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Masque obligatoire à l’extérieur : l’idéologie contre le réel


Masque obligatoire à l’extérieur : l’idéologie contre le réel
Marseille, août 2020. SOPA images. SIPA/SIPA. Numéro de reportage : 00976788_000002

 


L’extension du port du masque à l’extérieur dans de nombreuses villes de France prétend répondre à l’augmentation des nouveaux cas détectés de Covid-19. Une mesure de plus en plus contestée qui semble davantage relever de la communication que de la prophylaxie.  


Depuis la sortie du confinement qui aura marqué les esprits par sa dureté et l’économie par sa longueur, une bonne partie de l’attention médatico-politique reste tournée vers la venue d’une « deuxième vague » particulièrement redoutée. Mais après plusieurs mois ponctués d’événements qu’on nous a présentés comme « à risque » (déconfinement en mai, manifestations et fête de la musique en juin, brassage de vacanciers en juillet), on n’aperçoit aucun signe de la fameuse deuxième vague qui, si l’on en croit les alarmistes, aurait déjà dû nous submerger depuis tout ce temps. Pas d’arrivées massives dans les hôpitaux, pas de cohortes de malades dans les salles de réanimation, pas de décès par centaines comme on a pu le voir en plein pic épidémique en mars et avril dernier.

S’alarmer à bon compte

Rien de particulièrement alarmant, donc, hormis une « hausse des contaminations » détectées par les très nombreux tests effectués quotidiennement sur le territoire.

Bien que la grande majorité de ces nouveaux cas concernent des patients plutôt jeunes (entre 15 et 40 ans), la plupart du temps asymptomatiques ou seulement paucisymptomatiques, la situation est montée en épingle par les pouvoirs publics qui s’affolent désormais de cette hausse et y voient là un « rebond de l’épidémie ».

Le masque contesté

Dernière trouvaille pour endiguer ce fameux rebond : la généralisation du port du masque, que ce soit dans les lieux clos depuis le 20 juillet dernier, et maintenant à l’extérieur dans de nombreuses villes de France. Seulement, cette mesure s’avère discutable et commence à se retrouver de plus en plus contestée, non seulement par une partie de la population (à l’image de ce que l’on a pu voir au Canada, aux USA, en Grande-Bretagne, en Allemagne et même en Espagne), mais également par une partie de la communauté scientifique.

S’il est facile de discréditer le citoyen lambda qui s’interroge sur cette mesure en le qualifiant immédiatement de complotiste, d’anarchiste, d’égoïste — voire de militant d’extrême droite — va-t-on utiliser les mêmes qualificatifs à l’endroit de médecins respectables et reconnus, peu suspects de sympathies douteuses ou d’idéologie déviantes ?

Des médecins sceptiques

L’un des premiers à avoir émis des doutes sur l’utilité des masques à l’extérieur a été le Professeur Jean-François Toussaint, directeur de l’institut de recherche biomédicale et d’épidémiologie du sport (IRMES) et professeur de physiologie, qui avait déclaré fin juillet que l’on ne constatait aucune « deuxième vague » et que la mesure du port du masque en extérieur ne reposait sur aucun fondement scientifique et relevait davantage de la politique.

Un avis émis par le docteur Martin Blachier, épidémiologiste et médecin de santé publique, qui voit dans cette mesure un principe de précaution inutile, jugeant avec discernement qu’il est « extrêmement moins risqué d’être dehors qu’en intérieur ». Ce dernier étant en revanche farouchement pro-masque dans les endroits clos (et notamment en entreprise), il sera difficile d’essayer de le discréditer en le classant parmi les anti-masques…

Une position également partagée par le docteur Benjamin Davido, infectiologue à l’hôpital Raymond Poincaré de Garches, selon qui il n’y a « pas de preuve scientifique » pour juger de l’efficacité du masque à l’extérieur. Et ils ne sont pas les seuls : dans la longue interview qu’il a donné à C News le mercredi 19 août, le professeur Didier Raoult s’est lui aussi montré dubitatif sur l’efficacité de cette mesure, en s’inquiétant avant tout de la dimension autoritaire que pouvait prendre cette obligation sans fondement scientifique.

Autoritarisme sanitaire

Car le problème est bien là : le retour à une forme d’autoritarisme sanitaire au nom du principe de précaution, comparable à ce que l’on a pu connaître au moment du confinement, notamment lorsque des gens seuls se trouvaient verbalisés pour des motifs fantaisistes dans des endroits isolés où aucun impératif de santé ne justifiait une telle coercition. Le risque est de connaître de nouvelles dérives de ce type : que se passera-t-il si des promeneurs se voient contrôlés sans masque dans des zones où celui-ci est obligatoire, même si les rues sont désertes, au nom du respect des règles et de la légalité, même si elle est discutable, peu fondée et finalement inutile ? Il faudra espérer que la peur du gendarme ne prenne pas le dessus sur le bon sens, tant de la part du citoyen « réfractaire » que de la part des forces de l’ordre chargées de l’application de cette mesure dont on pourra légitimement attendre un peu de discernement…

Rassurer à tout prix

Au fond, cette mesure semble n’être que de la communication politique visant à « rassurer » une population dont on entretient savamment la panique depuis plusieurs mois.  Son but est également de faire croire que les pouvoirs publics agissent pour le bien de la collectivité, sans même s’interroger sur le bien-fondé de cette réglementation — par ailleurs extrêmement pénible en période de fortes chaleurs.

Alors que les indicateurs ne sont pas alarmants, l’extension du port du masque à l’extérieur apparaît désormais de plus en plus comme une mesure purement idéologique. Elle interroge également sur la légitimité que le gouvernement accorde aux scientifiques qui ne vont pas dans le sens de ses préconisations exagérées, alors même que nos dirigeants étaient les premiers à se réfugier il y a encore peu de temps derrière les avis « d’experts », présentés comme les plus efficaces pour orienter la décision publique.

Il semblerait désormais que tous les experts ne se valent pas et ce, quelle que soit leurs compétences et leur légitimité. Il semblerait également que même la réalité et les constats empiriques ne soient pas suffisants pour empêcher la prise de mesures discutable.

On est bien là dans l’idéologie, au sens strict. C’est-à-dire à la fois dans le rejet du réel (on ne se préoccupe pas des bons chiffres en termes de réanimation et de décès) et dans le refus de la discussion, en écartant tout débat sur ce sujet.

La Résignation

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