Il est frappant que des sujets capitaux comme la bioéthique et les bouleversements anthropologiques récents opérés dans la filiation soient absents des débats de l’élection présidentielle.
Et les lois de bioéthique dans la campagne ? Mardi, à la télévision, dans le cadre de l’émission « Elysée 22 », Madame Pécresse était interrogée sur son programme par Léa Salamé. On était prié de répondre par oui ou non. A la question : « Reviendrez-vous sur la PMA? », la candidate LR répondit, en proie à l’inspiration : « Non, je ne reviendrai pas sur la PMA sans père à condition que l’enfant ait accès à ses origines ». Origines ? Origines ? aurait dit Arletty. Des données non identifiantes, à 18 ans, sans droit d’héritage, pour quoi faire ?
Satisfecit macronien
Eric Zemmour, lui, reviendrait— c’est dans son programme— sur la loi de la PMA pour toutes. Toujours radical, le candidat de « la droite extrême » ! Pas comme Marine Le Pen qui n’a donné son avis sur aucun sujet sociétal brûlant et n’a donc pas péché par excès. Ce qui lui fut compté comme vertu politique. Aussi sa campagne fut-elle jugée réussie, consensuelle et rassembleuse. Une « bonne » campagne.
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« Daddy président ! » avait-on entendu crier, samedi, au meeting de l’Arena. Les supporters en barboteuses n’étaient aucunement les petits-enfants du candidat mais ceux de la femme du candidat. Nuance ! aurait toujours dit Arletty. Peu importe, la salle s’enthousiasma quand Daddy énuméra ses hauts faits passés et à venir en matière de bioéthique. En écoutant le satisfecit macronien, on se demandait comment un président pouvait se vanter d’avoir rétabli le privilège (loi privée) de la naissance et comment, dans les préoccupations des Français, « le pouvoir d’achat » passait avant l’intérêt commun de l’égalité. Comme s’en étonnait Guillaume Roquette dans un édito récent de Figaro Magazine, aucun candidat ne parlait de bioéthique ni des problèmes de société, comme si ceux-ci n’avaient pas d’importance. La PMA avait été votée qui n’était rien d’autre que la loi juteuse du marché de l’or blanc. Demain, ce serait la GPA, à condition qu’elle soit « éthique », au nom de la sacro-sainte égalité entre hommes et femmes. L’Eglise dirait ses appréhensions. Il y aurait une navette parlementaire. La loi serait votée. Les cathos penseraient que certaines défaites sont plus belles que des victoires.
D’autres priorités
Avant la Révolution, les registres de baptême tenaient lieu d’état civil : à présent, ce sont les laboratoires. C’est ce que le président Macron appelle « le progrès ». Dans ces conditions, mieux vaut, s’attarder sur les misères du monde auxquelles on ne peut rien.
Et disserter sans fin sur les démocraties illibérales, le climat et la menace atomique.
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