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La France championne d’Europe de l’«islamophobie»

Bon, ce sont des islamistes qui le disent…


La France championne d’Europe de l’«islamophobie»
Manifestation à Paris, 10 novembre 2019 © AP / Thibault Camus / SIPA.

Pour que leur entreprise de sape de nos sociétés occidentales réussisse, il est vital pour les islamistes de démontrer en permanence que les musulmans seraient des victimes de violences ou d’injustices terribles. L’European islamophobia report s’y emploie.


L’European islamophobia report 2020 vient de sortir. Sur les réseaux sociaux, l’information a été partagée par une myriade de militants vent debout face à l’« islamophobie » qui déferle sur le vieux continent. En France, le média qatari AJ + a applaudi. 

Ce gros livre a été dirigé par deux Turcs, Enes Bayrakli et Farid Hafez. Ce dernier l’a mis gratuitement en ligne. Causeur s’est évidemment précipité dessus.

Enes Bayrakli est diplômé en sciences politiques de l’université de Vienne. Il s’intéresse à la « transformation de la politique étrangère de la Turquie » et à l’ « islamophobie ». Farid Hafez a écrit de son côté un ouvrage nommé Islamophobie en Autriche. Des experts !

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Le gros rapport a été édité en Autriche. Il a reçu le label de pas moins de sept organismes. Deux sont consacrés à la recherche sur l’ « islamophobie ». Pour illustrer la couverture (voir plus bas), les deux germanophiles ont choisi une photo du président Macron. Un masque chirurgical en main, le président a l’index posé sur la bouche avec un air préoccupé. À quoi pense-t-il ? À sa prochaine allocution à la télé ? À sa réélection ? Vous n’y êtes pas du tout : il cherche une stratégie pour gagner la palme de l’ « islamophobie ». 

Le CCIF dissous se venge

Dans ce rapport tout en anglais, deux personnes se sont attelées à la partie consacrée à la France. Diplômée de l’université d’Aix Marseille, la première est présentée comme « experte de l’islamophobie » et « s’est engagée dans le combat contre l’islamophobie à travers le CCIF » (« Comité contre l’islamophobie en France »). La seconde a été diplômée en droit par la Sorbonne. Elle s’est aussi « engagée aux côtés du CCIF, où elle était juriste ». 

La partie consacrée à la France de Macron s’étale sur 56 pages. À titre de comparaison, la Hongrie de Victor Orban n’a droit qu’à 22 pages. « L’année 2020 restera en France un tournant majeur en terme de police publique et de discours politique, nous ramenant aux heures les plus sombres », est-il annoncé d’emblée (en anglais). Selon « l’Observatoire National de Lutte contre l’Islamophobie », les actes « islamophobes » auraient augmenté de 53% par rapport à 2019. « En 2019, le ministère de l’Intérieur a rapporté 154 incidents islamophobes alors que le CCIF a reçu 789 rapports de formes se référant à 1043 incidents islamophobes », est-il indiqué. Mais en raison de la dissolution du CCIF, « aucune donnée sur l’islamophobie classée par catégorie et par nature avec des analyses précises, telles que celles livrées annuellement par le CCIF, n’est disponible actuellement en France – le pays le plus islamophobe d’Europe », déplorent les auteurs. 

Chiffres, captures d’écrans et photos à l’appui, des actes antimusulmans, suivant pour l’essentiel le projet de loi contre le séparatisme y sont longuement relatés. Souvent violents, ces actes n’ont rien de glorieux, certains font froid dans le dos. Ils illustrent très bien l’ensauvagement de notre société que d’aucuns continuent de nier. Mais n’en déplaise aux militants, ils ne sont pas l’apanage des musulmans. Quand une église est profanée ou qu’un curé est molesté (ou tué), les instances catholiques ne hurlent pas à la « cathophobie » à tout va. Encore moins avec l’aval d’Amnesty International (dont le rapport sur l’ « islamophobie » est évoqué dans ce texte). Pour clore cette parenthèse, signalons simplement que selon le ministère de l’Intérieur, il y aurait eu 686 actes anti-chrétiens en 2021. 

Causeur oublié

Revenons donc à l’ « islamophobie ». « Il semble que sous l’apparence de combattre le séparatisme, la radicalisation et le communautarisme, l’État veuille éliminer tous signes d’affiliation religieuse », est-il écrit. Jugez plutôt : « En effet, le 4 octobre 2020, Gérald Darmanin a expliqué sur Europe 1 que cette mesure [le projet de loi contre le séparatisme] pourrait même permettre à une entreprise de considérer comme un sérieux écart de conduite le fait qu’un employé du service public refuse, par exemple, de serrer la main d’une collègue femme ». Avant l’avalanche sanitaire, il fut un temps où on serrait la main aux femmes en France, en effet. Et parfois, on leur faisait même la bise. Ce n’était pas inscrit dans la loi, certes, mais c’était un usage. L’irruption du Covid-19 et de ses variants semble avoir réglé le problème à sa façon. Peut-être pour de bon, et c’est malheureux. 

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Darmanin, premier « islamophobe » de France ? En tout cas, il est cité à de nombreuses reprises. Mais qu’il se rassure, il n’est pas seul sur le banc. Il peut s’y blottir contre Marlène Schiappa, qui a osé déclarer un temps qu’elle « voulait créer une nouvelle charte du sécularisme à signer par les associations voulant recevoir des subventions ». Ou contre Christophe Castaner. L’ancien ministre de l’Intérieur est accusé d’avoir « confirmé, sinon aggravé, les amendements faits en novembre (2019) de la circulaire [contre le séparatisme]. » Pauvre Castaner, qui s’en est encore pris sur France Inter, il y a peu, à la « droite rabougrie, rétrécie, extrême-droitisée » de Valérie Pécresse. Le voilà acculé au même sort que la candidate à la présidentielle, elle aussi sur la liste des « figures centrales de l’islamophobie ». Ou aux côtés d’Eric Zemmour, qui y figure également. Dans cette liste, se nichent aussi Jean-Michel Blanquer, la députée Aurore Berger ou encore… le Conseil Français du Culte Musulman (!).

Côté médias, on y trouve les sites Riposte laïque, Fdesouche. com ou l’hebdomadaire Valeurs Actuelles. Mais aussi LCI, Le Figaro, BFM TV ou le journaliste Mohamed Sifaoui (dont le nom, cela va lui faire plaisir, est accolé à celui de Zemmour). En revanche, on n’y trouve ni Libé, ni Le Monde et surtout, même pas Causeur. La preuve que la fachosphère-islamophobe-et-rabougrie ne se trouve pas ici ?




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Enseignant, auteur du roman "Grossophobie" (Éditions Ovadia, 2022).

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