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De «Salomé» bondage à «Don Quichotte» en canapé: sauvés par les voix!

Les voix puissantes et virtuoses de l’opéra nous sauvent des choix hasardeux de certains metteurs en scène contemporains…


C’est peu dire que la direction tonitruante, à la fois nerveuse et sensuelle du chef britannique Mark Wigglesworth restitue à plein, dans l’immensité de la salle Bastille, la stupéfiante modernité de cette musique kolossale entre toutes : sauvage, luxuriante, langoureuse… La puissance sonore des neuf percussionnistes ajoute à l’opulence de l’orchestre, traversé par les cris suraigus de la princesse de Judée, Salomé.

La soprano norvégienne Lise Davidsen, 37 ans, reprend le rôle-titre dévolu il y a deux ans à Elza van den Heever dans la même mise en scène, signée de l’Américaine Lydia Steier. La chanteuse sculpturale y triomphe absolument, musclée d’une voix au volume impressionnant, qui n’interdit jamais la subtilité dans le medium, et la plus parfaite ciselure dans le phrasé. Cette wagnérienne pur jus s’avère néanmoins capable d’incarner, tout aussi bien Leonora dans La force du destin (Verdi), que les mélodies de son compatriote Edvard Grieg… On n’a pas fini d’entendre (parler de) Lise Davidsen.

Salomé : cour de drag-queens, gothiques en lycra

Millésimé 1905, le troisième opéra de Richard Strauss inaugure la forme lyrique du XXème siècle avec un éclat souverain. Le compositeur est lui-même l’auteur du livret, tiré comme l’on sait de la célèbre pièce écrite en français en 1891 par Oscar Wilde. Quatre ans plus tard, Elektra, autre chef-d’œuvre, entamera dans cette même veine névrotique la féconde collaboration avec l’écrivain autrichien Hugo von Hofmannsthal, futur librettiste d’Ariane à Naxos ou du Chevalier à la rose

© Charles Duprat – OnP

En 2024, il n’est plus une seule scénographie qui sacrifie de façon littérale à l’orientalisme clinquant dont la « danse des sept voiles » devant le Tétrarque hypnotisé constitue le plus célébrissime morceau de bravoure. Certes, il en faut beaucoup aujourd’hui pour choquer le public, habitué qu’il est aux transpositions débridées. Mais Lydia Steier a tout de même réussi à remuer les tripes des plus aguerris : le roi Hérode (excellent ténor allemand Gerhard Siegel) a la silhouette d’un Ubu en résille, ventripotent et libidineux, comme réchappé d’un cirque tzigane ou fellinien ; Hérodiade, son épouse (l’irremplaçable mezzo-soprano moscovite Ekaterina Gubanova), dépoitraillée, exhibe d’imposantes mamelles aux tétons percés de pierreries, érotomane livrée de bout en bout à la lubricité auprès de son obéissante soldatesque ; à l’étage fornique une Cour de drag-queens, de sado-maso et de gothiques en lycra, s’adonnant derrière leur baie vitrée à une interminable orgie dont les esclaves sexuels, une fois consommés, sont transportés nus au bas de l’escalier, dans des linceuls de toile blanche, pour être aussitôt jetés à l’égout par des gardes patibulaires, Famas en bandoulière, harnachés comme des CRS en tenue de combat, ou encore par ces employés en étanches combinaisons jaunes, façon liquidateurs de Tchernobyl…

Bottée, en toge blanche, brune chevelure raide comme la vertu, Salomé cèdera aux instances d’Hérode en le débraguettant elle-même, avant de se voir chevauchée par les courtisans dans un sordide viol collectif, dont elle émergera en charpie sanguinolente, bientôt dédoublée par une figurante qui agonise convulsivement au sol. Dans la scène finale, Salomé monte aux cieux, transfigurée, enlacée dans sa cage à son Jochanaan (le baryton-basse danois Johan Reuter) dont elle exigeait la tête… Au dénouement, Lydia Steier nous réserve encore une surprise. Quand Hérode clame : « tuez cette femme ! », le coup de feu est pour lui : Salomé révisée.

Don Quichotte : variations virtuoses

C’est le même génial Richard Strauss qui, en 1898, compose Don Quichotte, sublime poème symphonique inspiré par l’immortel roman de Miguel de Cervantes Saavedra (1547-1616), où l’alto, le violoncelle et le hautbois se relaient dans des variations virtuoses. Dix ans plus tard, en France, un Jules Massenet alors au faîte de sa gloire – il approche les 70 ans – commande à Henri Cain, dramaturge et librettiste incontournable de l’époque, l’adaptation du Chevalier de la longue Figure, une pièce contemporaine de Jacques Le Lorrain tirée de l’iconique roman de chevalerie. C’est au même Henri Cain qu’on doit les livrets de Sapho (1897) et de Cendrillon (1898) – un must de Massenet comme l’on sait. Mis en chantier en 1908, Don Quichotte sera créé en 1910 à l’Opéra de Monte Carlo : triomphe immédiat. Jules Massenet s’éteint deux ans plus tard.

Avouons-le, si cette ultime œuvre lyrique n’a pas eu les honneurs de l’Opéra de Paris depuis un quart de siècle, c’est peut-être qu’elle n’atteint pas à la mélancolie éthérée de Werther, à la magnificence mélodique de Thaïs ou du Roi de Lahore, ou à la flamboyance du Cid, chef d’œuvres antérieurs d’un homme qui, artiste officiel de la République en son temps, fut ensuite durablement rejeté comme « démodé » avant que la postérité ne lui redonne toute la place qu’il mérite au ciel de l’académisme.  

Don Quichotte 23-24 © Emilie Brouchon – OnP

L’éclectisme hispanisant de Don Quichotte, d’une écriture musicale ultra-raffinée, permet de savourer surtout les impeccables vocalises de notre jeune mezzo nationale Gaëlle Arquez, toujours aussi brillante scéniquement, en Dulcinée psalmodiant, au début du quatrième acte : « Lorsque le temps d’amour a fui/ Que reste-t-il de nos bonheurs ? ». On n’est pas aussi convaincu par les parti pris de mise en scène de Damiano Michieletto. Non qu’on soit opposé par principe aux transpositions, mais d’abord cette idée que le héros (Don Quichotte en l’espèce), vieillissant et pétri de nostalgie, revoie son passé du fond de sa retraite, voilà qui finit par devenir un poncif à l’opéra – déjà exploité vingt fois. Le voilà donc ici, malade et neurasthénique, remâchant les fantômes du passé entre cachets et verres de scotch, enfoncé dans le canapé de son deux-pièces aux murs verdâtres, où l’ami Sancho, dans la cuisine attenante, dresse le couvert – un couple gay ? Dieu, que ce décor est moche ! L’Espagne ne s’y fraie un passage qu’à travers les silhouettes voilées, muettes et noires d’une troupe de danseurs flamenco des deux sexes ; la chevalerie ne s’incarne que dans des chevaux de manège qui flottent transitoirement entre sol et plafond ; les brigands de grand chemin s’invitent sur le plateau sous l’aspect de blousons noirs qui s’extraient du mobilier comme des souris ; les amants de Dulcinée sont nippés d’uniformes, corsetés tels des étudiants d’Oxford ; la foule des courtisans a des airs de rallye mondain, circa années 1960. Etc. L’éblouissement picaresque s’évanouit dans la clarté blanchâtre de cet intérieur bas de gamme, dont les cloisons coulissantes ne s’ouvrent jamais sur aucun imaginaire tentateur.

Miracle des voix, pour nous sauver de certains metteurs en scène – ces nouveaux maîtres du lyrique.         


Salomé. Drame lyrique en un acte de Richard Strauss. Direction : Mark Wiggleswoth. Mise en scène : Lydia Steier. Avec Lise Davidsen (Salomé), Gerhard Siegel (Hérode), Ekaterina Gubanova (Herodias), Johan Reuter (Jochanann)… Orchestre de l’Opéra national de Paris.

Les 15, 18, 22, 25, 28 mai à 20h. Durée : 1h40.

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Don Quichotte. Comédie héroïque en cinq actes de Jules Massenet. Direction : Mikhail Tatarnikov. Mise en scène : Damiano Michieletto. Avec Gaëlle Arquez (Dulcinée), Christian Van Horn (Don Quichotte), Etienne Dupuis (Sancho)… Orchestre et chœur de l’Opéra national de Paris.

Les 17, 21, 23, 29 mai, 1, 5, 8, 11 juin à 19h30. Le 26 mai à 14h30.Durée : 2h35

Retransmission en direct le 23 mai à 19h30 sur France TV/ Culturebox ; et le 29 juin à 20h sur France Musique.

La boîte du bouquiniste

Les bouquinistes ne seront finalement pas virés des quais de Seine durant les JO. Causeur peut donc continuer d’ouvrir leurs boîtes à vieux livres.


Jacques Laurent demeure le modèle de l’écrivain bifrons. Chez lui, cohabitent en bonne intelligence le romancier et le pamphlétaire. Le premier n’a jamais éclipsé le second. L’auteur des Bêtises n’a jamais fait d’ombre à celui de Mauriac sous de Gaulle. Même alacrité, même fantaisie. Semblable brio crée la surprise ; conduit le lecteur dans des lieux inattendus. La fantaisie capricante qui fait l’originalité et le charme des Corps tranquilles, son premier roman, on la retrouve chez le hussard prompt à pourfendre ses bêtes noires.

Humour omniprésent

À preuve, Au contraire, florilège de chroniques publiées par Jacques Laurent entre 1948 et 1966. La plupart ont paru dans les revues qu’il dirigeait, La Parisienne, Arts, L’Esprit public ou encore dans le premier et unique numéro d’Au contraire. Le regard acéré du polémiste balaie les domaines les plus divers, dénonce les faux-semblants, les hypocrisies, les mensonges d’une époque qui préfigure notre temps. Le conformisme, la soumission à tous les tabous, aux dictatures morales de toutes natures, lui sont insupportables. Non qu’il cherche à imposer une quelconque doctrine. Nulle théorie, pas de prêchi-prêcha. Un simple constat. L’humour omniprésent se révèle l’arme la plus efficace qui soit ; d’autant plus redoutable qu’elle fait mouche à chaque fois.

La variété des thèmes abordés a de quoi donner le tournis. De la célébration du docteur Petiot à celle du grand initié méconnu que fut Hector Malot, de « Camus et Guillotin » à « Un grand historien : (Edmond) Michelet », difficile d’établir la moindre hiérarchie. Caractéristiques communes, l’ironie parfois grinçante qui sourd d’une prose à la fois riche et légère. Un ton souvent badin en apparence, chargé en réalité d’une force de conviction ravageuse.

Cibles récurrentes

Il a ses têtes de Turc, ses cibles récurrentes – en politique, de Gaulle, la Résistance, la Libération ; sur le plan intellectuel, Jean-Paul Sartre, pape de l’existentialisme. Dans le texte intitulé « Paul et Jean-Paul », celui-ci fait l’objet d’une comparaison inattendue avec Paul Bourget. Publié à l’origine en février 1951, dans le n° 38 de La Table ronde, puis réédité l’année suivante par Grasset, le texte initial est ici reproduit sous la forme d’extraits significatifs. Sans doute une des démonstrations les plus désopilantes du recueil. En exergue, l’assertion quelque peu incongrue de l’auteur de La Nausée, dans Situations II : « Il y a quelque chose de commun, qui n’est point le talent, entre Joseph de Maistre et M. Garaudy. » Puisque tous les rapprochements sont permis, pourquoi s’en priver ? Et le féroce analyste de s’engouffrer dans la brèche. Son enquête obéit à une implacable logique. On devine que Sartre ne sort pas vraiment grandi de ce parallèle jubilatoire.

Laissons à l’auteur le dernier mot : « Tout s’est passé comme si, avant de nous mettre au travail, c’était un feu de joie qu’il nous avait fallu allumer. »


Jacques Laurent, Au contraire, La Table ronde, 1967

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Un islam conquérant tente de coloniser une Europe amorphe

En Suède, en Allemagne, en Belgique, en Grande-Bretagne ou évidemment en France, les incidents impliquant le communautarisme musulman se multiplient et doivent nous alerter.


Chut ! L’islam conquérant colonise à bas bruit l’Europe amorphe. Protégé par les mouvements antiracistes qui incriminent les lanceurs d’alerte, l’intrus étale désormais, comme chez lui, sa judéophobie et son altérophobie. Les scènes qui l’attestent se multiplient. Elles viennent d’Allemagne, de Suède, de Belgique ou de Grande-Bretagne.

À Hambourg (Allemagne), samedi, trois mille islamistes du mouvement Muslim Interaktiv ont à nouveau défilé pour réclamer l’instauration de la charia et pour scander, comme ils l’avaient déjà fait le 27 avril : « Le califat, c’’est la solution ! ». La haine contre Israël, qui s’est exprimée ces jours-ci à Malmö (Suède), au prétexte de la candidature de la chanteuse israélienne Eden Golan à l’Eurovision, est venue de la communauté musulmane immigrée, rassemblée sous les emblèmes du drapeau palestinien et du keffieh. La présence de l’activiste écologiste suédoise Greta Thunberg, figure fascistoïde d’une jeunesse européenne embrigadée, a confirmé au passage les liens entre l’islamisme anti-occidental et l’écologisme prétendument décolonial.

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Si la France résiste apparemment mieux que ses voisins, Gérald Darmanin a dû reconnaître récemment l’infiltration subversive des Frères musulmans, y compris dans l’éducation et la justice. Et La France Insoumise s’est clairement placée, depuis la « manifestation de la honte » du 10 novembre 2019 où elle s’associa avec les islamistes, en collaborateur de l’occupant.

Les diatribes islamo-gauchistes contre l’expansionnisme occidental, dont Israël resterait le symbole, masquent l’avancée de l’islam suprémaciste au sein des sociétés ouvertes et amnésiques. En février 2017, des excommunications vertueuses s’étaient abattues sur Donald Trump qui avait constaté : « En Suède, ils ont accueilli beaucoup de réfugiés et maintenant ils ont des problèmes comme ils ne l’auraient jamais pensé ». Cette interdiction des belles âmes de décrire une stratégie invasive et ses désastres sécuritaires fait des censeurs les complices des nouveaux colons antisémites.

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Quand Rima Hassan (LFI) tweete le 8 mai : « Ce que fait Israël à la Palestine n’est pas très différent de ce que la France faisait en Algérie », la militante antisioniste oublie de rappeler le pogrom initial du 7 octobre contre des villes et des kibboutz israéliens. Or cette terreur fut celle, en Algérie, du FLN contre les Européens et les musulmans ralliés à la France. En août 1955, les massacres à la hache et à la pioche commis dans une quarantaine de villages du Constantinois, avec son lot de bébés égorgés et de femmes violées, annonçaient ceux du Hamas. Cependant, ce djihad, qui se perpétue en France avec ses attentats islamistes, accompagne désormais une appropriation territoriale et non plus une lutte contre une colonisation. La libération d’enclaves européennes en passe de tomber sous la coupe d’un islam querelleur (Londres ou Bruxelles en sont des exemples) est aujourd’hui une question qui se pose. Reste à savoir si les peuples indigènes, dressés à courber l’échine devant les minorités, sont prêts à se redécouvrir majoritaires.

L’utérus pour tous!

Alors que la ministre des Familles, Sarah El Haïry, indique vouloir «sortir de l’hypocrisie», le débat sur la gestation pour autrui est relancé en France.


En 2018, après quatre ans de tentatives infructueuses pour faire un enfant, un couple hétérosexuel chinois consultait un gynécologue pour infertilité1… La jeune femme encore vierge, il se rendit vite compte qu’ils ne s’y prenaient pas comme il fallait et exploraient des voies trop obscures. Ils auraient pu essayer encore longtemps, vous me direz ! Chut ! Ne soyez pas fascistes, car il y a dix jours, le couturier français Simon Porte-Jacquemus et son époux Marco Maestri se sont félicités de la naissance de leurs enfants. Par quelle voie ? Il aura fallu un simple message de Marion Maréchal se demandant où était la mère pour que des élus de la majorité et de la LFI hurlent à l’homophobie. Ce pays va de sacrum en sylla. D’ailleurs, s’il faut être de droite et catholique pour comprendre la biologie, les progressistes pro-GPA sont des croyants de l’opération du saint esprit.

Gamète over 

Si ça se trouve, les Shadock pompaient pour se reproduire, et dans leur monde, ça marchait très bien. Dans celui-là en revanche, même le Planning familial gangréné par l’idéologie transgenre et sa haine de la réalité des corps le concède : « Il n’est pas du tout possible d’être enceinte à la suite d’une fellation car pour être enceinte, il faut qu’un spermatozoïde puisse rencontrer l’ovule »2. Il faut une gamète de femme, et horreur, une personne à utérus qui accouche. Quel ennui d’avoir recours à une femme pour certains hommes, souvent blancs et riches ! Peu importe : idéologiquement, ils ont remplacé la mère et la putain par la donneuse d’ovocyte et la femme gestante. Certaines militantes y croient au nom de la lutte contre le patriarcat. C’est fou, toute la misogynie qu’elles consentent à avaler pour lutter contre la domination masculine.

L’arlésienne du « nous n’irons pas plus loin »

Numéro 51 de « Causeur », 2012. DR.

En 2012, Causeur titrait Papa, Papa, la bonne et moi. (Le premier numéro que j’ai acheté et conservé… Ach, ich bin sentimental). Le camp progressiste traitait de paranoïaque quiconque expliquait que cette loi irait jusqu’à la GPA. Le concert de réactions indignées suite à cet énième enfant acheté à l’étranger par des hommes dont personne n’interroge jamais leurs rapports aux femmes est indécent d’outrances feintes. Priscilla Thevenot, porte-parole du gouvernement, parle « d’homophobie décomplexée ». Quand la gauche se met à interdire des mots en criant au fascisme, c’est qu’elle a l’intention de faire passer une loi. Celle-ci concerne 33 millions de « personnes à utérus » en France. Alors même que le gouvernement vient de constitutionnaliser le droit à l’IVG – en rien menacé dans le pays – les femmes auront-elles encore le droit de dire non à une GPA sans se faire traiter d’homophobe ? Et les maris, auront-ils le droit de s’opposer à la fécondation de leur corps par un autre ? D’ailleurs, est-ce que se faire inséminer, c’est tromper ?

With Rima Assan and LFee, Children will be motherfree

Rima Assan a également déclaré que les Le Pen n’avaient pas de cerveau. Pro-palestinienne et pro GPA ? Peut-être Rima Assan, elle, en possède deux… On l’entend moins quand les homosexuels de banlieues se cachent sur Grindr – site de rencontre homosexuel – pour trouver des amants dans les centre-villes et fuir l’islamisme de leur milieu d’origine. On l’entend moins pour défendre les homosexuels de Gaza, envoyé en l’air… du haut des immeubles en raison de leurs préférences sexuelles. On l’entend moins sur ceux qui ont fui en Israël pour éviter de se faire assassiner. Rima pactise-t-elle avec « les sionistes », dont certains cautionnent la GPA ? On l’entend moins sur la réalité de la répression de l’homosexualité en Russie : la GPA y reste une pratique autorisée pour les couples hétérosexuels. La répression de l’homosexualité est avant tout passée depuis le début de la guerre en Ukraine par la fermeture des clubs et des soirées kinky des grandes métropoles. Imagine-t-on des soirées kinky en Palestine, et Rima en Shéhérazade ?

La grossesse et l’accouchement ne sont pas une balade de santé

Jamais il n’y aura eu autant d’informations à disposition pour qu’un quidam comprenne comment une grossesse modifie le corps et le cerveau d’une femme.

Ecartement du transverse, bouleversements hormonaux, prise de poids, vergetures, modification de l’activité des aires cérébrales pendant la croissance du fœtus, dépression post-partum, épisiotomie, saignements, perte de cheveux, anémie, descentes d’organes, mise en veille de sa sexualité, complications en tout genre, sans compter les bombardements d’ocytocine, créant le lien avec l’enfant à naître, que la femme l’ait contractuellement cédé par avance ou non. Combien ça vaut de subir tout ça pour quelqu’un d’autre, dans un monde occidental où de moins en moins de femmes souhaitent se reproduire ? En Ukraine, une partie des femmes rémunérées pour porter des enfants de riches occidentaux utilisent l’argent qu’elles perçoivent pour nourrir ceux qu’elles élèvent. Dans une France à la démographie moribonde, il est toujours interdit de se demander si certaines femmes n’avortent pas par crainte d’être incapables de nourrir une bouche de plus. L’argent de Simon Porte-Jacquemus vaut mieux que des salauds de pauvres souhaitant un second enfant. Ce pays a le sens des priorités.

La gauche retourne toujours sa veste : l’important, c’est la rose

Une partie de la gauche pro-mariage pour tous est désormais engagée dans la lutte contre le wokisme et l’idéologie transgenre et la GPA, sans jamais se demander si leur engagement en 2012 n’est pas à l’origine de cette déconnexion totale du corps et du genre et des mutations idéologiques que nous sommes en train de vivre. Je doute que l’histoire les surnommera les génies de la rue Solférino.

  1. https://www.ladepeche.fr/article/2018/08/28/2858184-couple-chinois-arrivait-avoir-enfant-apprend-prenait-mauvaise-maniere-depuis.html ↩︎
  2. https://www.planning-familial.org/fr/question-3-education-la-sexualite-288#:~:text=Il%20n’est%20pas%20du,’ut%C3%A9rus%2C%20lui%2Dm%C3%AAme%20situ%C3%A9 ↩︎

Immigration: l’imposture sauce Macron


Valérie Hayer, le brave petit soldat envoyé en première ligne sur le front des prochaines élections européennes, demeure tristement embourbée dans des sondages en berne. Elle ne ménage pourtant pas ses efforts pour reprendre en boucle les arguments prémâchés sur l’immigration dont les fins penseurs de la macronie l’abreuvent et dont ils espèrent qu’ils mettront en difficulté l’adversaire RN qui, pour l’heure, fait la course en tête, loin devant. Pour cette stratégie du désespoir, ils n’hésitent pas à recourir à l’imposture grossière qui consiste, sur ce sujet, à raisonner en pourcentages et seulement en pourcentages. Ils le font à la manière des pseudo « sociologues » si fort prisés des plateaux radio et télé du service public, dont le principal de l’activité consiste, confortablement installé le cul sur une chaise, à observer des statistiques, des courbes pour, sous couvert de commentaires ou de prétendues analyses, y faire coller au plus près leurs préjugés, leurs a priori dogmatiques et idéologiques. Cela me remet en mémoire une anecdote, assez ancienne sans doute mais toujours d’actualité. Dans une université, un plaisantin plutôt bien inspiré avait écrit sur le distributeur de papier hygiénique: « Diplômes de sociologie : servez-vous ! » Sans commentaire.

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Vous jouez avec les peurs !

L’argument de la macronie sur l’immigration, repris comme à plaisir par la candidate, me semble effectivement sorti tout droit des cogitations de tels diplômés de latrines. Cela tient en quelques chiffres. Pour donner à croire au bon peuple que le risque de submersion migratoire, le « grand remplacement » ne seraient que fantasmes d’agitateurs de peurs imaginaires et manipulations de débiles fascisants, ils recourent de fait à l’artifice inépuisable des pourcentages. En 1930, balancent-ils, la France comprenait 5% d’étrangers sur son sol. Aujourd’hui, en 2024, ce ne serait que 7%. Soit juste deux petits points de plus. Où serait le « flux migratoire » qu’on agite en épouvantail ! Or, voilà bien le nœud de l’imposture, car en 1930, la France comptait environ quarante millions d’habitants,  alors qu’aujourd’hui nous sommes quelque soixante-cinq millions. Vous voyez d’ici l’arnaque : 5% de quarante millions, c’est deux millions. Alors que 7% de soixante-cinq millions représentent quatre millions cinq cent mille. Ainsi, converti en nombre, cette présence étrangère a donc plus que doublé pour, est-il besoin de le souligner, un territoire qui ne s’est pas pour autant agrandi.

Artifices

L’imposture se trouve aggravée, qui plus est, du fait que, à ce jeu-là, ce fameux pourcentage en trompe-l’œil ne pourrait que diminuer alors même qu’en nombre la présence étrangère ne ferait qu’augmenter. Cela par la magie du droit du sol qui gonfle le chiffre de la population officiellement française à quoi vient s’ajouter évidemment le nombre des naturalisations et autres artifices d’intégration.

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En outre, de quelle immigration parle-t-on ? Celle de 1930 voyait arriver chez nous nos voisins ou presque voisins, Polonais, Italiens, Espagnols… Émigrés de nation, certes, mais non de civilisation : sources historiques peu ou prou semblables, références religieuses à peu près communes, principes et règles de vie sociale pour le moins compatibles, reconnaissance équivalente de la valeur travail, etc. Nos voisins, disais-je ! Mieux que cela, nos cousins. Tout au long de notre histoire, nous avons eu des reines, des régentes (les dames Médicis) italiennes, tel ministre, Mazarin, italien lui aussi. Telle épouse de roi, mère du suivant, espagnole. Et Henri III roi de Pologne avant de l’être de France. J’en passe. Certes, nos sémillants rois et princes se foutaient allègrement sur la figure de temps à autre, mais cela se faisait dans une sorte d’entre-soi du meilleur ton. On se fréquentait donc de longtemps. Rien à voir, en effet, entre cette immigration-là et celle des temps présents.

Mépris de classe

Dès lors, on voit bien à quel point l’argumentation macronienne en la matière est gangrenée de malhonnêteté intellectuelle, de mépris pour l’intelligence du citoyen, de ce cynisme de classe dont la haute technocratie s’est fait une spécialité. Mais qui croient-ils abuser, ces beaux esprits ? Le pire, me semble-t-il, est qu’ils sont si radicalement coupés de la vraie vie, du monde tel qu’il est, de la réalité objectivement observable qu’ils en arrivent à se persuader qu’ils ont raison, qu’ils détiennent et professent l’absolue vérité. Pathétique ! Aussi, constatant ce qui se passe en ce moment-même dans les couveuses à élites diplômées du genre sciences po-po, on se dit que le papier hygiénique à un fort bel avenir devant lui.

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Eurovision 2024 en Suède: l’horreur boréale

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À Malmö, le concours de l’Eurovision s’est tenu dans une ambiance électrique. Des foules hargneuses avec des femmes voilées protestaient à l’extérieur du concert contre la présence d’Israël, pendant qu’à l’intérieur la candidate a été sifflée par une partie de la salle qui a assisté au sacre du candidat suisse «non binaire». Toutefois, si les minorités bruyantes influencent organisations et jurys de grands raouts comme l’Eurovision ou Cannes, la majorité silencieuse refuse que la haine anti-juive s’installe dans nos sociétés.


Drôle d’ambiance à l’Eurovision cette année. Clausewitz dit que la politique c’est la poursuite de la guerre par d’autres moyens. Tout événement international, culturel ou sportif est désormais la poursuite de la guerre idéologique par d’autres moyens. Tout est politique, disaient les déconstructeurs de 68. Ils ont gagné. Nos fractures et nos combats s’invitent dans un innocent télé-crochet.

La chanson d’Israël huée par une partie de la Malmö Arena

Une jeune fille de 20 ans, Eden Golan, qui interprétait une chanson gentiment pacifiste, a été assignée à résidence dans sa chambre et protégée par un hélicoptère de la police. Des manifestants surchauffés ont salué sa qualification en piétinant le drapeau frappé de l’étoile de David. Sa concurrente irlandaise, qui se présente comme une sorcière, a pleuré quand elle a appris que l’Israélienne était qualifiée pour la grande finale. Enfin, Eden Golan a été huée par une partie de la salle pendant qu’elle chantait.

La nouveauté n’est pas tant la politisation que l’on observe lors de cet évènement (Berlin, en 36, c’était déjà aussi très politisé !), mais la massification. A travers les réseaux sociaux ou les votes par téléphone, des millions de gens peuvent participer à un lynchage. Tout événement peut se transformer en Jeux du cirque avec des pouces levés ou baissés.

Quel bilan tirer de l’événement ?

Ne comptez pas sur moi pour me prononcer sur la qualité artistique de l’Eurovision.

Politiquement, la haine d’Israël – et par extension ou confusion, celle des juifs, qui a longtemps été le ciment des pays arabo-musulmans – est désormais la marque de fabrique des islamo-gauches occidentales. Pour autant, il faut le répéter sans relâche : la défense des Palestiniens demeure légitime. Mais ces derniers n’intéressent ces néo-tiersmondistes que quand ils sont tués par des Israéliens. Et ils se fichent bien par ailleurs des Soudanais ou des Ouighours.

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L’autre leçon à tirer, c’est que ces foules haineuses sont minoritaires. Au vote du public, Eden Golan est arrivée 2ème. On peut évidemment penser qu’il s’agissait d’un vote militant, et pas uniquement musical. Souvent communautaire, mais pas seulement. Le vote pour Israël a été très fort dans des pays où la présence juive est infime comme au Portugal, en Espagne et même dans la très « progressiste » Irlande. La majorité silencieuse refuse que la haine anti-juive s’installe dans nos sociétés, et cela ne l’empêche pas d’être solidaire des Palestiniens par ailleurs.

Le hic, c’est que les minorités hargneuses décoloniales contrôlent largement les campus, qu’elles bénéficient de sympathies médiatiques et intimident les gouvernements. Elles influencent les organisations et jurys de grands raouts comme l’Eurovision ou Cannes, qui donnent chaque année des gages au wokisme, au metooisme et au LGBTisme ambiant. À l’Eurovision, c’est le non-binaire et le gender fluid qui se portent très bien. Après Conchita Wurst et Dana International il y a quelques années, nous avons assisté samedi soir à la victoire du/de la Suisse Nemo, que Libé appelle iel et qui a défilé avec la bannière des fiertés non-binaires, drapeau dont j’ignorai jusqu’alors l’existence.

Tout ceci révèle les contradictions au sein du progressisme. Il faudrait expliquer aux foules compassionnelles que les artistes qu’elles applaudissent ici seraient, au mieux, persécutés par le régime du Hamas auquel elles trouvent tant de vertus à Gaza.


Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio

Retrouvez notre directrice du lundi au jeudi dans la matinale au micro de Patrick Roger

Révolution MeToo: tout le monde va y passer

Alors que Cannes ouvre cette semaine, le petit monde du cinéma vit dans l’effroi. Car au-dessus du festival plane une terrible rumeur: l’existence d’une liste de 10 personnalités, impliquées dans de nouvelles affaires sexuelles! Grâce aux progrès irrésistibles de l’IA, se rassure-t-on, actrices fragiles et cinéastes lubriques seront heureusement bientôt remplacés par des programmes entièrement numériques, et ces soucis liés à cette humanité imprévisible et encombrante ne seront bientôt plus que de mauvais souvenirs. Grand récit.


Le milieu du cinéma est en effervescence. Une liste circule. Elle comporte, dit-on, une dizaine de noms d’acteurs, de réalisateurs ou de producteurs potentiellement mêlés à des affaires de « violences sexistes ou sexuelles ». Mediapart, que d’aucuns pensent à l’origine de cette liste, a déjà donné son verdict. Une charrette, stationnée au bas des marches du palais du festival de Cannes, attend de transporter vers le lieu d’exécution médiatique les accusés d’ores et déjà reconnus coupables !

VSS: tous responsables, c’est systémique!

Espérons, susurre-t-on dans le milieu culturel, que ne figurent pas sur cette liste infâme les noms d’un ou de plusieurs de ces hommes qui signèrent, il y a un mois à peine, une tribune dans laquelle ils affirmaient ne pas se « reconnaître dans la masculinité toxique » et avoir « compris combien des comportements masculins parfois jugés anodins étaient vécus par les femmes pour ce qu’ils étaient : des abus »1. L’histoire est remplie de ces révolutionnaires assoiffés de justice et d’égalité qui se sont retrouvés sur le banc des accusés au nom de cette même justice et de cette même égalité – la quête de la pureté absolue finit généralement en carnage. À la fin, tout le monde y passe.

Sainte Godrèche, priez pour nous !

Le « monde de la culture » – qui est en réalité celui de l’industrie de divertissement et d’abrutissement des masses – vit donc sa révolution sur fond de féminisme woke. La vague MeeToo ne fait pas dans la nuance et emporte tout sur son passage. Un geste, un mot, un regard, un « comportement inapproprié » peuvent suffire à faire de vous un « porc ». Des actrices découvrent, la cinquantaine approchant, que, jeunes comédiennes, elles ont été « abusées » par un homme plus âgé qui a profité de son « pouvoir » et de son « emprise » sur elles pour les mettre dans son lit. Puis pour vivre quatre, cinq ou six ans avec elles. Et les faire tourner dans trois, quatre ou cinq de ses films. Durant toutes ces années, elles ne se sont aperçues de rien. Leurs parents non plus. Leurs entourages non plus. Mieux encore : en 2010, Judith Godrèche, alors âgée de 38 ans, avouait, dans l’émission Thé ou Café de Catherine Ceylac, avoir été une adolescente très déterminée et avoir hautement apprécié de partager durant quelques années la vie d’un homme plus âgé qui « réinventait la vie » et était « extrêmement séduisant, très habité, très intelligent, brillant », un artiste dont « l’emprise » était « extrêmement inspirante ». Quatorze ans plus tard, le même homme est devenu un monstre, et l’actrice, une sainte, un ange découvrant soudain les souillures qui ont taché l’âme de « la petite fille qui est en [elle] ». Judith Godrèche, qui a une série à promouvoir et une carrière à relancer, va donc de plateau en plateau et de magazine en magazine pour dénoncer « les violences sexistes et sexuelles dans le cinéma ». Comme ce pays est devenu, à l’instar des États-Unis, un pays de curés progressistes et peureux prêts à tout pour échapper à la vindicte des cliques néo-féministes et de leurs prêtresses tourmentées, l’Assemblée nationale a créé à la demande de l’actrice une commission d’enquête chargée d’étudier les « abus et violences sexistes » dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, de la publicité, etc. Paraphrasant Fouquier-Tinville, les nouveaux juges du nouvel ordre moral avertissent : « Donnez-nous une phrase ou un geste de n’importe quel “acteur culturel” et nous nous chargeons de le conduire sur le banc d’infamie. » Dans le microcosme médiatico-artistique, tout le monde tremble. Et tout le monde a raison de trembler. Car tout le monde y passera.

A lire aussi: Affaire Depardieu, la revanche des minables

Si les formations sont anxiogènes, c’est parce que la peur doit changer de camp!

Depuis 2021, nous apprend récemment Le Figaro2, l’accès aux aides du CNC oblige les quémandeurs à suivre une formation obligatoire sur les fameuses violences sexistes et sexuelles. Cette formation dure deux jours. « On y apprend beaucoup de choses, témoigne Olivier Marchetti, patron des studios de Provence près de Marseille. Le formateur explique d’abord la définition légale du harcèlement et des attouchements sexuels. Puis comment cela se traduit concrètement. La conclusion, c’est que pour se tenir loin de tout ennui, il faut éviter aussi bien les blagues sexistes qu’un simple geste tactile. On prend conscience que le sujet est très compliqué, qu’on peut déraper sans faire exprès. C’est assez anxiogène. » Dans ce contexte, le mieux serait effectivement de se tenir loin de tout, et surtout loin des hommes et des femmes, de leurs envies, de leurs pulsions, de leurs désirs. Cela sera bientôt possible : grâce aux progrès irrésistibles de l’IA, l’industrie cinématographique envisage d’ores et déjà de remplacer les actrices et les acteurs par des images synthétiques et les films par des programmes entièrement numériques. En attendant l’avènement des nouvelles technologies qui nous débarrasseront totalement de cette humanité imprévisible et encombrante, les États-Unis montrent l’exemple en matière de lutte contre les « violences sexistes et sexuelles » dans le milieu cinématographique : toute accusation vaut maintenant condamnation, « toute personne soupçonnée est aussitôt persona non grata », même quand il s’avère que l’accusatrice a menti, précise Le Figaro. Les scènes de sexe se déroulent désormais sous la surveillance de coordonnateurs d’intimité. Il n’est pas impossible que, suite à un geste malhabile lors d’une démonstration de non-attouchement, un de ces coordonnateurs d’intimité se voie prochainement accusé d’effleurement « inapproprié ». Apparaîtra alors un nouveau métier, celui de… superviseur de coordonnateur d’intimité. Ce monde sinistre ne nous empêchera pas d’apprécier le comique de certaines situations actuelles et à venir. 

A lire aussi: «Le XIXe siècle à travers les âges», de Philippe Muray: l’intelligence et la culture à l’état pur

Emmanuelle Bercot accusée par Isild Le Besco

Tout le monde y passera. Et quand je dis tout le monde, c’est tout le monde. Lundi 6 mai, sur France Inter, Léa Salamé recevait l’actrice et réalisatrice Emmanuelle Bercot. Un entretien d’un peu plus d’un quart d’heure qui se déroule on ne peut mieux jusqu’à la 13ème minute, au moment où Léa Salamé évoque le livre d’Isild Le Besco, Dire vrai, dans lequel cette actrice parle de ses « débuts difficiles » au cinéma, lorsqu’elle était âgée de 14 ans. Léa Salamé apprend à Emmanuelle Bercot qu’Isild Le Besco y incrimine des réalisateurs, dont Benoît Jacquot, et des réalisatrices, dont… Emmanuelle Bercot. Lors d’une scène de sexe, celle-ci l’aurait obligée à regarder longuement le pénis d’un acteur. Elle lui aurait également intimé l’ordre de maigrir et lui aurait imposé de refaire plusieurs fois une « scène de baffes ». Emmanuelle Bercot tombe des nues ; elle n’était pas au courant des « accusations » de l’actrice qui est également… la marraine de son fils, raison pour laquelle la réalisatrice dit ne vouloir provoquer aucune polémique. Mais le coup est trop rude : « J’apprécie assez peu, lâche-t-elle au bout d’un moment, de servir de chair à canon médiatique pour la promotion de son livre ; et d’être citée ou de voir ma photo apposée au milieu de plusieurs hommes désignés comme des agresseurs ou des violeurs, ça, je ne l’accepte pas du tout ». Emmanuelle Bercot est « sidérée » par les « insinuations très ambigües » d’Isild Le Besco qu’elle dément catégoriquement en désirant être entendue : « Parce que ma parole a aussi une valeur ». Emmanuelle Bercot semble ignorer que, depuis le fameux «On vous croit!» des néo-féministes, la parole de la personne accusée n’a plus aucune valeur. Sonnée, la réalisatrice vient d’entrer en collision avec la réalité à laquelle sont confrontés certains de ses collègues. Encore a-t-elle eu la chance, elle, de pouvoir donner sa version des faits sur une radio publique. Dans ce monde qui aspire à la javellisation totale, à la pureté absolue, à la chérubinisation des rapports humains en même temps qu’au déballage victimaire et obscène permettant surtout d’acquérir une nouvelle notoriété, Emmanuelle Bercot vient de comprendre que tout le monde peut y passer. Même elle.

Dominique Besnehard rattrapé par la patrouille

Télérama est un magazine que ne rebute aucune cochonnerie puisée dans les poubelles médiatiques. La couverture de son dernier numéro représente l’acteur, producteur et agent artistique Dominique Besnehard auquel il consacre un long dossier dont l’entame suffit à donner le ton : « Il nie tout abus sur les acteurs qui l’accusent, soutient Depardieu, fustige l’ère #MeeToo. Comment Dominique Besnehard, ex-agent de stars visionnaire, est-il devenu le défenseur d’une époque qu’on voudrait révolue ? » Le dossier supposément sulfureux est vide. Une main baladeuse ici, un baiser volé là. Pour le reste : le survol d’un milieu dans lequel il y a de la drague pas toujours légère, des coucheries, des tromperies, des mensonges. La belle affaire ! Quitte à vouloir dénoncer certains débordements, Télérama ferait mieux de balayer devant sa porte3. Le quotidien Libération, de son côté, cherche par tous les moyens à faire oublier les années pendant lesquelles il fit littéralement la promotion de la pédophilie. Par conséquent, il bêle avec les moutons médiatiques et consacre sa Une du vendredi 10 mai à Dominique Boutonnat : le président du CNC sera jugé en juin pour agression sexuelle sur son filleul. Libé interroge : comment se fait-il que M. Boutonnat soit toujours à son poste ? En revanche, Libé ne s’est pas interrogé le moins du monde sur le retour récent dans ses colonnes de Serge July. Pourtant, c’est quand ce gauchiste mondain était à la tête de la rédaction du quotidien que ce dernier sembla considérer quelque temps que les relations sexuelles avec des enfants étaient une activité « anti-bourgeoise » par excellence… 

A lire aussi: La parole révélée

Judith Godrèche exploite le filon

Lors du prochain Festival de Cannes, Judith Godrèche présentera Moi aussi, le court-métrage qu’elle a réalisé en collectant des témoignages de victimes de violences sexistes. Le trouillomètre à zéro, les responsables du festival affirment « souhaiter ainsi faire résonner ces témoignages ». Ont-ils déjà en leur possession la liste des personnes potentiellement coupables (de quoi exactement, nul ne sait) que certains menacent de faire connaître au grand public juste avant l’ouverture d’un festival qui n’intéresse plus que les « professionnels de la profession » ? Les spectateurs, eux, vont de moins en moins dans les salles de cinéma. Quand ils s’y rendent, ils évitent résolument les films français qui ne sont plus, le plus souvent, que des films de propagande immigrationniste ou progressiste. Et puis, pourquoi se déplacer dans les salles obscures ? Il y a en ce moment, à l’affiche de tous les médias, une série policière à rebondissements, un jeu de massacre succulent, un spectacle tragi-comique réjouissant, continu, gratuit et fort divertissant. Son titre ? Tout le monde va y passer. Le prochain épisode se déroule à Cannes et s’intitule Des noms ! Des noms !         


  1. https://www.elle.fr/Societe/News/Tribune-Il-est-revoltant-que-le-theatre-et-le-cinema-servent-de-couverture-a-des-abus-4231601 ↩︎
  2. https://www.lefigaro.fr/festival-de-cannes/metoo-avant-le-festival-de-cannes-le-milieu-du-cinema-a-des-sueurs-froides-20240505 ↩︎
  3. On se souviendra que le magazine télévisuel a fait appel, il y a quelques années, aux « services » de la société Egaé fondée par Caroline de Haas. Cette société est censée, entre autres, sensibiliser et former les cadres des entreprises à la détection et à la résolution des cas de violences sexistes et sexuelles. Résultat : suite à un signalement anonyme pour agression sexuelle, la direction de Télérama, épaulée par Egaé et ses méthodes plus que douteuses, vire en 2019 un de ses collaborateurs après lui avoir fait vivre pendant plusieurs semaines l’enfer d’un « procès » interne inquisitorial dirigé par Caroline de Haas. Deux ans plus tard, le conseil des Prud’hommes, considérant que les « preuves » mises en avant par la direction de Télérama et la société Egaé « ne reposent sur rien d’objectif ou de sérieux » et qu’il n’y a même pas « ne serait-ce qu’un commencement indirect de preuve », condamne le magazine à verser 90 000 euros de dommages et intérêts au journaliste injustement licencié. Le jugement est confirmé par la cour d’appel en 2023. Il n’empêche, rien ne pourra effacer totalement les soupçons qui pèsent sur cet homme et les effets délétères de ceux-ci sur sa vie personnelle et professionnelle. ↩︎

De nouvelles et obscures manœuvres judiciaires iraniennes

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L’agenda iranien pour la déstabilisation et l’accroissement de l’insécurité en Europe et au Canada est à peine caché.


Selon l’agence de presse semi-officielle Mehr, le procès de 104 membres de l’Organisation des Modjahidines du peuple d’Iran, également connue sous le nom de Modjahidines-e Khalq (MEK), a repris après plusieurs mois d’interruption. Ces individus, réfugiés dans des pays européens depuis plus de 30 ans, sont accusés d’actes de terrorisme commis il y a 40 ans. Les procédures contre ces 104 membres du MEK, qualifiés d’ « hypocrites », ont débuté publiquement le mardi 7 mai, au sein de la branche 11 du tribunal pénal de la province de Téhéran. Avant de prononcer le verdict final, le juge a ouvert l’audience en déclarant :

« Nous mettons en garde les pays qui hébergent ces accusés que l’accueil de ces personnes est considéré comme un crime selon les conventions internationales contre le terrorisme. Certains pays, comme la France, devraient revoir leur position sur l’accueil de ces accusés, impliqués dans des activités terroristes et des crimes contre l’humanité, et coopérer avec les organisations internationales en conformité avec les avis de recherche rouges émis. En outre, le peuple d’Albanie (où près de 3000 membres de l’OMPI sont installés depuis 2016 en accord avec le haut-commissariat aux réfugiés de l’ONU. NDLR), en tant qu’hôte de ces accusés, devrait exiger de son gouvernement leur extradition vers l’Iran. »

Stratégie multifacette

Il est clair que l’extradition de ces « accusés » vers Téhéran est impossible selon les lois et les traditions européennes. Mais quels sont les objectifs du régime iranien en organisant ce procès et potentiellement avec le verdict final ?

Sous la pression intérieure persistante et face à des protestations croissantes, les manœuvres judiciaires orchestrées par Téhéran contre le MEK visent une stratégie multifacette. D’une part, elles cherchent à contrer le soutien grandissant pour le MEK parmi la jeune génération iranienne, et d’autre part à détourner l’attention publique et à lancer des accusations infondées dans le cadre de sa campagne de diabolisation contre le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI) et sa principale composante, l’OMPI.

Dans son discours de début mai, le Guide Suprême du régime, Ali Khamenei, a exprimé ses grandes inquiétudes concernant la jeune génération iranienne, connue sous le nom de génération 2000, tout en annonçant la création d’une organisation semblable à un département de renseignement destiné à contrôler les 17 millions d’écoliers iraniens. Il a insisté sur la nécessité pour les étudiants de « reconnaître les amis et les ennemis de leur pays et de comprendre les enjeux fondamentaux nécessaires pour leur pays, ce qui neutralisera les autres propagandes ennemies. Si nos jeunes sont préparés dans ce domaine, ces propagandes ennemies seront neutralisées ». La crainte de Khamenei envers ces jeunes est justifiée, car ce sont eux qui ont mené les soulèvements de 2019 et 2022, et qui maintenant, à travers des milliers d’unités de résistance, mènent des campagnes d’affichage à travers l’Iran. Le plan et le programme du régime visent avant tout à préparer le terrain pour le terrorisme sur le sol européen et au Canada, ainsi qu’à préparer des attaques terroristes potentielles contre le MEK sous prétexte de défendre le régime contre les « terroristes » perçus.

Chancelleries occidentales en alerte

1Dans une interview avec Le Parisien2, le ministre de la Défense français, M. Sébastien Lecornu, a déclaré que l’agenda du régime vise à créer l’instabilité dans la région et en Europe. Le Service canadien du renseignement de sécurité vient de déclarer de son côté que l’Iran et ses services de renseignement s’intéressent à influencer et à collecter clandestinement des informations sur la communauté iranienne, y compris les activistes anti-régime et les dissidents politiques ; les militants des droits humains, des droits des femmes et des minorités ; ainsi que les fugitifs recherchés par le régime.

La théocratie iranienne cherche-t-elle également à jeter les bases de l’assassinat d’opposants et à considérer la décision de justice comme un fondement de sa légitimité ? Elle souhaite également obtenir l’interdiction ou la restriction des activités de la résistance iranienne en Europe. Jusqu’en 2018, le régime avait toujours voulu camoufler son alternative, mais à la suite d’un grand attentat déjoué grâce à la vigilance de la police française et belge contre un rassemblement du CNRI à Villepinte près de Paris, il est devenu clair que les mollahs craignaient le rôle d’une alternative politique viable active aussi bien en Europe qu’en Iran. Concernant la guerre et le carnage dans la région, qui peut ignorer les mains ensanglantées de ce régime atroce dans la guerre entre Hamas et Israël ainsi que dans les crises et les guerres régionales des 45 années d’existence du régime ?

En l’absence de mesures efficaces pour contraindre le régime des mollahs à renoncer au terrorisme, à la prise d’otages et à provoquer des guerres et des effusions de sang, ce qu’on appelle une politique de complaisance a été menée au prix du sacrifice des droits de l’homme pour des intérêts économiques, rendant ce régime de plus en plus audacieux chaque jour. La théocratie iranienne prend en otage l’économie mondiale sur la scène internationale et, au Moyen-Orient et en Iran, elle met en péril la vie de millions de personnes pour assurer sa propre survie.

Il est temps que la politique erronée consistant à essayer d’amadouer ce régime, qui est l’équivalent de donner carte blanche à ce dernier pour plus de terrorisme et de prises d’otages, change. Une approche plus ferme est souhaitable pour assurer la stabilité, dans la région et partout ailleurs.


  1. https://www.canada.ca/en/security-intelligence-service/corporate/publications/csis-public-report-2023/mission-focused.html#toc8 ↩︎
  2. https://www.leparisien.fr/politique/sebastien-lecornu-sur-le-moyen-orient-la-france-fait-tout-pour-eviter-lescalade-20-04-2024-H7ACFMQIBVHZRDDALIYOOUZXPU.php ↩︎

Lui et… «Elle»

Notre chroniqueur se réjouit des propos tenus par le président sur les pères absents dans le magazine féminin.


L’ondoyant président de la République qui slalome entre les pertinentes questions de deux journalistes du magazine Elle offre des réponses dont certaines peuvent surprendre ! Pour ma part, sans prétendre tout régir par son intimité et sa vie familiale, je relève à la fois que le président n’a jamais été père, qu’il a toujours considéré ses beaux-enfants et petits-enfants comme les siens et que lors d’un entretien ancien – j’en avais fait état dans mon livre Moi, Emmanuel Macron, je me dis que… -, il n’avait pas hésité à soutenir que les familles recomposées étaient presque plus enrichissantes que les familles naturelles. J’en avais conclu alors, et la suite ne m’a pas démenti, qu’il était plus un homme de culture qu’un homme de nature, plus séduit par les constructions artificielles que par les processus innés.

Les familles, oubliées des quinquennats Macron ?

Avant d’aborder ce qui a particulièrement surpris dans les propos du président – le devoir de visite du père, l’obligation de remplir ses devoirs de père (au-delà de l’assistance financière) -, on peut trouver subtile sa distinction sur Gérard Depardieu quand il affirme que ses éloges sur lui ne relevaient pas « de la défense d’un agresseur face à des victimes ». Ils avaient pu être perçus comme tels alors.

A lire aussi, Elisabeth Lévy: Père (de la nation) fouettard…

Il est permis aussi de retenir que son invocation de la présomption d’innocence n’a parfois été qu’un moyen de retarder, pour tel ou tel de ses ministres, le jugement au moins conservatoire qu’on espérait de lui. Je me souviens de son attitude au sujet de Nicolas Hulot.

Sur un autre plan, questionné sur « le réarmement démographique », outre l’instauration d’un congé de naissance qu’il avait déjà évoqué, il annonce, pour réduire les délais de la PMA, l’ouverture aux centres privés de l’autoconservation ovocytaire. Dans un entretien de ce type, comment ne pas s’étonner du manque présidentiel sur le développement d’une authentique politique familiale ? Elle devrait être prioritaire par rapport aux succédanés concernant l’infertilité et la PMA. Le président, à juste titre, maintient son opposition à la GPA et à la marchandisation du corps qu’elle implique, avec le possible déchirement d’une mère porteuse séparée de son enfant.

Devoirs des pères : une intrusion de l’État dans l’intime ?

Sur le devoir d’être père, j’y vois d’abord le signe d’un État qui continue à vouloir s’occuper de notre intimité, de nos missions d’être humain et des fonctions que le destin et nos choix nous ont confiées. Une forme de cohérence devrait me conduire à détester cette intrusion et ce totalitarisme soft, même inspirés par le souci du Bien. Il n’empêche que ce point de vue présidentiel qui fait polémique me paraît pourtant sinon courageux du moins stimulant. Comment ne pas l’analyser d’abord, de sa part, comme une sorte de provocation intellectuelle pour troubler, agiter le marais et susciter le débat ? Comme ce besoin qu’il a manifesté à plusieurs reprises, par des fulgurances et un extrémisme délibéré, de tester le pouls de la société.

A lire aussi, Alexandre Martinez: GPA: Où sont les humanistes face à la contractualisation d’un enfant à naître?

On pourrait même, derrière l’exigence morale qu’il énonce et qui se fonde sur une approche relativement positive des pères, dont il souhaite qu’ils assument leurs responsabilités (à l’exception des géniteurs violents), relever l’ambition présidentielle de réparer l’immoralité, la médiocrité, les imperfections d’univers familiaux où la plupart du temps une mère seule avec des enfants est amenée à se battre dans la quotidienneté en l’absence d’un père indifférent ou irresponsable. Je mesure à quel point le président va être contesté, voire moqué pour cette réponse qui résulte à l’évidence d’une réflexion structurée : « Je suis pour que l’on revienne à une logique de droits et de devoirs, y compris pour les pères ». Qu’il inscrit dans le cadre plus général de l’égalité entre les hommes et les femmes.

Si le président parle sans cesse et sur tout, il lui arrive de ne pas nous le faire regretter. Quand c’est lui… et Elle.

Moi, Emmanuel Macron, je me dis que...

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Mitterrand est de retour

On replonge dans toute une époque et on retrouve tout le machiavélisme de Mitterrand en lisant le livre d’Anne Lauvergeon.


François Mitterrand aimait charnellement la France, et honorait ses morts. Il savait d’où il venait, de cette province où les ciels sont profonds et mouillés ; il savait l’évoquer au détour d’une conversation d’où surgissait le nom de Jacques Chardonne. C’était la France qui aujourd’hui lentement s’efface, comme les réclames sur les murs de fermes le long des départementales désertées.

Anne Lauvergeon, née à Dijon, élève de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, agrégée de sciences physiques, ancienne patronne d’Areva, devint le « sherpa » de François Mitterrand au début des années 90, à 31 ans, alors qu’elle occupait déjà la fonction de secrétaire général adjoint. Un soir de juin 1994, dans le parc de l’Élysée, peu avant un dîner avec le couple Clinton, le président, très affaibli par le cancer, lui demande d’écrire sur les années passées à ses côtés, et de ne pas hésiter à évoquer leurs conversations vespérales. D’abord, elle refuse. Puis elle finit par accepter en lui disant toutefois : « Pas avant vingt-cinq ans. » Les éditions Grasset annoncent la parution du livre en 2015 et nous sommes en 2024. Il fallait sûrement « donner du temps au temps », selon la formule mitterrandienne, pour que parût La Promesse.

Pour les jeunes générations, ce témoignage est intéressant car il reprend l’itinéraire complexe de celui qui fut 14 ans à la tête de la France. On y parle de la guerre, de son expérience formatrice de prisonnier en Allemagne, de ses trois évasions, de sa fidélité aux amis de l’époque, de la constitution des fameux cercles pour parvenir au pouvoir. Il est également question des zones grises du Mitterrand aux multiples facettes, surnommé « le Florentin » ; de son action controversée durant la période de la collaboration ; de ses fréquentations douteuses – René Bousquet étant la plus célèbre –, de l’attentat du l’Observatoire, en 1959, que l’auteure traite de manière trop succincte, de son refus obstiné de considérer Vichy comme la continuation de la République française. À ce sujet, Anne Lauvergeon rapporte les propos du président : « La République a donné le 10 juillet 1940 les pleins pouvoirs au maréchal Pétain, qui le 11 juillet a supprimé tous les pouvoirs républicains. Vichy est un régime de circonstance qui n’a existé que du fait de l’occupation allemande. » Mitterrand ajoute : « Mes prédécesseurs, avant moi, ont œuvré à la réconciliation nationale. J’ai fait de même. » On retrouve le machiavélisme de l’homme politique qui, après avoir violemment attaqué, à plusieurs reprises, le général de Gaulle, l’homme du 18 juin, finit par se fondre dans son ombre, quand la situation lui est défavorable. Anne Lauvergeon ne manque de signaler les bienfaits du premier septennat qui offre aux Français un souffle nouveau – abolition de la peine de mort, « dépénalisation » de l’homosexualité, suppression de la Cour de sûreté de l’État, pluralité de l’audiovisuel public, ouverture des fréquences FM… – tandis que le second est miné par les affaires, les suicides et les métastases implacables. Voilà pour l’homme public. Côté cœur, on découvrira un amoureux transi, fort romantique, tendance lamartinienne, ainsi que ses amours souterraines, sans oublier Mazarine Pingeot, sa fille longtemps cachée.

Pour les adorateurs ou contempteurs de François Mitterrand, ce livre les confortera dans leur jugement. Une chose est certaine : Mitterrand avait le sens de l’État. Qualité essentielle, hélas perdue par nos dirigeants actuels. Il possédait également un instinct sûr, affermi par une connaissance de l’homme, qui lui permit de réaliser quelques « coups » politiques incroyables. Le plus spectaculaire étant de nommer Jacques Chirac Premier ministre, après la défaite aux législatives de mars 1986. Alors qu’on le pense définitivement cuit, Mitterrand sera brillamment réélu deux ans plus tard. À méditer.

Un détail pour conclure. Dans La Promesse, on apprend que Mitterrand tutoyait Anne Lauvergeon : insigne honneur. Je n’ai jamais entendu le président tutoyer Roland Dumas, fidèle parmi les fidèles qui l’accompagna durant son interminable traversée du désert.

Anne Lauvergeon, La Promesse, Grasset. 384p.

De «Salomé» bondage à «Don Quichotte» en canapé: sauvés par les voix!

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La soprano norvégienne Lise Davidsen © Fredrik Arff

Les voix puissantes et virtuoses de l’opéra nous sauvent des choix hasardeux de certains metteurs en scène contemporains…


C’est peu dire que la direction tonitruante, à la fois nerveuse et sensuelle du chef britannique Mark Wigglesworth restitue à plein, dans l’immensité de la salle Bastille, la stupéfiante modernité de cette musique kolossale entre toutes : sauvage, luxuriante, langoureuse… La puissance sonore des neuf percussionnistes ajoute à l’opulence de l’orchestre, traversé par les cris suraigus de la princesse de Judée, Salomé.

La soprano norvégienne Lise Davidsen, 37 ans, reprend le rôle-titre dévolu il y a deux ans à Elza van den Heever dans la même mise en scène, signée de l’Américaine Lydia Steier. La chanteuse sculpturale y triomphe absolument, musclée d’une voix au volume impressionnant, qui n’interdit jamais la subtilité dans le medium, et la plus parfaite ciselure dans le phrasé. Cette wagnérienne pur jus s’avère néanmoins capable d’incarner, tout aussi bien Leonora dans La force du destin (Verdi), que les mélodies de son compatriote Edvard Grieg… On n’a pas fini d’entendre (parler de) Lise Davidsen.

Salomé : cour de drag-queens, gothiques en lycra

Millésimé 1905, le troisième opéra de Richard Strauss inaugure la forme lyrique du XXème siècle avec un éclat souverain. Le compositeur est lui-même l’auteur du livret, tiré comme l’on sait de la célèbre pièce écrite en français en 1891 par Oscar Wilde. Quatre ans plus tard, Elektra, autre chef-d’œuvre, entamera dans cette même veine névrotique la féconde collaboration avec l’écrivain autrichien Hugo von Hofmannsthal, futur librettiste d’Ariane à Naxos ou du Chevalier à la rose

© Charles Duprat – OnP

En 2024, il n’est plus une seule scénographie qui sacrifie de façon littérale à l’orientalisme clinquant dont la « danse des sept voiles » devant le Tétrarque hypnotisé constitue le plus célébrissime morceau de bravoure. Certes, il en faut beaucoup aujourd’hui pour choquer le public, habitué qu’il est aux transpositions débridées. Mais Lydia Steier a tout de même réussi à remuer les tripes des plus aguerris : le roi Hérode (excellent ténor allemand Gerhard Siegel) a la silhouette d’un Ubu en résille, ventripotent et libidineux, comme réchappé d’un cirque tzigane ou fellinien ; Hérodiade, son épouse (l’irremplaçable mezzo-soprano moscovite Ekaterina Gubanova), dépoitraillée, exhibe d’imposantes mamelles aux tétons percés de pierreries, érotomane livrée de bout en bout à la lubricité auprès de son obéissante soldatesque ; à l’étage fornique une Cour de drag-queens, de sado-maso et de gothiques en lycra, s’adonnant derrière leur baie vitrée à une interminable orgie dont les esclaves sexuels, une fois consommés, sont transportés nus au bas de l’escalier, dans des linceuls de toile blanche, pour être aussitôt jetés à l’égout par des gardes patibulaires, Famas en bandoulière, harnachés comme des CRS en tenue de combat, ou encore par ces employés en étanches combinaisons jaunes, façon liquidateurs de Tchernobyl…

Bottée, en toge blanche, brune chevelure raide comme la vertu, Salomé cèdera aux instances d’Hérode en le débraguettant elle-même, avant de se voir chevauchée par les courtisans dans un sordide viol collectif, dont elle émergera en charpie sanguinolente, bientôt dédoublée par une figurante qui agonise convulsivement au sol. Dans la scène finale, Salomé monte aux cieux, transfigurée, enlacée dans sa cage à son Jochanaan (le baryton-basse danois Johan Reuter) dont elle exigeait la tête… Au dénouement, Lydia Steier nous réserve encore une surprise. Quand Hérode clame : « tuez cette femme ! », le coup de feu est pour lui : Salomé révisée.

Don Quichotte : variations virtuoses

C’est le même génial Richard Strauss qui, en 1898, compose Don Quichotte, sublime poème symphonique inspiré par l’immortel roman de Miguel de Cervantes Saavedra (1547-1616), où l’alto, le violoncelle et le hautbois se relaient dans des variations virtuoses. Dix ans plus tard, en France, un Jules Massenet alors au faîte de sa gloire – il approche les 70 ans – commande à Henri Cain, dramaturge et librettiste incontournable de l’époque, l’adaptation du Chevalier de la longue Figure, une pièce contemporaine de Jacques Le Lorrain tirée de l’iconique roman de chevalerie. C’est au même Henri Cain qu’on doit les livrets de Sapho (1897) et de Cendrillon (1898) – un must de Massenet comme l’on sait. Mis en chantier en 1908, Don Quichotte sera créé en 1910 à l’Opéra de Monte Carlo : triomphe immédiat. Jules Massenet s’éteint deux ans plus tard.

Avouons-le, si cette ultime œuvre lyrique n’a pas eu les honneurs de l’Opéra de Paris depuis un quart de siècle, c’est peut-être qu’elle n’atteint pas à la mélancolie éthérée de Werther, à la magnificence mélodique de Thaïs ou du Roi de Lahore, ou à la flamboyance du Cid, chef d’œuvres antérieurs d’un homme qui, artiste officiel de la République en son temps, fut ensuite durablement rejeté comme « démodé » avant que la postérité ne lui redonne toute la place qu’il mérite au ciel de l’académisme.  

Don Quichotte 23-24 © Emilie Brouchon – OnP

L’éclectisme hispanisant de Don Quichotte, d’une écriture musicale ultra-raffinée, permet de savourer surtout les impeccables vocalises de notre jeune mezzo nationale Gaëlle Arquez, toujours aussi brillante scéniquement, en Dulcinée psalmodiant, au début du quatrième acte : « Lorsque le temps d’amour a fui/ Que reste-t-il de nos bonheurs ? ». On n’est pas aussi convaincu par les parti pris de mise en scène de Damiano Michieletto. Non qu’on soit opposé par principe aux transpositions, mais d’abord cette idée que le héros (Don Quichotte en l’espèce), vieillissant et pétri de nostalgie, revoie son passé du fond de sa retraite, voilà qui finit par devenir un poncif à l’opéra – déjà exploité vingt fois. Le voilà donc ici, malade et neurasthénique, remâchant les fantômes du passé entre cachets et verres de scotch, enfoncé dans le canapé de son deux-pièces aux murs verdâtres, où l’ami Sancho, dans la cuisine attenante, dresse le couvert – un couple gay ? Dieu, que ce décor est moche ! L’Espagne ne s’y fraie un passage qu’à travers les silhouettes voilées, muettes et noires d’une troupe de danseurs flamenco des deux sexes ; la chevalerie ne s’incarne que dans des chevaux de manège qui flottent transitoirement entre sol et plafond ; les brigands de grand chemin s’invitent sur le plateau sous l’aspect de blousons noirs qui s’extraient du mobilier comme des souris ; les amants de Dulcinée sont nippés d’uniformes, corsetés tels des étudiants d’Oxford ; la foule des courtisans a des airs de rallye mondain, circa années 1960. Etc. L’éblouissement picaresque s’évanouit dans la clarté blanchâtre de cet intérieur bas de gamme, dont les cloisons coulissantes ne s’ouvrent jamais sur aucun imaginaire tentateur.

Miracle des voix, pour nous sauver de certains metteurs en scène – ces nouveaux maîtres du lyrique.         


Salomé. Drame lyrique en un acte de Richard Strauss. Direction : Mark Wiggleswoth. Mise en scène : Lydia Steier. Avec Lise Davidsen (Salomé), Gerhard Siegel (Hérode), Ekaterina Gubanova (Herodias), Johan Reuter (Jochanann)… Orchestre de l’Opéra national de Paris.

Les 15, 18, 22, 25, 28 mai à 20h. Durée : 1h40.

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Don Quichotte. Comédie héroïque en cinq actes de Jules Massenet. Direction : Mikhail Tatarnikov. Mise en scène : Damiano Michieletto. Avec Gaëlle Arquez (Dulcinée), Christian Van Horn (Don Quichotte), Etienne Dupuis (Sancho)… Orchestre et chœur de l’Opéra national de Paris.

Les 17, 21, 23, 29 mai, 1, 5, 8, 11 juin à 19h30. Le 26 mai à 14h30.Durée : 2h35

Retransmission en direct le 23 mai à 19h30 sur France TV/ Culturebox ; et le 29 juin à 20h sur France Musique.

La boîte du bouquiniste

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Jacques Laurent © Louis Monie/ Bridgeman images

Les bouquinistes ne seront finalement pas virés des quais de Seine durant les JO. Causeur peut donc continuer d’ouvrir leurs boîtes à vieux livres.


Jacques Laurent demeure le modèle de l’écrivain bifrons. Chez lui, cohabitent en bonne intelligence le romancier et le pamphlétaire. Le premier n’a jamais éclipsé le second. L’auteur des Bêtises n’a jamais fait d’ombre à celui de Mauriac sous de Gaulle. Même alacrité, même fantaisie. Semblable brio crée la surprise ; conduit le lecteur dans des lieux inattendus. La fantaisie capricante qui fait l’originalité et le charme des Corps tranquilles, son premier roman, on la retrouve chez le hussard prompt à pourfendre ses bêtes noires.

Humour omniprésent

À preuve, Au contraire, florilège de chroniques publiées par Jacques Laurent entre 1948 et 1966. La plupart ont paru dans les revues qu’il dirigeait, La Parisienne, Arts, L’Esprit public ou encore dans le premier et unique numéro d’Au contraire. Le regard acéré du polémiste balaie les domaines les plus divers, dénonce les faux-semblants, les hypocrisies, les mensonges d’une époque qui préfigure notre temps. Le conformisme, la soumission à tous les tabous, aux dictatures morales de toutes natures, lui sont insupportables. Non qu’il cherche à imposer une quelconque doctrine. Nulle théorie, pas de prêchi-prêcha. Un simple constat. L’humour omniprésent se révèle l’arme la plus efficace qui soit ; d’autant plus redoutable qu’elle fait mouche à chaque fois.

La variété des thèmes abordés a de quoi donner le tournis. De la célébration du docteur Petiot à celle du grand initié méconnu que fut Hector Malot, de « Camus et Guillotin » à « Un grand historien : (Edmond) Michelet », difficile d’établir la moindre hiérarchie. Caractéristiques communes, l’ironie parfois grinçante qui sourd d’une prose à la fois riche et légère. Un ton souvent badin en apparence, chargé en réalité d’une force de conviction ravageuse.

Cibles récurrentes

Il a ses têtes de Turc, ses cibles récurrentes – en politique, de Gaulle, la Résistance, la Libération ; sur le plan intellectuel, Jean-Paul Sartre, pape de l’existentialisme. Dans le texte intitulé « Paul et Jean-Paul », celui-ci fait l’objet d’une comparaison inattendue avec Paul Bourget. Publié à l’origine en février 1951, dans le n° 38 de La Table ronde, puis réédité l’année suivante par Grasset, le texte initial est ici reproduit sous la forme d’extraits significatifs. Sans doute une des démonstrations les plus désopilantes du recueil. En exergue, l’assertion quelque peu incongrue de l’auteur de La Nausée, dans Situations II : « Il y a quelque chose de commun, qui n’est point le talent, entre Joseph de Maistre et M. Garaudy. » Puisque tous les rapprochements sont permis, pourquoi s’en priver ? Et le féroce analyste de s’engouffrer dans la brèche. Son enquête obéit à une implacable logique. On devine que Sartre ne sort pas vraiment grandi de ce parallèle jubilatoire.

Laissons à l’auteur le dernier mot : « Tout s’est passé comme si, avant de nous mettre au travail, c’était un feu de joie qu’il nous avait fallu allumer. »


Jacques Laurent, Au contraire, La Table ronde, 1967

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Un islam conquérant tente de coloniser une Europe amorphe

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Greta Thunberg avec les militants propalestiniens, Malmö, Suède, 9 mai 2024 © Johan Nilsson/AP/SIPA

En Suède, en Allemagne, en Belgique, en Grande-Bretagne ou évidemment en France, les incidents impliquant le communautarisme musulman se multiplient et doivent nous alerter.


Chut ! L’islam conquérant colonise à bas bruit l’Europe amorphe. Protégé par les mouvements antiracistes qui incriminent les lanceurs d’alerte, l’intrus étale désormais, comme chez lui, sa judéophobie et son altérophobie. Les scènes qui l’attestent se multiplient. Elles viennent d’Allemagne, de Suède, de Belgique ou de Grande-Bretagne.

À Hambourg (Allemagne), samedi, trois mille islamistes du mouvement Muslim Interaktiv ont à nouveau défilé pour réclamer l’instauration de la charia et pour scander, comme ils l’avaient déjà fait le 27 avril : « Le califat, c’’est la solution ! ». La haine contre Israël, qui s’est exprimée ces jours-ci à Malmö (Suède), au prétexte de la candidature de la chanteuse israélienne Eden Golan à l’Eurovision, est venue de la communauté musulmane immigrée, rassemblée sous les emblèmes du drapeau palestinien et du keffieh. La présence de l’activiste écologiste suédoise Greta Thunberg, figure fascistoïde d’une jeunesse européenne embrigadée, a confirmé au passage les liens entre l’islamisme anti-occidental et l’écologisme prétendument décolonial.

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Si la France résiste apparemment mieux que ses voisins, Gérald Darmanin a dû reconnaître récemment l’infiltration subversive des Frères musulmans, y compris dans l’éducation et la justice. Et La France Insoumise s’est clairement placée, depuis la « manifestation de la honte » du 10 novembre 2019 où elle s’associa avec les islamistes, en collaborateur de l’occupant.

Les diatribes islamo-gauchistes contre l’expansionnisme occidental, dont Israël resterait le symbole, masquent l’avancée de l’islam suprémaciste au sein des sociétés ouvertes et amnésiques. En février 2017, des excommunications vertueuses s’étaient abattues sur Donald Trump qui avait constaté : « En Suède, ils ont accueilli beaucoup de réfugiés et maintenant ils ont des problèmes comme ils ne l’auraient jamais pensé ». Cette interdiction des belles âmes de décrire une stratégie invasive et ses désastres sécuritaires fait des censeurs les complices des nouveaux colons antisémites.

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Quand Rima Hassan (LFI) tweete le 8 mai : « Ce que fait Israël à la Palestine n’est pas très différent de ce que la France faisait en Algérie », la militante antisioniste oublie de rappeler le pogrom initial du 7 octobre contre des villes et des kibboutz israéliens. Or cette terreur fut celle, en Algérie, du FLN contre les Européens et les musulmans ralliés à la France. En août 1955, les massacres à la hache et à la pioche commis dans une quarantaine de villages du Constantinois, avec son lot de bébés égorgés et de femmes violées, annonçaient ceux du Hamas. Cependant, ce djihad, qui se perpétue en France avec ses attentats islamistes, accompagne désormais une appropriation territoriale et non plus une lutte contre une colonisation. La libération d’enclaves européennes en passe de tomber sous la coupe d’un islam querelleur (Londres ou Bruxelles en sont des exemples) est aujourd’hui une question qui se pose. Reste à savoir si les peuples indigènes, dressés à courber l’échine devant les minorités, sont prêts à se redécouvrir majoritaires.

L’utérus pour tous!

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L'animateur de télévision Christophe Beaugrand et son compagnon ont eu recours à la GPA, interdite en France © Laurent Vu/SIPA

Alors que la ministre des Familles, Sarah El Haïry, indique vouloir «sortir de l’hypocrisie», le débat sur la gestation pour autrui est relancé en France.


En 2018, après quatre ans de tentatives infructueuses pour faire un enfant, un couple hétérosexuel chinois consultait un gynécologue pour infertilité1… La jeune femme encore vierge, il se rendit vite compte qu’ils ne s’y prenaient pas comme il fallait et exploraient des voies trop obscures. Ils auraient pu essayer encore longtemps, vous me direz ! Chut ! Ne soyez pas fascistes, car il y a dix jours, le couturier français Simon Porte-Jacquemus et son époux Marco Maestri se sont félicités de la naissance de leurs enfants. Par quelle voie ? Il aura fallu un simple message de Marion Maréchal se demandant où était la mère pour que des élus de la majorité et de la LFI hurlent à l’homophobie. Ce pays va de sacrum en sylla. D’ailleurs, s’il faut être de droite et catholique pour comprendre la biologie, les progressistes pro-GPA sont des croyants de l’opération du saint esprit.

Gamète over 

Si ça se trouve, les Shadock pompaient pour se reproduire, et dans leur monde, ça marchait très bien. Dans celui-là en revanche, même le Planning familial gangréné par l’idéologie transgenre et sa haine de la réalité des corps le concède : « Il n’est pas du tout possible d’être enceinte à la suite d’une fellation car pour être enceinte, il faut qu’un spermatozoïde puisse rencontrer l’ovule »2. Il faut une gamète de femme, et horreur, une personne à utérus qui accouche. Quel ennui d’avoir recours à une femme pour certains hommes, souvent blancs et riches ! Peu importe : idéologiquement, ils ont remplacé la mère et la putain par la donneuse d’ovocyte et la femme gestante. Certaines militantes y croient au nom de la lutte contre le patriarcat. C’est fou, toute la misogynie qu’elles consentent à avaler pour lutter contre la domination masculine.

L’arlésienne du « nous n’irons pas plus loin »

Numéro 51 de « Causeur », 2012. DR.

En 2012, Causeur titrait Papa, Papa, la bonne et moi. (Le premier numéro que j’ai acheté et conservé… Ach, ich bin sentimental). Le camp progressiste traitait de paranoïaque quiconque expliquait que cette loi irait jusqu’à la GPA. Le concert de réactions indignées suite à cet énième enfant acheté à l’étranger par des hommes dont personne n’interroge jamais leurs rapports aux femmes est indécent d’outrances feintes. Priscilla Thevenot, porte-parole du gouvernement, parle « d’homophobie décomplexée ». Quand la gauche se met à interdire des mots en criant au fascisme, c’est qu’elle a l’intention de faire passer une loi. Celle-ci concerne 33 millions de « personnes à utérus » en France. Alors même que le gouvernement vient de constitutionnaliser le droit à l’IVG – en rien menacé dans le pays – les femmes auront-elles encore le droit de dire non à une GPA sans se faire traiter d’homophobe ? Et les maris, auront-ils le droit de s’opposer à la fécondation de leur corps par un autre ? D’ailleurs, est-ce que se faire inséminer, c’est tromper ?

With Rima Assan and LFee, Children will be motherfree

Rima Assan a également déclaré que les Le Pen n’avaient pas de cerveau. Pro-palestinienne et pro GPA ? Peut-être Rima Assan, elle, en possède deux… On l’entend moins quand les homosexuels de banlieues se cachent sur Grindr – site de rencontre homosexuel – pour trouver des amants dans les centre-villes et fuir l’islamisme de leur milieu d’origine. On l’entend moins pour défendre les homosexuels de Gaza, envoyé en l’air… du haut des immeubles en raison de leurs préférences sexuelles. On l’entend moins sur ceux qui ont fui en Israël pour éviter de se faire assassiner. Rima pactise-t-elle avec « les sionistes », dont certains cautionnent la GPA ? On l’entend moins sur la réalité de la répression de l’homosexualité en Russie : la GPA y reste une pratique autorisée pour les couples hétérosexuels. La répression de l’homosexualité est avant tout passée depuis le début de la guerre en Ukraine par la fermeture des clubs et des soirées kinky des grandes métropoles. Imagine-t-on des soirées kinky en Palestine, et Rima en Shéhérazade ?

La grossesse et l’accouchement ne sont pas une balade de santé

Jamais il n’y aura eu autant d’informations à disposition pour qu’un quidam comprenne comment une grossesse modifie le corps et le cerveau d’une femme.

Ecartement du transverse, bouleversements hormonaux, prise de poids, vergetures, modification de l’activité des aires cérébrales pendant la croissance du fœtus, dépression post-partum, épisiotomie, saignements, perte de cheveux, anémie, descentes d’organes, mise en veille de sa sexualité, complications en tout genre, sans compter les bombardements d’ocytocine, créant le lien avec l’enfant à naître, que la femme l’ait contractuellement cédé par avance ou non. Combien ça vaut de subir tout ça pour quelqu’un d’autre, dans un monde occidental où de moins en moins de femmes souhaitent se reproduire ? En Ukraine, une partie des femmes rémunérées pour porter des enfants de riches occidentaux utilisent l’argent qu’elles perçoivent pour nourrir ceux qu’elles élèvent. Dans une France à la démographie moribonde, il est toujours interdit de se demander si certaines femmes n’avortent pas par crainte d’être incapables de nourrir une bouche de plus. L’argent de Simon Porte-Jacquemus vaut mieux que des salauds de pauvres souhaitant un second enfant. Ce pays a le sens des priorités.

La gauche retourne toujours sa veste : l’important, c’est la rose

Une partie de la gauche pro-mariage pour tous est désormais engagée dans la lutte contre le wokisme et l’idéologie transgenre et la GPA, sans jamais se demander si leur engagement en 2012 n’est pas à l’origine de cette déconnexion totale du corps et du genre et des mutations idéologiques que nous sommes en train de vivre. Je doute que l’histoire les surnommera les génies de la rue Solférino.

  1. https://www.ladepeche.fr/article/2018/08/28/2858184-couple-chinois-arrivait-avoir-enfant-apprend-prenait-mauvaise-maniere-depuis.html ↩︎
  2. https://www.planning-familial.org/fr/question-3-education-la-sexualite-288#:~:text=Il%20n’est%20pas%20du,’ut%C3%A9rus%2C%20lui%2Dm%C3%AAme%20situ%C3%A9 ↩︎

Immigration: l’imposture sauce Macron

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© MOURAD ALLILI/SIPA

Valérie Hayer, le brave petit soldat envoyé en première ligne sur le front des prochaines élections européennes, demeure tristement embourbée dans des sondages en berne. Elle ne ménage pourtant pas ses efforts pour reprendre en boucle les arguments prémâchés sur l’immigration dont les fins penseurs de la macronie l’abreuvent et dont ils espèrent qu’ils mettront en difficulté l’adversaire RN qui, pour l’heure, fait la course en tête, loin devant. Pour cette stratégie du désespoir, ils n’hésitent pas à recourir à l’imposture grossière qui consiste, sur ce sujet, à raisonner en pourcentages et seulement en pourcentages. Ils le font à la manière des pseudo « sociologues » si fort prisés des plateaux radio et télé du service public, dont le principal de l’activité consiste, confortablement installé le cul sur une chaise, à observer des statistiques, des courbes pour, sous couvert de commentaires ou de prétendues analyses, y faire coller au plus près leurs préjugés, leurs a priori dogmatiques et idéologiques. Cela me remet en mémoire une anecdote, assez ancienne sans doute mais toujours d’actualité. Dans une université, un plaisantin plutôt bien inspiré avait écrit sur le distributeur de papier hygiénique: « Diplômes de sociologie : servez-vous ! » Sans commentaire.

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Vous jouez avec les peurs !

L’argument de la macronie sur l’immigration, repris comme à plaisir par la candidate, me semble effectivement sorti tout droit des cogitations de tels diplômés de latrines. Cela tient en quelques chiffres. Pour donner à croire au bon peuple que le risque de submersion migratoire, le « grand remplacement » ne seraient que fantasmes d’agitateurs de peurs imaginaires et manipulations de débiles fascisants, ils recourent de fait à l’artifice inépuisable des pourcentages. En 1930, balancent-ils, la France comprenait 5% d’étrangers sur son sol. Aujourd’hui, en 2024, ce ne serait que 7%. Soit juste deux petits points de plus. Où serait le « flux migratoire » qu’on agite en épouvantail ! Or, voilà bien le nœud de l’imposture, car en 1930, la France comptait environ quarante millions d’habitants,  alors qu’aujourd’hui nous sommes quelque soixante-cinq millions. Vous voyez d’ici l’arnaque : 5% de quarante millions, c’est deux millions. Alors que 7% de soixante-cinq millions représentent quatre millions cinq cent mille. Ainsi, converti en nombre, cette présence étrangère a donc plus que doublé pour, est-il besoin de le souligner, un territoire qui ne s’est pas pour autant agrandi.

Artifices

L’imposture se trouve aggravée, qui plus est, du fait que, à ce jeu-là, ce fameux pourcentage en trompe-l’œil ne pourrait que diminuer alors même qu’en nombre la présence étrangère ne ferait qu’augmenter. Cela par la magie du droit du sol qui gonfle le chiffre de la population officiellement française à quoi vient s’ajouter évidemment le nombre des naturalisations et autres artifices d’intégration.

A lire aussi: Immigration et démographie urbaine: les cartes à peine croyables de France Stratégie

En outre, de quelle immigration parle-t-on ? Celle de 1930 voyait arriver chez nous nos voisins ou presque voisins, Polonais, Italiens, Espagnols… Émigrés de nation, certes, mais non de civilisation : sources historiques peu ou prou semblables, références religieuses à peu près communes, principes et règles de vie sociale pour le moins compatibles, reconnaissance équivalente de la valeur travail, etc. Nos voisins, disais-je ! Mieux que cela, nos cousins. Tout au long de notre histoire, nous avons eu des reines, des régentes (les dames Médicis) italiennes, tel ministre, Mazarin, italien lui aussi. Telle épouse de roi, mère du suivant, espagnole. Et Henri III roi de Pologne avant de l’être de France. J’en passe. Certes, nos sémillants rois et princes se foutaient allègrement sur la figure de temps à autre, mais cela se faisait dans une sorte d’entre-soi du meilleur ton. On se fréquentait donc de longtemps. Rien à voir, en effet, entre cette immigration-là et celle des temps présents.

Mépris de classe

Dès lors, on voit bien à quel point l’argumentation macronienne en la matière est gangrenée de malhonnêteté intellectuelle, de mépris pour l’intelligence du citoyen, de ce cynisme de classe dont la haute technocratie s’est fait une spécialité. Mais qui croient-ils abuser, ces beaux esprits ? Le pire, me semble-t-il, est qu’ils sont si radicalement coupés de la vraie vie, du monde tel qu’il est, de la réalité objectivement observable qu’ils en arrivent à se persuader qu’ils ont raison, qu’ils détiennent et professent l’absolue vérité. Pathétique ! Aussi, constatant ce qui se passe en ce moment-même dans les couveuses à élites diplômées du genre sciences po-po, on se dit que le papier hygiénique à un fort bel avenir devant lui.

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Eurovision 2024 en Suède: l’horreur boréale

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La police suédoise interpelle un manifestatant pro-palestinien à Malmö, 11 mai 2024 © Antti Aimo-Koivisto/LEHTI/SIPA

À Malmö, le concours de l’Eurovision s’est tenu dans une ambiance électrique. Des foules hargneuses avec des femmes voilées protestaient à l’extérieur du concert contre la présence d’Israël, pendant qu’à l’intérieur la candidate a été sifflée par une partie de la salle qui a assisté au sacre du candidat suisse «non binaire». Toutefois, si les minorités bruyantes influencent organisations et jurys de grands raouts comme l’Eurovision ou Cannes, la majorité silencieuse refuse que la haine anti-juive s’installe dans nos sociétés.


Drôle d’ambiance à l’Eurovision cette année. Clausewitz dit que la politique c’est la poursuite de la guerre par d’autres moyens. Tout événement international, culturel ou sportif est désormais la poursuite de la guerre idéologique par d’autres moyens. Tout est politique, disaient les déconstructeurs de 68. Ils ont gagné. Nos fractures et nos combats s’invitent dans un innocent télé-crochet.

La chanson d’Israël huée par une partie de la Malmö Arena

Une jeune fille de 20 ans, Eden Golan, qui interprétait une chanson gentiment pacifiste, a été assignée à résidence dans sa chambre et protégée par un hélicoptère de la police. Des manifestants surchauffés ont salué sa qualification en piétinant le drapeau frappé de l’étoile de David. Sa concurrente irlandaise, qui se présente comme une sorcière, a pleuré quand elle a appris que l’Israélienne était qualifiée pour la grande finale. Enfin, Eden Golan a été huée par une partie de la salle pendant qu’elle chantait.

La nouveauté n’est pas tant la politisation que l’on observe lors de cet évènement (Berlin, en 36, c’était déjà aussi très politisé !), mais la massification. A travers les réseaux sociaux ou les votes par téléphone, des millions de gens peuvent participer à un lynchage. Tout événement peut se transformer en Jeux du cirque avec des pouces levés ou baissés.

Quel bilan tirer de l’événement ?

Ne comptez pas sur moi pour me prononcer sur la qualité artistique de l’Eurovision.

Politiquement, la haine d’Israël – et par extension ou confusion, celle des juifs, qui a longtemps été le ciment des pays arabo-musulmans – est désormais la marque de fabrique des islamo-gauches occidentales. Pour autant, il faut le répéter sans relâche : la défense des Palestiniens demeure légitime. Mais ces derniers n’intéressent ces néo-tiersmondistes que quand ils sont tués par des Israéliens. Et ils se fichent bien par ailleurs des Soudanais ou des Ouighours.

A lire aussi, Thomas Morales: «Oh jolie poupée!», futur hymne des JO?

L’autre leçon à tirer, c’est que ces foules haineuses sont minoritaires. Au vote du public, Eden Golan est arrivée 2ème. On peut évidemment penser qu’il s’agissait d’un vote militant, et pas uniquement musical. Souvent communautaire, mais pas seulement. Le vote pour Israël a été très fort dans des pays où la présence juive est infime comme au Portugal, en Espagne et même dans la très « progressiste » Irlande. La majorité silencieuse refuse que la haine anti-juive s’installe dans nos sociétés, et cela ne l’empêche pas d’être solidaire des Palestiniens par ailleurs.

Le hic, c’est que les minorités hargneuses décoloniales contrôlent largement les campus, qu’elles bénéficient de sympathies médiatiques et intimident les gouvernements. Elles influencent les organisations et jurys de grands raouts comme l’Eurovision ou Cannes, qui donnent chaque année des gages au wokisme, au metooisme et au LGBTisme ambiant. À l’Eurovision, c’est le non-binaire et le gender fluid qui se portent très bien. Après Conchita Wurst et Dana International il y a quelques années, nous avons assisté samedi soir à la victoire du/de la Suisse Nemo, que Libé appelle iel et qui a défilé avec la bannière des fiertés non-binaires, drapeau dont j’ignorai jusqu’alors l’existence.

Tout ceci révèle les contradictions au sein du progressisme. Il faudrait expliquer aux foules compassionnelles que les artistes qu’elles applaudissent ici seraient, au mieux, persécutés par le régime du Hamas auquel elles trouvent tant de vertus à Gaza.


Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio

Retrouvez notre directrice du lundi au jeudi dans la matinale au micro de Patrick Roger

Révolution MeToo: tout le monde va y passer

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Préparatifs du Festival de Cannes, 12 mai 2024 © SYSPEO/SIPA

Alors que Cannes ouvre cette semaine, le petit monde du cinéma vit dans l’effroi. Car au-dessus du festival plane une terrible rumeur: l’existence d’une liste de 10 personnalités, impliquées dans de nouvelles affaires sexuelles! Grâce aux progrès irrésistibles de l’IA, se rassure-t-on, actrices fragiles et cinéastes lubriques seront heureusement bientôt remplacés par des programmes entièrement numériques, et ces soucis liés à cette humanité imprévisible et encombrante ne seront bientôt plus que de mauvais souvenirs. Grand récit.


Le milieu du cinéma est en effervescence. Une liste circule. Elle comporte, dit-on, une dizaine de noms d’acteurs, de réalisateurs ou de producteurs potentiellement mêlés à des affaires de « violences sexistes ou sexuelles ». Mediapart, que d’aucuns pensent à l’origine de cette liste, a déjà donné son verdict. Une charrette, stationnée au bas des marches du palais du festival de Cannes, attend de transporter vers le lieu d’exécution médiatique les accusés d’ores et déjà reconnus coupables !

VSS: tous responsables, c’est systémique!

Espérons, susurre-t-on dans le milieu culturel, que ne figurent pas sur cette liste infâme les noms d’un ou de plusieurs de ces hommes qui signèrent, il y a un mois à peine, une tribune dans laquelle ils affirmaient ne pas se « reconnaître dans la masculinité toxique » et avoir « compris combien des comportements masculins parfois jugés anodins étaient vécus par les femmes pour ce qu’ils étaient : des abus »1. L’histoire est remplie de ces révolutionnaires assoiffés de justice et d’égalité qui se sont retrouvés sur le banc des accusés au nom de cette même justice et de cette même égalité – la quête de la pureté absolue finit généralement en carnage. À la fin, tout le monde y passe.

Sainte Godrèche, priez pour nous !

Le « monde de la culture » – qui est en réalité celui de l’industrie de divertissement et d’abrutissement des masses – vit donc sa révolution sur fond de féminisme woke. La vague MeeToo ne fait pas dans la nuance et emporte tout sur son passage. Un geste, un mot, un regard, un « comportement inapproprié » peuvent suffire à faire de vous un « porc ». Des actrices découvrent, la cinquantaine approchant, que, jeunes comédiennes, elles ont été « abusées » par un homme plus âgé qui a profité de son « pouvoir » et de son « emprise » sur elles pour les mettre dans son lit. Puis pour vivre quatre, cinq ou six ans avec elles. Et les faire tourner dans trois, quatre ou cinq de ses films. Durant toutes ces années, elles ne se sont aperçues de rien. Leurs parents non plus. Leurs entourages non plus. Mieux encore : en 2010, Judith Godrèche, alors âgée de 38 ans, avouait, dans l’émission Thé ou Café de Catherine Ceylac, avoir été une adolescente très déterminée et avoir hautement apprécié de partager durant quelques années la vie d’un homme plus âgé qui « réinventait la vie » et était « extrêmement séduisant, très habité, très intelligent, brillant », un artiste dont « l’emprise » était « extrêmement inspirante ». Quatorze ans plus tard, le même homme est devenu un monstre, et l’actrice, une sainte, un ange découvrant soudain les souillures qui ont taché l’âme de « la petite fille qui est en [elle] ». Judith Godrèche, qui a une série à promouvoir et une carrière à relancer, va donc de plateau en plateau et de magazine en magazine pour dénoncer « les violences sexistes et sexuelles dans le cinéma ». Comme ce pays est devenu, à l’instar des États-Unis, un pays de curés progressistes et peureux prêts à tout pour échapper à la vindicte des cliques néo-féministes et de leurs prêtresses tourmentées, l’Assemblée nationale a créé à la demande de l’actrice une commission d’enquête chargée d’étudier les « abus et violences sexistes » dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, de la publicité, etc. Paraphrasant Fouquier-Tinville, les nouveaux juges du nouvel ordre moral avertissent : « Donnez-nous une phrase ou un geste de n’importe quel “acteur culturel” et nous nous chargeons de le conduire sur le banc d’infamie. » Dans le microcosme médiatico-artistique, tout le monde tremble. Et tout le monde a raison de trembler. Car tout le monde y passera.

A lire aussi: Affaire Depardieu, la revanche des minables

Si les formations sont anxiogènes, c’est parce que la peur doit changer de camp!

Depuis 2021, nous apprend récemment Le Figaro2, l’accès aux aides du CNC oblige les quémandeurs à suivre une formation obligatoire sur les fameuses violences sexistes et sexuelles. Cette formation dure deux jours. « On y apprend beaucoup de choses, témoigne Olivier Marchetti, patron des studios de Provence près de Marseille. Le formateur explique d’abord la définition légale du harcèlement et des attouchements sexuels. Puis comment cela se traduit concrètement. La conclusion, c’est que pour se tenir loin de tout ennui, il faut éviter aussi bien les blagues sexistes qu’un simple geste tactile. On prend conscience que le sujet est très compliqué, qu’on peut déraper sans faire exprès. C’est assez anxiogène. » Dans ce contexte, le mieux serait effectivement de se tenir loin de tout, et surtout loin des hommes et des femmes, de leurs envies, de leurs pulsions, de leurs désirs. Cela sera bientôt possible : grâce aux progrès irrésistibles de l’IA, l’industrie cinématographique envisage d’ores et déjà de remplacer les actrices et les acteurs par des images synthétiques et les films par des programmes entièrement numériques. En attendant l’avènement des nouvelles technologies qui nous débarrasseront totalement de cette humanité imprévisible et encombrante, les États-Unis montrent l’exemple en matière de lutte contre les « violences sexistes et sexuelles » dans le milieu cinématographique : toute accusation vaut maintenant condamnation, « toute personne soupçonnée est aussitôt persona non grata », même quand il s’avère que l’accusatrice a menti, précise Le Figaro. Les scènes de sexe se déroulent désormais sous la surveillance de coordonnateurs d’intimité. Il n’est pas impossible que, suite à un geste malhabile lors d’une démonstration de non-attouchement, un de ces coordonnateurs d’intimité se voie prochainement accusé d’effleurement « inapproprié ». Apparaîtra alors un nouveau métier, celui de… superviseur de coordonnateur d’intimité. Ce monde sinistre ne nous empêchera pas d’apprécier le comique de certaines situations actuelles et à venir. 

A lire aussi: «Le XIXe siècle à travers les âges», de Philippe Muray: l’intelligence et la culture à l’état pur

Emmanuelle Bercot accusée par Isild Le Besco

Tout le monde y passera. Et quand je dis tout le monde, c’est tout le monde. Lundi 6 mai, sur France Inter, Léa Salamé recevait l’actrice et réalisatrice Emmanuelle Bercot. Un entretien d’un peu plus d’un quart d’heure qui se déroule on ne peut mieux jusqu’à la 13ème minute, au moment où Léa Salamé évoque le livre d’Isild Le Besco, Dire vrai, dans lequel cette actrice parle de ses « débuts difficiles » au cinéma, lorsqu’elle était âgée de 14 ans. Léa Salamé apprend à Emmanuelle Bercot qu’Isild Le Besco y incrimine des réalisateurs, dont Benoît Jacquot, et des réalisatrices, dont… Emmanuelle Bercot. Lors d’une scène de sexe, celle-ci l’aurait obligée à regarder longuement le pénis d’un acteur. Elle lui aurait également intimé l’ordre de maigrir et lui aurait imposé de refaire plusieurs fois une « scène de baffes ». Emmanuelle Bercot tombe des nues ; elle n’était pas au courant des « accusations » de l’actrice qui est également… la marraine de son fils, raison pour laquelle la réalisatrice dit ne vouloir provoquer aucune polémique. Mais le coup est trop rude : « J’apprécie assez peu, lâche-t-elle au bout d’un moment, de servir de chair à canon médiatique pour la promotion de son livre ; et d’être citée ou de voir ma photo apposée au milieu de plusieurs hommes désignés comme des agresseurs ou des violeurs, ça, je ne l’accepte pas du tout ». Emmanuelle Bercot est « sidérée » par les « insinuations très ambigües » d’Isild Le Besco qu’elle dément catégoriquement en désirant être entendue : « Parce que ma parole a aussi une valeur ». Emmanuelle Bercot semble ignorer que, depuis le fameux «On vous croit!» des néo-féministes, la parole de la personne accusée n’a plus aucune valeur. Sonnée, la réalisatrice vient d’entrer en collision avec la réalité à laquelle sont confrontés certains de ses collègues. Encore a-t-elle eu la chance, elle, de pouvoir donner sa version des faits sur une radio publique. Dans ce monde qui aspire à la javellisation totale, à la pureté absolue, à la chérubinisation des rapports humains en même temps qu’au déballage victimaire et obscène permettant surtout d’acquérir une nouvelle notoriété, Emmanuelle Bercot vient de comprendre que tout le monde peut y passer. Même elle.

Dominique Besnehard rattrapé par la patrouille

Télérama est un magazine que ne rebute aucune cochonnerie puisée dans les poubelles médiatiques. La couverture de son dernier numéro représente l’acteur, producteur et agent artistique Dominique Besnehard auquel il consacre un long dossier dont l’entame suffit à donner le ton : « Il nie tout abus sur les acteurs qui l’accusent, soutient Depardieu, fustige l’ère #MeeToo. Comment Dominique Besnehard, ex-agent de stars visionnaire, est-il devenu le défenseur d’une époque qu’on voudrait révolue ? » Le dossier supposément sulfureux est vide. Une main baladeuse ici, un baiser volé là. Pour le reste : le survol d’un milieu dans lequel il y a de la drague pas toujours légère, des coucheries, des tromperies, des mensonges. La belle affaire ! Quitte à vouloir dénoncer certains débordements, Télérama ferait mieux de balayer devant sa porte3. Le quotidien Libération, de son côté, cherche par tous les moyens à faire oublier les années pendant lesquelles il fit littéralement la promotion de la pédophilie. Par conséquent, il bêle avec les moutons médiatiques et consacre sa Une du vendredi 10 mai à Dominique Boutonnat : le président du CNC sera jugé en juin pour agression sexuelle sur son filleul. Libé interroge : comment se fait-il que M. Boutonnat soit toujours à son poste ? En revanche, Libé ne s’est pas interrogé le moins du monde sur le retour récent dans ses colonnes de Serge July. Pourtant, c’est quand ce gauchiste mondain était à la tête de la rédaction du quotidien que ce dernier sembla considérer quelque temps que les relations sexuelles avec des enfants étaient une activité « anti-bourgeoise » par excellence… 

A lire aussi: La parole révélée

Judith Godrèche exploite le filon

Lors du prochain Festival de Cannes, Judith Godrèche présentera Moi aussi, le court-métrage qu’elle a réalisé en collectant des témoignages de victimes de violences sexistes. Le trouillomètre à zéro, les responsables du festival affirment « souhaiter ainsi faire résonner ces témoignages ». Ont-ils déjà en leur possession la liste des personnes potentiellement coupables (de quoi exactement, nul ne sait) que certains menacent de faire connaître au grand public juste avant l’ouverture d’un festival qui n’intéresse plus que les « professionnels de la profession » ? Les spectateurs, eux, vont de moins en moins dans les salles de cinéma. Quand ils s’y rendent, ils évitent résolument les films français qui ne sont plus, le plus souvent, que des films de propagande immigrationniste ou progressiste. Et puis, pourquoi se déplacer dans les salles obscures ? Il y a en ce moment, à l’affiche de tous les médias, une série policière à rebondissements, un jeu de massacre succulent, un spectacle tragi-comique réjouissant, continu, gratuit et fort divertissant. Son titre ? Tout le monde va y passer. Le prochain épisode se déroule à Cannes et s’intitule Des noms ! Des noms !         


  1. https://www.elle.fr/Societe/News/Tribune-Il-est-revoltant-que-le-theatre-et-le-cinema-servent-de-couverture-a-des-abus-4231601 ↩︎
  2. https://www.lefigaro.fr/festival-de-cannes/metoo-avant-le-festival-de-cannes-le-milieu-du-cinema-a-des-sueurs-froides-20240505 ↩︎
  3. On se souviendra que le magazine télévisuel a fait appel, il y a quelques années, aux « services » de la société Egaé fondée par Caroline de Haas. Cette société est censée, entre autres, sensibiliser et former les cadres des entreprises à la détection et à la résolution des cas de violences sexistes et sexuelles. Résultat : suite à un signalement anonyme pour agression sexuelle, la direction de Télérama, épaulée par Egaé et ses méthodes plus que douteuses, vire en 2019 un de ses collaborateurs après lui avoir fait vivre pendant plusieurs semaines l’enfer d’un « procès » interne inquisitorial dirigé par Caroline de Haas. Deux ans plus tard, le conseil des Prud’hommes, considérant que les « preuves » mises en avant par la direction de Télérama et la société Egaé « ne reposent sur rien d’objectif ou de sérieux » et qu’il n’y a même pas « ne serait-ce qu’un commencement indirect de preuve », condamne le magazine à verser 90 000 euros de dommages et intérêts au journaliste injustement licencié. Le jugement est confirmé par la cour d’appel en 2023. Il n’empêche, rien ne pourra effacer totalement les soupçons qui pèsent sur cet homme et les effets délétères de ceux-ci sur sa vie personnelle et professionnelle. ↩︎

De nouvelles et obscures manœuvres judiciaires iraniennes

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Téhéran. DR.

L’agenda iranien pour la déstabilisation et l’accroissement de l’insécurité en Europe et au Canada est à peine caché.


Selon l’agence de presse semi-officielle Mehr, le procès de 104 membres de l’Organisation des Modjahidines du peuple d’Iran, également connue sous le nom de Modjahidines-e Khalq (MEK), a repris après plusieurs mois d’interruption. Ces individus, réfugiés dans des pays européens depuis plus de 30 ans, sont accusés d’actes de terrorisme commis il y a 40 ans. Les procédures contre ces 104 membres du MEK, qualifiés d’ « hypocrites », ont débuté publiquement le mardi 7 mai, au sein de la branche 11 du tribunal pénal de la province de Téhéran. Avant de prononcer le verdict final, le juge a ouvert l’audience en déclarant :

« Nous mettons en garde les pays qui hébergent ces accusés que l’accueil de ces personnes est considéré comme un crime selon les conventions internationales contre le terrorisme. Certains pays, comme la France, devraient revoir leur position sur l’accueil de ces accusés, impliqués dans des activités terroristes et des crimes contre l’humanité, et coopérer avec les organisations internationales en conformité avec les avis de recherche rouges émis. En outre, le peuple d’Albanie (où près de 3000 membres de l’OMPI sont installés depuis 2016 en accord avec le haut-commissariat aux réfugiés de l’ONU. NDLR), en tant qu’hôte de ces accusés, devrait exiger de son gouvernement leur extradition vers l’Iran. »

Stratégie multifacette

Il est clair que l’extradition de ces « accusés » vers Téhéran est impossible selon les lois et les traditions européennes. Mais quels sont les objectifs du régime iranien en organisant ce procès et potentiellement avec le verdict final ?

Sous la pression intérieure persistante et face à des protestations croissantes, les manœuvres judiciaires orchestrées par Téhéran contre le MEK visent une stratégie multifacette. D’une part, elles cherchent à contrer le soutien grandissant pour le MEK parmi la jeune génération iranienne, et d’autre part à détourner l’attention publique et à lancer des accusations infondées dans le cadre de sa campagne de diabolisation contre le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI) et sa principale composante, l’OMPI.

Dans son discours de début mai, le Guide Suprême du régime, Ali Khamenei, a exprimé ses grandes inquiétudes concernant la jeune génération iranienne, connue sous le nom de génération 2000, tout en annonçant la création d’une organisation semblable à un département de renseignement destiné à contrôler les 17 millions d’écoliers iraniens. Il a insisté sur la nécessité pour les étudiants de « reconnaître les amis et les ennemis de leur pays et de comprendre les enjeux fondamentaux nécessaires pour leur pays, ce qui neutralisera les autres propagandes ennemies. Si nos jeunes sont préparés dans ce domaine, ces propagandes ennemies seront neutralisées ». La crainte de Khamenei envers ces jeunes est justifiée, car ce sont eux qui ont mené les soulèvements de 2019 et 2022, et qui maintenant, à travers des milliers d’unités de résistance, mènent des campagnes d’affichage à travers l’Iran. Le plan et le programme du régime visent avant tout à préparer le terrain pour le terrorisme sur le sol européen et au Canada, ainsi qu’à préparer des attaques terroristes potentielles contre le MEK sous prétexte de défendre le régime contre les « terroristes » perçus.

Chancelleries occidentales en alerte

1Dans une interview avec Le Parisien2, le ministre de la Défense français, M. Sébastien Lecornu, a déclaré que l’agenda du régime vise à créer l’instabilité dans la région et en Europe. Le Service canadien du renseignement de sécurité vient de déclarer de son côté que l’Iran et ses services de renseignement s’intéressent à influencer et à collecter clandestinement des informations sur la communauté iranienne, y compris les activistes anti-régime et les dissidents politiques ; les militants des droits humains, des droits des femmes et des minorités ; ainsi que les fugitifs recherchés par le régime.

La théocratie iranienne cherche-t-elle également à jeter les bases de l’assassinat d’opposants et à considérer la décision de justice comme un fondement de sa légitimité ? Elle souhaite également obtenir l’interdiction ou la restriction des activités de la résistance iranienne en Europe. Jusqu’en 2018, le régime avait toujours voulu camoufler son alternative, mais à la suite d’un grand attentat déjoué grâce à la vigilance de la police française et belge contre un rassemblement du CNRI à Villepinte près de Paris, il est devenu clair que les mollahs craignaient le rôle d’une alternative politique viable active aussi bien en Europe qu’en Iran. Concernant la guerre et le carnage dans la région, qui peut ignorer les mains ensanglantées de ce régime atroce dans la guerre entre Hamas et Israël ainsi que dans les crises et les guerres régionales des 45 années d’existence du régime ?

En l’absence de mesures efficaces pour contraindre le régime des mollahs à renoncer au terrorisme, à la prise d’otages et à provoquer des guerres et des effusions de sang, ce qu’on appelle une politique de complaisance a été menée au prix du sacrifice des droits de l’homme pour des intérêts économiques, rendant ce régime de plus en plus audacieux chaque jour. La théocratie iranienne prend en otage l’économie mondiale sur la scène internationale et, au Moyen-Orient et en Iran, elle met en péril la vie de millions de personnes pour assurer sa propre survie.

Il est temps que la politique erronée consistant à essayer d’amadouer ce régime, qui est l’équivalent de donner carte blanche à ce dernier pour plus de terrorisme et de prises d’otages, change. Une approche plus ferme est souhaitable pour assurer la stabilité, dans la région et partout ailleurs.


  1. https://www.canada.ca/en/security-intelligence-service/corporate/publications/csis-public-report-2023/mission-focused.html#toc8 ↩︎
  2. https://www.leparisien.fr/politique/sebastien-lecornu-sur-le-moyen-orient-la-france-fait-tout-pour-eviter-lescalade-20-04-2024-H7ACFMQIBVHZRDDALIYOOUZXPU.php ↩︎

Lui et… «Elle»

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Le président Macron au Touquet, 19 juin 2022 © Maxime Le Pihif/SIPA

Notre chroniqueur se réjouit des propos tenus par le président sur les pères absents dans le magazine féminin.


L’ondoyant président de la République qui slalome entre les pertinentes questions de deux journalistes du magazine Elle offre des réponses dont certaines peuvent surprendre ! Pour ma part, sans prétendre tout régir par son intimité et sa vie familiale, je relève à la fois que le président n’a jamais été père, qu’il a toujours considéré ses beaux-enfants et petits-enfants comme les siens et que lors d’un entretien ancien – j’en avais fait état dans mon livre Moi, Emmanuel Macron, je me dis que… -, il n’avait pas hésité à soutenir que les familles recomposées étaient presque plus enrichissantes que les familles naturelles. J’en avais conclu alors, et la suite ne m’a pas démenti, qu’il était plus un homme de culture qu’un homme de nature, plus séduit par les constructions artificielles que par les processus innés.

Les familles, oubliées des quinquennats Macron ?

Avant d’aborder ce qui a particulièrement surpris dans les propos du président – le devoir de visite du père, l’obligation de remplir ses devoirs de père (au-delà de l’assistance financière) -, on peut trouver subtile sa distinction sur Gérard Depardieu quand il affirme que ses éloges sur lui ne relevaient pas « de la défense d’un agresseur face à des victimes ». Ils avaient pu être perçus comme tels alors.

A lire aussi, Elisabeth Lévy: Père (de la nation) fouettard…

Il est permis aussi de retenir que son invocation de la présomption d’innocence n’a parfois été qu’un moyen de retarder, pour tel ou tel de ses ministres, le jugement au moins conservatoire qu’on espérait de lui. Je me souviens de son attitude au sujet de Nicolas Hulot.

Sur un autre plan, questionné sur « le réarmement démographique », outre l’instauration d’un congé de naissance qu’il avait déjà évoqué, il annonce, pour réduire les délais de la PMA, l’ouverture aux centres privés de l’autoconservation ovocytaire. Dans un entretien de ce type, comment ne pas s’étonner du manque présidentiel sur le développement d’une authentique politique familiale ? Elle devrait être prioritaire par rapport aux succédanés concernant l’infertilité et la PMA. Le président, à juste titre, maintient son opposition à la GPA et à la marchandisation du corps qu’elle implique, avec le possible déchirement d’une mère porteuse séparée de son enfant.

Devoirs des pères : une intrusion de l’État dans l’intime ?

Sur le devoir d’être père, j’y vois d’abord le signe d’un État qui continue à vouloir s’occuper de notre intimité, de nos missions d’être humain et des fonctions que le destin et nos choix nous ont confiées. Une forme de cohérence devrait me conduire à détester cette intrusion et ce totalitarisme soft, même inspirés par le souci du Bien. Il n’empêche que ce point de vue présidentiel qui fait polémique me paraît pourtant sinon courageux du moins stimulant. Comment ne pas l’analyser d’abord, de sa part, comme une sorte de provocation intellectuelle pour troubler, agiter le marais et susciter le débat ? Comme ce besoin qu’il a manifesté à plusieurs reprises, par des fulgurances et un extrémisme délibéré, de tester le pouls de la société.

A lire aussi, Alexandre Martinez: GPA: Où sont les humanistes face à la contractualisation d’un enfant à naître?

On pourrait même, derrière l’exigence morale qu’il énonce et qui se fonde sur une approche relativement positive des pères, dont il souhaite qu’ils assument leurs responsabilités (à l’exception des géniteurs violents), relever l’ambition présidentielle de réparer l’immoralité, la médiocrité, les imperfections d’univers familiaux où la plupart du temps une mère seule avec des enfants est amenée à se battre dans la quotidienneté en l’absence d’un père indifférent ou irresponsable. Je mesure à quel point le président va être contesté, voire moqué pour cette réponse qui résulte à l’évidence d’une réflexion structurée : « Je suis pour que l’on revienne à une logique de droits et de devoirs, y compris pour les pères ». Qu’il inscrit dans le cadre plus général de l’égalité entre les hommes et les femmes.

Si le président parle sans cesse et sur tout, il lui arrive de ne pas nous le faire regretter. Quand c’est lui… et Elle.

Moi, Emmanuel Macron, je me dis que...

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Mitterrand est de retour

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Anne Lauvergeon photographiée à Paris en 2024 © ROMUALD MEIGNEUX/SIPA

On replonge dans toute une époque et on retrouve tout le machiavélisme de Mitterrand en lisant le livre d’Anne Lauvergeon.


François Mitterrand aimait charnellement la France, et honorait ses morts. Il savait d’où il venait, de cette province où les ciels sont profonds et mouillés ; il savait l’évoquer au détour d’une conversation d’où surgissait le nom de Jacques Chardonne. C’était la France qui aujourd’hui lentement s’efface, comme les réclames sur les murs de fermes le long des départementales désertées.

Anne Lauvergeon, née à Dijon, élève de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, agrégée de sciences physiques, ancienne patronne d’Areva, devint le « sherpa » de François Mitterrand au début des années 90, à 31 ans, alors qu’elle occupait déjà la fonction de secrétaire général adjoint. Un soir de juin 1994, dans le parc de l’Élysée, peu avant un dîner avec le couple Clinton, le président, très affaibli par le cancer, lui demande d’écrire sur les années passées à ses côtés, et de ne pas hésiter à évoquer leurs conversations vespérales. D’abord, elle refuse. Puis elle finit par accepter en lui disant toutefois : « Pas avant vingt-cinq ans. » Les éditions Grasset annoncent la parution du livre en 2015 et nous sommes en 2024. Il fallait sûrement « donner du temps au temps », selon la formule mitterrandienne, pour que parût La Promesse.

Pour les jeunes générations, ce témoignage est intéressant car il reprend l’itinéraire complexe de celui qui fut 14 ans à la tête de la France. On y parle de la guerre, de son expérience formatrice de prisonnier en Allemagne, de ses trois évasions, de sa fidélité aux amis de l’époque, de la constitution des fameux cercles pour parvenir au pouvoir. Il est également question des zones grises du Mitterrand aux multiples facettes, surnommé « le Florentin » ; de son action controversée durant la période de la collaboration ; de ses fréquentations douteuses – René Bousquet étant la plus célèbre –, de l’attentat du l’Observatoire, en 1959, que l’auteure traite de manière trop succincte, de son refus obstiné de considérer Vichy comme la continuation de la République française. À ce sujet, Anne Lauvergeon rapporte les propos du président : « La République a donné le 10 juillet 1940 les pleins pouvoirs au maréchal Pétain, qui le 11 juillet a supprimé tous les pouvoirs républicains. Vichy est un régime de circonstance qui n’a existé que du fait de l’occupation allemande. » Mitterrand ajoute : « Mes prédécesseurs, avant moi, ont œuvré à la réconciliation nationale. J’ai fait de même. » On retrouve le machiavélisme de l’homme politique qui, après avoir violemment attaqué, à plusieurs reprises, le général de Gaulle, l’homme du 18 juin, finit par se fondre dans son ombre, quand la situation lui est défavorable. Anne Lauvergeon ne manque de signaler les bienfaits du premier septennat qui offre aux Français un souffle nouveau – abolition de la peine de mort, « dépénalisation » de l’homosexualité, suppression de la Cour de sûreté de l’État, pluralité de l’audiovisuel public, ouverture des fréquences FM… – tandis que le second est miné par les affaires, les suicides et les métastases implacables. Voilà pour l’homme public. Côté cœur, on découvrira un amoureux transi, fort romantique, tendance lamartinienne, ainsi que ses amours souterraines, sans oublier Mazarine Pingeot, sa fille longtemps cachée.

Pour les adorateurs ou contempteurs de François Mitterrand, ce livre les confortera dans leur jugement. Une chose est certaine : Mitterrand avait le sens de l’État. Qualité essentielle, hélas perdue par nos dirigeants actuels. Il possédait également un instinct sûr, affermi par une connaissance de l’homme, qui lui permit de réaliser quelques « coups » politiques incroyables. Le plus spectaculaire étant de nommer Jacques Chirac Premier ministre, après la défaite aux législatives de mars 1986. Alors qu’on le pense définitivement cuit, Mitterrand sera brillamment réélu deux ans plus tard. À méditer.

Un détail pour conclure. Dans La Promesse, on apprend que Mitterrand tutoyait Anne Lauvergeon : insigne honneur. Je n’ai jamais entendu le président tutoyer Roland Dumas, fidèle parmi les fidèles qui l’accompagna durant son interminable traversée du désert.

Anne Lauvergeon, La Promesse, Grasset. 384p.