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« Il faut en finir avec l’angélisme migratoire à Mayotte »

Immersion dans une île où l’immigration clandestine explose, les services publics sont submergés et l’insécurité règne. Dans son livre, notre ami médecin Alain Destexhe dresse un tableau accablant d’une situation incontrôlable, où la République perd pied.


Cet entretien a été réalisé avant que l’Assemblée nationale n’adopte le 6 février en première lecture la proposition de loi pour restreindre le droit du sol à Mayotte NDLR.


Causeur. Que faisiez-vous à Mayotte l’été dernier ? 

Alain Destexhe. J’ai travaillé pendant deux mois dans le centre de santé de référence pour tout le nord de Mayotte qui est situé à Dzoumogné. Là-bas il y a beaucoup de résidents illégaux, et la moitié des consultations sont avec des clandestins. Je connais bien la France, puisque j’y travaille, et l’Afrique, puisque je vis une partie de l’année au Rwanda. Et j’ai beaucoup travaillé en Afrique, notamment pour Médecins sans frontières… Et j’ai ressenti un choc culturel en arrivant à Mayotte, parce que je pensais quand même arriver plus en France qu’en Afrique… et en fait j’ai constaté que l’aspect africain dominait sur l’aspect, disons, français, métropolitain. Ce constat m’a alors poussé à écrire un journal puis un livre.

Effectivement, vous écrivez dans votre introduction : « j’ai rapidement été convaincu qu’il fallait partager l’expérience que j’ai vécue sur cette île déstabilisée par des vagues migratoires sans fin, et où l’État semble complètement dépassé. » Aimeriez-vous que votre livre ait quelque influence sur l’opinion publique ou nos décideurs ?

La seule option que j’entends de temps en temps dans la bouche des personnalités de droite, notamment de M. Retailleau, c’est la suppression du droit du sol à Mayotte. Je pense que c’est très insuffisant. Car le droit du sol est en réalité déjà (un peu) limité à Mayotte. La suppression du droit du sol, si j’y suis évidemment favorable, ne produira des effets qu’à moyen voire à assez long terme. Si le but final des résidents illégaux est effectivement d’obtenir à terme la nationalité française et l’accès à l’Europe, c’est aussi de bénéficier dans l’immédiat des services de soins de santé qui sont 100 fois meilleurs qu’aux Comores et qui en plus sont gratuits. C’est aussi de pouvoir scolariser leurs enfants, puisque la République essaie de scolariser tous les enfants en dessous de 18 ans. Et, c’est globalement un niveau de vie bien supérieur à celui des Comores. 

Si même la remise en cause du droit du sol n’est pas la solution, quelles seraient celles à envisager selon vous ? 

 J’ai identifié trois principaux facteurs qui s’opposent aujourd’hui au rapatriement des illégaux et de ceux qui continuent à arriver : 

Le premier, c’est le fait que partout en France, le séjour illégal n’est plus un délit. Autrement dit, pour arrêter des résidents illégaux, la gendarmerie ou la police peuvent faire des barrages routiers, mais ils n’ont pas le droit d’entrer dans ce qu’on appelle les « bangas », ces bidonvilles, ces habitations précaires où habite la grande majorité des résidents illégaux, ils n’ont pas le droit d’y aller. Alors qu’on sait qu’il y a des quartiers entiers qui sont composés à 100% de résidents illégaux. C’est une première restriction très importante. Il faudrait donc rendre à nouveau le séjour illégal comme un délit et renvoyer les clandestins. 

Quel est le second ?

Le deuxième facteur : le problème de la polygamie, laquelle est interdite théoriquement. Elle a été tolérée dans la période de transition lorsque Mayotte est devenue un département, mais aujourd’hui, c’est interdit. Or, elle demeure très répandue. Pour une femme comorienne ou malgache, le meilleur moyen d’obtenir une carte de séjour et accéder à la nationalité française, c’est de se faire faire un enfant par un Mahorais. Donc, l’enfant est français, puisque le père est Mahorais, et ces femmes obtiennent automatiquement une carte de séjour. 75% des femmes qui accouchent à l’hôpital sont des étrangères. Il n’y a que 17 % des enfants qui naissent à Mayotte dont les deux parents sont français !

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Enfin, vous pensez qu’il faut refouler les kwassas ?

Oui, il faut les refouler ces « kwassa-kwassa »1. La gendarmerie et la police aux frontières interviennent, mais elles ne sont capables que d’en arrêter deux à la fois en mer, pas plus. Et elles ne peuvent pas les renvoyer directement aux Comores. Elles les emmènent à Mayotte, dans un centre de transit où les gendarmes trient… Ils sont obligés de garder les mineurs et les malades. Les mineurs sont envoyés par leurs parents des Comores en sachant qu’ils ne vont pas être renvoyés. Et parmi les malades, il y a en fait beaucoup de faux malades. Dans le doute, tous ces gens sont admis. Il faut cesser cette pratique, et renvoyer tout le monde. Et puis surtout, pendant que la gendarmerie trie les occupants d’un ou deux bateaux, vous avez une dizaine de kwassas qui attendent à la limite des eaux territoriales pour s’y précipiter.

La République est vraiment trop naïve. Il faudrait prioritairement agir sur ces trois problèmes avec des moyens alloués correspondants. C’est-à-dire permettre d’arrêter les gens dans les bangas, interdire la polygamie, ne plus trier ceux qui arrivent pour se concentrer sur la surveillance des eaux territoriales françaises. Cela permettrait de renvoyer plus de monde, mais aussi d’intercepter tous ceux qui attendent pendant le tri pour arriver.

Il arrive quotidiennement des migrants qui viennent des Comores, de Madagascar et même de l’Afrique des Grands Lacs. Mais il s’agit d’une grosse proportion de Comoriens, n’est-ce pas ? 

Oui, les migrants sont majoritairement des Comoriens (environ 90 %). Le trajet depuis les Comores est relativement peu onéreux (150-200 €), tandis qu’il coûte environ 1 000 € pour les Malgaches et jusqu’à 3 000 € pour les Africains continentaux, qui passent par Dar es Salaam en Tanzanie. Ce coût est un frein pour certaines populations, mais le déséquilibre économique est tel que beaucoup prennent le risque. 

Vous avez été stupéfait de découvrir qu’un couvre-feu officieux s’installait dès 18 heures. 

Oui, et c’était avant le cyclone Chido. C’est ce qui m’a frappé. Je rentre de Nouvelle-Calédonie, où il y avait un vrai couvre-feu instauré par l’État à partir de minuit. Mais à Mayotte, il n’y a pas de couvre-feu officiellement. Sauf que personne ne circule plus à partir de la nuit tombée. Les habitants ont peur de se faire attaquer par des dakous..

Qui sont justement ces « dakous » ? 

Ce sont de jeunes délinquants souvent abandonnés par leurs parents et livrés à eux-mêmes. Cette situation est directement liée à l’immigration : les enfants nés sur place de parents en situation irrégulière renvoyés aux Comores sont souvent laissés à eux-mêmes et sombrent dans la délinquance.

Sur France Inter, le démographe Hervé Le Bras envisage que « Mayotte rejoigne les Comores ». Est-ce inéluctable ? 

M. Le Bras, c’est l’archétype du démographe qui s’appuie sur des chiffres pour démontrer le contraire de la réalité. C’est un « dénieur » professionnel, il n’a aucune crédibilité pour moi.

Aujourd’hui Mayotte est un département français il doit être traité comme les autres départements. Maintenant, je ne vous cache pas qu’il fallait peut-être se poser la question avant de faire de Mayotte un département français. C’était l’une des nombreuses décisions à l’emporte-pièce de Nicolas Sarkozy. 

Certes, on l’a demandé aux Mahorais qui le voulaient majoritairement. Toutefois, il eut été judicieux de la demander aussi aux Français de métropole.

Reste qu’aujourd’hui Mayotte est un département français et que les Mahorais se sentent français. Contrairement à la Nouvelle-Calédonie et au ressentiment des « Kanaks »2, il n’y a aucun sentiment anti-français ou anti-blanc à Mayotte. Les Européens ne représentent même pas 1% de la population, l’île est entièrement noire et musulmane. Les Européens sont ceux qui viennent travailler comme gendarmes, professeurs ou dans le domaine de la santé.

La plupart des enfants passent deux heures par jour à l’école coranique avant ou après l’école de la République, apprend-on en vous lisant. Est-ce un problème pour l’intégration de cette jeunesse dans notre système républicain laïque français, selon vous ?

Oui. Tous les enfants vont à l’école coranique deux heures par jour. L’islam mahorais était tolérant, mais l’influence des madrassas3 et des prédicateurs d’Arabie Saoudite et du Golfe pourrait le radicaliser. Il faut être vigilant sur ce point. Certaines associations locales s’inquiètent d’ailleurs de l’influence croissante de courants plus rigoristes.

Un système éducatif qui est potentiellement en crise, un système de santé débordé par les migrants, le choc du cyclone, un taux d’homicide à Mayotte qui est cinq fois plus élevé qu’en métropole. La situation est pour le moins alarmante… 

La France a aussi construit des infrastructures magnifiques à Mayotte. Il faut voir le centre de santé où je travaillais, il est au niveau des infrastructures en métropole. Les écoles, aussi. Ce n’est pas comme si l’État n’avait rien fait. Il y a des terrains de foot, des salles de sport, des centres culturels. Les infrastructures sont bonnes, mais débordées par l’immigration. C’est sur le contrôle de celle-ci que doit se porter l’effort en priorité. C’est ce que demandent les Mahorais.


Alain Destexhe « Mayotte : comment l’immigration détruit une société » Editions Texquis, 102 pages.

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  1. Kwassa-kwassa (ou kwasa kwasa) est le nom comorien d’un type de canots de pêche rapides de 7 à 10 m de long pour 1 m de large, à fond plat et équipés aujourd’hui d’un ou deux moteur(s). On parle aussi de « drame des kwassa » pour parler des personnes qui périssent chaque année en tentant de se rendre sur l’île de Mayotte, de manière illégale et dont la traversée de 70 km dans un bras de mer est réputée pour être particulièrement périlleuseentre Anjouan et Mayotte. ↩︎
  2. Le peuple kanak (anciennement épelé canaque) est un peuple autochtone mélanésien implanté en Nouvelle-Calédonie, collectivité territoriale française du Pacifique Sud. Il constitue 41 % de la population totale de l’archipel, ainsi que la population majoritaire de la province Nord (72,2 %) et de la province des îles Loyauté (94,6 %). ↩︎
  3. Madrassa ou école coranique, est une école théologique musulmane sunnite, où un prédicateur prêche. ↩︎

Merwane Benlazar: l’habit fait Anne-Élisabeth Lemoine

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Concernant le nouveau comique de France 5, certains ont du mal à séparer l’homme de l’artiste, note notre contributrice.


Dernière minute ! La ministre de la Culture Rachida Dati a annoncé mercredi au Sénat que l’humoriste Merwane Benlazar ne reviendra pas sur France 5, qualifiant ses propos passés sur les réseaux sociaux de « scandaleux ». Elle a indiqué que France Télévisions avait « tiré les conséquences » des déclarations de l’humoriste, et qu’il « ne sera plus à l’antenne ».

Vous n’avez pas pu y échapper. Il est l’une des stars des réseaux sociaux depuis son passage à la très convenue émission de France 5 : C à vous (alors oui, vu que c’est sur le service public, on vous le confirme, c’est bien à nous), il vous a frappé (non pas d’un coup de couteau, ça suffit les fachos, on vous voit venir !) avec son look de salafiste décontracté : il s’agit de Merwane Benlazar qui fait couler bien des tweets au moment précis où lui-même (hasard, coïncidence ? Je ne crois pas, comme disent les complotistes) a restreint son compte. La peur du succès sans doute…

Capture France 5.

On avait dit : pas le physique…

Depuis quand évoquer, sur X, la charia pour diriger sa vie, enjoindre ses « sœurs »à rester auprès de leur père ou leur mari, prôner une foi ostentatoire en fustigeant sa limitation à la sphère privée et accompagner ses tweets de citations empruntées au site salafislam.fr, auraient un quelconque rapport avec l’islamisme ? Il faut séparer l’homme de l’artiste. Du reste, notons que les propos de Merwane Benlazar n’enfreignent, semble-t-il, aucune règle et qu’il est en droit de penser ce qu’il veut quant à sa façon de pratiquer la religion. Alors pourquoi désormais les dissimuler ?

Las, il ne nous reste que ses chroniques sur France Inter pour goûter sa prose issue de l’humour communautariste façon Jamel Comedy club. Les policiers y sont naturellement tueurs et racistes, la France farouchement anti-islam, les Français des « porcs » qui se rincent l’œil auprès de décadentes prétendantes miss France en maillots de bain.

Il n’en suffisait pas plus pour que le pauvre Merwane se voit jeté en pâture à des beaufs mateurs de bikinis, le jugeant hâtivement au vue de son accoutrement alors que, comme on l’a vu plus haut : au-cun rap-port. On peut plaisanter avec tout, mais attention : pas le physique et pas les fringues, on a dit.

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On critique son look ? C’est parce qu’il est arabe. Le problème est qu’il est présent sur les émissions du service public pour les mêmes raisons et cela relève de la discrimination. Positive diront certains, mais discrimination tout de même.

En effet, il y avait un relent de post colonialisme sur le plateau de C à vous qui mettait mal à l’aise : il semblait qu’Anne-Elisabeth Lemoine et ses comparses exhibaient Merwane Benlazar comme un indigène lors de l’exposition coloniale de 1931, le flattant, riant exagérément à des saillies qui n’avaient rien de drôle, l’encourageant comme on le fait quand le petit dernier tente péniblement de souffler trois notes sur son pipeau devant la famille, contrainte d’applaudir alors même qu’elle n’a jamais eu autant besoin de boules Quies de toute son existence.

On a frôlé la standing ovation à la fin de la chronique au moment où, dans un grand « bravoooo » puéril lancé par une Anne-Elisabeth survoltée, l’objet du spectacle remerciait son auditoire, visiblement satisfait du devoir accompli.

Extase woke

Madame Lemoine n’en pouvait plus de s’extasier devant ce souffle d’exotisme venu d’outre-Périph, aux douces fragrances de sable chaud séquano-dionysiennes. Ce réflexe de petite bourgeoise pensant transgresser les règles d’une société qui la dépasse lui donne des frissons à peu de frais, les mêmes, sans doute, que la très bien-pensante Pascale Clark eut quand elle promut jadis Yassine Belattar dans une émission quotidienne, lui offrant l’occasion de cracher copieusement sur la France.

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C’est évidemment très humiliant d’être ainsi essentialisé et témoigne du racisme des auto-proclamés anti-racistes mais Merwane n’en a cure : il a très bien réussi son petit coup. Il a joué sur les codes vestimentaires et ceux de l’humour, une ambiguïté qui permet à l’entrisme de se faufiler en douceur dans le quotidien.

Ils sont là, autour de lui, conquis, dégoulinants de bienveillance et de culpabilité occidentales. Le soir même, il le sait, les réseaux sociaux parleront de lui, de sa « foi » ostentatoire qu’il pourra dissimuler derrière un autre habit : celui du regard d’une société supposée raciste qui le jugerait à l’adéquation entre son apparence et son origine. Exit son talent, la question ne sera pas de savoir s’il en a ou pas, il sera une victime et il faudra renouveler l’expérience pour forcer la norme.

Bref, jouant les faux jeunes premiers, implorant l’indulgence devant « sa première chronique télé », Merwane Benlazar a brossé le service public dans le sens du voile.

Saint Paddington

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Paddington revient cette semaine au cinéma pour le bonheur des petits et des grands. Toute la famille Brown part au Pérou retrouver la chère tante Lucy qui séjourne dans la maison des ours, EHPAD réservé aux plantigrades âgés. Cette comédie d’aventure bourrée de sentiments à la marmelade élève la bonté au rang de parabole. Un cinéma christique qui fait du bien, un joli baume au cœur en ce mois de février


Paddington ne règlera pas la faim dans le monde, ni les guerres lasses, encore moins les budgets en godille et les fièvres partisanes. Il a beau posséder désormais un passeport britannique dûment tamponné et validé ; son assimilation, après quelques ajustements, fut un modèle d’intégration, il a adopté le duffle-coat réglementaire et la politesse proverbiale des sujets de Sa Majesté ; ses voisins lui ont même offert un parapluie, le même que portent les lords dans Savile Row, il n’en demeure pas moins un jeune ours devant la férocité du monde.

La veulerie, la jalousie, l’intérêt si ce n’est celui des oranges, la malhonnêteté, l’amertume lui sont des sentiments totalement étrangers. Nous aimons Paddington car il est un Saint farceur plein de poils, qu’il est gentil avec les personnes âgées et aussi avec les méchantes, et qu’il est d’une sincérité désarmante. Il ne se cache pas derrière un masque. Il parle au premier degré. Il n’anticipe pas les réactions de ses interlocuteurs. Sa droiture morale nous intrigue. Sa probité nous émeut. Il ne voit pas le mal, et c’est le mal qui se fracasse dans cette boule de tendresse. Alors bien sûr, on peut trouver ça charmant et un peu larmoyant, sourire d’un divertissement grand public ; certains y verront même des messages sur l’identité et la cohabitation parfois douloureuse entre pays d’origine et pays d’adoption, car le nouveau Paddington de 2025 dessine, à coups de pattes, les sujets sociétaux qui nous animent. Mais là, n’est franchement pas l’essentiel.

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Au-delà du mantra fraternel véhiculé par ses différentes histoires, Paddington incarne toujours une forme de pureté qui nous étonne, tellement nous sommes habitués aux visées machiavéliques des Hommes. Il n’a pas été touché. Il n’a pas été inoculé par le poison de l’individualisme et de la défaite. Il possède la foi des innocents ce qui nous met mal à l’aise, donc on la délégitime avec des artifices, on l’infantilise. La raison ne suffit pas à expliquer pourquoi Paddington nous montre un chemin, du moins un horizon nouveau qui ne serait pas animé par le calcul et le profit immédiat. Paddington nous nettoie l’esprit par sa fraîcheur et son absence de dogmatisme. Il est bon, non par nécessité ou trucage, il est naturellement bon. On sait que chez les Hommes cette qualité est rare, donc on l’observe avec joie, et aussi un peu de crainte chez cet ours chapeauté de rouge. Il dérégule nos systèmes de pensée. Il est à la fois une sorte de purificateur et de pacificateur ; dans une époque furibarde, passer deux heures avec Paddington dans une salle de cinéma, c’est déjà emprunter la voie de la rédemption. Paddington est au-dessus de la politique, sa mission dépasse les clivages. Il n’est le militant d’aucune cause si ce n’est la quiétude des siens et des autres. Altruiste, Paddington ne se victimise pas, il tente d’avancer dans la vie en se comportant, non pas comme un exemple, une référence, juste comme quelqu’un de « bien », ce sont les autres qui devant sa détresse succombent à sa bouille d’ange. Il leur remet les idées à l’endroit. Paddington serait-il un naïf qui arriverait seulement à ses fins par sa maladresse et sa chance ? Paddington est la volonté même. Les difficultés qu’il rencontre, ne l’arrêtent jamais. Il est courageux et sensible, ce qui fait de lui un être à part, une sorte de guide sans autoritarisme. Nous en sommes convaincus, avec Paddington, il ne peut rien nous arriver, il aura toujours au fond de lui, un sandwich et une lumière. Même perdu dans la jungle amazonienne, cette lumière brille toujours.


Paddington au Pérou – en salles depuis mercredi. 106 minutes.

Sous tutelle, vite!

Le modèle social français, fragilisé par un vieillissement démographique inquiétant, se trouve au bord du gouffre. Notre système de retraites par répartition est devenu une utopie.


Les nouvelles du front démographique français révèlent l’aporie du (merveilleux) modèle social hexagonal : 663 000 naissances seulement en 2024. Autrement dit, 3,4 actifs pour un retraité en 1960 ; 1,35 aujourd’hui et, à ce rythme, moins d’un en 2050. Intenable ! Le maintien d’une retraite par répartition, déjà mis à mal par le vieillissement de la population relève désormais, sans exagération, de la pure science-fiction.

Le taux d’épargne record de nos concitoyens prouve qu’ils en sont, in petto, conscients. Mais ils sont comme ces enfants qui font semblant de continuer à croire au père Noël pour ne pas compromettre l’arrivée des cadeaux – la retraite le plus tôt possible. Que la majorité de la représentation nationale les conforte dans ce rêve démontre moins son incompétence que sa profonde lâcheté. Considérant comme impossible de se faire élire sur la promesse d’une réforme drastique des retraites (14,2 % du PIB chez nous, 10 % ailleurs, soit 120 milliards de moins !), nos élites ont adopté sur ce dossier, comme sur l’ensemble des dépenses publiques, une pensée de type chamanique : impossible est français.

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La mise sous tutelle par le FMI, la BCE (ou n’importe quel organisme de niveau BEPC) constitue désormais notre seul espoir crédible. Ce tuteur permettra de ramener les dépenses publiques dans la moyenne de la zone euro – soit 300 milliards d’économies nécessaires – et non 30 pourtant déjà introuvables selon nos chamanes. Mieux encore, elle donnera l’occasion à nos veules dirigeants de chouiner en expliquant au bon peuple que c’est pas de leur faute, que c’est les méchants du FMI qui les forcent à faire des réformes atroces. Au prix, certes, d’une ultime humiliation.

Mais quand on s’est déjà fait virer de l’Afrique et qu’à Bruxelles on a plus de considération pour Malte que pour Paris, on n’est plus à une humiliation près.

Gros Dédé, victime collatérale du «grand remplacement»?

Sous l’effet de l’immigration de masse, la mafia marseillaise a évolué vers une criminalité plus jeune, ultra-violente et moins structurée, où des tueurs inexpérimentés sont recrutés via les réseaux sociaux. La « DZ Mafia » rompt avec l’ancienne génération du banditisme, marquée par des figures historiques et des codes plus établis. L’assassinat en pleine rue d’André Cermolacce, bandit à l’ancienne, traduit cruellement ce changement.


Gros Dédé a été grand-remplacé. Mardi, André Cermolacce, vieux truand corse (70 ans) reconverti officiellement dans la limonade, a été assassiné à Marseille de trois balles dans la tête. Le jeune sicaire cagoulé s’est enfui en trottinette électrique. Gros Dédé se présentait comme le « Johnny Hallyday du milieu ». Proche des parrains Francis le Belge et Jacky Imbert aujourd’hui disparus, il a été victime de la montée en puissance des nouveaux gangs issus de l’immigration maghrébine. Commentant le meurtre du bandit prétendument rangé des voitures, un policier de la PJ explique, ce mercredi dans Le Parisien : « Il finit comme une vulgaire petite main du trafic de cité, abattu sans doute par un jeune jobber (intermittent du trafic de drogue) qu’un caïd à téléguidé1 ». Les regards se tournent vers la DZMafia, organisation criminelle clandestine qui gérerait, à Marseille et ailleurs, les cartels de la drogue, en lien avec des réseaux islamisés. Avec Gros Dédé disparait aussi, dans ce grand banditisme de jadis, un relatif code d’honneur construit sur la parole donnée. Désormais, le gangsterrorisme semble avoir acquis un monopole territorial sur la contre-société marseillaise. Cet épisode, certes anecdotique, illustre néanmoins la dynamique de l’immigration extra-européenne, y compris dans ses aspects les plus criminels. Le « grand remplacement », que revendique à son tour Jean-Luc Mélenchon après Renaud Camus et Éric Zemmour, n’apporte pas seulement un autre « mode de vie », comme s’en est félicité Eric Coquerel (LFI) ce mercredi sur Europe 1. Ce bouleversement démographique et culturel place la France sous la coupe de cartels et de mafias qui visent à déstabiliser l’Etat.

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Le terme de submersion, employé timidement par François Bayrou pour n’y voir qu’un « sentiment », est d’ailleurs impropre. En réalité, la France subit une invasion migratoire. Les chiffres de la Direction des étrangers en France (ministère de l’Intérieur), publiés mardi, montrent que les seuls titres de séjour ont été en augmentation de 1,8% en 2024 (336.000), sans compter les demandes d’asile ni les arrivées clandestines. La puissance de la communauté algérienne ou d’origine algérienne en France (généralement estimée à 6 ou 7 millions de personnes) permet dès à présent au président algérien Tebboune, dans L’Opinion de lundi, de récuser certains de ses interlocuteurs, comme Emmanuel Macron ou Bruno Retailleau, pour leur en préférer d’autres plus conciliants, comme Dominique de Villepin ou Jean-Pierre Raffarin. Alors que Tebboune retient en otage l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, il se permet également de menacer le RN, coupable de ne pas se soumettre aux exigences du néo-colonisateur. Tebboune explique : « Il y a encore dans l’ADN de ce parti des restes de l’OAS pour laquelle il fallait tout régler par la grenade et les attentats ». Il s’inquiète, si Marine Le Pen arrive au pouvoir : « Veut-elle une nouvelle rafle du Vel d’Hiv et parquer tous les Algériens avant de les débarquer ? ». Ces outrances, venant d’un dirigeant qui appuie le communautarisme islamique et ses déviances judéophobes, sont celles d’un homme qui se croit, en France, en terrain déjà conquis.

Pendant ce temps, la classe politique se passionne sur le prochain budget, qui perpétue tous les maux français liés à l’Etat tentaculaire. C’est lui qu’il faut vite remplacer.


  1. https://www.leparisien.fr/faits-divers/grand-banditisme-la-chute-du-gros-dede-le-johnny-hallyday-du-milieu-abattu-de-trois-balles-a-marseille-04-02-2025-VAFSQYOC35BODJE6UYFQVLJGEU.php ↩︎

La mort d’Elias et le déni des cultures

La délinquance, et ce que certains appellent l’ensauvagement de la société, ne s’expliquent pas seulement par des facteurs juridiques ou socio-économiques. Il faut aussi tenir compte des influences culturelles qui façonnent la perception des « autres ». Certains groupes peuvent parfois tolérer, voire encourager, des comportements agressifs envers ceux qui ne font pas partie de leur communauté.


La mort d’Elias, adolescent de 14 ans tué pour un portable par un multirécidiviste connu pour sa violence1, a une fois de plus remis dans le débat public la question de la délinquance, notamment des mineurs et tout spécialement sous le double aspect de l’efficacité discutable de la réponse pénale d’une part, et d’autre part du lien – que certains affirment et que d’autres nient farouchement – entre immigration et délinquance. Mais, un troisième aspect est encore passé sous silence par presque tous les intervenants, alors qu’il est crucial : on ne peut pas lutter efficacement contre des razzias si on s’obstine à les confondre avec la délinquance classique. Ou si vous préférez : Surcouf était un corsaire, et ce n’est pas la même chose qu’un pirate.

Déterminismes

Je ne m’étendrai pas ici sur la question de la réponse pénale, et me contenterai de citer le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau : « La justice des mineurs en France est un véritable fiasco ! » Notons que dans ses déclarations, le ministre reprend nombre d’excellentes idées développées par le docteur Maurice Berger, et notamment celle de « butée » : voilà une lucidité bienvenue. Pour approfondir, je renvoie notamment le lecteur aux études de l’Institut pour la Justice2, et bien sûr aux articles du collectif « Au nom du peuple »3.

En ce qui concerne le lien entre immigration et délinquance, rappelons avant tout qu’il est question de tendances générales, et non d’un déterminisme selon lequel toute personne de telle ou telle origine serait nécessairement un délinquant – idée absurde que personne ne défend, mais que la gauche attribue volontiers à ceux qui osent voir ce qu’ils voient. Tous les gens sérieux savent bien que les réalités statistiques n’abolissent pas le libre-arbitre des individus, et tous les gens sérieux savent aussi que la réalité du libre-arbitre individuel ne doit pas servir d’excuse pour refuser de voir les grandes tendances.

A lire aussi, Elisabeth Lévy : La France à cran d’arrêt

Là encore, mon propos n’est pas de revenir sur ce qui a été déjà souvent traité, du livre d’Hugues Lagrange Le déni des cultures aux synthèses indispensables de Marc Vanguard4, en passant par les études toujours remarquables de l’Observatoire de l’Immigration et de la Démographie5 et les travaux du docteur Berger sur les cultures de la honte et les cultures de la culpabilité. La sur-représentation statistique de certaines immigrations extra-européennes dans les crimes et délits, dans toute l’Europe occidentale, y compris une fois écarté le facteur socio-économique, est une observation factuelle parfaitement documentée. Et insistons : il s’agit de certaines immigrations, et non de « l’immigration ». Ainsi, statistiquement, les personnes issues de cultures confucéennes (Chine, Japon, Viêt-Nam, Corée….) s’intègrent aisément dans les sociétés occidentales, n’y caillassent pas les pompiers, et y réussissent très bien socialement, mieux même que les Occidentaux « de souche ».

Il convient cependant de compléter ces constats et ces analyses en attirant l’attention sur la distinction trop souvent oubliée, alors qu’elle est présente dans toutes les cultures, entre la délinquance au sein d’un groupe humain, et les comportements prédateurs auxquels peuvent se livrer les membres de ce groupe au détriment de personnes qui n’en font pas partie.

On parle normalement de délinquance lorsque des membres d’une société violent ses règles pour se livrer à la prédation au détriment d’autres membres de la société en question. Quand Robert Surcouf attaquait des bateaux anglais pour servir les intérêts de la France, ce n’était pas de la délinquance, alors que ça en aurait été s’il avait attaqué des bateaux français, ou si un bandit anglais avait attaqué des navires anglais : c’est toute la différence entre un corsaire et un pirate.

Les groupes humains, quels qu’ils soient, distinguent le comportement que leurs membres doivent adopter entre eux du comportement qu’ils doivent adopter vis-à-vis de ceux qui ne font pas partie du groupe. C’est, par exemple, le sens de la notion de citoyenneté : les citoyens ont les uns envers les autres des devoirs de solidarité qu’ils n’ont pas envers les non-citoyens.

Violence et archipellisation

Pour le sujet qui nous occupe, il se trouve que certaines sociétés humaines condamnent les comportements de prédation (meurtres, viols, mutilations, vols, destructions de biens, etc) non seulement entre membres de cette société, mais aussi quand ils ont pour victimes des personnes étrangères à celle-ci. D’autres sociétés condamnent ces comportements en interne, mais les tolèrent (plus ou moins ouvertement) lorsque les victimes leur sont extérieures. Et d’autres encore condamnent ces comportements en interne, mais les encouragent lorsqu’ils se font au détriment de personnes extérieures au groupe (ou du moins au détriment de certaines cibles précises, désignées comme des proies légitimes, souvent sur des bases « raciales » ou religieuses) – en particulier lorsque cette prédation permet un « ruissellement » du butin, détourne vers l’extérieur une agressivité que le groupe peinerait à gérer en interne, ou se transforme en levier de pouvoir politique.

En plein IXème siècle en Scandinavie, si un viking assassinait un membre de son propre clan pour le voler, c’était de la délinquance, et l’assassin était jugé et sévèrement condamné. Mais ce n’était pas du tout la même histoire si ce viking, participant à un raid dans le royaume du Wessex, tuait un moine saxon en pillant son abbaye ! De même, si un moine du Wessex était assassiné par un paysan saxon du village voisin voulant lui voler son crucifix, ce n’était pas du tout la même chose que si ce moine était tué par une bande de vikings lors d’un raid. Jamais le roi Aelfred le Grand n’aurait songé à répondre aux incursions vikings en se disant « décidément, les paysans saxons sont de plus en plus violents » – ce qu’il se serait dit, en revanche, s’il avait constaté que de plus en plus de moines se faisaient agresser par ses propres sujets.

A lire aussi: Gros Dédé, victime collatérale du «grand remplacement»?

Le point clef, c’est que Thorstein le viking, qui a tué Ecbert le moine lors du pillage de l’abbaye de Runcwuda, n’était probablement pas une brute sanguinaire incapable de contrôler ses pulsions, mais plutôt un homme ayant reçu une bonne éducation selon les coutumes des vikings, un homme respectueux des lois de son peuple et des décisions de son jarl, à qui il ne serait jamais venu à l’idée d’assassiner, de violer ou de voler quelqu’un de son clan. Thorstein n’a pas manqué d’autorité parentale, ni échoué à intérioriser la notion de norme, ni souffert de la pauvreté, et ses grands-parents n’avaient pas pour slogans « il est interdit d’interdire » ou « ni Ases ni maître ». Pourtant Thorstein a tué Ecbert, pillé son abbaye et ravagé le village voisin. Et si le roi Aelfred veut empêcher Thorstein et ses compagnons vikings de revenir tuer d’autres moines, piller d’autres abbayes et ravager d’autres villages, il va devoir s’y prendre autrement qu’en incitant ses sujets saxons à déposer les armes, ou en se lamentant sur « la violence des jeunes » sans faire la différence entre les jeunes paysans du Wessex et les jeunes guerriers de Scandinavie.

Alors bien sûr, tous les Danois ne rêvent pas de tuer des moines et de brûler des abbayes. Hier comme aujourd’hui, les généralités statistiques et les grandes tendances anthropologiques ne sont pas des déterminismes absolus qui suffiraient à condamner tous les individus de telle ou telle origine, de telle ou telle société, de tel ou tel groupe. Et heureusement ! Il n’en demeure pas moins que la distinction entre « les nôtres » et « les autres » est une composante essentielle de toutes les cultures humaines, que toutes les cultures ne gèrent pas du tout cette distinction de la même manière, et que cela a des conséquences partout où plusieurs cultures différentes se côtoient.

Évidemment, la distinction culturelle entre « ce que l’on peut faire aux nôtres » et « ce que l’on peut faire aux autres » n’est que l’un des multiples aspects des comportements délictuels et criminels. Je la crois cependant essentielle, à un moment où l’archipellisation des sociétés de l’ex-« bloc de l’Ouest », toutes devenues de facto multiculturelles, est de plus en plus marquée. On peut évoquer le racisme anti-Blancs à Crépol. Ou la déshumanisation totale des femmes non-musulmanes par les « grooming gangs » pakistanais en Grande-Bretagne (victimes non-musulmanes, et pas seulement Blanches : rappelons que les fillettes de la communauté Sikh faisaient aussi partie des cibles initiales de ces gangs de violeurs, mais que les Sikhs, eux, ont su s’organiser pour protéger leurs enfants). Ou, bien évidemment, l’explosion des actes antisémites depuis le 7-Octobre 2023. Penser les manières très variables dont les différentes cultures présentes sur notre sol reconnaissent – ou non – la dignité et les droits de ceux qui ne sont pas « les leurs », est un facteur qu’il n’est plus possible d’ignorer si l’on veut comprendre et combattre efficacement les comportements prédateurs couramment regroupés sous le terme de « délinquance ».

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  1. https://www.lefigaro.fr/actualite-france/meurtre-d-elias-le-parcours-judiciaire-edifiant-des-agresseurs-20250129 ↩︎
  2. https://www.institutpourlajustice.org/a-propos/ ↩︎
  3. https://www.causeur.fr/author/au-nom-du-peuple ↩︎
  4. https://x.com/marc_vanguard/status/1883155488575197316 ↩︎
  5. https://observatoire-immigration.fr ↩︎

Jean Moulin à Saint-Germain-des-Prés

On n’aura rarement autant parlé du déjeuner des best-sellers de L’Express que cette année. La présence de Jordan Bardella parmi les convives a provoqué une vague de désistements d’auteurs qui refusaient d’apparaître sur la traditionnelle photo de groupe, laquelle n’a finalement pas été prise cette année. Le commentaire d’Elisabeth Lévy.


Plusieurs écrivains boycottent le déjeuner des best-sellers de L’Express cette année. La liste des meilleures ventes de l’Express est une institution dans le milieu de l’édition. On regarde cela chaque semaine avec beaucoup d’attention. Elle est donc prolongée par le déjeuner des best-sellers, les « gros vendeurs », pour parler la langue de Molière. Ce déjeuner n’honore pas le talent mais le succès (qui peuvent aller ensemble). On pourrait critiquer cette logique qui place Rika Zaraï au-dessus de Houellebecq. Mais si plusieurs stars de la République des Lettres sèchent cette année les agapes, c’est à cause de Jordan Bardella qui, avec 140000 exemplaires vendus de Ce que je cherche, a gagné son couvert…

J’ai été étonnée de trouver dans cette liste Kamel Daoud, Prix Goncourt 2024, dont le courage intellectuel et politique est pourtant connu. Sinon, parmi les autres absents la presse cite David Foenkinos, Gaël Faye, Joël Dicker ou Franck Thilliez. Ils ne mangeront pas avec le diable même avec une longue cuillère.

En effet, après le repas, une photo de groupe est prévue. On ne peut pas empêcher Jordan Bardella d’écrire et de vendre, mais boire du champagne avec lui, jamais ! Des fois que ses idées soient contagieuses. Un Jean Moulin de Saint-Germain-des-Prés confie anonymement à Libération : « Pas question de banaliser le mal ». La banalité du mal, Arendt, Eichmann, Hitler. Rien que ça.

A lire aussi: «Toutes pour une»: dissection d’un film mort-né et d’un système mortifère

Le pire, c’est que tout cela est évidemment du cirque. Aucun des boycotteurs ne croit que M. Bardella est vraiment dangereux. Ils ont peur du qu’en-dira-t-on. Ils veulent comme d’habitude étaler leur vertu. On peut toutefois trouver une excuse à Kamel Daoud : on peut comprendre sa lassitude d’être extrême-droitisé et menacé en conséquence.

Cependant, cette affaire est très anecdotique, me dit-on. Oui et non. Effectivement c’est une histoire de paillettes qui n’intéresse pas les vrais gens. Même si, entre les cinéastes, les théâtreux et les universitaires, la farandole des pétitions antifascistes finit par influencer l’opinion. Surtout, cette micro-affaire est une parabole de notre vie publique. On assiste depuis quarante ans à la reconduction à tous les étages – intellectuel, médiatique et politique – du cordon sanitaire qui a permis de nier, d’ostraciser, et de caricaturer une partie des Français. Pour les élites culturelles, les lecteurs et les électeurs de Bardella sont au mieux des ploucs au pire des fachos.

Je ne pense pas que le livre de Jordan Bardella soit un chef d’œuvre, mais cette négation de l’esprit des Lumières que ces beaux esprits prétendent défendre m’agace. On remplace l’argumentation et le désaccord civilisé par l’anathème. Il n’y a plus de contradicteurs et d’adversaires mais des ennemis du genre humain. L’intolérance devient une résistance. La devise de tous ces gens c’est : – Je ne partage pas vos idées et je me battrai pour que vous ne puissiez pas les exprimer !

C’est un ferment profond du blocage français, et l’un des facteurs de la paralysie politique actuelle : l’existence d’un parti avec qui toute alliance – même de circonstance sur un simple texte – est moralement interdite. Il est néanmoins légal, et rassemble des millions d’électeurs. Le courage, aujourd’hui, ce n’est pas de jouer les vierges antifascistes effarouchées mais de faire un grand bras d’honneur à ces bobards et de traiter M. Bardella comme n’importe quel chef de parti d’une grande démocratie.


Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio

Retrouvez Elisabeth Lévy dans la matinale

Réquisition surprise en plein cours de sport: la droite à la récup’

Des petits Parisiens ont été sommés de déguerpir pour laisser leur gymnase à des migrants clandestins. Dans le très chic XVIe, on a du mal à se remettre de ses émotions. La mairie de droite et l’union RN + UDR partent en croisade contre la mairie centrale…


Vendredi 24 janvier, en plein cours de sport, des élèves du XVIe arrondissement de Paris ont dû rassembler toutes leurs affaires et quitter illico presto le gymnase où ils s’entraînaient. En effet, la Mairie de Paris a décidé de réquisitionner sans délai le gymnase Henry de Montherlant situé boulevard Lannes pour y loger 200 migrants. Le problème pour les habitants en colère, c’est que personne n’a été prévenu de cette opération ! Ni la mairie du XVIe arrondissement, ni la direction de l’établissement scolaire, ni les professeurs, ni même le gymnase n’ont été avertis au préalable de cette occupation faite dans l’urgence et sans limite de temps.

Le XVIe se rebelle

Les responsables politiques de l’arrondissement sont tous unanimes pour critiquer cette pratique autoritaire de la Mairie de Paris. Le maire Jérémy Redler a publié un communiqué sur le réseau social X. Il dénonce la récurrence de ces réquisitions intempestives. En effet, à la rentrée de septembre, déjà, des activités sportives avaient dû être décalées suite à une réquisition. Toujours « sans aucune concertation, sans même que la mairie du 16e n’en ait été informée », la mairie centrale décide « arbitrairement » de mobiliser « une fois de plus » le gymnase Henry de Montherlant, afin d’y accueillir des familles de migrants illégaux.

https://twitter.com/mairiedu16/status/1883915961277018308

« Il n’y a pas eu de communication officielle de la ville vers la mairie du XVIe. Les méthodes de la Mairie de Paris sont scandaleuses et je les dénonce fermement », dénonce M. Redler qui rappelle que c’est déjà la troisième réquisition en douze mois du gymnase Montherlant alors que l’arrondissement prend selon lui déjà « largement sa part » dans l’accueil. Ce sont les « familles à la rue dans l’ancienne école Hamelin », les « demandeurs d’asile à Chardon Lagache », la « réquisition illégale de l’école Erlanger » ou encore les « hommes à la rue Porte de Saint-Cloud ». La mairie d’arrondissement demande à la Mairie de Paris de « faire cesser ces mobilisations qui n’apportent aucune réponse digne.» C’est à la Ville de Paris de « travailler avec l’État, en charge de l’accueil et du relogement de ces populations, à trouver des solutions pérennes » en concertation avec les Mairies d’arrondissement, « afin que les Parisiens arrêtent de subir les conséquences de cette gestion autoritaire et chaotique ».

De son côté, la Mairie de Paris estime que « le gymnase choisi est identifié au regard de plusieurs critères parmi lesquels l’équité territoriale dans la mobilisation d’un équipement en fonction des lieux déjà mobilisés ». Selon nos informations, le gymnase devrait être réquisitionné au moins jusqu’au mois de mars. En colère, un collectif d’habitants a ouvert une pétition en ligne. S’ils disent comprendre l’urgence humanitaire, ces Parisiens demandent « une transparence totale sur les motivations et la durée de cette réquisition, la recherche de solutions alternatives rapides permettant à la fois d’assurer l’accueil des personnes en détresse et de préserver l’usage normal du gymnase par les élèves. Les parents d’élèves rappellent que les lycéens en classe de terminale passent leur épreuve d’EPS en contrôle continu et se retrouvent donc dans l’impossibilité d’être évalués.» Ils soulignent eux aussi que cette réquisition est récurrente et que jusqu’à présent aucune solution de remplacement n’a été proposée.

La droite s’en mêle

Présent dimanche dernier sur place pour évaluer la situation, Thierry Mariani, député Rassemblement national au Parlement européen, délégué départemental de Paris et candidat aux élections municipales de 2026 dans la capitale, a lui aussi publié une vidéo sur X. Entouré de cadres parisiens, l’eurodéputé interpelle directement Anne Hidalgo qui a annoncé la tenue d’un référendum au mois de mars. Chiche ! clame l’ancien ministre, « demandez aux Parisiens s’ils veulent que leurs établissements publics soient réquisitionnés.»

L’eurodéputé appelle la mairie et le gouvernement à privilégier les centres de rétention administrative (!) plutôt que les gymnases pour loger les migrants en situation irrégulière en attente de leur expulsion…

À ses côtés, Anne de La Brélie, responsable Rassemblement national du XVIe arrondissement de Paris, s’est dit être très attentive au risque sécuritaire dans un quartier déjà très éprouvé par le meurtre de Philippine à quelques pas de là. La militante rapporte l’inquiétude de plusieurs mères de famille du quartier qui se sont confiées à elle depuis plusieurs jours. Anne de la Brélie s’étonne de l’absence totale d’information des Parisiennes et Parisiens ainsi que des usagers du complexe sportif et de cette manière de faire « très inappropriée » et « sans vision.» « On ne peut pas déshabiller Paul pour habiller Jacques ! Cela n’a pas de sens. Cela révèle l’incohérence et l’irresponsabilité de toutes ces politiques immigrationnistes. Les petits Parisiens n’ont pas à payer les inconséquences des élus.»

Dans le quartier, tout le monde est vent debout contre cette réquisition. Louis Piquet, ancien candidat de l’alliance UDR/RN au second tour des élections législatives anticipées de 2024, Jean-Baptiste Blanquet et Tristan Choppin de Janvry, membres du parti d’Éric Ciotti et responsables du 16e arrondissement de Paris, ont répondu présents à l’appel d’Amaury Pozzo di Borgo, cadre et trésorier du RN Paris, et de Rémy Durrieu de Maindron, délégué départemental adjoint de la fédération parisienne.

https://twitter.com/RaphaelFuzelier/status/1887227859665887340

Sophie Rostan, candidate aux élections législatives anticipées de 2024 et responsable du Rassemblement national dans le 5e arrondissement de Paris est venue en soutien avec d’autres responsables d’arrondissement de Paris, comme Raphaël Fuzelier Bourgadel des 13e et 14e. Elle interroge, mutine : « Pourquoi la maire ne réquisitionne pas l’Académie du climat plutôt que d’ennuyer les Parisiens ? »

Une loi d’expropriation des terres signée en Afrique du Sud

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Le président Cyril Ramaphosa a signé une loi controversée d’expropriation des terres. Elle pourrait menacer la stabilité politique et économique de l’Afrique du Sud. Les Afrikaners sont particulièrement visés.


Le 23 janvier 2025, le président Cyril Ramaphosa, a décidé de promulguer une loi de réforme l’expropriation des terres, prenant le risque de diviser un peu plus l’Afrique du Sud et faire basculer le pays dans l’inéluctable. Des changements majeurs présentés comme un outil de justice sociale, qui ambitionne de corriger les inégalités historiques liées à la répartition des terres dans le pays.

Un sujet qui divise l’Afrique du Sud

Pour comprendre l’importance de cette loi, il est essentiel de revenir sur l’histoire de la redistribution des terres en Afrique du Sud. Sous le régime de l’apartheid (1948-1994), des lois comme le Natives Land Act de 1913 et le Group Areas Act ont systématiquement exclu la majorité noire de l’accès à la propriété foncière. Ces textes réservaient 87 % des terres arables aux Sud-Africains blancs, reléguant les communautés noires dans des zones désignées, souvent infertiles et peu propices à l’agriculture. Ce système a engendré des disparités économiques et sociales qui persistent encore aujourd’hui.

Depuis la fin de la ségrégation raciale en 1994, l’Afrique du Sud s’est engagée dans des réformes agraires pour rectifier ces injustices. Un projet devenu le fer de lance de l’extrême-gauche qui a régulièrement mis la pression sur les gouvernements successifs afin qu’une loi soit votée et les terres redistribuées à la majorité noire sans la moindre compensation aux fermiers. Mené par Julius Malema, ce dernier a plus d’une fois appelé ses militants du mouvement des Combattants pour la liberté économique (EFF) à s’emparer de ces terres avant que la justice ne lui intime l’ordre de cesser ses menaces mettant à mal la paix sociale en Afrique du Sud.

Un projet qui cristallise également la minorité afrikaner. Les descendants des boers s’inquiètent des conséquences d’une telle expropriation. Ils pointent du doigt le désastreux précèdent au Zimbabwe lorsque au début des années 2000, le président Robert Mugabe a décidé de mettre en place une loi similaire, ruinant rapidement le grenier à blé de l’Afrique australe, accentuant la crise économique à des fins politiques. Aujourd’hui, c’est à peine 10% des terres arables qui ont été redistribuées aux noirs sud-africains.

Les contours de la loi : une réforme nécessaire ou un danger pour la démocratie ?

La loi, qui remplace le texte initial de 1975, élargit la notion d’intérêt public pour inclure la réforme agraire et l’accès équitable aux ressources naturelles. Conformément à l’article 25 de la Constitution, elle vise à fournir une compensation « juste et équitable » dans la plupart des cas. Cependant, certaines exceptions sont prévues, notamment pour les terres abandonnées ou inutilisées. Loin de rassurer les syndicats agricoles.

Le Congrès national africain (ANC), balaye toutes les contestations, salue une avancée « progressiste et transformatrice » pour la nation. Le parti de feu Nelson Mandela considère même cette réforme comme un levier pour promouvoir une croissance économique inclusive et répondre aux aspirations des millions de Sud-Africains historiquement exclus de la propriété foncière. Cette vision s’inscrit dans la continuité de la Charte de la liberté, adoptée par l’ANC en 1955, qui proclamait : « La terre sera partagée entre ceux qui la travaillent. ». Sans se poser réellement la question de savoir s’il existe une main d’œuvre qualifiée pour exploiter ces terres.

Autre point qui pourrait également exacerber des tensions ethniques, celui de l’Ingonyama Trust. Créée peu de temps avant les premières élections multiraciales, résultant d’un deal secret conclu entre le Parti National (NP), à l’origine de l’apartheid, et l’Inkhata Freedom Party (IFP), le mouvement représentant les intérêts de la nation zoulou, cette fondation a réuni sous son parapluie presque 30% des terres de la province du Kwazoulou afin de les protéger d’un tel projet. Un trust qui génère des millions d’euros et qui reste entre les mains exclusives du puissant monarque de la nation zoulou. Depuis peu dans la tourmente et devenu un enjeu de querelle politique entre l’ANC et l’IFP, le roi Misuzulu Sinqobile kaZwelithini, refuse de céder la moindre parcelle des terres de son trust. Tout comme son père avant lui, il s’est récemment rapproché de l’extrême-droite afrikaner,

Critiques et contestations

La loi ne fait d’ailleurs pas l’unanimité. Certains critiques dénoncent une procédure législative « antidémocratique », soulignant qu’elle a été adoptée par un parlement précédent, avant la mise en place du gouvernement d’unité nationale actuel. La DA (Alliance démocratique), principal parti d’opposition, qui détient des postes clefs ministériels, ainsi que des organisations comme AfriForum, puissant syndicat d’extrême-droite afrikaner, ont annoncé leur intention de contester cette loi devant les tribunaux. Le très afrikaner Freedom Front, membre de la coalition gouvernementale, a déclaré que cette loi était purement « anticonstitutionnelle ».

Les opposants au projet craignent que cette réforme n’intimide les investisseurs étrangers et n’affaiblisse davantage une économie déjà fragilisée par des années de stagnation et la crise du covid. D’autres redoutent des abus dans l’application de la loi, notamment en l’absence de garde-fous suffisants contre des expropriations arbitraires, voir une recrudescence des meurtres de fermiers. Un autre sujet qui fait l’objet d’une violente guerre de chiffres en Afrique du Sud. Particulièrement visés par des attaques, depuis une décennie, plus de 4000 d’entre eux ont été sauvagement assassinés, faisant craindre la résurgence de tensions raciales entre blancs et noirs. Pour AfriForum qui avait attiré l’attention du Président américain Donald Trump lors de son premier mandat, il s’agit d’un « génocide planifié » avec la complicité des militants de l’EFF dont le leader est souvent pointé du doigt comme responsable par les Afrikaners. Une population blanche tentée par le séparatisme et qui se sent de plus en plus ostracisée comme attaquée sur ses fondements (comme avec la loi controversée qui réduit l’enseignement de la langue afrikaans dans les écoles).

Contre toute attente, même l’EFF a critiqué ce projet, estimant qu’il était faible au regard des enjeux, craignant que seule les terres à faible rendement et valeur soient uniquement redistribuées aux noirs sud-africains.

La signature de cette loi marque indubitablement un tournant dans le débat sur la réforme agraire en Afrique du Sud. Le chemin de la redistribution équitable des terres reste cependant semé d’embûches, mais cette initiative pourrait, si elle est appliquée avec prudence et transparence, ouvrir la voie, soit à un avenir plus inclusif pour tous les Sud-Africains, soit mener à terme le pays au bord de la guerre civile, de la sécession.

Retailleau vs Wauquiez : de quel homme fort la droite a-t-elle besoin ?

La désignation du futur président des Républicains (LR) est sans cesse reportée. La montée en puissance de Bruno Retailleau, porté par de bons sondages, rend inévitable sa confrontation avec Laurent Wauquiez. Derrière cette bataille interne se dessine évidemment la question de la présidentielle de 2027. Bruno Retailleau doit présider Les Républicains, estime notre chroniqueur Philippe Bilger. Il explique ici pourquoi.


Pour n’être pas membre du parti Les Républicains – ma liberté de jugement m’importe plus que tout -, j’ai le droit, avec la lucidité que me donne, je l’espère, ma distance, de souhaiter que Bruno Retailleau se présente à la présidence de LR et qu’il l’emporte face à probablement Laurent Wauquiez.

Au risque de ne pas respecter la sacro-sainte règle, d’ailleurs paradoxale, des partis – préserver l’unité tout en s’affrontant -, on est bien obligé de pointer les faiblesses de l’adversaire par rapport à son favori.

La France a besoin d’une droite qui ne cède pas aux injonctions de la gauche et à la peur des médias

Laissons de côté le futur présidentiel : Laurent Wauquiez n’est plus le candidat « naturel » depuis longtemps et même s’il fait tout pour éviter qu’on débatte de la primaire, il faudra bien qu’il intègre pour 2027 la donnée du pluralisme au sein duquel il conviendra de choisir le meilleur : lui sans doute, David Lisnard et Xavier Bertrand sûrement, Bruno Retailleau peut-être.

Quelles conclusions peut-on tirer de l’attitude singulière et de l’animation collective de Laurent Wauquiez depuis la catastrophique dissolution et la composition du gouvernement de Michel Barnier ?

Il est clair que M. Wauquiez a été l’homme des refus et des subtiles ou explicites exclusions de ceux qui, dans son propre camp, risquaient de devenir des rivaux pour la seule échéance qui lui importait.

David Lisnard s’en est remis et mène son propre chemin qui, sur le plan des principes et du projet, n’est pas éloigné de celui de Bruno Retailleau et de Laurent Wauquiez quand ce dernier parvient à s’oublier.

A lire aussi, Pascale Piera: La circulaire Retailleau, trompe-l’œil de la fermeté

Bruno Retailleau est parvenu, grâce aux preuves fournies par sa personnalité, ses propos, sa sincérité sans fard et son action, à démontrer qu’une authentique droite n’était même pas de retour – à bien considérer, elle avait toujours calé devant la résistance du réel, les injonctions de la gauche et la peur des médias – mais pouvait exister, y compris au pouvoir et en charge de responsabilités essentielles pour les Français.

Laurent Wauquiez, avec obstination, pour mille prétextes, a décidé de ne pas franchir les obstacles et les épreuves inévitables, personnelles et collectives, nées de la lutte pour rendre opératoires idées et convictions. Bruno Retailleau est exactement aux antipodes d’une telle absence de résolution, tellement facile à faire passer pour de la maturation.

Présider Les Républicains – qu’ils aient ou non un nouveau nom – ne sera pas une partie de plaisir. Il faudra user de toutes les qualités dont Bruno Retailleau, largement soutenu par les citoyens, donne l’exemple dans son activité ministérielle, grandement légitimée grâce à un garde des Sceaux qui, de son côté et avec quelle approche lucide et énergique du réel à réformer, fait oublier ses prédécesseurs.

Comme une évidence

Bruno Retailleau sera parfaitement capable de mener de front l’honneur et la charge de présider le parti, et la dureté exaltante d’être ministre. J’ai pu constater moi-même que sa puissance de travail était phénoménale, sa réactivité indépassable et son dédain du somptuaire éclatant – il n’occupe pas son logement de fonction à Beauvau mais un studio annexe. Il fait partie de ces personnalités que l’ampleur de leurs tâches stimule au lieu de les écraser.

Pour terminer, une double évidence :

Depuis quand la vraie droite courageuse, libre et sans la moindre envie d’un quelconque mimétisme de gauche est-elle revenue à l’honneur, sur le devant de la scène politique et médiatique ? Depuis Bruno Retailleau. Aucune raison de ne pas lui en savoir gré en votant pour lui s’il se présente à la tête de LR !

Soyons sincère jusqu’au cynisme. Si Laurent Wauquiez est élu président de LR, je n’ai pas le moindre doute : il sera un poison lent et constant pour Bruno Retailleau. Sans antidote pour celui-ci. Bruno Retailleau doit donc présider Les Républicains.

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« Il faut en finir avec l’angélisme migratoire à Mayotte »

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Déploiement de gendarmes mobiles à Koungou, Mayotte, France, le 4 mai 2023 © LOUIS WITTER/SIPA

Immersion dans une île où l’immigration clandestine explose, les services publics sont submergés et l’insécurité règne. Dans son livre, notre ami médecin Alain Destexhe dresse un tableau accablant d’une situation incontrôlable, où la République perd pied.


Cet entretien a été réalisé avant que l’Assemblée nationale n’adopte le 6 février en première lecture la proposition de loi pour restreindre le droit du sol à Mayotte NDLR.


Causeur. Que faisiez-vous à Mayotte l’été dernier ? 

Alain Destexhe. J’ai travaillé pendant deux mois dans le centre de santé de référence pour tout le nord de Mayotte qui est situé à Dzoumogné. Là-bas il y a beaucoup de résidents illégaux, et la moitié des consultations sont avec des clandestins. Je connais bien la France, puisque j’y travaille, et l’Afrique, puisque je vis une partie de l’année au Rwanda. Et j’ai beaucoup travaillé en Afrique, notamment pour Médecins sans frontières… Et j’ai ressenti un choc culturel en arrivant à Mayotte, parce que je pensais quand même arriver plus en France qu’en Afrique… et en fait j’ai constaté que l’aspect africain dominait sur l’aspect, disons, français, métropolitain. Ce constat m’a alors poussé à écrire un journal puis un livre.

Effectivement, vous écrivez dans votre introduction : « j’ai rapidement été convaincu qu’il fallait partager l’expérience que j’ai vécue sur cette île déstabilisée par des vagues migratoires sans fin, et où l’État semble complètement dépassé. » Aimeriez-vous que votre livre ait quelque influence sur l’opinion publique ou nos décideurs ?

La seule option que j’entends de temps en temps dans la bouche des personnalités de droite, notamment de M. Retailleau, c’est la suppression du droit du sol à Mayotte. Je pense que c’est très insuffisant. Car le droit du sol est en réalité déjà (un peu) limité à Mayotte. La suppression du droit du sol, si j’y suis évidemment favorable, ne produira des effets qu’à moyen voire à assez long terme. Si le but final des résidents illégaux est effectivement d’obtenir à terme la nationalité française et l’accès à l’Europe, c’est aussi de bénéficier dans l’immédiat des services de soins de santé qui sont 100 fois meilleurs qu’aux Comores et qui en plus sont gratuits. C’est aussi de pouvoir scolariser leurs enfants, puisque la République essaie de scolariser tous les enfants en dessous de 18 ans. Et, c’est globalement un niveau de vie bien supérieur à celui des Comores. 

Si même la remise en cause du droit du sol n’est pas la solution, quelles seraient celles à envisager selon vous ? 

 J’ai identifié trois principaux facteurs qui s’opposent aujourd’hui au rapatriement des illégaux et de ceux qui continuent à arriver : 

Le premier, c’est le fait que partout en France, le séjour illégal n’est plus un délit. Autrement dit, pour arrêter des résidents illégaux, la gendarmerie ou la police peuvent faire des barrages routiers, mais ils n’ont pas le droit d’entrer dans ce qu’on appelle les « bangas », ces bidonvilles, ces habitations précaires où habite la grande majorité des résidents illégaux, ils n’ont pas le droit d’y aller. Alors qu’on sait qu’il y a des quartiers entiers qui sont composés à 100% de résidents illégaux. C’est une première restriction très importante. Il faudrait donc rendre à nouveau le séjour illégal comme un délit et renvoyer les clandestins. 

Quel est le second ?

Le deuxième facteur : le problème de la polygamie, laquelle est interdite théoriquement. Elle a été tolérée dans la période de transition lorsque Mayotte est devenue un département, mais aujourd’hui, c’est interdit. Or, elle demeure très répandue. Pour une femme comorienne ou malgache, le meilleur moyen d’obtenir une carte de séjour et accéder à la nationalité française, c’est de se faire faire un enfant par un Mahorais. Donc, l’enfant est français, puisque le père est Mahorais, et ces femmes obtiennent automatiquement une carte de séjour. 75% des femmes qui accouchent à l’hôpital sont des étrangères. Il n’y a que 17 % des enfants qui naissent à Mayotte dont les deux parents sont français !

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Enfin, vous pensez qu’il faut refouler les kwassas ?

Oui, il faut les refouler ces « kwassa-kwassa »1. La gendarmerie et la police aux frontières interviennent, mais elles ne sont capables que d’en arrêter deux à la fois en mer, pas plus. Et elles ne peuvent pas les renvoyer directement aux Comores. Elles les emmènent à Mayotte, dans un centre de transit où les gendarmes trient… Ils sont obligés de garder les mineurs et les malades. Les mineurs sont envoyés par leurs parents des Comores en sachant qu’ils ne vont pas être renvoyés. Et parmi les malades, il y a en fait beaucoup de faux malades. Dans le doute, tous ces gens sont admis. Il faut cesser cette pratique, et renvoyer tout le monde. Et puis surtout, pendant que la gendarmerie trie les occupants d’un ou deux bateaux, vous avez une dizaine de kwassas qui attendent à la limite des eaux territoriales pour s’y précipiter.

La République est vraiment trop naïve. Il faudrait prioritairement agir sur ces trois problèmes avec des moyens alloués correspondants. C’est-à-dire permettre d’arrêter les gens dans les bangas, interdire la polygamie, ne plus trier ceux qui arrivent pour se concentrer sur la surveillance des eaux territoriales françaises. Cela permettrait de renvoyer plus de monde, mais aussi d’intercepter tous ceux qui attendent pendant le tri pour arriver.

Il arrive quotidiennement des migrants qui viennent des Comores, de Madagascar et même de l’Afrique des Grands Lacs. Mais il s’agit d’une grosse proportion de Comoriens, n’est-ce pas ? 

Oui, les migrants sont majoritairement des Comoriens (environ 90 %). Le trajet depuis les Comores est relativement peu onéreux (150-200 €), tandis qu’il coûte environ 1 000 € pour les Malgaches et jusqu’à 3 000 € pour les Africains continentaux, qui passent par Dar es Salaam en Tanzanie. Ce coût est un frein pour certaines populations, mais le déséquilibre économique est tel que beaucoup prennent le risque. 

Vous avez été stupéfait de découvrir qu’un couvre-feu officieux s’installait dès 18 heures. 

Oui, et c’était avant le cyclone Chido. C’est ce qui m’a frappé. Je rentre de Nouvelle-Calédonie, où il y avait un vrai couvre-feu instauré par l’État à partir de minuit. Mais à Mayotte, il n’y a pas de couvre-feu officiellement. Sauf que personne ne circule plus à partir de la nuit tombée. Les habitants ont peur de se faire attaquer par des dakous..

Qui sont justement ces « dakous » ? 

Ce sont de jeunes délinquants souvent abandonnés par leurs parents et livrés à eux-mêmes. Cette situation est directement liée à l’immigration : les enfants nés sur place de parents en situation irrégulière renvoyés aux Comores sont souvent laissés à eux-mêmes et sombrent dans la délinquance.

Sur France Inter, le démographe Hervé Le Bras envisage que « Mayotte rejoigne les Comores ». Est-ce inéluctable ? 

M. Le Bras, c’est l’archétype du démographe qui s’appuie sur des chiffres pour démontrer le contraire de la réalité. C’est un « dénieur » professionnel, il n’a aucune crédibilité pour moi.

Aujourd’hui Mayotte est un département français il doit être traité comme les autres départements. Maintenant, je ne vous cache pas qu’il fallait peut-être se poser la question avant de faire de Mayotte un département français. C’était l’une des nombreuses décisions à l’emporte-pièce de Nicolas Sarkozy. 

Certes, on l’a demandé aux Mahorais qui le voulaient majoritairement. Toutefois, il eut été judicieux de la demander aussi aux Français de métropole.

Reste qu’aujourd’hui Mayotte est un département français et que les Mahorais se sentent français. Contrairement à la Nouvelle-Calédonie et au ressentiment des « Kanaks »2, il n’y a aucun sentiment anti-français ou anti-blanc à Mayotte. Les Européens ne représentent même pas 1% de la population, l’île est entièrement noire et musulmane. Les Européens sont ceux qui viennent travailler comme gendarmes, professeurs ou dans le domaine de la santé.

La plupart des enfants passent deux heures par jour à l’école coranique avant ou après l’école de la République, apprend-on en vous lisant. Est-ce un problème pour l’intégration de cette jeunesse dans notre système républicain laïque français, selon vous ?

Oui. Tous les enfants vont à l’école coranique deux heures par jour. L’islam mahorais était tolérant, mais l’influence des madrassas3 et des prédicateurs d’Arabie Saoudite et du Golfe pourrait le radicaliser. Il faut être vigilant sur ce point. Certaines associations locales s’inquiètent d’ailleurs de l’influence croissante de courants plus rigoristes.

Un système éducatif qui est potentiellement en crise, un système de santé débordé par les migrants, le choc du cyclone, un taux d’homicide à Mayotte qui est cinq fois plus élevé qu’en métropole. La situation est pour le moins alarmante… 

La France a aussi construit des infrastructures magnifiques à Mayotte. Il faut voir le centre de santé où je travaillais, il est au niveau des infrastructures en métropole. Les écoles, aussi. Ce n’est pas comme si l’État n’avait rien fait. Il y a des terrains de foot, des salles de sport, des centres culturels. Les infrastructures sont bonnes, mais débordées par l’immigration. C’est sur le contrôle de celle-ci que doit se porter l’effort en priorité. C’est ce que demandent les Mahorais.


Alain Destexhe « Mayotte : comment l’immigration détruit une société » Editions Texquis, 102 pages.

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  1. Kwassa-kwassa (ou kwasa kwasa) est le nom comorien d’un type de canots de pêche rapides de 7 à 10 m de long pour 1 m de large, à fond plat et équipés aujourd’hui d’un ou deux moteur(s). On parle aussi de « drame des kwassa » pour parler des personnes qui périssent chaque année en tentant de se rendre sur l’île de Mayotte, de manière illégale et dont la traversée de 70 km dans un bras de mer est réputée pour être particulièrement périlleuseentre Anjouan et Mayotte. ↩︎
  2. Le peuple kanak (anciennement épelé canaque) est un peuple autochtone mélanésien implanté en Nouvelle-Calédonie, collectivité territoriale française du Pacifique Sud. Il constitue 41 % de la population totale de l’archipel, ainsi que la population majoritaire de la province Nord (72,2 %) et de la province des îles Loyauté (94,6 %). ↩︎
  3. Madrassa ou école coranique, est une école théologique musulmane sunnite, où un prédicateur prêche. ↩︎

Merwane Benlazar: l’habit fait Anne-Élisabeth Lemoine

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Depuis son passage sur France 5, l'humoriste Merwane Benlazar (ici photographié à Cannes en 2023) se voit accusé de promouvoir l'islamisme. Lui pense qu'il y a beaucoup trop de racistes en France... © SYSPEO/SIPA

Concernant le nouveau comique de France 5, certains ont du mal à séparer l’homme de l’artiste, note notre contributrice.


Dernière minute ! La ministre de la Culture Rachida Dati a annoncé mercredi au Sénat que l’humoriste Merwane Benlazar ne reviendra pas sur France 5, qualifiant ses propos passés sur les réseaux sociaux de « scandaleux ». Elle a indiqué que France Télévisions avait « tiré les conséquences » des déclarations de l’humoriste, et qu’il « ne sera plus à l’antenne ».

Vous n’avez pas pu y échapper. Il est l’une des stars des réseaux sociaux depuis son passage à la très convenue émission de France 5 : C à vous (alors oui, vu que c’est sur le service public, on vous le confirme, c’est bien à nous), il vous a frappé (non pas d’un coup de couteau, ça suffit les fachos, on vous voit venir !) avec son look de salafiste décontracté : il s’agit de Merwane Benlazar qui fait couler bien des tweets au moment précis où lui-même (hasard, coïncidence ? Je ne crois pas, comme disent les complotistes) a restreint son compte. La peur du succès sans doute…

Capture France 5.

On avait dit : pas le physique…

Depuis quand évoquer, sur X, la charia pour diriger sa vie, enjoindre ses « sœurs »à rester auprès de leur père ou leur mari, prôner une foi ostentatoire en fustigeant sa limitation à la sphère privée et accompagner ses tweets de citations empruntées au site salafislam.fr, auraient un quelconque rapport avec l’islamisme ? Il faut séparer l’homme de l’artiste. Du reste, notons que les propos de Merwane Benlazar n’enfreignent, semble-t-il, aucune règle et qu’il est en droit de penser ce qu’il veut quant à sa façon de pratiquer la religion. Alors pourquoi désormais les dissimuler ?

Las, il ne nous reste que ses chroniques sur France Inter pour goûter sa prose issue de l’humour communautariste façon Jamel Comedy club. Les policiers y sont naturellement tueurs et racistes, la France farouchement anti-islam, les Français des « porcs » qui se rincent l’œil auprès de décadentes prétendantes miss France en maillots de bain.

Il n’en suffisait pas plus pour que le pauvre Merwane se voit jeté en pâture à des beaufs mateurs de bikinis, le jugeant hâtivement au vue de son accoutrement alors que, comme on l’a vu plus haut : au-cun rap-port. On peut plaisanter avec tout, mais attention : pas le physique et pas les fringues, on a dit.

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On critique son look ? C’est parce qu’il est arabe. Le problème est qu’il est présent sur les émissions du service public pour les mêmes raisons et cela relève de la discrimination. Positive diront certains, mais discrimination tout de même.

En effet, il y avait un relent de post colonialisme sur le plateau de C à vous qui mettait mal à l’aise : il semblait qu’Anne-Elisabeth Lemoine et ses comparses exhibaient Merwane Benlazar comme un indigène lors de l’exposition coloniale de 1931, le flattant, riant exagérément à des saillies qui n’avaient rien de drôle, l’encourageant comme on le fait quand le petit dernier tente péniblement de souffler trois notes sur son pipeau devant la famille, contrainte d’applaudir alors même qu’elle n’a jamais eu autant besoin de boules Quies de toute son existence.

On a frôlé la standing ovation à la fin de la chronique au moment où, dans un grand « bravoooo » puéril lancé par une Anne-Elisabeth survoltée, l’objet du spectacle remerciait son auditoire, visiblement satisfait du devoir accompli.

Extase woke

Madame Lemoine n’en pouvait plus de s’extasier devant ce souffle d’exotisme venu d’outre-Périph, aux douces fragrances de sable chaud séquano-dionysiennes. Ce réflexe de petite bourgeoise pensant transgresser les règles d’une société qui la dépasse lui donne des frissons à peu de frais, les mêmes, sans doute, que la très bien-pensante Pascale Clark eut quand elle promut jadis Yassine Belattar dans une émission quotidienne, lui offrant l’occasion de cracher copieusement sur la France.

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C’est évidemment très humiliant d’être ainsi essentialisé et témoigne du racisme des auto-proclamés anti-racistes mais Merwane n’en a cure : il a très bien réussi son petit coup. Il a joué sur les codes vestimentaires et ceux de l’humour, une ambiguïté qui permet à l’entrisme de se faufiler en douceur dans le quotidien.

Ils sont là, autour de lui, conquis, dégoulinants de bienveillance et de culpabilité occidentales. Le soir même, il le sait, les réseaux sociaux parleront de lui, de sa « foi » ostentatoire qu’il pourra dissimuler derrière un autre habit : celui du regard d’une société supposée raciste qui le jugerait à l’adéquation entre son apparence et son origine. Exit son talent, la question ne sera pas de savoir s’il en a ou pas, il sera une victime et il faudra renouveler l’expérience pour forcer la norme.

Bref, jouant les faux jeunes premiers, implorant l’indulgence devant « sa première chronique télé », Merwane Benlazar a brossé le service public dans le sens du voile.

Saint Paddington

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© Studio Canal

Paddington revient cette semaine au cinéma pour le bonheur des petits et des grands. Toute la famille Brown part au Pérou retrouver la chère tante Lucy qui séjourne dans la maison des ours, EHPAD réservé aux plantigrades âgés. Cette comédie d’aventure bourrée de sentiments à la marmelade élève la bonté au rang de parabole. Un cinéma christique qui fait du bien, un joli baume au cœur en ce mois de février


Paddington ne règlera pas la faim dans le monde, ni les guerres lasses, encore moins les budgets en godille et les fièvres partisanes. Il a beau posséder désormais un passeport britannique dûment tamponné et validé ; son assimilation, après quelques ajustements, fut un modèle d’intégration, il a adopté le duffle-coat réglementaire et la politesse proverbiale des sujets de Sa Majesté ; ses voisins lui ont même offert un parapluie, le même que portent les lords dans Savile Row, il n’en demeure pas moins un jeune ours devant la férocité du monde.

La veulerie, la jalousie, l’intérêt si ce n’est celui des oranges, la malhonnêteté, l’amertume lui sont des sentiments totalement étrangers. Nous aimons Paddington car il est un Saint farceur plein de poils, qu’il est gentil avec les personnes âgées et aussi avec les méchantes, et qu’il est d’une sincérité désarmante. Il ne se cache pas derrière un masque. Il parle au premier degré. Il n’anticipe pas les réactions de ses interlocuteurs. Sa droiture morale nous intrigue. Sa probité nous émeut. Il ne voit pas le mal, et c’est le mal qui se fracasse dans cette boule de tendresse. Alors bien sûr, on peut trouver ça charmant et un peu larmoyant, sourire d’un divertissement grand public ; certains y verront même des messages sur l’identité et la cohabitation parfois douloureuse entre pays d’origine et pays d’adoption, car le nouveau Paddington de 2025 dessine, à coups de pattes, les sujets sociétaux qui nous animent. Mais là, n’est franchement pas l’essentiel.

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Au-delà du mantra fraternel véhiculé par ses différentes histoires, Paddington incarne toujours une forme de pureté qui nous étonne, tellement nous sommes habitués aux visées machiavéliques des Hommes. Il n’a pas été touché. Il n’a pas été inoculé par le poison de l’individualisme et de la défaite. Il possède la foi des innocents ce qui nous met mal à l’aise, donc on la délégitime avec des artifices, on l’infantilise. La raison ne suffit pas à expliquer pourquoi Paddington nous montre un chemin, du moins un horizon nouveau qui ne serait pas animé par le calcul et le profit immédiat. Paddington nous nettoie l’esprit par sa fraîcheur et son absence de dogmatisme. Il est bon, non par nécessité ou trucage, il est naturellement bon. On sait que chez les Hommes cette qualité est rare, donc on l’observe avec joie, et aussi un peu de crainte chez cet ours chapeauté de rouge. Il dérégule nos systèmes de pensée. Il est à la fois une sorte de purificateur et de pacificateur ; dans une époque furibarde, passer deux heures avec Paddington dans une salle de cinéma, c’est déjà emprunter la voie de la rédemption. Paddington est au-dessus de la politique, sa mission dépasse les clivages. Il n’est le militant d’aucune cause si ce n’est la quiétude des siens et des autres. Altruiste, Paddington ne se victimise pas, il tente d’avancer dans la vie en se comportant, non pas comme un exemple, une référence, juste comme quelqu’un de « bien », ce sont les autres qui devant sa détresse succombent à sa bouille d’ange. Il leur remet les idées à l’endroit. Paddington serait-il un naïf qui arriverait seulement à ses fins par sa maladresse et sa chance ? Paddington est la volonté même. Les difficultés qu’il rencontre, ne l’arrêtent jamais. Il est courageux et sensible, ce qui fait de lui un être à part, une sorte de guide sans autoritarisme. Nous en sommes convaincus, avec Paddington, il ne peut rien nous arriver, il aura toujours au fond de lui, un sandwich et une lumière. Même perdu dans la jungle amazonienne, cette lumière brille toujours.


Paddington au Pérou – en salles depuis mercredi. 106 minutes.

Sous tutelle, vite!

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© D.R.

Le modèle social français, fragilisé par un vieillissement démographique inquiétant, se trouve au bord du gouffre. Notre système de retraites par répartition est devenu une utopie.


Les nouvelles du front démographique français révèlent l’aporie du (merveilleux) modèle social hexagonal : 663 000 naissances seulement en 2024. Autrement dit, 3,4 actifs pour un retraité en 1960 ; 1,35 aujourd’hui et, à ce rythme, moins d’un en 2050. Intenable ! Le maintien d’une retraite par répartition, déjà mis à mal par le vieillissement de la population relève désormais, sans exagération, de la pure science-fiction.

Le taux d’épargne record de nos concitoyens prouve qu’ils en sont, in petto, conscients. Mais ils sont comme ces enfants qui font semblant de continuer à croire au père Noël pour ne pas compromettre l’arrivée des cadeaux – la retraite le plus tôt possible. Que la majorité de la représentation nationale les conforte dans ce rêve démontre moins son incompétence que sa profonde lâcheté. Considérant comme impossible de se faire élire sur la promesse d’une réforme drastique des retraites (14,2 % du PIB chez nous, 10 % ailleurs, soit 120 milliards de moins !), nos élites ont adopté sur ce dossier, comme sur l’ensemble des dépenses publiques, une pensée de type chamanique : impossible est français.

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La mise sous tutelle par le FMI, la BCE (ou n’importe quel organisme de niveau BEPC) constitue désormais notre seul espoir crédible. Ce tuteur permettra de ramener les dépenses publiques dans la moyenne de la zone euro – soit 300 milliards d’économies nécessaires – et non 30 pourtant déjà introuvables selon nos chamanes. Mieux encore, elle donnera l’occasion à nos veules dirigeants de chouiner en expliquant au bon peuple que c’est pas de leur faute, que c’est les méchants du FMI qui les forcent à faire des réformes atroces. Au prix, certes, d’une ultime humiliation.

Mais quand on s’est déjà fait virer de l’Afrique et qu’à Bruxelles on a plus de considération pour Malte que pour Paris, on n’est plus à une humiliation près.

Gros Dédé, victime collatérale du «grand remplacement»?

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DR.

Sous l’effet de l’immigration de masse, la mafia marseillaise a évolué vers une criminalité plus jeune, ultra-violente et moins structurée, où des tueurs inexpérimentés sont recrutés via les réseaux sociaux. La « DZ Mafia » rompt avec l’ancienne génération du banditisme, marquée par des figures historiques et des codes plus établis. L’assassinat en pleine rue d’André Cermolacce, bandit à l’ancienne, traduit cruellement ce changement.


Gros Dédé a été grand-remplacé. Mardi, André Cermolacce, vieux truand corse (70 ans) reconverti officiellement dans la limonade, a été assassiné à Marseille de trois balles dans la tête. Le jeune sicaire cagoulé s’est enfui en trottinette électrique. Gros Dédé se présentait comme le « Johnny Hallyday du milieu ». Proche des parrains Francis le Belge et Jacky Imbert aujourd’hui disparus, il a été victime de la montée en puissance des nouveaux gangs issus de l’immigration maghrébine. Commentant le meurtre du bandit prétendument rangé des voitures, un policier de la PJ explique, ce mercredi dans Le Parisien : « Il finit comme une vulgaire petite main du trafic de cité, abattu sans doute par un jeune jobber (intermittent du trafic de drogue) qu’un caïd à téléguidé1 ». Les regards se tournent vers la DZMafia, organisation criminelle clandestine qui gérerait, à Marseille et ailleurs, les cartels de la drogue, en lien avec des réseaux islamisés. Avec Gros Dédé disparait aussi, dans ce grand banditisme de jadis, un relatif code d’honneur construit sur la parole donnée. Désormais, le gangsterrorisme semble avoir acquis un monopole territorial sur la contre-société marseillaise. Cet épisode, certes anecdotique, illustre néanmoins la dynamique de l’immigration extra-européenne, y compris dans ses aspects les plus criminels. Le « grand remplacement », que revendique à son tour Jean-Luc Mélenchon après Renaud Camus et Éric Zemmour, n’apporte pas seulement un autre « mode de vie », comme s’en est félicité Eric Coquerel (LFI) ce mercredi sur Europe 1. Ce bouleversement démographique et culturel place la France sous la coupe de cartels et de mafias qui visent à déstabiliser l’Etat.

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Le terme de submersion, employé timidement par François Bayrou pour n’y voir qu’un « sentiment », est d’ailleurs impropre. En réalité, la France subit une invasion migratoire. Les chiffres de la Direction des étrangers en France (ministère de l’Intérieur), publiés mardi, montrent que les seuls titres de séjour ont été en augmentation de 1,8% en 2024 (336.000), sans compter les demandes d’asile ni les arrivées clandestines. La puissance de la communauté algérienne ou d’origine algérienne en France (généralement estimée à 6 ou 7 millions de personnes) permet dès à présent au président algérien Tebboune, dans L’Opinion de lundi, de récuser certains de ses interlocuteurs, comme Emmanuel Macron ou Bruno Retailleau, pour leur en préférer d’autres plus conciliants, comme Dominique de Villepin ou Jean-Pierre Raffarin. Alors que Tebboune retient en otage l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, il se permet également de menacer le RN, coupable de ne pas se soumettre aux exigences du néo-colonisateur. Tebboune explique : « Il y a encore dans l’ADN de ce parti des restes de l’OAS pour laquelle il fallait tout régler par la grenade et les attentats ». Il s’inquiète, si Marine Le Pen arrive au pouvoir : « Veut-elle une nouvelle rafle du Vel d’Hiv et parquer tous les Algériens avant de les débarquer ? ». Ces outrances, venant d’un dirigeant qui appuie le communautarisme islamique et ses déviances judéophobes, sont celles d’un homme qui se croit, en France, en terrain déjà conquis.

Pendant ce temps, la classe politique se passionne sur le prochain budget, qui perpétue tous les maux français liés à l’Etat tentaculaire. C’est lui qu’il faut vite remplacer.


  1. https://www.leparisien.fr/faits-divers/grand-banditisme-la-chute-du-gros-dede-le-johnny-hallyday-du-milieu-abattu-de-trois-balles-a-marseille-04-02-2025-VAFSQYOC35BODJE6UYFQVLJGEU.php ↩︎

La mort d’Elias et le déni des cultures

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Image d'illustration. Contrôle de la Police Municipale, patrouille de lutte contre la délinquance, Nice, 2 mai 2024 © SYSPEO/SIPA

La délinquance, et ce que certains appellent l’ensauvagement de la société, ne s’expliquent pas seulement par des facteurs juridiques ou socio-économiques. Il faut aussi tenir compte des influences culturelles qui façonnent la perception des « autres ». Certains groupes peuvent parfois tolérer, voire encourager, des comportements agressifs envers ceux qui ne font pas partie de leur communauté.


La mort d’Elias, adolescent de 14 ans tué pour un portable par un multirécidiviste connu pour sa violence1, a une fois de plus remis dans le débat public la question de la délinquance, notamment des mineurs et tout spécialement sous le double aspect de l’efficacité discutable de la réponse pénale d’une part, et d’autre part du lien – que certains affirment et que d’autres nient farouchement – entre immigration et délinquance. Mais, un troisième aspect est encore passé sous silence par presque tous les intervenants, alors qu’il est crucial : on ne peut pas lutter efficacement contre des razzias si on s’obstine à les confondre avec la délinquance classique. Ou si vous préférez : Surcouf était un corsaire, et ce n’est pas la même chose qu’un pirate.

Déterminismes

Je ne m’étendrai pas ici sur la question de la réponse pénale, et me contenterai de citer le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau : « La justice des mineurs en France est un véritable fiasco ! » Notons que dans ses déclarations, le ministre reprend nombre d’excellentes idées développées par le docteur Maurice Berger, et notamment celle de « butée » : voilà une lucidité bienvenue. Pour approfondir, je renvoie notamment le lecteur aux études de l’Institut pour la Justice2, et bien sûr aux articles du collectif « Au nom du peuple »3.

En ce qui concerne le lien entre immigration et délinquance, rappelons avant tout qu’il est question de tendances générales, et non d’un déterminisme selon lequel toute personne de telle ou telle origine serait nécessairement un délinquant – idée absurde que personne ne défend, mais que la gauche attribue volontiers à ceux qui osent voir ce qu’ils voient. Tous les gens sérieux savent bien que les réalités statistiques n’abolissent pas le libre-arbitre des individus, et tous les gens sérieux savent aussi que la réalité du libre-arbitre individuel ne doit pas servir d’excuse pour refuser de voir les grandes tendances.

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Là encore, mon propos n’est pas de revenir sur ce qui a été déjà souvent traité, du livre d’Hugues Lagrange Le déni des cultures aux synthèses indispensables de Marc Vanguard4, en passant par les études toujours remarquables de l’Observatoire de l’Immigration et de la Démographie5 et les travaux du docteur Berger sur les cultures de la honte et les cultures de la culpabilité. La sur-représentation statistique de certaines immigrations extra-européennes dans les crimes et délits, dans toute l’Europe occidentale, y compris une fois écarté le facteur socio-économique, est une observation factuelle parfaitement documentée. Et insistons : il s’agit de certaines immigrations, et non de « l’immigration ». Ainsi, statistiquement, les personnes issues de cultures confucéennes (Chine, Japon, Viêt-Nam, Corée….) s’intègrent aisément dans les sociétés occidentales, n’y caillassent pas les pompiers, et y réussissent très bien socialement, mieux même que les Occidentaux « de souche ».

Il convient cependant de compléter ces constats et ces analyses en attirant l’attention sur la distinction trop souvent oubliée, alors qu’elle est présente dans toutes les cultures, entre la délinquance au sein d’un groupe humain, et les comportements prédateurs auxquels peuvent se livrer les membres de ce groupe au détriment de personnes qui n’en font pas partie.

On parle normalement de délinquance lorsque des membres d’une société violent ses règles pour se livrer à la prédation au détriment d’autres membres de la société en question. Quand Robert Surcouf attaquait des bateaux anglais pour servir les intérêts de la France, ce n’était pas de la délinquance, alors que ça en aurait été s’il avait attaqué des bateaux français, ou si un bandit anglais avait attaqué des navires anglais : c’est toute la différence entre un corsaire et un pirate.

Les groupes humains, quels qu’ils soient, distinguent le comportement que leurs membres doivent adopter entre eux du comportement qu’ils doivent adopter vis-à-vis de ceux qui ne font pas partie du groupe. C’est, par exemple, le sens de la notion de citoyenneté : les citoyens ont les uns envers les autres des devoirs de solidarité qu’ils n’ont pas envers les non-citoyens.

Violence et archipellisation

Pour le sujet qui nous occupe, il se trouve que certaines sociétés humaines condamnent les comportements de prédation (meurtres, viols, mutilations, vols, destructions de biens, etc) non seulement entre membres de cette société, mais aussi quand ils ont pour victimes des personnes étrangères à celle-ci. D’autres sociétés condamnent ces comportements en interne, mais les tolèrent (plus ou moins ouvertement) lorsque les victimes leur sont extérieures. Et d’autres encore condamnent ces comportements en interne, mais les encouragent lorsqu’ils se font au détriment de personnes extérieures au groupe (ou du moins au détriment de certaines cibles précises, désignées comme des proies légitimes, souvent sur des bases « raciales » ou religieuses) – en particulier lorsque cette prédation permet un « ruissellement » du butin, détourne vers l’extérieur une agressivité que le groupe peinerait à gérer en interne, ou se transforme en levier de pouvoir politique.

En plein IXème siècle en Scandinavie, si un viking assassinait un membre de son propre clan pour le voler, c’était de la délinquance, et l’assassin était jugé et sévèrement condamné. Mais ce n’était pas du tout la même histoire si ce viking, participant à un raid dans le royaume du Wessex, tuait un moine saxon en pillant son abbaye ! De même, si un moine du Wessex était assassiné par un paysan saxon du village voisin voulant lui voler son crucifix, ce n’était pas du tout la même chose que si ce moine était tué par une bande de vikings lors d’un raid. Jamais le roi Aelfred le Grand n’aurait songé à répondre aux incursions vikings en se disant « décidément, les paysans saxons sont de plus en plus violents » – ce qu’il se serait dit, en revanche, s’il avait constaté que de plus en plus de moines se faisaient agresser par ses propres sujets.

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Le point clef, c’est que Thorstein le viking, qui a tué Ecbert le moine lors du pillage de l’abbaye de Runcwuda, n’était probablement pas une brute sanguinaire incapable de contrôler ses pulsions, mais plutôt un homme ayant reçu une bonne éducation selon les coutumes des vikings, un homme respectueux des lois de son peuple et des décisions de son jarl, à qui il ne serait jamais venu à l’idée d’assassiner, de violer ou de voler quelqu’un de son clan. Thorstein n’a pas manqué d’autorité parentale, ni échoué à intérioriser la notion de norme, ni souffert de la pauvreté, et ses grands-parents n’avaient pas pour slogans « il est interdit d’interdire » ou « ni Ases ni maître ». Pourtant Thorstein a tué Ecbert, pillé son abbaye et ravagé le village voisin. Et si le roi Aelfred veut empêcher Thorstein et ses compagnons vikings de revenir tuer d’autres moines, piller d’autres abbayes et ravager d’autres villages, il va devoir s’y prendre autrement qu’en incitant ses sujets saxons à déposer les armes, ou en se lamentant sur « la violence des jeunes » sans faire la différence entre les jeunes paysans du Wessex et les jeunes guerriers de Scandinavie.

Alors bien sûr, tous les Danois ne rêvent pas de tuer des moines et de brûler des abbayes. Hier comme aujourd’hui, les généralités statistiques et les grandes tendances anthropologiques ne sont pas des déterminismes absolus qui suffiraient à condamner tous les individus de telle ou telle origine, de telle ou telle société, de tel ou tel groupe. Et heureusement ! Il n’en demeure pas moins que la distinction entre « les nôtres » et « les autres » est une composante essentielle de toutes les cultures humaines, que toutes les cultures ne gèrent pas du tout cette distinction de la même manière, et que cela a des conséquences partout où plusieurs cultures différentes se côtoient.

Évidemment, la distinction culturelle entre « ce que l’on peut faire aux nôtres » et « ce que l’on peut faire aux autres » n’est que l’un des multiples aspects des comportements délictuels et criminels. Je la crois cependant essentielle, à un moment où l’archipellisation des sociétés de l’ex-« bloc de l’Ouest », toutes devenues de facto multiculturelles, est de plus en plus marquée. On peut évoquer le racisme anti-Blancs à Crépol. Ou la déshumanisation totale des femmes non-musulmanes par les « grooming gangs » pakistanais en Grande-Bretagne (victimes non-musulmanes, et pas seulement Blanches : rappelons que les fillettes de la communauté Sikh faisaient aussi partie des cibles initiales de ces gangs de violeurs, mais que les Sikhs, eux, ont su s’organiser pour protéger leurs enfants). Ou, bien évidemment, l’explosion des actes antisémites depuis le 7-Octobre 2023. Penser les manières très variables dont les différentes cultures présentes sur notre sol reconnaissent – ou non – la dignité et les droits de ceux qui ne sont pas « les leurs », est un facteur qu’il n’est plus possible d’ignorer si l’on veut comprendre et combattre efficacement les comportements prédateurs couramment regroupés sous le terme de « délinquance ».

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  1. https://www.lefigaro.fr/actualite-france/meurtre-d-elias-le-parcours-judiciaire-edifiant-des-agresseurs-20250129 ↩︎
  2. https://www.institutpourlajustice.org/a-propos/ ↩︎
  3. https://www.causeur.fr/author/au-nom-du-peuple ↩︎
  4. https://x.com/marc_vanguard/status/1883155488575197316 ↩︎
  5. https://observatoire-immigration.fr ↩︎

Jean Moulin à Saint-Germain-des-Prés

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Jordan Bardella dédicace son livre à Tonneins (47), 10 novembre 2024 © Alain ROBERT/SIPA

On n’aura rarement autant parlé du déjeuner des best-sellers de L’Express que cette année. La présence de Jordan Bardella parmi les convives a provoqué une vague de désistements d’auteurs qui refusaient d’apparaître sur la traditionnelle photo de groupe, laquelle n’a finalement pas été prise cette année. Le commentaire d’Elisabeth Lévy.


Plusieurs écrivains boycottent le déjeuner des best-sellers de L’Express cette année. La liste des meilleures ventes de l’Express est une institution dans le milieu de l’édition. On regarde cela chaque semaine avec beaucoup d’attention. Elle est donc prolongée par le déjeuner des best-sellers, les « gros vendeurs », pour parler la langue de Molière. Ce déjeuner n’honore pas le talent mais le succès (qui peuvent aller ensemble). On pourrait critiquer cette logique qui place Rika Zaraï au-dessus de Houellebecq. Mais si plusieurs stars de la République des Lettres sèchent cette année les agapes, c’est à cause de Jordan Bardella qui, avec 140000 exemplaires vendus de Ce que je cherche, a gagné son couvert…

J’ai été étonnée de trouver dans cette liste Kamel Daoud, Prix Goncourt 2024, dont le courage intellectuel et politique est pourtant connu. Sinon, parmi les autres absents la presse cite David Foenkinos, Gaël Faye, Joël Dicker ou Franck Thilliez. Ils ne mangeront pas avec le diable même avec une longue cuillère.

En effet, après le repas, une photo de groupe est prévue. On ne peut pas empêcher Jordan Bardella d’écrire et de vendre, mais boire du champagne avec lui, jamais ! Des fois que ses idées soient contagieuses. Un Jean Moulin de Saint-Germain-des-Prés confie anonymement à Libération : « Pas question de banaliser le mal ». La banalité du mal, Arendt, Eichmann, Hitler. Rien que ça.

A lire aussi: «Toutes pour une»: dissection d’un film mort-né et d’un système mortifère

Le pire, c’est que tout cela est évidemment du cirque. Aucun des boycotteurs ne croit que M. Bardella est vraiment dangereux. Ils ont peur du qu’en-dira-t-on. Ils veulent comme d’habitude étaler leur vertu. On peut toutefois trouver une excuse à Kamel Daoud : on peut comprendre sa lassitude d’être extrême-droitisé et menacé en conséquence.

Cependant, cette affaire est très anecdotique, me dit-on. Oui et non. Effectivement c’est une histoire de paillettes qui n’intéresse pas les vrais gens. Même si, entre les cinéastes, les théâtreux et les universitaires, la farandole des pétitions antifascistes finit par influencer l’opinion. Surtout, cette micro-affaire est une parabole de notre vie publique. On assiste depuis quarante ans à la reconduction à tous les étages – intellectuel, médiatique et politique – du cordon sanitaire qui a permis de nier, d’ostraciser, et de caricaturer une partie des Français. Pour les élites culturelles, les lecteurs et les électeurs de Bardella sont au mieux des ploucs au pire des fachos.

Je ne pense pas que le livre de Jordan Bardella soit un chef d’œuvre, mais cette négation de l’esprit des Lumières que ces beaux esprits prétendent défendre m’agace. On remplace l’argumentation et le désaccord civilisé par l’anathème. Il n’y a plus de contradicteurs et d’adversaires mais des ennemis du genre humain. L’intolérance devient une résistance. La devise de tous ces gens c’est : – Je ne partage pas vos idées et je me battrai pour que vous ne puissiez pas les exprimer !

C’est un ferment profond du blocage français, et l’un des facteurs de la paralysie politique actuelle : l’existence d’un parti avec qui toute alliance – même de circonstance sur un simple texte – est moralement interdite. Il est néanmoins légal, et rassemble des millions d’électeurs. Le courage, aujourd’hui, ce n’est pas de jouer les vierges antifascistes effarouchées mais de faire un grand bras d’honneur à ces bobards et de traiter M. Bardella comme n’importe quel chef de parti d’une grande démocratie.


Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio

Retrouvez Elisabeth Lévy dans la matinale

Réquisition surprise en plein cours de sport: la droite à la récup’

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De gauche à droite, les RN Rémy Durrieu de Madron, Amaury Pozzo di Borgo, Anne de La Brélie, Thierry Mariani, Sébastien Bonnet © D.R.

Des petits Parisiens ont été sommés de déguerpir pour laisser leur gymnase à des migrants clandestins. Dans le très chic XVIe, on a du mal à se remettre de ses émotions. La mairie de droite et l’union RN + UDR partent en croisade contre la mairie centrale…


Vendredi 24 janvier, en plein cours de sport, des élèves du XVIe arrondissement de Paris ont dû rassembler toutes leurs affaires et quitter illico presto le gymnase où ils s’entraînaient. En effet, la Mairie de Paris a décidé de réquisitionner sans délai le gymnase Henry de Montherlant situé boulevard Lannes pour y loger 200 migrants. Le problème pour les habitants en colère, c’est que personne n’a été prévenu de cette opération ! Ni la mairie du XVIe arrondissement, ni la direction de l’établissement scolaire, ni les professeurs, ni même le gymnase n’ont été avertis au préalable de cette occupation faite dans l’urgence et sans limite de temps.

Le XVIe se rebelle

Les responsables politiques de l’arrondissement sont tous unanimes pour critiquer cette pratique autoritaire de la Mairie de Paris. Le maire Jérémy Redler a publié un communiqué sur le réseau social X. Il dénonce la récurrence de ces réquisitions intempestives. En effet, à la rentrée de septembre, déjà, des activités sportives avaient dû être décalées suite à une réquisition. Toujours « sans aucune concertation, sans même que la mairie du 16e n’en ait été informée », la mairie centrale décide « arbitrairement » de mobiliser « une fois de plus » le gymnase Henry de Montherlant, afin d’y accueillir des familles de migrants illégaux.

https://twitter.com/mairiedu16/status/1883915961277018308

« Il n’y a pas eu de communication officielle de la ville vers la mairie du XVIe. Les méthodes de la Mairie de Paris sont scandaleuses et je les dénonce fermement », dénonce M. Redler qui rappelle que c’est déjà la troisième réquisition en douze mois du gymnase Montherlant alors que l’arrondissement prend selon lui déjà « largement sa part » dans l’accueil. Ce sont les « familles à la rue dans l’ancienne école Hamelin », les « demandeurs d’asile à Chardon Lagache », la « réquisition illégale de l’école Erlanger » ou encore les « hommes à la rue Porte de Saint-Cloud ». La mairie d’arrondissement demande à la Mairie de Paris de « faire cesser ces mobilisations qui n’apportent aucune réponse digne.» C’est à la Ville de Paris de « travailler avec l’État, en charge de l’accueil et du relogement de ces populations, à trouver des solutions pérennes » en concertation avec les Mairies d’arrondissement, « afin que les Parisiens arrêtent de subir les conséquences de cette gestion autoritaire et chaotique ».

De son côté, la Mairie de Paris estime que « le gymnase choisi est identifié au regard de plusieurs critères parmi lesquels l’équité territoriale dans la mobilisation d’un équipement en fonction des lieux déjà mobilisés ». Selon nos informations, le gymnase devrait être réquisitionné au moins jusqu’au mois de mars. En colère, un collectif d’habitants a ouvert une pétition en ligne. S’ils disent comprendre l’urgence humanitaire, ces Parisiens demandent « une transparence totale sur les motivations et la durée de cette réquisition, la recherche de solutions alternatives rapides permettant à la fois d’assurer l’accueil des personnes en détresse et de préserver l’usage normal du gymnase par les élèves. Les parents d’élèves rappellent que les lycéens en classe de terminale passent leur épreuve d’EPS en contrôle continu et se retrouvent donc dans l’impossibilité d’être évalués.» Ils soulignent eux aussi que cette réquisition est récurrente et que jusqu’à présent aucune solution de remplacement n’a été proposée.

La droite s’en mêle

Présent dimanche dernier sur place pour évaluer la situation, Thierry Mariani, député Rassemblement national au Parlement européen, délégué départemental de Paris et candidat aux élections municipales de 2026 dans la capitale, a lui aussi publié une vidéo sur X. Entouré de cadres parisiens, l’eurodéputé interpelle directement Anne Hidalgo qui a annoncé la tenue d’un référendum au mois de mars. Chiche ! clame l’ancien ministre, « demandez aux Parisiens s’ils veulent que leurs établissements publics soient réquisitionnés.»

L’eurodéputé appelle la mairie et le gouvernement à privilégier les centres de rétention administrative (!) plutôt que les gymnases pour loger les migrants en situation irrégulière en attente de leur expulsion…

À ses côtés, Anne de La Brélie, responsable Rassemblement national du XVIe arrondissement de Paris, s’est dit être très attentive au risque sécuritaire dans un quartier déjà très éprouvé par le meurtre de Philippine à quelques pas de là. La militante rapporte l’inquiétude de plusieurs mères de famille du quartier qui se sont confiées à elle depuis plusieurs jours. Anne de la Brélie s’étonne de l’absence totale d’information des Parisiennes et Parisiens ainsi que des usagers du complexe sportif et de cette manière de faire « très inappropriée » et « sans vision.» « On ne peut pas déshabiller Paul pour habiller Jacques ! Cela n’a pas de sens. Cela révèle l’incohérence et l’irresponsabilité de toutes ces politiques immigrationnistes. Les petits Parisiens n’ont pas à payer les inconséquences des élus.»

Dans le quartier, tout le monde est vent debout contre cette réquisition. Louis Piquet, ancien candidat de l’alliance UDR/RN au second tour des élections législatives anticipées de 2024, Jean-Baptiste Blanquet et Tristan Choppin de Janvry, membres du parti d’Éric Ciotti et responsables du 16e arrondissement de Paris, ont répondu présents à l’appel d’Amaury Pozzo di Borgo, cadre et trésorier du RN Paris, et de Rémy Durrieu de Maindron, délégué départemental adjoint de la fédération parisienne.

https://twitter.com/RaphaelFuzelier/status/1887227859665887340

Sophie Rostan, candidate aux élections législatives anticipées de 2024 et responsable du Rassemblement national dans le 5e arrondissement de Paris est venue en soutien avec d’autres responsables d’arrondissement de Paris, comme Raphaël Fuzelier Bourgadel des 13e et 14e. Elle interroge, mutine : « Pourquoi la maire ne réquisitionne pas l’Académie du climat plutôt que d’ennuyer les Parisiens ? »

Une loi d’expropriation des terres signée en Afrique du Sud

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Le président de l'Afrique du Sud lors du rassemblement du 113e anniversaire du parti au stade Mandela Park à Khayelitsha, au Cap, en Afrique du Sud , 11 janvier 2025 © CHINE NOUVELLE/SIPA

Le président Cyril Ramaphosa a signé une loi controversée d’expropriation des terres. Elle pourrait menacer la stabilité politique et économique de l’Afrique du Sud. Les Afrikaners sont particulièrement visés.


Le 23 janvier 2025, le président Cyril Ramaphosa, a décidé de promulguer une loi de réforme l’expropriation des terres, prenant le risque de diviser un peu plus l’Afrique du Sud et faire basculer le pays dans l’inéluctable. Des changements majeurs présentés comme un outil de justice sociale, qui ambitionne de corriger les inégalités historiques liées à la répartition des terres dans le pays.

Un sujet qui divise l’Afrique du Sud

Pour comprendre l’importance de cette loi, il est essentiel de revenir sur l’histoire de la redistribution des terres en Afrique du Sud. Sous le régime de l’apartheid (1948-1994), des lois comme le Natives Land Act de 1913 et le Group Areas Act ont systématiquement exclu la majorité noire de l’accès à la propriété foncière. Ces textes réservaient 87 % des terres arables aux Sud-Africains blancs, reléguant les communautés noires dans des zones désignées, souvent infertiles et peu propices à l’agriculture. Ce système a engendré des disparités économiques et sociales qui persistent encore aujourd’hui.

Depuis la fin de la ségrégation raciale en 1994, l’Afrique du Sud s’est engagée dans des réformes agraires pour rectifier ces injustices. Un projet devenu le fer de lance de l’extrême-gauche qui a régulièrement mis la pression sur les gouvernements successifs afin qu’une loi soit votée et les terres redistribuées à la majorité noire sans la moindre compensation aux fermiers. Mené par Julius Malema, ce dernier a plus d’une fois appelé ses militants du mouvement des Combattants pour la liberté économique (EFF) à s’emparer de ces terres avant que la justice ne lui intime l’ordre de cesser ses menaces mettant à mal la paix sociale en Afrique du Sud.

Un projet qui cristallise également la minorité afrikaner. Les descendants des boers s’inquiètent des conséquences d’une telle expropriation. Ils pointent du doigt le désastreux précèdent au Zimbabwe lorsque au début des années 2000, le président Robert Mugabe a décidé de mettre en place une loi similaire, ruinant rapidement le grenier à blé de l’Afrique australe, accentuant la crise économique à des fins politiques. Aujourd’hui, c’est à peine 10% des terres arables qui ont été redistribuées aux noirs sud-africains.

Les contours de la loi : une réforme nécessaire ou un danger pour la démocratie ?

La loi, qui remplace le texte initial de 1975, élargit la notion d’intérêt public pour inclure la réforme agraire et l’accès équitable aux ressources naturelles. Conformément à l’article 25 de la Constitution, elle vise à fournir une compensation « juste et équitable » dans la plupart des cas. Cependant, certaines exceptions sont prévues, notamment pour les terres abandonnées ou inutilisées. Loin de rassurer les syndicats agricoles.

Le Congrès national africain (ANC), balaye toutes les contestations, salue une avancée « progressiste et transformatrice » pour la nation. Le parti de feu Nelson Mandela considère même cette réforme comme un levier pour promouvoir une croissance économique inclusive et répondre aux aspirations des millions de Sud-Africains historiquement exclus de la propriété foncière. Cette vision s’inscrit dans la continuité de la Charte de la liberté, adoptée par l’ANC en 1955, qui proclamait : « La terre sera partagée entre ceux qui la travaillent. ». Sans se poser réellement la question de savoir s’il existe une main d’œuvre qualifiée pour exploiter ces terres.

Autre point qui pourrait également exacerber des tensions ethniques, celui de l’Ingonyama Trust. Créée peu de temps avant les premières élections multiraciales, résultant d’un deal secret conclu entre le Parti National (NP), à l’origine de l’apartheid, et l’Inkhata Freedom Party (IFP), le mouvement représentant les intérêts de la nation zoulou, cette fondation a réuni sous son parapluie presque 30% des terres de la province du Kwazoulou afin de les protéger d’un tel projet. Un trust qui génère des millions d’euros et qui reste entre les mains exclusives du puissant monarque de la nation zoulou. Depuis peu dans la tourmente et devenu un enjeu de querelle politique entre l’ANC et l’IFP, le roi Misuzulu Sinqobile kaZwelithini, refuse de céder la moindre parcelle des terres de son trust. Tout comme son père avant lui, il s’est récemment rapproché de l’extrême-droite afrikaner,

Critiques et contestations

La loi ne fait d’ailleurs pas l’unanimité. Certains critiques dénoncent une procédure législative « antidémocratique », soulignant qu’elle a été adoptée par un parlement précédent, avant la mise en place du gouvernement d’unité nationale actuel. La DA (Alliance démocratique), principal parti d’opposition, qui détient des postes clefs ministériels, ainsi que des organisations comme AfriForum, puissant syndicat d’extrême-droite afrikaner, ont annoncé leur intention de contester cette loi devant les tribunaux. Le très afrikaner Freedom Front, membre de la coalition gouvernementale, a déclaré que cette loi était purement « anticonstitutionnelle ».

Les opposants au projet craignent que cette réforme n’intimide les investisseurs étrangers et n’affaiblisse davantage une économie déjà fragilisée par des années de stagnation et la crise du covid. D’autres redoutent des abus dans l’application de la loi, notamment en l’absence de garde-fous suffisants contre des expropriations arbitraires, voir une recrudescence des meurtres de fermiers. Un autre sujet qui fait l’objet d’une violente guerre de chiffres en Afrique du Sud. Particulièrement visés par des attaques, depuis une décennie, plus de 4000 d’entre eux ont été sauvagement assassinés, faisant craindre la résurgence de tensions raciales entre blancs et noirs. Pour AfriForum qui avait attiré l’attention du Président américain Donald Trump lors de son premier mandat, il s’agit d’un « génocide planifié » avec la complicité des militants de l’EFF dont le leader est souvent pointé du doigt comme responsable par les Afrikaners. Une population blanche tentée par le séparatisme et qui se sent de plus en plus ostracisée comme attaquée sur ses fondements (comme avec la loi controversée qui réduit l’enseignement de la langue afrikaans dans les écoles).

Contre toute attente, même l’EFF a critiqué ce projet, estimant qu’il était faible au regard des enjeux, craignant que seule les terres à faible rendement et valeur soient uniquement redistribuées aux noirs sud-africains.

La signature de cette loi marque indubitablement un tournant dans le débat sur la réforme agraire en Afrique du Sud. Le chemin de la redistribution équitable des terres reste cependant semé d’embûches, mais cette initiative pourrait, si elle est appliquée avec prudence et transparence, ouvrir la voie, soit à un avenir plus inclusif pour tous les Sud-Africains, soit mener à terme le pays au bord de la guerre civile, de la sécession.

Retailleau vs Wauquiez : de quel homme fort la droite a-t-elle besoin ?

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Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau lors d'une séance de questions au gouvernement, Paris, le 23 octobre 2024 © ISA HARSIN/SIPA

La désignation du futur président des Républicains (LR) est sans cesse reportée. La montée en puissance de Bruno Retailleau, porté par de bons sondages, rend inévitable sa confrontation avec Laurent Wauquiez. Derrière cette bataille interne se dessine évidemment la question de la présidentielle de 2027. Bruno Retailleau doit présider Les Républicains, estime notre chroniqueur Philippe Bilger. Il explique ici pourquoi.


Pour n’être pas membre du parti Les Républicains – ma liberté de jugement m’importe plus que tout -, j’ai le droit, avec la lucidité que me donne, je l’espère, ma distance, de souhaiter que Bruno Retailleau se présente à la présidence de LR et qu’il l’emporte face à probablement Laurent Wauquiez.

Au risque de ne pas respecter la sacro-sainte règle, d’ailleurs paradoxale, des partis – préserver l’unité tout en s’affrontant -, on est bien obligé de pointer les faiblesses de l’adversaire par rapport à son favori.

La France a besoin d’une droite qui ne cède pas aux injonctions de la gauche et à la peur des médias

Laissons de côté le futur présidentiel : Laurent Wauquiez n’est plus le candidat « naturel » depuis longtemps et même s’il fait tout pour éviter qu’on débatte de la primaire, il faudra bien qu’il intègre pour 2027 la donnée du pluralisme au sein duquel il conviendra de choisir le meilleur : lui sans doute, David Lisnard et Xavier Bertrand sûrement, Bruno Retailleau peut-être.

Quelles conclusions peut-on tirer de l’attitude singulière et de l’animation collective de Laurent Wauquiez depuis la catastrophique dissolution et la composition du gouvernement de Michel Barnier ?

Il est clair que M. Wauquiez a été l’homme des refus et des subtiles ou explicites exclusions de ceux qui, dans son propre camp, risquaient de devenir des rivaux pour la seule échéance qui lui importait.

David Lisnard s’en est remis et mène son propre chemin qui, sur le plan des principes et du projet, n’est pas éloigné de celui de Bruno Retailleau et de Laurent Wauquiez quand ce dernier parvient à s’oublier.

A lire aussi, Pascale Piera: La circulaire Retailleau, trompe-l’œil de la fermeté

Bruno Retailleau est parvenu, grâce aux preuves fournies par sa personnalité, ses propos, sa sincérité sans fard et son action, à démontrer qu’une authentique droite n’était même pas de retour – à bien considérer, elle avait toujours calé devant la résistance du réel, les injonctions de la gauche et la peur des médias – mais pouvait exister, y compris au pouvoir et en charge de responsabilités essentielles pour les Français.

Laurent Wauquiez, avec obstination, pour mille prétextes, a décidé de ne pas franchir les obstacles et les épreuves inévitables, personnelles et collectives, nées de la lutte pour rendre opératoires idées et convictions. Bruno Retailleau est exactement aux antipodes d’une telle absence de résolution, tellement facile à faire passer pour de la maturation.

Présider Les Républicains – qu’ils aient ou non un nouveau nom – ne sera pas une partie de plaisir. Il faudra user de toutes les qualités dont Bruno Retailleau, largement soutenu par les citoyens, donne l’exemple dans son activité ministérielle, grandement légitimée grâce à un garde des Sceaux qui, de son côté et avec quelle approche lucide et énergique du réel à réformer, fait oublier ses prédécesseurs.

Comme une évidence

Bruno Retailleau sera parfaitement capable de mener de front l’honneur et la charge de présider le parti, et la dureté exaltante d’être ministre. J’ai pu constater moi-même que sa puissance de travail était phénoménale, sa réactivité indépassable et son dédain du somptuaire éclatant – il n’occupe pas son logement de fonction à Beauvau mais un studio annexe. Il fait partie de ces personnalités que l’ampleur de leurs tâches stimule au lieu de les écraser.

Pour terminer, une double évidence :

Depuis quand la vraie droite courageuse, libre et sans la moindre envie d’un quelconque mimétisme de gauche est-elle revenue à l’honneur, sur le devant de la scène politique et médiatique ? Depuis Bruno Retailleau. Aucune raison de ne pas lui en savoir gré en votant pour lui s’il se présente à la tête de LR !

Soyons sincère jusqu’au cynisme. Si Laurent Wauquiez est élu président de LR, je n’ai pas le moindre doute : il sera un poison lent et constant pour Bruno Retailleau. Sans antidote pour celui-ci. Bruno Retailleau doit donc présider Les Républicains.

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