Accueil Brèves Usine Goodyear d’Amiens : Taylor-Montebourg, le choc des titans

Usine Goodyear d’Amiens : Taylor-Montebourg, le choc des titans


C’est une missive assez pittoresque que publient ce matin nos confrères des Echos : la réponse du PDG de Titan – un fabricant américain de pneumatiques – à Arnaud Montebourg – un ministre français du redressement productif. Celui-ci avait contacté celui-là afin qu’il reprenne le site Goodyear d’Amiens-Nord promis à la fermeture par son propriétaire actuel.
On savait déjà depuis une bonne semaine que Maurice M. Taylor, le PDG du groupe américain, avait décliné l’offre et l’avait fait savoir au ministre, lequel avait lui-même annoncé cette mauvaise nouvelle aux médias et aux intéressés. Ce qu’on ignorait, en revanche, c’était la teneur de cette déclaration de non-amour. Morceaux choisis :
« J’ai visité cette usine plusieurs fois. Les salariés français touchent des salaires élevés mais ne travaillent que trois heures. Ils ont une heure pour leurs pauses et leur déjeuner, discutent pendant trois heures et travaillent trois heures. Je l’ai dit en face aux syndicalistes français. Ils m’ont répondu que c’était comme ça en France »
Monsieur, votre lettre fait état du fait que vous voulez que Titan démarre une discussion. Vous pensez que nous sommes si stupides que ça ? Titan a l’argent et le savoir-faire pour produire des pneus. Qu’a le syndicat fou ? Il a le gouvernement français.».
« Titan va acheter un fabricant de pneus chinois ou indien, payer moins d’un euro l’heure de salaire et exporter tous les pneus dont la France a besoin. Vous pouvez garder les soi-disant ouvriers. ».
Depuis que cette lettre est publique, les indignations montent de toutes parts. Indignation à ma droite, contre le « syndicat fou » CGT, qui condamne à mort les usines, voire contre ces feignasses d’ouvriers français qui sifflent du Cristal Roederer à la chaîne pendant que les petits actionnaires ont des sueurs froides. Indignation à ma gauche contre le cynisme de ce malotru ultralibéral qui traîne dans la boue notre modèle social.
Alors laquelle de ces deux indignations est la plus légitime ? À mon avis, les dedroites gagnent dans un fauteuil, car sur ce coup-là, ils sont logiques avec eux-mêmes. Les degauches sont plus mal pris. En posant comme préliminaire la question des coûts salariaux et en vantant les mérites de la mondialisation forcément bénéfique pour le client, Maurice M. Taylor ne fait-il pas que reprendre, avec ses mots du Midwest à lui, deux idées chères aux socialistes modernes qui nous gouvernent ? 



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