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Pantin renommée «Pantine»: les précédents historiques


Pantin renommée «Pantine»: les précédents historiques
D.R.

Beaucoup de villes ont changé de nom au fil du temps, indice souvent de grands moments de bascule historique.


La nouvelle a déjà eu le temps d’enthousiasmer tous les progressistes et de faire grincer les dents des réacs grincheux : Bertrand Kern, maire socialiste de Pantin (93) a décidé, à l’occasion de ses vœux annuels, d’ajouter un e au nom de sa commune, qui deviendra pendant un an, Pantine, pour « l’égalité entre les hommes et les femmes ».

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L’édile n’ira pas jusqu’à changer les panneaux d’entrée de la ville ni à monter un dossier auprès du ministère des Collectivités territoriales. Reste à savoir si la mesure fera des émules dans d’autres communes : on imagine que Mâcon sera parmi les toutes dernières à franchir le pas.

Une décision crétine inspirée par l’écriture inclusive

Inspirée par l’écriture inclusive, aux yeux de laquelle le e est la marque absolue du féminin (on a dû apprendre quelque part en latin qu’Enée et Orphée étaient des femmes, et Psyché, un homme), et plus encore par le sabir de la comédienne Tiphaine D, qui, à coup de « elle était une fois » et de « femmages », fera saigner les oreilles à tout aventurier qui ira écouter ses vidéos, l’idée a surtout vocation à faire du buzz, bon ou mauvais, dans le calme de début janvier. L’initiative se limitera à l’apposition d’un E géant à la suite du nom de la ville écrit en grand le long du canal de l’Ourcq. Elle n’est peut-être pas en soi beaucoup plus consternante que le choix de Saint-Jean-d’Heurs, petit village du Puy-de-Dôme, de renommer ses rues à la gloire de chanteurs et chanteuses : noms qu’il faudra tôt ou tard réactualiser, car un beau jour, Vianney et Stromae seront aussi lointains qu’Aristide Bruant et la chanteuse Fréhel. La rue Johnny Hallyday à la place de la rue de l’église : le changement de civilisation, c’est peut-être aussi un peu ça.

© JULIEN DE ROSA / AFP

On le sait, beaucoup de villes ont changé de nom au fil du temps, indice souvent de grands moments de bascule historique. Quand Constantin, premier empereur chrétien, s’installe en 330 sur le Bosphore, il fait de la vieille ville grecque qu’était Byzance la nouvelle Rome et la rebaptise Constantinople à cette occasion. Un gros millénaire plus tard, en 1453, pendant que les braves citoyens de Constantinople se pavanent et discutent du sexe des anges (déjà), les Ottomans, plus dégourdis, prennent la ville, qui devient Istanbul. Les régimes totalitaires n’ont pas été avares non plus de ce type de changement, comme Petrograd devenue Leningrad. Quand « la révolution contre la révolution » réussit, la ville reprend son nom d’avant, peu ou prou ; en 1991, les habitants de Petrograd ont décidé par référendum que leur ville devienne Saint-Pétersbourg. Idem pour Titograd, redevenue Podgorica, capitale de l’actuel Monténégro, en 1992. Parfois, les périodes totalitaires inspirent malgré tout une petite once de nostalgie, et la question de rebaptiser Volgograd en Stalingrad se pose en Russie, avec de plus en plus d’insistance… En Afrique, le long du fleuve Congo, Léopoldville est devenue Kinshasa, mais Brazzaville n’a pas changé de nom : signe peut-être que Pierre Savorgnan de Brazza a laissé un meilleur souvenir dans le coin que Léopold II, roi des Belges.

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En Asie centrale aussi, les potentats locaux, en même temps qu’ils se font construire d’immenses statues en or à leur gloire, aiment bien changer de temps en temps le nom de leurs capitales construites avec l’aide de Bouygues, au bout milieu de la steppe.

La Terreur féministe

Mais l’origine de cette passion est certainement à trouver dans la Révolution française. Soucieuse de gommer toute référence à la religion catholique et à la royauté déchue, la jeune République a supprimé tous les noms de ville commençant par Saint ou par Sainte. Saint-Malo est ainsi devenue Port-Malo. Bourg-la-Reine est devenue Bourg-L’Egalité, ce qui est quand même moins drôle.

Contrairement à la croyance répandue, Grenoble n’est pas devenue Grelibre, mais Lyon, sévèrement mitraillée par Joseph Fouché, s’est appelée pendant quelques mois « Commune-Affranchie ». Marseille, pour sa part, avait dû fâcher Robespierre puisqu’elle s’est appelée un temps « Ville-sans-Nom », idée qui ne viendrait même pas aux plus fanatisés des supporters du Paris-Saint-Germain (club de foot qui serait sans doute devenu le Paris-Montagne-du-Bon-Air sans le retour des forces rétrogrades aux commandes).

On cite souvent Heinrich Heine : « Là où l’on brûle les livres, on finit par brûler des hommes » ; espérons que quand la gauche française se met à changer le nom des villes, ce n’est pas le signe qu’elle va bientôt commencer à couper des têtes…

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