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Homophobe, moi ? Et ta soeur ?


Homophobe, moi ? Et ta soeur ?

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Dans un article publié sur Marianne2 cette semaine, Joseph Macé-Scaron et Christine Lambert assimilent les opposants au « mariage pour tous » à de vilains homophobes. Voici ma réponse :

Ils sont homos, bis, trans, hétéros, athées, religieux, de gauche, de droite, et ils considèrent que la question du mariage homosexuel qui est intimement liée à celles de l’adoption et de la filiation mérite un véritable débat car elle bouleverse les fondements anthropologiques de notre société.

Ils sont homos, bis, trans, hétéros, athées, religieux, de gauche, de droite, et ils estiment que le droit au mariage n’a rien d’un privilège puisque l’officier d’Etat civil ne s’enquiert ni de l’orientation sexuelle ni des préférences sexuelles de ceux qu’il marie. Par conséquent tout le monde y a droit.

Ils sont homos, bis, trans, hétéros, athées, religieux, de gauche, de droite, et ils jugent que le mariage n’a pas à entériner les amours car le code civil n’a jamais parlé d’amour et que l’on peut s’aimer sans se marier. Ils avertissent les partisans du « mariage pour tous » qu’un mariage sur deux se termine par un divorce et que comme les homosexuels ne sont pas des citoyens de seconde zone mais des hommes et des femmes comme les autres, ils n’y échapperont pas plus que les autres.

Ils sont homos, bis, trans, hétéros, athées, religieux, de gauche, de droite, et ils regardent les menaces qui pèsent sur la famille comme ils regardent la précarité sociale. Ils affirment qu’on peut regretter les deux et que la charité ne consiste pas à déshabiller Paul pour aller habiller Pierre.

Ils sont homos, bis, trans, hétéros, athées, religieux, de gauche, de droite, et ils croient profondément à l’altérité du couple dans la construction de l’enfant, labrador ou non, 4X4 ou non. Ils avertissent les partisans du mariage pour tous que l’hétéroparentalité n’éradique pas l’enfance maltraitée des faits divers et que comme les homosexuels ne sont pas des citoyens de seconde zone mais des hommes et des femmes comme les autres, ils n’y échapperont pas plus que les autres.

Ils sont homos, bis, trans, hétéros, athées, religieux, de gauche, de droite, et ils savent qu’un enfant à besoin, pour se développer, d’un référent masculin et d’un référent féminin car « c’est la raison de la condition sexuée de l’existence humaine et de l’hétérogénéité de toute génération dont la culture a jusqu’ici voulu garder le modèle » comme le rappelle la philosophe Sylviane Agacinski.

Ils sont homos, bis, trans, hétéros, athées, religieux, de gauche, de droite, et ils affirment qu’ils savent lire. Si l’on parle de mariage pour tous, alors c’est le mariage pour tous ou alors on nous ment. Patrick Besson dans Le Point se contente d’une phrase qui elle aussi dit tout : « L’empereur romain Caligula, premier adepte du mariage pour tous : il avait épousé son cheval. Pourquoi s’en tenir, en effet, aux épousailles entre gens du même genre ? » Surtout si l’on fait disparaître la notion de genre avec Parent 1 et Parent 2.

Ils sont homos, bis, trans, hétéros, athées, religieux, de gauche, de droite, et ils redoutent qu’ouvrir l’adoption aux couples du même sexe donne un droit à l’enfant alors que le principe même de l’adoption est de donner un droit aux enfants, celui d’avoir un père et une mère, comme nous tous nous y avons eu le droit depuis que l’humanité existe.

Ils sont homos, bis, trans, hétéros, athées, religieux, de gauche, de droite, et ils présument que l’enfant comme la mère porteuse pourraient bientôt devenir objets de commerce. Comment en effet ne pas imaginer que dans la précarité sociale existante, certaines n’iront pas vendre leur corps et le fruit de leur corps, ou quand libertaires et libéraux s’associent pour la réification des rapports sociaux et la personnification des choses ?

Ils sont homos, bis, trans, hétéros, athées, religieux, de gauche, de droite, et ils refusent effectivement de céder comme des moutons de panurge. Car l’égalité des droits ce n’est pas l’égalité des droits d’une communauté ni même des couples, c’est l’égalité des individus devant la loi. Et que fera-t-on de la rupture d’égalité entre les enfants de familles homoparentales et les enfants de familles hétéroparentales ?

Ils sont homos, bis, trans, hétéros, athées, religieux, de gauche, de droite, et ils considèrent que la sexualité de tout un chacun relève de la sphère privée mais plus encore que la sexualité de l’un ou de l’autre ne conditionne pas une façon de penser.

Ils sont homos, bis, trans, hétéros, athées, religieux, de gauche, de droite, et ils connaissent les classiques de l’histoire et de la philologie grecque à propos de l’homosexualité ; ce que Georges Devereux a proposé de dénommer « pseudo-homosexualité », marquant par cette expression le caractère spécifique de l’homosexualité grecque, qui a pour objet – et cet objet est paradoxal dans les évidences d’aujourd’hui – l’acquisition de la différence des sexes et le mariage.

Ils sont homos, bis, trans, hétéros, athées, religieux, de gauche, de droite, et ils ne sont pas homophobes. Car ils ne pensent pas, contrairement aux fureurs d’un homme arrivé au pouvoir en 1933, que les homosexuels ne sont capables de réfléchir politiquement que par instinct sexuel. Mais au contraire, que la question du mariage pour tous n’est ni homosexuelle, ni hétérosexuelle, elle concerne le droit des enfants d’avoir un père et une mère, et seulement cela.

*Photo : NobMouse.



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