Accueil Société Coup de gueule, coup de sang

Coup de gueule, coup de sang

Un billet de Charles Rojzman


Coup de gueule, coup de sang
Débat entre les Républicains sur France 2 et France inter, 30 novembre 2022. Lors du congrès LR, les candidats de droite ont été très fermes sur l'immigration et ont évoqué le "grand remplacement" © JULIEN DE ROSA / AFP

Selon le baromètre #Présidentielle 2022 de Harris Interactive, six Français sur 10 estiment qu’un « grand remplacement » peut se produire en France…


Une majorité de Français seraient ainsi convaincus de la possibilité de ce « grand remplacement » évoqué par Renaud Camus et plus récemment par Eric Zemmour. D’autres Français voient dans ce sondage un retour dramatique de l’extrême-droite réactionnaire, intolérante et raciste et selon eux, ce retour constitue presque une divine surprise qui permettra enfin de reprendre le combat interrompu contre la Bête.

Bah voyons…

La France serait un pays désormais envahi par le racisme et la peur de l’Autre. L’extrême-droite de Zemmour et Le Pen voudrait chasser tous les musulmans de France. Quand ils ne sont pas victimes de discriminations en raison de leur religion ou de leur couleur de peau, on leur refuserait l’accès à une citoyenneté pleine et entière parce qu’ils sont noirs, arabes ou musulmans.  Ils seraient les victimes, les boucs émissaires désignés d’une France malade de peur et de haine.

Victimes mon œil ! Maintenant ça suffit cette plaisanterie. La France est un des pays les moins racistes du monde et déjà certainement moins que les pays du Maghreb. Parlez-en aux noirs qui vivent au Maroc, en Algérie, en Tunisie ! Quand ils ne sont pas expulsés manu militari dans le désert sans eau ni nourriture, ils sont harcelés, méprisés, réellement discriminés.

À lire aussi, Renaud Camus: “Une vérité n’est plus tout à fait une vérité s’il est interdit de la contester”

Les Français veulent bien vivre avec des gens qui ont une autre couleur de peau et une autre origine. La France le fait depuis longtemps. Elle assimile. Mais elle ne souhaite pas qu’on importe des mœurs étrangères à sa civilisation. Elle ne veut pas de racistes, d’antisémites, de sexistes, d’homophobes, de fanatiques de la charia, de criminels et d’assassins sans cœur. Elle ne veut pas être méprisée. Elle veut être aimée. Ceux qui l’aiment et la respectent, elle leur retourne son amour. Ils le savent bien, tous ceux qui ont adopté la France sans nullement renier ce qu’ils étaient, ces Français de cœur et de branche qui veulent faire souche comme d’autres l’ont fait avant eux. Ils sont heureux en France et ils savent qu’ils peuvent réussir une belle vie, à égalité avec leurs compatriotes, de même milieu social.

La France a peur

Parfois, c’est sûr, il y a des frottements, des méprises, des malentendus. Mais il y en a aussi pour d’autres Français  « de souche », manants d’un nouveau monde qui prétend qu’il n’a plus besoin d’eux: paysans, ouvriers, employés chassés des métropoles et des centre-ville, sans accès véritable aux transports urbains, aux logements et aux emplois de ces métropoles. Un monde s’annonce, et ils le pressentent bien, où ceux qui viennent d’ailleurs, le plus souvent de l’autre côté de la Méditerranée vont servir d’esclaves pour les nouveaux maîtres ou peu à peu les remplacer par la force de minorités revanchardes, délinquantes ou conquérantes qui veulent leur part d’un gâteau qui s’amenuise pour les plus défavorisés dans la compétition sociale. Il suffit de comprendre cela pour saisir sur le vif la peur du « grand remplacement ». Phénomène déjà présent ou prévisible.

À lire aussi: Eric Zemmour: “Je tends la main aux musulmans qui s’assimilent”

Il ne faut jamais mépriser la peur. Parfois la peur prémunit du danger et elle est un signal d’alarme qu’il faut écouter. Et il faut écouter ceux qui ont peur. Ceux-là à qui on vole territoire, dignité et identité. Ces Français de toutes origines qui sont pillés, volés, agressés quotidiennement. Ces musulmans intégrés qui ont peur également qu’on les chasse loin de leur nouvelle patrie, en les confondant avec les criminels et les fanatiques. Ces juifs qui sont harcelés et obligés de vivre dans l’insécurité. Qu’on ne me dise pas que je suis raciste. Mes amis le savent, tous ceux qui me connaissent, il n’y a pas de racisme en moi. Pas de mépris ou de haine en raison d’une couleur de peau ou une origine. Il n’y a qu’une saine fureur contre le mensonge qui nous est imposé pour faire taire notre envie de vivre libres en compagnie de tous ceux qui veulent cette même liberté. Pour faire taire notre envie d’être nous-mêmes, de nous retrouver malgré nos déchirures, nos divisions, nos désespoirs, notre léthargie parfois.



Vous venez de lire un article en accès libre.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !

Article précédent Milliers de milliards de mille sabords!
Article suivant L’algorithme de Julie, influenceuse woke sur Instagram
Essayiste et fondateur d'une approche et d'une école de psychologie politique clinique, " la Thérapie sociale", exercée en France et dans de nombreux pays en prévention ou en réconciliation de violences individuelles et collectives.

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Le système de commentaires sur Causeur.fr évolue : nous vous invitons à créer ci-dessous un nouveau compte Disqus si vous n'en avez pas encore.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération