Quelle grande victoire ! À 4h35 du matin, malgré les critiques nourries sur sa soumission humiliante à Jean-Luc Mélenchon, Olivier Faure a finalement annoncé sa réélection à la tête du Parti socialiste. Il s’impose avec seulement 50,9% contre Nicolas Mayer-Rossignol.
Ainsi, Olivier Faure, Premier secrétaire sortant du Parti socialiste, vient d’être réélu à ce poste à l’issue d’un vote des plus serrés. 50,9 % des voix contre 49,1% pour son adversaire, le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol. Cela s’est donc fait dans un mouchoir de poche au sein d’un parti lui-même réduit à peau de chagrin. 39815 militants recensés et 24000 votants lors de cette consultation. Le pire du pire depuis le congrès d’Épinay, en 1971, lorsque François Mitterrand – qui n’était alors même pas adhérent encarté – est allé récupérer le parti dans le caniveau. Or, il semblerait que la situation ne se soit pas améliorée ces derniers temps sous la férule de son Premier secrétaire. Aussi, une question se pose. Est-ce son sauveur qui vient d’être reconduit à sa tête ? Ou est-ce son fossoyeur ? Certains, caustiques, se plairaient à ricaner que ce natif de la Tronche à bel et bien celle de l’emploi.
Une girouette
« De moins en moins de militants, constatait pour sa part le principal concurrent chez nos confrères de Franc-Tireur, peu de monde dans les assemblées générales, des médias indifférents à nos débats, un Premier secrétaire qui les refuse. » Et face à cet état des lieux consternant, Mayer-Rossignol s’empressait d’ajouter : « Je défends l’union sincère de la gauche, la vraie, celle qui ne ment pas et qui agit. »
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Autant dire que nous avons là l’essentiel du procès instruit contre le sortant reconduit. Procès en insincérité, d’abord. Il est vrai qu’on a du mal à s’y retrouver dans le girouettisme de convictions et de ligne stratégique suivi par Faure. On dirait du Mitterrand, mais sans l’inspiration florentine ni le talent du charmeur de serpent. Procès en inaction, ensuite, puisque l’opposant déclare espérer un parti qui agisse pour de bon. Procès en intégrité intellectuelle enfin, le même exprimant une espérance de vérité. C’est beaucoup et la mule Faure se retrouve de ce fait bien chargée.
Cela dit, la vérité selon M. Faure, elle viendra en son temps. Prévisible autant que cruelle. Il a beau déclarer aujourd’hui, juste pour se voir réélire, que « Mélenchon serait en 2027 le plus mauvais candidat pour la gauche », le moment venu il se fera une douce violence de retourner se prosterner à ses pieds et faire allégeance. Il en donne d’ailleurs dès à présent tous les signes. Quand LFI et son Pontife emploient dès les premiers jours le terme « génocide » pour qualifier la situation à Gaza, monsieur le Premier Secrétaire leur emboîte la pas. Quand les mêmes ont le front et la profonde bêtise d’accuser Bruno Retailleau d’instaurer en France « un racisme d’atmosphère », il fait immédiatement sienne cette accusation totalement irresponsable. La raison de ces soumissions à répétition est des plus simples. M. Faure n’a pas plus d’idées que n’en a encore son parti. Autrement dit, rien, nada, nibe, quedale, le vide. Et avec la réélection misérable et sans gloire de son Premier secrétaire, ce déjà fantomatique Parti socialiste vient sans doute de planter lui-même le dernier clou de son cercueil.
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Iago aux petits pieds
Mais là n’est pas l’affaire de M. Faure. Sa grande affaire à lui, c’est la gamelle, l’écharpe parlementaire. Lorsque, lui et son parti seront renvoyés dans leur but à l’issue des présidentielles, dont l’issue ne devrait guère être moins calamiteuse que la dernière fois, se la jouant perso, comme toujours, il ira une fois de plus lécher le gros orteil de M. Mélenchon afin de conserver sa rente de députaillerie de la 11ème circonscription de Seine-et-Marne. Un revirement de plus, une autre trahison de ce Iago aux petits pieds. Le dernier coup de marteau sur le clou sus-évoqué. Et le requiem du pauvre pour la seconde mort des Jaurès, des Blum. Et même d’un certain Mitterrand qui a dû bien rigoler en assistant à la mascarade des nains de jardins à la manœuvre, les Vallaud et consorts, si pathétiques dans le jeu pourtant fort prisé en son parti du « donne-moi la rhubarbe, je te passerai le séné ». On peut penser aussi qu’il aura moins rigolé en constatant que de l’écurie à politiques d’indéniable envergure qu’il avait si bien réussi à faire de son parti, il ne reste plus que la mangeoire. À peu près vide, de surcroît.
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