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Albert Samain, fin de saison

Le poème du dimanche...


Albert Samain, fin de saison
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Le poème du dimanche


On n’associerait pas, à première vue, Lille à la poésie. On aurait tort. C’est la ville qui a vu naître Albert Samain. Il a encore le droit, dans la région, à quelques établissements qui portent son nom. Entre dix-sept et vingt ans, j’ai beaucoup aimé et j’aime toujours cette galaxie d’écrivains « fin de siècle » qui ont poussé dans leurs ultimes retranchements les possibilités du symbolisme ouvertes par Baudelaire. Les poètes symbolistes, comme notre cher Laforgue par exemple, ont déployé un raffinement dans l’humour et la mélancolie qu’on ne devait plus jamais retrouver. Après eux, ce seront les surréalistes. Ils ouvriront une autre aventure, magnifique et nouvelle, qui sera celle de l’imaginaire du vingtième siècle.

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Mais les symbolistes gardent le charme exténué que l’on prête aux époques finissantes et Albert Samain (1858-1900) en est un parfait représentant. Je devais découvrir sa tombe, toute simple, au hasard d’une promenade au temps du confinement, dans le cimetière de l’Est, à Lille, qui ressemble comme les cimetières anglais davantage à un jardin qu’à une nécropole. Ce hasard me l’a fait relire. J’en ai tiré un vrai bonheur.

Le sonnet que l’on vous propose aujourd’hui est sous influence verlainienne, autant dans le thème, le vocabulaire que la rime. Il est à lire comme un supplément plus ou moins conscient aux merveilleuses Fêtes Galantes.


Sonnet

Dans le parc vaporeux où l’heure s’énamoure,
Les robes de satin et les sveltes manteaux
Se mêlent, reflétés au ciel calme des eaux,
Et c’est la fin d’un soir infini qu’on savoure.

Les éventails sont clos ; dans l’air silencieux
Un andante suave agonise en sourdine,
Et, comme l’eau qui tombe en la vasque voisine,
L’amour tombe dans l’âme et déborde des yeux.

Les grands cils allongés palpitent leurs tendresses ;
Fluides sous les mains s’arpègent les caresses ;
Et là-bas, s’effilant, solitaire et moqueur,

L’Indifférent, oh ! las d’Agnès ou de Lucile,
Sur la scène, d’un geste adorable et gracile,
Du bout de ses doigts fins sème un peu de son cœur.

Albert Samain

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