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Dieu existe, de Gaulle l’a rencontré!

La nouvelle pièce de Jean-Marie Besset est une « fantaisie politique » : De Gaulle apparaît en songe à Emmanuel Macron. Le titre est éloquent et les acteurs qui défendent ce texte sont excellents. À voir au théâtre Déjazet pour prendre un peu de hauteur…


Ah ! de Gaulle ! S’il n’avait existé il eut fallu l’inventer. Mort, il faut de temps en temps le ressusciter. Adorer ce que l’on a haï, mais aussi parfois le contraire, est le deuxième sport national après la fraude fiscale. On le sait bien, les évidentes vertus morales mais aussi l’anti-américanisme quasi primaire du vieux saint-cyrien ont fait de lui une grande référence post-mortem de la gauche à la droite…

Coup de vieux

Avec certains comédiens, convoquer l’immense bonhomme, c’est l’affaire d’un claquement de doigt, tant avec eux l’habit fait le moine. Quand Stéphane Dausse endosse l’uniforme du vieux général de brigade, le père de notre Ve République est bien là, impeccable double de celui toujours planqué dans nos mémoires, et cette fois planté bien raide dans un rêve du président Macron qui s’abandonne dans un canapé de l’Élysée. Ce jeune homme orgueilleux dont le libéralisme atlantiste va peut-être vaciller un peu devant la statue du Commandeur.

Une fantaisie politique, nous prévient Jean-Marie Besset – né un 22 novembre et ipso facto « gaulliste de naissance », auteur inconsolable d’avoir perdu ses deux pères, convoquant déjà deux fois, dans sa première pièce Villa Luco puis plus récemment Jean Moulin, Évangile, l’homme de Colombey – qui organise une rencontre au sommet pour une comédie en forme de bilan. Ça sonne comme une bonne récré à Sciences-Po, possède les éclats polis du duel à fleurets mouchetés, ça navigue sans véritable tempête entre leçon de choses et leçon d’être, entre géopolitique et démagogie utile.

Mais c’est la nuit à l’Élysée, on suppose que dans l’au-delà tante Yvonne a accordé la permission de minuit au vieux général, Brigitte dort et le jeune président vieillit à la vitesse des chiens, chaque année à vouloir présider aux destinées des Français en vaut bien sept. Un homme volontaire, optimiste, qui pense finalement que quand le bâtiment va tout va et qu’en chaque Français (de souche ou pas), sommeille une start-up qu’il faut réveiller, mais qui commence à en rabattre un peu. Le Covid et les gilets jaunes, ça vous scie les pattes, la guerre en Ukraine, ça rebat les cartes.

Nicolas Vial dessine un Macron inquiet, mobile, nerveux, se débattant souvent dans son rêve. Il n’imite jamais – à quoi bon, alors qu’il a l’âge et la gueule du rôle ? – et nous donne à voir un président aimable autant qu’arrogant, insupportable et fragile, un président qui avoue dire parfois des conneries et ne pas être capable de toucher le cœur des Français. « Leur avez-vous dit que vous les avez compris ? », interroge le vieux général…

Éditorial facétieux

Mais la pièce n’est pas à réduire à la petite réunion corporatiste, aussi ludique et cocasse soit-elle, surtout quand de Gaulle esquisse un pas de danse sur la Cucaracha. L’enjeu semblant plutôt de prendre la mesure de ce qui a changé dans notre monde. De savoir si le dialogue est encore possible entre notre présent et notre passé proche, ce passé d’avant la mondialisation et l’ordinateur personnel, ce passé dans lequel les Russes – « Je savais que le mur tomberait, c’est pour ça que je ne les ai jamais appelés soviétiques. » – étaient chez eux en Ukraine ?

Écrite sur une ligne claire – comme on dit de la bonne bédé belge – la pièce est agréable, confortable, lisible, souvent drôle, mais au-delà du divertissement, de ce petit quizz pour deux grosses têtes, nous interroge, nous demande de remettre nos propres idées au clair.

Le public rit beaucoup, il faut dire que les deux acteurs, excellemment mis en mouvement et en verve par Lionel Courtot, et très bien rôdés par une saison dans le Off d’Avignon, jouent avec un plaisir évident cette partition heureuse. Heureuse comme un éditorial facétieux plus que comme un pamphlet politique. Car il y a un côté « bien élevé » chez Jean-Marie Besset qui paraît franchement indélébile.

Et puis surtout sur la fin, la joute prend un peu l’air et s’envole, de la politique à la métaphysique il n’y avait donc qu’un pas. Et à disposer d’un mort, autant lui poser franchement la question. Faut-il vraiment s’en tenir au hasard et à la nécessité ?

La légèreté de la pièce alors devient grâce et, pour Jean-Marie Besset, la place du doute est réduite comme peau de chagrin : Dieu existe et de Gaulle l’a probablement rencontré !

Félicitons donc l’éternel non-aligné Jean Bouquin de présenter cette pièce facétieuse dans son merveilleux théâtre Déjazet, hanté par tant de fantômes.

De Gaulle apparaît en songe à Emmanuel Macron, fantaisie politique de Jean-Marie Besset. Théâtre Déjazet, à partir du 4 février, du mardi au samedi à 20h30, les samedi et dimanche à 16h. Renseignements et réservations : http://www.dejazet.com/

François Bayrou: un Créon qui ne veut pas oublier Antigone…

On accuse le Premier ministre d’être flou ? Il vient de démontrer qu’il est plutôt un bon stratège, en brouillard maîtrisé… Les députés socialistes ont en effet été convaincus de ne pas voter demain les deux motions de censure déposées par les Insoumis, à la suite du déclenchement de deux 49.3 par M. Bayrou hier.


Avec quelle sadique volupté, dans les partis – notamment ceux du « bloc central » – ou dans certains médias, dénonce-t-on la méthode de notre Premier ministre en la qualifiant notamment de « floue[1] »!

Ce serait une critique pertinente si elle n’oubliait pas les contraintes politiques et parlementaires que doit affronter François Bayrou et, en même temps, son souci de vérité et d’apaisement. Dès lors que le Premier ministre ne veut lâcher aucun de ces bouts de la chaîne, je vois mal comment sa démarche, sauf à accepter une absence de plénitude, pourrait apparaître comme rectiligne. Le flou dont on la qualifie n’est que la traduction de la volonté obstinée de François Bayrou de rendre gérable un univers dont les composantes défient toute rationalité.

Le Premier ministre est un Créon qui ne veut pas oublier Antigone.

D’abord il convient de le louer pour s’être battu afin d’occuper ce poste prestigieux alors que malgré l’ambition de beaucoup, peu auraient pu en endosser les responsabilités. Cela n’empêche pas la multitude des conseilleurs qui ne sont pas les payeurs de multiplier les injonctions, les avertissements, les « il n’y a qu’à », les « il faut qu’on », toutes ces rodomontades d’autant plus faciles à proférer qu’elles ne risquent à aucun moment de contraindre leurs locuteurs à montrer effectivement ce dont ils sont capables.

Il est également injuste de faire reposer sur le seul François Bayrou le poids d’une situation calamiteuse résultant de la dissolution et dont les conséquences peinent à être atténuées. Dans le monde politique, il n’y a qu’Eric Dupond-Moretti pour féliciter le président de l’avoir faite, et encore, au théâtre !

Des mauvais procès

Ensuite, au lieu d’intenter sans cesse de faux procès au Premier ministre, il aurait mieux valu l’écouter avec attention et ne pas dénaturer sa pensée pour la rendre encore plus blâmable aux yeux de ses adversaires. On feint d’oublier qu’il n’a pas parlé de « submersion migratoire » mais de ce « sentiment » qui n’est que trop évident pour cette majorité de Français à laquelle il a fait allusion. Même si son propos, partant de Mayotte et du droit du sol souhaité par certains, a dépassé ce territoire, il reste qu’user de termes qui sont dans la tête de tout le monde, et pas seulement dans celle du Rassemblement national, relève du droit de M. Bayrou à ne pas faire la fine bouche face à un vocabulaire qui se rapporte à l’immigration et au malaise qu’elle crée sur le plan de l’identité nationale. Acceptable quand elle ne détruit pas l’âme d’un pays, intolérable quand son nombre l’étouffe.

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Par ailleurs, quel étrange reproche que d’imputer au Premier ministre une absence de caporalisme sur ses ministres comme si ce n’était pas au contraire une force (ma seule réserve porte sur Élisabeth Borne, dont à l’évidence la vocation est de mener une lutte contre Gabriel Attal par l’entremise de son ministère…) que de laisser se développer la parole et les propositions de ministres qui, sans jamais trahir une solidarité fondamentale, apportent au gouvernement la richesse de personnalités auxquelles on a laissé le droit d’être libres. Qui de bonne foi pourrait soutenir que dans la sphère régalienne l’inventivité d’un Bruno Retailleau, accordée au pragmatisme actif d’un Gérald Darmanin, ne constituent pas une formidable nouveauté dont l’idée revient au Premier ministre ?

RN apaisé, rapprochement réussi avec les socialistes

François Bayrou a su tactiquement tirer les leçons de l’échec gouvernemental de l’estimable Michel Barnier. Tout en ayant adopté à l’égard du Rassemblement national une attitude de courtoisie républicaine et parfois de courage personnel, François Bayrou ne pouvait pas accomplir autre chose qu’un rapprochement avec des socialistes qui n’ont été véritablement, pour leurs adversaires de l’autre camp, des pestiférés qu’à cause de leur soumission trop longue à LFI, à Jean-Luc Mélenchon, à son obsession de tout conflictualiser et de constituer la provocation et l’outrance comme un langage ordinaire.

Ce que François Bayrou a mis en œuvre représentait trop son aspiration à une politique apaisée, de compromis et de conciliation, pour qu’il se privât de l’opportunité de la concrétiser malgré la mauvaise volonté et le caractère de Matamore des négociateurs socialistes (on est obligé de vanter Lionel Jospin et François Hollande !) qui cherchent à faire croire qu’ils ont arraché de haute lutte ce que le bon sens « centriste » leur avait concédé de bonne grâce avec le ministre Bruno Lombard – l’un des leurs sur le plan idéologique d’ailleurs !

Le Premier ministre a annoncé dans La Tribune Dimanche[2] que le 3 février il ferait usage à deux reprises du 49-3. Le bureau politique du parti socialiste qui heureusement continue dans sa voie autonome a décidé de ne pas voter la motion de censure qui sera déposée par LFI. Je ne doute pas qu’il ne se sentira pas intimidé par l’accusation de Manuel Bompard l’étiquetant, avec cette décision, comme soutien du macronisme !

Cette sagesse politique ne complaira pas à ceux qui songent plus à 2027 qu’au présent de la France. Priorisant l’obligation de responsabilité, elle sera une pierre de plus dans la restauration d’une vie parlementaire, susceptible de redonner un peu confiance à trop de citoyens lassés.

Pour ma part je veux croire que les Français, derrière les sarcasmes superficiels, saluent ce Premier ministre qui à sa manière a mis ses mains dans la glaise sans abandonner ses aspirations de toujours.

Puisque François Bayrou est un Créon qui n’oublie pas Antigone.


[1] https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/02/03/le-flou-de-la-methode-bayrou-seme-le-trouble-jusque-dans-le-bloc-central_6528805_823448.html

[2] https://www.latribune.fr/la-tribune-dimanche/politique/francois-bayrou-lundi-j-engagerai-la-responsabilite-du-gouvernement-sur-le-budget-1017339.html

Le « Boléro », les mystères d’un chef-d’œuvre

« Ravel Boléro ». C’est sous ce titre que la Cité de la Musique célèbre l’œuvre de Maurice Ravel, à l’occasion du 150e anniversaire de la naissance du compositeur, le 7 mars 1875, à Ciboure, au Pays Basque.


Consacrer une exposition à une œuvre musicale, une seule, c’est évidemment appétissant. Et quelle œuvre ! Ce Boléro, que Maurice Ravel composa à la demande de l’une des grandes danseuses d’une époque qui n’en était pas avare, Ida Rubinstein. Laquelle Ida en confiera la réalisation chorégraphiqueà Bronislawa Nijinska, la sœur talentueuse d’un Nijnski ayant déjà sombré dans la folie.

Cette première chorégraphie était très inspirée par la danza flamenca et la danza bolera que les Ballets Russes de Serge de Diaghilev, auxquels était attachée Nijinska, avaient découvertes lors d’un long séjour en Espagne où la compagnie s’était établie durant la Grande Guerre. C’est du moins ce que dévoilent les documents photographiques qui subsistent de cette création du Boléro ayant eu lieu à l’Opéra de Paris le 22 novembre 1928.  Avec Ida Rubinstein entourée de sa troupe se produisant sur une table immense voulue par le peintre et scénographe Alexandre Benois, pour figurer l’un de ces tablaos qu’on voyait en Andalousie.

« Au fou, au fou, au fou »

À ce moment précis, Maurice Ravel, déjà revenu d’une tournée triomphale aux États-Unis et au Canada, donnait une série de récitals en Espagne et au Portugal. Il ne pouvait donc assister à la première de son Boléro. Mais lorsque son frère Édouard lui relata qu’à l’issue de la représentation, en marge du succès immédiat que recueillit la partition, une dame de l’assistance avait glapi : « Au fou, au fou, au fou », le compositeur lui rétorqua sans ciller : « C’est elle qui a tout compris. »

Autant dire que les sentiments de Ravel étaient fort mitigés quant à l’ouvrage qui le rendra mondialement célèbre, devant ce monument qui occultera ses autres compositions et que, peut-être, il aurait bien voulu n’avoir jamais commis. « Mon chef-d’œuvre ? Le Boléro bien sûr ! Malheureusement, il est vide de musique », écrira-t-il un jour.

Une spirale saupoudrée de lumières

Cette musique de « fou » qui conquit immédiatement les foules, un film conçu pour l’exposition la met en scène avec un rare bonheur. Disposés de façon spectaculaire autour de la caisse claire, elle qui lance et soutient de bout en bout le rythme lancinant du Boléro, les musiciens de l’Orchestre de Paris, superbement dirigés par Klaus Mäkelë, s’enroulent dans une spirale « sans fin, à l’image d’une galaxie ». Une spirale, comme saupoudrée de lumières, qui se déroule en crescendo au fur et à mesure de l’entrée des instruments dans cette composition diabolique.

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Visuellement, c’est infiniment séduisant. Mais c’est aussi une façon ingénieuse de donner à voir, filmée de haut, l’engagement de l’orchestre dans cette sarabande. C’est avec ce film réalisé par François-René Martin et Gordon que s’ouvre l’exposition. Au sein d’une salle obscure garnie de quelques gradins, ridiculement baptisée « salle immersive audiovisuelle » dans le jargon imbécile et pompeux qu’affectionnent les institutions culturelles qui se veulent dans le vent.

Un fandango

Une série sans doute inédite de portraits de Ravel qu’on découvre à des âges divers ; une partition de sa main ; son piano, des bibelots et des pièces du mobilier de la maison de Montfort l’Amaury dans laquelle Ravel composa ce fandango baptisé Boléro, et qui est évoquée par de séduisants dispositifs afin de bien montrer combien son aménagement élégant est un reflet de l’esprit raffiné du compositeur ; des jouets facétieux qui trahissent un esprit ludique et un attachement indéfectible au monde de l’enfance : tout cela constitue la belle part de l’exposition. Alors que l’emblématique Lola de Valence d’Édouard Manet et que le beau portrait que Jacques-Emile Blanche fit d’Ida Rubinstein à l’époque (1911) où elle dansait la Shéhérazade de Rimsky Korsakov et de Fokine en compagnie de Vaslav Nijinski, rehaussent l’élégance de l’exposition.

Le Boléro de Maurice Béjart

Si l’on évoque au long du parcours la création dansée de Boléro sous la forme très hispanisante de la chorégraphie de Nijinska dont il ne reste, hélas ! plus guère de traces ; si on cite les chorégraphies, elles aussi perdues, du Boléro de Michel Fokine, puis de Serge Lifar, ou celle, récente, de Thierry Malandain, c’est bien évidemment la version de Maurice Béjart qu’on célèbre avant tout. Reprenant le dispositif de la création de 1928, à la radicalité de la composition de Ravel, Béjart a répondu par la radicalité de sa chorégraphie conduisant un solo sculptural jusqu’à l’incandescence. Une version inégalée depuis lors et qui, sans doute, demeurera inégalable.

Pauvre Ravel. Il aura atteint la gloire universelle avec une composition fabuleuse, envoûtante, et dont on relate qu’elle est la partition la plus jouée dans le monde, mais dont il n’était pas plus fier que cela. Elle aura écrasé l’ensemble d’autres compositions, autrement plus plus élaborées et auxquelles il tenait bien davantage.

Quid de la genèse du Boléro ?

En exposant portraits, mobilier, photographies, malle de voyage, souvenirs divers du compositeur, tous bienvenus par ailleurs, c’est le compositeur qu’on célèbre, plutôt que sa composition. Rien ou presque rien n’est là pour expliquer ce coup de génie quasi involontaire et que n’illustrent véritablement que deux graphiques très élaborés, couchant sur le papier la structure de l’œuvre et l’entrée en scène des instruments.

On ne dit rien de la genèse du Boléro, de cette composition hallucinée, de ce phénomène étrange et mystérieux qui a permis son éclosion dans l’esprit du créateur. Pour le visiteur, il reste à la découvrir ailleurs, peut-être dans les livres, si tant est qu’on puisse réellement l’expliquer, la naissance d’un chef d’œuvre.

Maurice Ravel (1875-1937), compositeur français. (c) Boris Lipnitzki_Roger-Viollet

Ravel Boléro Exposition
Musée de la Musique. Philharmonie de Paris
Du mardi au dimanche, jusqu’au 15 juin 2025

Concerts Ravel à la Philharmonie les 7, 8 et 9 mars 2025
01 44 84 44 84 ou philharmoniedeparis.fr

Un tortueux fil d’Ariane rattache Rima Hassan à Angela Davis

En 2024, un collège de Bobigny adopte le nom d’Angela Davis, militante infatigable des droits civiques… et des régimes autoritaires amis. Y aura-t-il un collège Rima Hassan dans le 9-3 dans cinquante ans?


Who controls the past controls the future. Who controls the present controls the past.
George Orwell
L’histoire est l’étude de tous les crimes du monde.
Voltaire.
The past is never dead. It’s not even past.
William Faulkner.


Un collège de Bobigny (Seine Saint-Denis) a récemment rendu hommage à une grande militante des droits humains américaine en adoptant le nom de Angela Davis en 2024.

Nul n’ignore aujourd’hui que le très raciste (et célibataire très endurci), très indéboulonnable directeur du FBI, J. Edgar Hoover, affecta des ressources considérables à la persécution de militants de la cause des droits civiques, dont Martin Luther King et Mme Davis.

Celle-ci perdit son poste de professeure à l’université de Californie sur ordre du gouverneur Ronald Reagan en raison de son appartenance au parti communiste. (Ce renvoi fut annulé ultérieurement par une décision de justice.)

Davis a aussi pleinement droit à la qualité de prisonnière politique car elle fut incarcérée dans l’attente de son procès pénal lorsqu’elle dut répondre à des accusations selon elle mensongères de complicité dans l’affaire du meurtre d’un juge californien. Ce procès se conclut en 1972 par l’acquittement, hypocritement invoqué par la communauté redneck pour soutenir que le système judiciaire américain marche bien après tout, ce à quoi Davis répondit : « A fair trial would have been no trial » (en v.o.); « un procès équitable aurait consisté en l’absence de procès » (en v.f.). Son seul acquittement, en effet, ne prouvait rien dans un sens ou dans l’autre.

Une lutte contre l’oppression à la carte

Si est admirable son action sociale en faveur des laissés pour compte aux États-Unis, à l’occasion, elle n’a jamais hésité à faire la promotion de la violence comme solution aux problèmes sociaux de l’Amérique, et plus récemment de la Palestine, prenant ainsi quelques distances avec la démarche de Martin Luther King.

Avec Davis, il y a 2 poids 2 mesures en matière de lutte contre l’oppression. Elle demeure une marxiste impénitente, apparemment peu impressionnée par les horreurs staliniennes. Son soutien aux dictatures communistes n’a jamais fléchi. Le sort des prisonniers politiques en Europe de l’Est n’a jamais suscité sa vindicte au sujet du système judiciaire soviétique, qui comportait parfois des lacunes sur le plan des droits de la défense. Est particulièrement instructive cette déclaration datant de 1972: « The situation of Jews in Russia has been totally blown out of proportion by the bourgeois press because they’re going to do everything they can to discredit socialism» (en v.o.) (« La situation des Juifs en Russie a été très exagérée par la presse bourgeoise parce qu’ils font tout pour discréditer le socialisme » (en v.f.). Mais il y a mieux.

Ou pire.

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Peu après son acquittement, l’avocat Alan Dershowitz (par la suite défenseur de Claus von Bülow et de O.J. Simpson), qui l’avait soutenue, avait sollicité un modeste retour d’ascenseur, c’est-à-dire son intervention auprès des autorités soviétiques en faveur de dissidents juifs. Il fut vertement éconduit en ces termes : 

«Several days later, I received a call back from Ms. Davis’ secretary informing me that Davis had looked into the people on my list and none were political prisoners. ‘They are all Zionist fascists and opponents of socialism.’ Davis would urge that they be kept in prison where they belonged.” (en v.o.) ».

(Quelques jours plus tard, je reçus un appel téléphonique de la secrétaire de Mme Davis m’informant que celle-ci avait fait des vérifications au sujet des personnes figurant sur ma liste et conclu que nulle d’entre elles n’était une prisonnière politique. ‘Elles sont toutes des fascistes sionistes [NOTE : apparemment une tautologie dans l’esprit de Mme Davis] et des opposants au socialisme’. Davis invitait donc les autorités soviétiques à les garder en prison comme elles le méritaient. (En v.f.) ).

Davis et Hassan: même combat?

Heureusement, en France, Rima Hassan, députée européenne LFI, est loin d’avoir subi de telles avanies, encore que l’on déplore à l’occasion des entraves à sa liberté de parole, notamment quant à une cause honorable qui touche la communauté internationale : celle de la Palestine, même si son système de défense est un peu terni par une apparente dénégation d’une autre cause, tout aussi honorable, mais apparemment inconciliable à ses yeux : celle de l’existence d’Israël.

Cela dit, on constate une impressionnante congruence idéologique entre Hassan et Davis au sujet de la liberté d’expression et des prisonniers politiques.

Au Parlement européen, Hassan a récemment voté contre une résolution transpartisane appelant le gouvernement algérien à libérer l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal; elle dénonce vertueusement une « instrumentalisation » concertée par la droite et l’extrême droite : y a apporté son soutien Marine Le Pen… Il s’ensuit qu’elle se désolidarisera de cette dernière si elle a l’audace de proclamer que la terre n’est pas plate.

Détail piquant, cette juriste, dont les racines françaises ne sont pas immémoriales, élue sous l’étiquette d’un parti aux prétentions humanistes et universalistes, nie à l’écrivain le « franco- » : son acquisition de la nationalité française, en 2024 est trop récente pour que l’on puisse parler d’écrivain  « français », même s’il s’exprime dans la langue de Voltaire.

Hassan est éblouissante comme critique littéraire.

A fortiori, elle n’a donc que faire d’auteurs comme Georges Simenon et Guillaume Appolinaire. Quant à la chanson « française », foin des Luc Plamondon et des Isabelle Boulay (compagne d’Eric Dupond-Moretti à la ville). Quelques rappels historiques instructifs supplémentaires : le poète de langue afrikaans, juif, et antiapartheid, Peter Blum n’obtint jamais la nationalité sud-africaine; et il faut croire que « Le procès » de Franz Kafka ne fait pas partie de la littérature « allemande » puisque l’auteur a opté pour la nationalité tchèque après 1918.

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Hassan, soutien du nationalisme algérien?

Par ailleurs, l’Algérie, bien représentée par sa lobbyiste Hassan, n’est pas la terre promise des historiens.

Depuis 1962, les incarnations successives du FLN ont su occulter le rôle de Messali Hadj dans le développement du nationalisme algérien. Est toujours formellement interdite toute évocation de la « décennie noire ». Mais il y a mieux.

Ou pire.

On réussit l’exploit d’effacer plus de 2000 ans de présence juive.

En effet, parlant d’ « instrumentalisation », le gouvernement vient d’interdire L’Algérie juive – L’autre moi que je connais si peu, de l’universitaire (franco-?) algérienne Hédia Bensahli, publié par la maison d’édition Frantz-Fanon (ainsi nommée en l’honneur du militant et psychiatre anticolonialiste), qui retrace l’histoire du judaïsme dans son pays, de l’Antiquité à l’indépendance, en 1962. Le ministère public l’accuse maintenant, sans rire, de porter atteinte « à la sécurité et à l’ordre public ainsi qu’à l’identité nationale » et de « colporter un discours de haine ». Rien que ça

A noter que le contentieux territorial entre l’Algérie et son voisin marocain relatif au Sahara soulève d’épineuses questions d’histoire… Peut-on espérer un sobre débat fondé sur des arguments rationnels ? Chose certaine, Alger ne rechigne pas à profiter des frontières imposées par le colonisateur (le colonialisme a ses bons côtés…) et peut compter sur les bons offices de la Franco-Palestinienne (ou Palestino-Française?) Rima Hassan, qui sera sans pitié pour son (nouveau) compatriote Boualem Sansal, lequel promeut – à tort ou à raison, mais avec insolence – la marocanité du Sahara.

On aimerait imaginer la psychanalyse de la passionaria tiers-mondiste Rima Hassan sur le divan de Frantz Fanon.

XV de France: une victoire peut-être en trompe-l’œil

Le XV de France a infligé une correction au Pays de Galles (43-0) lors de son entrée en lice dans le Tournoi des Six Nations. Un score impressionnant, qui témoigne davantage des faiblesses galloises que de la toute-puissance française. Alors que les Bleus se préparent pour un « Crunch » décisif contre l’Angleterre, cette démonstration de force doit être relativisée…


Depuis Platon et son Mythe de la caverne, même si on l’oublie un peu trop souvent, on sait qu’il faut se méfier des apparences. Elles ne sont pas la réalité. Elles n’en sont qu’un reflet… souvent trompeur. Le sport, lui aussi, devrait ne pas déroger à ce prudent « principe de précaution » valable en toute chose et à tout instant.

Ainsi, certes, en match d’ouverture du tournoi des Six nations, au Stade de France, les Bleus ont infligé aux Rouges gallois, pas même fichus de marquer une pénalité, une cuisante raclée. Ils l’ont emporté par un 43 à 0. Ce score est le quatrième plus élevé, toutes compétitions confondues, du XV de France, après le 96-0 sur la Namibie en Coupe du Monde 20231, le 53-10 subi par l’Angleterre il y a deux ans lors du même tournoi, le 51-0 contre ces mêmes Gallois en 1998 lorsque celui-ci s’appelait encore des Cinq nations. Il se muera en Six nations en 2000 en incluant l’Italie qui, depuis, peine à céder la place de dernier qu’on appelle « la cuillère de bois ».

Difficile de tirer des conclusions de cette large victoire

Comme le suggère dans sa chronique dans L’Équipe de samedi dernier, Jean-Baptiste Elissalde, ancien demi de mêlée basque des Bleus, 35 sélections (2000-2008), cette insolente victoire grâce à sept essais dont trois imputables au « Mozart de l’Ovalie », Antoine Dupont, ne serait-elle pas en trompe-l’œil ? Pour lui, ce match a « davantage montré les faiblesses galloises – sans talent ni puissance – que la force française2. » Son propos a tempéré l’euphorie de la presque totalité des commentaires.  

« Les Gallois restaient sur douze défaites d’affilées3, poursuit-il. (…) Les Bleus n’ont pas eu à déployer trop d’effort pour les maîtriser, il suffisait d’attendre, de les laisser venir sans rater le plaquage. (…) Le jeu français s’est parfois résumé à cela : du travail des avants puis hop, une passe au pied. Puis encore du travail des avants et hop, une passe lobée. »

Donc, à ses yeux experts, «il reste difficile de tirer des conclusions de cette large victoire ». Il estime que la « véritable évaluation » aura lieu à Twickenham, samedi prochain, contre l’Angleterre. La rencontre s’annonce rugueuse, d’autant que le XV de la Rose a sérieusement bousculé le Trèfle irlandais dans son fief dublinois. Doubles tenants du titre, les Irlandais après une entame poussive l’ont emporté de justesse (27-22). Ils ont renversé un sort qui leur semblait contraire qu’en seconde mi-temps.

« … Ces derniers n’en menaient pas large » avant la pause, « bousculés, étouffés (…) par une Angleterre agressive, et solide comme un roc en défense », ce qui lui a valu de décrocher le bonus défensif, rapporte le chroniqueur du Parisien-dimanche, Axel Daillet4. Selon lui, les Anglais ont fait montre « d’une force de caractère qui va gonfler leur orgueil cette semaine afin de préparer au mieux la réception des Bleus à Twickenham » où leurs supporteurs savent donner de la voix en entonnant l’hymne national, « God save the King » et non plus « the Queen », et pour cause, Elisabeth II n’étant plus.

Le coq et la rose

Depuis 1981, la presse britannique a baptisé la confrontation France-Angleterre de « crunch » (craquement), ce qui a été traduit en français par « moment crucial ». En effet, si ce match ne fait pas du gagnant le vainqueur assuré du tournoi, le perdant sait qu’il a la certitude d’en être le vaincu. Mais cette année s’y ajoute une valeur symbolique. Le XV de la Rose doit tout mettre en œuvre pour laver l’humiliant affront de 2023 que le Coq gaulois lui avait administré. Il avait encaissé pas moins de 53 points, soit sept essais, six transformations et deux pénalités, lui n’ayant marqué péniblement que 10 points, soit un essai transformé et une chiche pénalité. L’année suivante, venus au Stade de France déterminés à prendre leur revanche, les Anglais s’inclinaient sur un amer 33-31. Donc pour eux, longtemps puissance dominatrice de ce tournoi dans ses deux formats de cinq ou six nations, une victoire s’impose. Surtout que le match se joue sur leur terre… Une défaite tournerait à la catastrophe nationale…

De leur côté, les Bleus ont la détermination d’en finir avec la malédiction qui les accable depuis 2020, année de la nomination de Fabien Galthié comme sélectionneur. Ils remportent pratiquement tous leurs matches mais ne conquièrent aucuns trophées. À la coupe du Monde de 2023 qui s’est jouée en France, lors du match d’ouverture, ils s’imposent par un très prometteur 27-13 devant les « invincibles » All blacks. Hélas, ils se font sortir sur un frustrant 28-29 en quart de finale par l’Afrique du sud qui remportera le titre mondial. L’an dernier, lors de ladite tournée d’automne, à l’issue d’un homérique duel, ils l’emportent encore devant ces mêmes Néo-Zélandais, de justesse, d’un tout petit point, à savoir 30 à 29.

Concernant le tournoi des Six nations, sur les cinq dernières éditions, ils en ont gagné qu’une en 2023 après avoir réalisé un grand chelem et se sont classés quatre fois second. Comme l’a dit Antoine Dupont avant le France-Pays de Galles : « Gagner 80% de nos matches mais ne décrocher aucun trophée, ça n’a pas de sens ». Donc le « crunch » de samedi prochain promet… 

  1. Le score le plus élevé de toute l’histoire du rugby a été réalisé en 1995 par la Nouvelle-Zélande contre le Japon, 145 à 17. Les All Blacks avaient marqué 21 essais soit une cadence d’un toutes les quatre minutes. ↩︎
  2. https://www.lequipe.fr/Rugby/Article/-la-vraie-evaluation-aura-lieu-a-twickenham-l-oeil-de-jean-baptiste-elissalde-apres-france-pays-de-galles/1536799 ↩︎
  3. Au classement mondial, le Pays de Galles occupe aujourd’hui la 11ème place, devancé par l’Italie et les Fidji. Pourtant, c’est la sélection qui partage avec la France le plus grand nombre de grand chelem du tournoi des Six nations, à savoir quatre, devançant l’Irlande trois et l’Angleterre deux. ↩︎
  4. https://www.leparisien.fr/sports/rugby/tournoi-des-6-nations/irlande-angleterre-27-22-amorphe-en-premiere-periode-le-xv-du-trefle-renverse-le-match-01-02-2025-DGVTAH4VFNFLVON2B27UCCBBOM.php ↩︎

Mélenchon se convertit au zemmourisme

La créolisation, vous en vouliez encore ? «Oui, M. Zemmour, il y a un grand remplacement. Oui, M. Bayrou, il y a un grand remplacement !» a déclaré le chef de file des islamo-gauchistes à Toulouse pendant le weekend. Selon lui, «des familles de quartiers populaires arrivent dans la ruralité, je dis à ces gens: cette partie du pays est à nous, la nouvelle France c’est la nôtre, c’est là que naîtront vos enfants et petits-enfants !»


Jean-Luc Mélenchon déteste la France française. Pour lui, la nation millénaire est en fin de vie. Elle doit laisser place à la « nouvelle France » islamisée. C’est une ode à la submersion musulmane qui a été clairement développée, vendredi et samedi à Toulouse, par le fossoyeur de la patrie (littéralement, « le pays des pères »). Lors d’une « rencontre nationale des quartiers populaires », destinée à mobiliser les abstentionnistes, le leader LFI a rappelé son but, devant un auditoire présumé être « né comme moi au Maghreb1 »« La France, c’est celle de la République ou ce n’est rien (…) Nous sommes à l’heure de la nouvelle civilisation à créer. Nous sommes la nouvelle France. Ce pays est à nous, à vous de vous l’approprier ». Tout en louant la « décolonisation algérienne » et en appelant à « libérer la société des chaînes du colonialisme et du racisme », Mélenchon a invité implicitement à la contre-colonisation. Pour lui, la bascule démographique, due à l’immigration extra-européenne, est irréversible. En appui au « grand remplacement » qu’il revendique, il a expliqué en substance : « La ruralité paysanne n’existe plus. La nouvelle ruralité n’est plus composée de Français de souche mais de ceux qui, poussés par la crise du logement, arrivent des quartiers populaires (…) Nous sommes le nombre ! Nous sommes le plus grand nombre ! Vous êtes les maîtres ! ». Pour lui encore, le droit du sol doit être automatique, sans attendre 16 ans. Dans son emballement à promouvoir la cause musulmane, il s’est même offusqué d’avoir entendu « critiquer le prénom du Prophète ». Mélenchon est prêt, pour assurer son destin politique auprès d’une France déracinée, à accélérer la table rase.

http://twitter.com/JLMelenchon/status/1885735993237495855

Les mots de Mélenchon ont un sens : ils sont une déclaration de guerre aux Français et à leur héritage occidental. Au regard de la définition de Malraux, « J’appelle Français ceux qui ne veulent pas que la France meure », le Ganelon se place en ennemi du peuple indigène, qu’il voue à une invasion de peuplement. Les ferments d’un possible affrontement civil sont dans ses encouragements à poursuivre la conquête territoriale entamée depuis cinquante ans, afin d’y ancrer une civilisation construite sur la soumission à la charia. Le chef « insoumis » est l’obligé d’une idéologie théocratique et totalitaire incompatible avec les libertés. Dans ce nouveau monde, le non-musulman est relégué à l’infériorité du dhimmi. « Un Français sur quatre à des ancêtres étrangers » se félicite le théoricien de la « créolisation », qui observe que « 40% des Français parlent aujourd’hui une langue étrangère ». Bref, Mélenchon veut euthanasier ce vieux pays trop enraciné. Au moins pose-t-il l’immigration dans sa dimension existentielle. Or, trois Français sur quatre sont encore d’origine française. 65% des sondés approuvent François Bayrou lorsqu’il parle de « sentiment de submersion ». Le peuple autochtone reste majoritaire. Le scénario d’un effacement n’est plausible que si les Français devaient persister à laisser leurs dirigeants baisser les bras devant les minorités agressives et ceux qui trahissent la nation. Hier, à Villeneuve-Saint-Georges, commune la plus pauvre du Val-de-Marne, Louis Boyard (LFI) a échoué (38,75%) devant la candidate LR, Kristell Niasme (49%), pour prendre la mairie. La résistance existe. Elle seule pourra reconduire s’il le faut les colonisateurs d’où ils viennent, afin de sauver « notre douce France emportée » (Aragon).

  1. Mélenchon est né au Maroc, en 1951 ↩︎

Villeneuve-Saint-Georges: pas si fort, Boyard!

Le jeune député LFI Louis Boyard a perdu l’élection municipale anticipée de Villeneuve-Saint-Georges dans le Val-de-Marne. Il réalise 38.75% des voix au second tour, dans une commune qui avait pourtant voté à 46% pour Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle de 2022, et à 61% pour lui à la députation en 2024. Un vrai fiasco ! Mais la gauche ne semble pas décidée à remettre en cause sa stratégie électorale communautariste pour autant. Analyse.


Pari perdu pour Jean-Luc Mélenchon et ses acolytes. Villeneuve-Saint-Georges leur échappe. La claque est d’autant plus significative qu’avec presque 40% de participation (39,67%) au second tour contre 33,5% au premier tour, LFI a pu constater que la perspective que la ville passe sous son contrôle a réveillé les électeurs. Ils se sont mobilisés en effet, mais contre Louis Boyard. Villeneuve-Saint-Georges ne quitte pas le giron des LR, souhaitons-lui néanmoins un meilleur avenir.

Ville-test

L’ambition de montrer « ce que pouvait être une ville insoumise » a échoué. 61,25% des électeurs l’ont refusé : 12,25% s’étant portés sur l’ancien maire, Philippe Gaudin, divers droite, les 49 % autres ayant donné le fauteuil de maire à Kristell Niasme (LR). Il faut dire qu’avec la composition de sa liste, un peu de dealers, de refus d’obtempérer, le tout saupoudré de barbus, Louis Boyard avait mis la barre haut. Il faut dire aussi que Boyard n’est pas l’Insoumis le plus crédible en tant qu’édile. Quoique, leur en reste-t-il en stock, depuis que la vocifération est le marchepied de la notoriété à LFI ? La claque est d’autant plus difficile que sur le papier, entre sa réserve de voix à gauche et la division à droite, le calcul n’était pas absurde.

D’ailleurs la ville n’avait pas été choisie au hasard. Ancienne municipalité communiste, historiquement à gauche, abritant beaucoup de familles de cheminots, la ville n’avait basculé à droite qu’en 2020. C’est une ville très pauvre, ravagée par les nuisances sonores du fait de la proximité d’Orly, où se logent beaucoup de familles immigrées. Cumulant quartiers ghettos, culture de gauche, difficultés économiques et frustrations sociales, la ville a été d’autant plus ciblée que les divisions à droite laissaient envisager qu’elle serait facile à conquérir. Y envoyer Louis Boyard faisait de surcroit de cette ville, une ville test. Autrement dit une ville structurellement destinée à tomber dans l’escarcelle de LFI du fait de sa composition en termes de population et d’une forte implantation musulmane (le Val-de-Marne est dans le viseur des islamistes, qui estiment qu’il est le deuxième département contenant la plus importante communauté musulmane après la Seine-Saint-Denis). Le rêve insoumis s’appuyait également sur les résultats faits par Jean-Luc Mélenchon aux présidentielles de 2017 et 2022 (autour de 46% des voix) et sur l’idée de miser sur les quartiers. Pas en allant chercher les habitants les plus méritants, mais en investissant dans les relais d’opinion sans être regardant sur leur mode d’action ou de prédation dans leur quartier ou au-delà. L’idée étant de mesurer l’existence d’une dynamique politique forte, autrement dit d’essayer de voir si avec la bonne étiquette (soit celle de LFI), même une chèvre sous stéroïde se ferait élire, pour peu que la composition de l’électorat coche certaines cases.

En tête au premier tour

D’ailleurs Louis Boyard était bien arrivé en tête au premier tour avec 24,89% des voix, au coude à coude avec Kristell Niasme, la candidate LR, arrivée en seconde position. Certes, seuls 92 voix les séparaient. Ce score était d’autant plus méritoire pour l’ancienne première adjointe qu’elle a dû gérer les comportements erratiques de l’ancien maire, revanchard et agressif et surtout incapable de prendre la mesure du rejet que son comportement avait suscité. Or si des élections partielles ont été convoquées, c’est parce que c’était le seul moyen qu’avaient trouvé ses colistiers pour mettre fin aux agissements de leur leader. L’un des derniers incidents ayant conduit à ces démissions en masse étant un salut nazi effectué lors d’une séance houleuse du Conseil municipal.

Très en colère, l’ancien maire, Philippe Gaudin, pourtant désavoué au premier tour dans les urnes, a choisi de se représenter. Il s’avérait ainsi un allié inespéré pour LFI, qui bénéficiait d’une triangulaire surtout néfaste pour son adversaire.

A lire aussi, Elisabeth Lévy: La gauche Hamas

Mais les divisions à droite n’auront pas suffi à assurer la victoire des Insoumis. Pas plus que les compromissions à gauche. En effet, la liste menée par le communiste Daniel Henry qui réunissait les écologistes et le PS (arrivée troisième au premier tour avec un score de 20,7%) a montré qu’elle avait l’estomac politique d’un doberman. Rien ne la dérange. Il n’y a pas eu d’accord de gouvernance, donc pas de fusion de listes, mais qu’à cela ne tienne, la liste PS/PC/Ecologistes a quand même apporté son soutien à l’Insoumis. Et peu importe que la liste de LFI abrite repris de justice et islamistes antisémites. Depuis le NFP, la gauche qui se croit encore républicaine n’a plus aucune ligne rouge morale, et est prête à défendre n’importe quoi. L’instrumentalisation de la haine des Juifs comme levier de mobilisation électorale ? La gauche le valide en acceptant l’alliance avec LFI ; La violence politique comme outil de déstabilisation sociale ? Validé aussi ; Permettre à des voyous violents et à des islamistes d’arriver au pouvoir ? Également validé. À ce stade, on se demande bien ce qui pourrait les rebuter…

Politique-fiction

D’autant que le résultat de tant de soumissions ne déclenche que l’ingratitude de celui qui les reçoit. À peine battu, Louis Boyard gratifiait les électeurs de Villeneuve-Saint-Georges d’un discours de victoire assez stupéfiant. Comme d’habitude à LFI, la fiction prend le pas sur la réalité. Dans cette nouvelle production, Louis Boyard, abandonné par la gauche traitresse (tout ce qui n’est pas LFI), s’est battu seul contre tous, tel Bayard à Roncevaux. Mais il n’a pas échoué sans gloire et son score dans l’adversité ouvre la voie à de nouvelles victoires. La réalité, c’est surtout que les reports n’ont pas été très bons (Boyard faisant moins de voix que l’addition des voix de sa liste et de la liste PC /PS /EELV au premier tour), et que la mobilisation s’est faite contre lui. En attendant, ses soutiens ont été symboliquement lapidés en place publique sans guère d’atermoiement.

Cela pourrait leur donner matière à penser… D’autant qu’avec la hausse de participation de 6 points qui a eu lieu entre le premier et le second tour, le message des électeurs est clair : la stratégie de la brutalisation et de la victimisation ne prend pas. On aimerait pouvoir croire que cette claque va servir de leçon et terminer cet article en espérant que la gauche comprenne que, si elle veut un jour retrouver le chemin des urnes, elle a intérêt à rompre avec le parti de Jean-Luc Mélenchon ; mais rien n’y pousse. Malgré tous les excès de LFI, la composition pour le moins provocatrice de la liste de Louis Boyard, celui-ci rassemble quand même 38,75% des voix. Quant à la gauche, elle a choisi une fois de plus la lâcheté et se retrouve perdante des deux côtés. La majorité des électeurs, elle, a choisi l’abstention. Cela peut laisser dubitatif sur l’état de santé général de notre système politique.

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Faites payer les riches !

En France, être de gauche, c’est soit critiquer Israël, soit taper sur les riches – et quand il s’agit de Bernard Arnault, c’est « open bar ».


Une partie de la gauche se déchaîne contre Bernard Arnault. Et le reste se tait. C’est parce qu’en France, il y a deux façons de prouver qu’on est de gauche : soit taper sur Israël, ou plus si affinités, soit taper sur les riches. L’un n’étant pas toujours sans rapport avec l’autre, d’ailleurs…

Les riches sont renommés « super-riches », un terme qui évoque les aristos qu’il fallait pendre à la lanterne. Pensez : ils exploitent le peuple, ils polluent la planète… Tout ira mieux quand on en enverra quelques-uns se rééduquer à l’usine ou aux champs ! Ou quand ils partiront, comme l’a dit ce week-end Jean-Luc Mélenchon devant un parterre de bobos extatiques.

Rhétorique populiste gauchiste éprouvée

La polémique est partie du coup de gueule du patron de LVMH contre la surtaxation exceptionnelle des profits des grandes entreprises prévue dans le prochain budget. Ce dernier dénonçait une attaque contre le « made in France » et une « incitation à délocaliser », fort justement me semble-t-il. Cela n’a provoqué que ricanements et hurlements à gauche. Et en plus, il est pro-Trump ! Alors c’est l’ennemi idéal du genre humain.

A lire aussi: Dégraisser le mammouth? Non, le dépecer!

Le député de la Somme François Ruffin a une nouvelle fois confondu fiscalité personnelle et taxation des profits, en pointant la fortune de Bernard Arnault pendant que d’autres malheureux trimeraient pour un Smic. De son côté, Sophie Binet a estimé que les grands patrons coulaient le pays, et que leur seul moteur était l’appât du gain. Original ! Les rats quittent le navire, a-t-elle osé. La vérité, c’est que si la chef de la CGT et ses amis étaient au pouvoir, on serait effectivement beaucoup à songer au départ.

Est-il normal que les riches contribuent à l’effort national ?

1% des foyers payent 33% de l’impôt sur le revenu. On est le dernier paradis soviétique. « Le dernier pays où le communisme a réussi », disait Gorbatchev. Il faut certes lutter contre l’évasion fiscale, et peut-être taxer les dividendes. Je n’ai pas de religion là-dessus. Mais là, Monsieur Arnault ne parlait pas de ses riches qui pourraient être éventuellement taxés, mais bien des entreprises qu’ils dirigent. Dans ce budget, il n’y a pas une économie sur le social ou la bureaucratie, pas un emploi public supprimé. La seule recette que l’on a trouvée : surtaxer les entreprises qui gagnent de l’argent en France. Michel-Edouard Leclerc fait le gentil-patron-de-gauche qui tance Bernard Arnault mais il a lui-même installé sa centrale d’achat en Belgique à en croire la journaliste Emmanuelle Ducros.

A lire aussi: Gave parle cash

D’accord, la lutte des classes, ce n’est pas nouveau. Mais autrefois, dans cette lutte des classes, la gauche défendait tout de même l’outil de travail. Aujourd’hui, le mot «production» est absent du programme du NFP. Et Jean-Luc Mélenchon a eu un jour cette phrase merveilleuse : la dépense publique crée du bonheur. La France doit vraiment être un paradis.

Avec des relents robespierristes, tous ces gens flattent les passions tristes, l’envie, la jalousie. Leur seul programme consiste à d’avantage nous endetter, et à faire payer ces riches cupides et égoïstes (la preuve, Bernard Arnault a financé la reconstruction de Notre-Dame). Derrière cela, on observe une haine de l’excellence et du succès. Nous avons un fleuron français, qui fait rêver partout dans le monde, forme des milliers de jeunes, maintient des savoir-faire et réalise des profits : les Américains le draguent, ici on l’insulte.  Certains par crétinisme (je ne les citerai pas, par charité, mais ils croient véritablement à leurs âneries), d’autres par cynisme pur. Le silence-radio des socialistes qui n’ont pas tous cette excuse de la bêtise est assez misérable. Ils sont prêts à accélérer le déclin du pays pour grappiller quelques postes ou plaire aux médias convenables. Décidément, « gauche de gouvernement » est un oxymore en France.

Histoire comparée des religions selon France Télévisions

Concernant l’oppression des femmes par les grands monothéismes, les scénaristes de fiction française osent l’amalgame…


Nous ne féliciterons et ne remercierons jamais assez nos lecteurs pour la vigilance avec laquelle ils suivent les programmes de télévision et lisent les articles de presse écrite. Une gratitude toute particulière pour ce lecteur qui a bien voulu nous alerter sur un élément de dialogue tiré d’une fiction policière diffusée sur la deuxième chaîne de la télévision publique française.

N’écoutant que mon courage (Il en faut parfois pour se farcir les fictions policières proposées par ladite télévision publique) je me suis précipité sur le programme en question. Un épisode de la série César Wagner, au demeurant ni pire ni plus enthousiasmante que bien d’autres. César Wagner, le héros, est un hypocondriaque de haute intensité, flanqué d’une femme médecin légiste agréablement fofolle et libérée. Comme il se doit.

Voici le point mis en exergue par notre lecteur. Un meurtre a été commis dans la communauté juive de Strasbourg. Il est donc nécessaire que la police se rende au Consistoire aux fins d’interrogatoire.

Un des policiers se tourne vers sa jeune collègue et lui demande si franchir le seuil de ce lieu lui pose problème.

A lire aussi: La vidéo de HelloQuitteX: un casting de choix pour encourager les internautes à quitter X

Réponse de l’intéressée : « Ouah, tu t’es dit Samia Belkacem (ainsi se nomme-t-elle), arabe donc antisémite ! Toutes les religions pour moi sans exception servent à opprimer les femmes et donc je m’en méfie, de toutes ! »

Bien sûr, ce docte moment d’histoire comparée des religions se trouve assorti d’autres insinuations ou affirmations wokistes compatibles, du genre : « C’est un vrai problème, l’identité sexuelle dans la police. » Ou encore de quelques considérations bien senties sur l’inutilité de la vidéo surveillance dans la lutte contre la criminalité. Rien que de très convenu sur cette chaîne, donc.

Revenons cependant sur le commentaire de la policière renvoyant dos à dos toutes les religions, cela, on l’aura compris, dans un relativisme lui aussi parfaitement wokiste compatible.

Évidemment, n’officiant pas au sein des instances de la télévision française de service public, je me garderai bien de prétendre atteindre un niveau de pénétration intellectuel le moins du monde comparable avec celui qui caractérise ses intervenants et auteurs. Je me contenterai donc du constat très basique que me permettent mes indigentes capacités d’observation et de réflexion.

Il me semble que, parmi les religions, du moins celles dont j’ai connaissance, il en existe une qui canonise des femmes et une qui en lapide. Voyez-vous, cette seule différence suffit à m’interdire de les renvoyer dos à dos, de les situer au même niveau. Mais peut-être que si je me mettais à regarder en boucle les programmes de notre service public de télévision j’y parviendrais un jour. Sait-on jamais ?

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La pensée unique sur la défensive

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Les penseurs de travers, à l’épreuve du nez dans le réel…


Bonne nouvelle : la crise d’encéphalite, dont souffre le monde intellectuel français depuis des décennies, a trouvé son vaccin. Les penseurs embrumés, qui voient de la niaiserie à appeler un chat un chat, se montrent réceptifs à l’épreuve du nez dans le réel. Cette approche rudimentaire, expérimentée aux États-Unis, a déjà éteint quelques feux dans les cerveaux. Le remède contre la contagion utopiste s’annonce prometteur. Donald Trump en est le promoteur avec sa « révolution du réel ». Le nouveau président des États-Unis, qui a prêté serment le 20 janvier, n’est certes pas du sérail des clercs : les beaux esprits persistent majoritairement à ne voir en lui qu’un lourdaud. Néanmoins, sa force d’attraction révèle une excellence dans le passage à l’acte. Cette dextérité est moins sophistiquée que celle des vendeurs de nuages, mais elle est plus convaincante. Ce savoir-faire tient à un pragmatisme et à une indifférence aux morsures de la meute. L’affolement de cette intelligentsia, rétive à la piqure du terrain, laisse voir la fragilité de sa gonflette cérébrale.

Le politiquement correct se desserre

Le ralliement à Trump d’Elon Musk, Mark Zuckerberg et Jeff Bezos, pionniers géniaux de la Silicon Valley, illustre le chamboulement qui s’opère dans les hautes sphères des visionnaires. Il est vrai qu’il est devenu impossible de suivre la bêtise vaniteuse des anciennes « élites », tant leurs accusations rituelles en « fascisme » ou en « complotisme » ont obscurci les clairvoyances. Quand la ministre Aurore Bergé, qui sait prendre le vent, déclare (5 janvier, Europe 1–CNews) : « Ce n’est pas être d’extrême droite que de dire les faits », elle exprime une évidence qui, si elle n’a pas encore atteint son camp « progressiste », met déjà en péril la tyrannie des penseurs de travers, des marcheurs sur la tête, des déconstructeurs de ce qui fonctionne bien. L’offensive de la macronie contre les empêcheurs de ratiociner entre soi achève de caricaturer le pouvoir actuel en club vétilleux et intolérant. L’oligarchie politique découvre, avec la reconnaissance post-mortem des alertes visionnaires de Jean-Marie Le Pen, disparu le 7 janvier, son impuissance à maintenir la chape de plomb du politiquement correct et de ses charabias.

A lire ensuite, Elisabeth Lévy: Le « free speech » est devenu une arme des conservateurs, selon « Le Monde »

Entendre Emmanuel Macron, devant la conférence des ambassadeurs, accuser Musk d’être le fer de lance d’une « nouvelle internationale réactionnaire » dit son enfermement manichéen. Le Premier ministre, François Bayrou, revêt les mêmes « habits neufs du terrorisme intellectuel » (Jean Sévillia) lorsqu’il voit dans le patron de X (ex-Twitter) la figure du « nouveau désordre mondial ». De quoi ces camelots en pensées éclairantes ont-ils peur ? D’entendre les peuples gronder. La libéralisation des réseaux sociaux, qui subissaient les contrôles des Etats et le militantisme des vérificateurs de faits (« fact-checkeurs »), a été vue comme « une menace pour la démocratie » par Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale. La ministre du numérique, Clara Chappaz, a mis en garde contre les « fausses opinions ». Ces apparatchiks ont été rejoints par tout ce que la gauche compte de mal embouchés et de cagots. Les censeurs réclament, après CNews, le boycott ou l’interdiction de X. La presse de cour dresse ses listes de parias. Cette France-là a tourné le dos à Mirabeau. Il écrivit, dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ».

Musk lanceur d’alerte !

La crise de l’intelligence, liée à la peur des faits, a fait des ravages chez les décideurs. Leur univers paranoïaque les a amenés à assimiler la contradiction à un « propos haineux » méritant la sanction. Dans cette dystopie, le confort intellectuel ne tolère que la pensée unique. Pour ne pas désigner des musulmans, les viols de fillettes anglaises commis par des gangs pakistanais en Grande-Bretagne durant des années ont été occultés par la police, la justice et la presse avant que Musk ne s’en émeuve. Zuckerberg a avoué avoir cédé aux pressions du FBI et de la Maison-Blanche en imposant l’omerta de Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp) sur les magouilles du fils Biden en Ukraine, ou sur les effets secondaires du vaccin Covid. Le gouvernement français, incarnation du centrisme immobile, se montre incapable d’aborder les sujets existentiels pour leur préférer des marchandages entre partis afin d’assurer sa survie. Le petit monde pense petitement. Le lapsus de la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, proposant le 3 janvier à l’issue du premier conseil des ministres de rendre compte du « conseil municipal », a avoué l’étiage de la caste.

Comment s’étonner, dans ce contexte qui fait de l’impertinent esprit français une anomalie, de voir la santé mentale érigée en grande cause nationale ? (La suite sera à lire dans le magazine Causeur de février, mardi prochain pour les abonnés, mercredi chez le marchand de journaux)

Dieu existe, de Gaulle l’a rencontré!

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« De Gaulle apparaît en songe à Emmanuel Macron », une pièce de Jean-Marie Besset, au théâtre Déjazet © Samuel Boyer

La nouvelle pièce de Jean-Marie Besset est une « fantaisie politique » : De Gaulle apparaît en songe à Emmanuel Macron. Le titre est éloquent et les acteurs qui défendent ce texte sont excellents. À voir au théâtre Déjazet pour prendre un peu de hauteur…


Ah ! de Gaulle ! S’il n’avait existé il eut fallu l’inventer. Mort, il faut de temps en temps le ressusciter. Adorer ce que l’on a haï, mais aussi parfois le contraire, est le deuxième sport national après la fraude fiscale. On le sait bien, les évidentes vertus morales mais aussi l’anti-américanisme quasi primaire du vieux saint-cyrien ont fait de lui une grande référence post-mortem de la gauche à la droite…

Coup de vieux

Avec certains comédiens, convoquer l’immense bonhomme, c’est l’affaire d’un claquement de doigt, tant avec eux l’habit fait le moine. Quand Stéphane Dausse endosse l’uniforme du vieux général de brigade, le père de notre Ve République est bien là, impeccable double de celui toujours planqué dans nos mémoires, et cette fois planté bien raide dans un rêve du président Macron qui s’abandonne dans un canapé de l’Élysée. Ce jeune homme orgueilleux dont le libéralisme atlantiste va peut-être vaciller un peu devant la statue du Commandeur.

Une fantaisie politique, nous prévient Jean-Marie Besset – né un 22 novembre et ipso facto « gaulliste de naissance », auteur inconsolable d’avoir perdu ses deux pères, convoquant déjà deux fois, dans sa première pièce Villa Luco puis plus récemment Jean Moulin, Évangile, l’homme de Colombey – qui organise une rencontre au sommet pour une comédie en forme de bilan. Ça sonne comme une bonne récré à Sciences-Po, possède les éclats polis du duel à fleurets mouchetés, ça navigue sans véritable tempête entre leçon de choses et leçon d’être, entre géopolitique et démagogie utile.

Mais c’est la nuit à l’Élysée, on suppose que dans l’au-delà tante Yvonne a accordé la permission de minuit au vieux général, Brigitte dort et le jeune président vieillit à la vitesse des chiens, chaque année à vouloir présider aux destinées des Français en vaut bien sept. Un homme volontaire, optimiste, qui pense finalement que quand le bâtiment va tout va et qu’en chaque Français (de souche ou pas), sommeille une start-up qu’il faut réveiller, mais qui commence à en rabattre un peu. Le Covid et les gilets jaunes, ça vous scie les pattes, la guerre en Ukraine, ça rebat les cartes.

Nicolas Vial dessine un Macron inquiet, mobile, nerveux, se débattant souvent dans son rêve. Il n’imite jamais – à quoi bon, alors qu’il a l’âge et la gueule du rôle ? – et nous donne à voir un président aimable autant qu’arrogant, insupportable et fragile, un président qui avoue dire parfois des conneries et ne pas être capable de toucher le cœur des Français. « Leur avez-vous dit que vous les avez compris ? », interroge le vieux général…

Éditorial facétieux

Mais la pièce n’est pas à réduire à la petite réunion corporatiste, aussi ludique et cocasse soit-elle, surtout quand de Gaulle esquisse un pas de danse sur la Cucaracha. L’enjeu semblant plutôt de prendre la mesure de ce qui a changé dans notre monde. De savoir si le dialogue est encore possible entre notre présent et notre passé proche, ce passé d’avant la mondialisation et l’ordinateur personnel, ce passé dans lequel les Russes – « Je savais que le mur tomberait, c’est pour ça que je ne les ai jamais appelés soviétiques. » – étaient chez eux en Ukraine ?

Écrite sur une ligne claire – comme on dit de la bonne bédé belge – la pièce est agréable, confortable, lisible, souvent drôle, mais au-delà du divertissement, de ce petit quizz pour deux grosses têtes, nous interroge, nous demande de remettre nos propres idées au clair.

Le public rit beaucoup, il faut dire que les deux acteurs, excellemment mis en mouvement et en verve par Lionel Courtot, et très bien rôdés par une saison dans le Off d’Avignon, jouent avec un plaisir évident cette partition heureuse. Heureuse comme un éditorial facétieux plus que comme un pamphlet politique. Car il y a un côté « bien élevé » chez Jean-Marie Besset qui paraît franchement indélébile.

Et puis surtout sur la fin, la joute prend un peu l’air et s’envole, de la politique à la métaphysique il n’y avait donc qu’un pas. Et à disposer d’un mort, autant lui poser franchement la question. Faut-il vraiment s’en tenir au hasard et à la nécessité ?

La légèreté de la pièce alors devient grâce et, pour Jean-Marie Besset, la place du doute est réduite comme peau de chagrin : Dieu existe et de Gaulle l’a probablement rencontré !

Félicitons donc l’éternel non-aligné Jean Bouquin de présenter cette pièce facétieuse dans son merveilleux théâtre Déjazet, hanté par tant de fantômes.

De Gaulle apparaît en songe à Emmanuel Macron, fantaisie politique de Jean-Marie Besset. Théâtre Déjazet, à partir du 4 février, du mardi au samedi à 20h30, les samedi et dimanche à 16h. Renseignements et réservations : http://www.dejazet.com/

François Bayrou: un Créon qui ne veut pas oublier Antigone…

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Le Premier ministre Francois Bayrou a utilisé le lundi 3 février 2025 une seconde fois l'article 49.3 de la Constitution pour faire adopter, sans vote, la première partie du projet de loi de finances de la Sécurité sociale 2025 © ISA HARSIN/SIPA

On accuse le Premier ministre d’être flou ? Il vient de démontrer qu’il est plutôt un bon stratège, en brouillard maîtrisé… Les députés socialistes ont en effet été convaincus de ne pas voter demain les deux motions de censure déposées par les Insoumis, à la suite du déclenchement de deux 49.3 par M. Bayrou hier.


Avec quelle sadique volupté, dans les partis – notamment ceux du « bloc central » – ou dans certains médias, dénonce-t-on la méthode de notre Premier ministre en la qualifiant notamment de « floue[1] »!

Ce serait une critique pertinente si elle n’oubliait pas les contraintes politiques et parlementaires que doit affronter François Bayrou et, en même temps, son souci de vérité et d’apaisement. Dès lors que le Premier ministre ne veut lâcher aucun de ces bouts de la chaîne, je vois mal comment sa démarche, sauf à accepter une absence de plénitude, pourrait apparaître comme rectiligne. Le flou dont on la qualifie n’est que la traduction de la volonté obstinée de François Bayrou de rendre gérable un univers dont les composantes défient toute rationalité.

Le Premier ministre est un Créon qui ne veut pas oublier Antigone.

D’abord il convient de le louer pour s’être battu afin d’occuper ce poste prestigieux alors que malgré l’ambition de beaucoup, peu auraient pu en endosser les responsabilités. Cela n’empêche pas la multitude des conseilleurs qui ne sont pas les payeurs de multiplier les injonctions, les avertissements, les « il n’y a qu’à », les « il faut qu’on », toutes ces rodomontades d’autant plus faciles à proférer qu’elles ne risquent à aucun moment de contraindre leurs locuteurs à montrer effectivement ce dont ils sont capables.

Il est également injuste de faire reposer sur le seul François Bayrou le poids d’une situation calamiteuse résultant de la dissolution et dont les conséquences peinent à être atténuées. Dans le monde politique, il n’y a qu’Eric Dupond-Moretti pour féliciter le président de l’avoir faite, et encore, au théâtre !

Des mauvais procès

Ensuite, au lieu d’intenter sans cesse de faux procès au Premier ministre, il aurait mieux valu l’écouter avec attention et ne pas dénaturer sa pensée pour la rendre encore plus blâmable aux yeux de ses adversaires. On feint d’oublier qu’il n’a pas parlé de « submersion migratoire » mais de ce « sentiment » qui n’est que trop évident pour cette majorité de Français à laquelle il a fait allusion. Même si son propos, partant de Mayotte et du droit du sol souhaité par certains, a dépassé ce territoire, il reste qu’user de termes qui sont dans la tête de tout le monde, et pas seulement dans celle du Rassemblement national, relève du droit de M. Bayrou à ne pas faire la fine bouche face à un vocabulaire qui se rapporte à l’immigration et au malaise qu’elle crée sur le plan de l’identité nationale. Acceptable quand elle ne détruit pas l’âme d’un pays, intolérable quand son nombre l’étouffe.

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Par ailleurs, quel étrange reproche que d’imputer au Premier ministre une absence de caporalisme sur ses ministres comme si ce n’était pas au contraire une force (ma seule réserve porte sur Élisabeth Borne, dont à l’évidence la vocation est de mener une lutte contre Gabriel Attal par l’entremise de son ministère…) que de laisser se développer la parole et les propositions de ministres qui, sans jamais trahir une solidarité fondamentale, apportent au gouvernement la richesse de personnalités auxquelles on a laissé le droit d’être libres. Qui de bonne foi pourrait soutenir que dans la sphère régalienne l’inventivité d’un Bruno Retailleau, accordée au pragmatisme actif d’un Gérald Darmanin, ne constituent pas une formidable nouveauté dont l’idée revient au Premier ministre ?

RN apaisé, rapprochement réussi avec les socialistes

François Bayrou a su tactiquement tirer les leçons de l’échec gouvernemental de l’estimable Michel Barnier. Tout en ayant adopté à l’égard du Rassemblement national une attitude de courtoisie républicaine et parfois de courage personnel, François Bayrou ne pouvait pas accomplir autre chose qu’un rapprochement avec des socialistes qui n’ont été véritablement, pour leurs adversaires de l’autre camp, des pestiférés qu’à cause de leur soumission trop longue à LFI, à Jean-Luc Mélenchon, à son obsession de tout conflictualiser et de constituer la provocation et l’outrance comme un langage ordinaire.

Ce que François Bayrou a mis en œuvre représentait trop son aspiration à une politique apaisée, de compromis et de conciliation, pour qu’il se privât de l’opportunité de la concrétiser malgré la mauvaise volonté et le caractère de Matamore des négociateurs socialistes (on est obligé de vanter Lionel Jospin et François Hollande !) qui cherchent à faire croire qu’ils ont arraché de haute lutte ce que le bon sens « centriste » leur avait concédé de bonne grâce avec le ministre Bruno Lombard – l’un des leurs sur le plan idéologique d’ailleurs !

Le Premier ministre a annoncé dans La Tribune Dimanche[2] que le 3 février il ferait usage à deux reprises du 49-3. Le bureau politique du parti socialiste qui heureusement continue dans sa voie autonome a décidé de ne pas voter la motion de censure qui sera déposée par LFI. Je ne doute pas qu’il ne se sentira pas intimidé par l’accusation de Manuel Bompard l’étiquetant, avec cette décision, comme soutien du macronisme !

Cette sagesse politique ne complaira pas à ceux qui songent plus à 2027 qu’au présent de la France. Priorisant l’obligation de responsabilité, elle sera une pierre de plus dans la restauration d’une vie parlementaire, susceptible de redonner un peu confiance à trop de citoyens lassés.

Pour ma part je veux croire que les Français, derrière les sarcasmes superficiels, saluent ce Premier ministre qui à sa manière a mis ses mains dans la glaise sans abandonner ses aspirations de toujours.

Puisque François Bayrou est un Créon qui n’oublie pas Antigone.


[1] https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/02/03/le-flou-de-la-methode-bayrou-seme-le-trouble-jusque-dans-le-bloc-central_6528805_823448.html

[2] https://www.latribune.fr/la-tribune-dimanche/politique/francois-bayrou-lundi-j-engagerai-la-responsabilite-du-gouvernement-sur-le-budget-1017339.html

Le « Boléro », les mystères d’un chef-d’œuvre

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Julien Favreau et le Ballet Béjart, Lausanne. DR.

« Ravel Boléro ». C’est sous ce titre que la Cité de la Musique célèbre l’œuvre de Maurice Ravel, à l’occasion du 150e anniversaire de la naissance du compositeur, le 7 mars 1875, à Ciboure, au Pays Basque.


Consacrer une exposition à une œuvre musicale, une seule, c’est évidemment appétissant. Et quelle œuvre ! Ce Boléro, que Maurice Ravel composa à la demande de l’une des grandes danseuses d’une époque qui n’en était pas avare, Ida Rubinstein. Laquelle Ida en confiera la réalisation chorégraphiqueà Bronislawa Nijinska, la sœur talentueuse d’un Nijnski ayant déjà sombré dans la folie.

Cette première chorégraphie était très inspirée par la danza flamenca et la danza bolera que les Ballets Russes de Serge de Diaghilev, auxquels était attachée Nijinska, avaient découvertes lors d’un long séjour en Espagne où la compagnie s’était établie durant la Grande Guerre. C’est du moins ce que dévoilent les documents photographiques qui subsistent de cette création du Boléro ayant eu lieu à l’Opéra de Paris le 22 novembre 1928.  Avec Ida Rubinstein entourée de sa troupe se produisant sur une table immense voulue par le peintre et scénographe Alexandre Benois, pour figurer l’un de ces tablaos qu’on voyait en Andalousie.

« Au fou, au fou, au fou »

À ce moment précis, Maurice Ravel, déjà revenu d’une tournée triomphale aux États-Unis et au Canada, donnait une série de récitals en Espagne et au Portugal. Il ne pouvait donc assister à la première de son Boléro. Mais lorsque son frère Édouard lui relata qu’à l’issue de la représentation, en marge du succès immédiat que recueillit la partition, une dame de l’assistance avait glapi : « Au fou, au fou, au fou », le compositeur lui rétorqua sans ciller : « C’est elle qui a tout compris. »

Autant dire que les sentiments de Ravel étaient fort mitigés quant à l’ouvrage qui le rendra mondialement célèbre, devant ce monument qui occultera ses autres compositions et que, peut-être, il aurait bien voulu n’avoir jamais commis. « Mon chef-d’œuvre ? Le Boléro bien sûr ! Malheureusement, il est vide de musique », écrira-t-il un jour.

Une spirale saupoudrée de lumières

Cette musique de « fou » qui conquit immédiatement les foules, un film conçu pour l’exposition la met en scène avec un rare bonheur. Disposés de façon spectaculaire autour de la caisse claire, elle qui lance et soutient de bout en bout le rythme lancinant du Boléro, les musiciens de l’Orchestre de Paris, superbement dirigés par Klaus Mäkelë, s’enroulent dans une spirale « sans fin, à l’image d’une galaxie ». Une spirale, comme saupoudrée de lumières, qui se déroule en crescendo au fur et à mesure de l’entrée des instruments dans cette composition diabolique.

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Visuellement, c’est infiniment séduisant. Mais c’est aussi une façon ingénieuse de donner à voir, filmée de haut, l’engagement de l’orchestre dans cette sarabande. C’est avec ce film réalisé par François-René Martin et Gordon que s’ouvre l’exposition. Au sein d’une salle obscure garnie de quelques gradins, ridiculement baptisée « salle immersive audiovisuelle » dans le jargon imbécile et pompeux qu’affectionnent les institutions culturelles qui se veulent dans le vent.

Un fandango

Une série sans doute inédite de portraits de Ravel qu’on découvre à des âges divers ; une partition de sa main ; son piano, des bibelots et des pièces du mobilier de la maison de Montfort l’Amaury dans laquelle Ravel composa ce fandango baptisé Boléro, et qui est évoquée par de séduisants dispositifs afin de bien montrer combien son aménagement élégant est un reflet de l’esprit raffiné du compositeur ; des jouets facétieux qui trahissent un esprit ludique et un attachement indéfectible au monde de l’enfance : tout cela constitue la belle part de l’exposition. Alors que l’emblématique Lola de Valence d’Édouard Manet et que le beau portrait que Jacques-Emile Blanche fit d’Ida Rubinstein à l’époque (1911) où elle dansait la Shéhérazade de Rimsky Korsakov et de Fokine en compagnie de Vaslav Nijinski, rehaussent l’élégance de l’exposition.

Le Boléro de Maurice Béjart

Si l’on évoque au long du parcours la création dansée de Boléro sous la forme très hispanisante de la chorégraphie de Nijinska dont il ne reste, hélas ! plus guère de traces ; si on cite les chorégraphies, elles aussi perdues, du Boléro de Michel Fokine, puis de Serge Lifar, ou celle, récente, de Thierry Malandain, c’est bien évidemment la version de Maurice Béjart qu’on célèbre avant tout. Reprenant le dispositif de la création de 1928, à la radicalité de la composition de Ravel, Béjart a répondu par la radicalité de sa chorégraphie conduisant un solo sculptural jusqu’à l’incandescence. Une version inégalée depuis lors et qui, sans doute, demeurera inégalable.

Pauvre Ravel. Il aura atteint la gloire universelle avec une composition fabuleuse, envoûtante, et dont on relate qu’elle est la partition la plus jouée dans le monde, mais dont il n’était pas plus fier que cela. Elle aura écrasé l’ensemble d’autres compositions, autrement plus plus élaborées et auxquelles il tenait bien davantage.

Quid de la genèse du Boléro ?

En exposant portraits, mobilier, photographies, malle de voyage, souvenirs divers du compositeur, tous bienvenus par ailleurs, c’est le compositeur qu’on célèbre, plutôt que sa composition. Rien ou presque rien n’est là pour expliquer ce coup de génie quasi involontaire et que n’illustrent véritablement que deux graphiques très élaborés, couchant sur le papier la structure de l’œuvre et l’entrée en scène des instruments.

On ne dit rien de la genèse du Boléro, de cette composition hallucinée, de ce phénomène étrange et mystérieux qui a permis son éclosion dans l’esprit du créateur. Pour le visiteur, il reste à la découvrir ailleurs, peut-être dans les livres, si tant est qu’on puisse réellement l’expliquer, la naissance d’un chef d’œuvre.

Maurice Ravel (1875-1937), compositeur français. (c) Boris Lipnitzki_Roger-Viollet

Ravel Boléro Exposition
Musée de la Musique. Philharmonie de Paris
Du mardi au dimanche, jusqu’au 15 juin 2025

Concerts Ravel à la Philharmonie les 7, 8 et 9 mars 2025
01 44 84 44 84 ou philharmoniedeparis.fr

Un tortueux fil d’Ariane rattache Rima Hassan à Angela Davis

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Rima Hassan à une manifestation pro-palestiniens à Paris, le 25 janvier 2025 © SEVGI/SIPA - Angela Davis en conférence à La Fête de L'Humanité à Bretigny sur Orge, France, le 14 septembre 2024 © MPP/SIPA

En 2024, un collège de Bobigny adopte le nom d’Angela Davis, militante infatigable des droits civiques… et des régimes autoritaires amis. Y aura-t-il un collège Rima Hassan dans le 9-3 dans cinquante ans?


Who controls the past controls the future. Who controls the present controls the past.
George Orwell
L’histoire est l’étude de tous les crimes du monde.
Voltaire.
The past is never dead. It’s not even past.
William Faulkner.


Un collège de Bobigny (Seine Saint-Denis) a récemment rendu hommage à une grande militante des droits humains américaine en adoptant le nom de Angela Davis en 2024.

Nul n’ignore aujourd’hui que le très raciste (et célibataire très endurci), très indéboulonnable directeur du FBI, J. Edgar Hoover, affecta des ressources considérables à la persécution de militants de la cause des droits civiques, dont Martin Luther King et Mme Davis.

Celle-ci perdit son poste de professeure à l’université de Californie sur ordre du gouverneur Ronald Reagan en raison de son appartenance au parti communiste. (Ce renvoi fut annulé ultérieurement par une décision de justice.)

Davis a aussi pleinement droit à la qualité de prisonnière politique car elle fut incarcérée dans l’attente de son procès pénal lorsqu’elle dut répondre à des accusations selon elle mensongères de complicité dans l’affaire du meurtre d’un juge californien. Ce procès se conclut en 1972 par l’acquittement, hypocritement invoqué par la communauté redneck pour soutenir que le système judiciaire américain marche bien après tout, ce à quoi Davis répondit : « A fair trial would have been no trial » (en v.o.); « un procès équitable aurait consisté en l’absence de procès » (en v.f.). Son seul acquittement, en effet, ne prouvait rien dans un sens ou dans l’autre.

Une lutte contre l’oppression à la carte

Si est admirable son action sociale en faveur des laissés pour compte aux États-Unis, à l’occasion, elle n’a jamais hésité à faire la promotion de la violence comme solution aux problèmes sociaux de l’Amérique, et plus récemment de la Palestine, prenant ainsi quelques distances avec la démarche de Martin Luther King.

Avec Davis, il y a 2 poids 2 mesures en matière de lutte contre l’oppression. Elle demeure une marxiste impénitente, apparemment peu impressionnée par les horreurs staliniennes. Son soutien aux dictatures communistes n’a jamais fléchi. Le sort des prisonniers politiques en Europe de l’Est n’a jamais suscité sa vindicte au sujet du système judiciaire soviétique, qui comportait parfois des lacunes sur le plan des droits de la défense. Est particulièrement instructive cette déclaration datant de 1972: « The situation of Jews in Russia has been totally blown out of proportion by the bourgeois press because they’re going to do everything they can to discredit socialism» (en v.o.) (« La situation des Juifs en Russie a été très exagérée par la presse bourgeoise parce qu’ils font tout pour discréditer le socialisme » (en v.f.). Mais il y a mieux.

Ou pire.

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Peu après son acquittement, l’avocat Alan Dershowitz (par la suite défenseur de Claus von Bülow et de O.J. Simpson), qui l’avait soutenue, avait sollicité un modeste retour d’ascenseur, c’est-à-dire son intervention auprès des autorités soviétiques en faveur de dissidents juifs. Il fut vertement éconduit en ces termes : 

«Several days later, I received a call back from Ms. Davis’ secretary informing me that Davis had looked into the people on my list and none were political prisoners. ‘They are all Zionist fascists and opponents of socialism.’ Davis would urge that they be kept in prison where they belonged.” (en v.o.) ».

(Quelques jours plus tard, je reçus un appel téléphonique de la secrétaire de Mme Davis m’informant que celle-ci avait fait des vérifications au sujet des personnes figurant sur ma liste et conclu que nulle d’entre elles n’était une prisonnière politique. ‘Elles sont toutes des fascistes sionistes [NOTE : apparemment une tautologie dans l’esprit de Mme Davis] et des opposants au socialisme’. Davis invitait donc les autorités soviétiques à les garder en prison comme elles le méritaient. (En v.f.) ).

Davis et Hassan: même combat?

Heureusement, en France, Rima Hassan, députée européenne LFI, est loin d’avoir subi de telles avanies, encore que l’on déplore à l’occasion des entraves à sa liberté de parole, notamment quant à une cause honorable qui touche la communauté internationale : celle de la Palestine, même si son système de défense est un peu terni par une apparente dénégation d’une autre cause, tout aussi honorable, mais apparemment inconciliable à ses yeux : celle de l’existence d’Israël.

Cela dit, on constate une impressionnante congruence idéologique entre Hassan et Davis au sujet de la liberté d’expression et des prisonniers politiques.

Au Parlement européen, Hassan a récemment voté contre une résolution transpartisane appelant le gouvernement algérien à libérer l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal; elle dénonce vertueusement une « instrumentalisation » concertée par la droite et l’extrême droite : y a apporté son soutien Marine Le Pen… Il s’ensuit qu’elle se désolidarisera de cette dernière si elle a l’audace de proclamer que la terre n’est pas plate.

Détail piquant, cette juriste, dont les racines françaises ne sont pas immémoriales, élue sous l’étiquette d’un parti aux prétentions humanistes et universalistes, nie à l’écrivain le « franco- » : son acquisition de la nationalité française, en 2024 est trop récente pour que l’on puisse parler d’écrivain  « français », même s’il s’exprime dans la langue de Voltaire.

Hassan est éblouissante comme critique littéraire.

A fortiori, elle n’a donc que faire d’auteurs comme Georges Simenon et Guillaume Appolinaire. Quant à la chanson « française », foin des Luc Plamondon et des Isabelle Boulay (compagne d’Eric Dupond-Moretti à la ville). Quelques rappels historiques instructifs supplémentaires : le poète de langue afrikaans, juif, et antiapartheid, Peter Blum n’obtint jamais la nationalité sud-africaine; et il faut croire que « Le procès » de Franz Kafka ne fait pas partie de la littérature « allemande » puisque l’auteur a opté pour la nationalité tchèque après 1918.

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Hassan, soutien du nationalisme algérien?

Par ailleurs, l’Algérie, bien représentée par sa lobbyiste Hassan, n’est pas la terre promise des historiens.

Depuis 1962, les incarnations successives du FLN ont su occulter le rôle de Messali Hadj dans le développement du nationalisme algérien. Est toujours formellement interdite toute évocation de la « décennie noire ». Mais il y a mieux.

Ou pire.

On réussit l’exploit d’effacer plus de 2000 ans de présence juive.

En effet, parlant d’ « instrumentalisation », le gouvernement vient d’interdire L’Algérie juive – L’autre moi que je connais si peu, de l’universitaire (franco-?) algérienne Hédia Bensahli, publié par la maison d’édition Frantz-Fanon (ainsi nommée en l’honneur du militant et psychiatre anticolonialiste), qui retrace l’histoire du judaïsme dans son pays, de l’Antiquité à l’indépendance, en 1962. Le ministère public l’accuse maintenant, sans rire, de porter atteinte « à la sécurité et à l’ordre public ainsi qu’à l’identité nationale » et de « colporter un discours de haine ». Rien que ça

A noter que le contentieux territorial entre l’Algérie et son voisin marocain relatif au Sahara soulève d’épineuses questions d’histoire… Peut-on espérer un sobre débat fondé sur des arguments rationnels ? Chose certaine, Alger ne rechigne pas à profiter des frontières imposées par le colonisateur (le colonialisme a ses bons côtés…) et peut compter sur les bons offices de la Franco-Palestinienne (ou Palestino-Française?) Rima Hassan, qui sera sans pitié pour son (nouveau) compatriote Boualem Sansal, lequel promeut – à tort ou à raison, mais avec insolence – la marocanité du Sahara.

On aimerait imaginer la psychanalyse de la passionaria tiers-mondiste Rima Hassan sur le divan de Frantz Fanon.

XV de France: une victoire peut-être en trompe-l’œil

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Antoine Dupont (capitaine de l'équipe de France) à l'initiative lors de la première journée du Tournoi de rugby des Six Nations. Le XV de France affronte le Pays de Galles, dans le Stade de France, à Saint-Denis, le 31 janvier 2025 © OLIVIER JUSZCZAK/SIPA

Le XV de France a infligé une correction au Pays de Galles (43-0) lors de son entrée en lice dans le Tournoi des Six Nations. Un score impressionnant, qui témoigne davantage des faiblesses galloises que de la toute-puissance française. Alors que les Bleus se préparent pour un « Crunch » décisif contre l’Angleterre, cette démonstration de force doit être relativisée…


Depuis Platon et son Mythe de la caverne, même si on l’oublie un peu trop souvent, on sait qu’il faut se méfier des apparences. Elles ne sont pas la réalité. Elles n’en sont qu’un reflet… souvent trompeur. Le sport, lui aussi, devrait ne pas déroger à ce prudent « principe de précaution » valable en toute chose et à tout instant.

Ainsi, certes, en match d’ouverture du tournoi des Six nations, au Stade de France, les Bleus ont infligé aux Rouges gallois, pas même fichus de marquer une pénalité, une cuisante raclée. Ils l’ont emporté par un 43 à 0. Ce score est le quatrième plus élevé, toutes compétitions confondues, du XV de France, après le 96-0 sur la Namibie en Coupe du Monde 20231, le 53-10 subi par l’Angleterre il y a deux ans lors du même tournoi, le 51-0 contre ces mêmes Gallois en 1998 lorsque celui-ci s’appelait encore des Cinq nations. Il se muera en Six nations en 2000 en incluant l’Italie qui, depuis, peine à céder la place de dernier qu’on appelle « la cuillère de bois ».

Difficile de tirer des conclusions de cette large victoire

Comme le suggère dans sa chronique dans L’Équipe de samedi dernier, Jean-Baptiste Elissalde, ancien demi de mêlée basque des Bleus, 35 sélections (2000-2008), cette insolente victoire grâce à sept essais dont trois imputables au « Mozart de l’Ovalie », Antoine Dupont, ne serait-elle pas en trompe-l’œil ? Pour lui, ce match a « davantage montré les faiblesses galloises – sans talent ni puissance – que la force française2. » Son propos a tempéré l’euphorie de la presque totalité des commentaires.  

« Les Gallois restaient sur douze défaites d’affilées3, poursuit-il. (…) Les Bleus n’ont pas eu à déployer trop d’effort pour les maîtriser, il suffisait d’attendre, de les laisser venir sans rater le plaquage. (…) Le jeu français s’est parfois résumé à cela : du travail des avants puis hop, une passe au pied. Puis encore du travail des avants et hop, une passe lobée. »

Donc, à ses yeux experts, «il reste difficile de tirer des conclusions de cette large victoire ». Il estime que la « véritable évaluation » aura lieu à Twickenham, samedi prochain, contre l’Angleterre. La rencontre s’annonce rugueuse, d’autant que le XV de la Rose a sérieusement bousculé le Trèfle irlandais dans son fief dublinois. Doubles tenants du titre, les Irlandais après une entame poussive l’ont emporté de justesse (27-22). Ils ont renversé un sort qui leur semblait contraire qu’en seconde mi-temps.

« … Ces derniers n’en menaient pas large » avant la pause, « bousculés, étouffés (…) par une Angleterre agressive, et solide comme un roc en défense », ce qui lui a valu de décrocher le bonus défensif, rapporte le chroniqueur du Parisien-dimanche, Axel Daillet4. Selon lui, les Anglais ont fait montre « d’une force de caractère qui va gonfler leur orgueil cette semaine afin de préparer au mieux la réception des Bleus à Twickenham » où leurs supporteurs savent donner de la voix en entonnant l’hymne national, « God save the King » et non plus « the Queen », et pour cause, Elisabeth II n’étant plus.

Le coq et la rose

Depuis 1981, la presse britannique a baptisé la confrontation France-Angleterre de « crunch » (craquement), ce qui a été traduit en français par « moment crucial ». En effet, si ce match ne fait pas du gagnant le vainqueur assuré du tournoi, le perdant sait qu’il a la certitude d’en être le vaincu. Mais cette année s’y ajoute une valeur symbolique. Le XV de la Rose doit tout mettre en œuvre pour laver l’humiliant affront de 2023 que le Coq gaulois lui avait administré. Il avait encaissé pas moins de 53 points, soit sept essais, six transformations et deux pénalités, lui n’ayant marqué péniblement que 10 points, soit un essai transformé et une chiche pénalité. L’année suivante, venus au Stade de France déterminés à prendre leur revanche, les Anglais s’inclinaient sur un amer 33-31. Donc pour eux, longtemps puissance dominatrice de ce tournoi dans ses deux formats de cinq ou six nations, une victoire s’impose. Surtout que le match se joue sur leur terre… Une défaite tournerait à la catastrophe nationale…

De leur côté, les Bleus ont la détermination d’en finir avec la malédiction qui les accable depuis 2020, année de la nomination de Fabien Galthié comme sélectionneur. Ils remportent pratiquement tous leurs matches mais ne conquièrent aucuns trophées. À la coupe du Monde de 2023 qui s’est jouée en France, lors du match d’ouverture, ils s’imposent par un très prometteur 27-13 devant les « invincibles » All blacks. Hélas, ils se font sortir sur un frustrant 28-29 en quart de finale par l’Afrique du sud qui remportera le titre mondial. L’an dernier, lors de ladite tournée d’automne, à l’issue d’un homérique duel, ils l’emportent encore devant ces mêmes Néo-Zélandais, de justesse, d’un tout petit point, à savoir 30 à 29.

Concernant le tournoi des Six nations, sur les cinq dernières éditions, ils en ont gagné qu’une en 2023 après avoir réalisé un grand chelem et se sont classés quatre fois second. Comme l’a dit Antoine Dupont avant le France-Pays de Galles : « Gagner 80% de nos matches mais ne décrocher aucun trophée, ça n’a pas de sens ». Donc le « crunch » de samedi prochain promet… 

  1. Le score le plus élevé de toute l’histoire du rugby a été réalisé en 1995 par la Nouvelle-Zélande contre le Japon, 145 à 17. Les All Blacks avaient marqué 21 essais soit une cadence d’un toutes les quatre minutes. ↩︎
  2. https://www.lequipe.fr/Rugby/Article/-la-vraie-evaluation-aura-lieu-a-twickenham-l-oeil-de-jean-baptiste-elissalde-apres-france-pays-de-galles/1536799 ↩︎
  3. Au classement mondial, le Pays de Galles occupe aujourd’hui la 11ème place, devancé par l’Italie et les Fidji. Pourtant, c’est la sélection qui partage avec la France le plus grand nombre de grand chelem du tournoi des Six nations, à savoir quatre, devançant l’Irlande trois et l’Angleterre deux. ↩︎
  4. https://www.leparisien.fr/sports/rugby/tournoi-des-6-nations/irlande-angleterre-27-22-amorphe-en-premiere-periode-le-xv-du-trefle-renverse-le-match-01-02-2025-DGVTAH4VFNFLVON2B27UCCBBOM.php ↩︎

Mélenchon se convertit au zemmourisme

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© ISA HARSIN/SIPA

La créolisation, vous en vouliez encore ? «Oui, M. Zemmour, il y a un grand remplacement. Oui, M. Bayrou, il y a un grand remplacement !» a déclaré le chef de file des islamo-gauchistes à Toulouse pendant le weekend. Selon lui, «des familles de quartiers populaires arrivent dans la ruralité, je dis à ces gens: cette partie du pays est à nous, la nouvelle France c’est la nôtre, c’est là que naîtront vos enfants et petits-enfants !»


Jean-Luc Mélenchon déteste la France française. Pour lui, la nation millénaire est en fin de vie. Elle doit laisser place à la « nouvelle France » islamisée. C’est une ode à la submersion musulmane qui a été clairement développée, vendredi et samedi à Toulouse, par le fossoyeur de la patrie (littéralement, « le pays des pères »). Lors d’une « rencontre nationale des quartiers populaires », destinée à mobiliser les abstentionnistes, le leader LFI a rappelé son but, devant un auditoire présumé être « né comme moi au Maghreb1 »« La France, c’est celle de la République ou ce n’est rien (…) Nous sommes à l’heure de la nouvelle civilisation à créer. Nous sommes la nouvelle France. Ce pays est à nous, à vous de vous l’approprier ». Tout en louant la « décolonisation algérienne » et en appelant à « libérer la société des chaînes du colonialisme et du racisme », Mélenchon a invité implicitement à la contre-colonisation. Pour lui, la bascule démographique, due à l’immigration extra-européenne, est irréversible. En appui au « grand remplacement » qu’il revendique, il a expliqué en substance : « La ruralité paysanne n’existe plus. La nouvelle ruralité n’est plus composée de Français de souche mais de ceux qui, poussés par la crise du logement, arrivent des quartiers populaires (…) Nous sommes le nombre ! Nous sommes le plus grand nombre ! Vous êtes les maîtres ! ». Pour lui encore, le droit du sol doit être automatique, sans attendre 16 ans. Dans son emballement à promouvoir la cause musulmane, il s’est même offusqué d’avoir entendu « critiquer le prénom du Prophète ». Mélenchon est prêt, pour assurer son destin politique auprès d’une France déracinée, à accélérer la table rase.

http://twitter.com/JLMelenchon/status/1885735993237495855

Les mots de Mélenchon ont un sens : ils sont une déclaration de guerre aux Français et à leur héritage occidental. Au regard de la définition de Malraux, « J’appelle Français ceux qui ne veulent pas que la France meure », le Ganelon se place en ennemi du peuple indigène, qu’il voue à une invasion de peuplement. Les ferments d’un possible affrontement civil sont dans ses encouragements à poursuivre la conquête territoriale entamée depuis cinquante ans, afin d’y ancrer une civilisation construite sur la soumission à la charia. Le chef « insoumis » est l’obligé d’une idéologie théocratique et totalitaire incompatible avec les libertés. Dans ce nouveau monde, le non-musulman est relégué à l’infériorité du dhimmi. « Un Français sur quatre à des ancêtres étrangers » se félicite le théoricien de la « créolisation », qui observe que « 40% des Français parlent aujourd’hui une langue étrangère ». Bref, Mélenchon veut euthanasier ce vieux pays trop enraciné. Au moins pose-t-il l’immigration dans sa dimension existentielle. Or, trois Français sur quatre sont encore d’origine française. 65% des sondés approuvent François Bayrou lorsqu’il parle de « sentiment de submersion ». Le peuple autochtone reste majoritaire. Le scénario d’un effacement n’est plausible que si les Français devaient persister à laisser leurs dirigeants baisser les bras devant les minorités agressives et ceux qui trahissent la nation. Hier, à Villeneuve-Saint-Georges, commune la plus pauvre du Val-de-Marne, Louis Boyard (LFI) a échoué (38,75%) devant la candidate LR, Kristell Niasme (49%), pour prendre la mairie. La résistance existe. Elle seule pourra reconduire s’il le faut les colonisateurs d’où ils viennent, afin de sauver « notre douce France emportée » (Aragon).

  1. Mélenchon est né au Maroc, en 1951 ↩︎

Villeneuve-Saint-Georges: pas si fort, Boyard!

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Louis Boyard, Villeneuve-Saint-Georges, 30 janvier 2025 © Idir Hakim/SIPA

Le jeune député LFI Louis Boyard a perdu l’élection municipale anticipée de Villeneuve-Saint-Georges dans le Val-de-Marne. Il réalise 38.75% des voix au second tour, dans une commune qui avait pourtant voté à 46% pour Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle de 2022, et à 61% pour lui à la députation en 2024. Un vrai fiasco ! Mais la gauche ne semble pas décidée à remettre en cause sa stratégie électorale communautariste pour autant. Analyse.


Pari perdu pour Jean-Luc Mélenchon et ses acolytes. Villeneuve-Saint-Georges leur échappe. La claque est d’autant plus significative qu’avec presque 40% de participation (39,67%) au second tour contre 33,5% au premier tour, LFI a pu constater que la perspective que la ville passe sous son contrôle a réveillé les électeurs. Ils se sont mobilisés en effet, mais contre Louis Boyard. Villeneuve-Saint-Georges ne quitte pas le giron des LR, souhaitons-lui néanmoins un meilleur avenir.

Ville-test

L’ambition de montrer « ce que pouvait être une ville insoumise » a échoué. 61,25% des électeurs l’ont refusé : 12,25% s’étant portés sur l’ancien maire, Philippe Gaudin, divers droite, les 49 % autres ayant donné le fauteuil de maire à Kristell Niasme (LR). Il faut dire qu’avec la composition de sa liste, un peu de dealers, de refus d’obtempérer, le tout saupoudré de barbus, Louis Boyard avait mis la barre haut. Il faut dire aussi que Boyard n’est pas l’Insoumis le plus crédible en tant qu’édile. Quoique, leur en reste-t-il en stock, depuis que la vocifération est le marchepied de la notoriété à LFI ? La claque est d’autant plus difficile que sur le papier, entre sa réserve de voix à gauche et la division à droite, le calcul n’était pas absurde.

D’ailleurs la ville n’avait pas été choisie au hasard. Ancienne municipalité communiste, historiquement à gauche, abritant beaucoup de familles de cheminots, la ville n’avait basculé à droite qu’en 2020. C’est une ville très pauvre, ravagée par les nuisances sonores du fait de la proximité d’Orly, où se logent beaucoup de familles immigrées. Cumulant quartiers ghettos, culture de gauche, difficultés économiques et frustrations sociales, la ville a été d’autant plus ciblée que les divisions à droite laissaient envisager qu’elle serait facile à conquérir. Y envoyer Louis Boyard faisait de surcroit de cette ville, une ville test. Autrement dit une ville structurellement destinée à tomber dans l’escarcelle de LFI du fait de sa composition en termes de population et d’une forte implantation musulmane (le Val-de-Marne est dans le viseur des islamistes, qui estiment qu’il est le deuxième département contenant la plus importante communauté musulmane après la Seine-Saint-Denis). Le rêve insoumis s’appuyait également sur les résultats faits par Jean-Luc Mélenchon aux présidentielles de 2017 et 2022 (autour de 46% des voix) et sur l’idée de miser sur les quartiers. Pas en allant chercher les habitants les plus méritants, mais en investissant dans les relais d’opinion sans être regardant sur leur mode d’action ou de prédation dans leur quartier ou au-delà. L’idée étant de mesurer l’existence d’une dynamique politique forte, autrement dit d’essayer de voir si avec la bonne étiquette (soit celle de LFI), même une chèvre sous stéroïde se ferait élire, pour peu que la composition de l’électorat coche certaines cases.

En tête au premier tour

D’ailleurs Louis Boyard était bien arrivé en tête au premier tour avec 24,89% des voix, au coude à coude avec Kristell Niasme, la candidate LR, arrivée en seconde position. Certes, seuls 92 voix les séparaient. Ce score était d’autant plus méritoire pour l’ancienne première adjointe qu’elle a dû gérer les comportements erratiques de l’ancien maire, revanchard et agressif et surtout incapable de prendre la mesure du rejet que son comportement avait suscité. Or si des élections partielles ont été convoquées, c’est parce que c’était le seul moyen qu’avaient trouvé ses colistiers pour mettre fin aux agissements de leur leader. L’un des derniers incidents ayant conduit à ces démissions en masse étant un salut nazi effectué lors d’une séance houleuse du Conseil municipal.

Très en colère, l’ancien maire, Philippe Gaudin, pourtant désavoué au premier tour dans les urnes, a choisi de se représenter. Il s’avérait ainsi un allié inespéré pour LFI, qui bénéficiait d’une triangulaire surtout néfaste pour son adversaire.

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Mais les divisions à droite n’auront pas suffi à assurer la victoire des Insoumis. Pas plus que les compromissions à gauche. En effet, la liste menée par le communiste Daniel Henry qui réunissait les écologistes et le PS (arrivée troisième au premier tour avec un score de 20,7%) a montré qu’elle avait l’estomac politique d’un doberman. Rien ne la dérange. Il n’y a pas eu d’accord de gouvernance, donc pas de fusion de listes, mais qu’à cela ne tienne, la liste PS/PC/Ecologistes a quand même apporté son soutien à l’Insoumis. Et peu importe que la liste de LFI abrite repris de justice et islamistes antisémites. Depuis le NFP, la gauche qui se croit encore républicaine n’a plus aucune ligne rouge morale, et est prête à défendre n’importe quoi. L’instrumentalisation de la haine des Juifs comme levier de mobilisation électorale ? La gauche le valide en acceptant l’alliance avec LFI ; La violence politique comme outil de déstabilisation sociale ? Validé aussi ; Permettre à des voyous violents et à des islamistes d’arriver au pouvoir ? Également validé. À ce stade, on se demande bien ce qui pourrait les rebuter…

Politique-fiction

D’autant que le résultat de tant de soumissions ne déclenche que l’ingratitude de celui qui les reçoit. À peine battu, Louis Boyard gratifiait les électeurs de Villeneuve-Saint-Georges d’un discours de victoire assez stupéfiant. Comme d’habitude à LFI, la fiction prend le pas sur la réalité. Dans cette nouvelle production, Louis Boyard, abandonné par la gauche traitresse (tout ce qui n’est pas LFI), s’est battu seul contre tous, tel Bayard à Roncevaux. Mais il n’a pas échoué sans gloire et son score dans l’adversité ouvre la voie à de nouvelles victoires. La réalité, c’est surtout que les reports n’ont pas été très bons (Boyard faisant moins de voix que l’addition des voix de sa liste et de la liste PC /PS /EELV au premier tour), et que la mobilisation s’est faite contre lui. En attendant, ses soutiens ont été symboliquement lapidés en place publique sans guère d’atermoiement.

Cela pourrait leur donner matière à penser… D’autant qu’avec la hausse de participation de 6 points qui a eu lieu entre le premier et le second tour, le message des électeurs est clair : la stratégie de la brutalisation et de la victimisation ne prend pas. On aimerait pouvoir croire que cette claque va servir de leçon et terminer cet article en espérant que la gauche comprenne que, si elle veut un jour retrouver le chemin des urnes, elle a intérêt à rompre avec le parti de Jean-Luc Mélenchon ; mais rien n’y pousse. Malgré tous les excès de LFI, la composition pour le moins provocatrice de la liste de Louis Boyard, celui-ci rassemble quand même 38,75% des voix. Quant à la gauche, elle a choisi une fois de plus la lâcheté et se retrouve perdante des deux côtés. La majorité des électeurs, elle, a choisi l’abstention. Cela peut laisser dubitatif sur l’état de santé général de notre système politique.

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Faites payer les riches !

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Image d'archive. Messieurs Alexandre et Bernard Arnault saluent Donald Trump, New-York, 9 janvier 2017 © Albin Lohr-Jones/SIPA

En France, être de gauche, c’est soit critiquer Israël, soit taper sur les riches – et quand il s’agit de Bernard Arnault, c’est « open bar ».


Une partie de la gauche se déchaîne contre Bernard Arnault. Et le reste se tait. C’est parce qu’en France, il y a deux façons de prouver qu’on est de gauche : soit taper sur Israël, ou plus si affinités, soit taper sur les riches. L’un n’étant pas toujours sans rapport avec l’autre, d’ailleurs…

Les riches sont renommés « super-riches », un terme qui évoque les aristos qu’il fallait pendre à la lanterne. Pensez : ils exploitent le peuple, ils polluent la planète… Tout ira mieux quand on en enverra quelques-uns se rééduquer à l’usine ou aux champs ! Ou quand ils partiront, comme l’a dit ce week-end Jean-Luc Mélenchon devant un parterre de bobos extatiques.

Rhétorique populiste gauchiste éprouvée

La polémique est partie du coup de gueule du patron de LVMH contre la surtaxation exceptionnelle des profits des grandes entreprises prévue dans le prochain budget. Ce dernier dénonçait une attaque contre le « made in France » et une « incitation à délocaliser », fort justement me semble-t-il. Cela n’a provoqué que ricanements et hurlements à gauche. Et en plus, il est pro-Trump ! Alors c’est l’ennemi idéal du genre humain.

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Le député de la Somme François Ruffin a une nouvelle fois confondu fiscalité personnelle et taxation des profits, en pointant la fortune de Bernard Arnault pendant que d’autres malheureux trimeraient pour un Smic. De son côté, Sophie Binet a estimé que les grands patrons coulaient le pays, et que leur seul moteur était l’appât du gain. Original ! Les rats quittent le navire, a-t-elle osé. La vérité, c’est que si la chef de la CGT et ses amis étaient au pouvoir, on serait effectivement beaucoup à songer au départ.

Est-il normal que les riches contribuent à l’effort national ?

1% des foyers payent 33% de l’impôt sur le revenu. On est le dernier paradis soviétique. « Le dernier pays où le communisme a réussi », disait Gorbatchev. Il faut certes lutter contre l’évasion fiscale, et peut-être taxer les dividendes. Je n’ai pas de religion là-dessus. Mais là, Monsieur Arnault ne parlait pas de ses riches qui pourraient être éventuellement taxés, mais bien des entreprises qu’ils dirigent. Dans ce budget, il n’y a pas une économie sur le social ou la bureaucratie, pas un emploi public supprimé. La seule recette que l’on a trouvée : surtaxer les entreprises qui gagnent de l’argent en France. Michel-Edouard Leclerc fait le gentil-patron-de-gauche qui tance Bernard Arnault mais il a lui-même installé sa centrale d’achat en Belgique à en croire la journaliste Emmanuelle Ducros.

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D’accord, la lutte des classes, ce n’est pas nouveau. Mais autrefois, dans cette lutte des classes, la gauche défendait tout de même l’outil de travail. Aujourd’hui, le mot «production» est absent du programme du NFP. Et Jean-Luc Mélenchon a eu un jour cette phrase merveilleuse : la dépense publique crée du bonheur. La France doit vraiment être un paradis.

Avec des relents robespierristes, tous ces gens flattent les passions tristes, l’envie, la jalousie. Leur seul programme consiste à d’avantage nous endetter, et à faire payer ces riches cupides et égoïstes (la preuve, Bernard Arnault a financé la reconstruction de Notre-Dame). Derrière cela, on observe une haine de l’excellence et du succès. Nous avons un fleuron français, qui fait rêver partout dans le monde, forme des milliers de jeunes, maintient des savoir-faire et réalise des profits : les Américains le draguent, ici on l’insulte.  Certains par crétinisme (je ne les citerai pas, par charité, mais ils croient véritablement à leurs âneries), d’autres par cynisme pur. Le silence-radio des socialistes qui n’ont pas tous cette excuse de la bêtise est assez misérable. Ils sont prêts à accélérer le déclin du pays pour grappiller quelques postes ou plaire aux médias convenables. Décidément, « gauche de gouvernement » est un oxymore en France.

Histoire comparée des religions selon France Télévisions

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Capture site France TV

Concernant l’oppression des femmes par les grands monothéismes, les scénaristes de fiction française osent l’amalgame…


Nous ne féliciterons et ne remercierons jamais assez nos lecteurs pour la vigilance avec laquelle ils suivent les programmes de télévision et lisent les articles de presse écrite. Une gratitude toute particulière pour ce lecteur qui a bien voulu nous alerter sur un élément de dialogue tiré d’une fiction policière diffusée sur la deuxième chaîne de la télévision publique française.

N’écoutant que mon courage (Il en faut parfois pour se farcir les fictions policières proposées par ladite télévision publique) je me suis précipité sur le programme en question. Un épisode de la série César Wagner, au demeurant ni pire ni plus enthousiasmante que bien d’autres. César Wagner, le héros, est un hypocondriaque de haute intensité, flanqué d’une femme médecin légiste agréablement fofolle et libérée. Comme il se doit.

Voici le point mis en exergue par notre lecteur. Un meurtre a été commis dans la communauté juive de Strasbourg. Il est donc nécessaire que la police se rende au Consistoire aux fins d’interrogatoire.

Un des policiers se tourne vers sa jeune collègue et lui demande si franchir le seuil de ce lieu lui pose problème.

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Réponse de l’intéressée : « Ouah, tu t’es dit Samia Belkacem (ainsi se nomme-t-elle), arabe donc antisémite ! Toutes les religions pour moi sans exception servent à opprimer les femmes et donc je m’en méfie, de toutes ! »

Bien sûr, ce docte moment d’histoire comparée des religions se trouve assorti d’autres insinuations ou affirmations wokistes compatibles, du genre : « C’est un vrai problème, l’identité sexuelle dans la police. » Ou encore de quelques considérations bien senties sur l’inutilité de la vidéo surveillance dans la lutte contre la criminalité. Rien que de très convenu sur cette chaîne, donc.

Revenons cependant sur le commentaire de la policière renvoyant dos à dos toutes les religions, cela, on l’aura compris, dans un relativisme lui aussi parfaitement wokiste compatible.

Évidemment, n’officiant pas au sein des instances de la télévision française de service public, je me garderai bien de prétendre atteindre un niveau de pénétration intellectuel le moins du monde comparable avec celui qui caractérise ses intervenants et auteurs. Je me contenterai donc du constat très basique que me permettent mes indigentes capacités d’observation et de réflexion.

Il me semble que, parmi les religions, du moins celles dont j’ai connaissance, il en existe une qui canonise des femmes et une qui en lapide. Voyez-vous, cette seule différence suffit à m’interdire de les renvoyer dos à dos, de les situer au même niveau. Mais peut-être que si je me mettais à regarder en boucle les programmes de notre service public de télévision j’y parviendrais un jour. Sait-on jamais ?

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La pensée unique sur la défensive

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Sophie Primas, François Bayrou et Elisabeth Borne, Paris, 3 janvier 2025 © Jacques Witt/SIPA

Les penseurs de travers, à l’épreuve du nez dans le réel…


Bonne nouvelle : la crise d’encéphalite, dont souffre le monde intellectuel français depuis des décennies, a trouvé son vaccin. Les penseurs embrumés, qui voient de la niaiserie à appeler un chat un chat, se montrent réceptifs à l’épreuve du nez dans le réel. Cette approche rudimentaire, expérimentée aux États-Unis, a déjà éteint quelques feux dans les cerveaux. Le remède contre la contagion utopiste s’annonce prometteur. Donald Trump en est le promoteur avec sa « révolution du réel ». Le nouveau président des États-Unis, qui a prêté serment le 20 janvier, n’est certes pas du sérail des clercs : les beaux esprits persistent majoritairement à ne voir en lui qu’un lourdaud. Néanmoins, sa force d’attraction révèle une excellence dans le passage à l’acte. Cette dextérité est moins sophistiquée que celle des vendeurs de nuages, mais elle est plus convaincante. Ce savoir-faire tient à un pragmatisme et à une indifférence aux morsures de la meute. L’affolement de cette intelligentsia, rétive à la piqure du terrain, laisse voir la fragilité de sa gonflette cérébrale.

Le politiquement correct se desserre

Le ralliement à Trump d’Elon Musk, Mark Zuckerberg et Jeff Bezos, pionniers géniaux de la Silicon Valley, illustre le chamboulement qui s’opère dans les hautes sphères des visionnaires. Il est vrai qu’il est devenu impossible de suivre la bêtise vaniteuse des anciennes « élites », tant leurs accusations rituelles en « fascisme » ou en « complotisme » ont obscurci les clairvoyances. Quand la ministre Aurore Bergé, qui sait prendre le vent, déclare (5 janvier, Europe 1–CNews) : « Ce n’est pas être d’extrême droite que de dire les faits », elle exprime une évidence qui, si elle n’a pas encore atteint son camp « progressiste », met déjà en péril la tyrannie des penseurs de travers, des marcheurs sur la tête, des déconstructeurs de ce qui fonctionne bien. L’offensive de la macronie contre les empêcheurs de ratiociner entre soi achève de caricaturer le pouvoir actuel en club vétilleux et intolérant. L’oligarchie politique découvre, avec la reconnaissance post-mortem des alertes visionnaires de Jean-Marie Le Pen, disparu le 7 janvier, son impuissance à maintenir la chape de plomb du politiquement correct et de ses charabias.

A lire ensuite, Elisabeth Lévy: Le « free speech » est devenu une arme des conservateurs, selon « Le Monde »

Entendre Emmanuel Macron, devant la conférence des ambassadeurs, accuser Musk d’être le fer de lance d’une « nouvelle internationale réactionnaire » dit son enfermement manichéen. Le Premier ministre, François Bayrou, revêt les mêmes « habits neufs du terrorisme intellectuel » (Jean Sévillia) lorsqu’il voit dans le patron de X (ex-Twitter) la figure du « nouveau désordre mondial ». De quoi ces camelots en pensées éclairantes ont-ils peur ? D’entendre les peuples gronder. La libéralisation des réseaux sociaux, qui subissaient les contrôles des Etats et le militantisme des vérificateurs de faits (« fact-checkeurs »), a été vue comme « une menace pour la démocratie » par Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale. La ministre du numérique, Clara Chappaz, a mis en garde contre les « fausses opinions ». Ces apparatchiks ont été rejoints par tout ce que la gauche compte de mal embouchés et de cagots. Les censeurs réclament, après CNews, le boycott ou l’interdiction de X. La presse de cour dresse ses listes de parias. Cette France-là a tourné le dos à Mirabeau. Il écrivit, dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ».

Musk lanceur d’alerte !

La crise de l’intelligence, liée à la peur des faits, a fait des ravages chez les décideurs. Leur univers paranoïaque les a amenés à assimiler la contradiction à un « propos haineux » méritant la sanction. Dans cette dystopie, le confort intellectuel ne tolère que la pensée unique. Pour ne pas désigner des musulmans, les viols de fillettes anglaises commis par des gangs pakistanais en Grande-Bretagne durant des années ont été occultés par la police, la justice et la presse avant que Musk ne s’en émeuve. Zuckerberg a avoué avoir cédé aux pressions du FBI et de la Maison-Blanche en imposant l’omerta de Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp) sur les magouilles du fils Biden en Ukraine, ou sur les effets secondaires du vaccin Covid. Le gouvernement français, incarnation du centrisme immobile, se montre incapable d’aborder les sujets existentiels pour leur préférer des marchandages entre partis afin d’assurer sa survie. Le petit monde pense petitement. Le lapsus de la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, proposant le 3 janvier à l’issue du premier conseil des ministres de rendre compte du « conseil municipal », a avoué l’étiage de la caste.

Comment s’étonner, dans ce contexte qui fait de l’impertinent esprit français une anomalie, de voir la santé mentale érigée en grande cause nationale ? (La suite sera à lire dans le magazine Causeur de février, mardi prochain pour les abonnés, mercredi chez le marchand de journaux)