Islamisme. À l’Assemblée nationale, Mona Jafarian, Fadila Maaroufi et Lara Fatimi (de gauche à droite sur notre illustration) ont appelé à un sursaut collectif. Qui sont-elles ?
Pendant que Greta et Rima, les célèbres duettistes, faisaient des selfies sur leur yacht en direction de Gaza, d’authentiques héroïnes ont lancé un appel contre un danger véritable. Peut-être un peu comme l’a été celle du 18 juin 40, il est probable que l’importance de l’appel du 4 juin ne sera reconnue que bien plus tard. Ce qui importe, c’est que cet appel a été solennellement lancé au Palais Bourbon, lors d’une conférence sur la liberté des femmes menacée par l’islamisation de la société, par trois femmes exceptionnelles, en présence de Constance Le Grip, députée, et de Paul Amar, journaliste, modérateur de la conférence.

Mona Jafarian
À la différence des touristes humanitaires citées plus haut, Mona Jafarian mérite le titre d’activiste, qui vient du mot « action ».
La révolution de 1979, qui a installé la charia dans l’Iran laïque, avait trois ans quand Mona est née. Venue en France bébé avec sa mère, elle a fait, jusqu’à sa majorité, des allers et retours réguliers avec son pays d’origine pour y visiter son père, incapable de couper ce cordon-là. C’est pourquoi elle y a encore une relation charnelle avec le pays, la langue, les amis et les amies.
« Tout ce qui compose la République islamique ne sème que la mort, la destruction et la faillite », écrit-elle dans Mon Combat.
Son activisme véritable a commencé le 17 septembre 2022, le lendemain de la mort, à Téhéran, de Mahsa Amini, à l’âge de 22 ans. Cette étudiante iranienne d’origine kurde avait été arrêtée trois jours plus tôt par la police de la vertu pour « port de vêtements inappropriés ». Les manifestations monstres qui ont aussitôt érupté ont convaincu la Franco-iranienne que « ce qui se passait était différent. La révolution avait commencé (…) et elle ne s’arrêterait plus jusqu’à la victoire. »
A lire aussi, Gil Mihaely: Al-ikhwān: les Frères, nos ennemis
Mona Jafarian connaissait les violences quotidiennes subies par les femmes iraniennes, elle savait que des milliers d’étudiants avaient été tués pour avoir scandé « Où est mon vote ? » lors des révoltes de 2009, « après l’élection frauduleuse de Mahmoud Ahmadinejad ». Cette révolte, comme celle de 2019, avait été noyée dans le sang des protestataires.
Le mouvement Femme-Vie-Liberté est né de la mort de Mahsa Amini et il a grandi à la vitesse du son et de la lumière dans tout le pays, parce qu’il était porté par les femmes, soutenues par tout un peuple, conscient de son identité (persane), de la singularité de sa religion (zoroastrienne), de sa langue (le farsi) et de son Histoire (deux millénaires de civilisation interrompus lors la colonisation arabo-islamique, il y a 14 siècles, puis partie en marche arrière depuis 1979).
Mais dans sa France d’adoption, tout le monde ignorait aussi bien l’Histoire que l’histoire du voile et de l’islamophobie, inventés par l’ayatollah Khomeiny pour soumettre les femmes (le premier) et les opposants (la seconde).
Ce n’est pas de l’ignorance, c’est une trahison. Elle a été suivie par bien d’autres, notamment celle des médias, qui expliquaient, en commentant les rues noires de manifestants, que la majorité des Iraniens était opposée à cette révolution.
A lire aussi, Charles Rojzman: Islam: obsession ou présence obsédante?
Trahison au carré : le jour où une troisième femme iranienne éprise de liberté a été tuée par la répression, Macron, à New York, a serré chaleureusement la main du « boucher de Téhéran », alias Ebrahim Raïssi, président de la République islamique, devant les caméras.
Trahison au cube, celle des néo-féministes, qui ont choisi de taire la révolution des femmes iraniennes, comme elles ont nié les viols des femmes israéliennes, parce qu’il vaut mieux voir des femmes mourir plutôt que des musulmans accusés.
Alors Mona s’est lâchée : « Je ne pouvais rester silencieuse face à l’inaction, voire la complaisance des pays dits libres, dont la France, envers nos bourreaux. (…) je ne pouvais passer sous silence ma colère face à la fausse bien-pensance d’extrême gauche, les accusations d’islamophobie pour faire taire les activistes, les menaces de mort et les insultes quotidiennes (…) j’appelle à un sursaut collectif (…) pour ne pas normaliser ce qui va à l’encontre de nos valeurs, et ne plus trembler à l’idée d’être étiquetés islamophobes ou fascistes quand on dénonce une idéologie qui tue en masse. »
Fadila Maaroufi
Née à Bruxelles, dans une famille marocaine habitant un quartier mitoyen de Molenbeek, Fadila Maaroufi a vécu une enfance tissée de violences physiques et psychologiques. Et de viols répétés.
Si elle se consacre, aujourd’hui, à la lutte contre le voile, c’est qu’elle tient son expérience de l’inégalité homme-femmes de première main. Son premier souvenir est celui de son premier viol par un oncle. Elle avait deux ans et savait déjà qu’elle avait participé à un acte impur, qu’Allah ne lui pardonnerait jamais. Dans un rapport sexuel, un homme musulman ne peut pas être coupable. Seule une femme l’est. Même si elle a deux ans. « Il n’y avait pas d’échappatoire : vivante, j’avais peur du châtiment des hommes, morte, c’était l’enfer éternel. »
Quand elle était enfant, Fadila allait à l’école publique, où elle jouait le rôle qu’on attendait d’elle, un rôle bien différent de celui qu’elle tenait à la maison, où il s’agissait d’encaisser et de se taire. Excellente élève, sérénité factice, silence sur l’enfer familial, l’école était son sanctuaire, le seul endroit où elle osait sourire, voire rire.
La famille était un lieu de blessure sans nulle occasion de déverrouiller ses zygomatiques. C’était littéralement une prison, où la vie des filles était faite de contraintes, de douleur, de corvées, de soumission, le tout sans la moindre perspective d’autonomie.
Fadila Maaroufi est une survivante : de cette enfance broyée, d’un mariage forcé à 17 ans avec un cousin de 32 ans, pour qui une épouse n’était qu’un ventre doublé d’une batterie de casseroles, d’un enfermement sectaire dans une religion inhumaine.
Elle a tiré de son expérience mortifère une motivation résolue pour aider les femmes à sortir de la soumission, une motivation qu’elle essaie de transmettre aux Français placides et passifs.
« Si vous voulez savoir à quoi ressemblera Paris dans cinq ans, allez à Bruxelles » répète-t-elle aux islamolâtres parisiens, qui la snobent en s’exhibant, vêtues de burqa griffées Dior et qui caquètent un gloubi-boulga de vivrensemble hors-sol.
Lara Fatimi
Née en France d’une mère catholique et d’un père musulman, Lara Fatimi a eu la chance de bénéficier de l’addition de ses deux cultures. Cette tolérance rare la rend d’autant plus sensible à la réalité du multiculturalisme à la française, où la religion exogène étouffe peu à peu la culture indigène, comme le lierre étouffe les arbres qu’il parasite.
A lire aussi, du même auteur: Londres: tout, sauf froisser l’exquise sensibilité du Hezbollah
Lara Fatimi est avocate au barreau de Paris, dans le cabinet de Thibault de Montbrial, qui défend les droits de l’Homme, et particulièrement ceux d’une catégorie oubliée par les défenseurs habituels de ces droits : les Français et même les policiers français. Il représentait la famille de Jessica Schneider, policière assassinée avec son compagnon Jean-Baptiste Salvaing, en 2016, sous les yeux de leur fils, alors âgé de trois ans. Lors du procès, en 2023, Maître de Montbrial a été menacé de mort par le frère d’un des complices de l’assassin.
En octobre 2020, quand un Tunisien, Brahim Aouissaoui a poignardé trois personnes à la cathédrale de Nice, il a été neutralisé par des policiers municipaux. Leur syndicat, le SDPM, s’est constitué partie civile et c’est Lara Fatimi qui l’a représenté au procès. « Nous sommes plongés dans une guerre civilisationnelle profonde dont le niveau de haine à notre endroit relève pour partie d’une guerre de religion », a-t-elle rappelé à la Cour : « Les policiers municipaux sont désormais des cibles notoires – tout comme les juifs et les chrétiens ». Elle milite pour que les policiers municipaux soient armés, « parce qu’il faut protéger notre société, protéger ceux qui nous protègent.[1] »
L’appel du 4 juin 2025
À l’issue de la conférence du 4 juin dernier, un appel solennel a été lancé par les trois intervenantes, demandant aux parlementaires de légiférer sur cinq mesures concrètes :
1. Dissolution de l’association des Musulmans de France (ex-UOIF) et suppression des subventions des associations fréristes identifiées par le rapport Frères musulmans et islamisme politique en France.
2. Application ferme de la loi sur l’interdiction des prières de rue et du prosélytisme religieux en cas de trouble à l’ordre public.
3. Fermeture de tous les lieux de cultes prêchant des principes contraires aux droits humains, notamment les droits des femmes.
4. Interdiction du voile aux mineures. Interdiction du voile dans l’enseignement supérieur public et privé. Interdiction du voile dans le sport (pratique et compétitions sportives).
5. Fermeture des comptes sur les réseaux sociaux des influenceurs islamiques et des imams dont les prêches et les discours sont contraires aux droits humains, en particulier ceux visant les droits des femmes.
Mona Jafarian, Fadila Maaroufi et Lara Fatimi ont reçu une standing ovation de plusieurs minutes. Seront-elles, serons-nous entendues par leurs/nos représentants à l’Assemblée nationale ?
Mon combat: La lutte des Iraniens contre l'obscurantisme est aussi celle de la France
Price: 20,50 €
11 used & new available from 15,32 €