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Égaux égale égo


Égaux égale égo

theorie genre famille

Avoir transformé le mariage en révolte et en demande égalitaire est assez ébouriffant. Cette loi égalitaire est une aberration, ne serait-ce que par le fait que l’on crie à l’injustice entre un couple hétérosexuel pouvant procréer et un couple homosexuel qui ne le peut pas. Autrement dit, on place sur un pied d’égalité deux situations radicalement différentes, puis on crie à l’injustice que l’on vient d’inventer et l’on prétend, enfin, la réparer par la loi. Or il n’y a pas d’injustice.
Il n’y a pas si longtemps, on se targuait de découvrir des tendances homosexuelles refoulées chez les hétérosexuels. On peut aujourd’hui se demander si des homosexuels n’auraient pas des tendances hétérosexuelles refoulées, surtout à l’époque où des associations réclament l’homoparentalité (un oxymore) et le mariage à l’égal, précisément, des hétérosexuels qui, eux, constituent le modèle de base étant donné que cela leur est donné naturellement.
Ce désir mimétique travesti en égalité cache un féroce ressentiment (outre la jalousie, l’un des affects les plus ancrés dans la nature humaine) où l’on est obsédé par autrui, par le modèle haï autant qu’admiré, pour réclamer ce que l’autre a et que je n’ai pas (capacité d’enfantement par exemple), ce qui ne peut déboucher que sur une indécrottable rivalité où l’objet (mariage, enfant) n’a plus vraiment d’importance. Dans cette perspective, devrait-on, si la technique le pouvait, autoriser les hommes à accoucher pour être les égaux des femmes ?[access capability= »lire_inedits »] Vouloir ce que l’autre n’a pas, c’est nier l’altérité pour réparer son petit bobo intérieur, choisir l’indifférenciation, l’élimination de l’autre comme mystère et altérité. En tant qu’homme, j’accepte la « perte fondatrice » de ne pas pouvoir accoucher, ce qui permet la beauté et la poésie d’une incomplétude réciproque.
Histoire de s’amuser, on pourrait soutenir que le désir d’égalité est une « construction sociale », exactement comme le sexe pour le sociologisme d’État et les ravis du « genre ». Au passage, si le sexe est une construction culturelle, il est paradoxal que ceux qui veulent en changer commencent par la biologie et les apparences physiques. Si des hommes se sentent femme (pourquoi est-ce généralement dans ce sens, au fait ?), doivent-ils en passer par cette amputation ? Leur ressenti ne suffit pas ? Jean Baudrillard a résumé d’un trait cette flexibilité identitaire : « La transsexualité : ce qui était une hallucination psychotique est devenu un des droits de l’homme. Ne serait-ce pas plutôt les droits de l’homme qui sont devenus une hallucination psychotique ? »
Le plus amusant est ailleurs, dans ce mariage dont les hétérosexuels se lassent – ne sachant plus comment le composer, le décomposer, le recomposer. Il va être hautement comique de voir les homosexuels découvrir l’enfer de la conjugalité et des infidélités, les aigreurs du divorce, les couches-culottes et les biberons baveux, les gardes alternées du pervers polymorphe, les pensions alimentaires, les crêpages de chignon, les vacances en troupeau, les échecs scolaires avec fugue, drogue et expériences sexuelles inédites, les futures études qui coûtent un bras, autrement dit, le terrible contrat social. La chose pénible et réactionnaire que l’espèce a inventée pour se perpétuer et qu’on appelle « famille ».[/access]

*Photo : K_rho.

Mars 2013 . N°57

Article extrait du Magazine Causeur



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