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Verlaine boit

Le poème du dimanche


Verlaine boit
Henri Fantin-Latour, Un coin de table (1872), Musée d'Orsay. Verlaine se trouve en bas à gauche, Rimbaud est assis à ses côtés. Wikimedia Commons.

Le poème du dimanche


Est-ce le vert ambré de l’absinthe ou l’inquiétude mélancolique devant une sainteté impossible qui donna à  la poésie de Paul Verlaine (1844-1893) ce rythme impair comme celui d’une tachycardie ? Toujours est-il qu’il fut un des premiers à briser les réflexes conditionnés des lecteurs habitués à la versification classique. Il poussa en effet à l’extrême les capacités de la syntaxe pour faire rendre à la langue française tout ce qu’elle contenait de musique.

Délicat docteur des allitérations, assassin suave de la césure, subtil spécialiste des assonances, Verlaine a transformé ses conflits intérieurs en paysages choisis de Watteau où erre pour l’éternité sa silhouette incongrue et magnifique de Silène crispé. Il est, dans la lignée de Baudelaire, un des grands poètes de l’ivresse comme on le verra dans cette Chanson pour boire :


À Léon Vanier.

Je suis un sale ivrogne, dam !
Et j’ai donc reçu d’Amsterdam
Un panier ou deux de Schiedam.

Mais seulement le péager,
Qu’il me faut pourtant ménager,
À moins que de le négliger

M’interdit — il a bien raison ! —
D’introduire dans ma maison
Ce trop pardonnable poison.

Je vole à la gare du Nord,
Mais j’y pense : or voici que l’ord-
E misère est là qui me mord…


Hélas ! comment faire, Vanier ?
Je n’ai plus l’ombre d’un denier

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