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Top 14: la finale de la double revanche

UBB - Stade Toulousain samedi: entre mémoire cuisante et ambitions affirmées


Top 14: la finale de la double revanche
Finale du Top 14 du 28 juin 2024 au stade Vélodrome à Marseille UBB-Stade Toulousain © Adrienpittore/NEIRDAPROD/SIPA

Rugby. Après une humiliation historique infligée par Toulouse à Bordeaux-Bègles en finale du Top 14 l’année dernière, les deux équipes se retrouvent à nouveau face à face samedi au Stade de France.


Samedi, il y aura tout juste un an, lors de la finale du championnat de France du Top-14, disputée à Marseille pour cause de JO et non au Stade de France comme le veut la tradition, L’Union Bordeaux-Bègles (UBB) avait encaissé face au Stade toulousain (ST) une monumentale déculottée (59-3), sans précédente à ce niveau de la compétition. Son adversaire lui avait passé pas moins de neuf essais dont quatre transformés et deux pénalités.

L’UBB favorite ?

Dix mois plus tard, en demi-finale de la Champion cup (coupe d’Europe), c’est Bordeaux-Bègles qui sortait à l’issue d’un match échevelé Toulouse par un 35 à 18, la frustrant d’un potentiel sixième sacre européen, après avoir franchi la ligne d’en-but à cinq reprises, réussi deux transformations, contre deux et une transformation pour la partie opposée, et deux pénalités de chaque côté. 

En finale, à Dublin, en terre adverse, l’UBB s’est imposée par un 28 à 10, décrochant ainsi son premier titre, face au XV anglais de Northampton.

Du coup, la finale de ce samedi à Saint-Denis qui oppose pour la seconde fois consécutive les deux mêmes équipes, inaugurant peut-être un futur « clasico » du rugby, prend la tournure d’une double revanche, chacune voulant effacer l’affront subi. Mais les deux entraîneurs respectifs, Yannick Bru (UBB) et Hugo Mola (ST), ont implicitement réfuté qu’un esprit de revanche animent leurs joueurs, la culture du règlement de compte ne faisant pas partie du rugby. Même si Maxime Lucu, le capitaine de l’UBB, reconnaît que l’humiliation de Marseille « est toujours présente ». Mais ce n’est pas se venger que veut Bordeaux-Bègles mais se réhabiliter et Toulouse effacer un déboire de mauvais augure.

D’autant, singularité de ce match, que les joueurs des deux équipes ont l’habitude de jouer ensemble. Ils constituent l’ossature des Bleus et ont partagé la joie de remporter le Tournoi des Six nations, de vaincre les All Blacks. Toulouse fournit au XV français le gros des avants et Bordeaux-Bègles ses trois-quarts (dits la patrouille de France), et la charnière depuis la blessure d’Antoine Dupont. Disputer des matches sous le même maillot soude des fraternités et loyautés qui relativisent les rivalités de circonstance. Cette finale va donc opposer, en somme, deux moitiés de l’équipe de France, l’une à l’autre, deux conceptions du jeu, la puissance avec Toulouse, le mouvement avec Bordeaux-Bègles.

Sur le papier, l’UBB fait légèrement figure de favorite. En cette fin de saison, elle a le vent en poupe comme l’a démontré sa victoire en demi-finale contre Toulon par 39 à 14, grâce à quatre essais dont trois aplatis par son pilier, chevelure rousse et casqué, Maxime Lamothe. Réaliser un triplé en demi-finale est un exploit unique qui dément que la faiblesse de l’UBB soit désormais devant comme c’était sa réputation.

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Depuis son élimination de la Champion cup, rappelons-le par Bordeaux-Bègles, Toulouse marque le pas malgré une saison exceptionnelle en dépit de l’absence du meilleur joueur du monde dont les fulgurances étaient souvent décisives, Antoine Dupont, victime d’une grave blessure qui risque d’hypothéquer le reste de sa carrière. En effet, le Stade toulousain a battu son record de points inscrits. Sur les 26 matches disputés, il en a marqué 891, soit une moyenne par rencontre de 34.

Réussite dans l’abnégation

Avant de rencontrer en demi-finale Bayonne et de s’imposer difficilement par un étriqué 32 à 25 et avoir cumulé 13 fautes, signe d’une fébrilité certaine, le Stade toulousain s’était incliné déjà contre Castres (28-23) et à domicile face au Racing (35-37), défaites mettant fin à une série de 38 succès consécutifs, un record. En outre, dans la phase des matches aller et retour du championnat, Bordeaux-Bègles a vaincu Toulouse les deux fois par 12-16 en visiteur et 32-24 à domicile. 

« Le rugby, a dit Antoine Blondin, le chantre de l’Ovalie et du Tour de France, c’est l’art subtil de la réussite dans l’abnégation ». Devise qu’a su faire sienne Bordeaux-Bègles après l’électrochoc de Marseille.

Est-ce que l’UBB, détentrice d’un seul titre conquis cette année après 20 ans d’existence infructueux, confirmera son ascension en défaisant la plus titrée des équipes françaises, le Stade toulousain (23 championnats de France dont quatre des cinq dernières éditions, plus cinq coupes d’Europe) ? Le discret président bordelais-béglois, Laurent Marti, avait confié à Sud-Ouest, le quotidien de Bordeaux, après la victoire contre Northampton, que le bouclier de Brennus, qui récompense le titre de champion de France, avait pour lui plus de valeur que la coupe d’Europe.            

Dans un entretien accordé à Sud-Ouest, l’ancien entraîneur de Toulouse, Guy Novès, qui a fait de ce club un des meilleurs d’Europe sinon le meilleur, a estimé que les jeunes joueurs de ce dernier « ont appris à connaître le goût de la défaite. Ils en avaient peut-être besoin pour se remettre en cause ».

Et, un fabuliste, au vu du parcours réciproques des deux finalistes, aurait pu, lui, conclure que c’est le goût de la défaite qui donne sa saveur à la victoire. En tout cas, le match de samedi s’annonce fabuleux. Il reste aux deux équipes à le confirmer.  

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écrivain et journaliste français.

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