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La vraie gauche, c’est Donald Trump

Le véritable insoumis, c'est lui


La vraie gauche, c’est Donald Trump
Donald Trump, Justin Trudeau et Emmanuel Macron lors du sommet du G7 au Canada, 8 juin 2018. SIPA. AP22211016_000004

Cette année, les manifestants étaient à la table du G7. Et ce n’est pas Justin Trudeau ou Emmanuel Macron mais Donald Trump qui représentait leurs intérêts…


Le sommet du G7 a été qualifié de fiasco dans de nombreux médias du monde, surtout après que Donald Trump a décidé de renier la déclaration commune adoptée quelques heures plus tôt dans la dernière journée du 9 juin. À ce moment, le président américain en a aussi profité pour qualifier d’ « hypocrite et de faible » Justin Trudeau sur Twitter, ce qui a vivement fait réagir, du moins au Canada.

La gauche est devenue l’establishment

Ébranlé, le Premier ministre canadien adopte maintenant une position qui se veut plus ferme à l’endroit des États-Unis. Le petit prince boréal ne veut pas perdre la face. Rappelons que c’est la décision de Trump d’imposer des taxes douanières sur l’importation d’acier et d’aluminium, en provenance du Canada et de l’Union européenne, qui a initialement suscité la désapprobation de ses alliés.

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Ce qui devrait toutefois attirer davantage notre attention est le bilan extraordinairement paradoxal du dernier G7. Pour une première fois dans l’histoire, les manifestants étaient à la table des négociations. Si les altermondialistes veulent réellement démondialiser économiquement le monde, ils peuvent maintenant compter sur le président des États-Unis, un homme qu’on peut considérer comme un allié de taille… Pour le reste, leurs idées sont très bien représentées lors des grands sommets internationaux. La gauche n’est plus contre l’establishment, elle est devenue l’establishment.

Donald Trump, leader de la gauche libre

C’est Donald Trump le révolutionnaire. On peut ne pas aimer sa révolution, qui reste bien critiquable, mais il est clairement un non-aligné. Il est peut-être fou, instable, colérique, bipolaire et imprévisible, mais il brave le système qu’une bonne partie de la gauche est censée détester. En ce sens, il est absolument fascinant de voir les « progressistes » occidentaux, comme Robert De Niro, lui réserver leurs pires injures. Aux yeux du monde, Trump prouve que la gauche s’est institutionnalisée. Dans les 20 dernières années, la gauche libérale a étendu son pouvoir dans les ministères et entreprises qu’elle voulait abattre à l’origine. Aujourd’hui, un emblème du capitalisme tel que Nike commercialise même des hidjabs de sport pour les amies voilées du mouvement.

Il fut un temps où la gauche était une jeune révoltée. Elle voulait briser les codes, rompre avec la tradition, baiser dans les parcs en plein air et en finir avec le pouvoir des aînés. La gauche était fringante, exaltée et brûlante, elle était disposée à aller à contre-courant. Aujourd’hui, la gauche ouverte sur le monde est représentée au G7. Elle est toujours avec Trudeau, parfois avec Macron, souvent avec Angela Merkel. La gauche évolue dans des salons branchés, la veste en velours bien ajustée. La gauche a adopté le multiculturalisme, troquant le bien commun pour toutes les minorités imaginables.

La gauche réelle contre la gauche hors-sol

Évidemment, la gauche devrait appuyer Trump sur le plan économique, mais jamais elle ne pourra s’y résoudre. Non seulement le président américain est considéré comme raciste, misogyne et ironiquement comme un méchant capitaliste, mais les gauches ne sont plus fondamentalement opposées à la mondialisation. Partout la gauche s’est américanisée : Mélenchon ne représente plus qu’une opposition vieillissante sous une forme très franco-centrée. La gauche s’est normalisée, banalisée et libéralisée.

Il fallait lire, aussi, la documentation fournie par le Conseil consultatif sur l’égalité des sexes pour constater que le politiquement correct était bien présent à la table des négociations. Ce comité du G7 a déposé la semaine dernière une liste de 102 recommandations à l’intention des puissances concernées. Des recommandations légitimes malgré l’absence de solutions concrètes pour les femmes dans le monde. Dans les pays en voie de développement, les femmes ont besoin de soutien, et les pays riches ont le devoir d’y contribuer. Là n’est pas le problème. Le bémol, c’est le caractère quelque peu superficiel de la présentation.

Dans un document visant à résumer ses propositions, le comité écrit qu’il « utilise le mot femme pour inclure toutes les personnes qui s’identifient comme femmes, y compris les femmes trans et cis, bispirituelles, intersexuelles ; et le mot homme pour inclure toutes les personnes qui s’identifient comme hommes, y compris les hommes trans et cis, bispirituels, intersexuels. » Voilà de quoi dissiper tout doute quant aux tendances du conseil, surtout que les maux dont souffrent les femmes n’ont aucun rapport avec ces catégories dans les pays pauvres. Mais la gauche, c’est aujourd’hui l’orthodoxie, et la réalité n’est pas vraiment sa tasse de thé.



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Auteur et journaliste. Rédacteur en chef de Libre Média. Derniers livres parus: Un Québécois à Mexico (L'Harmattan, 2021) et La Face cachée du multiculturalisme (Éd. du Cerf, 2018).

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