Dans la préfecture de Loire-Atlantique, Mme M., 78 ans, a découvert que son appartement était illégalement occupé par des Guinéens, ce qui la prive de son loyer et l’empêche de payer sa taxe foncière! L’expulsion a été suspendue par le tribunal au nom de la vulnérabilité des squatteurs, la laissant seule face aux charges. La mairie socialiste tente de donner l’impression qu’elle agit…
La ville de Nantes, d’ores et déjà fort célèbre pour ses biscuits Petit Lu et BN, pourrait bien le devenir tout autant pour une tout autre activité, le squat. Ce fléau semble en effet y prospérer assez gaillardement. Après bien d’autres cas, ces derniers temps c’est un immeuble de trois étages que son propriétaire – âgé de 75 ans – a eu la – violente- contrariété de découvrir occupé par une dizaine de personnes qui avait mis à profit le week-end pour remplacer la vitre de la porte d’entrée, qu’ils avaient brisée pour prendre possession du bien, par une plaque d’acier dûment soudée. Même menus aménagements concernant le système de fermeture, la serrure ayant cédé la place à un digicode. On a le souci du squat modernisé et technologique à Nantes. Laconique justification de ces occupants indésirés et indésirables : « Le proprio a assez de pognon. » Ce qui est faux, bien sûr. Ce retraité a travaillé sa vie durant pour posséder ce qu’il possède. Et quand bien même serait-il blindé – comme ils disent – on ne voit pas très bien ce qui justifierait que ces délinquants s’autorisent à s’approprier son bien.
Impuissance publique
Autre cas, tout aussi scandaleux mais extrêmement éclairant quant à l’impuissance publique en ces matières, celui de cette dame de 78 ans qui a découvert que l’appartement qu’elle entendait louer avait été pris d’autorité par « une famille précaire », des Guinéens. Ils ont mis à profit la parenthèse créée par le départ de précédents locataires pour s’installer. Quelques âmes particulièrement généreuses de la bonne ville de Nantes seraient-elles à l’affût de ces parenthèses pour aussitôt caser leur petit monde ? Quelque association confite en générosité pro-migrants, peut-être, et accessoirement financée par la Municipalité ?
La propriétaire, âgée donc, qui ne dispose que d’une retraite de 1000 euros, et, en temps normal, du loyer de son F5, également de 1000 euros, doit donc se passer de cette rentrée d’argent, absolument indispensable. D’autant que les frais, les impôts et taxes foncières continuent de courir, bien évidemment. Elle est à ce jour dans l’incapacité de payer cette taxe locale : 1800 euros depuis 2024. (C’est très dommage qu’elle ne puisse pas s’en acquitter parce que cela aurait permis à la Ville de continuer à subventionner aussi généreusement les belles associations évoquées ci-dessus.)
A lire aussi: Les Frères musulmans et l’art du mensonge victimaire: l’exemple du Hamas
La préfecture, saisie, avait décidé l’expulsion des occupants sans titres ni droits. Mais voilà bien que la procédure a été suspendue par le tribunal administratif au motif que – je cite – « la mise en œuvre de l’arrêt attaqué aura pour effet de priver de tout abri les requérants, alors que M. F est père de deux enfants âgés seulement de 1 et 2 ans et que les intéressés soutiennent, sans être contestés en l’absence de toute production de l’autorité préfectorale, ne disposer d’aucune possibilité d’hébergement, en dépit de leurs appels au 115, et d’aggraver aussi la précarité des familles. »
Dérive bien française
Pas un mot dans ces lignes pour rappeler que l’occupation sans titre et sans droit d’un quelconque bien est un délit passible d’un an de prison et 15000 euros d’amende. Pas un mot non plus sur la situation personnelle de la propriétaire. Lui voler – il s’agit bien de cela – le revenu de son loyer pour la laisser tenter de survivre avec sa maigre retraite, n’est-ce-pas aussi « aggraver » son dénuement, la précipiter, elle, dans la précarité ?
Ainsi nous assistons à la dérive si française qui préside de nos jours à tant et tant de décisions de cette nature : la précarité d’importation prévaut sur celle des gens d’ici.
Qu’on imagine un instant si cela devait faire jurisprudence, et si on en arrivait à considérer que cette précarité d’importation ouvrait de droit l’accès à l’occupation sans titre ni droit de tous locaux plus ou moins libres à un moment donné, cela à travers tout le pays ? On n’en est pas loin, apparemment.
Le Figaro, rapportant ce fait, a pris langue avec l’adjointe au maire de Nantes en charge des solidarités, de l’inclusion sociale, des personnes âgées et du CCAS, Madame Abbassia Hakem. « Nous devrons œuvrer à faire en sorte, répond-elle[1], que très rapidement les deux situations soient prises en compte. »
A lire aussi: L’IA la menteuse
Délicieuse réponse. Les mots sont choisis avec soin. L’élue ne dit pas « Nous devrons faire en sorte que », mais infiniment plus prudemment : « Nous devrons œuvrer à faire en sorte… ». Magnifique nuance de langage. De même préfère-t-elle dire : « que les deux situations soient prises en compte ». Prises en compte, et non réglées, solutionnées. Là, encore, la prudence est de mise.
Passons. Mais permettons-nous tout de même de faire observer que, en la circonstance, si la loi avait été respectée, le bon droit de la propriétaire effectivement reconnu, le délit de squat traité avec la rigueur que la loi prévoit et que le bon sens cautionne, il n’y aurait pas deux situations à prendre en compte, mais une seule. Ce qui, de toute évidence, ne pourrait que simplifier le problème.
Certes, il n’est pas question de nier que la générosité, même émanant d’un tribunal administratif, ne soit une grande et belle vertu, mais on ne peut s’empêcher de reprendre ici le constat que faisait en son temps l’écrivain anglais – apologiste du christianisme – Gilbert Keith Chesterton : « Le monde est plein d’anciennes vertus chrétiennes devenues folles. » Revenant en ce monde, il serait certainement enchanté de se trouver à même de vérifier combien il voyait juste.
[1] https://www.lefigaro.fr/nantes/nantes-a-78-ans-elle-n-arrive-pas-a-recuperer-son-logement-squatte-depuis-plus-de-18-mois-par-une-famille-precaire-20250521
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !