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Bardella/Hayer: qui a remporté le débat?

Si les grosses ficelles politiciennes et les éléments de langage agressifs de la candidate Renaissance Valérie Hayer étaient bien trop visibles au début du débat de BFMTV, hier soir, elle a ensuite marqué quelques points face à un Jordan Bardella jusqu’alors présenté comme le « candidat de l’esquive »1 de cette campagne électorale.


Il faut le reconnaitre, certains débats ont tout du pensum et quand on est journaliste politique, on se demande parfois comment font les citoyens ordinaires pour tenir aussi longtemps devant leur écran, alors qu’ils n’y sont pas obligés. Je dois le reconnaitre, j’ai trouvé la première heure de cette rencontre opposant les deux « favoris » de l’élection européenne à mourir d’ennui. Valérie Hayer n’a rien d’une politique et elle s’avère incapable de donner un quelconque sens à son action. Pourtant, tout le monde reconnait que la candidate Renaissance a été présente au parlement européen et s’y est investie au cours de son mandat. Mais de cela les Français se moquent ! Ils ont compris que le vrai pouvoir était entre les mains de la Commission et n’accordent que peu de crédit au parlement. Les élections européennes sont donc devenues une façon de dire son fait au pouvoir en l’absence de rendez-vous électoraux majeurs. Et ce débat ne risquait pas de changer la donne. Si Jordan Bardella, bien plus à l’aise que Valérie Hayer, déroulait bien ses thèmes et gérait de façon professionnelle la situation face à une candidate au début peu consistante, le moins que l’on puisse dire est qu’il ne forçait pas non plus son talent.

Des enjeux différents

Il faut dire que les enjeux n’étaient pas les mêmes pour les deux protagonistes.

Jordan Bardella. DR.

L’une devait exister et sortir de l’indifférence ou du profond ennui qu’elle inspire. Il est impératif pour elle de garder sa place de seconde et de ne pas se faire doubler sur sa gauche par Raphaël Glucksmann. Elle n’avait donc rien à perdre à la confrontation. Partant de très bas en termes de notoriété, simplement résister au rouleau compresseur Jordan Bardella serait déjà vu comme positif. Elle avait donc tout à gagner si elle parvenait à exister ne serait-ce qu’un peu.

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Lui ne devait pas freiner une bonne dynamique qui, à un peu plus d’un mois de l’échéance électorale, peut difficilement être inversée sauf accident industriel lourd. Il devait gérer à la fois la normalisation, afin de rendre le procès en extrême-droite instruit par ses adversaires inaudible, faire profil bas, et garder son calme pour rester concentré sur les enjeux intéressant vraiment les Français.

Un début difficile pour Valérie Hayer

Le début du débat a été catastrophique pour Valérie Hayer. Elle n’est pas faite pour ça et correspond à tout ce que les Français n’aiment guère : trop techno, maladroitement agressive, sans pertinence, peu concrète. L’épisode où l’animateur Benjamin Duhamel demande à l’un et à l’autre d’évoquer les qualités et défauts de leur adversaire est particulièrement symptomatique : Valérie Hayer sombre dans l’attaque personnelle, alors que l’on ne sent pas chez elle une agressivité naturelle. De ce fait la séquence apparait surjouée, mal maitrisée, inutilement brutale et fait cadeau à Jordan Bardella – plus posé et objectif – d’une forme de retenue et d’élégance… Cette erreur de positionnement donne l’impression d’une candidate macroniste factice, la façade Potemkine d’un pouvoir en place aux abois. Une impression que la candidate Renaissance donnera à plusieurs reprises au début du débat. Elle cherche alors ses mots, fuit le regard de son adversaire et ne parait ni vraiment être là, ni habiter sa parole. Pire même : si les deux candidats manient évidemment des éléments de langage préparés, ceux de Valérie Hayer sont déballés à la hâte et sans finesse. Ainsi dans cette première partie du débat, elle va tenter la victimisation en mode : « Cela vous dérange tant que cela de laisser parler une femme ? » Et va le faire à plusieurs reprises. Sauf que cela ne passe pas, sent la grosse ficelle, et que l’échec de la manœuvre sera complet lorsqu’elle va à son tour couper le discours de Jordan Bardella et que celui-ci va lui demander si c’est par sexisme aussi qu’elle lui refuse la parole !

Changeant de stratégie, après avoir échoué à présenter Jordan Bardella en macho viriliste patriarcal, Mme Hayer tente à nouveau de réactiver la diabolisation de l’adversaire en élargissant le procès au RN et à son fondateur, Jean-Marie Le Pen. « Neuf minutes de débat et vous appelez déjà Jean-Marie Le Pen au secours ? » lui lancera alors, goguenard, Jordan Bardella. Au vu de l’ennui intense de la soirée, tout le monde est allé vérifier : cela faisait en réalité plus de 20 minutes que les deux candidats échangeaient. Autres tentatives de déstabilisation, ressortir des phrases prononcées par Marine Le Pen il y a 10 ans, ou répéter en boucle « je ne suis pas candidate au poste de Premier ministre ou de président de la République ». Tout cela tombe à plat, tant l’utilisation de ces arguments arrive souvent mal-à-propos et cache mal les faiblesses oratoires de la candidate.

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Valérie Hayer va faire dans cette première partie du débat un autre cadeau énorme à Jordan Bardella, en faisant du lien qu’il fait entre immigration et délinquance l’occasion d’une énième leçon de morale et d’un procès en essentialisation. Hélas, les chiffres que brandit alors le président de RN sont implacables et l’accusation de cliver le pays fait « pschitt » quand celui-ci lui demande si elle croit vraiment que c’est le RN qui est responsable de l’ensauvagement et de la montée de la violence en France.

Un Jordan Bardella qui ne force pas son talent

Pendant ce temps, Jordan Bardella prend garde à ne pas paraitre agressif et déroule avec efficacité ses thèmes : énergie, immigration, sécurité, en veillant toujours à parler par-dessus l’épaule de la candidate, s’adressant aux Français quand son adversaire, elle, se laisse aveugler par le duel et se focalise sur lui. Mais, cette faiblesse de Valérie Hayer va finir par lui servir. Et elle commence tellement mal son débat que les progrès qu’elle réalise ensuite deviennent notables. Le seul fait de tenir bon devient une preuve de résistance et une forme de courage, et puis, dans la deuxième partie du débat, la tête de liste de Renaissance va enfin se montrer un peu plus incisive et pertinente. Elle réussit notamment une séquence intéressante en confrontant Jordan Bardella à ses soutiens européens et en citant les déclarations de ces alliés. Lesquelles ne sont pas à piquer des hannetons. Là, on sent Jordan Bardella touché. Certes il se défend efficacement et marque des points en faisant remarquer à Valérie Hayer qu’elle-même, dans le cadre d’accords politiques, a soutenu la candidature à un poste européen d’une femme ouvertement anti-avortement – il en profite au passage pour déclarer qu’il est pour l’IVG. Il n’en reste pas moins que Jordan Bardella ne prend pas si clairement ses distances avec des déclarations bien gênantes sur d’autres points (sexisme, homophobie…) de ses amis. Dans cette séquence, Valérie Hayer est pertinente car elle croit profondément à ce qu’elle dit, mais surtout parce qu’elle fait là de la morale et pas de la politique. Elle est donc en phase avec elle-même et sa parole porte.

Une autre séquence l’avait l’illustré un peu avant, concernant la guerre en Ukraine. Valérie Hayer apparait très à l’aise aussi, tant que l’on reste dans le registre théorique, celui de la morale, quand on ne se réfère qu’au monde tel qu’il devrait être. Mais tout cela vole en éclats quand le politique revient. Elle offre alors une bonne séquence de positionnement régalien à Jordan Bardella qui la reprend à la volée : « La guerre c’est sérieux, Madame », et l’on n’est pas forcément utile « en allant se faire prendre en photos en Ukraine »… Là il se passe quelque chose d’intéressant entre les deux protagonistes qui illustre peut-être toute la faiblesse de nos démocraties : puisque l’Ukraine ne doit pas tomber, faisons comme si cela dépendait uniquement de notre volonté et pas de l’état de notre défense, de nos capacités de production militaire. C’est l’incapacité à parler de la vérité de la situation quand la réalité nous déplait qui saute alors aux yeux.

Une carte blanche à l’avantage de Jordan Bardella

Le débat termine inévitablement sur une « carte blanche » laissée aux candidats. Alors que la candidate Renaissance sort d’une bonne séquence, elle termine mal, retombant dans l’ornière techno et agressive. Dommage, c’était pourtant le moment pour elle de s’adresser aux Français. D’ailleurs elle retrouve ses hésitations verbales et une forme d’absence que l’on pouvait déjà remarquer au commencement du débat. Reste qu’elle a résisté, ne s’est pas effondrée et dans le fond a réussi son pari : elle existe un peu plus aux yeux des Français au sortir de cette importante émission.

De son côté, en redoutable animal politique, Jordan Bardella termine mieux qu’elle mais il n’a pas renversé la table alors qu’en face de lui le répondant était pourtant faible. Certes, il a été sans conteste le meilleur, mais sur ce point être dans l’opposition est toujours plus favorable, alors que Valérie Hayer doit gérer l’ombre portée d’Emmanuel Macron. Au vu du rejet que ce dernier suscite chez nombre de Français, cela ne lui facilite pas la tâche. Et d’ailleurs, alors que Valérie Hayer est déjà à la peine dans les sondages, l’ARCOM vient de décompter l’intégralité du discours prononcé par Emmanuel Macron à la Sorbonne pour l’Europe de son temps de parole2 ! Pourtant ce discours n’aura bougé aucune ligne et servi à rien. Sitôt prononcé, sitôt oublié.

Il en sera probablement de même de ce débat.

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  1. La campagne d’évitement de Bardella, Françoise Fressoz dans Le Monde, 2 mai ↩︎
  2. https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/05/02/elections-europeennes-le-discours-d-emmanuel-macron-a-la-sorbonne-decompte-comme-du-temps-de-parole-de-son-camp_6231218_823448.html ↩︎

Mila, notre Amazone

Dans le combat contre l’islamisme, toutes les forces sont nécessaires, qu’elles viennent de gauche ou de droite. Lâcher Mila au prétexte de ses fréquentations s’apparente à une trahison. Les querelles intestines affaiblissent la riposte et consolident notre ennemi.


N’en déplaise à Caroline Fourest, figure solennelle de la « gauche républicaine », c’est Mila la révoltée qui a raison. Déboulant le 8 avril sur RMC, la jeune femme de 21 ans a lancé : « J’ai la haine, la rage », parlant de l’emprise islamiste grandissante sur la France. Ce jour-là, la résistance à la charia qui vient et à l’avachissement de la République a pris le visage de cette guerrière blonde et tatouée, qui vécut sous protection policière pour avoir traité l’islam de « religion de merde » il y a quatre ans.

Ennemis communs

Or l’essayiste Fourest, qui batailla utilement contre Tariq Ramadan, reproche à Mila son manque de « nuances ». Elle l’accuse de s’être rapproché « de la jeunesse identitaire rance avec qui elle pose en soirée ». Mais à quoi bon ces reproches acides ? Cette revendication d’une chasse gardée relève de l’usurpation, au nom d’une autorité morale autodécrétée. Certes, cette gauche laïque sauve l’honneur du progressisme, qui a pactisé avec le totalitarisme coranique. Cependant, ce club prolophobe a « la méchanceté d’un homme qui se noie » (Aragon) quand il rejette dos à dos, comme le fait Fourest, « les bas du front de l’islamisme » et les « bas du front du racisme », au prétexte de se démarquer de la droite populaire qui sonne le tocsin depuis des lustres. La prétention à la supériorité est d’autant plus contre-productive que la posture sentencieuse vient en renfort des islamistes, qui sont pourtant des ennemis communs. Ces derniers voient en Mila une mécréante ; Fourest et ses amis de Franc-Tireur y voient une extrémiste de droite. La tenaille a pour même effet de vouloir faire taire une voix courageuse.

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Il n’est plus temps d’être poli. Peu importe si Mila parle dru ou lance des assauts sans dentelles. L’urgence est de dénoncer les violences importées – sexistes, ethniques, tribales, claniques, religieuses – qui ponctuent l’actualité de la nouvelle France diversitaire. L’urgence est de s’indigner de la banalisation de l’antisémitisme islamo-palestinien, qui fait dire à Greta Thunberg, sous les applaudissements de l’extrême gauche et des écologistes : « Écrasons le sionisme », et donc les juifs d’Israël et d’ailleurs. Le soulèvement de jeunes Français éveillés, étrillés par des censeurs pusillanimes, vient en réaction à la lâcheté de trente ans de discours d’apaisement et de moralisme unilatéral. Pour avoir réclamé, à Besançon, l’« expulsion des violeurs étrangers », deux militantes du collectif Némésis ont été placées en garde à vue et poursuivies par la maire écologiste qui les accuse d’« alimenter la haine contre les migrants ». Cette inversion des valeurs dévoile un dérèglement mental. La crainte de blesser les musulmans a incité à la tolérance et à l’excuse devant les provocations de l’islam colonisateur. Or cette attitude a été prise pour une faiblesse par une civilisation viriliste construite sur la force et la conquête. L’islamisme intimidant s’est incrusté dans les universités et les quartiers d’immigration. La « police des mœurs » rend la vie odieuse aux musulmanes qui, comme Samara à Montpellier, aimeraient vivre à l’occidentale. Mila a raison de sonner la diane.

La fin du « pas de vague »

Dans la guerre intérieure à mener contre le nazislamisme, toutes les forces sont nécessaires, qu’elles viennent de gauche ou de droite. Lâcher une combattante au prétexte de ses fréquentations, non homologuées par le vivre-ensemble, s’apparente à une trahison. Les querelles intestines affaiblissent la riposte et consolident l’ennemi. Face à lui, le « pas de vague » est une capitulation. Tout au contraire, il faut que se lèvent les orages désirés. « Il faut des vagues ! La religion ne peut contrôler l’État », estime l’avocat Richard Malka (Europe 1, le 1er avril). Comme l’explique Didier Lemaire (Valeurs actuelles, 11 avril), ancien professeur de philosophie de Trappes accusé d’islamophobie, « la société civile doit se mobiliser pour pallier des défaillances de l’État. » Lui-même vient de créer l’association Défense des serviteurs de la République, pour venir en aide aux agents publics abandonnés à leur sort de dhimmis. C’est tout ce monde excédé, encore balbutiant, qu’il faut soutenir. « Le pays tient ! » se rassure Alain Minc (« Répliques », France Culture, 23 mars). En réalité, l’état de décomposition avancée de la Belgique ou de la Grande-Bretagne islamisées annonce ce que la France pourrait connaître demain, tant la classe politique actuelle redoute la confrontation. Aujourd’hui, seul un musulman britannique sur quatre estime que le Hamas a commis des meurtres et des viols en Israël le 7 octobre. 46 % jugent que les juifs ont trop d’influence sur la politique, 32 % « souhaitent » l’instauration de la charia au Royaume-Uni d’ici vingt ans (sondage Henry Jackson Society). En France, la charia impose déjà ses règles sur les terres conquises.

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Tout comme Israël est exemplaire dans sa guerre existentielle contre le djihad iranien, les patriotes français insoumis à l’islam sont l’antidote au risque totalitaire. Les musulmans démocrates, hélas encore trop silencieux, ont toute leur place dans ce combat à mener. « Le fascisme n’est pas si improbable », concluait Georges Pompidou dans Le Noeud gordien (1974) en redoutant la survenue d’un « homme fort et casqué ». Mais l’ancien président de la République n’envisageait pas, il y a cinquante ans, l’importation en France du totalitarisme djihadiste, soutenu par l’extrême gauche révolutionnaire et antisémite. Là est le nouveau fascisme. L’aveuglement persistant de la classe politique sur cette immigration de remplacement mériterait d’ailleurs d’être sanctionné pour inaction sécuritaire et haute trahison. Quoi de plus grotesque que le parcours d’Olivier Véran, pourfendeur macronien du « populisme » ? Neurologue de formation, il a rejoint une clinique des Champs-Élysées spécialisée dans la chirurgie esthétique. « Je ne toucherai ni à des pénis ni à des fessiers », a promis l’ancien ministre de la Santé et porte-parole du gouvernement. Comment pardonner à ceux qui se regardent le nombril plutôt que d’écouter les lanceurs d’alerte ? Toutefois, rien n’est perdu : la ringardise et la couardise sont désormais à gauche. La droite saura-t-elle être héroïque face à l’ennemi intérieur ?

Le Paris de la Belle Epoque n’avait rien à envier au Paris des Jeux de 2024 (de loin)

Les Jeux peuvent-ils rendre à Paris sa superbe ? se lamente notre chroniqueur


Luxueux et raffiné. Tel est le Train Bleu, émérite et centenaire brasserie située juste au-dessus des quais de la gare de Lyon, construite pour l’Exposition Universelle de 1900 par l’architecte Marius Toudoire. En pénétrant dans cette auguste institution gourmande, on imagine sans peine le futur Edouard VII y dîner, accompagné de sa sublime maîtresse Sarah Bernhardt, impératrice de cœur qui faisait oublier au prince les pesanteurs de la société victorienne de l’autre côté de la Manche…

Benoît Duteurtre n’a pas manqué de l’évoquer dans son Dictionnaire Amoureux de la Belle Epoque et des Années Folles : « On ne soulignera jamais trop le rôle du prince de Galles, fils aîné de la reine Victoria, dans le rapprochement franco-britannique à l’aube du XXe siècle. On ne saurait même comprendre cet événement politique majeur sans insister sur le rôle essentiel qu’y jouèrent les petites femmes, la passion du théâtre, l’amour du divertissement et des plaisirs de la vie qui poussaient irrésistiblement vers Paris le futur souverain britannique. » Les Anglais de la fin du XIXème siècle nourrissaient à l’égard de la France des fantasmes comparables à ceux qu’entretiendraient plus tard les petits Français des années 1960 désireux de découvrir le « swinging London ». 

Un héritage précieux

Le Paris de la Belle Epoque était un Paris de fêtes, peuplé d’artistes, de femmes portant des bijoux de contes de fées et de bourgeois sortis des pages de Maurice Leblanc. Gare d’ailleurs à ne pas y croiser un Arsène Lupin à fine moustache, maitrisant la canne-épée aussi bien que le sarcasme, prêt à vous détrousser de vos sous avant de séduire votre compagne du soir pour la faire danser dans tous les cabarets de Montmartre. Paris était alors une ville excitante où tout était possible. Le centre d’un Empire qui s’étendait sur les cinq continents. Le centre des innovations technologiques. Le centre des poètes et des artistes. Le centre du monde, tout simplement. Non seulement dans les esprits des Français, qui avaient bien conscience de la supériorité de leurs mœurs et de l’excellence de leur culture, mais aussi et surtout dans les imaginations enfiévrées de nos voisins qui rêvaient tous de toucher du doigt à l’idéal parisien. Et comment leur en vouloir ? Qui n’a jamais rêvé de flâner dans les grandes artères parisiennes pour en admirer les élégantes qui sous leurs ombrelles dévoilaient un peu de leurs charmes voluptueux ?

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Stefan Zweig le confessera d’ailleurs quelques années plus tard : « Nulle part, on ne sentait, par tous ses sens éveillés, une identité aussi forte entre sa jeunesse et l’atmosphère que dans cette ville qui se donne à tous et dont aucun ne peut faire complètement le tour. »  Parenthèse entre la Grande Dépression et la Première Guerre mondiale, ce qu’on nommera plus tard la Belle Epoque fut un temps de progrès technique et d’expérimentations artistiques. La Belle Epoque a enfanté la modernité telle que nous la connaissons aujourd’hui. Apparaissent les technologies de  notre quotidien qui passent des ateliers de recherche théorique des savants à l’usage courant. L’Europe est alors touchée par une vague d’innovations spectaculaires qui s’accomplissent le plus singulièrement en France, pays de toutes les avant-gardes. Charles Péguy le résuma laconiquement : « Le monde a plus changé entre 1880 et 1914 que depuis les Romains ». Tout concourt d’ailleurs à cet optimisme dont nous ferons le deuil en 1914 : l’Etat présente un budget excédentaire, le franc-or est particulièrement stable et la croissance est importante tous les ans.

Nous vivons encore des dividendes accumulés à la Belle Epoque, période où des noms désormais ancrés dans les inconscients collectifs émergent pour ne plus jamais s’effacer. Qu’ils soient artistes, scientifiques ou industriels, leur legs est toujours vif. Citons dans le désordre ces figures majeures que sont toujours Louis Pasteur, Rodin, André Citroën, Gustave Eiffel ou encore Louis Lumière. Leurs inventions et leurs œuvres nous accompagnent toujours au quotidien. De grandes figures populaires naissent dans tous les domaines et se font connaître à travers une médiatisation accrue. C’est l’âge d’or de la presse avec une liberté d’expression et une diversité idéologique qui pourraient aujourd’hui nous sembler surréalistes.

Car, la Belle Epoque est aussi et avant tout le moment d’une révolution dans les moyens de communication qu’on ne saurait comparer qu’avec l’émergence d’internet. Tant dans les moyens techniques que dans les modes d’expression. Le télégraphe, la transmission sans fil, le téléphone ou l’aéropostale, offrent aux Français la possibilité de se tenir au courant des affaires du monde de manière bien plus rapide que ce à quoi ils étaient auparavant habitués. Par ailleurs, les journaux paraissent dans des quantités jamais vues auparavant avec la création des fameuses « rotatives ». Certains des journaux que nous trouvons encore dans les kiosques sortent pour la première fois, à l’image de L’Humanité dirigé un temps par Jean Jaurès ou de La Croix. Si les inégalités sociales persistent, laissant le champ libre à la reconnaissance dans le débat public de la dialectique marxiste, le progrès technique bénéficie alors à de nombreux Parisiens et Français qui regardent avec optimisme le futur.

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Cela se matérialise par la généralisation des loisirs, des fêtes, la démocratisation de la pratique sportive, ainsi que la construction de  nombreuses villes de villégiature, à la mer comme à la montagne. Le Parisien de la Belle Epoque pratique la boxe française, ne se déparant jamais de sa canne-épée, se délasse au théâtre, fréquente les brasseries, suit assidûment les feuilletons littéraires populaires dans la presse et s’emporte sur les questions politiques au café. Privilégié, il assiste aux représentations de Debussy et se presse pour découvrir les différents courants artistiques émergents.

Paris, capitale mondiale des avant-gardes techniques, culturelles et artistiques

Une vue de l’esprit fait passer Vienne pour le siège des avant-gardes de l’époque. Dans Vienne, fin de siècle, Carl Schorske estime que la capitale austro-hongroise fut le siège de la modernité, citant dans un même élan Klimt, Freud ou le musicien Schoenberg. Paris fut pourtant tout autant en pointe, et parfois même en avance. Le baptême du symbolisme littéraire date de 1886, année où Jean Moréas publia son manifeste dans Le Figaro. Le naturalisme français n’avait pas un monopole ! Les auteurs de la Jeune Vienne confessaient eux-mêmes leur admiration pour les poètes parisiens révoltés qu’étaient Rimbaud, Verlaine ou Mallarmé.

Dans le domaine de la peinture et des arts décoratifs, le même constat peut être fait. Tous les styles ayant défié le classicisme sont nés à Paris, pas à Londres ou à Vienne. Pour le meilleur et pour le pire d’ailleurs ! Mais qui contestera aujourd’hui que l’impressionnisme, le nabisme, le symbolisme, le fauvisme, le cubisme, et même le futurisme attribué à tort à l’Italie, ont eu leurs premières œuvres exposées à Paris, alors phare du monde ? Dès 1870, le Salon officiel est contesté, les artistes s’organisant indépendamment en constituant des réseaux de galeristes privés, s’entraidant et se soutenant mutuellement.

Il n’est pas innocent que Freud soit allé à Paris pour étudier auprès du professeur Charcot, son œuvre multipliant les références à des écrivains et penseurs français qui furent les premiers à s’intéresser aux zones d’ombre de l’esprit humain. Madame Bovary n’en est-il pas l’un des exemples les plus frappants ? Quant à Bergson et Taine, n’ont-ils pas été en avance de quelques années sur leurs homologues germanophones ? La France est injuste avec les siens, refusant de leur reconnaître la primauté qu’ils ont eus dans tous les champs de connaissance et toutes les expressions créatives. Le Paris de la Belle Epoque n’avait rien à envier à aucune autre ville, il attirait à lui l’âme d’un monde qui finirait malheureusement fracassée dans un déluge d’artillerie sur les plaines de la Marne.

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Dans Le Monde d’Hier, un Stefan Zweig nostalgique consacre un chapitre entier à Paris, ville de l’éternelle jeunesse, et écrit donc : « Nulle part, on ne sentait, par tous ses sens éveillés, une identité aussi forte entre sa jeunesse et l’atmosphère que dans cette ville qui se donne à tous et dont aucun ne peut faire complètement le tour. Je sais bien qu’il n’est plus ce Paris heureux de ma jeunesse, ce Paris qui vous communiquait l’allant dont il était rempli ; peut-être qu’il ne retrouvera plus jamais cette merveilleuse liberté depuis qu’une poigne de fer, la plus tyrannique qui soit sur la terre, lui a imprimé sa marque brûlante ».

Quarante années de gloire

Il serait vain de porter un regard trop nostalgique sur une époque révolue qui ne fut d’ailleurs pas parfaite. Le progrès technique apporta aussi son lot de difficultés et de malheur. On l’oublie d’ailleurs, mais Paris était aussi une capitale du crime, ce qu’une relecture des Brigades du Tigre comme des journaux d’alors relatant les aventures des Apaches tatoués des faubourgs suffira à rappeler. Néanmoins, la brillance de ces années ne fait aucun doute. Elles sont encore un point de référence. Plus lointain que les Trente Glorieuses mais sûrement plus déterminant.

Le chaos de la Première Guerre mondiale aura raison de la domination française sur le monde. La France et l’Europe ne se remettront jamais pleinement de la période des deux guerres mondiales. Nous bénéficions pourtant toujours des infrastructures, des inventions et des richesses accumulées à la Belle Epoque. Il est de bon ton désormais de réprouver nos aînés, de contester la démarche coloniale de Jules Ferry qui fit flotter le drapeau français sur tous les continents, reste la gloire d’un prestige inouï correspondant à une période de développement inédite dans l’histoire de l’humanité. Ce progrès vertigineux que la France a offert au monde est incontestable. Une balade dans Paris,  nous amenant du Trocadéro aux Galeries Lafayette en passant par le Musée d’Orsay, réveille immanquablement les fantômes tutélaires de ces grands anciens dont les réalisations nous obligent a minima à faire preuve d’humilité. « L’avenir nous tourmente, le passé nous retient, c’est pour ça que le présent nous échappe », disait Gustave Flaubert. 

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«Et si on admettait tout simplement qu’on refuse l’islamisation de notre pays?»

La stratège et compagne d’Éric Zemmour entre en scène. Candidate à l’élection européenne, en troisième place sur la liste conduite par Marion Maréchal, cette patriote passée par l’ENA connaît ses dossiers. Immigration, islam, économie, elle est convaincue que les graves problèmes du pays appellent des solutions simples. Sur son rôle, souvent contesté, comme sur les frères ennemis, elle parle sans détour. Et refuse la fatalité.


Relire la première partie

Causeur. Toute l’histoire politique française montre que si on veut être élu, il faut savoir mentir.

Sarah Knafo. Et toute l’histoire politique montre où cela nous a conduits d’avoir voté pour des menteurs ! Je vous pose une autre question : à quoi sert de gagner les élections sans dire la vérité ? Vous pensez que la vérité n’est pas payante, que les Français préfèrent un mensonge rassurant à une vérité inquiétante. Je ne suis pas d’accord ! J’ai une haute estime du peuple français : les Français ne sont pas des aveugles, ni des défaitistes, ni des paresseux. Les politiciens misent sur leur résignation. Nous misons sur leur courage et leur clairvoyance. Reconquête prend le risque de la vérité. C’est un risque. Mais l’alternative, c’est là où nous sommes aujourd’hui.

Sauf que Marine Le Pen est arrivée au second tour. Et pour la prochaine, compte tenu de l’écart, ça n’est pas gagné…

Il reste trois ans et c’est énorme. Les vainqueurs proclamés trois ans avant n’ont jamais été élus. Chaban-Delmas, Rocard, Balladur, Jospin et Juppé. Ils étaient les candidats des médias et des sondages, ils ne sont même pas arrivés au second tour. Ils se disaient : « J’appartiens au système, mes cadres siègent au Palais Bourbon, mon équipe de gouvernement est prête. » Résultat, ils n’ont plus pris de risques, n’ont rien dit qui pouvait surprendre ou choquer. Les Français n’aiment pas ces ronronnements.

Sarah Knafo © Hannah Assouline

Donc, vous affirmez que Marine Le Pen ne sera jamais élue ?

Je n’ai pas de boule de cristal. Mais je connais l’histoire de la Ve République et je dis simplement que, quand on se croit déjà élu, on n’est plus dans la conquête, on ne bouge plus une oreille. Alors, on se dévitalise, et on cesse d’être un vote de contestation, notamment pour les classes populaires.

En somme, vous êtes plus populiste que Marine Le Pen ?

Nous n’appartenons pas au système. La question n’est pas qui est le plus populiste, mais qui est le plus réaliste.

Les ponts sont-ils complètement rompus entre Marine Le Pen et Éric Zemmour ? Et les jeunes continuent-ils à se croiser dans les fêtes, les dîners ?

Il n’y a pas de dispute personnelle. Nous disons aux électeurs : nous avons des différences, qui sont même en train de se creuser, nous pensons avoir les meilleures idées pour la France, nous les défendons, quitte parfois à critiquer nos concurrents. Et après nous ferons notre devoir de Français ! Soit, nous sommes au second tour, ce qui pourrait bien finir par se produire, et ils votent pour nous. Soit c’est un autre candidat de droite, et on votera pour lui. C’est simple et loyal, ça marie la différence et l’union. Pour avoir des alliés, il faut accepter d’avoir des rivaux.

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Parlons de l’Ukraine. Avant l’invasion du pays, beaucoup de vos sympathisants trouvaient des vertus à Poutine. Cette admiration pour l’homme fort est-elle toujours de mise ?

En géopolitique, nous n’avons qu’une seule boussole chez Reconquête : les intérêts français. Nous n’attendons notre salut d’aucun homme fort étranger, mais de nous-mêmes et de notre peuple. Ce conflit a montré que la paix sur le continent n’était pas éternelle, et il nous a fait prendre conscience de notre faiblesse militaire. Si nous voulons la paix en Europe, la France a un devoir de puissance. Il faut nous réarmer, nous réindustrialiser, augmenter les forces françaises.

Selon vous, faut-il empêcher la Russie de gagner ?

Les politiciens français vont infléchir le cours de la guerre ? J’ai été très frappée par la légèreté des paroles entendues ici et là, entre un Mélenchon qui pense qu’on va imposer la paix en criant « La paix ! » en meeting, et un Macron qui croit qu’il va faire plier Poutine en élevant un peu la voix et en postant quelques photos. Pendant qu’ils parlent, il y a eu 500 000 morts et blessés, civils et militaires, dans cette guerre. Donc oui, il faut qu’elle s’arrête et que le peuple ukrainien retrouve sa souveraineté. Quand on défend l’idée de patrie, je ne vois pas comment on peut ne pas être d’accord sur ce point. Je ne sais pas qui va « gagner la guerre », et je ne crois pas que nous ayons la main sur cette question. On parle d’une guerre, pas d’un match de foot.

Si vous étiez députée, auriez-vous voté le plan d’aide à l’Ukraine ?

Je dis oui à une aide matérielle et humanitaire à l’Ukraine. La limite à ne pas franchir est la mise en danger de notre nation. Force est de constater que ce plan d’aide n’a rien réglé. Alors, laissez-moi refuser de faire semblant d’avoir la solution miracle. La guerre n’est pas une bataille d’éléments de langage.

Mais sommes-nous ou pas concernés par cette guerre ?

Évidemment que cette guerre nous concerne : elle fait des morts sur le sol européen. Mais le danger existentiel pour la France est ailleurs. Nous avons des Français qui meurent chaque semaine sur notre sol à cause de la violence.

Pour la France, qu’est-ce qui vous permet de penser qu’il n’est pas trop tard ?

Nous sommes passés en très peu de temps du déni au fatalisme. Refusons les deux ! Je veux parler à tous ceux qui se disent « de toutes façons Reconquête c’est toujours la même chanson ! » ; à tous ceux qui se disent « ces gens-là portent les bons constats mais n’ont pas de solutions ». Je veux leur parler, et ça tombe bien, on a encore un peu de temps !

Prenons l’immigration, par exemple.

Nous avons 500 000 entrées légales chaque année. C’est bien plus que l’immigration clandestine ! Or, un migrant qui entre en France légalement, c’est un tampon apposé sur un bout de papier. Concrètement, cela signifie qu’un fonctionnaire, dans une préfecture, lui a donné l’autorisation. Eh bien, il suffit de décider d’arrêter. Les fonctionnaires respectent la loi, les circulaires et les directives.

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Il y a tous ceux qui entrent pour demander l’asile aussi.

Très simple : on ne les accueille plus sur le territoire français. On a des consulats, des ambassades, ils devront faire leur demande dans leur pays d’origine. C’est la méthode danoise. Elle a fait baisser de 50% en deux ans les demandes d’asile. Je suis une sociale-démocrate danoise !

Il faudrait importer la gauche danoise. Quoi qu’il en soit, l’islamisme n’est plus seulement importé, il est également autochtone.

Et si on admettait tout simplement qu’on refuse l’islamisation de notre pays ? Qu’on refuse les horaires séparés dans les piscines, les voiles dans l’espace public, l’entrisme islamique à l’école ? Les musulmans sont libres de vivre dans l’un des 57 pays musulmans du monde. Ils choisissent la France. La France est libre de leur dire qu’en France, on vit comme des Français.

Vous envoyez la police dans mille endroits en même temps pour faire enlever les voiles et les burqas ?

Ça s’appelle la loi. C’est drôle que vous partiez du principe qu’il y aurait mille endroits à la fois où les musulmans ne respecteront pas la loi… Ce que je dis, c’est que nous devons poser nos règles. Ceux qui violent la loi commettent un délit et payeront pour ce délit. Dans quel monde est-ce qu’on refuse de poser une règle sous prétexte que certains ne la respecteraient pas ? Vous imaginez, aucune règle fiscale parce qu’il existe des fraudeurs fiscaux et qu’ils sont durs à aller chercher ? On a posé les règles les plus strictes et parfois même les plus absurdes pour obliger les gens à porter des masques pendant le Covid. Soudain, quand il s’agit de défendre notre identité, cela paraît impossible ?

Et puis que faites-vous de Samara ?

Justement, ces mesures sont les seules qui peuvent l’aider. Quand l’État français interdira le voile, Samara subira beaucoup moins la pression des barbus pour se voiler. Elle pourra leur répondre qu’elle respecte la loi.

Marche pro-palestinienne à Londres, 9 octobre 2023. « Le 7 octobre fut un électro-choc pour toute l’Europe : beaucoup ont pris conscience de la guerre de civilisation en cours, qui se déroule non seulement en Orient, mais aussi dans nos rues… » © Wiktor Szymanowicz/Shutterstock/Sipa

Est-ce réalisable sans violence ?

Vous avez l’impression que nous n’avons pas de violence aujourd’hui ? Les solutions des autres, on les connaît : ne rien faire, ne rien changer. Elles me paraissent beaucoup plus dangereuses ! Plus on se rapproche de la guerre civile, plus on nous dit que c’est en l’empêchant qu’on va la déclencher. C’est un raisonnement parfaitement absurde. Nous sommes capables de rétablir l’ordre sans semer le chaos.

Mais Gabriel Attal dit qu’il faut combattre la charia dans les établissements scolaires, c’est un saut sémantique.

La communication de Gabriel Attal, c’est toujours la montagne qui accouche d’une souris. Quand elle accouche de quelque chose… Nous le savons grâce à nos « Parents vigilants » : rien n’a changé depuis qu’il a été ministre de l’Éducation nationale. Pas une virgule, pas une ligne. Les groupes de niveau ont été enterrés. Il voit que la charia s’invite à l’École, fort bien et après ? On offre des stages de poney aux jeunes et tout va s’arranger ?

Il ne suffirait pas de régler les problèmes d’immigration et de sécurité pour sauver la France. Il y a aussi un problème économique.

Vous avez cent fois raison. L’immigration est loin d’être notre seul problème. Chaque jour qui passe, nous nous endettons de 400 millions d’euros de plus. Pourtant, notre pays est le plus imposé du monde, et sans doute même de l’Histoire. L’État prélève chaque année 47 % de la richesse que nous produisons, c’est-à-dire qu’à partir du 16 de chaque mois, nous ne travaillons plus pour nous-mêmes, mais pour l’État. Il faut baisser massivement les dépenses publiques pour pouvoir baisser massivement les impôts. Je parle d’une révolution, pas de micro-baisses. Giscard disait qu’au-dessus de 40 %, nous serions en régime socialiste. Donc revenons déjà à 40 %. C’est la moyenne de l’OCDE. Aucun Français ne doit travailler 40 % de son temps pour financer des dépenses publiques toujours plus massives. C’est ça, le problème, c’est que le travail ne paye pas assez, que le « salaire brut » est la plus grande arnaque économique de tous les temps. J’ai une liste de mesures longues comme le bras qui visent à ce que la somme versée par les patrons aux salariés se retrouve dans la poche de ceux-ci.

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Alors comment faites-vous pour remettre les comptes publics à l’équilibre ?

Allons-y ! Je peux vous donner des dizaines d’exemples de dépenses à couper dès demain. Il suffit d’une seule loi ! Vous prenez n’importe quel ministère et vous l’épinglez ; c’était mon métier de faire ce travail ! Couper dans l’aide publique au développement, c’est 15 milliards d’euros par an. 150 millions d’euros d’aide au développement à la Chine, la deuxième économie du monde, qu’on aide à se développer ! C’est incompréhensible et indéfendable.  Il faut aussi et surtout avoir le courage de remettre en cause le périmètre de l’intervention publique, de ses fonctions, de ses priorités, et de ses besoins en personnel. Typiquement, il faut privatiser l’audiovisuel public. C’est 4 milliards d’euros par an. Nous avons des tonnes à couper, sans même retirer un gramme de service public. Je vous rappelle que le régalien pèse seulement 6 % dans les dépenses publiques. Le scandale du déficit se situe ailleurs.

Pour vous, « libéral » est un gros mot ?

Je ne parle pas de libéralisme, je parle de bon sens. Ce qui est sûr, c’est que je ne suis pas socialiste. On voit où nous a conduits l’économie de gauche : toujours plus de dépenses, de fonctionnaires, donc toujours plus d’impôts, et toujours moins de service public. Les classes populaires sont les premières concernées.

On a vu sur Instagram que vous écoutez du Aya Nakamura à la maison…

J’écoute de tout ! Je n’ai aucun snobisme. On peut écouter ça avec légèreté, sans conséquence et surtout sans considérer qu’Aya Nakamura représente la part la plus exigeante de nous-mêmes, c’est-à-dire la part que nous aimerions exposer au monde.

Y a-t-il des personnages de l’histoire auxquels vous vous identifiez ?

Richelieu ! À la fin de sa vie, son confesseur lui demande s’il pardonne à ses ennemis et Richelieu répond : « Je n’en ai jamais eu d’autres que ceux de l’État. » Je trouve cela magnifique ! Son Testament politique est un monument. Dans l’histoire plus récente, j’admire Marie-France Garaud, que j’ai eu la chance de connaître et de côtoyer. Quel cran, quelle liberté, quelle femme !

Elle a été candidate à la présidentielle. Y avez-vous déjà pensé ?

Je ne vais pas tout faire comme Marie-France Garaud !

Le melon de Billie Eilish

Au top 50, c’est l’Américaine Billie Eilish que Greta Thunberg préfère écouter!


Dans le monde de la musique pop sous influence écolo-bobo, la chanteuse Billie Eilish est devenue un modèle du genre en cochant toutes les cases du politiquement correct.

En kiosques aujourd’hui: Causeur #123: Intégristes contre intégrés. Dernière chance avant la charia

Féministe, elle soutient le mouvement « Body Positive » qui lutte contre « les stéréotypes de la beauté imposés par la société ». Écologiste, elle milite contre le « réchauffement climatique ». Son modèle ? Greta Thunberg, of course. Lors de la « Marche pour le climat » organisée à Los Angeles, cheveux verts au vent, elle déclare : « J’espère que les adultes et les personnes âgées vont nous écouter, afin que nous ne mourions pas tous ». Elle-même fait tout pour que le monde échappe à ce triste sort : il est demandé aux fans d’apporter lors de ses concerts leurs propres bouteilles d’eau rechargeables, d’éviter les pailles en plastique et de prendre le temps de visiter son écovillage, dans lequel sont dispensés des conseils pour « sauver la planète ». En 2020, elle participe au mouvement BLM et s’attaque aux « privilèges blancs ». En 2021, elle annonce la sortie de son parfum, un parfum végan. Elle assure avoir économisé 33 millions de litres d’eau en servant aux membres de ses équipes des repas uniquement à base de plantes lors de sa dernière tournée. En 2023, elle confie être bisexuelle.

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Récemment, après avoir dénoncé les détestables « habitudes de surconsommation dans l’industrie de la musique », Eilish a annoncé vouloir montrer l’exemple à ses collègues : ses disques seront désormais fabriqués à 100 % avec du vinyle recyclé. Régulièrement, la chanteuse rappelle à la presse qu’elle a été dépressive, anxieuse, terriblement triste durant son adolescence, et qu’elle est « neurodivergente ».

Exaspérés par ses déclarations pontifiantes, les fans des artistes dénoncés par Billie Eilish comme mauvais écologistes considèrent que la seule maladie avérée dont souffre la chanteuse, c’est l’hypertrophie de la tête. Pour eux, aucun doute, Billie Eilish a pris le melon. Ils apprécieraient maintenant qu’elle cesse de prendre le chou à tout le monde avec ses exhortations écolos débitées lors de tournées financièrement très rentables, mais au « bilan carbone » bien plus calamiteux que la fabrication des disques vinyle.

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Moulin Rouge: les ailes du délire

Dans le Paris de Mmes Hidalgo et Dati, sous peine d’être relégués au rang de simples attractions touristiques, les cabarets sont priés d’être « engagés ».


Dans la nuit du 24 au 25 avril, le Moulin Rouge a perdu ses ailes. Bien qu’il soit charmant de les imaginer s’envoler, celles-ci semblent plutôt être tombées et cela n’est pas passé inaperçu. À l’émotion toute légitime des passants et habitants du XVIIIe arrondissement, se sont rapidement ajoutés  déclarations officielles et articles de presse. Cela a de quoi surprendre.

Folklore tricolore

De prime abord, le sujet semble en effet un non-événement puisqu’aucun blessé n’est à déplorer et les conséquences matérielles pour l’établissement sont, aux dires de celui-ci, quasiment inexistantes : l’activité n’a pas souffert et aucune représentation n’a dû être déprogrammée. Il semble donc s’agir d’un fait purement symbolique. La réaction de la ministre de la culture Rachida Dati va dans ce sens puisqu’elle évoque un « symbole de Paris » et parle d’une « émotion particulière pour le monde du spectacle » avant d’assurer ses followers sur le réseau social X de son attachement au patrimoine français et de son engagement pour la protection de celui-ci.

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Quel bonheur de voir enfin reconnus les cabarets et leurs revues comme éléments majeurs du patrimoine et tout particulièrement du folklore parisien ! Il faudrait cependant rappeler à Mme Dati que le Moulin Rouge n’est pas encore un musée, ou un simple bâtiment emblématique, symbole d’une époque révolue, mais bien une entreprise privée qui va, à n’en pas douter, gérer seule et efficacement les soucis techniques ayant entraîné la chute des pales du fameux moulin. En revanche, a-t-on souvenir d’un quelconque épanchement du gouvernement lorsque le Lido a fermé définitivement ses portes en 2022 après 76 ans d’existence, ou lorsque les Folies Bergère ont été contraintes de revoir complètement leurs revues sous peine de subir le même sort ? Ces cabarets n’étaient-ils pas eux aussi des symboles de Paris et des éléments du patrimoine ? Ne méritaient-ils pas a minima d’être soutenus ou de faire l’objet de tentatives de sauvegarde ?

Mauvaise cible

Le silence politique fut malheureusement le même lorsqu’entre 2010 et 2020, ces mêmes établissements furent régulièrement décriés par des organisations féministes qui, ignorant vraisemblablement que le French-Cancan était à l’origine une danse subversive et engagée, n’y voyaient que des temples de l’objectification des femmes et de la domination patriarcale. L’apogée de cette absurde cabale a été atteint en 2014 lorsque des membres du groupuscule  Femen ont choisi le toit du Moulin Rouge pour y « dénoncer l’industrie du sexe » avant d’en repartir quelque peu dépitées : la direction les avait informées que leurs danseuses étaient toutes des professionnelles sous contrat. Le Figaro titre alors à l’époque qu’elles se sont « trompées de cible ».

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Certains cabarets parisiens semblent pourtant non seulement échapper à la vindicte wokiste mais être régulièrement encensés par ces mêmes détracteurs. Le magazine Causette publie en 2022 un élogieux article intitulé « Sous les paillettes, la rage » sur le cabaret Madame Arthur. La journaliste s’y extasie devant les paroles des chansons explicitement engagées contre le patriarcat, l’hétéro-sexisme ou encore les violences policières. Inutile de chercher un lien : mettons tout cela pêle-mêle dans le même panier et recouvrons-le grossièrement de strass. Qu’importe le talent, pourvu qu’on ait la hardiesse ! Il n’est fait mention du Moulin Rouge ou du Crazy Horse que pour les qualifier de « spectacles millimétrés », comprenez sans âme et parfaitement has-been. On comprend alors que ce n’est pas tant le format cabaret qui est remis en cause que son étiquette frivole, de pur divertissement. Même la performance artistique ne semble pas peser lourd dans la balance. Il s’agit de séparer le bon grain de l’ivraie. Désormais le cabaret doit être politique, engagé, sous peine d’être relégué au rang de simple attraction touristique.

Le « paysage urbain » doit à tout prix être de nouveau présentable pour les JO

Dans ce climat délétère à l’égard des cabarets dits traditionnels, l’émotion des politiques et les moyens publics mis en œuvre pour que le Moulin Rouge retrouve rapidement ses ailes nous paraissent d’autant plus suspects. Souvenons-nous alors que le Moulin Rouge est le monument le plus photographié par les touristes étrangers après la Tour Eiffel. La touchante mobilisation de nos politiques ne serait-elle pas grandement influencée par l’imminence des Jeux Olympiques et les millions de touristes qu’ils draineront dans les rues parisiennes cet été ? On imagine aisément que les photos du Moulin Rouge sans ailes faisant le tour du monde soient de nature à filer des sueurs froides à la Maire de Paris, Anne Hidalgo, qui a ainsi annoncé dès le lendemain du drame : « Nous serons aux côtés de l’établissement pour les aider à faire en sorte qu’on puisse retrouver notre paysage urbain avec le Moulin Rouge qui est très important pour nous ». « Nos équipes sont déjà en contact pour leur offrir cette aide technique et matérielle pour qu’ils puissent rayonner à nouveau et que les ailes du moulin puissent continuer à tourner », a précisé l’élue. Qu’importent l’insécurité et la saleté des rues parisiennes, pourvu que les touristes puissent avoir leur selfie devant le mythique cabaret ! Jamais les paillettes n’auront autant servi de poudre aux yeux.


Nous y avons cru mais, hélas, il semble que ce ne soit ni la nostalgie du Paris de Toulouse-Lautrec, ni l’attachement au patrimoine culturel français qui motivent les réactions politiques. Seule compte l’image de Paris, tout du moins ce qu’il en reste, au regard du monde. Que les politiques se rassurent : seuls quelques mois nous séparent du début des jeux et si ce laps de temps semble largement suffisant pour que le Moulin Rouge retrouve ses ailes, redonner au Champ de Mars des allures autres qu’un champ de bataille devrait davantage leur donner du grain à moudre.

Toomaj Salehi et les corrompus de la Terre


« À quoi sert une chanson si elle est désarmée, me disaient des Chiliens bras ouverts, poings serrés, comme une langue ancienne qu’on voudrait massacrer. Je veux être utile à vivre et à rêver… »[1], chantait Julien Clerc. Ah, l’Amérique du sud, ses chansons engagées… Ah ! Les artistes français et leurs rêves de révolutions et de caviar. Pour vivre et rêver en Occident, il nous reste de grands artistes contestataires, Adèle Haenel et son keffieh, ou Nick Conrad, qui a le courage de crier haut et fort « pendez les Blancs » au nom de la liberté d’expression. « Pendez les rappeurs », répond l’Ayatollah Khamenei. Et lui, il le fait.

« Journalistes à louer, espions, artistes du régime, trouvez un trou de souris » – Toomaj Salehi

L’Ayatollah Khamenei et Mélenchon préfèrent sans doute les chansons de Nick Conrad aux textes anti-mollahs de Toomaj Salehi, condamné à mort par pendaison pour corruption terrestre. Mourir au mois d’avril, quand les roses d’Ispahan ne sont pas encore écloses… On ne sait s’il mourra, ou si la peine prononcée n’est qu’un supplice psychologique de plus pour le faire taire.

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Quel sens a le mot « corruption » en Iran ? Il sort de la bouche de meurtriers de manifestantes, au préalable violées pour être certain que Dieu leur fermera la porte du Paradis. Sans doute les Gardiens de la Révolution ont-ils peur de les retrouver parmi leurs 70 vierges célestes, chantant les textes de Toomaj Salehi sur leur propre corruption : 
« Ne nous as-tu pas assez isolés dans le monde ?
Ne nous as-tu pas assez étouffés ?
Vous ne nous avez pas assez foutu en l’air ?
Ne nous avez-vous pas assez volé ?
Maintenant vous voulez donner la moitié de l’Iran à la Chine et le reste à la Russie ? »(…)
« Si tu es un régime théocratique, pourquoi es-tu le serviteur de la Chine ? (…)
Quiconque vend ma Patrie sera puni… »

Un dictateur a toujours un chanteur d’opposition pour lui faire la nique. Vladimir Vyssotski a traversé l’URSS avant de mourir épuisé d’une crise cardiaque, poursuivi par le KGB et les brimades des cocos. Sixto Rodriguez a porté la jeunesse sud-africaine avec son titre « Sugar man ». Que serait l’image de la Kabylie sans les chansons d’Idir ? Celia Cruz immigra de Cuba aux États-Unis avant d’être une figure de l’anti-castrisme, et Fela Kuti, chanteur et opposant nigérian, a fini par devenir un politique…

Les régimes sanguinaires sont rarement assez fous pour tuer un artiste populaire : c’est un coup à faire du lieu du meurtre une terre de pèlerinage. Le sang d’un chanteur coule toujours moins loin que ses œuvres. Voyez Mercedes Sosa. Forcée à l’exil après un concert à la Plata en 1979, elle revient quelques mois avant la chute de Jorge Videla pour un concert absolument mythique à Buenos Aires. A quoi sert l’art en dictature ? Sa chanson « Si se calla el cantor » — si le chanteur se tait — le résume parfaitement.

Si se calla el cantor, calla la vida                               si le chanteur se tait, la vie se tait
Porque la vida, la vida misma, es como un canto      parce que la vie est comme un chant   
Si se calla el cantor, muere de espanto,                      si le chanteur se tait, meurt de terreur
La esperanza, la luz, y la alegria                                l’espérance, la lumière et la joie.

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Juliette Binoche se coupera-t-elle une autre mèche de cheveux ?

Des chanteurs sont condamnés à mort. Que font les artistes occidentaux ? En octobre 2022, Juliette Binoche au sommet de sa résistance contre l’oppression, se coupait une mèche de cheveux sur Instagram suite à la mort de Mahsa Amini. En octobre 2023, elle signait une pétition pour un cessez-le-feu à Gaza[2]. Pour l’instant, elle n’a pas encore eu d’idée lumineuse concernant Toomaj Salehi, dans le droit fil de ses deux précédents engagements. Peut-être va-t-elle se laisser pousser la barbe. Lio aurait pu se raser la boule à zéro pour Toomaj Salehi, afin de donner un autre sens à son geste qu’un « ras-le-bol du patriarcat ». Le monde de l’interpreneuriat instagramable (néologisme un peu barbare) est pour l’instant assez silencieux. Quand le chanteur se tait, les cris de défense des assassins résonnent…


[1] https://www.youtube.com/watch?v=iIn6C0oQ8gk – extrait de « Utile » – Julien Clerc chanté par Mélanie Dahan

[2] https://www.telerama.fr/debats-reportages/une-centaine-d-artistes-francais-appellent-a-un-cessez-le-feu-a-gaza-7017770.php

Affaire Glucksmann/Saint-Etienne: la gauche mélenchoniste est responsable de la brutalisation de notre vie politique

Les leaders de LFI ont beau clamer leur innocence, c’est bien la gauche mélenchoniste qui menace la démocratie. Le commentaire politique d’Elisabeth Lévy


L’image du 1er mai, c’est donc Raphaël Glucksmann pris à partie à Saint-Etienne. Il faut dire que les Black Blocks devaient avoir piscine. On n’a pas assisté hier aux violences habituelles qui, depuis une dizaine d’années, entachent assez systématiquement les mobilisations sociales – particulièrement le 1er mai. Elles auraient peut-être fait passer le chahut autour de la tête de liste PS / Place Publique au second plan.

Des images violentes déplorables

Raphaël Glucksmann et ses soutiens ont donc été virés du cortège stéphanois à coups de jets de peinture, de « Palestine vivra ! » et de « Casse-toi ! » par quelques dizaines de manifestants munis de drapeaux palestiniens. Le député européen a ensuite accusé des militants de « Révolution Permanente » et de LFI.

On peut se réjouir de la condamnation unanime dans la classe politique. Tant mieux, même si c’est le minimum syndical. Même Jean-Luc Mélenchon a fugacement été touché par la grâce démocratique ou voltairienne : il n’est pas d’accord avec Raphaël Glucksmann, mais il n’est pas d’accord non plus avec son expulsion. Cependant, il s’empresse ensuite d’ajouter que Glucksmann a eu tort d’accuser LFI. Dans le genre comique, les Insoumis accusent maintenant Glucksmann de se victimiser, alors qu’ils font eux-mêmes des trémolos depuis une semaine sur leur liberté bâillonnée et ont même convoqué une manifestation matinale porte de Clichy à Paris parce que Mathilde Panot avait été convoquée par la police pour s’expliquer sur son communiqué du 7 octobre dans le cadre d’une procédure politiquement stupide mais parfaitement banale. 

Glucksmann a-t-il eu raison d’accuser LFI ?

Stricto sensu, l’opération stéphanoise a été revendiquée par les Jeunes communistes de la Loire, mais néanmoins la présence d’Insoumis est attestée.

A relire : Glucksmann, le candidat des gnangnans de la mondialisation?

Comme l’a dit Raphaël Glucksmann, au-delà de cet incident à Saint-Etienne, le parti mélenchoniste est largement responsable de la brutalisation de la vie politique. Sur les réseaux sociaux, les militants insoumis sont déchaînés contre le socialiste depuis des semaines, avec parfois au passage des messages antisémites. Ce sont aussi les Insoumis qui font monter les tensions autour de Gaza et qui, pour finir, entretiennent la confusion entre la cause des Palestiniens et celle du Hamas et s’acoquinent avec des associations qui veulent la destruction d’Israël.

Donc, oui Raphaël Glucksmann a raison. Mais il serait plus convaincant, primo, s’il s’indignait autant quand on tente d’empêcher de parler des gens proches du RN ou de Reconquête (la soi-disant extrême droite), cela n’a aucun sens de défendre la liberté si on oublie celle de ses adversaires. Deuxio, si le PS, le PC et les Verts n’avaient pas accepté de s’allier avec un parti qui a quitté les rivages démocratiques pour jouer le chaos, avec un parti qui recevait Jeremy Corbyn, qui clamait sa haine de la police et refusait d’appeler les émeutiers au calme. Pour un gros plat de lentilles électoral, les partis de gauche se sont déshonorés. Et on aimerait être sûr que ces deux gauches sont irréconciliables, et que le PS n’ira pas à Canossa pour quelques sièges de députés…

Enfin, on attend aussi que Raphaël Glucksmann et les autres représentants de la gauche « raisonnable » reconnaissent qu’ils se sont trompés sur un autre point. Voilà des années qu’ils ont fait fausse route et qu’ils jouent la comédie antifasciste contre le RN ou Éric Zemmour. Ce baratin ne trompe plus personne, même pas eux. C’est désormais clair. En France aujourd’hui, ce n’est pas la droite nationale qui menace la démocratie avec des comportements de voyous. C’est la gauche mélenchoniste, qu’on le dise !


Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud radio

Précis de décomposition

L’écriture exclusive entend porter l’estocade aux partisans de l’écriture dite inclusive. Olivier Rachet ferraille, en vérité, contre les tenants de l’idéologie de l’empire du Bien. C’est savoureux et surtout salutaire.


Lecteur, voici un livre de combat ! Un pamphlet brillant, ironique, drôle et savant. Il s’attaque aux affidés du point médian, aux contempteurs du « neutre » qui, sous prétexte d’une langue plus juste, plus égalitaire, visent à forger sous cape une idéologie transhumaniste. Sous couvert d’en finir précisément avec les dominations et nonobstant les apories d’une orthographe suffocante, paralysante, ces nouveaux acolytes du Bien, idiots utiles de la moraline, fabriquent rien moins qu’un discours de pouvoir : un comble. Leur obscurantisme est patent, leur post-vérité est ressentimentale. Olivier Rachet dévoile l’enfer du décor, il épingle ces « ignorantins », démasque leurs intentions, leur mobile : en finir avec la différenciation sexuelle. Écoutons : « L’angoisse suprême, c’est que l’autre ne ressemblât plus à soi. Dans son refus des différences ou dans l’affirmation tyrannique de sa différence ou de ce qu’il serait plus juste de nommer sa dérive identitaire. » La belle affaire ! Et, partant : « Une secrète alliance rapproche les partisans de l’indifférenciation généralisée et les adeptes du culte poussé à l’extrême de tous les plus petits dénominateurs communs du même. » Le fantasme régressif est ici connexe d’un délire scientiste.


Êtes-vous déjà parvenu à lire, à haute voix, un texte écrit en écriture inclusive ? C’est impossible. Radicalement. Pourquoi ? Parce que ce n’est pas fait pour ! Comment ? Le point médian nuit au plaisir de la lecture. CQFD. « Point médian : point de jouissance textuelle. » Il s’agit de rendre la littérature illisible donc inopérante. Dans quel but ? Georges Bataille nous donne la réponse en posant une autre question, centrale celle-ci : y-a-t-il une Littérature possible sans pensée du Mal ?

A lire aussi, Jean-Paul Brighelli: Emprise, mâles toxiques, hommes déconstruits — et autres carabistouilles

Rachet nous explique que pour Spinoza (Éthique), le mal est « ce que nous savons certainement empêcher que nous ne jouissions d’un certain bien ». Et notre pamphlétaire de provoquer (philosophiquement) : « L’écriture dite « inclusive » entravant la jouissance de la lecture d’un texte écrit en français, elle est donc nécessairement un mal. » C’est dit.

Mais revenons au neutre (sans quitter tout à fait « le mal »), qui est un point de fixation définitif pour nos « transhumanistes » : « Il s’agit d’en finir avec, d’un côté, la reproduction sexuée ; de l’autre, avec la passion différentielle. » Comme le relève sournoisement Rachet, se passer de l’opposition « frontale » entre le masculin et le féminin revient à renier l’existence du diable. Diable ! Comment alors, demande notre auteur, « s’offrir le luxe inouï d’accueillir en soi les promesses de l’amour, physique aussi bien que théologique » ?

L’écriture exclusive, outre qu’il se présente comme une Nouvelle défense et illustration de la langue française est aussi, et peut-être surtout, un précis de décomposition de l’idéologie de l’empire du Bien, donc d’un discours « qui engendre la faute ».

Olivier Rachet, L’écriture exclusive, Éditions Tinbad, 2024.

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Comment la radio France inter sélectionne-t-elle ses invités?

« Je ne pense pas qu’on puisse dire que la matinale de France Inter est de gauche. » Léa Salamé, émission Quotidien du 6 septembre 2023.


Dernièrement, sur France 5, dans l’émission “C médiatique”, Adèle Van Reeth, directrice de France Inter, a affirmé que, pour ce qui est du pluralisme, cette radio publique est exemplaire. Elle ne comprend pas les reproches qui lui sont faits. Quoi? France Inter serait de gauche? Il y aurait des personnalités qui y seraient interdites d’antenne malgré leurs œuvres, leurs livres, l’intérêt que leur portent un large public ou d’autres médias? « Il n’y a pas de black listing de personnes en particulier », a affirmé Mme Van Reeth, avant d’ajouter que « tout le monde est bienvenu sur France Inter ». 

Climat, musulmans, transgenres : les sujets qui fâchent

Toutefois, a-t-elle tenu à préciser, France Inter ayant « certaines valeurs qui sont toutes au service de l’intérêt général […] elle a choisi, en ce qui concerne le réchauffement climatique et la cause écologique, de ne pas donner la parole à des personnes qui contesteraient le fait même du réchauffement climatique ». Et de conclure en usant du sabir de l’étudiant en première année de communication médiatique : « C’est un engagement de Radio France au nom d’une valeur qui est à la hauteur de la mission qu’on doit accomplir. » Hormis le fait qu’on ne voit pour quelles raisons sérieuses – « au nom d’une valeur » n’en est pas une – quiconque ayant une expertise dans le domaine concerné ne pourrait pas venir exposer des arguments interrogeant l’idée même du « réchauffement climatique », Mme Van Reeth a menti par manque de précision : la charte de Radio France intitulée “Le Tournant” stipule en effet que la radio publique « sort du champ du débat la crise climatique, son existence comme son origine humaine ». En clair, les personnes questionnant le dogme anthropique du changement climatique entériné par le GIEC ne sont pas non plus les bienvenues sur les chaînes de la radio publique.

La présidente de Radio France Sibyle Veil et la directrice de France inter Adèle Van Reeth, Paris, 2022 © ROMUALD MEIGNEUX/SIPA

Autre exemple :  si les auteurs d’un livre récent sur « ces musulmans diplômés mais discriminés qui fuient la France » ont pu promouvoir leur ouvrage[1] sur France Culture, France Info, France Inter et France TV, il ne semble pas que Dora Moutot et Marguerite Stern aient eu la possibilité de venir, elles, y présenter leur essai sur les dangereuses dérives de l’idéologie transgenre. Mais, vu l’ambition pluraliste revendiquée par l’audiovisuel public, cela ne saurait tarder. Encore que, faut voir… Sur France 5, la chroniqueuse du “Magazine de la santé” Enora Malagré s’est dite en effet « ulcérée » par le fait « qu’on invite ces… deux personnes sur les plateaux télé ». Heureusement, a-t-elle laissé sous-entendre, cela n’arrivera pas sur « le service public, où la tolérance et l’inclusion sont les maîtres-mots ». Mme Malagré, bouffie de suffisance bien-pensante, ne se rend même plus compte des sottises paradoxales qu’elle profère. Furibonde, elle conclut : « Il n’y a pas de féminisme sans femmes trans » – phrase qui restera dans les annales de la télévision française et amusera beaucoup nos petits-enfants, dans quelques années, lorsque tout le monde sera redescendu sur Terre.

La couleur politique de la matinale de France Inter débattue

« Il est plus facile pour un riche d’entrer dans le royaume des cieux, qu’à un journaliste de droite de se faire embaucher sur France Inter » affirmait Eugénie Bastié sur Europe 1 le 17 février 2023.

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La seule matinale de France Inter – orchestrée par Nicolas Demorand, Léa Salamé et Sonia Devillers en semaine, Ali Baddou et Marion L’Hour le vendredi et le week-end – ne laisse planer aucun doute : France Inter est une radio de gauche, européiste, immigrationniste et écolo-woke. Quant au reste de la grille, on peut dire qu’il y flotte un épais « gauchisme d’atmosphère ». En vue des élections européennes, France Inter, comme la majorité des médias audiovisuels, a l’obligation depuis le 15 avril de respecter un principe d’équité. Sur son site, l’Arcom précise que « les comptes rendus, commentaires et présentations auxquels donnent lieu les élections doivent être exposés avec un souci constant de mesure et d’honnêteté ». Comment faire semblant de respecter ces recommandations tout en continuant en réalité de favoriser la gauche européiste et immigrationniste et de discréditer les représentants politiques qui ne sont pas en odeur de sainteté dans la Maison Ronde ? 

D’abord, en conviant des personnes peu connues du grand public, supposément neutres dans cette campagne mais en réalité sur la même ligne pro-UE fédéraliste, immigrationniste et multiculturaliste que Raphaël Glucksmann. Exemple : mardi 23 avril, Nicolas Demorand recevait l’écrivain Giulano da Empoli. Celui-ci a dirigé le dernier numéro de la revue géopolitique Le Grand Continent sur laquelle Nicolas Demorand ne tarit pas d’éloges. Cette revue est éditée par le Groupe d’études géopolitiques sis rue d’Ulm, à l’ENS, et est fort prisée de tous ceux qui militent pour une UE élargie et « souveraine ». L’entretien a donc été une ode à l’UE, à son avenir fédéral radieux, à sa transition écologique nécessaire, à son immigration heureuse, le tout agrémenté d’un discours rodé contre les « climatosceptiques » et les « forces nationales-populistes ». La poussée électorale de « l’extrême droite » dans toute l’Europe ne pourra sans doute pas être évitée, estime Giulano da Empoli en ajoutant dans la foulée une réflexion retenant l’attention : « Mais il n’y aura pas un changement de majorité trop important au Parlement européen. Cela ne va probablement pas tout bousculer. On a une fenêtre d’opportunité de quelques années pour essayer de faire des choses. » Traduction : malgré les quelques sièges que les partis dits d’extrême droite vont récupérer, la majorité du Parlement européen restera grosso modo sur la ligne actuelle et aura cinq ans pour entériner les projets de destruction des nations qui sont dans les tuyaux de la Commission européenne et visent à voir advenir le plus rapidement possible l’Europe fédérale et supranationale chère aux Allemands, à Raphaël Glucksmann et à Emmanuel Macron qui se voit déjà président de celle-ci.

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Ensuite, en recevant certains représentants politiques baïonnette au fusil, couteau sous le manteau et rosseries médisantes sous le coude. Le commissaire Matthieu Valet s’est mis en disponibilité de la police pour rejoindre la liste du RN. Campagne électorale oblige, Ali Baddou et Marion L’Hour l’ont « accueilli » lors de la matinale du samedi 27 avril. Il faut écouter cette émission pour saisir toute la subtilité ironique de la phrase d’Adèle Van Reeth : « Tout le monde est bienvenu sur France Inter. » Cinglante, Marion L’Hour ouvre les hostilités : « Vous êtes une prise de guerre ou vous êtes un boulet ? » Matthieu Valet ne comprend pas la question. L’auditeur non plus. Il décline ses excellents états de service dans la police puis attend la question suivante. L’auditeur aussi. La journaliste, agitée, impatiente et toute frétillante à l’idée d’asséner ce qu’elle croit être un coup décisif, explique alors pour quelles raisons elle pense que le policier est un « boulet » pour le RN : reprenant des informations du Canard enchaîné datant un peu, Libération a rappelé il y a quelques jours que Matthieu Valet a, premièrement, utilisé en 2022 des bons SNCF que lui ont donnés cinq de ses collègues (bons alloués par le ministère de l’Intérieur à chaque policier pour ses déplacements) et, deuxièmement, eu un accident en utilisant un véhicule de police alors qu’il n’était pas en service. Le policier a beau expliquer les faits – plutôt mineurs – Marion Saint-Just L’Hour fulmine : « Il ne faut pas être exemplaire pour être élu ? » Matthieu Valet se voit dans l’obligation de décrire à nouveau son parcours professionnel édifiant, ses 18 années passées dans les forces de l’ordre sans un accroc. Sèchement, Marion Fouquier-Tinville L’Hour embraie alors sur le fait de savoir qui peut ou ne peut pas être sur la liste RN en évoquant le cas de Thierry Mariani. Nous sommes à la 6ème minute d’un entretien prévu pour en durer une douzaine et, comme le fait remarquer Matthieu Valet, il n’a toujours pas été question des préoccupations des Français dans le cadre des prochaines élections. Entre alors en jeu Ali Baddou. Avec une affirmation surprenante : « Vous, policier, êtes sur la liste d’un parti qui juge que la police est laxiste depuis des décennies. » Les bras de Matthieu Valet lui en tombent : M. Baddou ne confondrait-il pas le RN et l’extrême gauche ? Non, non, pas du tout, répond le journaliste en maintenant son étrange allégation sur un ton goguenard. Il reste à peine deux minutes d’entretien. Matthieu Valet parvient enfin à aborder un sujet touchant à l’avenir des Européens, les Français en tête : le Pacte Asile et Immigration adopté au Parlement européen. Afin de contrecarrer les critiques de Matthieu Valet qui juge ce pacte extrêmement laxiste envers les « mineurs non accompagnés », Ali Torquemada Baddou lui coupe systématiquement la parole pour rabâcher que ce Pacte n’a pas encore été entériné par les 27 membres de l’UE. Point final d’un entretien qui symbolise la quintessence du journalisme france-intérien, son increvable dogmatisme de gauche et sa profonde malhonnêteté.

Remontés comme des coucous, nos deux journalistes france-intériens n’ont su dissimuler leur animosité sous aucun atour langagier – au contraire, la langue maniée par ces deux inquisiteurs d’opérette est restée au niveau des intentions, brutales et vindicatives : indigente, répétitive et haineuse. Baddou et L’Hour ont voulu « se faire » Matthieu Valet qui n’était visiblement pas le « bienvenu » sur France Inter et a bénéficié, si j’ose dire, du traitement de faveur réservé aux invités politiques qui n’ont pas l’heur de plaire à la caste journalistique de la radio publique : éructations acides, affirmations grossières, sous-entendus fielleux, interruptions agressives – Valet, pour qui cette invitation sur France Inter était une première, a eu droit à la totale. Sans espérer une impartialité totale, sans doute ne s’attendait-il pas à un tel assaut de la part de journalistes décrits par Adèle Van Reeth comme des « personnes qui ne sont pas dans une optique militante » (Le Figaro, 28 mars 2024). La directrice de France Inter a bien fait d’insister sur ce point, parce qu’à l’écoute de cet entretien ça ne saute pas spontanément aux oreilles.


Nassira El Moaddem ne fait pas semblant, elle, de militer. Cette ancienne journaliste et directrice du Bondy Blog, adepte des thèses racialistes et décoloniales qui nourrissent le journalisme islamo-gauchiste, est persuadée que la France est un pays où règnent un « racisme systémique » et une « islamophobie chronique ». Suite à un courrier de la FFF rappelant aux clubs les règles strictes sur le port d’équipements et de vêtements pouvant contrevenir aux recommandations récentes du Conseil d’État interdisant tout signe ostentatoire religieux lors des compétitions sportives, elle écrit sur les réseaux sociaux : « Pays de racistes dégénérés. Il n’y a pas d’autres mots. La honte. » Nassira El Moaddem collabore au site fondé par Daniel Schneidermann, “Arrêt sur images”, et a présenté sur France Inter une émission d’entretiens intitulée Parcours de combattants. Face au tollé général, Daniel Schneidermann soutient la journaliste islamo-gauchiste. Venant de l’admirateur de Rima Hassan, la nouvelle égérie pro-palestinienne de LFI, ce soutien n’a rien d’étonnant. En revanche, il est surprenant qu’aucun dirigeant de la radio publique n’ait émis de critique suite aux écrits scandaleux de cette journaliste. Celle-ci ayant été collaboratrice de Radio France, peut-être serait-il bon, a minima, de lui demander de présenter des excuses aux Français qui ont contribué à sa rémunération. Il est à espérer que Nassira El Moaddem ne se verra pas employer à nouveau par la radio publique d’un pays dont elle voue les habitants aux gémonies, comme le confirme un nouveau tweet dans lequel elle affirme maintenir à 100% ses insultes envers les Français, ces « racistes dégénérés », selon elle • DD 

[1] La France, tu l’aimes mais tu la quittes : Enquête sur la diaspora française musulmane. Éditions du Seuil. Il faut noter – ce qu’aucun journaliste l’ayant reçu n’a fait – qu’Olivier Esteves, professeur à l’université de Lille et un des co-auteurs de cet ouvrage, a été membre du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). Il a d’ailleurs protesté contre la dissolution de ce dernier, considérant qu’il fournissait « un travail important de défense d’une minorité stigmatisée, le plus souvent à travers la conciliation ». Tiens donc ! Pour mémoire, le parent d’élève ayant lancé une fatwa contre Samuel Paty faisait clairement référence au CCIF, raison pour laquelle Gérald Darmanin a décidé la dissolution de ce collectif proche des Frères musulmans. Sur X, Florence Bergeaud-Blackler rappelle que Julien Talpin, un autre des co-auteurs de l’ouvrage en question, a également participé à un « rapport pour la très frériste Alliance Citoyenne ». Ce rapport se présentait comme un « recueil de témoignages de femmes musulmanes lyonnaises face aux refus d’emploi, refus de soin, refus de formation, refus d’accès à la pratique sportive à cause de leur voile ». Ce chargé de recherches au CNRS a lui aussi milité contre la dissolution du CCIF en signant entre autres une tribune parue sur Vox Public le 20 octobre 2020. Dhimmitude, quand tu nous tiens.

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Bardella/Hayer: qui a remporté le débat?

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Jordan Bardella et Valérie Hayer, BFMTV, 2 mar 2024. Capture d'écran.

Si les grosses ficelles politiciennes et les éléments de langage agressifs de la candidate Renaissance Valérie Hayer étaient bien trop visibles au début du débat de BFMTV, hier soir, elle a ensuite marqué quelques points face à un Jordan Bardella jusqu’alors présenté comme le « candidat de l’esquive »1 de cette campagne électorale.


Il faut le reconnaitre, certains débats ont tout du pensum et quand on est journaliste politique, on se demande parfois comment font les citoyens ordinaires pour tenir aussi longtemps devant leur écran, alors qu’ils n’y sont pas obligés. Je dois le reconnaitre, j’ai trouvé la première heure de cette rencontre opposant les deux « favoris » de l’élection européenne à mourir d’ennui. Valérie Hayer n’a rien d’une politique et elle s’avère incapable de donner un quelconque sens à son action. Pourtant, tout le monde reconnait que la candidate Renaissance a été présente au parlement européen et s’y est investie au cours de son mandat. Mais de cela les Français se moquent ! Ils ont compris que le vrai pouvoir était entre les mains de la Commission et n’accordent que peu de crédit au parlement. Les élections européennes sont donc devenues une façon de dire son fait au pouvoir en l’absence de rendez-vous électoraux majeurs. Et ce débat ne risquait pas de changer la donne. Si Jordan Bardella, bien plus à l’aise que Valérie Hayer, déroulait bien ses thèmes et gérait de façon professionnelle la situation face à une candidate au début peu consistante, le moins que l’on puisse dire est qu’il ne forçait pas non plus son talent.

Des enjeux différents

Il faut dire que les enjeux n’étaient pas les mêmes pour les deux protagonistes.

Jordan Bardella. DR.

L’une devait exister et sortir de l’indifférence ou du profond ennui qu’elle inspire. Il est impératif pour elle de garder sa place de seconde et de ne pas se faire doubler sur sa gauche par Raphaël Glucksmann. Elle n’avait donc rien à perdre à la confrontation. Partant de très bas en termes de notoriété, simplement résister au rouleau compresseur Jordan Bardella serait déjà vu comme positif. Elle avait donc tout à gagner si elle parvenait à exister ne serait-ce qu’un peu.

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Lui ne devait pas freiner une bonne dynamique qui, à un peu plus d’un mois de l’échéance électorale, peut difficilement être inversée sauf accident industriel lourd. Il devait gérer à la fois la normalisation, afin de rendre le procès en extrême-droite instruit par ses adversaires inaudible, faire profil bas, et garder son calme pour rester concentré sur les enjeux intéressant vraiment les Français.

Un début difficile pour Valérie Hayer

Le début du débat a été catastrophique pour Valérie Hayer. Elle n’est pas faite pour ça et correspond à tout ce que les Français n’aiment guère : trop techno, maladroitement agressive, sans pertinence, peu concrète. L’épisode où l’animateur Benjamin Duhamel demande à l’un et à l’autre d’évoquer les qualités et défauts de leur adversaire est particulièrement symptomatique : Valérie Hayer sombre dans l’attaque personnelle, alors que l’on ne sent pas chez elle une agressivité naturelle. De ce fait la séquence apparait surjouée, mal maitrisée, inutilement brutale et fait cadeau à Jordan Bardella – plus posé et objectif – d’une forme de retenue et d’élégance… Cette erreur de positionnement donne l’impression d’une candidate macroniste factice, la façade Potemkine d’un pouvoir en place aux abois. Une impression que la candidate Renaissance donnera à plusieurs reprises au début du débat. Elle cherche alors ses mots, fuit le regard de son adversaire et ne parait ni vraiment être là, ni habiter sa parole. Pire même : si les deux candidats manient évidemment des éléments de langage préparés, ceux de Valérie Hayer sont déballés à la hâte et sans finesse. Ainsi dans cette première partie du débat, elle va tenter la victimisation en mode : « Cela vous dérange tant que cela de laisser parler une femme ? » Et va le faire à plusieurs reprises. Sauf que cela ne passe pas, sent la grosse ficelle, et que l’échec de la manœuvre sera complet lorsqu’elle va à son tour couper le discours de Jordan Bardella et que celui-ci va lui demander si c’est par sexisme aussi qu’elle lui refuse la parole !

Changeant de stratégie, après avoir échoué à présenter Jordan Bardella en macho viriliste patriarcal, Mme Hayer tente à nouveau de réactiver la diabolisation de l’adversaire en élargissant le procès au RN et à son fondateur, Jean-Marie Le Pen. « Neuf minutes de débat et vous appelez déjà Jean-Marie Le Pen au secours ? » lui lancera alors, goguenard, Jordan Bardella. Au vu de l’ennui intense de la soirée, tout le monde est allé vérifier : cela faisait en réalité plus de 20 minutes que les deux candidats échangeaient. Autres tentatives de déstabilisation, ressortir des phrases prononcées par Marine Le Pen il y a 10 ans, ou répéter en boucle « je ne suis pas candidate au poste de Premier ministre ou de président de la République ». Tout cela tombe à plat, tant l’utilisation de ces arguments arrive souvent mal-à-propos et cache mal les faiblesses oratoires de la candidate.

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Valérie Hayer va faire dans cette première partie du débat un autre cadeau énorme à Jordan Bardella, en faisant du lien qu’il fait entre immigration et délinquance l’occasion d’une énième leçon de morale et d’un procès en essentialisation. Hélas, les chiffres que brandit alors le président de RN sont implacables et l’accusation de cliver le pays fait « pschitt » quand celui-ci lui demande si elle croit vraiment que c’est le RN qui est responsable de l’ensauvagement et de la montée de la violence en France.

Un Jordan Bardella qui ne force pas son talent

Pendant ce temps, Jordan Bardella prend garde à ne pas paraitre agressif et déroule avec efficacité ses thèmes : énergie, immigration, sécurité, en veillant toujours à parler par-dessus l’épaule de la candidate, s’adressant aux Français quand son adversaire, elle, se laisse aveugler par le duel et se focalise sur lui. Mais, cette faiblesse de Valérie Hayer va finir par lui servir. Et elle commence tellement mal son débat que les progrès qu’elle réalise ensuite deviennent notables. Le seul fait de tenir bon devient une preuve de résistance et une forme de courage, et puis, dans la deuxième partie du débat, la tête de liste de Renaissance va enfin se montrer un peu plus incisive et pertinente. Elle réussit notamment une séquence intéressante en confrontant Jordan Bardella à ses soutiens européens et en citant les déclarations de ces alliés. Lesquelles ne sont pas à piquer des hannetons. Là, on sent Jordan Bardella touché. Certes il se défend efficacement et marque des points en faisant remarquer à Valérie Hayer qu’elle-même, dans le cadre d’accords politiques, a soutenu la candidature à un poste européen d’une femme ouvertement anti-avortement – il en profite au passage pour déclarer qu’il est pour l’IVG. Il n’en reste pas moins que Jordan Bardella ne prend pas si clairement ses distances avec des déclarations bien gênantes sur d’autres points (sexisme, homophobie…) de ses amis. Dans cette séquence, Valérie Hayer est pertinente car elle croit profondément à ce qu’elle dit, mais surtout parce qu’elle fait là de la morale et pas de la politique. Elle est donc en phase avec elle-même et sa parole porte.

Une autre séquence l’avait l’illustré un peu avant, concernant la guerre en Ukraine. Valérie Hayer apparait très à l’aise aussi, tant que l’on reste dans le registre théorique, celui de la morale, quand on ne se réfère qu’au monde tel qu’il devrait être. Mais tout cela vole en éclats quand le politique revient. Elle offre alors une bonne séquence de positionnement régalien à Jordan Bardella qui la reprend à la volée : « La guerre c’est sérieux, Madame », et l’on n’est pas forcément utile « en allant se faire prendre en photos en Ukraine »… Là il se passe quelque chose d’intéressant entre les deux protagonistes qui illustre peut-être toute la faiblesse de nos démocraties : puisque l’Ukraine ne doit pas tomber, faisons comme si cela dépendait uniquement de notre volonté et pas de l’état de notre défense, de nos capacités de production militaire. C’est l’incapacité à parler de la vérité de la situation quand la réalité nous déplait qui saute alors aux yeux.

Une carte blanche à l’avantage de Jordan Bardella

Le débat termine inévitablement sur une « carte blanche » laissée aux candidats. Alors que la candidate Renaissance sort d’une bonne séquence, elle termine mal, retombant dans l’ornière techno et agressive. Dommage, c’était pourtant le moment pour elle de s’adresser aux Français. D’ailleurs elle retrouve ses hésitations verbales et une forme d’absence que l’on pouvait déjà remarquer au commencement du débat. Reste qu’elle a résisté, ne s’est pas effondrée et dans le fond a réussi son pari : elle existe un peu plus aux yeux des Français au sortir de cette importante émission.

De son côté, en redoutable animal politique, Jordan Bardella termine mieux qu’elle mais il n’a pas renversé la table alors qu’en face de lui le répondant était pourtant faible. Certes, il a été sans conteste le meilleur, mais sur ce point être dans l’opposition est toujours plus favorable, alors que Valérie Hayer doit gérer l’ombre portée d’Emmanuel Macron. Au vu du rejet que ce dernier suscite chez nombre de Français, cela ne lui facilite pas la tâche. Et d’ailleurs, alors que Valérie Hayer est déjà à la peine dans les sondages, l’ARCOM vient de décompter l’intégralité du discours prononcé par Emmanuel Macron à la Sorbonne pour l’Europe de son temps de parole2 ! Pourtant ce discours n’aura bougé aucune ligne et servi à rien. Sitôt prononcé, sitôt oublié.

Il en sera probablement de même de ce débat.

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  1. La campagne d’évitement de Bardella, Françoise Fressoz dans Le Monde, 2 mai ↩︎
  2. https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/05/02/elections-europeennes-le-discours-d-emmanuel-macron-a-la-sorbonne-decompte-comme-du-temps-de-parole-de-son-camp_6231218_823448.html ↩︎

Mila, notre Amazone

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Mila © JOEL SAGET/SIPA

Dans le combat contre l’islamisme, toutes les forces sont nécessaires, qu’elles viennent de gauche ou de droite. Lâcher Mila au prétexte de ses fréquentations s’apparente à une trahison. Les querelles intestines affaiblissent la riposte et consolident notre ennemi.


N’en déplaise à Caroline Fourest, figure solennelle de la « gauche républicaine », c’est Mila la révoltée qui a raison. Déboulant le 8 avril sur RMC, la jeune femme de 21 ans a lancé : « J’ai la haine, la rage », parlant de l’emprise islamiste grandissante sur la France. Ce jour-là, la résistance à la charia qui vient et à l’avachissement de la République a pris le visage de cette guerrière blonde et tatouée, qui vécut sous protection policière pour avoir traité l’islam de « religion de merde » il y a quatre ans.

Ennemis communs

Or l’essayiste Fourest, qui batailla utilement contre Tariq Ramadan, reproche à Mila son manque de « nuances ». Elle l’accuse de s’être rapproché « de la jeunesse identitaire rance avec qui elle pose en soirée ». Mais à quoi bon ces reproches acides ? Cette revendication d’une chasse gardée relève de l’usurpation, au nom d’une autorité morale autodécrétée. Certes, cette gauche laïque sauve l’honneur du progressisme, qui a pactisé avec le totalitarisme coranique. Cependant, ce club prolophobe a « la méchanceté d’un homme qui se noie » (Aragon) quand il rejette dos à dos, comme le fait Fourest, « les bas du front de l’islamisme » et les « bas du front du racisme », au prétexte de se démarquer de la droite populaire qui sonne le tocsin depuis des lustres. La prétention à la supériorité est d’autant plus contre-productive que la posture sentencieuse vient en renfort des islamistes, qui sont pourtant des ennemis communs. Ces derniers voient en Mila une mécréante ; Fourest et ses amis de Franc-Tireur y voient une extrémiste de droite. La tenaille a pour même effet de vouloir faire taire une voix courageuse.

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Il n’est plus temps d’être poli. Peu importe si Mila parle dru ou lance des assauts sans dentelles. L’urgence est de dénoncer les violences importées – sexistes, ethniques, tribales, claniques, religieuses – qui ponctuent l’actualité de la nouvelle France diversitaire. L’urgence est de s’indigner de la banalisation de l’antisémitisme islamo-palestinien, qui fait dire à Greta Thunberg, sous les applaudissements de l’extrême gauche et des écologistes : « Écrasons le sionisme », et donc les juifs d’Israël et d’ailleurs. Le soulèvement de jeunes Français éveillés, étrillés par des censeurs pusillanimes, vient en réaction à la lâcheté de trente ans de discours d’apaisement et de moralisme unilatéral. Pour avoir réclamé, à Besançon, l’« expulsion des violeurs étrangers », deux militantes du collectif Némésis ont été placées en garde à vue et poursuivies par la maire écologiste qui les accuse d’« alimenter la haine contre les migrants ». Cette inversion des valeurs dévoile un dérèglement mental. La crainte de blesser les musulmans a incité à la tolérance et à l’excuse devant les provocations de l’islam colonisateur. Or cette attitude a été prise pour une faiblesse par une civilisation viriliste construite sur la force et la conquête. L’islamisme intimidant s’est incrusté dans les universités et les quartiers d’immigration. La « police des mœurs » rend la vie odieuse aux musulmanes qui, comme Samara à Montpellier, aimeraient vivre à l’occidentale. Mila a raison de sonner la diane.

La fin du « pas de vague »

Dans la guerre intérieure à mener contre le nazislamisme, toutes les forces sont nécessaires, qu’elles viennent de gauche ou de droite. Lâcher une combattante au prétexte de ses fréquentations, non homologuées par le vivre-ensemble, s’apparente à une trahison. Les querelles intestines affaiblissent la riposte et consolident l’ennemi. Face à lui, le « pas de vague » est une capitulation. Tout au contraire, il faut que se lèvent les orages désirés. « Il faut des vagues ! La religion ne peut contrôler l’État », estime l’avocat Richard Malka (Europe 1, le 1er avril). Comme l’explique Didier Lemaire (Valeurs actuelles, 11 avril), ancien professeur de philosophie de Trappes accusé d’islamophobie, « la société civile doit se mobiliser pour pallier des défaillances de l’État. » Lui-même vient de créer l’association Défense des serviteurs de la République, pour venir en aide aux agents publics abandonnés à leur sort de dhimmis. C’est tout ce monde excédé, encore balbutiant, qu’il faut soutenir. « Le pays tient ! » se rassure Alain Minc (« Répliques », France Culture, 23 mars). En réalité, l’état de décomposition avancée de la Belgique ou de la Grande-Bretagne islamisées annonce ce que la France pourrait connaître demain, tant la classe politique actuelle redoute la confrontation. Aujourd’hui, seul un musulman britannique sur quatre estime que le Hamas a commis des meurtres et des viols en Israël le 7 octobre. 46 % jugent que les juifs ont trop d’influence sur la politique, 32 % « souhaitent » l’instauration de la charia au Royaume-Uni d’ici vingt ans (sondage Henry Jackson Society). En France, la charia impose déjà ses règles sur les terres conquises.

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Tout comme Israël est exemplaire dans sa guerre existentielle contre le djihad iranien, les patriotes français insoumis à l’islam sont l’antidote au risque totalitaire. Les musulmans démocrates, hélas encore trop silencieux, ont toute leur place dans ce combat à mener. « Le fascisme n’est pas si improbable », concluait Georges Pompidou dans Le Noeud gordien (1974) en redoutant la survenue d’un « homme fort et casqué ». Mais l’ancien président de la République n’envisageait pas, il y a cinquante ans, l’importation en France du totalitarisme djihadiste, soutenu par l’extrême gauche révolutionnaire et antisémite. Là est le nouveau fascisme. L’aveuglement persistant de la classe politique sur cette immigration de remplacement mériterait d’ailleurs d’être sanctionné pour inaction sécuritaire et haute trahison. Quoi de plus grotesque que le parcours d’Olivier Véran, pourfendeur macronien du « populisme » ? Neurologue de formation, il a rejoint une clinique des Champs-Élysées spécialisée dans la chirurgie esthétique. « Je ne toucherai ni à des pénis ni à des fessiers », a promis l’ancien ministre de la Santé et porte-parole du gouvernement. Comment pardonner à ceux qui se regardent le nombril plutôt que d’écouter les lanceurs d’alerte ? Toutefois, rien n’est perdu : la ringardise et la couardise sont désormais à gauche. La droite saura-t-elle être héroïque face à l’ennemi intérieur ?

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Le Paris de la Belle Epoque n’avait rien à envier au Paris des Jeux de 2024 (de loin)

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Armenonville, le soir du Grand-Prix, Henri Gervex, 1905. DR.

Les Jeux peuvent-ils rendre à Paris sa superbe ? se lamente notre chroniqueur


Luxueux et raffiné. Tel est le Train Bleu, émérite et centenaire brasserie située juste au-dessus des quais de la gare de Lyon, construite pour l’Exposition Universelle de 1900 par l’architecte Marius Toudoire. En pénétrant dans cette auguste institution gourmande, on imagine sans peine le futur Edouard VII y dîner, accompagné de sa sublime maîtresse Sarah Bernhardt, impératrice de cœur qui faisait oublier au prince les pesanteurs de la société victorienne de l’autre côté de la Manche…

Benoît Duteurtre n’a pas manqué de l’évoquer dans son Dictionnaire Amoureux de la Belle Epoque et des Années Folles : « On ne soulignera jamais trop le rôle du prince de Galles, fils aîné de la reine Victoria, dans le rapprochement franco-britannique à l’aube du XXe siècle. On ne saurait même comprendre cet événement politique majeur sans insister sur le rôle essentiel qu’y jouèrent les petites femmes, la passion du théâtre, l’amour du divertissement et des plaisirs de la vie qui poussaient irrésistiblement vers Paris le futur souverain britannique. » Les Anglais de la fin du XIXème siècle nourrissaient à l’égard de la France des fantasmes comparables à ceux qu’entretiendraient plus tard les petits Français des années 1960 désireux de découvrir le « swinging London ». 

Un héritage précieux

Le Paris de la Belle Epoque était un Paris de fêtes, peuplé d’artistes, de femmes portant des bijoux de contes de fées et de bourgeois sortis des pages de Maurice Leblanc. Gare d’ailleurs à ne pas y croiser un Arsène Lupin à fine moustache, maitrisant la canne-épée aussi bien que le sarcasme, prêt à vous détrousser de vos sous avant de séduire votre compagne du soir pour la faire danser dans tous les cabarets de Montmartre. Paris était alors une ville excitante où tout était possible. Le centre d’un Empire qui s’étendait sur les cinq continents. Le centre des innovations technologiques. Le centre des poètes et des artistes. Le centre du monde, tout simplement. Non seulement dans les esprits des Français, qui avaient bien conscience de la supériorité de leurs mœurs et de l’excellence de leur culture, mais aussi et surtout dans les imaginations enfiévrées de nos voisins qui rêvaient tous de toucher du doigt à l’idéal parisien. Et comment leur en vouloir ? Qui n’a jamais rêvé de flâner dans les grandes artères parisiennes pour en admirer les élégantes qui sous leurs ombrelles dévoilaient un peu de leurs charmes voluptueux ?

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Stefan Zweig le confessera d’ailleurs quelques années plus tard : « Nulle part, on ne sentait, par tous ses sens éveillés, une identité aussi forte entre sa jeunesse et l’atmosphère que dans cette ville qui se donne à tous et dont aucun ne peut faire complètement le tour. »  Parenthèse entre la Grande Dépression et la Première Guerre mondiale, ce qu’on nommera plus tard la Belle Epoque fut un temps de progrès technique et d’expérimentations artistiques. La Belle Epoque a enfanté la modernité telle que nous la connaissons aujourd’hui. Apparaissent les technologies de  notre quotidien qui passent des ateliers de recherche théorique des savants à l’usage courant. L’Europe est alors touchée par une vague d’innovations spectaculaires qui s’accomplissent le plus singulièrement en France, pays de toutes les avant-gardes. Charles Péguy le résuma laconiquement : « Le monde a plus changé entre 1880 et 1914 que depuis les Romains ». Tout concourt d’ailleurs à cet optimisme dont nous ferons le deuil en 1914 : l’Etat présente un budget excédentaire, le franc-or est particulièrement stable et la croissance est importante tous les ans.

Nous vivons encore des dividendes accumulés à la Belle Epoque, période où des noms désormais ancrés dans les inconscients collectifs émergent pour ne plus jamais s’effacer. Qu’ils soient artistes, scientifiques ou industriels, leur legs est toujours vif. Citons dans le désordre ces figures majeures que sont toujours Louis Pasteur, Rodin, André Citroën, Gustave Eiffel ou encore Louis Lumière. Leurs inventions et leurs œuvres nous accompagnent toujours au quotidien. De grandes figures populaires naissent dans tous les domaines et se font connaître à travers une médiatisation accrue. C’est l’âge d’or de la presse avec une liberté d’expression et une diversité idéologique qui pourraient aujourd’hui nous sembler surréalistes.

Car, la Belle Epoque est aussi et avant tout le moment d’une révolution dans les moyens de communication qu’on ne saurait comparer qu’avec l’émergence d’internet. Tant dans les moyens techniques que dans les modes d’expression. Le télégraphe, la transmission sans fil, le téléphone ou l’aéropostale, offrent aux Français la possibilité de se tenir au courant des affaires du monde de manière bien plus rapide que ce à quoi ils étaient auparavant habitués. Par ailleurs, les journaux paraissent dans des quantités jamais vues auparavant avec la création des fameuses « rotatives ». Certains des journaux que nous trouvons encore dans les kiosques sortent pour la première fois, à l’image de L’Humanité dirigé un temps par Jean Jaurès ou de La Croix. Si les inégalités sociales persistent, laissant le champ libre à la reconnaissance dans le débat public de la dialectique marxiste, le progrès technique bénéficie alors à de nombreux Parisiens et Français qui regardent avec optimisme le futur.

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Cela se matérialise par la généralisation des loisirs, des fêtes, la démocratisation de la pratique sportive, ainsi que la construction de  nombreuses villes de villégiature, à la mer comme à la montagne. Le Parisien de la Belle Epoque pratique la boxe française, ne se déparant jamais de sa canne-épée, se délasse au théâtre, fréquente les brasseries, suit assidûment les feuilletons littéraires populaires dans la presse et s’emporte sur les questions politiques au café. Privilégié, il assiste aux représentations de Debussy et se presse pour découvrir les différents courants artistiques émergents.

Paris, capitale mondiale des avant-gardes techniques, culturelles et artistiques

Une vue de l’esprit fait passer Vienne pour le siège des avant-gardes de l’époque. Dans Vienne, fin de siècle, Carl Schorske estime que la capitale austro-hongroise fut le siège de la modernité, citant dans un même élan Klimt, Freud ou le musicien Schoenberg. Paris fut pourtant tout autant en pointe, et parfois même en avance. Le baptême du symbolisme littéraire date de 1886, année où Jean Moréas publia son manifeste dans Le Figaro. Le naturalisme français n’avait pas un monopole ! Les auteurs de la Jeune Vienne confessaient eux-mêmes leur admiration pour les poètes parisiens révoltés qu’étaient Rimbaud, Verlaine ou Mallarmé.

Dans le domaine de la peinture et des arts décoratifs, le même constat peut être fait. Tous les styles ayant défié le classicisme sont nés à Paris, pas à Londres ou à Vienne. Pour le meilleur et pour le pire d’ailleurs ! Mais qui contestera aujourd’hui que l’impressionnisme, le nabisme, le symbolisme, le fauvisme, le cubisme, et même le futurisme attribué à tort à l’Italie, ont eu leurs premières œuvres exposées à Paris, alors phare du monde ? Dès 1870, le Salon officiel est contesté, les artistes s’organisant indépendamment en constituant des réseaux de galeristes privés, s’entraidant et se soutenant mutuellement.

Il n’est pas innocent que Freud soit allé à Paris pour étudier auprès du professeur Charcot, son œuvre multipliant les références à des écrivains et penseurs français qui furent les premiers à s’intéresser aux zones d’ombre de l’esprit humain. Madame Bovary n’en est-il pas l’un des exemples les plus frappants ? Quant à Bergson et Taine, n’ont-ils pas été en avance de quelques années sur leurs homologues germanophones ? La France est injuste avec les siens, refusant de leur reconnaître la primauté qu’ils ont eus dans tous les champs de connaissance et toutes les expressions créatives. Le Paris de la Belle Epoque n’avait rien à envier à aucune autre ville, il attirait à lui l’âme d’un monde qui finirait malheureusement fracassée dans un déluge d’artillerie sur les plaines de la Marne.

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Dans Le Monde d’Hier, un Stefan Zweig nostalgique consacre un chapitre entier à Paris, ville de l’éternelle jeunesse, et écrit donc : « Nulle part, on ne sentait, par tous ses sens éveillés, une identité aussi forte entre sa jeunesse et l’atmosphère que dans cette ville qui se donne à tous et dont aucun ne peut faire complètement le tour. Je sais bien qu’il n’est plus ce Paris heureux de ma jeunesse, ce Paris qui vous communiquait l’allant dont il était rempli ; peut-être qu’il ne retrouvera plus jamais cette merveilleuse liberté depuis qu’une poigne de fer, la plus tyrannique qui soit sur la terre, lui a imprimé sa marque brûlante ».

Quarante années de gloire

Il serait vain de porter un regard trop nostalgique sur une époque révolue qui ne fut d’ailleurs pas parfaite. Le progrès technique apporta aussi son lot de difficultés et de malheur. On l’oublie d’ailleurs, mais Paris était aussi une capitale du crime, ce qu’une relecture des Brigades du Tigre comme des journaux d’alors relatant les aventures des Apaches tatoués des faubourgs suffira à rappeler. Néanmoins, la brillance de ces années ne fait aucun doute. Elles sont encore un point de référence. Plus lointain que les Trente Glorieuses mais sûrement plus déterminant.

Le chaos de la Première Guerre mondiale aura raison de la domination française sur le monde. La France et l’Europe ne se remettront jamais pleinement de la période des deux guerres mondiales. Nous bénéficions pourtant toujours des infrastructures, des inventions et des richesses accumulées à la Belle Epoque. Il est de bon ton désormais de réprouver nos aînés, de contester la démarche coloniale de Jules Ferry qui fit flotter le drapeau français sur tous les continents, reste la gloire d’un prestige inouï correspondant à une période de développement inédite dans l’histoire de l’humanité. Ce progrès vertigineux que la France a offert au monde est incontestable. Une balade dans Paris,  nous amenant du Trocadéro aux Galeries Lafayette en passant par le Musée d’Orsay, réveille immanquablement les fantômes tutélaires de ces grands anciens dont les réalisations nous obligent a minima à faire preuve d’humilité. « L’avenir nous tourmente, le passé nous retient, c’est pour ça que le présent nous échappe », disait Gustave Flaubert. 

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«Et si on admettait tout simplement qu’on refuse l’islamisation de notre pays?»

Sarah Knafo © Hannah Assouline

La stratège et compagne d’Éric Zemmour entre en scène. Candidate à l’élection européenne, en troisième place sur la liste conduite par Marion Maréchal, cette patriote passée par l’ENA connaît ses dossiers. Immigration, islam, économie, elle est convaincue que les graves problèmes du pays appellent des solutions simples. Sur son rôle, souvent contesté, comme sur les frères ennemis, elle parle sans détour. Et refuse la fatalité.


Relire la première partie

Causeur. Toute l’histoire politique française montre que si on veut être élu, il faut savoir mentir.

Sarah Knafo. Et toute l’histoire politique montre où cela nous a conduits d’avoir voté pour des menteurs ! Je vous pose une autre question : à quoi sert de gagner les élections sans dire la vérité ? Vous pensez que la vérité n’est pas payante, que les Français préfèrent un mensonge rassurant à une vérité inquiétante. Je ne suis pas d’accord ! J’ai une haute estime du peuple français : les Français ne sont pas des aveugles, ni des défaitistes, ni des paresseux. Les politiciens misent sur leur résignation. Nous misons sur leur courage et leur clairvoyance. Reconquête prend le risque de la vérité. C’est un risque. Mais l’alternative, c’est là où nous sommes aujourd’hui.

Sauf que Marine Le Pen est arrivée au second tour. Et pour la prochaine, compte tenu de l’écart, ça n’est pas gagné…

Il reste trois ans et c’est énorme. Les vainqueurs proclamés trois ans avant n’ont jamais été élus. Chaban-Delmas, Rocard, Balladur, Jospin et Juppé. Ils étaient les candidats des médias et des sondages, ils ne sont même pas arrivés au second tour. Ils se disaient : « J’appartiens au système, mes cadres siègent au Palais Bourbon, mon équipe de gouvernement est prête. » Résultat, ils n’ont plus pris de risques, n’ont rien dit qui pouvait surprendre ou choquer. Les Français n’aiment pas ces ronronnements.

Sarah Knafo © Hannah Assouline

Donc, vous affirmez que Marine Le Pen ne sera jamais élue ?

Je n’ai pas de boule de cristal. Mais je connais l’histoire de la Ve République et je dis simplement que, quand on se croit déjà élu, on n’est plus dans la conquête, on ne bouge plus une oreille. Alors, on se dévitalise, et on cesse d’être un vote de contestation, notamment pour les classes populaires.

En somme, vous êtes plus populiste que Marine Le Pen ?

Nous n’appartenons pas au système. La question n’est pas qui est le plus populiste, mais qui est le plus réaliste.

Les ponts sont-ils complètement rompus entre Marine Le Pen et Éric Zemmour ? Et les jeunes continuent-ils à se croiser dans les fêtes, les dîners ?

Il n’y a pas de dispute personnelle. Nous disons aux électeurs : nous avons des différences, qui sont même en train de se creuser, nous pensons avoir les meilleures idées pour la France, nous les défendons, quitte parfois à critiquer nos concurrents. Et après nous ferons notre devoir de Français ! Soit, nous sommes au second tour, ce qui pourrait bien finir par se produire, et ils votent pour nous. Soit c’est un autre candidat de droite, et on votera pour lui. C’est simple et loyal, ça marie la différence et l’union. Pour avoir des alliés, il faut accepter d’avoir des rivaux.

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Parlons de l’Ukraine. Avant l’invasion du pays, beaucoup de vos sympathisants trouvaient des vertus à Poutine. Cette admiration pour l’homme fort est-elle toujours de mise ?

En géopolitique, nous n’avons qu’une seule boussole chez Reconquête : les intérêts français. Nous n’attendons notre salut d’aucun homme fort étranger, mais de nous-mêmes et de notre peuple. Ce conflit a montré que la paix sur le continent n’était pas éternelle, et il nous a fait prendre conscience de notre faiblesse militaire. Si nous voulons la paix en Europe, la France a un devoir de puissance. Il faut nous réarmer, nous réindustrialiser, augmenter les forces françaises.

Selon vous, faut-il empêcher la Russie de gagner ?

Les politiciens français vont infléchir le cours de la guerre ? J’ai été très frappée par la légèreté des paroles entendues ici et là, entre un Mélenchon qui pense qu’on va imposer la paix en criant « La paix ! » en meeting, et un Macron qui croit qu’il va faire plier Poutine en élevant un peu la voix et en postant quelques photos. Pendant qu’ils parlent, il y a eu 500 000 morts et blessés, civils et militaires, dans cette guerre. Donc oui, il faut qu’elle s’arrête et que le peuple ukrainien retrouve sa souveraineté. Quand on défend l’idée de patrie, je ne vois pas comment on peut ne pas être d’accord sur ce point. Je ne sais pas qui va « gagner la guerre », et je ne crois pas que nous ayons la main sur cette question. On parle d’une guerre, pas d’un match de foot.

Si vous étiez députée, auriez-vous voté le plan d’aide à l’Ukraine ?

Je dis oui à une aide matérielle et humanitaire à l’Ukraine. La limite à ne pas franchir est la mise en danger de notre nation. Force est de constater que ce plan d’aide n’a rien réglé. Alors, laissez-moi refuser de faire semblant d’avoir la solution miracle. La guerre n’est pas une bataille d’éléments de langage.

Mais sommes-nous ou pas concernés par cette guerre ?

Évidemment que cette guerre nous concerne : elle fait des morts sur le sol européen. Mais le danger existentiel pour la France est ailleurs. Nous avons des Français qui meurent chaque semaine sur notre sol à cause de la violence.

Pour la France, qu’est-ce qui vous permet de penser qu’il n’est pas trop tard ?

Nous sommes passés en très peu de temps du déni au fatalisme. Refusons les deux ! Je veux parler à tous ceux qui se disent « de toutes façons Reconquête c’est toujours la même chanson ! » ; à tous ceux qui se disent « ces gens-là portent les bons constats mais n’ont pas de solutions ». Je veux leur parler, et ça tombe bien, on a encore un peu de temps !

Prenons l’immigration, par exemple.

Nous avons 500 000 entrées légales chaque année. C’est bien plus que l’immigration clandestine ! Or, un migrant qui entre en France légalement, c’est un tampon apposé sur un bout de papier. Concrètement, cela signifie qu’un fonctionnaire, dans une préfecture, lui a donné l’autorisation. Eh bien, il suffit de décider d’arrêter. Les fonctionnaires respectent la loi, les circulaires et les directives.

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Il y a tous ceux qui entrent pour demander l’asile aussi.

Très simple : on ne les accueille plus sur le territoire français. On a des consulats, des ambassades, ils devront faire leur demande dans leur pays d’origine. C’est la méthode danoise. Elle a fait baisser de 50% en deux ans les demandes d’asile. Je suis une sociale-démocrate danoise !

Il faudrait importer la gauche danoise. Quoi qu’il en soit, l’islamisme n’est plus seulement importé, il est également autochtone.

Et si on admettait tout simplement qu’on refuse l’islamisation de notre pays ? Qu’on refuse les horaires séparés dans les piscines, les voiles dans l’espace public, l’entrisme islamique à l’école ? Les musulmans sont libres de vivre dans l’un des 57 pays musulmans du monde. Ils choisissent la France. La France est libre de leur dire qu’en France, on vit comme des Français.

Vous envoyez la police dans mille endroits en même temps pour faire enlever les voiles et les burqas ?

Ça s’appelle la loi. C’est drôle que vous partiez du principe qu’il y aurait mille endroits à la fois où les musulmans ne respecteront pas la loi… Ce que je dis, c’est que nous devons poser nos règles. Ceux qui violent la loi commettent un délit et payeront pour ce délit. Dans quel monde est-ce qu’on refuse de poser une règle sous prétexte que certains ne la respecteraient pas ? Vous imaginez, aucune règle fiscale parce qu’il existe des fraudeurs fiscaux et qu’ils sont durs à aller chercher ? On a posé les règles les plus strictes et parfois même les plus absurdes pour obliger les gens à porter des masques pendant le Covid. Soudain, quand il s’agit de défendre notre identité, cela paraît impossible ?

Et puis que faites-vous de Samara ?

Justement, ces mesures sont les seules qui peuvent l’aider. Quand l’État français interdira le voile, Samara subira beaucoup moins la pression des barbus pour se voiler. Elle pourra leur répondre qu’elle respecte la loi.

Marche pro-palestinienne à Londres, 9 octobre 2023. « Le 7 octobre fut un électro-choc pour toute l’Europe : beaucoup ont pris conscience de la guerre de civilisation en cours, qui se déroule non seulement en Orient, mais aussi dans nos rues… » © Wiktor Szymanowicz/Shutterstock/Sipa

Est-ce réalisable sans violence ?

Vous avez l’impression que nous n’avons pas de violence aujourd’hui ? Les solutions des autres, on les connaît : ne rien faire, ne rien changer. Elles me paraissent beaucoup plus dangereuses ! Plus on se rapproche de la guerre civile, plus on nous dit que c’est en l’empêchant qu’on va la déclencher. C’est un raisonnement parfaitement absurde. Nous sommes capables de rétablir l’ordre sans semer le chaos.

Mais Gabriel Attal dit qu’il faut combattre la charia dans les établissements scolaires, c’est un saut sémantique.

La communication de Gabriel Attal, c’est toujours la montagne qui accouche d’une souris. Quand elle accouche de quelque chose… Nous le savons grâce à nos « Parents vigilants » : rien n’a changé depuis qu’il a été ministre de l’Éducation nationale. Pas une virgule, pas une ligne. Les groupes de niveau ont été enterrés. Il voit que la charia s’invite à l’École, fort bien et après ? On offre des stages de poney aux jeunes et tout va s’arranger ?

Il ne suffirait pas de régler les problèmes d’immigration et de sécurité pour sauver la France. Il y a aussi un problème économique.

Vous avez cent fois raison. L’immigration est loin d’être notre seul problème. Chaque jour qui passe, nous nous endettons de 400 millions d’euros de plus. Pourtant, notre pays est le plus imposé du monde, et sans doute même de l’Histoire. L’État prélève chaque année 47 % de la richesse que nous produisons, c’est-à-dire qu’à partir du 16 de chaque mois, nous ne travaillons plus pour nous-mêmes, mais pour l’État. Il faut baisser massivement les dépenses publiques pour pouvoir baisser massivement les impôts. Je parle d’une révolution, pas de micro-baisses. Giscard disait qu’au-dessus de 40 %, nous serions en régime socialiste. Donc revenons déjà à 40 %. C’est la moyenne de l’OCDE. Aucun Français ne doit travailler 40 % de son temps pour financer des dépenses publiques toujours plus massives. C’est ça, le problème, c’est que le travail ne paye pas assez, que le « salaire brut » est la plus grande arnaque économique de tous les temps. J’ai une liste de mesures longues comme le bras qui visent à ce que la somme versée par les patrons aux salariés se retrouve dans la poche de ceux-ci.

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Alors comment faites-vous pour remettre les comptes publics à l’équilibre ?

Allons-y ! Je peux vous donner des dizaines d’exemples de dépenses à couper dès demain. Il suffit d’une seule loi ! Vous prenez n’importe quel ministère et vous l’épinglez ; c’était mon métier de faire ce travail ! Couper dans l’aide publique au développement, c’est 15 milliards d’euros par an. 150 millions d’euros d’aide au développement à la Chine, la deuxième économie du monde, qu’on aide à se développer ! C’est incompréhensible et indéfendable.  Il faut aussi et surtout avoir le courage de remettre en cause le périmètre de l’intervention publique, de ses fonctions, de ses priorités, et de ses besoins en personnel. Typiquement, il faut privatiser l’audiovisuel public. C’est 4 milliards d’euros par an. Nous avons des tonnes à couper, sans même retirer un gramme de service public. Je vous rappelle que le régalien pèse seulement 6 % dans les dépenses publiques. Le scandale du déficit se situe ailleurs.

Pour vous, « libéral » est un gros mot ?

Je ne parle pas de libéralisme, je parle de bon sens. Ce qui est sûr, c’est que je ne suis pas socialiste. On voit où nous a conduits l’économie de gauche : toujours plus de dépenses, de fonctionnaires, donc toujours plus d’impôts, et toujours moins de service public. Les classes populaires sont les premières concernées.

On a vu sur Instagram que vous écoutez du Aya Nakamura à la maison…

J’écoute de tout ! Je n’ai aucun snobisme. On peut écouter ça avec légèreté, sans conséquence et surtout sans considérer qu’Aya Nakamura représente la part la plus exigeante de nous-mêmes, c’est-à-dire la part que nous aimerions exposer au monde.

Y a-t-il des personnages de l’histoire auxquels vous vous identifiez ?

Richelieu ! À la fin de sa vie, son confesseur lui demande s’il pardonne à ses ennemis et Richelieu répond : « Je n’en ai jamais eu d’autres que ceux de l’État. » Je trouve cela magnifique ! Son Testament politique est un monument. Dans l’histoire plus récente, j’admire Marie-France Garaud, que j’ai eu la chance de connaître et de côtoyer. Quel cran, quelle liberté, quelle femme !

Elle a été candidate à la présidentielle. Y avez-vous déjà pensé ?

Je ne vais pas tout faire comme Marie-France Garaud !

Le melon de Billie Eilish

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D.R

Au top 50, c’est l’Américaine Billie Eilish que Greta Thunberg préfère écouter!


Dans le monde de la musique pop sous influence écolo-bobo, la chanteuse Billie Eilish est devenue un modèle du genre en cochant toutes les cases du politiquement correct.

En kiosques aujourd’hui: Causeur #123: Intégristes contre intégrés. Dernière chance avant la charia

Féministe, elle soutient le mouvement « Body Positive » qui lutte contre « les stéréotypes de la beauté imposés par la société ». Écologiste, elle milite contre le « réchauffement climatique ». Son modèle ? Greta Thunberg, of course. Lors de la « Marche pour le climat » organisée à Los Angeles, cheveux verts au vent, elle déclare : « J’espère que les adultes et les personnes âgées vont nous écouter, afin que nous ne mourions pas tous ». Elle-même fait tout pour que le monde échappe à ce triste sort : il est demandé aux fans d’apporter lors de ses concerts leurs propres bouteilles d’eau rechargeables, d’éviter les pailles en plastique et de prendre le temps de visiter son écovillage, dans lequel sont dispensés des conseils pour « sauver la planète ». En 2020, elle participe au mouvement BLM et s’attaque aux « privilèges blancs ». En 2021, elle annonce la sortie de son parfum, un parfum végan. Elle assure avoir économisé 33 millions de litres d’eau en servant aux membres de ses équipes des repas uniquement à base de plantes lors de sa dernière tournée. En 2023, elle confie être bisexuelle.

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Récemment, après avoir dénoncé les détestables « habitudes de surconsommation dans l’industrie de la musique », Eilish a annoncé vouloir montrer l’exemple à ses collègues : ses disques seront désormais fabriqués à 100 % avec du vinyle recyclé. Régulièrement, la chanteuse rappelle à la presse qu’elle a été dépressive, anxieuse, terriblement triste durant son adolescence, et qu’elle est « neurodivergente ».

Exaspérés par ses déclarations pontifiantes, les fans des artistes dénoncés par Billie Eilish comme mauvais écologistes considèrent que la seule maladie avérée dont souffre la chanteuse, c’est l’hypertrophie de la tête. Pour eux, aucun doute, Billie Eilish a pris le melon. Ils apprécieraient maintenant qu’elle cesse de prendre le chou à tout le monde avec ses exhortations écolos débitées lors de tournées financièrement très rentables, mais au « bilan carbone » bien plus calamiteux que la fabrication des disques vinyle.

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Moulin Rouge: les ailes du délire

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Moulin Rouge, Paris, 25 avril 2024 © Martin Pimentel

Dans le Paris de Mmes Hidalgo et Dati, sous peine d’être relégués au rang de simples attractions touristiques, les cabarets sont priés d’être « engagés ».


Dans la nuit du 24 au 25 avril, le Moulin Rouge a perdu ses ailes. Bien qu’il soit charmant de les imaginer s’envoler, celles-ci semblent plutôt être tombées et cela n’est pas passé inaperçu. À l’émotion toute légitime des passants et habitants du XVIIIe arrondissement, se sont rapidement ajoutés  déclarations officielles et articles de presse. Cela a de quoi surprendre.

Folklore tricolore

De prime abord, le sujet semble en effet un non-événement puisqu’aucun blessé n’est à déplorer et les conséquences matérielles pour l’établissement sont, aux dires de celui-ci, quasiment inexistantes : l’activité n’a pas souffert et aucune représentation n’a dû être déprogrammée. Il semble donc s’agir d’un fait purement symbolique. La réaction de la ministre de la culture Rachida Dati va dans ce sens puisqu’elle évoque un « symbole de Paris » et parle d’une « émotion particulière pour le monde du spectacle » avant d’assurer ses followers sur le réseau social X de son attachement au patrimoine français et de son engagement pour la protection de celui-ci.

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Quel bonheur de voir enfin reconnus les cabarets et leurs revues comme éléments majeurs du patrimoine et tout particulièrement du folklore parisien ! Il faudrait cependant rappeler à Mme Dati que le Moulin Rouge n’est pas encore un musée, ou un simple bâtiment emblématique, symbole d’une époque révolue, mais bien une entreprise privée qui va, à n’en pas douter, gérer seule et efficacement les soucis techniques ayant entraîné la chute des pales du fameux moulin. En revanche, a-t-on souvenir d’un quelconque épanchement du gouvernement lorsque le Lido a fermé définitivement ses portes en 2022 après 76 ans d’existence, ou lorsque les Folies Bergère ont été contraintes de revoir complètement leurs revues sous peine de subir le même sort ? Ces cabarets n’étaient-ils pas eux aussi des symboles de Paris et des éléments du patrimoine ? Ne méritaient-ils pas a minima d’être soutenus ou de faire l’objet de tentatives de sauvegarde ?

Mauvaise cible

Le silence politique fut malheureusement le même lorsqu’entre 2010 et 2020, ces mêmes établissements furent régulièrement décriés par des organisations féministes qui, ignorant vraisemblablement que le French-Cancan était à l’origine une danse subversive et engagée, n’y voyaient que des temples de l’objectification des femmes et de la domination patriarcale. L’apogée de cette absurde cabale a été atteint en 2014 lorsque des membres du groupuscule  Femen ont choisi le toit du Moulin Rouge pour y « dénoncer l’industrie du sexe » avant d’en repartir quelque peu dépitées : la direction les avait informées que leurs danseuses étaient toutes des professionnelles sous contrat. Le Figaro titre alors à l’époque qu’elles se sont « trompées de cible ».

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Certains cabarets parisiens semblent pourtant non seulement échapper à la vindicte wokiste mais être régulièrement encensés par ces mêmes détracteurs. Le magazine Causette publie en 2022 un élogieux article intitulé « Sous les paillettes, la rage » sur le cabaret Madame Arthur. La journaliste s’y extasie devant les paroles des chansons explicitement engagées contre le patriarcat, l’hétéro-sexisme ou encore les violences policières. Inutile de chercher un lien : mettons tout cela pêle-mêle dans le même panier et recouvrons-le grossièrement de strass. Qu’importe le talent, pourvu qu’on ait la hardiesse ! Il n’est fait mention du Moulin Rouge ou du Crazy Horse que pour les qualifier de « spectacles millimétrés », comprenez sans âme et parfaitement has-been. On comprend alors que ce n’est pas tant le format cabaret qui est remis en cause que son étiquette frivole, de pur divertissement. Même la performance artistique ne semble pas peser lourd dans la balance. Il s’agit de séparer le bon grain de l’ivraie. Désormais le cabaret doit être politique, engagé, sous peine d’être relégué au rang de simple attraction touristique.

Le « paysage urbain » doit à tout prix être de nouveau présentable pour les JO

Dans ce climat délétère à l’égard des cabarets dits traditionnels, l’émotion des politiques et les moyens publics mis en œuvre pour que le Moulin Rouge retrouve rapidement ses ailes nous paraissent d’autant plus suspects. Souvenons-nous alors que le Moulin Rouge est le monument le plus photographié par les touristes étrangers après la Tour Eiffel. La touchante mobilisation de nos politiques ne serait-elle pas grandement influencée par l’imminence des Jeux Olympiques et les millions de touristes qu’ils draineront dans les rues parisiennes cet été ? On imagine aisément que les photos du Moulin Rouge sans ailes faisant le tour du monde soient de nature à filer des sueurs froides à la Maire de Paris, Anne Hidalgo, qui a ainsi annoncé dès le lendemain du drame : « Nous serons aux côtés de l’établissement pour les aider à faire en sorte qu’on puisse retrouver notre paysage urbain avec le Moulin Rouge qui est très important pour nous ». « Nos équipes sont déjà en contact pour leur offrir cette aide technique et matérielle pour qu’ils puissent rayonner à nouveau et que les ailes du moulin puissent continuer à tourner », a précisé l’élue. Qu’importent l’insécurité et la saleté des rues parisiennes, pourvu que les touristes puissent avoir leur selfie devant le mythique cabaret ! Jamais les paillettes n’auront autant servi de poudre aux yeux.


Nous y avons cru mais, hélas, il semble que ce ne soit ni la nostalgie du Paris de Toulouse-Lautrec, ni l’attachement au patrimoine culturel français qui motivent les réactions politiques. Seule compte l’image de Paris, tout du moins ce qu’il en reste, au regard du monde. Que les politiques se rassurent : seuls quelques mois nous séparent du début des jeux et si ce laps de temps semble largement suffisant pour que le Moulin Rouge retrouve ses ailes, redonner au Champ de Mars des allures autres qu’un champ de bataille devrait davantage leur donner du grain à moudre.

Toomaj Salehi et les corrompus de la Terre

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Des manifestants réclament la libération du rappeur iranien Toomaj Salehi © Lev Radin/Sipa USA/SIPA

« À quoi sert une chanson si elle est désarmée, me disaient des Chiliens bras ouverts, poings serrés, comme une langue ancienne qu’on voudrait massacrer. Je veux être utile à vivre et à rêver… »[1], chantait Julien Clerc. Ah, l’Amérique du sud, ses chansons engagées… Ah ! Les artistes français et leurs rêves de révolutions et de caviar. Pour vivre et rêver en Occident, il nous reste de grands artistes contestataires, Adèle Haenel et son keffieh, ou Nick Conrad, qui a le courage de crier haut et fort « pendez les Blancs » au nom de la liberté d’expression. « Pendez les rappeurs », répond l’Ayatollah Khamenei. Et lui, il le fait.

« Journalistes à louer, espions, artistes du régime, trouvez un trou de souris » – Toomaj Salehi

L’Ayatollah Khamenei et Mélenchon préfèrent sans doute les chansons de Nick Conrad aux textes anti-mollahs de Toomaj Salehi, condamné à mort par pendaison pour corruption terrestre. Mourir au mois d’avril, quand les roses d’Ispahan ne sont pas encore écloses… On ne sait s’il mourra, ou si la peine prononcée n’est qu’un supplice psychologique de plus pour le faire taire.

A lire aussi, Reza Pahlavi: «Les mollahs ont une haine viscérale d’Israël depuis 45 ans»

Quel sens a le mot « corruption » en Iran ? Il sort de la bouche de meurtriers de manifestantes, au préalable violées pour être certain que Dieu leur fermera la porte du Paradis. Sans doute les Gardiens de la Révolution ont-ils peur de les retrouver parmi leurs 70 vierges célestes, chantant les textes de Toomaj Salehi sur leur propre corruption : 
« Ne nous as-tu pas assez isolés dans le monde ?
Ne nous as-tu pas assez étouffés ?
Vous ne nous avez pas assez foutu en l’air ?
Ne nous avez-vous pas assez volé ?
Maintenant vous voulez donner la moitié de l’Iran à la Chine et le reste à la Russie ? »(…)
« Si tu es un régime théocratique, pourquoi es-tu le serviteur de la Chine ? (…)
Quiconque vend ma Patrie sera puni… »

Un dictateur a toujours un chanteur d’opposition pour lui faire la nique. Vladimir Vyssotski a traversé l’URSS avant de mourir épuisé d’une crise cardiaque, poursuivi par le KGB et les brimades des cocos. Sixto Rodriguez a porté la jeunesse sud-africaine avec son titre « Sugar man ». Que serait l’image de la Kabylie sans les chansons d’Idir ? Celia Cruz immigra de Cuba aux États-Unis avant d’être une figure de l’anti-castrisme, et Fela Kuti, chanteur et opposant nigérian, a fini par devenir un politique…

Les régimes sanguinaires sont rarement assez fous pour tuer un artiste populaire : c’est un coup à faire du lieu du meurtre une terre de pèlerinage. Le sang d’un chanteur coule toujours moins loin que ses œuvres. Voyez Mercedes Sosa. Forcée à l’exil après un concert à la Plata en 1979, elle revient quelques mois avant la chute de Jorge Videla pour un concert absolument mythique à Buenos Aires. A quoi sert l’art en dictature ? Sa chanson « Si se calla el cantor » — si le chanteur se tait — le résume parfaitement.

Si se calla el cantor, calla la vida                               si le chanteur se tait, la vie se tait
Porque la vida, la vida misma, es como un canto      parce que la vie est comme un chant   
Si se calla el cantor, muere de espanto,                      si le chanteur se tait, meurt de terreur
La esperanza, la luz, y la alegria                                l’espérance, la lumière et la joie.

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Juliette Binoche se coupera-t-elle une autre mèche de cheveux ?

Des chanteurs sont condamnés à mort. Que font les artistes occidentaux ? En octobre 2022, Juliette Binoche au sommet de sa résistance contre l’oppression, se coupait une mèche de cheveux sur Instagram suite à la mort de Mahsa Amini. En octobre 2023, elle signait une pétition pour un cessez-le-feu à Gaza[2]. Pour l’instant, elle n’a pas encore eu d’idée lumineuse concernant Toomaj Salehi, dans le droit fil de ses deux précédents engagements. Peut-être va-t-elle se laisser pousser la barbe. Lio aurait pu se raser la boule à zéro pour Toomaj Salehi, afin de donner un autre sens à son geste qu’un « ras-le-bol du patriarcat ». Le monde de l’interpreneuriat instagramable (néologisme un peu barbare) est pour l’instant assez silencieux. Quand le chanteur se tait, les cris de défense des assassins résonnent…


[1] https://www.youtube.com/watch?v=iIn6C0oQ8gk – extrait de « Utile » – Julien Clerc chanté par Mélanie Dahan

[2] https://www.telerama.fr/debats-reportages/une-centaine-d-artistes-francais-appellent-a-un-cessez-le-feu-a-gaza-7017770.php

Affaire Glucksmann/Saint-Etienne: la gauche mélenchoniste est responsable de la brutalisation de notre vie politique

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Saint-Etienne, 1er mai 2024. Image: Capture YouTube / Le Parisien.

Les leaders de LFI ont beau clamer leur innocence, c’est bien la gauche mélenchoniste qui menace la démocratie. Le commentaire politique d’Elisabeth Lévy


L’image du 1er mai, c’est donc Raphaël Glucksmann pris à partie à Saint-Etienne. Il faut dire que les Black Blocks devaient avoir piscine. On n’a pas assisté hier aux violences habituelles qui, depuis une dizaine d’années, entachent assez systématiquement les mobilisations sociales – particulièrement le 1er mai. Elles auraient peut-être fait passer le chahut autour de la tête de liste PS / Place Publique au second plan.

Des images violentes déplorables

Raphaël Glucksmann et ses soutiens ont donc été virés du cortège stéphanois à coups de jets de peinture, de « Palestine vivra ! » et de « Casse-toi ! » par quelques dizaines de manifestants munis de drapeaux palestiniens. Le député européen a ensuite accusé des militants de « Révolution Permanente » et de LFI.

On peut se réjouir de la condamnation unanime dans la classe politique. Tant mieux, même si c’est le minimum syndical. Même Jean-Luc Mélenchon a fugacement été touché par la grâce démocratique ou voltairienne : il n’est pas d’accord avec Raphaël Glucksmann, mais il n’est pas d’accord non plus avec son expulsion. Cependant, il s’empresse ensuite d’ajouter que Glucksmann a eu tort d’accuser LFI. Dans le genre comique, les Insoumis accusent maintenant Glucksmann de se victimiser, alors qu’ils font eux-mêmes des trémolos depuis une semaine sur leur liberté bâillonnée et ont même convoqué une manifestation matinale porte de Clichy à Paris parce que Mathilde Panot avait été convoquée par la police pour s’expliquer sur son communiqué du 7 octobre dans le cadre d’une procédure politiquement stupide mais parfaitement banale. 

Glucksmann a-t-il eu raison d’accuser LFI ?

Stricto sensu, l’opération stéphanoise a été revendiquée par les Jeunes communistes de la Loire, mais néanmoins la présence d’Insoumis est attestée.

A relire : Glucksmann, le candidat des gnangnans de la mondialisation?

Comme l’a dit Raphaël Glucksmann, au-delà de cet incident à Saint-Etienne, le parti mélenchoniste est largement responsable de la brutalisation de la vie politique. Sur les réseaux sociaux, les militants insoumis sont déchaînés contre le socialiste depuis des semaines, avec parfois au passage des messages antisémites. Ce sont aussi les Insoumis qui font monter les tensions autour de Gaza et qui, pour finir, entretiennent la confusion entre la cause des Palestiniens et celle du Hamas et s’acoquinent avec des associations qui veulent la destruction d’Israël.

Donc, oui Raphaël Glucksmann a raison. Mais il serait plus convaincant, primo, s’il s’indignait autant quand on tente d’empêcher de parler des gens proches du RN ou de Reconquête (la soi-disant extrême droite), cela n’a aucun sens de défendre la liberté si on oublie celle de ses adversaires. Deuxio, si le PS, le PC et les Verts n’avaient pas accepté de s’allier avec un parti qui a quitté les rivages démocratiques pour jouer le chaos, avec un parti qui recevait Jeremy Corbyn, qui clamait sa haine de la police et refusait d’appeler les émeutiers au calme. Pour un gros plat de lentilles électoral, les partis de gauche se sont déshonorés. Et on aimerait être sûr que ces deux gauches sont irréconciliables, et que le PS n’ira pas à Canossa pour quelques sièges de députés…

Enfin, on attend aussi que Raphaël Glucksmann et les autres représentants de la gauche « raisonnable » reconnaissent qu’ils se sont trompés sur un autre point. Voilà des années qu’ils ont fait fausse route et qu’ils jouent la comédie antifasciste contre le RN ou Éric Zemmour. Ce baratin ne trompe plus personne, même pas eux. C’est désormais clair. En France aujourd’hui, ce n’est pas la droite nationale qui menace la démocratie avec des comportements de voyous. C’est la gauche mélenchoniste, qu’on le dise !


Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud radio

Précis de décomposition

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Image d'illustration Unsplash

L’écriture exclusive entend porter l’estocade aux partisans de l’écriture dite inclusive. Olivier Rachet ferraille, en vérité, contre les tenants de l’idéologie de l’empire du Bien. C’est savoureux et surtout salutaire.


Lecteur, voici un livre de combat ! Un pamphlet brillant, ironique, drôle et savant. Il s’attaque aux affidés du point médian, aux contempteurs du « neutre » qui, sous prétexte d’une langue plus juste, plus égalitaire, visent à forger sous cape une idéologie transhumaniste. Sous couvert d’en finir précisément avec les dominations et nonobstant les apories d’une orthographe suffocante, paralysante, ces nouveaux acolytes du Bien, idiots utiles de la moraline, fabriquent rien moins qu’un discours de pouvoir : un comble. Leur obscurantisme est patent, leur post-vérité est ressentimentale. Olivier Rachet dévoile l’enfer du décor, il épingle ces « ignorantins », démasque leurs intentions, leur mobile : en finir avec la différenciation sexuelle. Écoutons : « L’angoisse suprême, c’est que l’autre ne ressemblât plus à soi. Dans son refus des différences ou dans l’affirmation tyrannique de sa différence ou de ce qu’il serait plus juste de nommer sa dérive identitaire. » La belle affaire ! Et, partant : « Une secrète alliance rapproche les partisans de l’indifférenciation généralisée et les adeptes du culte poussé à l’extrême de tous les plus petits dénominateurs communs du même. » Le fantasme régressif est ici connexe d’un délire scientiste.


Êtes-vous déjà parvenu à lire, à haute voix, un texte écrit en écriture inclusive ? C’est impossible. Radicalement. Pourquoi ? Parce que ce n’est pas fait pour ! Comment ? Le point médian nuit au plaisir de la lecture. CQFD. « Point médian : point de jouissance textuelle. » Il s’agit de rendre la littérature illisible donc inopérante. Dans quel but ? Georges Bataille nous donne la réponse en posant une autre question, centrale celle-ci : y-a-t-il une Littérature possible sans pensée du Mal ?

A lire aussi, Jean-Paul Brighelli: Emprise, mâles toxiques, hommes déconstruits — et autres carabistouilles

Rachet nous explique que pour Spinoza (Éthique), le mal est « ce que nous savons certainement empêcher que nous ne jouissions d’un certain bien ». Et notre pamphlétaire de provoquer (philosophiquement) : « L’écriture dite « inclusive » entravant la jouissance de la lecture d’un texte écrit en français, elle est donc nécessairement un mal. » C’est dit.

Mais revenons au neutre (sans quitter tout à fait « le mal »), qui est un point de fixation définitif pour nos « transhumanistes » : « Il s’agit d’en finir avec, d’un côté, la reproduction sexuée ; de l’autre, avec la passion différentielle. » Comme le relève sournoisement Rachet, se passer de l’opposition « frontale » entre le masculin et le féminin revient à renier l’existence du diable. Diable ! Comment alors, demande notre auteur, « s’offrir le luxe inouï d’accueillir en soi les promesses de l’amour, physique aussi bien que théologique » ?

L’écriture exclusive, outre qu’il se présente comme une Nouvelle défense et illustration de la langue française est aussi, et peut-être surtout, un précis de décomposition de l’idéologie de l’empire du Bien, donc d’un discours « qui engendre la faute ».

Olivier Rachet, L’écriture exclusive, Éditions Tinbad, 2024.

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Comment la radio France inter sélectionne-t-elle ses invités?

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L'humoriste Guillaume Meurice. DR.

« Je ne pense pas qu’on puisse dire que la matinale de France Inter est de gauche. » Léa Salamé, émission Quotidien du 6 septembre 2023.


Dernièrement, sur France 5, dans l’émission “C médiatique”, Adèle Van Reeth, directrice de France Inter, a affirmé que, pour ce qui est du pluralisme, cette radio publique est exemplaire. Elle ne comprend pas les reproches qui lui sont faits. Quoi? France Inter serait de gauche? Il y aurait des personnalités qui y seraient interdites d’antenne malgré leurs œuvres, leurs livres, l’intérêt que leur portent un large public ou d’autres médias? « Il n’y a pas de black listing de personnes en particulier », a affirmé Mme Van Reeth, avant d’ajouter que « tout le monde est bienvenu sur France Inter ». 

Climat, musulmans, transgenres : les sujets qui fâchent

Toutefois, a-t-elle tenu à préciser, France Inter ayant « certaines valeurs qui sont toutes au service de l’intérêt général […] elle a choisi, en ce qui concerne le réchauffement climatique et la cause écologique, de ne pas donner la parole à des personnes qui contesteraient le fait même du réchauffement climatique ». Et de conclure en usant du sabir de l’étudiant en première année de communication médiatique : « C’est un engagement de Radio France au nom d’une valeur qui est à la hauteur de la mission qu’on doit accomplir. » Hormis le fait qu’on ne voit pour quelles raisons sérieuses – « au nom d’une valeur » n’en est pas une – quiconque ayant une expertise dans le domaine concerné ne pourrait pas venir exposer des arguments interrogeant l’idée même du « réchauffement climatique », Mme Van Reeth a menti par manque de précision : la charte de Radio France intitulée “Le Tournant” stipule en effet que la radio publique « sort du champ du débat la crise climatique, son existence comme son origine humaine ». En clair, les personnes questionnant le dogme anthropique du changement climatique entériné par le GIEC ne sont pas non plus les bienvenues sur les chaînes de la radio publique.

La présidente de Radio France Sibyle Veil et la directrice de France inter Adèle Van Reeth, Paris, 2022 © ROMUALD MEIGNEUX/SIPA

Autre exemple :  si les auteurs d’un livre récent sur « ces musulmans diplômés mais discriminés qui fuient la France » ont pu promouvoir leur ouvrage[1] sur France Culture, France Info, France Inter et France TV, il ne semble pas que Dora Moutot et Marguerite Stern aient eu la possibilité de venir, elles, y présenter leur essai sur les dangereuses dérives de l’idéologie transgenre. Mais, vu l’ambition pluraliste revendiquée par l’audiovisuel public, cela ne saurait tarder. Encore que, faut voir… Sur France 5, la chroniqueuse du “Magazine de la santé” Enora Malagré s’est dite en effet « ulcérée » par le fait « qu’on invite ces… deux personnes sur les plateaux télé ». Heureusement, a-t-elle laissé sous-entendre, cela n’arrivera pas sur « le service public, où la tolérance et l’inclusion sont les maîtres-mots ». Mme Malagré, bouffie de suffisance bien-pensante, ne se rend même plus compte des sottises paradoxales qu’elle profère. Furibonde, elle conclut : « Il n’y a pas de féminisme sans femmes trans » – phrase qui restera dans les annales de la télévision française et amusera beaucoup nos petits-enfants, dans quelques années, lorsque tout le monde sera redescendu sur Terre.

La couleur politique de la matinale de France Inter débattue

« Il est plus facile pour un riche d’entrer dans le royaume des cieux, qu’à un journaliste de droite de se faire embaucher sur France Inter » affirmait Eugénie Bastié sur Europe 1 le 17 février 2023.

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La seule matinale de France Inter – orchestrée par Nicolas Demorand, Léa Salamé et Sonia Devillers en semaine, Ali Baddou et Marion L’Hour le vendredi et le week-end – ne laisse planer aucun doute : France Inter est une radio de gauche, européiste, immigrationniste et écolo-woke. Quant au reste de la grille, on peut dire qu’il y flotte un épais « gauchisme d’atmosphère ». En vue des élections européennes, France Inter, comme la majorité des médias audiovisuels, a l’obligation depuis le 15 avril de respecter un principe d’équité. Sur son site, l’Arcom précise que « les comptes rendus, commentaires et présentations auxquels donnent lieu les élections doivent être exposés avec un souci constant de mesure et d’honnêteté ». Comment faire semblant de respecter ces recommandations tout en continuant en réalité de favoriser la gauche européiste et immigrationniste et de discréditer les représentants politiques qui ne sont pas en odeur de sainteté dans la Maison Ronde ? 

D’abord, en conviant des personnes peu connues du grand public, supposément neutres dans cette campagne mais en réalité sur la même ligne pro-UE fédéraliste, immigrationniste et multiculturaliste que Raphaël Glucksmann. Exemple : mardi 23 avril, Nicolas Demorand recevait l’écrivain Giulano da Empoli. Celui-ci a dirigé le dernier numéro de la revue géopolitique Le Grand Continent sur laquelle Nicolas Demorand ne tarit pas d’éloges. Cette revue est éditée par le Groupe d’études géopolitiques sis rue d’Ulm, à l’ENS, et est fort prisée de tous ceux qui militent pour une UE élargie et « souveraine ». L’entretien a donc été une ode à l’UE, à son avenir fédéral radieux, à sa transition écologique nécessaire, à son immigration heureuse, le tout agrémenté d’un discours rodé contre les « climatosceptiques » et les « forces nationales-populistes ». La poussée électorale de « l’extrême droite » dans toute l’Europe ne pourra sans doute pas être évitée, estime Giulano da Empoli en ajoutant dans la foulée une réflexion retenant l’attention : « Mais il n’y aura pas un changement de majorité trop important au Parlement européen. Cela ne va probablement pas tout bousculer. On a une fenêtre d’opportunité de quelques années pour essayer de faire des choses. » Traduction : malgré les quelques sièges que les partis dits d’extrême droite vont récupérer, la majorité du Parlement européen restera grosso modo sur la ligne actuelle et aura cinq ans pour entériner les projets de destruction des nations qui sont dans les tuyaux de la Commission européenne et visent à voir advenir le plus rapidement possible l’Europe fédérale et supranationale chère aux Allemands, à Raphaël Glucksmann et à Emmanuel Macron qui se voit déjà président de celle-ci.

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Ensuite, en recevant certains représentants politiques baïonnette au fusil, couteau sous le manteau et rosseries médisantes sous le coude. Le commissaire Matthieu Valet s’est mis en disponibilité de la police pour rejoindre la liste du RN. Campagne électorale oblige, Ali Baddou et Marion L’Hour l’ont « accueilli » lors de la matinale du samedi 27 avril. Il faut écouter cette émission pour saisir toute la subtilité ironique de la phrase d’Adèle Van Reeth : « Tout le monde est bienvenu sur France Inter. » Cinglante, Marion L’Hour ouvre les hostilités : « Vous êtes une prise de guerre ou vous êtes un boulet ? » Matthieu Valet ne comprend pas la question. L’auditeur non plus. Il décline ses excellents états de service dans la police puis attend la question suivante. L’auditeur aussi. La journaliste, agitée, impatiente et toute frétillante à l’idée d’asséner ce qu’elle croit être un coup décisif, explique alors pour quelles raisons elle pense que le policier est un « boulet » pour le RN : reprenant des informations du Canard enchaîné datant un peu, Libération a rappelé il y a quelques jours que Matthieu Valet a, premièrement, utilisé en 2022 des bons SNCF que lui ont donnés cinq de ses collègues (bons alloués par le ministère de l’Intérieur à chaque policier pour ses déplacements) et, deuxièmement, eu un accident en utilisant un véhicule de police alors qu’il n’était pas en service. Le policier a beau expliquer les faits – plutôt mineurs – Marion Saint-Just L’Hour fulmine : « Il ne faut pas être exemplaire pour être élu ? » Matthieu Valet se voit dans l’obligation de décrire à nouveau son parcours professionnel édifiant, ses 18 années passées dans les forces de l’ordre sans un accroc. Sèchement, Marion Fouquier-Tinville L’Hour embraie alors sur le fait de savoir qui peut ou ne peut pas être sur la liste RN en évoquant le cas de Thierry Mariani. Nous sommes à la 6ème minute d’un entretien prévu pour en durer une douzaine et, comme le fait remarquer Matthieu Valet, il n’a toujours pas été question des préoccupations des Français dans le cadre des prochaines élections. Entre alors en jeu Ali Baddou. Avec une affirmation surprenante : « Vous, policier, êtes sur la liste d’un parti qui juge que la police est laxiste depuis des décennies. » Les bras de Matthieu Valet lui en tombent : M. Baddou ne confondrait-il pas le RN et l’extrême gauche ? Non, non, pas du tout, répond le journaliste en maintenant son étrange allégation sur un ton goguenard. Il reste à peine deux minutes d’entretien. Matthieu Valet parvient enfin à aborder un sujet touchant à l’avenir des Européens, les Français en tête : le Pacte Asile et Immigration adopté au Parlement européen. Afin de contrecarrer les critiques de Matthieu Valet qui juge ce pacte extrêmement laxiste envers les « mineurs non accompagnés », Ali Torquemada Baddou lui coupe systématiquement la parole pour rabâcher que ce Pacte n’a pas encore été entériné par les 27 membres de l’UE. Point final d’un entretien qui symbolise la quintessence du journalisme france-intérien, son increvable dogmatisme de gauche et sa profonde malhonnêteté.

Remontés comme des coucous, nos deux journalistes france-intériens n’ont su dissimuler leur animosité sous aucun atour langagier – au contraire, la langue maniée par ces deux inquisiteurs d’opérette est restée au niveau des intentions, brutales et vindicatives : indigente, répétitive et haineuse. Baddou et L’Hour ont voulu « se faire » Matthieu Valet qui n’était visiblement pas le « bienvenu » sur France Inter et a bénéficié, si j’ose dire, du traitement de faveur réservé aux invités politiques qui n’ont pas l’heur de plaire à la caste journalistique de la radio publique : éructations acides, affirmations grossières, sous-entendus fielleux, interruptions agressives – Valet, pour qui cette invitation sur France Inter était une première, a eu droit à la totale. Sans espérer une impartialité totale, sans doute ne s’attendait-il pas à un tel assaut de la part de journalistes décrits par Adèle Van Reeth comme des « personnes qui ne sont pas dans une optique militante » (Le Figaro, 28 mars 2024). La directrice de France Inter a bien fait d’insister sur ce point, parce qu’à l’écoute de cet entretien ça ne saute pas spontanément aux oreilles.


Nassira El Moaddem ne fait pas semblant, elle, de militer. Cette ancienne journaliste et directrice du Bondy Blog, adepte des thèses racialistes et décoloniales qui nourrissent le journalisme islamo-gauchiste, est persuadée que la France est un pays où règnent un « racisme systémique » et une « islamophobie chronique ». Suite à un courrier de la FFF rappelant aux clubs les règles strictes sur le port d’équipements et de vêtements pouvant contrevenir aux recommandations récentes du Conseil d’État interdisant tout signe ostentatoire religieux lors des compétitions sportives, elle écrit sur les réseaux sociaux : « Pays de racistes dégénérés. Il n’y a pas d’autres mots. La honte. » Nassira El Moaddem collabore au site fondé par Daniel Schneidermann, “Arrêt sur images”, et a présenté sur France Inter une émission d’entretiens intitulée Parcours de combattants. Face au tollé général, Daniel Schneidermann soutient la journaliste islamo-gauchiste. Venant de l’admirateur de Rima Hassan, la nouvelle égérie pro-palestinienne de LFI, ce soutien n’a rien d’étonnant. En revanche, il est surprenant qu’aucun dirigeant de la radio publique n’ait émis de critique suite aux écrits scandaleux de cette journaliste. Celle-ci ayant été collaboratrice de Radio France, peut-être serait-il bon, a minima, de lui demander de présenter des excuses aux Français qui ont contribué à sa rémunération. Il est à espérer que Nassira El Moaddem ne se verra pas employer à nouveau par la radio publique d’un pays dont elle voue les habitants aux gémonies, comme le confirme un nouveau tweet dans lequel elle affirme maintenir à 100% ses insultes envers les Français, ces « racistes dégénérés », selon elle • DD 

[1] La France, tu l’aimes mais tu la quittes : Enquête sur la diaspora française musulmane. Éditions du Seuil. Il faut noter – ce qu’aucun journaliste l’ayant reçu n’a fait – qu’Olivier Esteves, professeur à l’université de Lille et un des co-auteurs de cet ouvrage, a été membre du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). Il a d’ailleurs protesté contre la dissolution de ce dernier, considérant qu’il fournissait « un travail important de défense d’une minorité stigmatisée, le plus souvent à travers la conciliation ». Tiens donc ! Pour mémoire, le parent d’élève ayant lancé une fatwa contre Samuel Paty faisait clairement référence au CCIF, raison pour laquelle Gérald Darmanin a décidé la dissolution de ce collectif proche des Frères musulmans. Sur X, Florence Bergeaud-Blackler rappelle que Julien Talpin, un autre des co-auteurs de l’ouvrage en question, a également participé à un « rapport pour la très frériste Alliance Citoyenne ». Ce rapport se présentait comme un « recueil de témoignages de femmes musulmanes lyonnaises face aux refus d’emploi, refus de soin, refus de formation, refus d’accès à la pratique sportive à cause de leur voile ». Ce chargé de recherches au CNRS a lui aussi milité contre la dissolution du CCIF en signant entre autres une tribune parue sur Vox Public le 20 octobre 2020. Dhimmitude, quand tu nous tiens.

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