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Le jour d’après

La France devra changer de logiciel économique pour se relancer


Le jour d’après
L'économiste Philippe Murer, image d'archive © NICOLAS MESSYASZ/SIPA

Les préconisations de l’économiste Philippe Murer


Bien que la politique sanitaire contre le coronavirus soit mal conçue et mal dirigée par l’équipe Macron, le confinement, s’il est correctement respecté mettra fin à la flambée épidémique en France d’ici quelques semaines. 

Les USA désormais davantage débordés que les Chinois

En Chine, selon le gouvernement, le pays ne connaitrait plus de contaminations. Les retours de Chinois en provenance de l’étranger et de voyageurs sont le plus grand risque de reprise de l’épidémie (Jeudi 26, 54 personnes venant de l’étranger atterrissaient en Chine en étant contaminées). Le gouvernement chinois devrait être capable d’y faire face avec la politique de contrôle drastique des frontières qu’il a mis en place : limitation drastique des vols internationaux, interdiction à la plupart des étrangers de venir etc. L’économie chinoise se remet aujourd’hui en ordre de marche.

La banque Goldman Sachs prévoit un taux de chômage massif et une récession violente avec une baisse du PIB américain de 24% au deuxième trimestre !

L’autre pilier de l’économie mondiale, les États-Unis font face à une flambée des cas de coronavirus. Le pays est devenu le plus grand foyer mondial avec 83 000 cas confirmés le 26 mars. Le nombre de contaminés double tous les trois jours. Le président Trump n’aura pas d’autres choix que de confiner le pays, l’autre solution, accepter des dizaines de milliers morts étant inacceptable. Deux millions et demi d’Américains ont été brusquement mis au chômage cette semaine et ce n’est malheureusement que le début. La banque Goldman Sachs prévoit un taux de chômage massif et une récession violente avec une baisse du PIB de 24% au deuxième trimestre ! L’économie américaine est fragilisée par ce qui est habituellement une de ses forces : la fluidité des transactions et des contrats, ici la facilité à licencier, devient un boulet dans cette crise. Si le taux de chômage monte à 30%, quels sera l’ampleur des dégâts économiques aux États-Unis ? Comment redémarrer l’économie après un tel choc ? 

Qu’adviendra-t-il de l’économie française le jour d’après, le lendemain du confinement ?

Cela dépendra de l’ampleur des mesures prises pour sauver les salariés et les entreprises, ces organisations humaines qui assurent la production de biens et de services. Le gouvernement Macron doit tout faire pour qu’elles soient en vie après le confinement. Cela passe par la suspension voire l’annulation des impôts, charges et échéances bancaires pour les entreprises pendant la période d’arrêt due au confinement. L’État est le seul à avoir les épaules assez larges pour surmonter cette crise.

Pour organiser ce redéploiement, la planification gaulliste doit être de retour!

Le jour d’après, Macron devra faire face à une obligation qui lui causera un immense déplaisir : contrôler drastiquement les frontières pour les personnes, comme le fait aujourd’hui la Chine, afin d’éviter un retour dévastateur de l’épidémie. Cette « fermeture » des frontières concernera aussi nos frontières avec les autres pays de l’Union Européenne, dont la date de guérison ne sera pas la même que pour la France. Même en cas de guérison simultanée de tous les pays d’Europe, hypothèse improbable, maintenir les frontières intra européennes ouvertes implique que nous resterons tous à la merci du maillon le plus faible des pays de l’Union Européenne : un pays contaminé finira inévitablement par contaminer toute l’Europe. On voit le mal de tête qui va bientôt saisir tous les partisans du marché unique, de la libre circulation et du monde sans frontières, principes fondamentaux de l’Union Européenne.

A lire aussi, Jean-Luc Gréau: Et si on fermait les bourses?

Cette obligation de contrôle des frontières durera peut être le temps que l’on découvre un vaccin soit un an au minimum, parfois plus, selon les virologues. Si Macron ne met pas en place cette mesure, ce sera, il faut le dire, une décision terrible envers le peuple français qu’il est chargé de protéger. Ce sera aussi un acte malveillant envers les autres pays du monde : chaque pays a intérêt que les autres pays soient et restent guéris pour éviter toute contamination ultérieure.

Éloge du localisme et de la planication gaulliste

L’économie française et mondiale sortiront radicalement transformées de cette crise sanitaire 

Le moteur de l’économie française devra être interne, poussée par la production et la consommation intérieure, et non externe, poussé par les exportations et importations et donc soumis à la situation sanitaire et aux crises économiques du reste du monde. 

Éviter la catastrophe économique et la destruction de notre économie passera donc par un vaste plan de redéploiement de l’économie française. Ce plan doit nous permettre de reconstruire nos unités de production industrielle, largement délocalisées. La relocalisation de la production de médicaments est aujourd’hui une évidence. La reconstruction de tous les pans de l’industrie française est aussi une nécessité dans un monde chamboulé. Les lacunes de notre industrie de défense (fusils, munitions, drones…) doivent être comblées à cette occasion. Un plan de relance pour construire notre transition énergétique et plus largement écologique est aussi une nécessité. 

Pour organiser ce redéploiement, la planification gaulliste doit être de retour. Pour donner de la force et des finances à ce plan, la banque centrale devra soutenir l’économie réelle française (et non la finance) ce qui signifie que nous devons en finir avec l’euro.

Les marchés publics doivent être réservés aux industriels produisant sur notre sol. Pour favoriser la relocalisation, des droits de douane seront aussi nécessaires aux frontières de la France.

Certains pourraient rêver d’un tel plan de relance économique à l’échelle de l’Union Européenne. Étant contraire à tous les principes fondamentaux de cette organisation supranationale, cette idée est évidemment une chimère. 

Si les Français veulent que l’avenir de leur pays soit toujours dans l’Union Européenne, ils le peuvent mais ils prendront le risque d’une catastrophe sanitaire et économique sans précédent. Dans le cas contraire, tout est possible.



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