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La gauche «victorieuse» avoue des connivences politico-médiatiques et tolère un racisme anti-blanc décomplexé

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La France s’enfonce toujours plus loin dans l’abime racialiste


Quel spectacle désolant ! Compromissions, tripatouillages et magouilles à tous les étages. Et des hectolitres de moraline pour nous enrober tout ça. Représentants politiques, sportifs millionnaires, magistrats syndiqués et artistes subventionnés se sont plu à se faire peur en criant de concert au loup fasciste. Les médias aux ordres du pouvoir et l’audiovisuel public gauchisant ont déversé leurs mensonges et ignoré pareillement la vie des Français sacrifiés à leurs désirs sociétaux, diversitaires et immigrationnistes, en particulier ces Français de la France périphérique qu’ils méprisent, tous, de tout leur cœur.

Que la fête recommence !

L’affront républicain a parfaitement fonctionné. Nombre d’électeurs ayant voté pour Ensemble ou le NFP se plaindront d’ici peu du pouvoir d’achat continuant de dégringoler, de l’UE continuant d’imposer à la France ses diktats, de l’immigration continuant de nous submerger, de la désindustrialisation continuant de plonger le pays dans la dépendance économique et le chômage, des oukases écologiques retardant la relance du nucléaire ou promouvant la décroissance, etc. Nous leur rappellerons alors durement que, au nom d’un « barrage républicain » carnavalesque, ils ont voté pour des formations politiques ayant décrété que la France était bonne à jeter aux ordures. Européistes fédéralistes, davosiens mondialistes, écologistes radicalisés ou immigrationnistes, islamo-compatibles ou non, tous ne pensent qu’à désagréger notre pays. Pour ce faire, les uns ont choisi d’accélérer le remplacement de son peuple historique – comprenant les Français dits de souche aussi bien que des descendants d’immigrés parfaitement intégrés – en augmentant l’immigration sous tous les prétextes possibles, y compris le prétexte climatique. Les autres ont décidé de satisfaire les « élites » (financières, politiques, médiatiques, artistiques) dont ils se targuent ou envisagent de faire partie et qui sont à l’abri du besoin et des conséquences d’une immigration communautariste et islamisante. S’ajoutent à ces funestes motivations les marécageuses tractations nécessaires à la survie politique d’arrogants vieux chevaux centristes ou de dispensables éléphants socialistes et à l’émergence de nouveaux politicards professionnels, avides des privilèges que seule une République corrompue peut offrir d’une manière si dispendieuse.  

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LFI est satisfaite. Il y a de quoi. Malgré un antisionisme antisémite de plus en plus brutalement affiché, malgré les violences staliniennes internes, malgré des propositions économiques plus démagogiques les unes que les autres, malgré des candidats flirtant avec un fascisme si souvent attribué au camp d’en face, le mouvement mélenchoniste a mis au pas ses « alliés » et a su tirer son épingle du jeu électoraliste. « Aujourd’hui, nous nous préparons à gouverner, nous nous préparons à appliquer le programme qui est le nôtre », assure Manuel Bompard. De son côté, l’apathique Olivier Faure justifie l’accord luciférien avec LFI et le NPA : le PS a doublé le nombre de ses députés, l’anesthésiant François Hollande est de retour, l’ex-ministre macroniste Aurélien Rousseau rentre au bercail. Ce dernier avoue sur son compte X devoir sa victoire aux castors des médias privés et publics : « Ma gratitude à la presse, je pense en particulier à la PQR, aux antennes de France bleue, et au journal Le Monde, mais aussi La Croix, Libé ou l’Humanité. Leur travail a été indispensable et à la hauteur de ce moment historique. Une presse libre et de très haut niveau (sic). » Une certaine connivence politico-médiatique est étalée sans vergogne au grand jour. Il est vrai que les médias français « libres » n’ont pas fait dans la demi-mesure pour « barrer la route à l’extrême droite ». Pour s’en convaincre, il suffit, par exemple, de comparer le traitement des informations visant les brebis galeuses du RN et celui concernant les antisémites, fichés S et autres barbouzes du NFP. Si l’on a les nerfs assez solides, on peut aussi réécouter la radio publique, France Inter en tête : quinze jours de messages plus ou moins subliminaux, d’éditoriaux politiques partisans, de journaux masquant les « faits divers » pouvant accréditer l’idée d’une insécurité grandissante, d’analogies historiques douteuses, etc. Du travail propagandiste d’orfèvre, digne de celui de sa consœur télévisuelle, France TV. Ailleurs, sur le plateau de BFMTV en l’occurence, interrogée par l’impayable Benjamin Duhamel, Clémentine Autain a elle aussi chaleureusement remercié les médias qui, face au danger que représenterait le RN, « ont changé de braquet » et ont ardemment contribué à la victoire du NFP. Cette gauche se croit décidément tout permis : l’écologiste Marie-Charlotte Garin, élue dans le Rhône, ne s’est pas gênée pour révéler ses visites réitérées dans une école primaire du 7ème arrondissement de Lyon et exhiber devant la presse, comme si cela allait de soi, une fresque fabriquée par des bambins de 6 à 9 ans très en avance sur leur âge. « Vous êtes la meilleure députée », ont écrit les uns, tandis que d’autres ont gribouillé, sans l’aide de leur maîtresse, paraît-il, d’éloquents messages pour « combattre le RN » et en finir avec « les racistes et les fascistes ». Cette calamiteuse anecdote confirme au passage que l’école n’est définitivement plus le lieu de la transmission des savoirs mais bien celui du bourrage de crâne idéologique.

Les « antiracistes » triomphent

Il paraît que, depuis quelque temps, la « parole raciste se libère ». Rokhaya Diallo a récemment corroboré cette impression. Sur le plateau de BFMTV, face à un Charles Consigny atterré et un Manuel Bompard conciliant, la journaliste woko-racialiste a en effet estimé qu’il y avait trop de Blancs – ou, pour le dire à sa manière, « pas assez de personnes non-blanches » – sur la première photo de famille du NFP. Elle a été « éblouie » par tant de blanchité étalée. La victoire du NFP – qui vaut, aux yeux de Mme Diallo, soumission aux thèses racialistes et diversitaires qu’elle promeut, et lui permet de tenir éhontément des propos racistes sur un plateau télé – devrait accentuer le sentiment anti-français qui corrompt les rangs de la gauche et de l’extrême gauche, ainsi que le racisme anti-Blanc qui croît dans notre pays et dont Mme Diallo se moque comme elle se moque de Charles Consigny, ce « pauvre petit chou » qui ose s’opposer à sa conception raciale de la société. Entre les deux tours des élections, dans The Guardian cette fois, Rokhaya Diallo n’a pas manqué de comparer, comme c’est original, le RN au « régime collaborationniste de Vichy », et de louanger, comme c’est bizarre, LFI et sa « position claire contre l’islamophobie dans un contexte où l’hostilité envers les musulmans en France est normalisée (sic) ». L’article est globalement une lourde charge contre la France – Mme Diallo est coutumière du fait. Cette militante woke n’aime pas la France, ce « pays très vieux, très lent à bouger et très petit dans le monde » dans lequel une « vieille élite blanche ne supporte pas de voir ses privilèges lui échapper » (Libération, 26 octobre 2010). Elle qui n’avait déjà pas sa langue vénéneuse dans la poche, profite de la victoire du NFP sous la férule de LFI pour libérer totalement sa parole et laisser apparaître, sous le vernis de l’antiracisme politique, un racisme anti-blanc plus ou moins maquillé. Sur Sud Radio, André Bercoff a demandé à ses auditeurs d’envisager ce qui se serait passé si quelqu’un avait déclaré dans les médias que la photo de l’équipe de France de football est « un peu sombre ». Imaginez les cris d’orfraie que la gauche politico-médiatique aurait poussés si cette même personne avait affirmé, hilare, que cette photo lui a « obscurci » la vue ! Dans le cas présent, wokisme oblige, Mme Diallo a pu tenir un propos raciste sans avoir à subir les foudres des ligues antiracistes ou de la gauche bien-pensante. 

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La parole raciste se libère également du côté de Mediapart qui n’hésite pas à publier un article intitulé « Malgré des efforts à gauche, l’Assemblée reste blanche, bourgeoise et éloignée de la société mobilisée (sic) » dans lequel les journalistes comptent les « député.es racisé.es » de chacune des formations politiques. Aucun journaliste moralisateur du Monde, de Libération, de La Croix ou de l’audiovisuel public n’a trouvé à redire à ce racisme décomplexé. Dans Le Figaro, Michaël Sadoun relève en revanche cette donnée « symptomatique de la métamorphose de la gauche », à savoir, conséquemment à un accueil débridé des théories racialistes issues des universités et des associations antiracistes américaines, la tentation d’appliquer en France une discrimination positive officielle en faveur des « non blancs » dans les lieux de savoir et de pouvoir et, donc, de juger « les personnes selon leur appartenance plutôt que sur leur mérite », le but étant bien sûr de remplacer autant que faire se peut tous ceux qui sont considérés par les idéologues wokes et les islamistes comme des dominants et des privilégiés : les Blancs et les « super-Blancs » (les Juifs). Sur la scène de ce théâtre lugubre, Mme Diallo et l’extrême gauche jouent la même pièce révolutionnaire, racialiste (et raciste), antisioniste (et antisémite), immigrationniste et multiculturaliste. Côté cour, la nomenklatura bruxelloise, toujours empressée de mettre au pas les peuples qui ne veulent pas mourir, applaudit et préconise plus d’immigration tout en laissant – quand elle ne l’épaule pas – l’islam politique s’installer sur le continent. Côté jardin, les Frères musulmans rient dans leurs barbes en regardant ce spectacle et en se préparant à entrer définitivement en scène. Ils savent que la France est à l’agonie et que plus rien ne pourra la sauver. Trop d’ennemis se sont liés contre elle depuis un demi-siècle. Les ennemis de l’intérieur lui ont d’ailleurs fait le plus grand mal – mal sournois, incurable, inoculé au nom de « valeurs républicaines et démocratiques » dévoyées, derniers oripeaux moraux d’une gauche décharnée qui continue pourtant d’imposer sa loi destructrice. Et de nous pousser, inéluctablement, vers l’abîme.

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L’erreur de Huntington

En 1996 paraissait l’essai de Samuel Huntington, Le Choc des civilisations. À en croire l’auteur, la fin de la guerre froide, bien loin d’asseoir la suprématie américaine, comme l’avait cru Francis Fukuyama (La Fin de l’histoire, 1991), a contribué à déplacer les conflits. Non plus sur un axe est-ouest, mais selon un axe nord-sud ; non plus sur des bases économiques, mais sur des bases idéologiques, en particulier religieuses. Notre chroniqueur revient sur l’intuition géniale de Huntington, et en propose un correctif important : il n’y a pas de clash des civilisations, mais un conflit entre la civilisation et la barbarie. Une affirmation dont nous lui laissons courageusement la responsabilité.


Ce qui caractérise les grandes idées, c’est que même quand on en a repéré les failles, voire la faillite, elles restent de grandes idées. L’analyse marxiste de l’aliénation — reprise de celle que faisait La Boétie dans son Discours de la servitude volontaire, publié en 1576 — me revient à l’esprit chaque fois que je croise une femme voilée (soit, à Marseille, une fois toutes les cinq secondes). L’Origine des espèces de Darwin est sans doute entachée d’erreurs, mais les hypothèses du naturaliste sur la sélection naturelle se vérifient à chaque seconde en regardant des gosses dans une salle de classe remonter vers le singe à grands coups de « wesh ! » « wesh ! ». On peut se gausser de Freud, expliquer que les romanciers avaient déjà décortiqué le cerveau humain — mais l’évidence du substrat obsessionnellement sexué dans la conscience humaine (la mienne, en tout cas) est confirmée dans le conscient comme dans l’inconscient. Que le Moi ne soit pas maître dans sa propre maison, ou que quoi que l’on tente avec ses enfants, on fasse mal, n’a même plus besoin d’être démontré — surtout quand on regarde les enfants d’une classe à Marseille…
Et comme l’ont expliqué en leur temps Copernic ou Galilée, la Terre n’est pas plate et tourne autour du soleil. N’en déplaise aux littéralistes des religions auto-révélées.

Le professeur d’Harvard de sciences politiques Samuel Huntington (1927-2008), photographié en Allemagne en 2005 © THIEL CHRISTIAN/SIPA

Samuel Huntington, avec son Choc des civilisations en 1996, a magnifiquement senti la ré-orientation des conflits à l’échelle planétaire. Non plus la conquête maniaque de territoires frontaliers (en cela la guerre russo-ukrainienne n’est rien qu’une survivance du passé), mais le grignotage patient de l’Occident par des civilisations extérieures, un jeu de go à grande échelle où le conquérant place des jetons pour s’accaparer des espaces.

Mais alors, où est l’erreur de Huntington ? En cela qu’il ne s’agit pas par exemple de choc de civilisation, mais de l’affrontement entre une civilisation — la nôtre — et une non-civilisation, l’islam.

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L’idée m’est venue il y a longtemps, en visite à Grenade. L’Alhambra est le sommet architectural des conquérants islamistes de la péninsule ibérique, qui avaient tenté de remonter au-delà des Pyrénées — une obsession qui ne les a pas quittés. C’est très joli, l’Alhambra. Un beau témoignage d’Al-Andalus, ce mythe forgé de toutes pièces pour inventer un paradis perdu à des conquérants sanguinaires — voir le livre de Serafín Fanjul (2017). Mais à l’époque où les artisans arabes travaillaient joliment la terre cuite et l’émail dans le sud de l’Espagne, les artistes occidentaux couvraient l’Europe de cathédrales.

C’est que l’art occidental est l’héritier des Gréco-Romains, qui ont façonné la civilisation occidentale bien avant qu’un chamelier harcelé de soleil crût entrer en relation avec un dieu d’amour qui conseille de massacrer les impies et d’épouser des petites filles.
Un exemple ? L’évolution du statut de la femme, en Occident, est un marqueur de notre civilisation. Le maintien de la femme dans une infériorité de principe, dans l’idéologie islamique, est un marqueur de barbarie.
Contre-exemple : les immigrés d’origine asiatique n’hésitent pas à s’intégrer, à s’assimiler : ils viennent de ce que Huntington appelle « la civilisation sinisante », une vraie civilisation qui n’a rien à craindre de la nôtre — et qui ne tente pas, pour le moment, de nous supplanter. C’est ainsi que Léa Cho, Coréenne cannoise de 16 ans, vient d’obtenir un double 20 / 20 à l’Épreuve Anticipée de Français.

En vérité, je le dis très solennellement à mes collègues enseignants : il n’y a pas à respecter les croyances fanatiques d’élèves englués dans la barbarie. Nous devons, à chaque instant, appliquer le programme de Voltaire : Ecrasons l’infâme — c’est-à-dire la superstition et le fanatisme, les croyances erronées, et tous les signes extérieurs de ces croyances. Quand un néo-député LFI, Rodrigo Arenas, ex-président de la FCPE, propose d’annuler le décret interdisant l’abaya, on voit qu’il est encore fécond, le ventre qui a enfanté la bête immonde…

Je sors fin août un essai intitulé L’Ecole sous emprise dont je me permets de recopier ici la quatrième de couverture, comme on dit :
« Samuel Paty, professeur d’histoire décapité en 2020… Dominique Bernard, professeur de Lettres poignardé à mort dans son lycée d’Arras en 2023… Et tant d’autres menacés, insultés, agressés chaque jour dès qu’ils s’avisent de heurter les certitudes mortifères des élèves et de leurs parents.
« Pour les enseignants, l’école se fait désormais la boule au ventre, sous le regard suspicieux de mouvances religieuses radicalisées, soutenues parfois par les enseignants eux-mêmes.
« Alors que l’École publique traverse une crise multiforme, Jean-Paul Brighelli plaide en faveur d’un système éducatif restauré et d’une laïcité intransigeante pour contrer l’emprise de l’entrisme islamiste.
« Les enseignants doivent retrouver le droit d’instruire enfants et adolescents contre leurs propres convictions, sans s’autocensurer. Est-il vraiment trop tard, face aux réseaux infiltrés du fanatisme, pour ressusciter ces « hussards noirs de la République » que furent jadis les instituteurs ? »

L’École est le champ de bataille final. Si nous courbons la tête, si nous laissons le moindre interstice aux affirmations mensongères et aux attitudes mortifères de gosses fanatisés, nous sommes perdus. Si dans la rue, nous autorisons l’expression de la barbarie, nous sommes foutus. Si nous continuons à financer les organisations « culturelles » de gens qui haïssent la notion même de culture, nous sommes morts.

Huntington avait raison : les conflits sont désormais entrés en phase chaude. Il avait tort, ce n’est pas une civilisation contre l’autre, mais un coin que des ignorants tentent d’insérer dans le pays qui les reçoit, qui les assimilerait s’ils le désiraient, mais qui doit les repousser comme un organisme chasse un corps étranger qui cherche à l’infecter.

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Tour de France sous la canicule: la cuite monumentale de Zaaf

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Un Tour sans sa journée de canicule ne serait pas vraiment un Tour ! Cette 111ème édition a connu la sienne mardi – probablement pas l’unique d’ici Nice, son terme, si l’on en croit la météo – lors de la 16ème étape Gruissan-Nîmes. Mais à la différence d’autrefois, la chaleur n’a eu aucune conséquence sur le déroulement de la course.

Boire un petit coup, c’est agréable

Les Tours d’antan ne disposaient pas de l’impressionnante logistique des actuels pour ravitailler les coureurs en boisson fraîche. Un coureur consomme en moyenne dans une étape comme celle de mardi entre 15 et 20 bidons d’eau (avec parfois quelques additifs), soit entre 10 et 13 litres. Les directeurs sportifs embarquent dans leurs deux voitures suiveuses pas loin de 150 bidons stockés dans des glacières. Ils en font aussi distribuer d’autres par des assistants disposés le long du parcours dans les endroits prévus par l’organisation.

Alors, autrefois, jusqu’aux années 60, les équipiers, dits porteurs d’eau, ne disposant pas de cette assistance pour étancher la soif de leur leader, se livraient à « la chasse à la canette ». Cela consistait à débouler en groupe dans les bistrots situés sur l’itinéraire et à se livrer à une razzia de tout ce qui était buvable, alcoolisé ou pas. Certains ladres tenanciers envoyaient la facture à l’organisation, en vain. Quant aux spectateurs compatissants, ils tendaient des bouteilles qui contenaient assez fréquemment du vin, surtout dans les régions vinicoles du sud.

C’est ainsi que ces « chasses à la canette » ont été sources de rocambolesques, épiques, cocasses, péripéties qui ont longtemps alimenté « la légende des cycles ». En voici une, la plus mémorable de toutes :        

C’était la 13ème étape du Tour 1950, disputée un 28 juillet, un jour de cagnard. Le thermomètre indiquait quelque chose comme 40°C bien qu’à l’époque le dérèglement climatique ne s’était pas encore manifesté. Le départ avait été donné à Perpignan et l’arrivée était jugée à Nîmes, comme celle de ce mardi.

Abdel-Kader Zaaf en juin 1952. DR.

Le Tour se disputait par équipes nationales et régionales. L’Algérie était alors française. Elle disposait en conséquence d’une équipe baptisée Afrique du Nord composée à la fois de Pieds-noirs et de musulmans à parité dont un certain Abdel-Kader Zaaf, à deux reprises champion de France amateur entre autres mérites.

Le pays de la soif

Ce jour-là, il s’échappe avec son coéquipier Pied-noir, Marcel Molinès. Bien que rompus à courir sous un soleil de plomb, les deux fuyards ont la pépie, et l’étanchent avec les boutanches que le public leur tend. Et que contiennent-elles ? Du pinard, du jaja surtout blanc. On était dans une région où on faisait pisser la vigne et elle pissait ce qu’on appelle aujourd’hui des vins de soif, de la piquette quoi.

Malédiction que ces boutanches tendues généreusement ! Ne buvant pas d’alcool ainsi que le prescrit sa religion, Zaaf à qui la victoire d’étape semblait promise glougloute aux goulots un max et se ramasse une cuite monumentale. Dans un virage, il fonce tout droit et percute un de ces platanes qui ornaient les routes de l’époque. Il est groggy ; un groupe de vignerons du coin se précipite à son secours, l’asperge du contenu d’un sceau dont on dira plus tard avoir été du vin (ce détail invérifiable servira d’alibi). Zaaf revient à lui mais ne recouvre pas tout à fait ses esprits. Il enfourche sa bécane et repart… mais en sens inverse. Le public lui hurle qu’il est à contresens. Il prend ces vociférations pour des encouragements et fonce tête baissée dans l’espoir de rejoindre son acolyte d’échappée. C’était une époque où une échappée prenait facilement son quart d’heure d’avance.

Mais, à la sortie d’un virage, au lieu de revoir le dossard de ce dernier, il se retrouve face à la meute du peloton qui fonce sur lui. Coup de frein, chute collective, c’est la pagaille qui vaudra à Marcel Molinès la victoire et à Zaaf de terminer dernier, juste devant la voiture balai mais dans les délais.

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Par la suite, pour lui sauvegarder sa réputation de bon musulman, un journaliste, Jacques Augendre (déjà le politiquement correct !) prétendra qu’il n’était pas bourré. S’il puait la vinasse, c’est parce que le contenu du sceau qui lui fit reprendre conscience contenait du pinard, pas d’H2O.

D’accord, mais alors s’il n’était rond pas comme un petit-pois pourquoi est-il reparti en sens inverse ? Pourquoi a-t-il pris pour encouragements les vociférations d’un public qui n’en croyait pas ses yeux : on n’avait jamais vu dans une course un échappé rebrousser chemin pour réintégrer le peloton. Ce fut la première fois et la dernière de l’histoire du Tour.

En tout cas, ce déboire sera son aubaine. Il lui vaudra une gloire que ne lui aurait pas rapportée la victoire d’étape. Tous les organisateurs de critériums d’après-Tour où les coureurs se faisaient un joli bouquet d’oseille voudront l’avoir à l’affiche. Tout le monde veut voir le phénomène… Boire un coup de trop deviendra en Algérie « se faire Zaaf » ou encore « se Zaafer la tronche ».

L’année suivante, le seul Tour qu’il terminera sur les quatre auxquels il participa, il aura l’astuce de le terminer 66ème, dernier du général. Etre la « lanterne rouge » valait son pesant de contrats post Grande boucle. Le dernier était aussi convoité que le premier, certes moins bien payé, mais bien payé cependant. Et souvent, grâce à la complicité tacite du peloton, le dernier du Tour finissait premier du critérium.

«Möbius Morphosis»: parfaitement beau

Avec le Ballet de Lyon, la compagnie d’acrobates XY et la Maîtrise de Radio France, Rachid Ouramdane compose une fresque échevelée à dimension épique.


Une foule impressionnante (vingt-cinq danseurs du Ballet national de Lyon, une trentaine d’acrobates de la Compagnie XY, des dizaines d’adolescents de la Maîtrise de Radio France) surgissant des mille recoins du temple, entièrement vêtue de noir et magnifiquement encadrée par les quatre puissants piliers qui portent les coupoles du Panthéon ; une foule qui subitement se disloque, éclate et jaillit en gerbes à l’instar d’une vaste pièce d’eau dans laquelle on aurait lancé un énorme rocher : les premières images de « Möbius Morphosis » sont superbes.

Quand la forme se suffit à elle-même

Des corps lancés dans les airs, des colonnes humaines qui se dressent comme autant d’appels à l’envol et de défis à la pesanteur, des courses échevelées, des figures de groupes audacieuses, sinon téméraires, qui enchantent fugitivement le regard et qui s’évanouissent avec la même magnificence que des feux d’artifices : ce spectacle chorégraphique a été créé en plein air, à Lyon, au théâtre antique de Fourvière, puis repris sur une esplanade à Annecy, non loin du lac. Mais il n’y a jamais été aussi beau assurément que dans la blancheur néo-classique du temple jadis édifié par Soufflot, encadré par l’architecture puissante de ce Panthéon qui l’exalte et qu’il exalte.

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Il serait vain de vouloir donner un sens à cette débauche de tableaux. Cette chorégraphie, cette mise en scène foisonnante dont on imagine aisément à quelles difficultés prodigieuses de réalisation elles se sont confrontées, ne sont rien d’autres qu’un éblouissant exercice esthétique. Mais si solide et harmonieux, si bien mené, que la forme se suffit à elle-même. Dans cet ouragan, elle sait demeurer noble, sobre, parfois même apaisée, et sait aussi ne pas se perdre dans le superflu, quand bien même, vers sa fin, l’ouvrage se répète et s’essouffle et mériterait d’être amputé d’un bon quart d’heure.  Pour la maison de joaillerie Van Cleef et Arpels qui a soutenu financièrement l’entreprise, c’est un beau cadeau. De même que pour ce festival olympique des Arts dans lequel s’insère « Möbius Morphosis ».

Réticences dissipées

Même si l’on peut comprendre qu’il y ait eu des réticences à voir un temple comme le Panthéon métamorphosé une fois encore en lieu de spectacle (mais cela s’est déjà fait avec des formes bien moins respectables), il est si rare qu’une fresque chorégraphique emplisse si dignement une telle monumentalité que ces réticences ne peuvent, de fait, que se dissiper.

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Certes, Rachid Ouramdane reprend à l’envi des figures qu’il a déjà imaginées pour d’autres productions. Mais pour qui a le bonheur de découvrir ici son travail et pour qui tout est donc parfaitement neuf, l’ensemble est saisissant et ne peut qu’être admiré. Assez facile avec ses effets de voix trop voulus, sa féérie un peu complaisante, la composition musicale électronique de Jean-Benoît Dunckel a toutefois le mérite de n’être pas envahissante et offre même de brefs instants de grâce. Elle n’empêche pas de penser toutefois que des partitions musicales d’une tout autre envergure auraient pu porter certains tableaux à l’incandescence.

Ce n’est probablement pas très avouable dans le cadre du « politiquement correct » qui ordonne qu’ils soient encensés : mais au sein de la nébuleuse d’artistes chorégraphiques « issus de l’immigration » selon la formule consacrée, Rachid Ouramdane est bien l’un des seuls à avoir quelque envergure. 

« Möbis Morphosis » les 17 et 18 juillet à 20h. Panthéon Location Théâtre de Chaillot ; 01 53 65 30 00. Rediffusion sur Culturebox le 23 juillet 2024 en « primetime ».

Le nouveau job de Gabriel Attal

Le gouvernement de Gabriel Attal a finalement bien démissionné, mais il reste en place – avec des prérogatives très limitées. Après son dernier conseil des ministres, hier, Gabriel Attal est chargé de gérer les « affaires courantes ».


Avec Emmanuel Macron et ses bons amis, l’imagination – dans sa forme la plus débridée – est bel et bien au pouvoir. Voilà qu’ils viennent de nous sortir de leur chapeau une catégorie toute nouvelle de personnel politique : le démissionnaire non démissionné. Ou si vous préférez le partant maintenu à demeure, la chaise vide occupée, etc. C’est ainsi que M. Gabriel Attal, Premier ministre ayant présenté sa démission, cette fois-ci acceptée par le boss, se trouve néanmoins confirmé dans le rôle auquel il est cependant censé avoir renoncé, cela très officiellement, dans les formes requises par le règlement.

Job d’été

Le voici installé dans un nouveau rôle, investi d’un nouveau job : celui de non-Premier ministre. Cependant comme il faut bien que quelqu’un paraisse quand même s’occuper peu ou prou du quotidien de la boutique, il est précisé qu’il reste en charge des affaires croulantes du pays. Extrêmement croulantes, en effet, les affaires. Comme chacun sait.

Pour cela, il peut compter encore sur son équipe. Une joyeuse bande de collaborateurs mangés à la même sauce que lui, c’est à dire à la fois dehors et dedans, formant donc en quelque sorte un non-gouvernement. La même chose qu’un vrai, chimiquement pur, sauf que celui est constitué exclusivement, vous l’aurez compris, de ministres qui ne le sont plus, ministres. Je sais, on a du mal à suivre. Mais voilà sept ans que la « pensée complexe » du patron d’en haut ne cesse de nous embrouiller les méninges, de nous donner le tournis.

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Donc, on attend le prochain non-conseil de ce non-gouvernement et les non-décisions que ces non-ministres pourraient encore prendre : la couleur des crayons feutres dans les administrations, la température souhaitable du thé de cinq heures, le quota de billets gratuits pour la grande marade d’ouverture des Jeux olympiques, l’attribution d’un droit d’entrée prioritaire de Mme Nakamura à l’Académie Française avec option pour le Panthéon quand le moment sera venu…

Coup tordu

Mais, finalement, pas si couillon que ça, le petit arrangement en question. Car en réfléchissant bien, je veux dire en tentant de nous hisser au niveau de ces sublimes intelligences, de les rejoindre dans leurs exercices conceptuels de haute volée, il devient clair que M. Attal a réussi là une splendide opération.

Nul n’ignore que le Premier ministre est un fusible entre les mains du président. Le Premier ministre qui, le jour même de sa nomination, doit remettre au président une lettre de démission en bonne et due forme mais non datée, et que, de ce fait, le grand chef à plumes est en droit d’utiliser quand il le souhaite. Or, peut-on démissionner quelqu’un qui l’est déjà ? Assurément non. Ainsi, voilà notre non-Premier ministre absolument non démissionnable, indéboulonnable, du moins ce côté-là. Posé là à vie pour tout dire. Matignon à vie, pensez ! M. Mélenchon en rêvait. M. Attal l’a fait (enfin presque).

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Comment Coca-Cola « dope » les Jeux

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Partenaire historique des J.O., Coca-Cola, en injectant des millions de dollars, dope financièrement le CIO (Comité international olympique). Revers de la médaille, la firme américaine impose son goût et ses choix…


Dans « Le Miroir des Sports » du 28 janvier 1930, le lecteur tombait sur un article fort de café : « Des études très poussées par l’institut Pharmacologique de Hambourg ont démontré à l’évidence que les effets de la caféine sur les performances des athlètes sont positifs et forts puissants. »

À l’époque la lutte contre le dopage en est à ses balbutiements. En France il faut attendre les années 60 pour qu’elle s’active et le 10 juin 1966, sur la première liste officielle de produits interdits jamais publiée, on trouve la triméthylxanthine, nom scientifique de la… caféine. 16 ans plus tard, en février 1982, le CIO place également la caféine sur la liste des substances illicites (à partir d’un seuil fixé à 15 microgrammes / ml).

Comment en est-on arrivé là ?

Le docteur Jean-Pierre de Mondenard, l’un des meilleurs experts mondiaux de la lutte contre le dopage1, et historien hors pair du sport, a exhumé un entretien qu’Alexandre de Mérode (président de la Commission médicale du CIO de 1967 à 2002) donnait au journal L’Équipe le 16 mai 1983. Mérode y révèle que ce sont des tests effectués pendant les Jeux de Montréal en 1976 qui ont alerté et poussé le CIO à sévir : « Dès Montréal en 1976, nous avons été alertés par des concentrations anormales de caféine. À Lake Placid, ce fut pire et la situation s’aggrava encore à Moscou en 1980. Cela nous a conduits à interdire la caféine, puisque nos méthodes d’investigation le permettaient. »

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Cela pose toutefois un énorme problème. D’image de marque. Pour Coca-Cola. Depuis les jeux d’Amsterdam en 1928, la firme américaine est le sponsor numéro un du CIO (et depuis 1978, partenaire de la Coupe du Monde de foot…). Or son soda contient de la… caféine. La nouvelle réglementation du CIO jette alors un froid. Certes le Coca-Cola n’est pas un produit dopant mais il contient une substance prohibée, ce qui fait mauvais genre pour un partenaire de l’Olympisme.

Alexandre de Mérode est conscient de ce conflit d’intérêts et dans ses commentaires à L’Équipe, il tient immédiatement à ménager la firme américaine :
« Nous ne voulons pas empêcher les athlètes de boire du café ou du Coca-Cola. Nous voulons simplement éviter un usage abusif de la caféine par injections massives dans le corps humain, comme cela se produit actuellement. (…) Nous affirmons que notre intention n’est pas de porter tort à la firme Coca-Cola, ni d’entraver l’utilisation de cette boisson. Nous avons, en effet, fixé le seuil critique d’utilisation de la caféine à quinze microgrammes par millilitre. Cela équivaut à l’ingestion de vingt litres de Coca-Cola dans une journée et à plus de quinze litres de café normalement concentré. »

Il n’empêche, le Coca-Cola reste une boisson dont l’un des composants est un produit interdit… Mais l’ardoise va être effacée. En janvier 2004, l’AMA (l’agence mondiale antidopage, à qui il revient désormais d’établir la liste des produits interdits) supprime de la liste la… caféine ! Coca-Cola a-t-il fait pression pour obtenir cette suppression ?

Une chose est sûre, si la caféine a disparu de la liste des produits interdits, le dopage à la caféine n’a, lui, pas disparu.

Mercredi 18 mai 2005, le bureau de Sydney de l’agence américaine Associated Press publie un communiqué qui tombe comme un pavé dans la mare : « L’Agence mondiale antidopage envisage de remettre la caféine sur sa liste de produits interdits après les propos du capitaine de l’équipe d’Australie de rugby, George Gregan, qui a affirmé en avoir pris pour améliorer ses performances. Le directeur de l’AMA, David Howman, a déclaré aujourd’hui que les informations selon lesquelles Gregan et d’autres athlètes australiens utilisaient de la caféine pour améliorer leurs performances étaient « perturbantes ». »

L’AMA est perturbée mais ne bouge pas. Dans un rapport du 24 octobre 2006, intitulé « Le Sport et un monde en harmonie », le CIO reconnaît pourtant que la caféine a des « propriétés indéniables en matière d’amélioration des performances ».

11 juillet 2022. Alors que le Tour de France bat son plein, le quotidien Ouest-France publie une enquête au titre révélateur : « Le peloton fait-il n’importe quoi avec la caféine ? » ainsi présentée : « La consommation de caféine, aucunement interdite dans le peloton du Tour de France, n’est pas nouvelle. Ni dans le vélo, ni dans d’autres sports. Mais depuis quelques années, elle décolle. À tel point que cela inquiète certains acteurs du cyclisme… »

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14 avril 2024, le quotidien sportif L’Equipe s’interroge sur les nombreuses et violentes chutes qui depuis le début de la saison surviennent au sein du peloton. Parmi les causes évoquées, l’excès de caféine. Le témoignage du coureur Rudy Molard (Groupama-FDJ, 34 ans) est sans sucre à propos de la sur-consommation de café : « On en parle régulièrement entre coureurs parce qu’il n’y a pas de limite et je pense que ça peut jouer sur le caractère agressif de certains… ça a toujours existé mais je pense que les doses qui étaient prises étaient moindres au début de ma carrière par rapport à maintenant. » Mais toujours aucune réaction des autorités compétentes. C’est pourtant un café et l’addiction.

Si Paris 2024 devait être mis en bouteille, cela serait dans une cannette de Coca-Cola !

Avec les millions de dollars que Coca-Cola injecte dans le CIO, la devise olympique s’enrichit d’un qualificatif : «  plus haut, plus vite, plus fort, plus lucratif…  » Et offre à la firme américaine, sinon les pleins pouvoirs, du moins une influence certaine. En 1996, alors qu’Athènes rêvait d’accueillir en Grèce les Jeux du centenaire, le CIO a imposé Atlanta, la ville américaine d’où Coca-Cola gère son empire, le berceau de la maison mère.

Pour 2008, alors que le régime chinois suscitait l’indignation internationale, le CIO a désigné Pékin, à la grande satisfaction de la firme d’Atlanta, soucieuse de prendre pied sur le marché chinois, où elle s’est fait rapidement un allié de poids, l’entreprise Mengniu Dairy, géant des produits laitiers, dont une filiale s’emploie désormais à l’embouteillage du Coca-Cola. Ainsi en 2019, Coca-Cola, associé à l’industriel chinois, a signé avec le CIO un contrat de partenariat qui court jusqu’en 2032, et leur assure l’exclusivité des droits marketing mondiaux. Montant de la transaction ? Top secret. Selon le quotidien britannique Financial Times, Coca-Cola aurait investi dans l’opération 3 milliards de dollars… À ce tarif, la firme en impose… jusque dans la sélection des sports…

À chaque nouvelle olympiade, outre les 28 sports labellisés olympiques (de l’athlétisme à la natation en passant par toutes les autres disciplines traditionnelles), le programme propose de nouveaux sports, des sports dits additionnels, en démonstration, proposés par le pays organisateur, mais validés par le seul CIO. Pour Paris 2024, il y avait quatre places à prendre. Dans cette optique, la fédération de pétanque avait déposé sa candidature, car la pétanque n’est pas seulement un divertissement de vacanciers, c’est aussi un sport international, fédéré dans 165 pays, avec 200 millions de pratiquants, sur les pourtours de la Méditerranée et dans le Maghreb, mais aussi en Asie, notamment en Thaïlande, où il  est très populaire. Las, la pétanque est restée sur le carreau. Les sports validés par le CIO ont été le surf, l’escalade et le skate-board (tous trois déjà retenus aux Jeux de Tokyo en 2021) plus un petit nouveau : le breakdance !

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Fort lucidement, Joseph Cantarelli, alors président de la Fédération française de pétanque et de jeu provençal, analysait les raisons de cet échec : «Comme vous toutes et tous j’accuse ce que nous ressentons comme un «coup dur» qui vient de frapper notre intime conviction de voir les Sports de boules et donc notre sport pétanque entrer, sur nos terres, aux JO de Paris. Comme quoi les critères d’entrée aux JO ne sont plus exclusivement liés aux valeurs fondamentales du sport en tant que tel mais plutôt et de préférence au seul succès médiatique d’un sport ou d’une «pratique» auprès de la jeunesse. » Tout est dit. Si le breakdance a été sélectionné c’est qu’il s’adresse à la jeunesse, la cible prioritaire de Coca-Cola. Et le programme officiel annonce la couleur : « Et si on dansait à Paris au cœur de l’été ? À peine cinq ans après avoir été reconnu en tant que sport de haut niveau en France, le « breaking » s’apprête à faire son entrée triomphale aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Et pas n’importe où. Les 32 athlètes qualifiés – 16 B-Girls et 16 B-Boys s’affronteront en duel les 9 et 10 août prochain sur l’iconique Place de la Concorde. » Place qui sera aux couleurs de Coca-Cola.

Dans ces conditions, la désignation de la chanteuse Aya Nakamura pour la cérémonie d’ouverture et du rappeur Jul pour allumer la flamme à Marseille coulent du goulot d’un soda… C’est moins une volonté politique qu’un choix publicitaire pour satisfaire Coca-Cola, qui dans l’optique des JO a organisé le Coca-Cola Music Tour, une tournée de concerts à travers la France, pour mettre les Jeux en musique et Paris en bouteille.


  1. Voir https://dopagedemondenard.com/ ↩︎

Donald Trump passé du côté cœur…

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À Milwaukee, lundi soir, Donald Trump a été accueilli triomphalement à la convention républicaine, au surlendemain d’un attentat qui aurait pu lui couter la vie. Il a annoncé la nomination du sénateur de l’Ohio J.D. Vance1 comme colistier. Le mobile du tireur Thomas Matthew Crooks reste pour l’instant inconnu.


La cause est entendue. Au mois de novembre, Donald Trump sera élu président des États-Unis. À cause de la sénilité intermittente de Joe Biden et du dernier débat entre eux, qui l’a vu sombrer. Grâce à, si j’ose dire, la tentative d’assassinat dont Donald Trump a été victime et qui à un centimètre près aurait pu être mortelle.

Le comportement de Trump, après la commission de ce crime, a été admirable de courage et supérieurement habile sur le plan politique, en manifestant des vertus de combat et de résistance magnifiées par la tragédie à laquelle il avait échappé par miracle, une sauvegarde exploitée comme un signe du destin.

Les États-Unis, une démocratie violente

Il ne peut plus perdre après un tel concours de circonstances. Joe Biden a admis qu’il avait eu tort de demander qu’on « cible » son adversaire même s’il a précisé ce qu’il entendait par là et qui n’avait rien à voir avec l’agression qui a suivi. Il a confirmé qu’il irait jusqu’au bout tout en comprenant ceux qui s’inquiétaient pour sa santé et souhaitaient son abandon.

Les quelques réactions odieuses de gens regrettant que Donald Trump s’en soit tiré comptent peu face à un climat général qui semble avoir pris la mesure des risques de la violence verbale et de l’outrance développées lors de la campagne présidentielle. Donald Trump, pas exempt de critiques sur ce plan, a pris conscience des devoirs qui devaient être les siens désormais en faisant un appel à l’unité.

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Il faut à ce sujet relever la remarquable influence de ses deux conseillers principaux, une femme très professionnelle et respectée par tous (Susie Wiles) et un homme, ancien militaire, chargé de débusquer les erreurs et les points faibles de ses contradicteurs et opposants (Chris LaCivita). La nouveauté est que Donald Trump les écoute et s’en porte bien.

Mais au-delà de sa victoire programmée, j’ai été frappé par l’extraordinaire élan de sympathie et de solidarité qui a montré à quel point la tentative d’assassinat sur Donald Trump avait fait radicalement changer le regard sur lui, non pas seulement de ses soutiens et des militants républicains – l’ovation interminable à la Convention républicaine ayant ému Trump lui-même – mais des citoyens américains qui n’étaient pas favorables à sa cause et des médias qui lui étaient hostiles.

Trump nous surprendra toujours

Ces derniers n’ont sans doute pas changé d’avis sur l’homme, sa personnalité et son projet mais ils ne pouvaient pas faire autrement que d’être pris dans ce mouvement dominant d’accalmie de la politique partisane au bénéfice d’une concorde magnifiquement conjoncturelle. Le signe le plus éclatant de cette parenthèse de grâce a été le fait que tous les médias ont interrompu leur programme pour montrer en direct Donald Trump dans son triomphe à la Convention républicaine.

Au mois de novembre, son élection acquise, il lui restera à démontrer quels effets ont eu sur lui et sur sa pratique du pouvoir les événements dramatiques de ces derniers jours. Pour ma part, si j’ai désapprouvé évidemment son comportement judiciaire, son mépris pour l’État de droit et sa provocation ayant inspiré l’attaque du Capitole, je n’avais pas été un critique compulsif de son action lors de son premier mandat, au moins jusqu’à l’arrivée du Covid.

Pour le second mandat, j’entends bien que Donald Trump est certainement capable du pire mais son imprévisibilité peut aussi le conduire vers le meilleur. En tout cas, avec lui, il se passe toujours quelque chose et il ne sera pas un président amorphe. L’énorme changement dont Donald Trump sera forcément enrichi est que, depuis le crime dont il a réchappé heureusement et les conséquences qu’il a engendrées, il est passé, aux États-Unis et dans une grande partie du monde, du côté cœur.


  1. À ce sujet, relire J. D. Vance: un Éric Zemmour américain?, Lucien Rabouille, Causeur.fr (2002) ↩︎

Carte d’identités

Face à des zones urbaines hors-sol de plus en plus rouges et de rares bastions bourgeois où l’on vote encore comme il y a vingt ans, le RN est désormais ancré dans 93 % des communes françaises. L’auteur de L’Impasse de la métropolisation analyse notre nouvelle géographie électorale.


La séquence électorale unique vécue par la France entre le 9 juin et le 7 juillet 2024 offre un visage politique inédit de la France. Le vote final du 7 juillet n’a pas eu lieu à l’heure où sont écrites ces lignes. Mais les scrutins des 7 et 30 juin constituent un tournant qui mérite analyse. Celui du 30 juin a vu se déplacer 7,5 millions d’électeurs de plus que le précédent (soit 32,9 millions d’électeurs, deux inscrits sur trois), mais les rapports des forces en présence et la nouvelle géographie électorale ont été dégagés dès les européennes du 9 juin.

France bleu horizon à 93%

Ce jour-là, pour la première fois de son histoire contemporaine, plus de neuf communes sur dix ont placé en tête un même parti, le Rassemblement national (93 % des communes contre 71 % en 2019, et 32 613 communes sur 35 015). La question n’est plus de savoir où se situent les « blancs » ou les « bleus » sur la carte de France, ni même de scruter une France « rouge » ou « rose », mais d’observer la quasi-homogénéité du vote nationaliste vainqueur, surtout si l’on y agrège le vote pour Reconquête ! et quelques autres petites formations souverainistes, soit 40 % des suffrages exprimés.

Cette carte de la France bleu horizon – qui évoque la Chambre de 1919 dans un contexte non moins exceptionnel –, départements et régions d’outre-mer (DROM) compris, a été publiée par la presse au lendemain du scrutin. Elle diffère de celles qui l’ont précédée, car même si des migrations électorales étaient observées depuis les années soixante – comme le passage de la Bretagne à gauche –, il existait depuis le xixe siècle (1919 mis à part) une part irréductible de la France de gauche : le grand Sud-Ouest radical-socialiste, le Limousin et le Poitou socialistes, plus anciennement le Midi rouge, le Nord-Pas-de-Calais ou le centre de la France (Nièvre, Allier, Cher), et la banlieue rouge de Paris. Sauf cette dernière, cette géographie est aujourd’hui masquée. Comment interpréter la nouvelle carte électorale de la France ?

Plusieurs choix sont possibles. Le premier consiste à partir du seuil atteint par le Rassemblement national (RN) au niveau départemental, plus précis que le régional. Le RN y dépasse les 50 % dans un seul département métropolitain, l’Aisne, et dans celui de Mayotte. Il passe la barre des 40 % dans 19 autres départements de métropole. À un niveau moindre, la liste Bardella est en tête dans six DROM sur 11, dont le plus peuplé, La Réunion (35 %). Les Français de l’étranger en revanche, placent en tête le centre macronien, mais seuls 17 % des inscrits ont voté (258 000).

Une seconde option consiste à projeter sur une carte le vote national par commune selon le parti arrivé en tête. Une troisième est de faire de même, mais par niveau d’intensité du premier parti par commune (plus de 50 %, plus de 35 %…). Cette dernière carte fait ressortir les zones d’ancrage record du RN : à plus de 50 % se dégagent le nord et l’est du Bassin parisien, de larges foyers en Haute-Normandie, en Franche-Comté, en Bourgogne et jusqu’à l’Indre, toutes zones ayant plus que d’autres subi la désindustrialisation. L’Indre est le seul département métropolitain – comme Mayotte – dont toutes les communes ont placé le RN en tête. S’ajoutent à cela, au sud, le Var intérieur, le Gard oriental, le Languedoc littoral et le Nord-Gironde. Au seuil inférieur de 35 %, encore rarement atteint aux européennes de 2019, seuls le nord et l’est du Bassin parisien, enveloppant l’Île-de-France, étaient concernés.

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En 2024, la moitié des communes françaises dépasse ces 35 %, soit presque tout le Bassin parisien désormais, jusqu’aux frontières du nord et de l’est, seulement atténué sur ses marges occidentales de Normandie. Deux cent trente-cinq ans après 1789, la grande région qui a porté la Révolution française est acquise de manière très nette au RN, hormis le cœur de l’Île-de-France, et une poignée de grandes villes : Rouen, Caen, Lille et Melun. À cela s’ajoutent le centre de la France, les vallées de la Saône et du Rhône (Lyon excepté), tout le Midi méditerranéen et la Corse, mais aussi la vallée de la Garonne, la Gironde, la Charente-Maritime, le sud de la Vendée et la Bretagne intérieure.

Quels sont dès lors, métropoles mises à part, les points faibles de l’ancrage du parti nationaliste ? En premier lieu, l’Île-de-France, qui rassemble un tiers de l’immigration nationale, ce qui n’est par définition pas favorable au parti nationaliste. En second lieu, de grandes régions qui furent successivement catholiques ou protestantes et socialistes : la Bretagne littorale et l’Ille-et-Vilaine ; l’ouest des Pays de la Loire et de la Normandie, soit le plus grand bloc catholique historique sous la République ; la Gascogne (sud de la Garonne, Gers), le Pays basque (historiquement catholique) et les Pyrénées (Béarn ou Ariège), vieilles régions radicales-socialistes ; la plus grande partie du Massif central, surtout le sud (Lot, Aveyron), les pays protestants des Cévennes et du Vivarais (Ardèche orientale), mais aussi, rive gauche du Rhône, la Drôme et le Sud-Isère ; enfin, les deux Savoie, vieille terre catholique. Le reste n’est constitué que d’îlots dans le Jura, en Bourgogne ou en Alsace intérieure.

Constatons la diversité régionale et la dispersion des 7 % de communes qui n’ont pas placé le Rassemblement national en tête. Elles sont rares dans le Bassin parisien, à l’est, au nord et au centre de la France. Il faut se munir d’une loupe d’entomologiste pour les observer : ces points et foyers sont isolés. En effet, les grandes agglomérations, qui sont leur fief, concentrent leur population sur de petits territoires : les 11 grandes métropoles françaises rassemblent 28-29 % de la population nationale sur quelques pour cent du territoire. À quels critères répondent ces 7 % de communes hors norme ?

Elles se concentrent plutôt dans le sud et l’ouest du pays. La vieille France rurale et maritime à l’ouest de la ligne Rouen/Marseille – devenue attractive lors de ces quarante dernières années. La ligne de partage de l’Hexagone est certes à actualiser à l’ouest d’une ligne Caen/Grenoble, Midi méditerranéen excepté. À cela s’ajoutent les métropoles, sauf Marseille et Nice.

Les 2 400 communes qui échappent à la primauté du RN se partagent selon leurs affiliations : les Républicains arrivent en tête au Pays basque intérieur et dans l’ensemble Cantal/Nord-Aveyron/Haute-Loire, derniers fiefs de la droite ; les écologistes dans la Drôme ; les macronistes en Mayenne, dans l’Ouest parisien et dans le golfe du Morbihan, autant de petites régions denses à électorat catholique fidèle ; les listes LFI gagnent essentiellement en Seine-Saint-Denis, dans le Val-de-Marne, et dans l’agglomération lilloise. Enfin, les communes plus nombreuses sont gagnées par les listes Union de la gauche de R. Glucksmann : elles se situent surtout dans le Sud, de l’Isère à Bordeaux (Isère, Drôme, Lozère, Lot, Pyrénées) ; en second lieu dans les grandes villes à l’ouest d’une ligne Poitiers/Caen : Nantes et le bassin rennais, outre de microrégions bretonnes en Finistère ; enfin à Paris, où Glucksmann arrive largement en tête (22,86 %), surtout à l’ouest. Paris centre et est sont disputés à LFI.

Métropoles hors-sol

De ce fait, les métropoles françaises sont hors-sol, à mille lieues par leur vote et par leur sociologie électorale du reste du territoire. Exception faite de Nice et Marseille, les autres relèguent le RN, et placent en tête les listes d’Union de la gauche (R. Glucksmann), Ensemble (V. Hayer) et LFI (M. Aubry) : Paris et Île-de-France, Bordeaux, Toulouse et Montpellier, Nantes et Rennes, Lyon et Grenoble, Lille et Strasbourg. Ajoutons-y des villes secondaires qui placent en tête la gauche et le parti macronien : Caen, Poitiers, Angers, Brest, Niort (la ville des mutuelles), Besançon, Nancy, Amiens et Rouen. Ces îlots urbains concentrent la majorité des classes aisées, les 20 % de « cadres » de la population française. Ils habitent pour un tiers en Île-de-France, pour un autre dans les dix autres métropoles, et le tiers restant dans les villes secondaires, les préfectures ou les sous-préfectures. Les familles de cadres peinent parfois à inverser le vote dominant, ainsi que nous l’avons vu à Marseille et Nice, deux métropoles qui se caractérisent par la présence des classes populaires en leur sein. Ajoutons que ces grandes agglomérations rassemblent aussi les trois quarts de l’immigration française, pour partie regroupée dans des quartiers dits populaires, constitués en viviers au sein desquels LFI a établi ses bases les plus solides (nord et est parisien ou nord-ouest de Marseille).

Le scrutin du 30 juin, contrairement aux vœux du président de la République, qui a dissous l’Assemblée nationale pour retrouver une majorité à sa main, n’a pas atteint son objectif : il n’a fait que confirmer le vote du 9. Nous disposons d’une carte de France des partis arrivés en tête par circonscription (près de 90 000 inscrits en moyenne). Cette carte des 539 circonscriptions de métropole (sur 577) n’est pas aussi monocolore que la précédente. Le RN et ses alliés sont en tête dans 297 d’entre elles (dont deux outre-mer), mais les trois autres forces politiques dominantes – le Front populaire, l’alliance présidentielle et la droite subsistante – sont cette fois bien visibles.

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La droite est en tête dans 29 circonscriptions en métropole (sur 34 au total), ses anciens bastions : sept dans le Grand Ouest, sept dans le Massif central, deux en Savoie, sept dans le Grand Est, quatre en Île-de-France hors Paris et une en Corse. Chassée de Paris, des métropoles, du Grand Sud, d’Alsace et de Lorraine, elle est résiduelle. La majorité présidentielle s’est substituée à elle dans plusieurs anciennes places fortes, avec 57 circonscriptions de l’Hexagone (sur 62). Présente dans quatre métropoles, elle tient sa principale place forte en Île-de-France, de l’Ouest parisien aux Yvelines, avec 21 circonscriptions contiguës. Enfin, outre la Savoie et de rares circonscriptions dispersées, elle se maintient dans le Grand Ouest, en Bretagne littorale et sur les marges armoricaines, de la Vendée littorale au sud de la Manche, son fief étant le Maine-et-Loire.

Quant au Nouveau Front populaire (NFP), il est la principale force en métropole après le RN (148 circonscriptions sur 155) et marche sur trois pieds : les vieux fiefs de la gauche, le centre des métropoles et les anciennes banlieues rouges, ses « quartiers populaires ». Les fiefs de gauche sont le sud de l’Aquitaine, les Pyrénées centrales, le Limousin, le Puy-de-Dôme ou la Bretagne (Finistère et Loire-Atlantique, et non plus les Côtes-d’Armor). Les métropoles sont presque totalement passées à gauche comme déjà vu, y compris les deux tiers de Paris, Bordeaux, Strasbourg et Lyon. Mais le principal fief est l’ancienne banlieue rouge, la petite couronne de Paris, puisque même les Hauts-de-Seine sont grignotés ; et le NFP est au contact du RN en Seine-et-Marne, dans l’Essonne et le Val-d’Oise.

Il existe en définitive une étonnante homogénéité du vote entre les métropoles, l’ensemble Paris et petite couronne, les grandes villes de l’Ouest, de Caen à Toulouse, en passant par Rennes, Nantes et Bordeaux, mais aussi Lyon, Grenoble, Lille et Strasbourg. Les villes et départements les plus riches de France (au regard de l’IR et l’ISF), Paris, les Hauts-de-Seine, Bordeaux, le nord-ouest de l’agglomération lyonnaise, l’est des Yvelines… se partagent entre le macronisme et désormais les gauches, tandis que les secteurs « populaires » de ces agglomérations sont aux mains des gauches (de Lille aux quartiers nord de Marseille). Seules quelques communes ou circonscriptions proches de Strasbourg, Lille ou Bordeaux échappent au RN, tandis qu’à Rennes, Toulouse et Nantes, comme en Île-de-France, des régions urbaines plus vastes échappent au RN.

Ainsi, aux lignes de partage traditionnelles, forgées depuis des siècles par le rapport des populations à la Révolution, au christianisme et à l’État, se sont surimposés des clivages économiques et migratoires nouveaux issus de la métropolisation récente de l’espace français. Sous le voile bleu du Rassemblement national, qui masque en surface l’ensemble de ces clivages culturels et politico-économiques sous-jacents, la France reste en mode mineur le conservatoire de son opposition historique entre le rouge et le noir, et en mode majeur le champ de bataille entre les relégués de la mondialisation (la France périphérique) et les groupes mondialisés (bourgeois et immigrés) qui ferraillent au sein des métropoles.

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Indonésie: tromperie voilée

Le niqab préserve la « pudeur » des femmes, et l’identité des escrocs


Le port du niqab sert-il toujours à protéger la pudeur des femmes ? Comme beaucoup de jeunes Indonésiens de son âge, AK (dans la presse il n’a été identifié que par ses initiales), 26 ans, est un habitué des sites de rencontre. Sur l’un d’eux, il a noué une relation avec une jeune fille de son âge. Les deux tourtereaux ont fini par se rencontrer sous le regard de Cupidon. Portant le niqab, Adinda Kanza s’est présentée à lui comme musulmane pratiquante, ce qui est loin de déranger le jeune amoureux qui considère ce vêtement traditionnel « comme un signe de dévotion à l’islam ».

Après un an d’échanges respectant les règles du prophète Mahomet, le couple a décidé de se marier. La promise, prétendant être sans famille, a opté pour une simple cérémonie organisée chez AK après qu’elle a apporté une dot de cinq grammes d’or. Cependant, une douzaine de jours après leur mariage, AK a commencé à nourrir des soupçons. Son épouse refusant ostensiblement de quitter son niqab à la maison ou d’avoir tout contact sexuel sous divers prétextes fallacieux, il a fini par enquêter et découvrir l’impensable. Les parents de son épouse étaient bien vivants, en bonne santé, et n’étaient pas au courant de ce mariage. Pire encore, AK est tombé des nues lorsque ceux-ci lui ont révélé que celle qu’il avait épousée était en réalité un homme, se travestissant depuis quatre ans. La police a immédiatement placé en détention la fausse jeune femme, en expliquant que cette dernière avait tout planifié pour voler les biens de son époux. Son imposture était facilitée par sa voix aiguë et, surtout une fois maquillé, des traits du visage remarquablement féminins. Inculpé(e) pour fraude, elle/il risque jusqu’à quatre ans de prison.

Le port du niqab, qui n’est pas traditionnel en Indonésie, y connaît une popularité croissante que même la leçon de l’histoire d’AK ne freinera pas.

En Nouvelle-Calédonie, le feu continue de brûler

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Lors de la fête nationale, la présidente de la Province Sud (et ancienne Secrétaire d’État chargée de la Citoyenneté), la loyaliste Sonia Backès, a estimé que le «destin commun a échoué» avec les indépendantistes. Elle pense que les deux camps antagonistes sont irréconciliables.


L’heure est grave en Nouvelle-Calédonie. Les « événements » ayant commencé le 13 mai 2024 ont certes largement perdu en intensité, et les caméras de télévision sont retournées en métropole. Pourtant, comme souvent, c’est après que les choses les plus sérieuses commencent : les événements les plus spectaculaires sont rarement les plus significatifs.

Dans une conférence de presse tenue le 15 juillet, Sonia Backès, présidente de l’Assemblée de la province Sud de la Nouvelle-Calédonie, a évoqué l’autonomisation des provinces et un nouveau contrat social. Une intervention qui a fait réagir dans l’archipel et à Paris tant cela pose la question de l’unité de l’île et de ses habitants.

Pour les observateurs de la situation locale, ce qui est en train de se passer est en réalité beaucoup plus grave que les blocus, les pillages et même les morts (une dizaine) depuis deux mois. Il est possible – en tout cas c’est une hypothèse à prendre avec le plus grand sérieux – que le rideau de l’Accord de Nouméa, déjà bien abîmé il est vrai, se soit déchiré sur l’île : autrement dit, que la conscience se soit faite que le « vivre-ensemble » entre indépendantistes et non-indépendantistes était en réalité une vue de l’esprit.

Des tensions toujours aussi vives

En parallèle pourrait se dérouler un événement politique aussi majeur qu’invisible : le départ progressif des Calédoniens d’origine européenne, à commencer par ceux, extrêmement nombreux, dont les racines sur l’île sont récentes (les « z’oreilles », par opposition aux Caldoches, de bien plus vieille souche, qui ont souvent des ascendances mêlées et dont le rapport à la France est beaucoup plus complexe qu’on ne l’imagine en métropole). Un tel exode donnerait aux indépendantistes ce que les trois référendums leur avaient dénié : une majorité, à moyen terme, dans les urnes.

C’est à cette aune qu’il faut comprendre le récent et important discours de Sonia Backès, présidente de la province Sud – la province la plus riche, structurellement anti-indépendantistes, et où les Européens d’origine dominent – à l’occasion de la fête nationale. Avec la liberté de ton pour laquelle elle est connue, mais en ayant nous semble-t-il franchi un cap depuis le début des événements à la fois dans la forme et le fond de ses propos, la chef de file des anti-indépendantistes a pris acte de cette cassure entre deux camps antagonistes (deux « sensibilités politiques » et à vrai dire deux « civilisations »), ainsi que de ce possible exode, suggérant de la manière la plus claire que l’esprit de Nouméa était mort. Il n’y a pas de « destin commun » possible, quoiqu’ait pu en penser la gauche romantique d’alors (MM. Jospin et Christnacht). Tout au plus pourrait-il y avoir une cohabitation pacifique sur une même terre, une forme de développement séparé qui est celui que les Accords de Matignon-Oudinot (1988, dix ans avant celui de Nouméa) avaient tenté de matérialiser, à la suite du compromis historique entre Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou.

Un « développement séparé » ?

Le mot de « développement séparé » est employé par nous, non par elle. Le but est de mettre aussi directement que possible les pieds dans le plat : car développement séparé, bien sûr, est la traduction française habituelle de l’afrikaans « apartheid » ; et c’est bien de cela dont elle sera accusée. Mais il ne faut jamais céder au terrorisme des mots. Si la cohabitation joyeuse et « créolisée » des individus et des peuples est impossible, alors il nous faut renoncer au romantisme. Or, le moins que l’on puisse dire est que la situation insurrectionnelle de l’île et, surtout, les déploiements de haine à l’égard de l’autre des deux côtés tendraient à suggérer que ce que soit le cas. Les êtres humains, les collectivités politiques et les peuples sont infiniment plus complexes que la doxa pseudo-humaniste qui a dominé depuis plus d’un demi-siècle ne le suggère.

La question soulevée par Mme Backès est infiniment sérieuse et ne saurait être rejetée par simple moralisme.

À ceux qui voudraient la neutraliser à l’aide de références historiques infâmantes, on ne pourrait que demander ce qu’ils proposent en retour. Un Accord de Nouméa-II signé sur les ruines fumantes de Nouméa (la ville) et de Nouméa-I (l’accord) ? Revenir à la case départ d’un processus qui a démontrablement échoué ? Une question sérieuse doit faire l’objet d’une réponse sérieuse, et celle-ci l’est infiniment. L’heure est grave.

Les problèmes de Nouméa sont aussi ceux de Paris

Il ne s’agit pas en ces quelques lignes de proposer une solution : ce ne serait pas non plus sérieux. On se contentera de remarquer que les questions qui se posent là-bas sont très exactement les mêmes qui se posent déjà en métropole, et vont se poser avec une acuité de plus en plus grande dans les années et décennies à venir : comment faire tenir ensemble une société constituée de personnes pour qui les affiliations ethniques et religieuses (« ethnoculturelles » dans un sens large) sont diverses, divergentes, voire potentiellement hostiles ; mais qui comptent pour les personnes en question peut-être d’autant plus que la doxa républicaine leur répète incessamment qu’elles ne devraient pas (puisque nous sommes tous égaux sans distinction etc., etc.) ? Cette question est peut-être la plus importante à se poser à nous, d’abord à Nouméa puis à Paris. Le jacobinisme ayant montré l’étendue de son échec, on pourrait attendre de ses partisans une certaine retenue, et qu’ils laissent une chance à des visions beaucoup plus communautaires (« communautariennes », puisque le mot « communautaristes » semble être devenu un gros mot, sans qu’on ait bien compris pourquoi). Dans une certaine mesure, d’ailleurs, la Nouvelle-Calédonie s’était engagée sur cette voie, mais sans doute de manière très maladroite et inadaptée : il n’est pas certain, pour le dire simplement, que ce dont les Kanaks aient besoin soit d’un droit distinct des contrats ou de la responsabilité civile, comme la République le leur a concédé. Nous avons, quoi qu’il en soit, besoin d’une réflexion profonde sur ce qu’on pourrait appeler la France post-jacobine : cette réflexion commence à Nouméa, mais ne s’y arrêtera certainement pas.

A relire: Nouvelle-Calédonie: émeutes sociales, politiques ou raciales ?

En revanche, il y a un aspect du discours de Mme Backès auquel il convient de marquer une opposition claire : c’est celle de la provincialisation de l’île. Derrière le terme technique d’« autonomisation des provinces » se cache une réalité relativement simple : couper très largement entre elles – politiquement, financièrement, économiquement, socialement, et donc inéluctablement culturellement et humainement – les trois provinces de l’archipel : la province Sud, riche et européenne ; la province Nord, pauvre et kanake ; et les îles Loyauté (celles où eurent lieu en 1988 la prise d’otages d’Ouvéa), également pauvres et autochtones.

Le danger des ingérences étrangères

La tentation d’une telle proposition, nous la comprenons intimement. La province Sud, aux mains des Européens, est fonctionnelle. Elle paye pour les deux autres qui, aux mains des Kanaks, sont dysfonctionnelles et, non contentes d’être financées par « Nouméa la Blanche » et d’être considérablement surreprésentées au Congrès de Nouvelle-Calédonie, mordent constamment la main qui les nourrit, accusée d’être colonialiste. Pour comprendre l’étendue du problème, il suffit d’emprunter l’une des routes qui coupent l’île dans le sens de la largeur, du Sud vers le Nord.

Nouméa, 15 mai 2024 © Nicolas Job/AP/SIPA

Au moment où on change de province, au milieu des montagnes, la route à l’occidentale de la province Sud devient une voie digne du tiers-monde au Nord.

La tentation, après des décennies d’efforts, d’envoyer ces gens se faire voir est à la fois humaine et compréhensible.

Elle n’en demeure pas moins profondément erronée. Les raisons n’en sont pas difficiles à percevoir, même si elles sont plus faciles à admettre quand on n’est pas directement confronté, sur place, aux « événements » qui s’y déroulent (et dont on ne voit pas d’issue facile, au-delà d’un apaisement bien superficiel quand la fatigue gagnera les combattants).

Un vrai enjeu politique

La raison la plus évidente est d’ordre politique. La province Nord et les îles Loyauté – entités administratives au demeurant parfaitement artificielles, notamment la ligne de partage entre le nord et le sud de la Grande-Terre) – font tout autant partie de la France que la province Sud. On n’abandonne pas des territoires, pas plus là-bas qu’à Mayotte ou en Seine-Saint-Denis, parce qu’ils sont principalement source d’ennuis (ce qu’en un sens ils sont, mais pas que évidemment). C’est une question de principe à laquelle aucune statistique ne pourrait être opposée.

La seconde raison est d’ordre géopolitique. Certes, personne ne parle à ce stade d’indépendance des deux provinces majoritairement autochtones, mais il est parfaitement évident que plus on les coupera du Sud, de Nouméa, de la France, des richesses, de l’administration, etc., plus on les abandonnera à elles-mêmes (c’est l’objectif à peine déguisé) ; et plus on les abandonnera à elles-mêmes, plus on les livrera à des puissances étrangères qui ne nous veulent aucun bien. Comment croire que la Chine, qui lorgne déjà sans se cacher sur notre joyau d’outre-mer ; mais tout aussi bien l’Azerbaïdjan, dont on sait désormais le rôle qu’il joue dans la déstabilisation de la région, peut-être au profit de la Russie ; ou d’ailleurs l’Australie, dont la jalousie demeure tenace même si elle s’exprime moins ouvertement que par le passé, ne s’engouffreraient pas immédiatement dans la brèche ? Le déficit de la province Nord sera réglé par Pékin, qui en retour hypothéquera ses immenses ressources (minières, halieutiques, etc.) : le scénario est tellement bien rôdé dans la région qu’on se sent gêné de devoir même le rappeler. Inutile de dire que les biens hypothéqués ne sont jamais revus.

Non seulement une Nouvelle-Calédonie réduite, de facto, à sa province Sud, ne serait plus la Nouvelle-Calédonie, et n’aurait plus pour la France qu’une fraction de son intérêt géostratégique existant, mais on voit mal comment elle demeurerait viable à plus long terme. Vu la difficulté qu’a la République à maîtriser ce territoire aujourd’hui, on ne place guère d’espoir dans ses chances une fois que d’autres seront sur place.

Une territorialisation sans logique

La troisième raison est qu’il n’y a pas de logique intrinsèque à cette territorialisation. Mme Backès parle de laisser les deux « sensibilités politiques », et derrière elles les deux « civilisations », faire l’expérience de leur développement (séparément, donc). Certes, la province Sud est largement européenne et anti-indépendantiste, là où la province Nord et les îles Loyauté sont essentiellement autochtones et indépendantistes. Mais, d’une part, laisser la province Sud faire la démonstration de son évidente supériorité ne réglera rien à long terme ; surtout, l’équivalence implicitement dressée entre provinces et considération ethno-politiques est extrêmement simpliste. Il y a un quart des habitants de la province Nord qui ne sont pas recensés comme Kanaks (ce qui statistiquement correspond à la proportion de non-indépendantistes) : il est moralement inacceptable de les abandonner à des gouvernants incompétents, au motif que ce serait là le modèle de développement qu’ils auraient choisi. Quant au Sud, les Européens n’y sont qu’en très relative majorité ; les personnes recensées comme kanakes forment un gros quart de la population, et celles venues de partout ailleurs – les éternelles oubliées, originaires de Wallis-et-Futuna, des autres îles du Pacifique, de Java, du Japon, d’Indochine, de Kabylie, des Antilles même – un gros tiers.

La province Sud n’est pas la Nouvelle-Calédonie européenne : c’est, pour le dire brutalement, la Nouvelle-Calédonie beaucoup plus fonctionnelle parce que les Kanaks n’y ont pas le pouvoir.

Ce n’est pas du tout la même chose. Ce qu’il faudrait espérer, ce n’est pas une sécession de ceux qui se portent encore relativement bien ; c’est de trouver le moyen d’étendre ce modèle de développement au reste de l’archipel. Cela impliquerait sans doute de revenir sur beaucoup des idées romantiques de l’Accord de Nouméa, qui pensait que beaucoup d’amour et de générosité financière à sens unique pouvait être la solution à tout, et notamment sur la surreprésentation (dans une mesure proprement scandaleuse) des provinces majoritairement kanakes et indépendantistes, et une péréquation parfaitement déresponsabilisante à leur égard. Pour le dire là encore très brutalement, l’erreur a été de « donner » les deux petites provinces de l’archipel aux Kanaks, dans l’espoir de satisfaire leur désir de pouvoir. C’est là-dessus qu’il faudrait revenir.

Les problèmes soulevés par Mme Backès et les loyalistes sont donc aussi réels que profonds. Ils méritent qu’on s’y intéresse en vérité, loin des slogans permettant de se donner bonne conscience à peu de frais, que nous voyons partir en fumée devant nos yeux.

La manière de faire coexister des populations ethnoculturellement diverses, voire dans certains cas hostiles, est la question fondamentale qui va se poser à la France, et se pose déjà avec une acuité particulière en Nouvelle-Calédonie. Mais la réduire à une dimension territoriale n’est pas juste ; elle est même dangereuse.

Elle est d’ailleurs une manière de contourner la question qui est plus importante et plus difficile, celle de la cohabitation de ces groupes sur un même territoire. C’est à celle-ci qu’il convient de réfléchir. La chose est complexe et délicate, mais elle est désormais urgente : il en va de la survie, à moyen terme, tant de la Nouvelle-Calédonie que de la France tout entière.

Source : Conflits

La gauche «victorieuse» avoue des connivences politico-médiatiques et tolère un racisme anti-blanc décomplexé

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De gauche à droite, les députés d'extrème gauche Clémentine Autain, Marine Tondelier et Ian Brossat, Montreuil, 18 juin 2024 © ISA HARSIN/SIPA

La France s’enfonce toujours plus loin dans l’abime racialiste


Quel spectacle désolant ! Compromissions, tripatouillages et magouilles à tous les étages. Et des hectolitres de moraline pour nous enrober tout ça. Représentants politiques, sportifs millionnaires, magistrats syndiqués et artistes subventionnés se sont plu à se faire peur en criant de concert au loup fasciste. Les médias aux ordres du pouvoir et l’audiovisuel public gauchisant ont déversé leurs mensonges et ignoré pareillement la vie des Français sacrifiés à leurs désirs sociétaux, diversitaires et immigrationnistes, en particulier ces Français de la France périphérique qu’ils méprisent, tous, de tout leur cœur.

Que la fête recommence !

L’affront républicain a parfaitement fonctionné. Nombre d’électeurs ayant voté pour Ensemble ou le NFP se plaindront d’ici peu du pouvoir d’achat continuant de dégringoler, de l’UE continuant d’imposer à la France ses diktats, de l’immigration continuant de nous submerger, de la désindustrialisation continuant de plonger le pays dans la dépendance économique et le chômage, des oukases écologiques retardant la relance du nucléaire ou promouvant la décroissance, etc. Nous leur rappellerons alors durement que, au nom d’un « barrage républicain » carnavalesque, ils ont voté pour des formations politiques ayant décrété que la France était bonne à jeter aux ordures. Européistes fédéralistes, davosiens mondialistes, écologistes radicalisés ou immigrationnistes, islamo-compatibles ou non, tous ne pensent qu’à désagréger notre pays. Pour ce faire, les uns ont choisi d’accélérer le remplacement de son peuple historique – comprenant les Français dits de souche aussi bien que des descendants d’immigrés parfaitement intégrés – en augmentant l’immigration sous tous les prétextes possibles, y compris le prétexte climatique. Les autres ont décidé de satisfaire les « élites » (financières, politiques, médiatiques, artistiques) dont ils se targuent ou envisagent de faire partie et qui sont à l’abri du besoin et des conséquences d’une immigration communautariste et islamisante. S’ajoutent à ces funestes motivations les marécageuses tractations nécessaires à la survie politique d’arrogants vieux chevaux centristes ou de dispensables éléphants socialistes et à l’émergence de nouveaux politicards professionnels, avides des privilèges que seule une République corrompue peut offrir d’une manière si dispendieuse.  

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LFI est satisfaite. Il y a de quoi. Malgré un antisionisme antisémite de plus en plus brutalement affiché, malgré les violences staliniennes internes, malgré des propositions économiques plus démagogiques les unes que les autres, malgré des candidats flirtant avec un fascisme si souvent attribué au camp d’en face, le mouvement mélenchoniste a mis au pas ses « alliés » et a su tirer son épingle du jeu électoraliste. « Aujourd’hui, nous nous préparons à gouverner, nous nous préparons à appliquer le programme qui est le nôtre », assure Manuel Bompard. De son côté, l’apathique Olivier Faure justifie l’accord luciférien avec LFI et le NPA : le PS a doublé le nombre de ses députés, l’anesthésiant François Hollande est de retour, l’ex-ministre macroniste Aurélien Rousseau rentre au bercail. Ce dernier avoue sur son compte X devoir sa victoire aux castors des médias privés et publics : « Ma gratitude à la presse, je pense en particulier à la PQR, aux antennes de France bleue, et au journal Le Monde, mais aussi La Croix, Libé ou l’Humanité. Leur travail a été indispensable et à la hauteur de ce moment historique. Une presse libre et de très haut niveau (sic). » Une certaine connivence politico-médiatique est étalée sans vergogne au grand jour. Il est vrai que les médias français « libres » n’ont pas fait dans la demi-mesure pour « barrer la route à l’extrême droite ». Pour s’en convaincre, il suffit, par exemple, de comparer le traitement des informations visant les brebis galeuses du RN et celui concernant les antisémites, fichés S et autres barbouzes du NFP. Si l’on a les nerfs assez solides, on peut aussi réécouter la radio publique, France Inter en tête : quinze jours de messages plus ou moins subliminaux, d’éditoriaux politiques partisans, de journaux masquant les « faits divers » pouvant accréditer l’idée d’une insécurité grandissante, d’analogies historiques douteuses, etc. Du travail propagandiste d’orfèvre, digne de celui de sa consœur télévisuelle, France TV. Ailleurs, sur le plateau de BFMTV en l’occurence, interrogée par l’impayable Benjamin Duhamel, Clémentine Autain a elle aussi chaleureusement remercié les médias qui, face au danger que représenterait le RN, « ont changé de braquet » et ont ardemment contribué à la victoire du NFP. Cette gauche se croit décidément tout permis : l’écologiste Marie-Charlotte Garin, élue dans le Rhône, ne s’est pas gênée pour révéler ses visites réitérées dans une école primaire du 7ème arrondissement de Lyon et exhiber devant la presse, comme si cela allait de soi, une fresque fabriquée par des bambins de 6 à 9 ans très en avance sur leur âge. « Vous êtes la meilleure députée », ont écrit les uns, tandis que d’autres ont gribouillé, sans l’aide de leur maîtresse, paraît-il, d’éloquents messages pour « combattre le RN » et en finir avec « les racistes et les fascistes ». Cette calamiteuse anecdote confirme au passage que l’école n’est définitivement plus le lieu de la transmission des savoirs mais bien celui du bourrage de crâne idéologique.

Les « antiracistes » triomphent

Il paraît que, depuis quelque temps, la « parole raciste se libère ». Rokhaya Diallo a récemment corroboré cette impression. Sur le plateau de BFMTV, face à un Charles Consigny atterré et un Manuel Bompard conciliant, la journaliste woko-racialiste a en effet estimé qu’il y avait trop de Blancs – ou, pour le dire à sa manière, « pas assez de personnes non-blanches » – sur la première photo de famille du NFP. Elle a été « éblouie » par tant de blanchité étalée. La victoire du NFP – qui vaut, aux yeux de Mme Diallo, soumission aux thèses racialistes et diversitaires qu’elle promeut, et lui permet de tenir éhontément des propos racistes sur un plateau télé – devrait accentuer le sentiment anti-français qui corrompt les rangs de la gauche et de l’extrême gauche, ainsi que le racisme anti-Blanc qui croît dans notre pays et dont Mme Diallo se moque comme elle se moque de Charles Consigny, ce « pauvre petit chou » qui ose s’opposer à sa conception raciale de la société. Entre les deux tours des élections, dans The Guardian cette fois, Rokhaya Diallo n’a pas manqué de comparer, comme c’est original, le RN au « régime collaborationniste de Vichy », et de louanger, comme c’est bizarre, LFI et sa « position claire contre l’islamophobie dans un contexte où l’hostilité envers les musulmans en France est normalisée (sic) ». L’article est globalement une lourde charge contre la France – Mme Diallo est coutumière du fait. Cette militante woke n’aime pas la France, ce « pays très vieux, très lent à bouger et très petit dans le monde » dans lequel une « vieille élite blanche ne supporte pas de voir ses privilèges lui échapper » (Libération, 26 octobre 2010). Elle qui n’avait déjà pas sa langue vénéneuse dans la poche, profite de la victoire du NFP sous la férule de LFI pour libérer totalement sa parole et laisser apparaître, sous le vernis de l’antiracisme politique, un racisme anti-blanc plus ou moins maquillé. Sur Sud Radio, André Bercoff a demandé à ses auditeurs d’envisager ce qui se serait passé si quelqu’un avait déclaré dans les médias que la photo de l’équipe de France de football est « un peu sombre ». Imaginez les cris d’orfraie que la gauche politico-médiatique aurait poussés si cette même personne avait affirmé, hilare, que cette photo lui a « obscurci » la vue ! Dans le cas présent, wokisme oblige, Mme Diallo a pu tenir un propos raciste sans avoir à subir les foudres des ligues antiracistes ou de la gauche bien-pensante. 

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La parole raciste se libère également du côté de Mediapart qui n’hésite pas à publier un article intitulé « Malgré des efforts à gauche, l’Assemblée reste blanche, bourgeoise et éloignée de la société mobilisée (sic) » dans lequel les journalistes comptent les « député.es racisé.es » de chacune des formations politiques. Aucun journaliste moralisateur du Monde, de Libération, de La Croix ou de l’audiovisuel public n’a trouvé à redire à ce racisme décomplexé. Dans Le Figaro, Michaël Sadoun relève en revanche cette donnée « symptomatique de la métamorphose de la gauche », à savoir, conséquemment à un accueil débridé des théories racialistes issues des universités et des associations antiracistes américaines, la tentation d’appliquer en France une discrimination positive officielle en faveur des « non blancs » dans les lieux de savoir et de pouvoir et, donc, de juger « les personnes selon leur appartenance plutôt que sur leur mérite », le but étant bien sûr de remplacer autant que faire se peut tous ceux qui sont considérés par les idéologues wokes et les islamistes comme des dominants et des privilégiés : les Blancs et les « super-Blancs » (les Juifs). Sur la scène de ce théâtre lugubre, Mme Diallo et l’extrême gauche jouent la même pièce révolutionnaire, racialiste (et raciste), antisioniste (et antisémite), immigrationniste et multiculturaliste. Côté cour, la nomenklatura bruxelloise, toujours empressée de mettre au pas les peuples qui ne veulent pas mourir, applaudit et préconise plus d’immigration tout en laissant – quand elle ne l’épaule pas – l’islam politique s’installer sur le continent. Côté jardin, les Frères musulmans rient dans leurs barbes en regardant ce spectacle et en se préparant à entrer définitivement en scène. Ils savent que la France est à l’agonie et que plus rien ne pourra la sauver. Trop d’ennemis se sont liés contre elle depuis un demi-siècle. Les ennemis de l’intérieur lui ont d’ailleurs fait le plus grand mal – mal sournois, incurable, inoculé au nom de « valeurs républicaines et démocratiques » dévoyées, derniers oripeaux moraux d’une gauche décharnée qui continue pourtant d’imposer sa loi destructrice. Et de nous pousser, inéluctablement, vers l’abîme.

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L’erreur de Huntington

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Femmes musulmanes vêtues d'habit traditionnel hijab ou abaya sur un marché et dans une rue de la Sarthe, 11 juillet 2024 © SICCOLI PATRICK/SIPA

En 1996 paraissait l’essai de Samuel Huntington, Le Choc des civilisations. À en croire l’auteur, la fin de la guerre froide, bien loin d’asseoir la suprématie américaine, comme l’avait cru Francis Fukuyama (La Fin de l’histoire, 1991), a contribué à déplacer les conflits. Non plus sur un axe est-ouest, mais selon un axe nord-sud ; non plus sur des bases économiques, mais sur des bases idéologiques, en particulier religieuses. Notre chroniqueur revient sur l’intuition géniale de Huntington, et en propose un correctif important : il n’y a pas de clash des civilisations, mais un conflit entre la civilisation et la barbarie. Une affirmation dont nous lui laissons courageusement la responsabilité.


Ce qui caractérise les grandes idées, c’est que même quand on en a repéré les failles, voire la faillite, elles restent de grandes idées. L’analyse marxiste de l’aliénation — reprise de celle que faisait La Boétie dans son Discours de la servitude volontaire, publié en 1576 — me revient à l’esprit chaque fois que je croise une femme voilée (soit, à Marseille, une fois toutes les cinq secondes). L’Origine des espèces de Darwin est sans doute entachée d’erreurs, mais les hypothèses du naturaliste sur la sélection naturelle se vérifient à chaque seconde en regardant des gosses dans une salle de classe remonter vers le singe à grands coups de « wesh ! » « wesh ! ». On peut se gausser de Freud, expliquer que les romanciers avaient déjà décortiqué le cerveau humain — mais l’évidence du substrat obsessionnellement sexué dans la conscience humaine (la mienne, en tout cas) est confirmée dans le conscient comme dans l’inconscient. Que le Moi ne soit pas maître dans sa propre maison, ou que quoi que l’on tente avec ses enfants, on fasse mal, n’a même plus besoin d’être démontré — surtout quand on regarde les enfants d’une classe à Marseille…
Et comme l’ont expliqué en leur temps Copernic ou Galilée, la Terre n’est pas plate et tourne autour du soleil. N’en déplaise aux littéralistes des religions auto-révélées.

Le professeur d’Harvard de sciences politiques Samuel Huntington (1927-2008), photographié en Allemagne en 2005 © THIEL CHRISTIAN/SIPA

Samuel Huntington, avec son Choc des civilisations en 1996, a magnifiquement senti la ré-orientation des conflits à l’échelle planétaire. Non plus la conquête maniaque de territoires frontaliers (en cela la guerre russo-ukrainienne n’est rien qu’une survivance du passé), mais le grignotage patient de l’Occident par des civilisations extérieures, un jeu de go à grande échelle où le conquérant place des jetons pour s’accaparer des espaces.

Mais alors, où est l’erreur de Huntington ? En cela qu’il ne s’agit pas par exemple de choc de civilisation, mais de l’affrontement entre une civilisation — la nôtre — et une non-civilisation, l’islam.

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L’idée m’est venue il y a longtemps, en visite à Grenade. L’Alhambra est le sommet architectural des conquérants islamistes de la péninsule ibérique, qui avaient tenté de remonter au-delà des Pyrénées — une obsession qui ne les a pas quittés. C’est très joli, l’Alhambra. Un beau témoignage d’Al-Andalus, ce mythe forgé de toutes pièces pour inventer un paradis perdu à des conquérants sanguinaires — voir le livre de Serafín Fanjul (2017). Mais à l’époque où les artisans arabes travaillaient joliment la terre cuite et l’émail dans le sud de l’Espagne, les artistes occidentaux couvraient l’Europe de cathédrales.

C’est que l’art occidental est l’héritier des Gréco-Romains, qui ont façonné la civilisation occidentale bien avant qu’un chamelier harcelé de soleil crût entrer en relation avec un dieu d’amour qui conseille de massacrer les impies et d’épouser des petites filles.
Un exemple ? L’évolution du statut de la femme, en Occident, est un marqueur de notre civilisation. Le maintien de la femme dans une infériorité de principe, dans l’idéologie islamique, est un marqueur de barbarie.
Contre-exemple : les immigrés d’origine asiatique n’hésitent pas à s’intégrer, à s’assimiler : ils viennent de ce que Huntington appelle « la civilisation sinisante », une vraie civilisation qui n’a rien à craindre de la nôtre — et qui ne tente pas, pour le moment, de nous supplanter. C’est ainsi que Léa Cho, Coréenne cannoise de 16 ans, vient d’obtenir un double 20 / 20 à l’Épreuve Anticipée de Français.

En vérité, je le dis très solennellement à mes collègues enseignants : il n’y a pas à respecter les croyances fanatiques d’élèves englués dans la barbarie. Nous devons, à chaque instant, appliquer le programme de Voltaire : Ecrasons l’infâme — c’est-à-dire la superstition et le fanatisme, les croyances erronées, et tous les signes extérieurs de ces croyances. Quand un néo-député LFI, Rodrigo Arenas, ex-président de la FCPE, propose d’annuler le décret interdisant l’abaya, on voit qu’il est encore fécond, le ventre qui a enfanté la bête immonde…

Je sors fin août un essai intitulé L’Ecole sous emprise dont je me permets de recopier ici la quatrième de couverture, comme on dit :
« Samuel Paty, professeur d’histoire décapité en 2020… Dominique Bernard, professeur de Lettres poignardé à mort dans son lycée d’Arras en 2023… Et tant d’autres menacés, insultés, agressés chaque jour dès qu’ils s’avisent de heurter les certitudes mortifères des élèves et de leurs parents.
« Pour les enseignants, l’école se fait désormais la boule au ventre, sous le regard suspicieux de mouvances religieuses radicalisées, soutenues parfois par les enseignants eux-mêmes.
« Alors que l’École publique traverse une crise multiforme, Jean-Paul Brighelli plaide en faveur d’un système éducatif restauré et d’une laïcité intransigeante pour contrer l’emprise de l’entrisme islamiste.
« Les enseignants doivent retrouver le droit d’instruire enfants et adolescents contre leurs propres convictions, sans s’autocensurer. Est-il vraiment trop tard, face aux réseaux infiltrés du fanatisme, pour ressusciter ces « hussards noirs de la République » que furent jadis les instituteurs ? »

L’École est le champ de bataille final. Si nous courbons la tête, si nous laissons le moindre interstice aux affirmations mensongères et aux attitudes mortifères de gosses fanatisés, nous sommes perdus. Si dans la rue, nous autorisons l’expression de la barbarie, nous sommes foutus. Si nous continuons à financer les organisations « culturelles » de gens qui haïssent la notion même de culture, nous sommes morts.

Huntington avait raison : les conflits sont désormais entrés en phase chaude. Il avait tort, ce n’est pas une civilisation contre l’autre, mais un coin que des ignorants tentent d’insérer dans le pays qui les reçoit, qui les assimilerait s’ils le désiraient, mais qui doit les repousser comme un organisme chasse un corps étranger qui cherche à l’infecter.

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Tour de France sous la canicule: la cuite monumentale de Zaaf

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Tour de France, 16 juillet 2024 © Zac Williams/SWpix.com/Shutterst/SIPA

Un Tour sans sa journée de canicule ne serait pas vraiment un Tour ! Cette 111ème édition a connu la sienne mardi – probablement pas l’unique d’ici Nice, son terme, si l’on en croit la météo – lors de la 16ème étape Gruissan-Nîmes. Mais à la différence d’autrefois, la chaleur n’a eu aucune conséquence sur le déroulement de la course.

Boire un petit coup, c’est agréable

Les Tours d’antan ne disposaient pas de l’impressionnante logistique des actuels pour ravitailler les coureurs en boisson fraîche. Un coureur consomme en moyenne dans une étape comme celle de mardi entre 15 et 20 bidons d’eau (avec parfois quelques additifs), soit entre 10 et 13 litres. Les directeurs sportifs embarquent dans leurs deux voitures suiveuses pas loin de 150 bidons stockés dans des glacières. Ils en font aussi distribuer d’autres par des assistants disposés le long du parcours dans les endroits prévus par l’organisation.

Alors, autrefois, jusqu’aux années 60, les équipiers, dits porteurs d’eau, ne disposant pas de cette assistance pour étancher la soif de leur leader, se livraient à « la chasse à la canette ». Cela consistait à débouler en groupe dans les bistrots situés sur l’itinéraire et à se livrer à une razzia de tout ce qui était buvable, alcoolisé ou pas. Certains ladres tenanciers envoyaient la facture à l’organisation, en vain. Quant aux spectateurs compatissants, ils tendaient des bouteilles qui contenaient assez fréquemment du vin, surtout dans les régions vinicoles du sud.

C’est ainsi que ces « chasses à la canette » ont été sources de rocambolesques, épiques, cocasses, péripéties qui ont longtemps alimenté « la légende des cycles ». En voici une, la plus mémorable de toutes :        

C’était la 13ème étape du Tour 1950, disputée un 28 juillet, un jour de cagnard. Le thermomètre indiquait quelque chose comme 40°C bien qu’à l’époque le dérèglement climatique ne s’était pas encore manifesté. Le départ avait été donné à Perpignan et l’arrivée était jugée à Nîmes, comme celle de ce mardi.

Abdel-Kader Zaaf en juin 1952. DR.

Le Tour se disputait par équipes nationales et régionales. L’Algérie était alors française. Elle disposait en conséquence d’une équipe baptisée Afrique du Nord composée à la fois de Pieds-noirs et de musulmans à parité dont un certain Abdel-Kader Zaaf, à deux reprises champion de France amateur entre autres mérites.

Le pays de la soif

Ce jour-là, il s’échappe avec son coéquipier Pied-noir, Marcel Molinès. Bien que rompus à courir sous un soleil de plomb, les deux fuyards ont la pépie, et l’étanchent avec les boutanches que le public leur tend. Et que contiennent-elles ? Du pinard, du jaja surtout blanc. On était dans une région où on faisait pisser la vigne et elle pissait ce qu’on appelle aujourd’hui des vins de soif, de la piquette quoi.

Malédiction que ces boutanches tendues généreusement ! Ne buvant pas d’alcool ainsi que le prescrit sa religion, Zaaf à qui la victoire d’étape semblait promise glougloute aux goulots un max et se ramasse une cuite monumentale. Dans un virage, il fonce tout droit et percute un de ces platanes qui ornaient les routes de l’époque. Il est groggy ; un groupe de vignerons du coin se précipite à son secours, l’asperge du contenu d’un sceau dont on dira plus tard avoir été du vin (ce détail invérifiable servira d’alibi). Zaaf revient à lui mais ne recouvre pas tout à fait ses esprits. Il enfourche sa bécane et repart… mais en sens inverse. Le public lui hurle qu’il est à contresens. Il prend ces vociférations pour des encouragements et fonce tête baissée dans l’espoir de rejoindre son acolyte d’échappée. C’était une époque où une échappée prenait facilement son quart d’heure d’avance.

Mais, à la sortie d’un virage, au lieu de revoir le dossard de ce dernier, il se retrouve face à la meute du peloton qui fonce sur lui. Coup de frein, chute collective, c’est la pagaille qui vaudra à Marcel Molinès la victoire et à Zaaf de terminer dernier, juste devant la voiture balai mais dans les délais.

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Par la suite, pour lui sauvegarder sa réputation de bon musulman, un journaliste, Jacques Augendre (déjà le politiquement correct !) prétendra qu’il n’était pas bourré. S’il puait la vinasse, c’est parce que le contenu du sceau qui lui fit reprendre conscience contenait du pinard, pas d’H2O.

D’accord, mais alors s’il n’était rond pas comme un petit-pois pourquoi est-il reparti en sens inverse ? Pourquoi a-t-il pris pour encouragements les vociférations d’un public qui n’en croyait pas ses yeux : on n’avait jamais vu dans une course un échappé rebrousser chemin pour réintégrer le peloton. Ce fut la première fois et la dernière de l’histoire du Tour.

En tout cas, ce déboire sera son aubaine. Il lui vaudra une gloire que ne lui aurait pas rapportée la victoire d’étape. Tous les organisateurs de critériums d’après-Tour où les coureurs se faisaient un joli bouquet d’oseille voudront l’avoir à l’affiche. Tout le monde veut voir le phénomène… Boire un coup de trop deviendra en Algérie « se faire Zaaf » ou encore « se Zaafer la tronche ».

L’année suivante, le seul Tour qu’il terminera sur les quatre auxquels il participa, il aura l’astuce de le terminer 66ème, dernier du général. Etre la « lanterne rouge » valait son pesant de contrats post Grande boucle. Le dernier était aussi convoité que le premier, certes moins bien payé, mais bien payé cependant. Et souvent, grâce à la complicité tacite du peloton, le dernier du Tour finissait premier du critérium.

«Möbius Morphosis»: parfaitement beau

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© Quentin Chevrier

Avec le Ballet de Lyon, la compagnie d’acrobates XY et la Maîtrise de Radio France, Rachid Ouramdane compose une fresque échevelée à dimension épique.


Une foule impressionnante (vingt-cinq danseurs du Ballet national de Lyon, une trentaine d’acrobates de la Compagnie XY, des dizaines d’adolescents de la Maîtrise de Radio France) surgissant des mille recoins du temple, entièrement vêtue de noir et magnifiquement encadrée par les quatre puissants piliers qui portent les coupoles du Panthéon ; une foule qui subitement se disloque, éclate et jaillit en gerbes à l’instar d’une vaste pièce d’eau dans laquelle on aurait lancé un énorme rocher : les premières images de « Möbius Morphosis » sont superbes.

Quand la forme se suffit à elle-même

Des corps lancés dans les airs, des colonnes humaines qui se dressent comme autant d’appels à l’envol et de défis à la pesanteur, des courses échevelées, des figures de groupes audacieuses, sinon téméraires, qui enchantent fugitivement le regard et qui s’évanouissent avec la même magnificence que des feux d’artifices : ce spectacle chorégraphique a été créé en plein air, à Lyon, au théâtre antique de Fourvière, puis repris sur une esplanade à Annecy, non loin du lac. Mais il n’y a jamais été aussi beau assurément que dans la blancheur néo-classique du temple jadis édifié par Soufflot, encadré par l’architecture puissante de ce Panthéon qui l’exalte et qu’il exalte.

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Il serait vain de vouloir donner un sens à cette débauche de tableaux. Cette chorégraphie, cette mise en scène foisonnante dont on imagine aisément à quelles difficultés prodigieuses de réalisation elles se sont confrontées, ne sont rien d’autres qu’un éblouissant exercice esthétique. Mais si solide et harmonieux, si bien mené, que la forme se suffit à elle-même. Dans cet ouragan, elle sait demeurer noble, sobre, parfois même apaisée, et sait aussi ne pas se perdre dans le superflu, quand bien même, vers sa fin, l’ouvrage se répète et s’essouffle et mériterait d’être amputé d’un bon quart d’heure.  Pour la maison de joaillerie Van Cleef et Arpels qui a soutenu financièrement l’entreprise, c’est un beau cadeau. De même que pour ce festival olympique des Arts dans lequel s’insère « Möbius Morphosis ».

Réticences dissipées

Même si l’on peut comprendre qu’il y ait eu des réticences à voir un temple comme le Panthéon métamorphosé une fois encore en lieu de spectacle (mais cela s’est déjà fait avec des formes bien moins respectables), il est si rare qu’une fresque chorégraphique emplisse si dignement une telle monumentalité que ces réticences ne peuvent, de fait, que se dissiper.

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Certes, Rachid Ouramdane reprend à l’envi des figures qu’il a déjà imaginées pour d’autres productions. Mais pour qui a le bonheur de découvrir ici son travail et pour qui tout est donc parfaitement neuf, l’ensemble est saisissant et ne peut qu’être admiré. Assez facile avec ses effets de voix trop voulus, sa féérie un peu complaisante, la composition musicale électronique de Jean-Benoît Dunckel a toutefois le mérite de n’être pas envahissante et offre même de brefs instants de grâce. Elle n’empêche pas de penser toutefois que des partitions musicales d’une tout autre envergure auraient pu porter certains tableaux à l’incandescence.

Ce n’est probablement pas très avouable dans le cadre du « politiquement correct » qui ordonne qu’ils soient encensés : mais au sein de la nébuleuse d’artistes chorégraphiques « issus de l’immigration » selon la formule consacrée, Rachid Ouramdane est bien l’un des seuls à avoir quelque envergure. 

« Möbis Morphosis » les 17 et 18 juillet à 20h. Panthéon Location Théâtre de Chaillot ; 01 53 65 30 00. Rediffusion sur Culturebox le 23 juillet 2024 en « primetime ».

Le nouveau job de Gabriel Attal

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Plongeon dans l'inconnu ? Le Premier ministre Gabriel Attal visite la grande piscine olympique à Nanterre, 15 juillet 2024 © STEPHANE LEMOUTON-POOL/SIPA

Le gouvernement de Gabriel Attal a finalement bien démissionné, mais il reste en place – avec des prérogatives très limitées. Après son dernier conseil des ministres, hier, Gabriel Attal est chargé de gérer les « affaires courantes ».


Avec Emmanuel Macron et ses bons amis, l’imagination – dans sa forme la plus débridée – est bel et bien au pouvoir. Voilà qu’ils viennent de nous sortir de leur chapeau une catégorie toute nouvelle de personnel politique : le démissionnaire non démissionné. Ou si vous préférez le partant maintenu à demeure, la chaise vide occupée, etc. C’est ainsi que M. Gabriel Attal, Premier ministre ayant présenté sa démission, cette fois-ci acceptée par le boss, se trouve néanmoins confirmé dans le rôle auquel il est cependant censé avoir renoncé, cela très officiellement, dans les formes requises par le règlement.

Job d’été

Le voici installé dans un nouveau rôle, investi d’un nouveau job : celui de non-Premier ministre. Cependant comme il faut bien que quelqu’un paraisse quand même s’occuper peu ou prou du quotidien de la boutique, il est précisé qu’il reste en charge des affaires croulantes du pays. Extrêmement croulantes, en effet, les affaires. Comme chacun sait.

Pour cela, il peut compter encore sur son équipe. Une joyeuse bande de collaborateurs mangés à la même sauce que lui, c’est à dire à la fois dehors et dedans, formant donc en quelque sorte un non-gouvernement. La même chose qu’un vrai, chimiquement pur, sauf que celui est constitué exclusivement, vous l’aurez compris, de ministres qui ne le sont plus, ministres. Je sais, on a du mal à suivre. Mais voilà sept ans que la « pensée complexe » du patron d’en haut ne cesse de nous embrouiller les méninges, de nous donner le tournis.

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Donc, on attend le prochain non-conseil de ce non-gouvernement et les non-décisions que ces non-ministres pourraient encore prendre : la couleur des crayons feutres dans les administrations, la température souhaitable du thé de cinq heures, le quota de billets gratuits pour la grande marade d’ouverture des Jeux olympiques, l’attribution d’un droit d’entrée prioritaire de Mme Nakamura à l’Académie Française avec option pour le Panthéon quand le moment sera venu…

Coup tordu

Mais, finalement, pas si couillon que ça, le petit arrangement en question. Car en réfléchissant bien, je veux dire en tentant de nous hisser au niveau de ces sublimes intelligences, de les rejoindre dans leurs exercices conceptuels de haute volée, il devient clair que M. Attal a réussi là une splendide opération.

Nul n’ignore que le Premier ministre est un fusible entre les mains du président. Le Premier ministre qui, le jour même de sa nomination, doit remettre au président une lettre de démission en bonne et due forme mais non datée, et que, de ce fait, le grand chef à plumes est en droit d’utiliser quand il le souhaite. Or, peut-on démissionner quelqu’un qui l’est déjà ? Assurément non. Ainsi, voilà notre non-Premier ministre absolument non démissionnable, indéboulonnable, du moins ce côté-là. Posé là à vie pour tout dire. Matignon à vie, pensez ! M. Mélenchon en rêvait. M. Attal l’a fait (enfin presque).

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Comment Coca-Cola « dope » les Jeux

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La joueuse de tennis biélorusse Aryna Sabalenka boit un Coca-Cola à Roland Garros, Paris, 5 juin 2024 © Javier Garcia/Shutterstock/SIPA

Partenaire historique des J.O., Coca-Cola, en injectant des millions de dollars, dope financièrement le CIO (Comité international olympique). Revers de la médaille, la firme américaine impose son goût et ses choix…


Dans « Le Miroir des Sports » du 28 janvier 1930, le lecteur tombait sur un article fort de café : « Des études très poussées par l’institut Pharmacologique de Hambourg ont démontré à l’évidence que les effets de la caféine sur les performances des athlètes sont positifs et forts puissants. »

À l’époque la lutte contre le dopage en est à ses balbutiements. En France il faut attendre les années 60 pour qu’elle s’active et le 10 juin 1966, sur la première liste officielle de produits interdits jamais publiée, on trouve la triméthylxanthine, nom scientifique de la… caféine. 16 ans plus tard, en février 1982, le CIO place également la caféine sur la liste des substances illicites (à partir d’un seuil fixé à 15 microgrammes / ml).

Comment en est-on arrivé là ?

Le docteur Jean-Pierre de Mondenard, l’un des meilleurs experts mondiaux de la lutte contre le dopage1, et historien hors pair du sport, a exhumé un entretien qu’Alexandre de Mérode (président de la Commission médicale du CIO de 1967 à 2002) donnait au journal L’Équipe le 16 mai 1983. Mérode y révèle que ce sont des tests effectués pendant les Jeux de Montréal en 1976 qui ont alerté et poussé le CIO à sévir : « Dès Montréal en 1976, nous avons été alertés par des concentrations anormales de caféine. À Lake Placid, ce fut pire et la situation s’aggrava encore à Moscou en 1980. Cela nous a conduits à interdire la caféine, puisque nos méthodes d’investigation le permettaient. »

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Cela pose toutefois un énorme problème. D’image de marque. Pour Coca-Cola. Depuis les jeux d’Amsterdam en 1928, la firme américaine est le sponsor numéro un du CIO (et depuis 1978, partenaire de la Coupe du Monde de foot…). Or son soda contient de la… caféine. La nouvelle réglementation du CIO jette alors un froid. Certes le Coca-Cola n’est pas un produit dopant mais il contient une substance prohibée, ce qui fait mauvais genre pour un partenaire de l’Olympisme.

Alexandre de Mérode est conscient de ce conflit d’intérêts et dans ses commentaires à L’Équipe, il tient immédiatement à ménager la firme américaine :
« Nous ne voulons pas empêcher les athlètes de boire du café ou du Coca-Cola. Nous voulons simplement éviter un usage abusif de la caféine par injections massives dans le corps humain, comme cela se produit actuellement. (…) Nous affirmons que notre intention n’est pas de porter tort à la firme Coca-Cola, ni d’entraver l’utilisation de cette boisson. Nous avons, en effet, fixé le seuil critique d’utilisation de la caféine à quinze microgrammes par millilitre. Cela équivaut à l’ingestion de vingt litres de Coca-Cola dans une journée et à plus de quinze litres de café normalement concentré. »

Il n’empêche, le Coca-Cola reste une boisson dont l’un des composants est un produit interdit… Mais l’ardoise va être effacée. En janvier 2004, l’AMA (l’agence mondiale antidopage, à qui il revient désormais d’établir la liste des produits interdits) supprime de la liste la… caféine ! Coca-Cola a-t-il fait pression pour obtenir cette suppression ?

Une chose est sûre, si la caféine a disparu de la liste des produits interdits, le dopage à la caféine n’a, lui, pas disparu.

Mercredi 18 mai 2005, le bureau de Sydney de l’agence américaine Associated Press publie un communiqué qui tombe comme un pavé dans la mare : « L’Agence mondiale antidopage envisage de remettre la caféine sur sa liste de produits interdits après les propos du capitaine de l’équipe d’Australie de rugby, George Gregan, qui a affirmé en avoir pris pour améliorer ses performances. Le directeur de l’AMA, David Howman, a déclaré aujourd’hui que les informations selon lesquelles Gregan et d’autres athlètes australiens utilisaient de la caféine pour améliorer leurs performances étaient « perturbantes ». »

L’AMA est perturbée mais ne bouge pas. Dans un rapport du 24 octobre 2006, intitulé « Le Sport et un monde en harmonie », le CIO reconnaît pourtant que la caféine a des « propriétés indéniables en matière d’amélioration des performances ».

11 juillet 2022. Alors que le Tour de France bat son plein, le quotidien Ouest-France publie une enquête au titre révélateur : « Le peloton fait-il n’importe quoi avec la caféine ? » ainsi présentée : « La consommation de caféine, aucunement interdite dans le peloton du Tour de France, n’est pas nouvelle. Ni dans le vélo, ni dans d’autres sports. Mais depuis quelques années, elle décolle. À tel point que cela inquiète certains acteurs du cyclisme… »

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14 avril 2024, le quotidien sportif L’Equipe s’interroge sur les nombreuses et violentes chutes qui depuis le début de la saison surviennent au sein du peloton. Parmi les causes évoquées, l’excès de caféine. Le témoignage du coureur Rudy Molard (Groupama-FDJ, 34 ans) est sans sucre à propos de la sur-consommation de café : « On en parle régulièrement entre coureurs parce qu’il n’y a pas de limite et je pense que ça peut jouer sur le caractère agressif de certains… ça a toujours existé mais je pense que les doses qui étaient prises étaient moindres au début de ma carrière par rapport à maintenant. » Mais toujours aucune réaction des autorités compétentes. C’est pourtant un café et l’addiction.

Si Paris 2024 devait être mis en bouteille, cela serait dans une cannette de Coca-Cola !

Avec les millions de dollars que Coca-Cola injecte dans le CIO, la devise olympique s’enrichit d’un qualificatif : «  plus haut, plus vite, plus fort, plus lucratif…  » Et offre à la firme américaine, sinon les pleins pouvoirs, du moins une influence certaine. En 1996, alors qu’Athènes rêvait d’accueillir en Grèce les Jeux du centenaire, le CIO a imposé Atlanta, la ville américaine d’où Coca-Cola gère son empire, le berceau de la maison mère.

Pour 2008, alors que le régime chinois suscitait l’indignation internationale, le CIO a désigné Pékin, à la grande satisfaction de la firme d’Atlanta, soucieuse de prendre pied sur le marché chinois, où elle s’est fait rapidement un allié de poids, l’entreprise Mengniu Dairy, géant des produits laitiers, dont une filiale s’emploie désormais à l’embouteillage du Coca-Cola. Ainsi en 2019, Coca-Cola, associé à l’industriel chinois, a signé avec le CIO un contrat de partenariat qui court jusqu’en 2032, et leur assure l’exclusivité des droits marketing mondiaux. Montant de la transaction ? Top secret. Selon le quotidien britannique Financial Times, Coca-Cola aurait investi dans l’opération 3 milliards de dollars… À ce tarif, la firme en impose… jusque dans la sélection des sports…

À chaque nouvelle olympiade, outre les 28 sports labellisés olympiques (de l’athlétisme à la natation en passant par toutes les autres disciplines traditionnelles), le programme propose de nouveaux sports, des sports dits additionnels, en démonstration, proposés par le pays organisateur, mais validés par le seul CIO. Pour Paris 2024, il y avait quatre places à prendre. Dans cette optique, la fédération de pétanque avait déposé sa candidature, car la pétanque n’est pas seulement un divertissement de vacanciers, c’est aussi un sport international, fédéré dans 165 pays, avec 200 millions de pratiquants, sur les pourtours de la Méditerranée et dans le Maghreb, mais aussi en Asie, notamment en Thaïlande, où il  est très populaire. Las, la pétanque est restée sur le carreau. Les sports validés par le CIO ont été le surf, l’escalade et le skate-board (tous trois déjà retenus aux Jeux de Tokyo en 2021) plus un petit nouveau : le breakdance !

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Fort lucidement, Joseph Cantarelli, alors président de la Fédération française de pétanque et de jeu provençal, analysait les raisons de cet échec : «Comme vous toutes et tous j’accuse ce que nous ressentons comme un «coup dur» qui vient de frapper notre intime conviction de voir les Sports de boules et donc notre sport pétanque entrer, sur nos terres, aux JO de Paris. Comme quoi les critères d’entrée aux JO ne sont plus exclusivement liés aux valeurs fondamentales du sport en tant que tel mais plutôt et de préférence au seul succès médiatique d’un sport ou d’une «pratique» auprès de la jeunesse. » Tout est dit. Si le breakdance a été sélectionné c’est qu’il s’adresse à la jeunesse, la cible prioritaire de Coca-Cola. Et le programme officiel annonce la couleur : « Et si on dansait à Paris au cœur de l’été ? À peine cinq ans après avoir été reconnu en tant que sport de haut niveau en France, le « breaking » s’apprête à faire son entrée triomphale aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Et pas n’importe où. Les 32 athlètes qualifiés – 16 B-Girls et 16 B-Boys s’affronteront en duel les 9 et 10 août prochain sur l’iconique Place de la Concorde. » Place qui sera aux couleurs de Coca-Cola.

Dans ces conditions, la désignation de la chanteuse Aya Nakamura pour la cérémonie d’ouverture et du rappeur Jul pour allumer la flamme à Marseille coulent du goulot d’un soda… C’est moins une volonté politique qu’un choix publicitaire pour satisfaire Coca-Cola, qui dans l’optique des JO a organisé le Coca-Cola Music Tour, une tournée de concerts à travers la France, pour mettre les Jeux en musique et Paris en bouteille.


  1. Voir https://dopagedemondenard.com/ ↩︎

Donald Trump passé du côté cœur…

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Donald Trump et son colistier JD Vance à Milwaukee, 16 juillet 2024. Les partisans du milliardaire leur ont réservé un triomphe et ont scandé "Fight Fight! (« battez-vous ! »), les mots prononcés par M. Trump le poing levé et le visage en sang lorsqu’il s’est relevé après les tirs qui l’ont visé samedi © Julia Nikhinson/AP/SIPA

À Milwaukee, lundi soir, Donald Trump a été accueilli triomphalement à la convention républicaine, au surlendemain d’un attentat qui aurait pu lui couter la vie. Il a annoncé la nomination du sénateur de l’Ohio J.D. Vance1 comme colistier. Le mobile du tireur Thomas Matthew Crooks reste pour l’instant inconnu.


La cause est entendue. Au mois de novembre, Donald Trump sera élu président des États-Unis. À cause de la sénilité intermittente de Joe Biden et du dernier débat entre eux, qui l’a vu sombrer. Grâce à, si j’ose dire, la tentative d’assassinat dont Donald Trump a été victime et qui à un centimètre près aurait pu être mortelle.

Le comportement de Trump, après la commission de ce crime, a été admirable de courage et supérieurement habile sur le plan politique, en manifestant des vertus de combat et de résistance magnifiées par la tragédie à laquelle il avait échappé par miracle, une sauvegarde exploitée comme un signe du destin.

Les États-Unis, une démocratie violente

Il ne peut plus perdre après un tel concours de circonstances. Joe Biden a admis qu’il avait eu tort de demander qu’on « cible » son adversaire même s’il a précisé ce qu’il entendait par là et qui n’avait rien à voir avec l’agression qui a suivi. Il a confirmé qu’il irait jusqu’au bout tout en comprenant ceux qui s’inquiétaient pour sa santé et souhaitaient son abandon.

Les quelques réactions odieuses de gens regrettant que Donald Trump s’en soit tiré comptent peu face à un climat général qui semble avoir pris la mesure des risques de la violence verbale et de l’outrance développées lors de la campagne présidentielle. Donald Trump, pas exempt de critiques sur ce plan, a pris conscience des devoirs qui devaient être les siens désormais en faisant un appel à l’unité.

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Il faut à ce sujet relever la remarquable influence de ses deux conseillers principaux, une femme très professionnelle et respectée par tous (Susie Wiles) et un homme, ancien militaire, chargé de débusquer les erreurs et les points faibles de ses contradicteurs et opposants (Chris LaCivita). La nouveauté est que Donald Trump les écoute et s’en porte bien.

Mais au-delà de sa victoire programmée, j’ai été frappé par l’extraordinaire élan de sympathie et de solidarité qui a montré à quel point la tentative d’assassinat sur Donald Trump avait fait radicalement changer le regard sur lui, non pas seulement de ses soutiens et des militants républicains – l’ovation interminable à la Convention républicaine ayant ému Trump lui-même – mais des citoyens américains qui n’étaient pas favorables à sa cause et des médias qui lui étaient hostiles.

Trump nous surprendra toujours

Ces derniers n’ont sans doute pas changé d’avis sur l’homme, sa personnalité et son projet mais ils ne pouvaient pas faire autrement que d’être pris dans ce mouvement dominant d’accalmie de la politique partisane au bénéfice d’une concorde magnifiquement conjoncturelle. Le signe le plus éclatant de cette parenthèse de grâce a été le fait que tous les médias ont interrompu leur programme pour montrer en direct Donald Trump dans son triomphe à la Convention républicaine.

Au mois de novembre, son élection acquise, il lui restera à démontrer quels effets ont eu sur lui et sur sa pratique du pouvoir les événements dramatiques de ces derniers jours. Pour ma part, si j’ai désapprouvé évidemment son comportement judiciaire, son mépris pour l’État de droit et sa provocation ayant inspiré l’attaque du Capitole, je n’avais pas été un critique compulsif de son action lors de son premier mandat, au moins jusqu’à l’arrivée du Covid.

Pour le second mandat, j’entends bien que Donald Trump est certainement capable du pire mais son imprévisibilité peut aussi le conduire vers le meilleur. En tout cas, avec lui, il se passe toujours quelque chose et il ne sera pas un président amorphe. L’énorme changement dont Donald Trump sera forcément enrichi est que, depuis le crime dont il a réchappé heureusement et les conséquences qu’il a engendrées, il est passé, aux États-Unis et dans une grande partie du monde, du côté cœur.


  1. À ce sujet, relire J. D. Vance: un Éric Zemmour américain?, Lucien Rabouille, Causeur.fr (2002) ↩︎

Carte d’identités

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Pierre Vermeren © Hannah Assouline

Face à des zones urbaines hors-sol de plus en plus rouges et de rares bastions bourgeois où l’on vote encore comme il y a vingt ans, le RN est désormais ancré dans 93 % des communes françaises. L’auteur de L’Impasse de la métropolisation analyse notre nouvelle géographie électorale.


La séquence électorale unique vécue par la France entre le 9 juin et le 7 juillet 2024 offre un visage politique inédit de la France. Le vote final du 7 juillet n’a pas eu lieu à l’heure où sont écrites ces lignes. Mais les scrutins des 7 et 30 juin constituent un tournant qui mérite analyse. Celui du 30 juin a vu se déplacer 7,5 millions d’électeurs de plus que le précédent (soit 32,9 millions d’électeurs, deux inscrits sur trois), mais les rapports des forces en présence et la nouvelle géographie électorale ont été dégagés dès les européennes du 9 juin.

France bleu horizon à 93%

Ce jour-là, pour la première fois de son histoire contemporaine, plus de neuf communes sur dix ont placé en tête un même parti, le Rassemblement national (93 % des communes contre 71 % en 2019, et 32 613 communes sur 35 015). La question n’est plus de savoir où se situent les « blancs » ou les « bleus » sur la carte de France, ni même de scruter une France « rouge » ou « rose », mais d’observer la quasi-homogénéité du vote nationaliste vainqueur, surtout si l’on y agrège le vote pour Reconquête ! et quelques autres petites formations souverainistes, soit 40 % des suffrages exprimés.

Cette carte de la France bleu horizon – qui évoque la Chambre de 1919 dans un contexte non moins exceptionnel –, départements et régions d’outre-mer (DROM) compris, a été publiée par la presse au lendemain du scrutin. Elle diffère de celles qui l’ont précédée, car même si des migrations électorales étaient observées depuis les années soixante – comme le passage de la Bretagne à gauche –, il existait depuis le xixe siècle (1919 mis à part) une part irréductible de la France de gauche : le grand Sud-Ouest radical-socialiste, le Limousin et le Poitou socialistes, plus anciennement le Midi rouge, le Nord-Pas-de-Calais ou le centre de la France (Nièvre, Allier, Cher), et la banlieue rouge de Paris. Sauf cette dernière, cette géographie est aujourd’hui masquée. Comment interpréter la nouvelle carte électorale de la France ?

Plusieurs choix sont possibles. Le premier consiste à partir du seuil atteint par le Rassemblement national (RN) au niveau départemental, plus précis que le régional. Le RN y dépasse les 50 % dans un seul département métropolitain, l’Aisne, et dans celui de Mayotte. Il passe la barre des 40 % dans 19 autres départements de métropole. À un niveau moindre, la liste Bardella est en tête dans six DROM sur 11, dont le plus peuplé, La Réunion (35 %). Les Français de l’étranger en revanche, placent en tête le centre macronien, mais seuls 17 % des inscrits ont voté (258 000).

Une seconde option consiste à projeter sur une carte le vote national par commune selon le parti arrivé en tête. Une troisième est de faire de même, mais par niveau d’intensité du premier parti par commune (plus de 50 %, plus de 35 %…). Cette dernière carte fait ressortir les zones d’ancrage record du RN : à plus de 50 % se dégagent le nord et l’est du Bassin parisien, de larges foyers en Haute-Normandie, en Franche-Comté, en Bourgogne et jusqu’à l’Indre, toutes zones ayant plus que d’autres subi la désindustrialisation. L’Indre est le seul département métropolitain – comme Mayotte – dont toutes les communes ont placé le RN en tête. S’ajoutent à cela, au sud, le Var intérieur, le Gard oriental, le Languedoc littoral et le Nord-Gironde. Au seuil inférieur de 35 %, encore rarement atteint aux européennes de 2019, seuls le nord et l’est du Bassin parisien, enveloppant l’Île-de-France, étaient concernés.

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En 2024, la moitié des communes françaises dépasse ces 35 %, soit presque tout le Bassin parisien désormais, jusqu’aux frontières du nord et de l’est, seulement atténué sur ses marges occidentales de Normandie. Deux cent trente-cinq ans après 1789, la grande région qui a porté la Révolution française est acquise de manière très nette au RN, hormis le cœur de l’Île-de-France, et une poignée de grandes villes : Rouen, Caen, Lille et Melun. À cela s’ajoutent le centre de la France, les vallées de la Saône et du Rhône (Lyon excepté), tout le Midi méditerranéen et la Corse, mais aussi la vallée de la Garonne, la Gironde, la Charente-Maritime, le sud de la Vendée et la Bretagne intérieure.

Quels sont dès lors, métropoles mises à part, les points faibles de l’ancrage du parti nationaliste ? En premier lieu, l’Île-de-France, qui rassemble un tiers de l’immigration nationale, ce qui n’est par définition pas favorable au parti nationaliste. En second lieu, de grandes régions qui furent successivement catholiques ou protestantes et socialistes : la Bretagne littorale et l’Ille-et-Vilaine ; l’ouest des Pays de la Loire et de la Normandie, soit le plus grand bloc catholique historique sous la République ; la Gascogne (sud de la Garonne, Gers), le Pays basque (historiquement catholique) et les Pyrénées (Béarn ou Ariège), vieilles régions radicales-socialistes ; la plus grande partie du Massif central, surtout le sud (Lot, Aveyron), les pays protestants des Cévennes et du Vivarais (Ardèche orientale), mais aussi, rive gauche du Rhône, la Drôme et le Sud-Isère ; enfin, les deux Savoie, vieille terre catholique. Le reste n’est constitué que d’îlots dans le Jura, en Bourgogne ou en Alsace intérieure.

Constatons la diversité régionale et la dispersion des 7 % de communes qui n’ont pas placé le Rassemblement national en tête. Elles sont rares dans le Bassin parisien, à l’est, au nord et au centre de la France. Il faut se munir d’une loupe d’entomologiste pour les observer : ces points et foyers sont isolés. En effet, les grandes agglomérations, qui sont leur fief, concentrent leur population sur de petits territoires : les 11 grandes métropoles françaises rassemblent 28-29 % de la population nationale sur quelques pour cent du territoire. À quels critères répondent ces 7 % de communes hors norme ?

Elles se concentrent plutôt dans le sud et l’ouest du pays. La vieille France rurale et maritime à l’ouest de la ligne Rouen/Marseille – devenue attractive lors de ces quarante dernières années. La ligne de partage de l’Hexagone est certes à actualiser à l’ouest d’une ligne Caen/Grenoble, Midi méditerranéen excepté. À cela s’ajoutent les métropoles, sauf Marseille et Nice.

Les 2 400 communes qui échappent à la primauté du RN se partagent selon leurs affiliations : les Républicains arrivent en tête au Pays basque intérieur et dans l’ensemble Cantal/Nord-Aveyron/Haute-Loire, derniers fiefs de la droite ; les écologistes dans la Drôme ; les macronistes en Mayenne, dans l’Ouest parisien et dans le golfe du Morbihan, autant de petites régions denses à électorat catholique fidèle ; les listes LFI gagnent essentiellement en Seine-Saint-Denis, dans le Val-de-Marne, et dans l’agglomération lilloise. Enfin, les communes plus nombreuses sont gagnées par les listes Union de la gauche de R. Glucksmann : elles se situent surtout dans le Sud, de l’Isère à Bordeaux (Isère, Drôme, Lozère, Lot, Pyrénées) ; en second lieu dans les grandes villes à l’ouest d’une ligne Poitiers/Caen : Nantes et le bassin rennais, outre de microrégions bretonnes en Finistère ; enfin à Paris, où Glucksmann arrive largement en tête (22,86 %), surtout à l’ouest. Paris centre et est sont disputés à LFI.

Métropoles hors-sol

De ce fait, les métropoles françaises sont hors-sol, à mille lieues par leur vote et par leur sociologie électorale du reste du territoire. Exception faite de Nice et Marseille, les autres relèguent le RN, et placent en tête les listes d’Union de la gauche (R. Glucksmann), Ensemble (V. Hayer) et LFI (M. Aubry) : Paris et Île-de-France, Bordeaux, Toulouse et Montpellier, Nantes et Rennes, Lyon et Grenoble, Lille et Strasbourg. Ajoutons-y des villes secondaires qui placent en tête la gauche et le parti macronien : Caen, Poitiers, Angers, Brest, Niort (la ville des mutuelles), Besançon, Nancy, Amiens et Rouen. Ces îlots urbains concentrent la majorité des classes aisées, les 20 % de « cadres » de la population française. Ils habitent pour un tiers en Île-de-France, pour un autre dans les dix autres métropoles, et le tiers restant dans les villes secondaires, les préfectures ou les sous-préfectures. Les familles de cadres peinent parfois à inverser le vote dominant, ainsi que nous l’avons vu à Marseille et Nice, deux métropoles qui se caractérisent par la présence des classes populaires en leur sein. Ajoutons que ces grandes agglomérations rassemblent aussi les trois quarts de l’immigration française, pour partie regroupée dans des quartiers dits populaires, constitués en viviers au sein desquels LFI a établi ses bases les plus solides (nord et est parisien ou nord-ouest de Marseille).

Le scrutin du 30 juin, contrairement aux vœux du président de la République, qui a dissous l’Assemblée nationale pour retrouver une majorité à sa main, n’a pas atteint son objectif : il n’a fait que confirmer le vote du 9. Nous disposons d’une carte de France des partis arrivés en tête par circonscription (près de 90 000 inscrits en moyenne). Cette carte des 539 circonscriptions de métropole (sur 577) n’est pas aussi monocolore que la précédente. Le RN et ses alliés sont en tête dans 297 d’entre elles (dont deux outre-mer), mais les trois autres forces politiques dominantes – le Front populaire, l’alliance présidentielle et la droite subsistante – sont cette fois bien visibles.

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La droite est en tête dans 29 circonscriptions en métropole (sur 34 au total), ses anciens bastions : sept dans le Grand Ouest, sept dans le Massif central, deux en Savoie, sept dans le Grand Est, quatre en Île-de-France hors Paris et une en Corse. Chassée de Paris, des métropoles, du Grand Sud, d’Alsace et de Lorraine, elle est résiduelle. La majorité présidentielle s’est substituée à elle dans plusieurs anciennes places fortes, avec 57 circonscriptions de l’Hexagone (sur 62). Présente dans quatre métropoles, elle tient sa principale place forte en Île-de-France, de l’Ouest parisien aux Yvelines, avec 21 circonscriptions contiguës. Enfin, outre la Savoie et de rares circonscriptions dispersées, elle se maintient dans le Grand Ouest, en Bretagne littorale et sur les marges armoricaines, de la Vendée littorale au sud de la Manche, son fief étant le Maine-et-Loire.

Quant au Nouveau Front populaire (NFP), il est la principale force en métropole après le RN (148 circonscriptions sur 155) et marche sur trois pieds : les vieux fiefs de la gauche, le centre des métropoles et les anciennes banlieues rouges, ses « quartiers populaires ». Les fiefs de gauche sont le sud de l’Aquitaine, les Pyrénées centrales, le Limousin, le Puy-de-Dôme ou la Bretagne (Finistère et Loire-Atlantique, et non plus les Côtes-d’Armor). Les métropoles sont presque totalement passées à gauche comme déjà vu, y compris les deux tiers de Paris, Bordeaux, Strasbourg et Lyon. Mais le principal fief est l’ancienne banlieue rouge, la petite couronne de Paris, puisque même les Hauts-de-Seine sont grignotés ; et le NFP est au contact du RN en Seine-et-Marne, dans l’Essonne et le Val-d’Oise.

Il existe en définitive une étonnante homogénéité du vote entre les métropoles, l’ensemble Paris et petite couronne, les grandes villes de l’Ouest, de Caen à Toulouse, en passant par Rennes, Nantes et Bordeaux, mais aussi Lyon, Grenoble, Lille et Strasbourg. Les villes et départements les plus riches de France (au regard de l’IR et l’ISF), Paris, les Hauts-de-Seine, Bordeaux, le nord-ouest de l’agglomération lyonnaise, l’est des Yvelines… se partagent entre le macronisme et désormais les gauches, tandis que les secteurs « populaires » de ces agglomérations sont aux mains des gauches (de Lille aux quartiers nord de Marseille). Seules quelques communes ou circonscriptions proches de Strasbourg, Lille ou Bordeaux échappent au RN, tandis qu’à Rennes, Toulouse et Nantes, comme en Île-de-France, des régions urbaines plus vastes échappent au RN.

Ainsi, aux lignes de partage traditionnelles, forgées depuis des siècles par le rapport des populations à la Révolution, au christianisme et à l’État, se sont surimposés des clivages économiques et migratoires nouveaux issus de la métropolisation récente de l’espace français. Sous le voile bleu du Rassemblement national, qui masque en surface l’ensemble de ces clivages culturels et politico-économiques sous-jacents, la France reste en mode mineur le conservatoire de son opposition historique entre le rouge et le noir, et en mode majeur le champ de bataille entre les relégués de la mondialisation (la France périphérique) et les groupes mondialisés (bourgeois et immigrés) qui ferraillent au sein des métropoles.

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Indonésie: tromperie voilée

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D.R

Le niqab préserve la « pudeur » des femmes, et l’identité des escrocs


Le port du niqab sert-il toujours à protéger la pudeur des femmes ? Comme beaucoup de jeunes Indonésiens de son âge, AK (dans la presse il n’a été identifié que par ses initiales), 26 ans, est un habitué des sites de rencontre. Sur l’un d’eux, il a noué une relation avec une jeune fille de son âge. Les deux tourtereaux ont fini par se rencontrer sous le regard de Cupidon. Portant le niqab, Adinda Kanza s’est présentée à lui comme musulmane pratiquante, ce qui est loin de déranger le jeune amoureux qui considère ce vêtement traditionnel « comme un signe de dévotion à l’islam ».

Après un an d’échanges respectant les règles du prophète Mahomet, le couple a décidé de se marier. La promise, prétendant être sans famille, a opté pour une simple cérémonie organisée chez AK après qu’elle a apporté une dot de cinq grammes d’or. Cependant, une douzaine de jours après leur mariage, AK a commencé à nourrir des soupçons. Son épouse refusant ostensiblement de quitter son niqab à la maison ou d’avoir tout contact sexuel sous divers prétextes fallacieux, il a fini par enquêter et découvrir l’impensable. Les parents de son épouse étaient bien vivants, en bonne santé, et n’étaient pas au courant de ce mariage. Pire encore, AK est tombé des nues lorsque ceux-ci lui ont révélé que celle qu’il avait épousée était en réalité un homme, se travestissant depuis quatre ans. La police a immédiatement placé en détention la fausse jeune femme, en expliquant que cette dernière avait tout planifié pour voler les biens de son époux. Son imposture était facilitée par sa voix aiguë et, surtout une fois maquillé, des traits du visage remarquablement féminins. Inculpé(e) pour fraude, elle/il risque jusqu’à quatre ans de prison.

Le port du niqab, qui n’est pas traditionnel en Indonésie, y connaît une popularité croissante que même la leçon de l’histoire d’AK ne freinera pas.

En Nouvelle-Calédonie, le feu continue de brûler

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Des manifestants hostiles à la visite du président Macron en Nouvelle-Calédonie, 23 mai 2024 © LUDOVIC MARIN-POOL/SIPA

Lors de la fête nationale, la présidente de la Province Sud (et ancienne Secrétaire d’État chargée de la Citoyenneté), la loyaliste Sonia Backès, a estimé que le «destin commun a échoué» avec les indépendantistes. Elle pense que les deux camps antagonistes sont irréconciliables.


L’heure est grave en Nouvelle-Calédonie. Les « événements » ayant commencé le 13 mai 2024 ont certes largement perdu en intensité, et les caméras de télévision sont retournées en métropole. Pourtant, comme souvent, c’est après que les choses les plus sérieuses commencent : les événements les plus spectaculaires sont rarement les plus significatifs.

Dans une conférence de presse tenue le 15 juillet, Sonia Backès, présidente de l’Assemblée de la province Sud de la Nouvelle-Calédonie, a évoqué l’autonomisation des provinces et un nouveau contrat social. Une intervention qui a fait réagir dans l’archipel et à Paris tant cela pose la question de l’unité de l’île et de ses habitants.

Pour les observateurs de la situation locale, ce qui est en train de se passer est en réalité beaucoup plus grave que les blocus, les pillages et même les morts (une dizaine) depuis deux mois. Il est possible – en tout cas c’est une hypothèse à prendre avec le plus grand sérieux – que le rideau de l’Accord de Nouméa, déjà bien abîmé il est vrai, se soit déchiré sur l’île : autrement dit, que la conscience se soit faite que le « vivre-ensemble » entre indépendantistes et non-indépendantistes était en réalité une vue de l’esprit.

Des tensions toujours aussi vives

En parallèle pourrait se dérouler un événement politique aussi majeur qu’invisible : le départ progressif des Calédoniens d’origine européenne, à commencer par ceux, extrêmement nombreux, dont les racines sur l’île sont récentes (les « z’oreilles », par opposition aux Caldoches, de bien plus vieille souche, qui ont souvent des ascendances mêlées et dont le rapport à la France est beaucoup plus complexe qu’on ne l’imagine en métropole). Un tel exode donnerait aux indépendantistes ce que les trois référendums leur avaient dénié : une majorité, à moyen terme, dans les urnes.

C’est à cette aune qu’il faut comprendre le récent et important discours de Sonia Backès, présidente de la province Sud – la province la plus riche, structurellement anti-indépendantistes, et où les Européens d’origine dominent – à l’occasion de la fête nationale. Avec la liberté de ton pour laquelle elle est connue, mais en ayant nous semble-t-il franchi un cap depuis le début des événements à la fois dans la forme et le fond de ses propos, la chef de file des anti-indépendantistes a pris acte de cette cassure entre deux camps antagonistes (deux « sensibilités politiques » et à vrai dire deux « civilisations »), ainsi que de ce possible exode, suggérant de la manière la plus claire que l’esprit de Nouméa était mort. Il n’y a pas de « destin commun » possible, quoiqu’ait pu en penser la gauche romantique d’alors (MM. Jospin et Christnacht). Tout au plus pourrait-il y avoir une cohabitation pacifique sur une même terre, une forme de développement séparé qui est celui que les Accords de Matignon-Oudinot (1988, dix ans avant celui de Nouméa) avaient tenté de matérialiser, à la suite du compromis historique entre Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou.

Un « développement séparé » ?

Le mot de « développement séparé » est employé par nous, non par elle. Le but est de mettre aussi directement que possible les pieds dans le plat : car développement séparé, bien sûr, est la traduction française habituelle de l’afrikaans « apartheid » ; et c’est bien de cela dont elle sera accusée. Mais il ne faut jamais céder au terrorisme des mots. Si la cohabitation joyeuse et « créolisée » des individus et des peuples est impossible, alors il nous faut renoncer au romantisme. Or, le moins que l’on puisse dire est que la situation insurrectionnelle de l’île et, surtout, les déploiements de haine à l’égard de l’autre des deux côtés tendraient à suggérer que ce que soit le cas. Les êtres humains, les collectivités politiques et les peuples sont infiniment plus complexes que la doxa pseudo-humaniste qui a dominé depuis plus d’un demi-siècle ne le suggère.

La question soulevée par Mme Backès est infiniment sérieuse et ne saurait être rejetée par simple moralisme.

À ceux qui voudraient la neutraliser à l’aide de références historiques infâmantes, on ne pourrait que demander ce qu’ils proposent en retour. Un Accord de Nouméa-II signé sur les ruines fumantes de Nouméa (la ville) et de Nouméa-I (l’accord) ? Revenir à la case départ d’un processus qui a démontrablement échoué ? Une question sérieuse doit faire l’objet d’une réponse sérieuse, et celle-ci l’est infiniment. L’heure est grave.

Les problèmes de Nouméa sont aussi ceux de Paris

Il ne s’agit pas en ces quelques lignes de proposer une solution : ce ne serait pas non plus sérieux. On se contentera de remarquer que les questions qui se posent là-bas sont très exactement les mêmes qui se posent déjà en métropole, et vont se poser avec une acuité de plus en plus grande dans les années et décennies à venir : comment faire tenir ensemble une société constituée de personnes pour qui les affiliations ethniques et religieuses (« ethnoculturelles » dans un sens large) sont diverses, divergentes, voire potentiellement hostiles ; mais qui comptent pour les personnes en question peut-être d’autant plus que la doxa républicaine leur répète incessamment qu’elles ne devraient pas (puisque nous sommes tous égaux sans distinction etc., etc.) ? Cette question est peut-être la plus importante à se poser à nous, d’abord à Nouméa puis à Paris. Le jacobinisme ayant montré l’étendue de son échec, on pourrait attendre de ses partisans une certaine retenue, et qu’ils laissent une chance à des visions beaucoup plus communautaires (« communautariennes », puisque le mot « communautaristes » semble être devenu un gros mot, sans qu’on ait bien compris pourquoi). Dans une certaine mesure, d’ailleurs, la Nouvelle-Calédonie s’était engagée sur cette voie, mais sans doute de manière très maladroite et inadaptée : il n’est pas certain, pour le dire simplement, que ce dont les Kanaks aient besoin soit d’un droit distinct des contrats ou de la responsabilité civile, comme la République le leur a concédé. Nous avons, quoi qu’il en soit, besoin d’une réflexion profonde sur ce qu’on pourrait appeler la France post-jacobine : cette réflexion commence à Nouméa, mais ne s’y arrêtera certainement pas.

A relire: Nouvelle-Calédonie: émeutes sociales, politiques ou raciales ?

En revanche, il y a un aspect du discours de Mme Backès auquel il convient de marquer une opposition claire : c’est celle de la provincialisation de l’île. Derrière le terme technique d’« autonomisation des provinces » se cache une réalité relativement simple : couper très largement entre elles – politiquement, financièrement, économiquement, socialement, et donc inéluctablement culturellement et humainement – les trois provinces de l’archipel : la province Sud, riche et européenne ; la province Nord, pauvre et kanake ; et les îles Loyauté (celles où eurent lieu en 1988 la prise d’otages d’Ouvéa), également pauvres et autochtones.

Le danger des ingérences étrangères

La tentation d’une telle proposition, nous la comprenons intimement. La province Sud, aux mains des Européens, est fonctionnelle. Elle paye pour les deux autres qui, aux mains des Kanaks, sont dysfonctionnelles et, non contentes d’être financées par « Nouméa la Blanche » et d’être considérablement surreprésentées au Congrès de Nouvelle-Calédonie, mordent constamment la main qui les nourrit, accusée d’être colonialiste. Pour comprendre l’étendue du problème, il suffit d’emprunter l’une des routes qui coupent l’île dans le sens de la largeur, du Sud vers le Nord.

Nouméa, 15 mai 2024 © Nicolas Job/AP/SIPA

Au moment où on change de province, au milieu des montagnes, la route à l’occidentale de la province Sud devient une voie digne du tiers-monde au Nord.

La tentation, après des décennies d’efforts, d’envoyer ces gens se faire voir est à la fois humaine et compréhensible.

Elle n’en demeure pas moins profondément erronée. Les raisons n’en sont pas difficiles à percevoir, même si elles sont plus faciles à admettre quand on n’est pas directement confronté, sur place, aux « événements » qui s’y déroulent (et dont on ne voit pas d’issue facile, au-delà d’un apaisement bien superficiel quand la fatigue gagnera les combattants).

Un vrai enjeu politique

La raison la plus évidente est d’ordre politique. La province Nord et les îles Loyauté – entités administratives au demeurant parfaitement artificielles, notamment la ligne de partage entre le nord et le sud de la Grande-Terre) – font tout autant partie de la France que la province Sud. On n’abandonne pas des territoires, pas plus là-bas qu’à Mayotte ou en Seine-Saint-Denis, parce qu’ils sont principalement source d’ennuis (ce qu’en un sens ils sont, mais pas que évidemment). C’est une question de principe à laquelle aucune statistique ne pourrait être opposée.

La seconde raison est d’ordre géopolitique. Certes, personne ne parle à ce stade d’indépendance des deux provinces majoritairement autochtones, mais il est parfaitement évident que plus on les coupera du Sud, de Nouméa, de la France, des richesses, de l’administration, etc., plus on les abandonnera à elles-mêmes (c’est l’objectif à peine déguisé) ; et plus on les abandonnera à elles-mêmes, plus on les livrera à des puissances étrangères qui ne nous veulent aucun bien. Comment croire que la Chine, qui lorgne déjà sans se cacher sur notre joyau d’outre-mer ; mais tout aussi bien l’Azerbaïdjan, dont on sait désormais le rôle qu’il joue dans la déstabilisation de la région, peut-être au profit de la Russie ; ou d’ailleurs l’Australie, dont la jalousie demeure tenace même si elle s’exprime moins ouvertement que par le passé, ne s’engouffreraient pas immédiatement dans la brèche ? Le déficit de la province Nord sera réglé par Pékin, qui en retour hypothéquera ses immenses ressources (minières, halieutiques, etc.) : le scénario est tellement bien rôdé dans la région qu’on se sent gêné de devoir même le rappeler. Inutile de dire que les biens hypothéqués ne sont jamais revus.

Non seulement une Nouvelle-Calédonie réduite, de facto, à sa province Sud, ne serait plus la Nouvelle-Calédonie, et n’aurait plus pour la France qu’une fraction de son intérêt géostratégique existant, mais on voit mal comment elle demeurerait viable à plus long terme. Vu la difficulté qu’a la République à maîtriser ce territoire aujourd’hui, on ne place guère d’espoir dans ses chances une fois que d’autres seront sur place.

Une territorialisation sans logique

La troisième raison est qu’il n’y a pas de logique intrinsèque à cette territorialisation. Mme Backès parle de laisser les deux « sensibilités politiques », et derrière elles les deux « civilisations », faire l’expérience de leur développement (séparément, donc). Certes, la province Sud est largement européenne et anti-indépendantiste, là où la province Nord et les îles Loyauté sont essentiellement autochtones et indépendantistes. Mais, d’une part, laisser la province Sud faire la démonstration de son évidente supériorité ne réglera rien à long terme ; surtout, l’équivalence implicitement dressée entre provinces et considération ethno-politiques est extrêmement simpliste. Il y a un quart des habitants de la province Nord qui ne sont pas recensés comme Kanaks (ce qui statistiquement correspond à la proportion de non-indépendantistes) : il est moralement inacceptable de les abandonner à des gouvernants incompétents, au motif que ce serait là le modèle de développement qu’ils auraient choisi. Quant au Sud, les Européens n’y sont qu’en très relative majorité ; les personnes recensées comme kanakes forment un gros quart de la population, et celles venues de partout ailleurs – les éternelles oubliées, originaires de Wallis-et-Futuna, des autres îles du Pacifique, de Java, du Japon, d’Indochine, de Kabylie, des Antilles même – un gros tiers.

La province Sud n’est pas la Nouvelle-Calédonie européenne : c’est, pour le dire brutalement, la Nouvelle-Calédonie beaucoup plus fonctionnelle parce que les Kanaks n’y ont pas le pouvoir.

Ce n’est pas du tout la même chose. Ce qu’il faudrait espérer, ce n’est pas une sécession de ceux qui se portent encore relativement bien ; c’est de trouver le moyen d’étendre ce modèle de développement au reste de l’archipel. Cela impliquerait sans doute de revenir sur beaucoup des idées romantiques de l’Accord de Nouméa, qui pensait que beaucoup d’amour et de générosité financière à sens unique pouvait être la solution à tout, et notamment sur la surreprésentation (dans une mesure proprement scandaleuse) des provinces majoritairement kanakes et indépendantistes, et une péréquation parfaitement déresponsabilisante à leur égard. Pour le dire là encore très brutalement, l’erreur a été de « donner » les deux petites provinces de l’archipel aux Kanaks, dans l’espoir de satisfaire leur désir de pouvoir. C’est là-dessus qu’il faudrait revenir.

Les problèmes soulevés par Mme Backès et les loyalistes sont donc aussi réels que profonds. Ils méritent qu’on s’y intéresse en vérité, loin des slogans permettant de se donner bonne conscience à peu de frais, que nous voyons partir en fumée devant nos yeux.

La manière de faire coexister des populations ethnoculturellement diverses, voire dans certains cas hostiles, est la question fondamentale qui va se poser à la France, et se pose déjà avec une acuité particulière en Nouvelle-Calédonie. Mais la réduire à une dimension territoriale n’est pas juste ; elle est même dangereuse.

Elle est d’ailleurs une manière de contourner la question qui est plus importante et plus difficile, celle de la cohabitation de ces groupes sur un même territoire. C’est à celle-ci qu’il convient de réfléchir. La chose est complexe et délicate, mais elle est désormais urgente : il en va de la survie, à moyen terme, tant de la Nouvelle-Calédonie que de la France tout entière.

Source : Conflits