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Pourquoi il est essentiel d’expulser le prédicateur islamiste Hassan Iquioussen

L’imam marocain Hassan Iquioussen, qui réside dans le Nord depuis des années, est appelé à quitter le territoire français


Pourquoi il est essentiel d’expulser le prédicateur islamiste Hassan Iquioussen
Le prédicateur islamiste marocain Hassan Iquioussen. YouTube.

La sphère islamiste et les réseaux sociaux retentissent depuis jeudi des cris d’orfraie des alliés des Frères musulmans, qui s’indignent que la France puisse expulser le prédicateur Hassan Iquioussen, présenté comme un « Français de fait », amoureux de la République. Le tout au détriment de la réalité du discours tenu par cet imam du Nord.


Pour le grand public, l’homme n’est guère connu. Il est pourtant l’un des prédicateurs les plus en vue de « Musulmans de France ». Cette association, qui appartient à la mouvance des Frères musulmans, n’est autre que la fameuse UOIF. Elle a été rebaptisée ainsi par souci marketing et politique : le nouveau nom permet d’assimiler tout musulman aux islamistes, et d’espérer faire oublier son rôle dans la diffusion de l’idéologie frériste et du discours victimaire sur la soi-disant persécution des musulmans en France.

« Musulmans de France » a pour guide spirituel Yousouf Al Qaradawi, dont le discours n’a rien à envier à l’idéologie nazie. Les Frères musulmans ont d’ailleurs été les alliés de ces derniers durant la Seconde Guerre mondiale. L’homme est ouvertement antisémite, raciste, sexiste, il ne considère pas que tous les hommes sont égaux. Partisan du jihad, il justifie le terrorisme et prône la haine et le meurtre, il appelle à l’éradication des homosexuels et justifie la violence envers les femmes. Pour Qaradawi, l’Europe est une terre à conquérir au nom de l’islam, et ses disciples partagent ses représentations et sa vision du monde.

Quand Anne-Lise Dufour (PS) sent le vent tourner…

Hassan Iquioussen ne fait pas exception. Pour s’en rendre compte, il suffit d’écouter ses prêches. Sachant que ceux en français sont édulcorés, ils n’en restent pas moins gratinés ! Ainsi l’homme est profondément antisémite. Pour lui, les Juifs se sont alliés à Hitler provoquant la Shoah pour permettre l’édification d’Israël. Oh, il ne nie pas la Shoah, il explique qu’elle a été voulue par les Juifs pour servir leurs intérêts territoriaux en Palestine ! On ne saurait aller plus loin dans l’abjection. Il reprend par ailleurs tous les clichés de la haine des Juifs qu’il décrit comme avares et usuriers. Passage du Coran à l’appui, il déclare « les Juifs n’ont cessé depuis ce temps de comploter contre l’islam et les musulmans ». Il a longtemps aimé s’afficher avec Alain Soral, tient des propos négationnistes, notamment concernant le génocide arménien. Il fait de l’Occident une civilisation islamophobe et défend l’idéologie islamiste. Pour lui les attentats sont de « faux problèmes » qui permettraient d’éviter de parler des problèmes de la société occidentale. Bien sûr, il fait passer la charia avant les lois de la République, refuse l’égalité aux femmes, magnifie l’idée du martyr. Il en appelait également à mettre « douze balles dans la tête aux apostats de l’islam ». Ce florilège est loin d’être exhaustif. Il a même expliqué dans une vidéo comment obtenir des créneaux réservés aux musulmanes dans les piscines. La méthode passe par l’imposition du burkini et a été reprise par l’association « Alliance citoyenne » à Grenoble.

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L’homme n’est pas un marginal au sein de la communauté musulmane. Il a su s’enrichir et a longtemps bénéficié de protections politiques. Lui et son fils ont été très soutenus par la maire PS de Denain, Anne-Lise Dufour. Le fils a même été un des piliers de la mairie et de la stratégie électorale de la maire. Celle-ci ne les a même pas éloignés lorsque les affaires du père comme du fils ont fait l’objet d’enquêtes, récemment relancées, notamment pour recel et détournement de fonds publics. En effet les islamistes sont rarement détachés des biens matériels et considèrent qu’escroquer les « kouffars » (les nons-musulmans) n’est pas illégitime. Après avoir largement contribué à asseoir leur respectabilité et leur influence, la maire a pris ses distances quand elle a senti le vent tourner, sans toutefois couper absolument les liens, clientélisme électoral oblige. Elle est d’ailleurs très silencieuse, à la fois sur la dimension islamiste et sur le rapport particulier à l’honnêteté qu’entretient la famille Iquioussen.

Hassan Iquioussen est un homme puissant et respecté dans le milieu frériste, lequel ne cesse de croître en influence. La stratégie des islamistes, version Frères musulmans, est d’investir le milieu politique, associatif et culturel pour peser sur les représentations et réislamiser la population arabo-musulmane en marquant dans tous les domaines la différence avec la civilisation et la civilité européenne. Force est de constater que cette façon de faire est payante et se mesure aujourd’hui dans les revendications identitaires que portent de plus en plus de musulmans, notamment les plus jeunes. Leur travail de radicalisation politique et religieux, relayé par le discours d’une gauche qui reprend la lecture victimaire et l’accusation incessante « d’islamophobie » de l’islam politique, porte de plus en plus ses fruits. De nombreuses études et sondages, qu’ils soient faits par la Fondapol ou l’institut Montaigne témoignent de l’emprise de plus en plus profonde de ce type de discours. Aujourd’hui ils ne touchent pas qu’une portion marginale des personnes d’origine arabo-musulmane. La cible des islamistes est prioritairement la jeunesse : l’enquête sur les lycéens d’Anne Muxel ou différents sondages IFOP, notamment ceux commandés par Charlie Hebdo et la Fondation Jean Jaurès montrent que le travail réalisé auprès des moins de 25 ans a été particulièrement efficace. Ils étaient 74% en 2020 à faire passer la charia avant les lois de la République. Ce résultat ne s’explique que par un travail d’ensemencement des esprits, lequel porte aujourd’hui de tristes fruits en termes de violence et de séparatisme.

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Le rôle des prédicateurs stars comme Tariq Ramadan ou Hassan Iquioussen, leur forte implantation à gauche, les liens qu’ils entretiennent avec les pouvoirs locaux, les accords clientélistes passés partout sur le territoire, l’entrisme pratiqué dans certains partis et associations (LFI, EELV, PS, PC, mais aussi Ligue de l’enseignement, Ligue des droits de l’homme, Planning familial, Amnesty international…), comme leur poids auprès des instances de la Commission européenne, expliquent une telle influence. Ils ont pu attaquer les fondamentaux de notre contrat social, en premier lieu la notion d’égalité homme/femme et la laïcité, non seulement en toute impunité, mais en gagnant en reconnaissance, influence, pouvoir et argent. Voilà pourquoi l’expulsion d’Hassan Iquioussen prend une forte dimension symbolique. Elle signe la fin de l’impunité. Être un islamiste assumé, une figure des Frères musulmans doit devenir source d’opprobre et d’ennuis.

Houria Bouteldja à Feiza Ben Mohammed dénoncent une décision injuste

Dans la sphère islamiste, nul ne s’y trompe. D’Houria Bouteldja à Feiza Ben Mohammed, en passant par les sites type « Dômes et minarets » ou « Mizane Info », la réaction s’organise. Et Musulmans de France (ex-UOIF donc) est bien sûr en première ligne. L’expulsion d’Hassan Iquioussen serait en effet une défaite pour les organisations fréristes.

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Mais le pire reste la ligne de défense adoptée. Cet homme dont la dangerosité du discours est reconnue et peut se constater, vidéos à l’appui, est présenté comme le tenant d’un islam « du juste milieu », un modéré qui serait un ardent défenseur de la République. Avec des amis comme cela, la République n’a pas besoin d’ennemis !

Cette ligne de défense est d’autant plus scandaleuse qu’elle amalgame, comme toujours dans le discours des islamistes et de leurs soutiens politiques, musulmans et militants de l’islam politique et du radicalisme religieux. Le tout pour le plus grand malheur des musulmans et le grand bonheur des islamistes. On peut donc se réjouir de cette décision d’expulsion. Reste encore à ce qu’elle soit exécutée, et dans ce domaine, la confiance n’est pas de mise. Certes, cette expulsion ne marquera un coup d’arrêt au travail de déstabilisation politique et de séparatisme effectué sur notre sol par les islamistes, qu’ils soient Frères musulmans ou salafistes que si l’effort est continu. Dissoudre « Alliance citoyenne », qui appelle à commettre des délits au nom de revendications religieuses, serait une seconde étape nécessaire sur le long chemin de la lutte contre le séparatisme. Il n’en reste pas moins que cette annonce est une excellente nouvelle. La politique se nourrit aussi de symboles. Cette expulsion en est un. Remarquable.

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Ancienne conseillère régionale PS d'Île de France et cofondatrice, avec Fatiha Boudjahlat, du mouvement citoyen Viv(r)e la République, Céline Pina est essayiste et chroniqueuse. Dernier essai: "Ces biens essentiels" (Bouquins, 2021)

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