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L’Apocalypse environnementale n’aura pas lieu

La fin du monde, c'est pas pour tout de suite


L’Apocalypse environnementale n’aura pas lieu
Michael Shellenberger, président d'Environmental Progress, devant le Sénat américain, 11/3/2021 Susan Walsh/AP/SIPA AP22547576_000005

Dans un livre récemment traduit en français, Michael Shellenberger, ancien militant vert, rejette le catastrophisme climatique et ses fausses bonnes solutions. Seule l’énergie nucléaire peut répondre à notre énorme demande d’énergie au plan mondial.


Le cataclysmique climatique fait la une des journaux. Il fait vendre. D’autant plus lorsqu’il s’incarne dans une gamine venue de Scandinavie, aux traits de Fifi Brindacier, et qui tance les puissants de ce monde aux cris de « Comment osez-vous ? ». S’en remettre à une enfant, qui reconnaît avoir vaincu sa dépression en s’engageant en politique, pour résoudre des problèmes complexes est le propre des sociétés décadentes dirigées par des leaders immatures… 

Dans cet océan d’irrationnel, l’Américain Michael Shellenberger, ancien militant écologique, encarté à gauche, admirateur de la révolution sandiniste, tente d’apporter une goutte de réconfort. Dans son dernier essai, Apocalypse zéro (L’Artilleur), il appelle chacun au calme : non, la fin du monde climatique et environnementale n’est pas pour demain. Attendez un peu avant de vous suicider.

La Nature a remplacé Dieu

Pour Schellenberger, l’environnementalisme, par sa dimension apocalyptique, est «une sorte de nouvelle religion judéo-chrétienne, qui a pour particularité d’avoir remplacé Dieu par la Nature. » Si dans la tradition judéo-chrétienne, l’homme est fautif par son incapacité à s’adapter au plan divin, dans la religion apocalyptique écologique, la faute réside dans son incapacité à s’adapter à la Nature. Dans cette nouvelle religion, les scientifiques ont remplacé les prêtres de l’ancienne. Cette nouvelle fois est néanmoins paradoxale dans son essence, car « Si l’apocalypse climatique est une sorte de fantasme inconscient pour les êtres qui détestent la civilisation, cela pourrait expliquer pourquoi les gens les plus alarmistes sur les problèmes environnementaux sont aussi les plus opposés aux technologies capables de les résoudre. »

C’est ainsi que les écologistes, qui détestent qu’on manipule Gaïa la Terre, sont opposés au nucléaire (manipulation d’atomes) et les OGM (manipulation des gènes) et préfèrent aux solutions rationnelles les énergies dites renouvelables – éolienne, solaire, biomasse, bio-carburants. Or, selon Michael Schellenberger, celles-ci sont très loin de pouvoir rencontrer les besoins énergétiques actuels et futurs. Notamment parce que centrales solaires et champs éoliens nécessitent jusqu’à 400 fois plus de surface qu’une centrale au gaz ou une centrale nucléaire : « […] si les États-Unis essayaient de produire au moyen d’énergies renouvelables toute l’énergie que le pays consomme, il faudrait leur allouer 25 à 50 % de la surface des États-Unis. À l’inverse, le système énergétique actuel ne nécessite que 0,5 pour cent de la surface des États-Unis. »

A lire aussi: Pour l’écologie politique, l’urgence idéologique l’emporte largement sur l’urgence climatique

Chantre de l’énergie nucléaire, Schellenberger reconnaît que la crainte de l’atome joue un rôle dans sa détestation. Mais ici aussi, les apôtres de l’apocalypse jouent sur les peurs. Lors de la catastrophe de Tchernobyl, saviez-vous que « selon les Nations Unies, 28 pompiers sont morts après avoir éteint l’incendie de Tchernobyl, et 19 intervenants de première urgence sont morts dans les vingt-cinq années suivantes pour « diverses raisons », tuberculose, cirrhose du foie, crises cardiaques et divers traumatismes » ? Étant donné que le cancer de la thyroïde a un taux de mortalité de seulement 1 %, cela signifie que les décès attendus des cancers de la thyroïde causés par Tchernobyl ne seront que de 50 à 160 sur une durée de quatre-vingts ans. Quant à la catastrophe de 1979 à Three Mile Island, aux États-Unis, elle fit… zéro mort. « Le pire accident énergétique de tous les temps fut l’effondrement du barrage hydroélectrique de Banqiao en 1975, en Chine, qui a tué entre 170 000 et 230 000 personnes. »

Les bouteilles en verre pires que les bouteilles en plastique

Autre idée reçue soigneusement entretenue par les médias militants, la pollution des plastiques. Ainsi, présentée comme la pollution majeure des océans, « la pollution plastique à la surface de la mer, toutes catégories de tailles confondues, ne représente en poids global que 0,1 % de la production annuelle mondiale de plastique ». Et leur dissolution dans la mer est plus rapide que prévue.

L’alternative des sacs en papier serait bien pire que le mal, « les sacs en papier devant être réutilisés quarante-trois fois pour avoir un impact moindre sur l’environnement ». Quant aux bouteilles en verre, « leur fabrication et leur recyclage nécessite elle aussi davantage d’énergie : de 170 à 250 % d’énergie supplémentaire et des émissions de carbone de 200 à 400 % plus élevées que les bouteilles en plastique, en raison principalement de l’énergie thermique requise par le processus de fabrication ». En outre, remplacer le plastique fossile par du bioplastique à base de maïs « nécessiterait 12 à 18 millions d’hectares de maïs, ce qui équivaut à 40% de toute la récolte de maïs aux États-Unis ».

Le végétarianisme, une fausse bonne solution

Les militants, parfois violents, d’Extinction Rébellion, devraient lire Apocalypse Zéro. Ils y découvriraient cette estimation de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), ONG fondée en 1948 : « 0,8 % des 112 432 espèces de végétaux, animaux, et insectes figurant dans sa banque de données ont disparu depuis 1500. C’est un taux de moins de deux espèces perdues chaque année, soit un pourcentage d’extinction annuel de 0,001 %. »

Concernant les végans et les adeptes de l’agriculture bio, Apocalypse Zéro leur apprendra « qu’une étude a révélé que la conversion au végétarisme serait susceptible de réduire la consommation d’énergie personnelle totale de seulement 2 % et les émissions totales de gaz à effet de serre de 4 % (…) Le bœuf de pâturage génère 300 à 400 % d’émissions de carbone en plus par kilo que le bœuf industriel ».

Enfin, même la colère des jeunes militants verts serait, selon Shellenberger, illégitime.  « Les jeunes qui découvrent le changement climatique pourraient naturellement croire, en écoutant Lunnon et Thunberg, que cette évolution est le résultat d’actions délibérées et malveillantes. En réalité, c’est le contraire. Les émissions [de gaz à effet de serre] sont un sous-produit de la consommation d’énergie, qui a été nécessaire pour que les gens se sortent de la pauvreté, eux-mêmes, leurs familles et leurs sociétés, et conquièrent un minimum de dignité humaine. »

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est écrivain, journaliste et romancier belge. Dernière publication : "Tout doit disparaître", Edilivre (2021)

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