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Jean Leonetti, ministre moderne


Remporter une victoire, ce n’est pas seulement gagner une élection. Imposer dans le débat public un concept est assurément une gageure. Exhumer une idée que l’on croyait reléguée au rang de vieille lune et obtenir qu’on en débatte est une belle réussite. Aussi Arnaud Montebourg peut-il se féliciter d’avoir gagné son pari démondialisateur. Si l’on ne sait pas ce que deviendra l’homme, ni quelle sera sa place dans la campagne socialiste, l’avenir du protectionnisme en tant qu’idée est quant à lui assuré.

De cela, on peut être certain lorsqu’on constate que tous, y compris les adversaires politiques de « l’impétrant », se voient contraints de se positionner sur un thème devenu « fashion ». Que Jean-Claude Trichet soit hostile à la démondialisation n’est pas très étonnant. Mais qu’il ressente l’urgence de l’exprimer est loin d’être anodin.

Que dire, dès lors, lorsque le ministre des affaires européennes du gouvernement Fillon se lance dans vibrant « éloge des frontières », et conseille à une poignée de parlementaires éberlués la lecture du livre éponyme de Régis Debray ?

Cette scène n’est ni le fruit d’une élucubration, ni un morceau choisi du dernier roman d’anticipation à la mode. Elle s’est produite au Palais Bourbon le 5 octobre. Jean Leonetti, alors auditionné par la commission des affaires européennes de l’Assemblée y affirma : « l’Europe doit désormais se construire différemment. Elle doit respecter ses frontières (…) dans les échanges commerciaux, la réciprocité doit s’imposer. Nous ne pouvons plus tolérer que certains ne respectent pas les règles sociales et environnementales en vigueur sur le marché européen, et que la réciprocité ne s’applique pas ».

Encore un petit effort, Monsieur le Ministre. A la prochaine audition, rappelez que l’Europe est une association de Nations souveraines, et que cette souveraineté appartient aux peuples. Vous entrerez alors pour de bon dans la modernité.



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