Accueil Édition Abonné Avril 2022  [Nos années Causeur] De l’esprit, des opinions et des faits!

 [Nos années Causeur] De l’esprit, des opinions et des faits!


 [Nos années Causeur] De l’esprit, des opinions et des faits!
De gauche à droite, Eugénie Bastié, Elisabeth Lévy et Pablo Pillaud Vivien. Image: capture d'écran REACnROLL.

Le professeur et écrivain Pierre Jolibert vous parle de ses années Causeur


À quoi tient qu’on retrouve la marque d’Élisabeth Lévy dans tout ce qu’elle entreprend ? Dès que j’ai lu son « Kosovo, l’insoutenable légèreté de l’information », un des plus grands bonheurs de ma vie d’étudiant, je l’ai suivie le plus fidèlement possible, sur ondes ou papier. Sur le vif ou de l’escalier, l’esprit est demeuré le même, et s’il peut animer toute une équipe, c’est qu’il n’est pas imposé, puisqu’il se trouve que « vous n’êtes pas d’accord ».

Eugénie Bastié, qui y a fait ses armes, s’inquiétait il y a peu dans un entretien: « Il y a un nouveau politiquement correct de droite qui est en train de naître. » Causeur nous handicape : le lecteur qui ne se rend qu’ici a du mal à ne pas s’étonner de cette idée, même en l’élargissant. Comment ? Une pensée unique à droite ? Où ça ? Et qu’il soit difficile de la voir et de l’imaginer n’est pas seulement dû à la présence permanente ou occasionnelle de voix de gauche diverses au long des 100 numéros que nous fêtons.

À lire aussi : [Nos années Causeur] Penser contre soi-même

De façon plus ou moins manifeste, les grands moments de tension et d’emballement donnent lieu à la même interrogation : les faits ; les opinions ; la conscience qu’ont celles-ci de ce qu’elles sont et font. Causeur a pour réputation d’être un média d’opinions, mais la question des faits y est assez souvent posée, comme il a été vu récemment à propos du président Sarkozy.

Quant aux opinions, en plus de leur tolérance, la sagesse a tout l’air de vouloir qu’il ne soit pas si grave qu’elles s’ignorent. Cyril Bennasar n’a pas détrompé le boucher qui semble le confondre dans sa clientèle bobo courante. Son récit m’a étonné, charmé et réconcilié avec le malentendu, la maldonne, les jugements de travers. Nous vivons dans le faux ; et si la rectification des faits stricts selon leur stricte exactitude est un devoir absolu, pour le reste il est peut-être inévitable, voire indispensable à l’équilibre même du monde, de s’accommoder, tant qu’elles ne versent pas dans le délire accusatoire dangereux, des erreurs d’appréciation. (Et pourtant, combien je regrette de m’être dit trop tard que P. commentait sous son vrai nom.)

Avril 2022 - Causeur #100

Article extrait du Magazine Causeur



Vous venez de lire un article en accès libre.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !

Article précédent La flûte enchantée
Article suivant Macron, le bâtard de Hollande?
Professeur et écrivain

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Le système de commentaires sur Causeur.fr évolue : nous vous invitons à créer ci-dessous un nouveau compte Disqus si vous n'en avez pas encore.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération