Photo : Hannah Assouline.

Congrès de Toulouse : le PS fait son Yalta

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Harlem Désir désigné dauphine de Martine Aubry au PS

Le PCUS existe encore. Il a changé de nom, déménagé à Paris rue de Solférino et s’appelle désormais le Parti socialiste. Sauf accident nucléaire, Harlem Désir devrait être le prochain premier secrétaire du PS à l’issue du congrès de Toulouse en octobre. L’ex-président de SOS Racisme a été désigné par Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault dans la plus grande opacité et conduira une motion ratissant large, de Benoît Hamon à Pierre Moscovici.

Pour la Maire de Lille, Matignon et a fortiori l’Élysée, le but est de verrouiller le PS en s’assurant qu’il est un vrai parti godillot, hochant la tête dans le bon sens. Désir a l’avantage d’être lisse, de manier la langue de bois et ne pas occuper de réelle surface médiatique à la différence de Jean-Christophe Cambadélis, sniper de DSK recyclé auprès d’Aubry. Le n°2 devrait être Guillaume Bachelay, issu des rangs fabiusiens et devenu la « plume » d’Aubry. Pour le poste de porte-parole, on parle de deux fidèles de Hollande : Olivier Faure, parlementaire et conseiller à Matignon, flanqué de sa collègue députée Karine Berger.

Cette direction, instituée par le fait du prince, a pour seul objectif de tuer le débat idéologique au sein du parti. Les vrais maîtres à bord restent Aubry et Ayrault avec Hollande en coulisses, Désir n’étant qu’un homme de paille. Hollande craignait en effet une rébellion de l’aile gauche du PS et notamment de Benoît Hamon. Mais devenu ministre, ce dernier a remisé ses ambitions au vestiaire. Avec ses proches, il a intégré la motion Aubry-Ayrault en échange de 15 à 25% des postes dans les futures instances dirigeantes du PS.
La gauche du PS sera donc représentée par Emmanuel Maurel, soutenu par Marie-Noëlle Lienemann. Reste à savoir s’il ira au bout de sa démarche et se présentera contre Désir au poste de premier secrétaire. On peut aussi citer les motions de Gérard Filoche, Juliette Méadel, Constance Blanchard et même celle de… Stéphane Hessel. Mais aucun d’eux ne fera le poids face au bulldozer de la motion Aubry-Ayrault. Le Congrès est donc joué d’avance.

Car Hollande le sait bien, il n’y a rien de pire pour un chef de l’Etat de voir « son » parti lui échapper. Avec des députés refusant d’approuver les réformes sans broncher et des grands vizirs qui se voient déjà calife à la place du calife. François Mitterrand a dû supporter les rivalités entre Jospin et Fabius. Jacques Chirac a vu Nicolas Sarkozy prendre l’UMP en 2005. Sarkozy a lui tout fait pour contrôler sa majorité. Quitte à recevoir les députés à l’Elysée, se comportant davantage en chef de parti qu’en chef de l’Etat.
Hollande avait promis de rompre avec ce genre de pratiques mais il sait qu’il devra tenir ses troupes. Dès cet automne, le Parlement débattra de la règle d’or. Les proches de Maurel et Lienemann devraient toussoter mais Hamon joue à fond la solidarité gouvernementale. Et l’année 2013 s’annonce déjà comme une année de rigueur, des promesses ne pourront pas être tenues (quid des 60 000 profs en plus ?).

Mais si la gauche du parti a été quelque peu muselée, un autre chantier s’annonce : répartir les postes entre Aubryistes et Hollandistes. En l’absence de motions différentes, les deux camps devront se distribuer les rôles selon un gentleman agreement. Chacun visera les postes clés du parti (fédérations, élections, trésorerie, communication…) et tout se jouera dans de subtiles négociations de couloir.
C’est bien le drame. Hollande voulait éviter la confrontation avec l’aile gauche du PS, il risque d’avoir maille à partir avec Aubry pour une vulgaire question de strapontins. Certes, Aubry dénonçait la « gauche molle » de Hollande, mais désormais comment distinguer deux camps qui approuvent sans sourciller la règle d’or et le Traité de stabilité ? Ce congrès ne sera qu’une enième bataille d’appareils comme le PS sait si bien les mener.

L’enjeu du Congrès du Toulouse ne sera donc pas le vote des militants. Il tient plus du sommet de Yalta que du réel moment de démocratie interne. Bizarre pour un parti qui s’est targué de ses 2,5 millions de votants à la primaire. Ne nous attendons pas plus à ce que le PS définisse une ligne autonome par rapport au gouvernement. Bizarre pour un parti qui a tant critiqué les godillots de l’UMP. Le seul mot d’ordre de ce Congrès, c’est finalement le renoncement. Serait-ce celui du quinquennat Hollande ?

*Photo : Parti socialiste

Incivilités à l’école : quand les juges méritent des baffes

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Décidément, les violences scolaires sont furieusement tendance pour cette rentrée. Mardi, on tabassait un enseignant à Bordeaux, et le lendemain, c’est une de ses consœurs prof d’Histoire-Géo à Buxerolles, dans la Vienne, qui a été giflée devant toute sa classe de quatrième du collège Jules-Verne par la mère d’un de ses élèves. Le crime qui lui a valu cette agression ? Une annotation portée sur le carnet de correspondance du collégien où l’enseignante signalait aux parents que le travail commandé n’avait pas été fait et que l’élève avait oublié ses affaires chez lui.

Allez-vous étonner après ça que selon Le Figaro, un prof sur deux a souscrit cette année une clause d’assurance spécifique couvrant les risques dus aux violences scolaires. Mais si ça se trouve, une telle prévoyance est insuffisante : faudrait peut-être aussi penser à se prémunir contre les risques judiciaires

Une affaire fait en effet grand bruit en Italie : une enseignante sicilienne vient d’être condamnée pour avoir demandé à un élève – unanimement décrit comme un petit caïd terrorisant ses camarades – de copier cent fois la phrase « Sono un déficiente » (Je suis un débile) . Et attention, la prof en question ne vient pas d’être condamnée à un avertissement ou même à des travaux d’intérêt général, mais à quinze jours de prison ferme ! Avant cela, en première instance comme en appel, elle avait carrément pris un mois sans sursis…

Selon les magistrats de la Cour de cassation de Palerme, l’enseignante aurait « mortifié la dignité de l’enfant et manqué par conséquent à ses devoirs d’éducatrice ». Et il ne faudra pas être surpris quand ce genre d’horreurs arrivera dans nos tribunaux. Après tout, les décisions des juges siciliens utilisent un langage directement inspiré de l’ubuesque Charte des Droits de l’Enfant[1. Charte dont Luc Rosenzweig dit tout le bien qu’il faut penser dans le nouveau numéro de Causeur Magazine] signée par l’Italie, mais aussi par la France.
Cette charte qui permet par son inscription dans le droit local la condamnation de Palerme, pourra tout aussi bien être utilisée à Paris, et pourquoi pas, avec un bon avocat, contre la prof giflée de Buxerolles…

L’Aube aux doigts de sang

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En Grèce, Aube dorée agresse les immigrés.

Je ne sais pas si l’aube est dorée, ni d’ailleurs pourquoi elle devrait l’être, mais je sais que l’aurore qui lui succèdera au beau pays d’Iphigénie n’aura pas, si l’inaction gouvernementale hellène se poursuit, les doigts de rose mais de sang. Cette inaction gouvernementale est double : liée comme un serviteur à son maître à la troïka européenne et à ses recommandations d’austérité irréaliste, la coalition au pouvoir à Athènes n’est décidément plus qu’une chambre d’enregistrement de l’orthopraxie économique libérale, imposant à son peuple des précipités alchimiques dont la théorie indique qu’ils devraient lentement mais sûrement le mener jusqu’à cette réaction finale qui s’appelle le bonheur. Quand, où, comment, avec qui, nul ne le sait, mais cela doit arriver à la fin du processus : la paillasse du Professeur Draghi, elle, ne ment pas.

L’autre absence d’activité du gouvernement se constate dans les rues du pays dévasté où, étrangement le peuple ne paraît pas avoir admis la licéité du protocole en cours. Et le peuple, quand on l’a arraché à tout cadre naturel autant qu’à la protection normale de la société, qui s’appelle en dernier recours la police, est parfois méchant. Très méchant. Je ne crois pas avoir l’habitude, pas plus que la majorité des collaborateurs de Causeur, de hurler, suivant les principes de la démocratie olfactive décrite avec un rare bonheur d’expression par Elisabeth Lévy, à la nauséabonderie, au méphitisme, au puage de bouche dès qu’un personnage public s’autorise une critique de la postmodernité nomade. Cependant, les images venues de Grèce et dont j’ai eu le malheur d’être l’éphémère spectateur ne relèvent plus de l’intention xénophobe, raciste ou de je ne sais quel autre terme dont les auteurs de Libé et des Inrocks ont coutume d’affubler leurs adversaires de plume et de parole dès qu’il s’agit d’évoquer l’immigration, l’intégration ou l’assimilation : elles relèvent du réel, et leur ignominie mérite donc réparation et châtiment.

De quoi s’agit-il donc ? D’une vidéo, fabriquée apparemment par les membres d’Aube dorée et donc digne de confiance pour ce qui est de la relation des faits, montrant les sicaires de ce parti politique grec aux références clairement fascistes sinon nazies et qui a envoyé 21 députés au Parlement national grec, en train de contrôler de leur propre chef les papiers de marchands ambulants considérés comme immigrés dans la ville de Rafina en Attique. Cette nouvelle police sans autre mandat que ce qu’elle appelle son patriotisme semble capable de deux mouvements pavloviens selon la situation à laquelle elle est confrontée : le marchand brandit-il des papiers en règle qu’elle les lui rend incontinent et passe au suivant ; le marchant est-il dans l’incapacité de produire les preuves de son droit à séjourner en Grèce et partant de son droit à y commercer qu’elle saccage son étal, n’en laissant subsister tréteau, table, œuf, lait, cochon.Et passe au suivant. Si l’on en croit le film, le passant grec, médusé, n’en peut mais, et les gros bras d’Aube dorée de poursuivre en toute quiétude leur besogne patriotique.

Ce nettoyage sauvage tombant le 8 septembre qui comme chacun sait est la fête de la nativité de la Vierge, les terroristes hellénophiles ont eu à cœur d’ajouter l’ironie à la voie de faits, par le truchement de l’un de leurs députés : « Nous sommes venus pour honorer la fête de la Sainte Vierge. En même temps, nous avons appris qu’il y avait ici beaucoup d’immigrés clandestins sans papiers. Nous les avons dénoncés à la police et l’Aube dorée a fait ce qu’il fallait faire ».
Nul doute que ces grands théologiens orthodoxes ont cru pouvoir ajouter à l’imitation du Christ chassant les marchands du Temple l’actualisation de la prière de la Vierge, le doux Magnificat : « Il renverse les puissants de leur trône et élève les humbles ». Ils ont la conscience en paix.

Il n’est pas besoin de préciser au lecteur que la vision de ces images soulève le cœur. Il est peut-être urgent pourtant de rappeler aux idéologues du remboursement de la dette qu’un pays décapité, dont l’Etat a été entièrement défait du jour au lendemain, dont les services publics ont été tronçonnés et que le monde riche poursuit de sa vindicte jour après jour, accouche rapidement de cela. Urgent de préciser du même mouvement aux revanchards qui attendent l’apocalypse française pour enfin se venger des humiliations que l’élite mondialisée leur a fait subir, et à cette élite même qui ne sait rien de mieux que clouer au pilori Richard Millet pendant qu’en Grèce on pogromise, que la société de la dénonciation mimétique s’autodétruira. Car il ne vaut jamais mieux qu’un seul homme meure plutôt que le peuple entier.

Adoption pour les homosexuels : « Sortir d’un système bancal et hypocrite »

Jerome Guedj defend l'homoparentalite au PS

Député et président du Conseil général de l’Essonne, étoile montante de la gauche du PS, le jeune président du Conseil général de l’Essonne a lancé en 2011, dans son département, une campagne pour le droit à l’homoparentalité. Pour lui, la loi doit interdire toutes les discriminations contre les couples gays.

Causeur. Êtes-vous sûr et certain que le fait d’être élevé par des parents du même sexe n’entraîne aucune répercussion sur l’épanouissement de l’enfant ?
Jérôme Guedj. Cette idée selon laquelle l’épanouissement de l’enfant exigerait obligatoirement un papa et une maman reflète une conception très traditionnelle de la famille. Vous n’êtes pas très loin de la messe du 15 août de Mgr Barbarin ! Plus largement, vous insinuez que l’adoption par les couples homosexuels menacerait les fondements de notre culture, voire de notre civilisation. Il n’y a pas si longtemps que cela, on utilisait les mêmes arguments « civilisationnels » contre le divorce, la contraception ou l’union des couples homosexuels.[access capability= »lire_inedits »] Or, ces réformes n’ont pas remis en question les fondements de la société.

Plus que vous ne le dites, même si dans les cas que vous citez, on peut estimer qu’il s’agissait de remises en causes positives… En tout cas, elles concernaient des adultes consentants. La filiation, c’est tout autre chose. Dès lors qu’on ne sait pas quelles seront les conséquences de l’homo-adoption pour les enfants, ne faudrait-il pas appliquer le principe de précaution et attendre d’avoir des certitudes ?
Je ne vois pas comment on aura des certitudes si on n’essaie pas ! Du reste, on n’en sait pas plus sur les conditions de développement d’enfants élevés dans des familles monoparentales ou recomposées. Ma responsabilité d’élu et de militant pour l’égalité des droits est de mettre la question à l’ordre du jour, pas d’avoir des certitudes. C’est pourquoi, le 6 avril, j’ai organisé à Évry des « Rencontres nationales adoption-homoparentalité ». Pour la première fois, des anthropologues, des juristes, des politiques, des sociologues, des pédopsychiatres et des cliniciens ont pu confronter leurs points de vue sur le sujet. Ces experts m’ont confirmé qu’aucune étude − il est vrai qu’il n’en existe pas beaucoup − ne permettait de conclure à l’existence de divergences dans le développement affectif ou psycho-social chez les enfants élevés dans un tel cadre.

Bref, on n’en sait rien, ce qui revient à dire qu’on fait de l’expérimentation sur le vivant. Qu’en dit la loi aujourd’hui ?
Depuis 1966, il n’est plus obligatoire d’être marié, donc hétérosexuel, pour pouvoir adopter. Un homme ou une femme peuvent adopter seuls, quelle que soit leur orientation sexuelle. Ce qui est interdit, c’est l’adoption à deux hommes ou à deux femmes.
Par ailleurs, à l’heure actuelle, le conjoint homosexuel d’un parent adoptif n’a aucun droit sur l’enfant qu’il élève, ne serait-ce que pour l’inscrire à l’École ou signer une décharge auprès d’un médecin en cas d’urgence. Dans notre pays, plusieurs dizaines, voire centaines de milliers d’enfants grandissent déjà avec des couples homosexuels. Pour obtenir l’agrément d’adoption, les conjoints homosexuels ont menti sur leur orientation sexuelle ou l’ont tue. Je vous rappelle que 10% des agréments d’adoption sont accordés à des personnes seules, dont certaines ne le sont pas vraiment. Dans les faits, la nouvelle majorité ne va pas créer des droits nouveaux mais simplement mettre en conformité la pratique sociale avec le droit pour sortir du système bancal et hypocrite qui ne permet l’adoption qu’à un seul des deux membres du couple homosexuel. Dès que le mariage sera ouvert à tous, conformément aux engagements de François Hollande, la question de l’adoption ne se posera plus puisque le Conseil constitutionnel a estimé que l’un entraînait mécaniquement l’autre.

Sur d’autres questions de société, comme la prostitution ou la drogue, l’écart entre la pratique et la norme n’incite pas forcément à changer la loi…
En l’occurrence, ce décalage pose la question de l’égalité des droits et de la lutte contre les discriminations. Je ne suis ni un militant de la cause homosexuelle ni un partisan de la « discrimination positive ». Lorsque, pendant treize ans, j’ai été vice-président de Conseil général, notamment chargé des personnes handicapées, j’expliquais à mes collègues que les dispositifs d’accessibilité des bâtiments publics pour les personnes à mobilité réduite bénéficient à tout un chacun. De la même façon, quand on pose la question de l’égalité des droits et de l’adoption pour les homosexuels, on tire le fil de toute une série de débats qui posent problème dans la société, comme le statut du coparent ou les modalités de l’adoption.

Au-delà du principe d’égalité et de non-discrimination, pensez-vous qu’il existe un « droit à l’enfant » ?
Il n’y a absolument pas de « droit à l’enfant » ! Mais la loi interdit de discriminer. Ainsi, le Conseil général du Jura a été condamné pour avoir refusé de délivrer un agrément d’adoption à une personne parce qu’elle vivait dans un couple homosexuel. Lorsqu’on examine une demande d’agrément d’adoption, on ne parle pas de « droit à l’enfant », on essaie de savoir si, indépendamment de son orientation sexuelle, la personne présente les garanties nécessaires pour adopter un enfant.

Pensez-vous que la société puisse défendre un ordre symbolique, quitte à empiéter sur les libertés individuelles d’adultes libres et consentants ?
Sans jouer les Lévi-Strauss, je reconnais qu’il existe des tabous fondateurs civilisationnels, comme l’interdit de l’inceste, que je ne remets pas en question. Mais l’ordre symbolique ne peut pas être invoqué à tout bout de champ pour empêcher tout changement social ! De plus, je sais comment on instaure des droits individuels, pas comment on établit un ordre symbolique. Le droit individuel résulte d’un rapport de force politique validé par le suffrage universel. Il est donc au service de l’intérêt général. L’ordre symbolique, je ne sais pas qui le définit. Il peut se nourrir de la morale, de la religion ou de l’Histoire, mais reste toujours subjectif.

Dans ce cas, pourquoi ne pas remettre en cause l’interdit de l’inceste ? C’est un tabou arbitraire qui n’a pas été tranché par le suffrage universel et qui, dans les faits, n’est hélas pas toujours respecté…
Soyons sérieux : l’inceste est une abjection, une forme absolue de domination et un délit pénal. Et je n’ai pas besoin d’études pour en mesurer les conséquences désastreuses sur le développement de l’enfant…

Vous allez voter contre le Pacte budgétaire européen. Ne croyez-vous pas que le gouvernement se livre à une surenchère sociétale pour faire oublier que, sur le front économique, il n’a pas grand-chose de nouveau à proposer ?
Pourquoi faudrait-il opposer questions sociales et débats de société ? Vous ne pouvez traiter qu’un seul sujet, vous ? Je peux, dans la même journée, débattre des emplois d’avenir à l’Assemblée nationale et discuter de l’homoparentalité. L’un n’exclut pas l’autre. Alors, de grâce, pas de faux procès à François Hollande.[/access]

*Photo : Hannah Assouline.

Bordeaux : un prof tabassé par un élève après un cours sur l’islam

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A Bordeaux, au Lycée d’Enseignement Professionnel Trégey, un professeur a été tabassé ce mardi par un de ses élèves de 18 ans. Sans doute soucieux de ne stigmatiser personne, le Parisien.fr explique que ce fait divers est intervenu « à l’issue d’un désaccord sur le contenu d’un cours qui portait sur la religion ». Bigre…

Nos confrères de Sud-Ouest – dont les locaux se situent dans le même quartier que l’établissement scolaire – sont plus précis : « Le cours abordait la religion musulmane, et le professeur et l’élève de 18 ans se sont trouvés en désaccord. Le professeur a dû évacuer sa salle de cours, après que l’élève s’est énervé et a renversé une table. Celui-ci a alors été convoqué dans le bureau du conseiller principal d’éducation et a commencé à dégrader la salle où il était. Puis, croisant son professeur dans un couloir, il s’est jeté sur lui. D’abord bousculé, l’enseignant a reçu des claques de la part de son élève, un coup-de-poing et un coup de tête.»

Toujours d’après Sud-Ouest, ce professeur ne fût pas la seule victime de ce débat plutôt vif sur les valeurs de l’islam : « Une jeune surveillante qui tentait de s’interposer et de ramener le jeune à la raison a quant à elle reçu un coup dans l’épaule et a évité un panneau d’affichage lancé dans sa direction par l’élève furieux.»

On sera rassuré d’apprendre que le lycée n’a pas été incendié, et semble-t-il, qu’aucun ambassadeur ou diplomate n’y a été assassiné…

Affaire Arnault : Exonère, c’est du belge !

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La récente affaire Bernard Arnault n’a pas fait que des heureux en Belgique. Non, le gouvernement de Di Rupo ne s’est pas vraiment indigné du mauvais coup fait à son camarade de l’Internationale Socialiste François Hollande par l’homme qui racheta Boussac avec mes sous pour vendre du Dior à l’hyperclasse. Les sociaux-libéraux belges aimeraient bien taxer à la Française mais ils n’osent pas. Il reste des forces politiques cependant, certes très minoritaires en Belgique, pour rappeler que si l’affaire Arnault coûte cher à la France, elle n’est pas non particulièrement profitable aux Belges de la rue.

Ainsi le PTB, le Parti du Travail Belge (communiste, tendance marxiste-léniniste) ne dispose que de 5000 militants et représente grosso modo 1% des électeurs sur toute la Belgique puisque c’est une des rares formation belge unitaire qui refuse le clivage linguistique. Mais il a malgré tout ses experts, ses universitaires, ses économistes et il les a faits plancher sur le cas Arnault. Bernard Arnault, outre-Quiévrain, possède déjà un certain nombre de sociétés et filiales largement bénéficiaires. Ces 3 dernières années, il y a fait 630 millions d’euros de bénéfices imposés… à moins de 4 %. « Si M. Arnault avait payé le taux nominal de 33,99 %, l’État aurait récupéré 190 millions d’euros en plus » conclut le PTB. On est très content pour monsieur Arnault mais sans doute moins les salariés belges. Les 11 sociétés belges du milliardaire brassent des centaines de millions mais n’embauchent en tout et pour tout que… 7 personnes dont 5 équivalents temps plein. C’est que la principale activité d’Arnault en Belgique est LVMH Finance. Cette entreprise a payé en 2008 et 2009 zéro euro d’impôt. Et sur les quatre années de son existence, un taux moyen de 8,23%, ce qui fait 20 millions pour un bénéfice total de 246 millions.

On ne va tout de même pas envahir la Belgique ? Si ? Puis le Luxembourg, Monaco et la Suisse dans la foulée.

Ah, le bon temps de la France de 1811 et de ses 130 départements…

Avis aux amateurs : Samedi et dimanche, Jérôme dédicacera ses livres au village du Livre de la Fête de l’Huma

Non à la Morale Laïque d’État !

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La morale laïque à l'école contre l'Eglise catholique

La morale laïque à l'école contre l'Eglise catholique

Il nous faut de la morale. C’est le psychodrame occidental que de se laisser aller à un « vivre-les-uns-à-côté-des-autres » dans l’oubli total des principes élémentaires qui font une société – respect, révérence des anciens, solidarité. 91% des français l’ont lucidement compris. Mais qui, parmi ces 91%, éduque ses enfants dans le respect des professeurs, des policiers, de la société, des institutions, de l’Histoire du pays ?

Il semblerait que les familles comptent sur l’État pour pallier leurs insuffisances. Certes l’État, soulignons-le, ne les aide pas comme il le devrait : on cherche toujours une politique familiale forte respectueuse des grandes valeurs du foyer (lutte contre l’accès facile à la pornographie, contre l’omniprésente violence audiovisuelle, retour aux valeurs chrétiennes qui ont fait l’Occident, etc.).
Plus que jamais, une éducation morale couplée à une solide politique familiale sont indispensables.

Aux prises avec une crise morale de grande ampleur, le pouvoir politique a l’art de justifier ses manquements par ses partis pris idéologiques. Ainsi, la morale laïque de Peillon a l’imprimatur de la catéchèse socialiste : non contente d’avoir gagné la bataille des idées, de l’art et des médias, elle se veut maintenant éducatrice des foules, et formatrice des « futurs citoyens »… Autant dire des futurs électeurs de gauche. Voyez l’article d’Olivier Vial, président de l’UNI, qui montre, à partir des textes fournis publiquement par les officines socialistes, à quel point cette Morale LaïqueTM (avec des majuscules s’il vous plaît) n’est pas tout à fait « laïcisée » de son idéologie gauchiste. Créer des électeurs de gauche, lutter contre les « discriminations », créer une « égalité réelle », développer l’esprit « artistique » des enfants, lutter contre les « valeurs de l’argent », promouvoir l’ « égalité des genres » ou la « liberté sexuelle », voilà ce que cache la Morale LaïqueTM. Il faut donc rester vigilant.

Sur le plan philosophique, n’importe quelle archéologie de la pensée, à la manière de Foucault, pourrait montrer que l’idée de Morale LaïqueTM n’est pas aussi pure qu’elle le prétend. Jérôme Leroy loue cette « morale laïque » héroïque qui a mis fin au totalitarisme éducatif de l’Eglise catholique, ainsi que les Lumières rousseauistes qui ont participé de cette libération. Mais attention. Tout se récupère, comme les marchés ont récupéré le slogan soixante-huitard « il est interdit d’interdire », la « religion civile » de Rousseau devient « laïcisme » d’état, selon un retournement philosophique tout aussi spectaculaire. À défaut de provoquer de nouvelles Lumières, on recycle et instrumentalise les anciennes. Jusqu’à promouvoir ce que les philosophes des Lumières, justement, dénonçaient. Les nouveaux « curés bourgeois » de Léon Bloy qui pullulent à l’ENA et dans les Think-thank de gauche vous semblent-ils à même de nous préserver de l’embrigadement moral ?

Face au procès de non républicanisme qui m’est intenté, que dire sinon que j’aimerais justement conserver cette pluralité d’opinions et de manières d’être qui coexistent dans une République qui ne tranche pas, et qui ne décide pas « du bien et du mal ». Cette Morale LaïqueTM est si idéologiquement orientée qu’on comprend assez vite que son universalisme de facade cache la déliquescence de la société. Si elle sert à dénoncer les riches pour défendre les pauvres, à justifier la révolte des seconds contre les premiers, à développer des formes d’ « art » déconstructeurs ou à mettre les autres cultures au premier plan pour masquer l’affreuse Histoire de France, elle ne fera que renforcer la « sous-morale des quartiers » et n’empêchera pas les charges de CRS. La France ne vaut un concert de rap, et pourtant le socialisme se gargarise en permanence de cet « enrichissement », « avenir » et « évolution » normale de notre civilisation. Pas la peine d’être catholique intégriste ou sympathisant du Bloc identitaire pour le remarquer.

La crise est spirituelle, cher Jérôme Leroy, donc trop profonde pour être résolue par de simples pansements politiques. La République démocratique, tout à la fois le cadre de notre vie sociale et notre idéal, ne saurait se faire le vecteur officiel d’une idéologie quelconque, si « laïciste » soit-elle. Car la laïcité socialiste deviendra elle aussi une religion, si ce n’est pas déjà fait…

Islamisme : les impasses de l’apaisement

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Le film Innocence of Muslims provoque la colère du monde musulman

Le film Innocence of Muslims provoque la colère du monde musulman

Quatre fonctionnaires américains, dont l’ambassadeur des Etats-Unis en Libye, Christopher Stevens, ont été tués le 11 septembre au soir à Benghazi, à la suite de l’attaque au lance-roquettes contre le consulat américain. Cet attentat s’inscrit dans le cadre de la vague de manifestations spontanées qui a touché de nombreux pays arabes ces derniers jours : Egypte, Libye, Tunisie, Yémen. Au cours de ces manifestions, les bâtiments diplomatiques des Etats-Unis ont été pris d’assaut par des foules d’islamistes en colère, à l’exception notable de l’ambassade américaine à Tunis, où tout s’est passé dans le calme. D’autres manifestations en Iran, en Libye et ailleurs dans le monde musulman sont prévues ce vendredi, « jour de prière », selon la formule consacrée. Quel est donc l’objet de ce vaste courroux ? Faut-il que l’enjeu soit fort, pour provoquer tant de dégâts… Personne de bonne foi ne pourra croire que la politique étrangère d’Obama soit en cause, puisque le président américain se montre, depuis plusieurs années et son incroyable discours du Caire de 2008 – qui vantait Al-Andalus et son système d’apartheid entre musulmans, Juifs et chrétiens, comme un modèle de tolérance pour le monde-, impeccable dans son soutien aux mouvements islamistes qui prennent progressivement le pouvoir dans la région. On l’a vu en Egypte et en Libye, on le voit en Syrie, et on le verra peut-être demain au Liban, les chrétiens n’y étant peut-être plus assez nombreux pour entraver l’émergence à terme d’un régime islamique proche de la restauration générale du Califat naguère rêvée par Ben Laden[1. Je suis tenté d’écrire : Ben Laden en a rêvé, Obama l’a fait, mais ce serait une exagération passible des pires excommunications benjellouniennes.].

Ce n’est donc pas la politique américaine qui peut décemment être considérée comme la cause de l’irritation des peuples arabes. De fait, la colère des foules musulmanes a une tout autre cause, autrement importante sans doute : une vidéo en ligne. Cette obscure vidéo postée sur Internet attaquant l’islam et son prophète, est intitulée Innocence of muslims. Strictement personne, ici en Occident, n’en avait entendu parler avant ces jours derniers. On compte donc au moins quatre morts et de nombreux blessés en représailles du postage sur Internet de la vidéo d’un film inconnu réalisé par des inconnus. On n’ose imaginer la réaction de la « rue arabe » le jour où les Monty Python se reformeront enfin pour s’essayer à une nouvelle Vie de Brian, version mahométane. On peut rêver. Il paraît d’ailleurs qu’Eric Idle a récemment réalisé une adaptation théâtrale de La Vie de Brian intitulée Not the Messiah. Mais voici qu’on me signale que malgré ce titre prometteur, il n’y est pas du tout question de l’islam. Sans blague. La prochaine fois peut-être. On compte sur toi Eric pour nous faire bientôt rire avec le Coran et le prophète, comme tu nous as vivement amusés autrefois avec le Christ et les Evangiles.
Innocence of muslims, pour sa part, est une ineptie complète qui retrace de façon romancée, sarcastique et crétine la vie de Mahomet. Disposant de moyens limités – des acteurs, grossièrement incrustés dans des images d’un désert quelconque, portant vaille que vaille le costume arabe version Amérique des fifties (c’est-à-dire tout droit tiré des surplus de Ben-Hur) y vocifèrent un texte imbécile et sans grand rapport, on ose le souhaiter à défaut de le croire tout à fait, avec la lettre ou l’esprit du Coran – ce film modeste n’a pas été financé par des fonds publics et n’a été diffusé qu’une seule fois au cinéma, devant une salle quasi-vide à Hollywood. Il n’a trouvé aucun écho dans le public américain et n’a suscité aucun commentaire positif de la part de qui que ce soit de notable aux Etats-Unis. Cette œuvre avant tout grotesque, dont on saisit mal la dimension artistique est en anglais (Mahomet et ses épouses y ont un magnifique accent new-yorkais), déshonore presque aussi sûrement l’islamophobie qu’Anders Breivik l’a fait selon Elisabeth Levy.

Innocence of Muslims a néanmoins commencé à faire parler de lui dans les pays musulmans, et singulièrement en Egypte, grâce à la diffusion d’une version sous-titrée en arabe dialectal sur Internet. L’ambassade des Etats-Unis au Caire a alors décidé de publier sur son site, le 11 septembre 2012, onzième anniversaire des attentats islamistes qui ont frappé le World Trade center à New York et le Pentagone à Washington, une condamnation de ceux qui aux Etats-Unis cherchent à heurter les « sentiments religieux » des musulmans. Ce communiqué, jugé par beaucoup aux Etats-Unis indécent – en ce qu’il paraissait comprendre et même justifier l’animosité des islamistes à l’encontre des Américains -, a été précipitamment retiré après la mort de l’ambassadeur Stevens.
L’indifférence complète du public américain à l’égard de ce navet, comme la condamnation officielle, un 11 septembre, par des diplomates américains, de l’usage par leurs propres concitoyens de la sacro-sainte liberté d’expression garantie par la constitution, serait plutôt le signe d’une remarquable absence d’hostilité de principe du peuple et du gouvernement américain à l’égard des musulmans. On y décèle plutôt une volonté d’apaisement et de prise en compte de la sensibilité musulmane assez étonnante de la part d’une puissance qui reste très largement dominante sur le plan militaire. A bien réfléchir, c’est peut-être cette bienveillante indifférence américaine, quoiqu’elle soit sans doute mâtinée d’une crainte mal refoulée de la propagation de l’idéologie islamiste, qui agace au plus haut point les islamistes parce qu’elle paraît contredire leurs fantasmes lorsqu’ils se voient en épouvantails terrifiant un monde occidental acharné de son côté à détruire l’islam. Serait-ce cela qui les amènent à faire les poubelles d’Internet ? S’agit-il d’y dénicher, avec l’amère satisfaction du jaloux pathologique qui découvre en lui faisant les poches la preuve de la trahison de l’infidèle (quitte à la fabriquer), le moindre déchet numérique susceptible de justifier et de nourrir une haine inextinguible? Si c’est le cas, toutes les politiques d’apaisement, tous les discours du Caire du monde, sont irrémédiablement condamnés à l’échec.

*Photo : « Innocence of muslims »

Mia Love, une chance pour Mitt Romney

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Il n’y a pas que la bévue de Barack Obama après l’attentat de Benghazi qui pourrait le déstabiliser, il y a également Mia Love. Alors qu’une très large majorité de Noirs s’apprêtent à voter pour Obama, même si leur situation n’a jamais été aussi mauvaise, une jeune Afro-Américaine, maire de Saratoga, un village de fermiers près de Salt Lake City, s’est lancée avec une belle ardeur dans la campagne républicaine. Catholique convertie à l’église mormone, elle flirte avec les libertariens, est favorable à la suppression des Départements fédéraux de l’énergie et de l’éducation et milite pour le maintien du port d’arme.

Le rêve américain, Mia Love l’incarne et veut le préserver. « Mes parents, dit-elle, ont immigré dans ce pays avec dix dollars en poche et l’espoir que l’Amérique dont ils ont entendu parler existait bel et bien. Quand vinrent des moments difficiles, ils n’ont pas cherché l’aide de Washington, ils se sont débrouillés seuls. L’Amérique dans laquelle j’ai grandi était axée sur l’autonomie personnelle et la possibilité de vivre le rêve américain.  » Marquée par Ayn Rand que Paul Ryan cite volontiers, Mia Love est dorénavant une épine dans le pied d’Obama et un atout pour Romney : un peu de couleur dans le parti républicain ne peut que le servir. Les chaînes de télévision s’arrachent Mia Love. Qui résisterait à un tel patronyme ?

Alain Finkielkraut sur l’affaire Millet : « ce que ne peut pas la littérature »

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Alain Finkielkraut

Alain Finkielkraut

Cyril Bennasar[1. Le titre de cet entretien est une référence à celui d’un ouvrage rassemblant, sous une forme écrite, une sélection des meilleures émissions « Répliques » de France Culture parmi celles consacrées à la littérature. Ce que peut la littérature, sous la direction d’Alain Finkielkraut, Stock, 2006.]. L’essai de Richard Millet intitulé Éloge littéraire d’Anders Breivik a déclenché plusieurs types de réactions : certains ont critiqué et réprouvé, d’autres (comme Annie Ernaux et Tahar Ben Jelloun) sont allés plus loin, en réclamant une action collective des écrivains Gallimard pour obtenir son éviction. On assiste là à un nouveau type de chasse aux sorcières, où ce n’est plus le pouvoir qui censure, mais des écrivains qui viennent demander au pouvoir, en l’occurrence l’éditeur, la tête d’un des leurs. Qu’en pensez-vous ?
Alain Finkielkraut. Dans l’article qu’il consacre à cette affaire et qu’a publié le journal Libération, Michel Crépu cite cette phrase admirable de Bernard Delvaille : « Je n’ai jamais hué personne. » Je voudrais que l’on puisse dire cela de moi : je me désolidarise donc des écrivains qui demandent la peau de Richard Millet. Et je salue le courageux refus par Antoine Gallimard de satisfaire l’instinct punitif de ces grandes consciences. Mais l’aversion pour les épurateurs ne suffit pas. La critique de la critique ne doit pas m’exempter d’une appréhension et d’une évaluation du texte lui-même.

Justement, que vous inspire ce pamphlet, à commencer par son titre ? Peut-on faire un éloge, même « littéraire », de Breivik ?
Le titre Éloge littéraire d’Anders Breivik m’a exaspéré.[access capability= »lire_inedits »] J’ai bien pensé qu’il ne fallait pas le prendre pour un ralliement et que Millet recherchait la palme de l’opprobre, qu’il éprouvait une étrange jouissance à être l’écrivain le plus haï de France. Mais j’ai trouvé ce narcissisme enfantin et, en l’occurrence de très mauvais goût. Ensuite, je me suis dit : « Il y a peut-être littérature sous roche. » J’ai donc surmonté mon irritation première et j’ai voulu lire. Et voici le premier paragraphe : « Au moment d’entreprendre ce qui pourrait être un éloge littéraire d’Anders Breivik, je voudrais qu’on garde à l’esprit que je n’approuve pas les actes commis par Breivik le 22 juillet 2011 en Norvège. » « Je n’approuve pas » est une formulation déjà singulière. Son minimalisme n’est pas à l’échelle des actes commis. Il ne s’agit pas de « n’approuver pas » : ces actes sont ignobles. Mais bon, admettons.
Je lis la suite : « C’est pourtant sur ces actes que je me pencherai, frappé par leur perfection formelle, donc, d’une certaine façon, et si tant est que l’on puisse les détacher de leur contexte politique voire criminel, par leur dimension littéraire, la perfection, comme le Mal, ayant toujours peu ou prou à voir avec la littérature. » Et là, je suis accablé.

Dans un sens, Millet commente la tuerie d’Utoya comme s’il s’agissait d’une scène de film. Est-ce cela qui vous accable ? Qu’il juge la forme de l’acte, indépendamment de son atrocité morale ?
Il y avait, hélas, une certaine perfection formelle dans les attentats du 11 septembre. Ces Boeings qui s’écrasent contre les deux tours jumelles symboles du capitalisme américain, c’était un spectacle qu’on ne pouvait pas s’empêcher, au sein même de l’horreur, de trouver fascinant. Et certains ont cédé au vertige. On connaît le texte de Baudrillard sur la fulgurance inoubliable de ces images, on connaît moins l’éloge de Stockhausen : « Ce à quoi nous avons assisté est la plus grande œuvre d’art jamais réalisée. » Je suis révolté par ce rapport purement esthétique au 11-Septembre (le sens du beau ne doit pas faire de nous de petits Néron), mais je comprends ce qui l’a rendu possible. En revanche, je ne vois nulle beauté de l’horrible dans le carnage de l’île d’Utoya. Quant à dire que la littérature a à voir avec le Mal ou que le Mal a toujours peu ou prou à voir avec la littérature, c’est faire bon marché du XXe siècle. Le Mal, au siècle des camps, a perdu pour toujours son aura luciférienne. Et il est dommage pour Georges Bataille que celui-ci ne s’en soit pas aperçu. Pour revenir à Breivik, il est allé sur une île tuer, les uns après les autres, de pauvres adolescents à bout touchant. C’est seulement abominable. J’ai une trop haute idée de la littérature pour accepter de la voir compromise ainsi. Millet oppose implicitement littéraire à littéral. Je veux bien, mais la littérature ne doit pas non plus être une insulte au sens commun, ou au sens moral. Elle mérite mieux.
Au demeurant, le même qui « n’approuve pas », qui semble désapprouver du bout des lèvres le crime de Breivik, n’a pas de mots trop durs, quelques pages, plus loin contre le pauvre DSK, qualifié de « terroriste socialo-priapique ». Cela me rappelle une conversation avec Philippe Roth, qui disait, parlant du Théâtre de Sabbath et de son héros, un infréquentable obsédé sexuel, que le procès que lui faisaient certains critiques était ridicule. Au regard de la réalité du mal, les actes de Sabbath, c’était du « kid stuff » (« des jeux d’enfants »). « Éloge littéraire d’Anders Breivik » d’un côté, dénonciation du terrorisme priapique de DSK de l’autre : je suis trop attaché à la littérature et à ce que les mots veulent dire pour accepter cette différence de traitement.

Même si de nombreux aspects de ce texte vous consternent, n’y a-t-il rien dans ces dix-sept pages qui mérite selon vous d’être défendu ?
Si, et c’est justement parce que certains passages sont particulièrement bienvenus qu’on ne peut que se désoler de les voir mêlés à des propos aussi détestables. Je pense, par exemple, aux quelques lignes ironiques que Millet consacre à la littérature policière scandinave qui, immanquablement, donne au crime le visage d’un « souchien » raciste à l’innocence le visage d’un immigré et au Bien celui d’un farouche défenseur blanc du multiculturalisme. C’est ainsi que des auteurs renommé pour n’avoir pas froid aux yeux camouflent la réalité sous le grand mensonge de la bigarrure heureuse.

Aujourd’hui, en Occident, quand on condamne le terrorisme islamiste, on s’empresse de faire valoir la politique de l’excuse : « Ce qu’a fait Merah est abominable, mais…» Dans le cas de Breivik, on condamne unanimement le crime, et l’on s’empresse de nous dire qu’il n’y a pas de cause, qu’il n’y a qu’un schizophrène paranoïaque ou un raciste néo-nazi. Comment analysez-vous cette différence de traitement ?
Tahar Ben Jelloun a affirmé qu’on ne pouvait pas, sous prétexte de littérature, se mettre dans la peau d’un monstre. Or, il y a quelques mois, Le Monde a publié en première page de son supplément littéraire une fiction intitulée « Moi, Mohammed Merah », et l’écrivain Salim Bachi, déjà auteur de « Moi, Khaled Kelkal », est entré, pour le quotidien de référence, dans la tête du tueur. Il ne le justifiait pas, certes, mais il poussait l’empathie jusqu’à écrire : « Donnez-moi vos avions et je donnerai mon scooter. Donnez-moi vos bombes et je vous donnerai le pistolet avec lequel j’ai tué ces gamins pour venger d’autres gamins tués par des paras israéliens ou français c’est la même chose vu du trou sans fond où l’on se trouve. » Mohammed Merah n’a pas tué autant qu’Anders Breivik, mais ce n’est pas l’envie qui lui manquait, et je ne crois pas qu’il y ait des « monstres de gauche » dont la révolte, certes égarée, aurait quelque chose de compréhensible, et des « monstres de droite », dont le comportement serait purement tératologique. Je ne fais pas ce genre de distinction.

Mais comprendre n’est pas justifier. Même les actes les plus horribles ont des causes. Peut-on renoncer à les comprendre parce qu’elles sont moralement inacceptables ?
Il y a toujours des « causes » mais, dans la logique de l’excuse, la cause devient le coupable. Elle ne doit jouer ni pour les uns ni pour les autres, ni pour Merah, ni pour Breivik. Dans le cas du 11-Septembre, Télérama , certes, n’avait pas sombré dans l’esthétisme, mais avait titré « L’Amérique victime de son hyper-puissance ». La cause était le coupable. Ce n’était pas vrai alors et ce n’est pas vrai non plus pour Breivik. Ce n’est pas le progrès de l’islam ou de l’islamisme en Europe qui est le coupable des massacres d’Oslo et d’Utoya, ni une idéologie multiculturelle (qu’on est en droit en effet de critiquer). Il faut rester obstinément arc-bouté à la tautologie. Le coupable est le coupable. Dans tous les cas.

Le pamphlet de Millet est condamné par un grand nombre de gens qui sont en désaccord radical avec lui, mais il est également jugé contre-productif par ceux qui partagent sa critique de l’islam et du multiculturalisme. Or Millet déclare, dans une interview publiée récemment : « Quand je parle de manière diplomatique, personne ne m’écoute. » Si son objectif était de tirer un signal d’alarme, ne l’a-t-il pas mieux atteint par le scandale que par le silence qui entourait ses écrits précédents ?
Il ne s’agit pas d’être diplomatique. Il s’agit d’être précis et intransigeant. L’objectif de Breivik était aussi de tirer un signal d’alarme. Et bien sûr, il a atteint le résultat inverse de celui qu’il espérait. Il en va de même pour Richard Millet, qui, contrairement à ce que soutient Renaud Camus, a versé dans la pure provocation. Pour attirer l’attention, il a créé le scandale. Cette logique de l’outrance ne peut plus être celle de la littérature car elle fait le bonheur des médias. Et le bonheur aussi de la bien-pensance. Après cette sortie, il sera plus difficile encore à ceux qui ne veulent pas se laisser intimider par « le parti dévôt », comme dit très justement Millet, d’ouvrir la bouche. Ils seront immanquablement renvoyés, par sa faute, au massacreur de Norvège.
J’ajoute que c’est bien précisément parce que nous sommes inquiets, parce que nous subissons sans cesse le chantage à l’islamophobie quand nous essayons de regarder la réalité en face, que nous devons expressément non seulement prendre nos distances avec Breivik, mais aussi marquer la répulsion totale que son acte nous inspire.

Certes, mais quand Richard Millet déclare : « Il m’arrive d’être le seul Blanc à la station RER de Châtelet-Les-Halles et cela me gêne », ces propos provoquent aussi un scandale et une réprobation générale. Or, ne permettent-ils pas également une libération de la parole chez des gens qui vivent la même chose et que la bien-pensance condamne au silence ?
Ce n’est pas du tout la même chose ! Cela n’a strictement rien à voir. Richard Millet a pu dire cela à la télévision à plusieurs reprises, notamment chez Taddeï dans son émission « Ce soir ou jamais ». Il part de cette expérience pour réfléchir à notre situation. Parmi ceux qui l’entendent, certains sont choqués, d’autres sont intéressés. En tout cas, ils l’écoutent. Et si une telle phrase faisait scandale à hauteur de l’Éloge littéraire d’Anders Breivik, il me verrait entièrement à ses côtés. Car il est faux de dire que cette phrase est raciste. Mais avec son pamphlet, Millet a franchi un pas supplémentaire et il a donné à cette phrase un éclairage « breivikien » qu’elle n’aurait jamais dû avoir.

On a retrouvé, dans le texte que Breivik a laissé, votre nom et une référence à votre critique du multiculturalisme. Assumez-vous une part de responsabilité dans les dérives criminelles de certains de vos lecteurs ?
Non. D’ailleurs je ne suis pas certain qu’il m’ait lu, si ce n’est dans la traduction fautive de l’entretien que j’ai accordé au journal Haaretz et qui a fait le tour d’Internet. Du reste, je suis, fort heureusement pour moi, en excellente compagnie : Breivik ne cite pas Hitler, mais Churchill et John Stuart Mill. Il se prend pour ce qu’il n’est pas : un défenseur de la civilisation européenne.[/access]

*Photo : Hannah Assouline.

Congrès de Toulouse : le PS fait son Yalta

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Harlem Désir désigné dauphine de Martine Aubry au PS

Harlem Désir désigné dauphine de Martine Aubry au PS

Le PCUS existe encore. Il a changé de nom, déménagé à Paris rue de Solférino et s’appelle désormais le Parti socialiste. Sauf accident nucléaire, Harlem Désir devrait être le prochain premier secrétaire du PS à l’issue du congrès de Toulouse en octobre. L’ex-président de SOS Racisme a été désigné par Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault dans la plus grande opacité et conduira une motion ratissant large, de Benoît Hamon à Pierre Moscovici.

Pour la Maire de Lille, Matignon et a fortiori l’Élysée, le but est de verrouiller le PS en s’assurant qu’il est un vrai parti godillot, hochant la tête dans le bon sens. Désir a l’avantage d’être lisse, de manier la langue de bois et ne pas occuper de réelle surface médiatique à la différence de Jean-Christophe Cambadélis, sniper de DSK recyclé auprès d’Aubry. Le n°2 devrait être Guillaume Bachelay, issu des rangs fabiusiens et devenu la « plume » d’Aubry. Pour le poste de porte-parole, on parle de deux fidèles de Hollande : Olivier Faure, parlementaire et conseiller à Matignon, flanqué de sa collègue députée Karine Berger.

Cette direction, instituée par le fait du prince, a pour seul objectif de tuer le débat idéologique au sein du parti. Les vrais maîtres à bord restent Aubry et Ayrault avec Hollande en coulisses, Désir n’étant qu’un homme de paille. Hollande craignait en effet une rébellion de l’aile gauche du PS et notamment de Benoît Hamon. Mais devenu ministre, ce dernier a remisé ses ambitions au vestiaire. Avec ses proches, il a intégré la motion Aubry-Ayrault en échange de 15 à 25% des postes dans les futures instances dirigeantes du PS.
La gauche du PS sera donc représentée par Emmanuel Maurel, soutenu par Marie-Noëlle Lienemann. Reste à savoir s’il ira au bout de sa démarche et se présentera contre Désir au poste de premier secrétaire. On peut aussi citer les motions de Gérard Filoche, Juliette Méadel, Constance Blanchard et même celle de… Stéphane Hessel. Mais aucun d’eux ne fera le poids face au bulldozer de la motion Aubry-Ayrault. Le Congrès est donc joué d’avance.

Car Hollande le sait bien, il n’y a rien de pire pour un chef de l’Etat de voir « son » parti lui échapper. Avec des députés refusant d’approuver les réformes sans broncher et des grands vizirs qui se voient déjà calife à la place du calife. François Mitterrand a dû supporter les rivalités entre Jospin et Fabius. Jacques Chirac a vu Nicolas Sarkozy prendre l’UMP en 2005. Sarkozy a lui tout fait pour contrôler sa majorité. Quitte à recevoir les députés à l’Elysée, se comportant davantage en chef de parti qu’en chef de l’Etat.
Hollande avait promis de rompre avec ce genre de pratiques mais il sait qu’il devra tenir ses troupes. Dès cet automne, le Parlement débattra de la règle d’or. Les proches de Maurel et Lienemann devraient toussoter mais Hamon joue à fond la solidarité gouvernementale. Et l’année 2013 s’annonce déjà comme une année de rigueur, des promesses ne pourront pas être tenues (quid des 60 000 profs en plus ?).

Mais si la gauche du parti a été quelque peu muselée, un autre chantier s’annonce : répartir les postes entre Aubryistes et Hollandistes. En l’absence de motions différentes, les deux camps devront se distribuer les rôles selon un gentleman agreement. Chacun visera les postes clés du parti (fédérations, élections, trésorerie, communication…) et tout se jouera dans de subtiles négociations de couloir.
C’est bien le drame. Hollande voulait éviter la confrontation avec l’aile gauche du PS, il risque d’avoir maille à partir avec Aubry pour une vulgaire question de strapontins. Certes, Aubry dénonçait la « gauche molle » de Hollande, mais désormais comment distinguer deux camps qui approuvent sans sourciller la règle d’or et le Traité de stabilité ? Ce congrès ne sera qu’une enième bataille d’appareils comme le PS sait si bien les mener.

L’enjeu du Congrès du Toulouse ne sera donc pas le vote des militants. Il tient plus du sommet de Yalta que du réel moment de démocratie interne. Bizarre pour un parti qui s’est targué de ses 2,5 millions de votants à la primaire. Ne nous attendons pas plus à ce que le PS définisse une ligne autonome par rapport au gouvernement. Bizarre pour un parti qui a tant critiqué les godillots de l’UMP. Le seul mot d’ordre de ce Congrès, c’est finalement le renoncement. Serait-ce celui du quinquennat Hollande ?

*Photo : Parti socialiste

Incivilités à l’école : quand les juges méritent des baffes

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Décidément, les violences scolaires sont furieusement tendance pour cette rentrée. Mardi, on tabassait un enseignant à Bordeaux, et le lendemain, c’est une de ses consœurs prof d’Histoire-Géo à Buxerolles, dans la Vienne, qui a été giflée devant toute sa classe de quatrième du collège Jules-Verne par la mère d’un de ses élèves. Le crime qui lui a valu cette agression ? Une annotation portée sur le carnet de correspondance du collégien où l’enseignante signalait aux parents que le travail commandé n’avait pas été fait et que l’élève avait oublié ses affaires chez lui.

Allez-vous étonner après ça que selon Le Figaro, un prof sur deux a souscrit cette année une clause d’assurance spécifique couvrant les risques dus aux violences scolaires. Mais si ça se trouve, une telle prévoyance est insuffisante : faudrait peut-être aussi penser à se prémunir contre les risques judiciaires

Une affaire fait en effet grand bruit en Italie : une enseignante sicilienne vient d’être condamnée pour avoir demandé à un élève – unanimement décrit comme un petit caïd terrorisant ses camarades – de copier cent fois la phrase « Sono un déficiente » (Je suis un débile) . Et attention, la prof en question ne vient pas d’être condamnée à un avertissement ou même à des travaux d’intérêt général, mais à quinze jours de prison ferme ! Avant cela, en première instance comme en appel, elle avait carrément pris un mois sans sursis…

Selon les magistrats de la Cour de cassation de Palerme, l’enseignante aurait « mortifié la dignité de l’enfant et manqué par conséquent à ses devoirs d’éducatrice ». Et il ne faudra pas être surpris quand ce genre d’horreurs arrivera dans nos tribunaux. Après tout, les décisions des juges siciliens utilisent un langage directement inspiré de l’ubuesque Charte des Droits de l’Enfant[1. Charte dont Luc Rosenzweig dit tout le bien qu’il faut penser dans le nouveau numéro de Causeur Magazine] signée par l’Italie, mais aussi par la France.
Cette charte qui permet par son inscription dans le droit local la condamnation de Palerme, pourra tout aussi bien être utilisée à Paris, et pourquoi pas, avec un bon avocat, contre la prof giflée de Buxerolles…

L’Aube aux doigts de sang

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En Grèce, Aube dorée agresse les immigrés.

En Grèce, Aube dorée agresse les immigrés.

Je ne sais pas si l’aube est dorée, ni d’ailleurs pourquoi elle devrait l’être, mais je sais que l’aurore qui lui succèdera au beau pays d’Iphigénie n’aura pas, si l’inaction gouvernementale hellène se poursuit, les doigts de rose mais de sang. Cette inaction gouvernementale est double : liée comme un serviteur à son maître à la troïka européenne et à ses recommandations d’austérité irréaliste, la coalition au pouvoir à Athènes n’est décidément plus qu’une chambre d’enregistrement de l’orthopraxie économique libérale, imposant à son peuple des précipités alchimiques dont la théorie indique qu’ils devraient lentement mais sûrement le mener jusqu’à cette réaction finale qui s’appelle le bonheur. Quand, où, comment, avec qui, nul ne le sait, mais cela doit arriver à la fin du processus : la paillasse du Professeur Draghi, elle, ne ment pas.

L’autre absence d’activité du gouvernement se constate dans les rues du pays dévasté où, étrangement le peuple ne paraît pas avoir admis la licéité du protocole en cours. Et le peuple, quand on l’a arraché à tout cadre naturel autant qu’à la protection normale de la société, qui s’appelle en dernier recours la police, est parfois méchant. Très méchant. Je ne crois pas avoir l’habitude, pas plus que la majorité des collaborateurs de Causeur, de hurler, suivant les principes de la démocratie olfactive décrite avec un rare bonheur d’expression par Elisabeth Lévy, à la nauséabonderie, au méphitisme, au puage de bouche dès qu’un personnage public s’autorise une critique de la postmodernité nomade. Cependant, les images venues de Grèce et dont j’ai eu le malheur d’être l’éphémère spectateur ne relèvent plus de l’intention xénophobe, raciste ou de je ne sais quel autre terme dont les auteurs de Libé et des Inrocks ont coutume d’affubler leurs adversaires de plume et de parole dès qu’il s’agit d’évoquer l’immigration, l’intégration ou l’assimilation : elles relèvent du réel, et leur ignominie mérite donc réparation et châtiment.

De quoi s’agit-il donc ? D’une vidéo, fabriquée apparemment par les membres d’Aube dorée et donc digne de confiance pour ce qui est de la relation des faits, montrant les sicaires de ce parti politique grec aux références clairement fascistes sinon nazies et qui a envoyé 21 députés au Parlement national grec, en train de contrôler de leur propre chef les papiers de marchands ambulants considérés comme immigrés dans la ville de Rafina en Attique. Cette nouvelle police sans autre mandat que ce qu’elle appelle son patriotisme semble capable de deux mouvements pavloviens selon la situation à laquelle elle est confrontée : le marchand brandit-il des papiers en règle qu’elle les lui rend incontinent et passe au suivant ; le marchant est-il dans l’incapacité de produire les preuves de son droit à séjourner en Grèce et partant de son droit à y commercer qu’elle saccage son étal, n’en laissant subsister tréteau, table, œuf, lait, cochon.Et passe au suivant. Si l’on en croit le film, le passant grec, médusé, n’en peut mais, et les gros bras d’Aube dorée de poursuivre en toute quiétude leur besogne patriotique.

Ce nettoyage sauvage tombant le 8 septembre qui comme chacun sait est la fête de la nativité de la Vierge, les terroristes hellénophiles ont eu à cœur d’ajouter l’ironie à la voie de faits, par le truchement de l’un de leurs députés : « Nous sommes venus pour honorer la fête de la Sainte Vierge. En même temps, nous avons appris qu’il y avait ici beaucoup d’immigrés clandestins sans papiers. Nous les avons dénoncés à la police et l’Aube dorée a fait ce qu’il fallait faire ».
Nul doute que ces grands théologiens orthodoxes ont cru pouvoir ajouter à l’imitation du Christ chassant les marchands du Temple l’actualisation de la prière de la Vierge, le doux Magnificat : « Il renverse les puissants de leur trône et élève les humbles ». Ils ont la conscience en paix.

Il n’est pas besoin de préciser au lecteur que la vision de ces images soulève le cœur. Il est peut-être urgent pourtant de rappeler aux idéologues du remboursement de la dette qu’un pays décapité, dont l’Etat a été entièrement défait du jour au lendemain, dont les services publics ont été tronçonnés et que le monde riche poursuit de sa vindicte jour après jour, accouche rapidement de cela. Urgent de préciser du même mouvement aux revanchards qui attendent l’apocalypse française pour enfin se venger des humiliations que l’élite mondialisée leur a fait subir, et à cette élite même qui ne sait rien de mieux que clouer au pilori Richard Millet pendant qu’en Grèce on pogromise, que la société de la dénonciation mimétique s’autodétruira. Car il ne vaut jamais mieux qu’un seul homme meure plutôt que le peuple entier.

Adoption pour les homosexuels : « Sortir d’un système bancal et hypocrite »

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Jerome Guedj defend l'homoparentalite au PS

Jerome Guedj defend l'homoparentalite au PS

Député et président du Conseil général de l’Essonne, étoile montante de la gauche du PS, le jeune président du Conseil général de l’Essonne a lancé en 2011, dans son département, une campagne pour le droit à l’homoparentalité. Pour lui, la loi doit interdire toutes les discriminations contre les couples gays.

Causeur. Êtes-vous sûr et certain que le fait d’être élevé par des parents du même sexe n’entraîne aucune répercussion sur l’épanouissement de l’enfant ?
Jérôme Guedj. Cette idée selon laquelle l’épanouissement de l’enfant exigerait obligatoirement un papa et une maman reflète une conception très traditionnelle de la famille. Vous n’êtes pas très loin de la messe du 15 août de Mgr Barbarin ! Plus largement, vous insinuez que l’adoption par les couples homosexuels menacerait les fondements de notre culture, voire de notre civilisation. Il n’y a pas si longtemps que cela, on utilisait les mêmes arguments « civilisationnels » contre le divorce, la contraception ou l’union des couples homosexuels.[access capability= »lire_inedits »] Or, ces réformes n’ont pas remis en question les fondements de la société.

Plus que vous ne le dites, même si dans les cas que vous citez, on peut estimer qu’il s’agissait de remises en causes positives… En tout cas, elles concernaient des adultes consentants. La filiation, c’est tout autre chose. Dès lors qu’on ne sait pas quelles seront les conséquences de l’homo-adoption pour les enfants, ne faudrait-il pas appliquer le principe de précaution et attendre d’avoir des certitudes ?
Je ne vois pas comment on aura des certitudes si on n’essaie pas ! Du reste, on n’en sait pas plus sur les conditions de développement d’enfants élevés dans des familles monoparentales ou recomposées. Ma responsabilité d’élu et de militant pour l’égalité des droits est de mettre la question à l’ordre du jour, pas d’avoir des certitudes. C’est pourquoi, le 6 avril, j’ai organisé à Évry des « Rencontres nationales adoption-homoparentalité ». Pour la première fois, des anthropologues, des juristes, des politiques, des sociologues, des pédopsychiatres et des cliniciens ont pu confronter leurs points de vue sur le sujet. Ces experts m’ont confirmé qu’aucune étude − il est vrai qu’il n’en existe pas beaucoup − ne permettait de conclure à l’existence de divergences dans le développement affectif ou psycho-social chez les enfants élevés dans un tel cadre.

Bref, on n’en sait rien, ce qui revient à dire qu’on fait de l’expérimentation sur le vivant. Qu’en dit la loi aujourd’hui ?
Depuis 1966, il n’est plus obligatoire d’être marié, donc hétérosexuel, pour pouvoir adopter. Un homme ou une femme peuvent adopter seuls, quelle que soit leur orientation sexuelle. Ce qui est interdit, c’est l’adoption à deux hommes ou à deux femmes.
Par ailleurs, à l’heure actuelle, le conjoint homosexuel d’un parent adoptif n’a aucun droit sur l’enfant qu’il élève, ne serait-ce que pour l’inscrire à l’École ou signer une décharge auprès d’un médecin en cas d’urgence. Dans notre pays, plusieurs dizaines, voire centaines de milliers d’enfants grandissent déjà avec des couples homosexuels. Pour obtenir l’agrément d’adoption, les conjoints homosexuels ont menti sur leur orientation sexuelle ou l’ont tue. Je vous rappelle que 10% des agréments d’adoption sont accordés à des personnes seules, dont certaines ne le sont pas vraiment. Dans les faits, la nouvelle majorité ne va pas créer des droits nouveaux mais simplement mettre en conformité la pratique sociale avec le droit pour sortir du système bancal et hypocrite qui ne permet l’adoption qu’à un seul des deux membres du couple homosexuel. Dès que le mariage sera ouvert à tous, conformément aux engagements de François Hollande, la question de l’adoption ne se posera plus puisque le Conseil constitutionnel a estimé que l’un entraînait mécaniquement l’autre.

Sur d’autres questions de société, comme la prostitution ou la drogue, l’écart entre la pratique et la norme n’incite pas forcément à changer la loi…
En l’occurrence, ce décalage pose la question de l’égalité des droits et de la lutte contre les discriminations. Je ne suis ni un militant de la cause homosexuelle ni un partisan de la « discrimination positive ». Lorsque, pendant treize ans, j’ai été vice-président de Conseil général, notamment chargé des personnes handicapées, j’expliquais à mes collègues que les dispositifs d’accessibilité des bâtiments publics pour les personnes à mobilité réduite bénéficient à tout un chacun. De la même façon, quand on pose la question de l’égalité des droits et de l’adoption pour les homosexuels, on tire le fil de toute une série de débats qui posent problème dans la société, comme le statut du coparent ou les modalités de l’adoption.

Au-delà du principe d’égalité et de non-discrimination, pensez-vous qu’il existe un « droit à l’enfant » ?
Il n’y a absolument pas de « droit à l’enfant » ! Mais la loi interdit de discriminer. Ainsi, le Conseil général du Jura a été condamné pour avoir refusé de délivrer un agrément d’adoption à une personne parce qu’elle vivait dans un couple homosexuel. Lorsqu’on examine une demande d’agrément d’adoption, on ne parle pas de « droit à l’enfant », on essaie de savoir si, indépendamment de son orientation sexuelle, la personne présente les garanties nécessaires pour adopter un enfant.

Pensez-vous que la société puisse défendre un ordre symbolique, quitte à empiéter sur les libertés individuelles d’adultes libres et consentants ?
Sans jouer les Lévi-Strauss, je reconnais qu’il existe des tabous fondateurs civilisationnels, comme l’interdit de l’inceste, que je ne remets pas en question. Mais l’ordre symbolique ne peut pas être invoqué à tout bout de champ pour empêcher tout changement social ! De plus, je sais comment on instaure des droits individuels, pas comment on établit un ordre symbolique. Le droit individuel résulte d’un rapport de force politique validé par le suffrage universel. Il est donc au service de l’intérêt général. L’ordre symbolique, je ne sais pas qui le définit. Il peut se nourrir de la morale, de la religion ou de l’Histoire, mais reste toujours subjectif.

Dans ce cas, pourquoi ne pas remettre en cause l’interdit de l’inceste ? C’est un tabou arbitraire qui n’a pas été tranché par le suffrage universel et qui, dans les faits, n’est hélas pas toujours respecté…
Soyons sérieux : l’inceste est une abjection, une forme absolue de domination et un délit pénal. Et je n’ai pas besoin d’études pour en mesurer les conséquences désastreuses sur le développement de l’enfant…

Vous allez voter contre le Pacte budgétaire européen. Ne croyez-vous pas que le gouvernement se livre à une surenchère sociétale pour faire oublier que, sur le front économique, il n’a pas grand-chose de nouveau à proposer ?
Pourquoi faudrait-il opposer questions sociales et débats de société ? Vous ne pouvez traiter qu’un seul sujet, vous ? Je peux, dans la même journée, débattre des emplois d’avenir à l’Assemblée nationale et discuter de l’homoparentalité. L’un n’exclut pas l’autre. Alors, de grâce, pas de faux procès à François Hollande.[/access]

*Photo : Hannah Assouline.

Bordeaux : un prof tabassé par un élève après un cours sur l’islam

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A Bordeaux, au Lycée d’Enseignement Professionnel Trégey, un professeur a été tabassé ce mardi par un de ses élèves de 18 ans. Sans doute soucieux de ne stigmatiser personne, le Parisien.fr explique que ce fait divers est intervenu « à l’issue d’un désaccord sur le contenu d’un cours qui portait sur la religion ». Bigre…

Nos confrères de Sud-Ouest – dont les locaux se situent dans le même quartier que l’établissement scolaire – sont plus précis : « Le cours abordait la religion musulmane, et le professeur et l’élève de 18 ans se sont trouvés en désaccord. Le professeur a dû évacuer sa salle de cours, après que l’élève s’est énervé et a renversé une table. Celui-ci a alors été convoqué dans le bureau du conseiller principal d’éducation et a commencé à dégrader la salle où il était. Puis, croisant son professeur dans un couloir, il s’est jeté sur lui. D’abord bousculé, l’enseignant a reçu des claques de la part de son élève, un coup-de-poing et un coup de tête.»

Toujours d’après Sud-Ouest, ce professeur ne fût pas la seule victime de ce débat plutôt vif sur les valeurs de l’islam : « Une jeune surveillante qui tentait de s’interposer et de ramener le jeune à la raison a quant à elle reçu un coup dans l’épaule et a évité un panneau d’affichage lancé dans sa direction par l’élève furieux.»

On sera rassuré d’apprendre que le lycée n’a pas été incendié, et semble-t-il, qu’aucun ambassadeur ou diplomate n’y a été assassiné…