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"September & July" Film d’Ariane Labed en salle le 19 février


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September & July © BBC Film

September et July explore une adolescence à vif et une relation fusionnelle déroutante. Premier long-métrage d’Ariane Labed, ce film produit par la BBC intrigue autant qu’il dérange.


Affiche du film © D.R.

Elles ont du poil aux aisselles et sont vêtues comme l’as-de-pique. September et July ne sont pas deux mois de l’année, comme le laissait subodorer le titre. Mais un couple sororal de british teenage girls créchant sous le toit de leur génitrice célibataire, d’origine indienne semble-t-il, laquelle les fait poser telles des jumelles sur des photos dont on verra, au cours du film, que plus déjantée encore que sa progéniture, elle en fait des tirages grand format pour les exposer dans une galerie médiocre du bled.

En attendant, les deux sœurs lycéennes sont un peu le souffre-douleur des garçons du collège mixte, particulièrement notre September, rétive à la vie en commun, et dont au fil des séquences on décèle chez elle un psychisme perturbé. Le film enchaîne ainsi les épisodes, sans que le spectateur sache trop où ça nous mène, ni qu’on parvienne à s’attacher à ces têtes–à-claque. À force de dérèglements, September finit par être virée de l’école. Soudées à la vie à la mort par des rituels mystérieux (elles élèvent des vers de terre, par exemple), nos adolescentes mûrissent sous la protection attentive de leur mère…

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Tiré de Sœurs, un roman gothique de Daisy Johnson, le scénario procède par ellipses. Dans la seconde partie, le trio féminin s’échappe en voiture dans la campagne irlandaise, en bord de mer, dans une maison vide, d’aspect assez plouc ; on croit comprendre que c’est celle du beau-père « toxique ». Maman s’offre une passade avec un type du cru qui l’a draguée dans un pub local : la séquence est assez cradoque, un cunnilingus (laissé hors cadre pour notre soulagement) fait orgasmer madame dans une grimace, puis c’est au tour du partenaire qui, adroitement manipulé (toujours hors champ), fait sa flaque sur son tricot. Un peu plus tard, July perdra son pucelage, une nuit, sur la plage autour d’un feu de bois, tringlée par un des jeunes de la bande de péquenots à qui les filles devaient l’invitation. Par la suite, le blondinet décidément conquis sonne à la porte, cake au chocolat en guise de bouquet. Mais comme il tente la galipette sur le canapé du living (September est restée à l’étage), tout part en vrille avant consommation, et le gus s’enfuit sans demander son reste.   

Faut-il reconnaître là, dans la dimension sociale ethnico-prolétarienne mâtinée de fantastique, la patte particulière à la bibissie (BBC), producteur de ce long métrage ? Il est signé d’une française, Ariane Labed, qui est avant tout actrice : on se souvient de l’avoir vue devant la caméra dans Alps et The Lobster (Yorgos Lanthimos).  Heureusement que son premier film ne s’éternise pas trop.   

September & July. Film d’Ariane labed. Avec Mia Thiara, Pascale Kann, Rakhee Thakrar. Islande, Angleterre, Allemagne, couleur, 2024.

Durée: 1h40.
En salles le 19 février




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