Jane Campion, le festival de Cannes et le test de Bechdel


Le test de Bechdel  (du nom d’une dessinatrice de BD, Alison Bechdel, qui en a fait son label) m’a ouvert les yeux sur ce que sera le cinéma de demain soumis à cette épreuve dont le but est de mesurer la représentativité des femmes dans les films… suivront les  » minorités visibles « . Pour réussir le test, il faut d’abord que le nom de deux personnages féminins soit clairement identifié, ensuite qu’elles se parlent au cours du film et, enfin, qu’elles ne s’intéressent pas seulement aux hommes. Une fois ces conditions remplies, les films obtiendront le label Bechdel, déjà adopté dans plusieurs salles de cinéma en Suède.

Évidemment, avec cet  » indice d’égalité « , on oubliera qu’il fut un temps lointain et honteux où des westerns racistes et des films noirs misogynes envahissaient les écrans et où même dans dans des films destinés à un public féminin (désignés comme des  » chick flicks « ) les héroïnes passaient plus de temps à évoquer leurs déboires amoureux qu’à songer à leur carrière. On se demandera  comment les femmes ont pu accepter le spectacle de leur asservissement avec une telle ingénuité… et parfois même en rire.

Le test de Bechdel est dans l’air du temps… nous nous garderons d’émettre la moindre réserve quant à la morale exemplaire qu’il nous incitera à mettre en œuvre. Et nous battrons pour notre coulpe pour avoir plébiscité La Dame de Shanghaï d’Orson Welles ou Le Fanfaron de Dino Risi, voire Ma femme est un violon de Campanella. Non, notre femme n’est pas un violon et les garces hollywoodiennes n’ont jamais existé que dans notre imagination pervertie par des metteurs en scène dépourvus de tout respect (j’insiste sur le mot  » respect  » , le mot le plus usité et le plus hypocrite qui soit ) pour le deuxième sexe.

L’offensive Bechdel débutera cette année au Festival de Cannes avec Jane Campion, présidente du jury et cinéaste néo-zélandaise dont les films répondent tous aux critères imposés par le test de Bechdel. Elisabeth Lévy disait qu’elle ne supporterait pas de vivre dans un monde où les hommes ne seraient pas des obsédés sexuels. Et moi je me rabattrai sur des pornos japonais, toute honte bue. Peut-être en viendrai-je même à regretter le maccarthysme….

 

 



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