Dans Le Point, François Hollande aimerait que la gauche se libère de ses démons radicaux. Dans Le Figaro, Nicolas Sarkozy appelle la droite et les partis de gouvernement à cesser d’ajouter la crise politique à la crise économique et sociale française, au nom de l’intérêt du pays, et à se hisser au-dessus des intérêts partisans… Mais tout cela ne nous dit toujours pas quel Premier ministre atterrira à Matignon.
Il y a ceux qui font une vraie campagne électorale pour être nommés sans aucune raison, comme cette Première ministre LFI baroque qui aligne les aberrations, l’ignorance économique, les fautes sur le pouvoir d’achat et les caprices de pouvoir à tout prix. Ceux qui, comme le RN, ont complètement disparu de la circulation – sont-ils en psychanalyse, pour se remettre de la torture mentale qu’on leur fait subir en les traitant de « fachos » tous les jours ? – et se voient refuser tout poste à l’Assemblée nationale et ne bénéficier d’aucune considération alors qu’ils ont quand même 126 députés élus par le peuple français ! (Voilà qui nécessite d’augmenter fortement les doses d’antidépresseurs pour des gens qui ne sont pas tous des salauds comme on veut le faire croire et ont des ambitions pour la France, même si elles ne correspondent pas forcément à ce qu’on souhaite). Ceux qui restent de la droite qu’on aimait bien, mais qui estiment que ce serait se compromettre gravement que de prendre une parcelle de pouvoir lié à Emmanuel Macron (ils n’ont pas beaucoup d’arguments, en réalité, uniquement des punchlines). Ceux des vrais socialistes qui se cachent (sauf François Hollande et Ségolène Royal), terrifiés à l’idée de contredire le grand méchant loup, Jean-Luc de son prénom… et morts de peur devant l’hypothèse de peut-être devoir admirer un Premier ministre issu de leur camp, Bernard Cazeneuve, que beaucoup à droite trouvent en réalité très fréquentable, digne et plutôt entreprise-friendly… Du côté des centristes, ce n’est pas beaucoup plus clair, et on ne sait plus où tourner la tête au risque d’avoir un torticolis : « gauche, droite, gauche, droite – et où est le centre » ? Quant à Didier Migaud, ancien président de la Cour des comptes et dernier candidat sorti du chapeau pour aller à Matignon, c’est la certitude d’une révolte incendiaire et collective à LFI, à cause du mot « Cour » et du mot « comptes » !
Choix du Premier ministre: "Je fais tous mes efforts jours et nuits (…) pour aboutir à la meilleure solution pour le pays", déclare Emmanuel Macron à Belgrade pic.twitter.com/8FlMwdjKRp
Ne vous y trompez donc pas : si Jupiter ne se prononce pas aussi vite que certains le voudraient, c’est qu’il a encore un certain sens des responsabilités… olympiennes. Comment concilier l’inconciliable ? Il essaie. Et puis, le président n’a pas du tout l’intention de dissoudre dans un an ! Il souhaiterait certainement que la cohabitation à venir fonctionne un peu plus longtemps, car c’est contraire à tout principe jupitérien de ne plus régner. Pas facile, donc, de faire fonctionner cette Assemblée née de sa colère post-législatives… Le président espère vraisemblablement que tout cela puisse fonctionner façon puzzle, et on finit par le souhaiter aussi. Alors, Messieurs les ministres démissionnaires (qui font le boulot, mine de rien), Messieurs les députés et Messieurs les conseillers pas si intègres que cela, il va falloir vous réveiller tous, et endosser une responsabilité individuelle avant d’être collective, car c’est bien de la responsabilité individuelle des députés élus que dépend le fait que la France sorte de l’ornière. Quelques conseils basiques et gratuits, dont vous ne semblez pas franchement avides :
– Ayez le sens de l’honneur, et votez ce qui vous semble bon pour la France, sans penser à votre secte partisane ; – Arrêtez de vouloir transformer l’Assemblée nationale en jungle ; – Décidez cette année d’entamer une année de formation professionnelle personnelle : Comment fonctionne vraiment une entreprise ? Quelles sont les conséquences économiques de la générosité de l’État ? Où en sont la dette et ses perspectives dramatiques ? Pourquoi ça ne marche jamais d’enrichir les pauvres en faisant la chasse aux riches ? etc. Je peux vous proposer plein d’autres thèmes de formation professionnelle intéressants dans ce genre ; – La cohésion nationale commence par soi-même ! Être aimable avec ses confrères, les écouter avec un peu d’objectivité, serrer la main de tout le monde, les Français vous en sauront gré… – Créez une commission de travail pour définir enfin ce qu’est « un parti républicain », faites signer cette charte par tous les partis, et ne tolérez plus la moindre incartade ; – Arrêtez de penser que le succès en France est une « rupture d’égalité » (ça, c’est ma recommandation spéciale pour les élus de gauche).
« L’avenir ce n’est pas ce qui va arriver, mais c’est ce qu’on va en faire » disait Bergson. Vous avez trois heures pour disserter sur cette déclaration philosophique, moins pour le président.
L’ancien président aurait passé l’été à parler à Emmanuel Macron, Xavier Bertrand et Laurent Wauquiez. Mais, la droite semble enfermée dans des raisonnements d’épiciers !
La droite républicaine, qui s’est rendue deux fois à l’Élysée ces derniers jours avec le même trio dont Laurent Wauquiez comme inspirateur principal, a tort. Et pas seulement parce que son refus de participer au gouvernement va laisser la place à un Premier ministre de gauche comme le président de la République l’en a, paraît-il, avertie lors des échanges. Mais surtout à cause d’une stratégie incompréhensible. Nicolas Sarkozy a totalement raison quand il déclare « que la droite doit assumer la responsabilité de gouverner » et que « les Républicains doivent œuvrer à faire nommer un Premier ministre de droite (…) plutôt que de céder à la facilité de laisser nommer une personnalité de gauche »[1]. Cette approche lucide de l’ancien président ne nous dispense pas, par honnêteté, d’expliquer pourquoi hier le rapprochement avec le macronisme, souhaité par certains et d’abord par Nicolas Sarkozy, aurait été délétère alors que dans la situation actuelle il serait positif. Hier la droite n’avait aucune raison de se fondre en perdant les dernières forces qui lui restaient dans le macronisme, une gauche chic parfumant ce centrisme alternatif du « en même temps » encore vivace. Aujourd’hui, face à un président affaibli depuis les élections européennes, et surtout à cause d’une dissolution suicidaire, la droite a tout pour reprendre la main. Le rapport de force a changé de bord. Pourtant elle recule devant l’obstacle – une habitude chez Laurent Wauquiez ? – alors qu’une conjoncture exceptionnelle lui offre l’opportunité de concrétiser les mesures vigoureuses qu’elle porte, notamment sur le plan régalien et en matière d’immigration. Elle serait assurée d’obtenir, sur le plan parlementaire, l’aval d’une majorité de députés Renaissance, de députés du Rassemblement national (Nicolas Sarkozy a rappelé à juste titre « qu’il est faux de dire que Marine Le Pen est plus dangereuse que Jean-Luc Mélenchon ») et de quelques députés socialistes libérés du dogmatisme idéologique rendant aveugle face au réel et aux remèdes nécessaires.
Face à cette probable configuration, qu’oppose-t-on à droite ? Le fait qu’il y aurait des risques parlementaires, que rien ne serait forcément gagné et que le gouvernement y perdrait son crédit. Et que par voie de conséquence le futur que Laurent Wauquiez espère présidentiel (en se croyant seul à droite dans la joute à venir !) serait sans doute définitivement obéré. Ce sont des raisonnements d’épiciers qui ne devraient pas peser face à l’état calamiteux de la France, qui appelle des actions urgentes et vigoureuses – Nicolas Sarkozy le souligne avec force et inquiétude. La situation devrait reléguer les tactiques égoïstes, qui d’ailleurs garantiraient moins la victoire demain qu’une attitude d’homme d’État maintenant. Nicolas Sarkozy doit, cette fois, être écouté par un camp que certes il a profondément déçu mais on ne saurait dénier à l’ancien président une intuition et des fulgurances souvent sans égales. Modestement, je voudrais poursuivre sur sa ligne et m’étonner d’abord de ce pacte législatif et de ces lignes rouges, en eux-mêmes pertinents mais qui sont proposés sans la volonté réelle d’incarner le premier et de prévenir les secondes. Étrange conception de la politique que cette frilosité d’une droite prétendant imposer ses réflexions mais s’arrêtant au bord de l’action. J’ai été surpris par le propos de Laurent Wauquiez qualifiant de « décevant » son dernier entretien, en compagnie de Bruno Retailleau et Annie Genevard, avec le président de la République. Comme si cela avait été à ce dernier de mener la danse républicaine, de dire oui, de dire non, de se comporter comme si, dans le climat sombrement démocratique de ces derniers mois, il était encore le héros, même défait. Aberration d’autant plus critiquable qu’Emmanuel Macron s’était lui-même privé de son autorité constitutionnelle en transférant ce qui lui aurait incombé dans la sphère des partis.
Aussi on aurait attendu de cette droite une acceptation évidente de cette mission qui aurait été à la fois une charge et un honneur. Et, plutôt que de quémander à Emmanuel Macron son aval pour tout, elle aurait dû contraindre le président à seulement prendre acte de la réalité de ses entreprises et de ce que le pays exigeait pour sa sauvegarde. La droite est tombée dans le piège inverse : aussi faraude qu’elle a prétendu apparaître, elle s’est placée subtilement sous le joug du président pour, allons jusque-là, se donner bonne conscience en fuyant ses responsabilités opératoires. Elle aurait dû au contraire opposer au président une politique gouvernementale du fait accompli. Ainsi probablement va-t-on manquer une occasion unique : la droite républicaine avait tout pour revigorer la République, elle va laisser passer sa chance, par lâcheté et défaut de clairvoyance. Sauf miracle de dernière minute.
Rentrée littéraire. Dans son nouveau livre, Thibault de Montaigu reconstitue son étonnant arbre généalogique, et se questionne en particulier sur un étrange grand-père tombé lors de la Grande guerre. Savoureux.
Déjà, rien que pour la couverture du livre, on a envie de le lire. Il a une bonne bouille, avec sa tignasse jais de futur rebelle, le petit garçon qui tient son cartable coloré en rouge avec des fermetures jaunes. On reconnaît Thibault de Montaigu, auteur d’un remarquable roman intitulé La Grâce, prix de Flore 2020, regard malicieux et sourire enjôleur ; sans oublier les pompes qui brillent. Il a quoi, neuf ans, l’âge où l’on a tout compris de la vie. Après, c’est pour confirmer. On a envie de le lire, et on a raison. Car c’est une sacrée aventure à laquelle il nous convie, l’aventure de sa famille, en particulier de son père et de son étrange arrière-grand-père, Louis, capitaine des hussards fauché en 1914 dans une charge de cavalerie totalement anachronique. Une dinguerie, comme dirait l’autre. Nous sommes happés par le style enlevé comme celui de Paul Morand, père de ce courant littéraire qui n’en est pas un, les hussards, justement, avec les fils Nimier, Déon, Laurent, Blondin, un père indigne, compromis avec Laval, honni de De Gaulle, mais grand écrivain – relisez surtout ses nouvelles. Nous sommes pris par le rythme des chapitres jamais trop longs, car Thibault de Montaigu est un virtuose de la vitesse maîtrisée. On ne décroche pas.
Thibault s’occupe de son père grabataire et aveugle. Ça pourrait virer au pathos, mais non, l’auteur tient son rang. L’homme a du charisme, il a vécu comme un Casanova, et fini ruiné. Dans son fauteuil roulant, perforé de tuyaux, il continue de porter un pull en cachemire bouffé par les mites. Thibault est l’ainé, il s’occupe bien de son géniteur, c’est un fils attentionné. Un jour, le vieil homme arthritique lui parle de son arrière-grand-père et lui demande d’écrire un livre dont l’ancêtre serait le sujet. Il dit : « Tu te rends compte : une charge à cheval, sabre au clair, contre des mitraillettes et des canons. Il faut en avoir quand même ! » C’est en effet romanesque. C’est surtout suicidaire : ça cache sûrement quelque chose. Montaigu hésite. C’est qu’il a commencé un livre sur Buzz Aldrin, le deuxième homme à avoir marché sur la lune. Comme l’écrit avec justesse l’auteur : « Seulement un écrivain ne choisit jamais son sujet ; c’est l’inverse qui est vrai. » L’enquête commence alors. C’est en réalité l’enquête des origines. Avec finesse, Montaigu évoque, à propos de son père, Œdipe : « (…) la cécité est son châtiment pour avoir méconnu ses origines. » Œdipe ignore qui sont ses parents. L’inceste et le parricide deviennent les conséquences d’un mal qui nous ronge tous : « le mépris du passé, l’effacement des origines, la tentation de croire que nous ne devons tout qu’à nous-mêmes. » Diablement actuel. Thibault de Montaigu va tenter de reconstituer l’arbre généalogique familial. C’est indispensable, ce n’est pas sans risque. Mais n’est-il l’arrière-petit-fils d’un hussard ? L’ouvrage devient alors vital pour combler la perte des siens. À la mort d’Emmanuel, son père, il « ne gardera rien de lui. Sauf ce livre où en me penchant peut-être j’entendrai son cœur battre encore un peu… »
Il y a donc ce face à face entre le fils aîné et ce père qui n’est pas exempt de reproches. « L’homme est ce qu’il cache : un misérable petit tas de secrets », a écrit André Malraux. Mais est-il pour autant responsable ? Louis n’est-il pas le vrai responsable ? Pourquoi cette charge peut-être pas si héroïque que ça ? Thibault, à la fin de son enquête, cite Teilhard de Chardin, jeune prêtre jésuite officiant comme brancardier durant la Première Guerre mondiale : « Aller en ligne, c’est monter vers la paix. »
Écrire ce livre, c’est vivre en paix avec soi-même.
Le nouveau Premier ministre britannique rentre de deux visites diplomatiques, à Berlin et à Paris. Comme MM. Scholz et Macron, Keir Starmer semble incapable de trouver une solution aux problèmes identitaires des classes populaires de son pays. La seule chose qu’il leur promet à la rentrée ? Une augmentation des impôts.
Le Premier ministre travailliste, Sir Keir Starmer (il a été adoubé automatiquement en tant que Procureur général, entre 2008 et 2013), a fait grand cas cette semaine d’un voyage européen qui lui a permis de rencontrer le chancelier allemand, Olaf Scholz, à Berlin, mercredi, et Emmanuel Macron, jeudi (après avoir assisté la veille à la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques). La raison de ces visites ? Selon le locataire du 10 Downing Street, l’objectif est de « reset », c’est-à-dire « réinitialiser », les relations avec l’UE après les années de turbulence provoquées par le Brexit – mais sans renverser le Brexit, assure-t-il. Si Starmer a de bonnes raisons de cultiver ses partenaires allemand et français, il a aussi des problèmes de politique intérieure à faire oublier.
Point de salut hors de l’Europe ?
Olaf Scholz est le nouveau meilleur ami étranger de Keir Starmer qui est déjà allé à Berlin au mois de juillet, juste après son élection. Il est vrai que l’UE reste le plus grand partenaire commercial du Royaume Uni, et l’Allemagne elle-même est le deuxième pays partenaire après les États-Unis. Lors de la première visite berlinoise, les deux sociaux-démocrates ont annoncé les grandes lignes d’une coopération militaire approfondie entre les deux nations. Cette fois, ils ont fait savoir que c’est un véritable traité, qualifié d’« ambitieux », qui sera négocié par les deux pays. Bien que cet accord doive être prêt à entrer en vigueur assez tôt en 2025, son contenu reste pour l’instant assez vague. Il s’agira d’approfondir la coopération en termes de commerce, de croissance économique, de recherche et développement, de défense européenne, d’éducation et jeunesse, et de lutte contre l’immigration « irrégulière » (euphémisme pour « illégale ») et notamment les bandes de trafiquants. Concernant le commerce, il est difficile de voir quelle peut être la marge de manœuvre sans empiéter sur les règles bruxelloises, et il est significatif que Starmer n’est pas encore allé à Bruxelles. Malgré les références à l’éducation et à « plus de contacts interpersonnels », le Premier ministre a refusé une proposition émanant de la Commission européenne qui permettrait plus de mobilité pour les jeunes. Il a également exclu une adhésion britannique au programme Erasmus. La coopération en matière de défense se fera dans le cadre de l’Otan et un des objectifs sera une force de dissuasion efficace contre la Russie poutinienne. Une des raisons pour cette mesure est la crainte de la réélection de Donald Trump qui a indiqué qu’il voulait « repenser » l’Otan et sa mission.
Sur les aspects militaires, sécuritaires et anti-immigration, l’accord anglo-allemand s’inspire de la coopération franco-britannique, à savoir les traités de Londres (ou accords de Lancaster House) de 2010 et la déclaration commune de Macron et Sunak après leur rencontre à l’Élysée en mars 2023. Si Starmer est allé immédiatement à Paris après Berlin, c’est surtout pour éviter toute impression de favoritisme. Et pour être en bonnes relations avec l’UE, il reste toujours nécessaire d’être aussi proche de Paris que de Berlin.
Le club européen des losers ?
En se rapprochant en même temps de Scholz et de Macron, Starmer affirme sur la scène internationale son appartenance au camp des sociaux-démocrates. Le hic, c’est que ce camp n’a pas exactement le vent en poupe. Ne parlons pas de la côte de popularité d’Emmanuel Macron et des difficultés qu’il a à former un gouvernement. Côté Scholz, c’est la grande dégringolade dans les sondages pour le chancelier et pour son parti. L’Allemagne, jusqu’ici la championne économique de l’Europe, a vu sa croissance baisser de -0,1% au deuxième trimestre. En mai, sa production industrielle a baissé de 2,5% et ses exportations de 3,6%.
Les médias allemands ont commenté la « bromance » entre Scholz et Starmer en soulignant qu’ils ont en commun une personnalité terne et un manque de charisme. En réalité, ils partagent un défi beaucoup plus menaçant. Au Royaume Uni, la tuerie à l’arme blanche de Southport, le 29 juillet, a mis en pleine lumière la colère populaire qui bouillonne sous la surface dans beaucoup de régions anglaises. Si Starmer doit gérer l’affaire de Southport, Scholz a fort à faire de son côté à Solingen : un réfugié syrien, apparemment aux ordres de l’État islamique, a assassiné trois personnes à coups de couteau le 23 août. Le réfugié en question devait être expulsé vers la Bulgarie où il était censé faire sa demande d’asile officielle, mais les autorités allemandes n’arrivaient pas à le localiser. Elles savent où il est maintenant. Cet attentat vient après une autre tuerie à Mannheim le 31 mai : cette fois un réfugié afghan a poignardé six personnes dont un policier mortellement. Sans surprise, Scholz en est venu à proclamer qu’il faut « accélérer les expulsions ». Même si ces paroles sont suivies d’effet à la longue, ce ne sera pas assez tôt pour sauver le chancelier, son parti et sa coalition, lors des élections régionales qui auront lieu le premier septembre en Saxe et Thuringe. Les sondages sont très favorables envers le parti anti-immigration, Alternative für Deutschland (AfD). Le chef local de l’AfD en Thuringe, Björn Höcke, a posté une vidéo avec comme slogan une alternative brutale : « Höcke ou Solingen ».
Au cours de sa tournée européenne, Starmer a dénoncé ce qu’il appelle la « far-right snake oil », autrement dit, la « poudre de perlimpinpin de l’extrême droite ». Avec Scholz et Macron, il doit faire face au défi que représente une partie de l’électorat qui est excédée par l’immigration de masse non contrôlée et le mépris à leur égard dont font preuve les élites de gouvernement, surtout celle de centre gauche. S’il existe une forme de solidarité entre les leaders allemand, britannique et français, c’est surtout parce qu’ils n’arrivent pas du tout à résoudre les problèmes des classes populaires.
Tout est la faute des Tories !
Élu le 4 juillet, la lune de miel est déjà finie pour le nouveau gouvernement travailliste. Non seulement la côte de popularité du Premier ministre baisse de manière drastique, mais son parti n’est approuvé que par un peu plus qu’un cinquième des citoyens. Certes, il a une majorité écrasante de 174 sur 650 sièges au Parlement, mais il n’a gagné que 33,7% du vote, contre 32,1% pour Corbyn en 2019 et 40% pour le même en 2017. Ce qui veut dire que Starmer n’est pas l’objet d’un grand enthousiasme populaire. Il ne peut pas se permettre d’échec et déjà les problèmes s’accumulent. Sa seule rengaine, qui manque d’originalité, consiste à répéter que tout est la faute des gouvernements conservateurs qui ont précédé le sien.
Lors d’un grand discours dans la roseraie à Downing Street, le 27 août, il laisse entendre qu’il y aura des mesures « douloureuses » à prendre à l’automne, sans aucun doute une référence à des augmentations d’impôts. Pourtant, son parti avait fait campagne sur un refus en principe de taxer les citoyens encore plus qu’ils ne le sont actuellement. Pour justifier le revirement, Starmer prétend avoir découvert un « trou noir » de 22 milliards laissé par les Conservateurs dans les finances de l’État, ces mêmes Conservateurs qu’il accuse de ne pas avoir assez dépensé sur les services publics et les salaires du secteur public.
Starmer a abondamment accusé les Conservateurs de corruption (non sans une certaine justification), mais son propre gouvernement est déjà l’objet d’accusations de « cronyism » (copinage) et de « chumocracy » (du mot anglais pour pote). Car certains donateurs du Parti travailliste se sont vu nommer à des postes-clés de fonctionnaires (dont un qui a donné pour 3400 euros de lunettes à Sir Keir). Les Travaillistes ont abrogé ou suspendu certaines lois phares des Conservateurs, dont le programme permettant d’expulser des migrants « irréguliers » vers le Rwanda ou la législation anti-woke garantissant la liberté d’expression des universitaires. En revanche, les mesures positives qu’entend prendre le gouvernement de Starmer ne semblent pas calculées pour plaire aux électeurs populaires, pour ne pas dire populistes :
La fermeture des hôtels accueillant des migrants et la redistribution de ces derniers dans des logements vides partout en Angleterre ;
L’introduction dans les programmes scolaires de plus d’éléments concernant la justice sociale ;
L’extension du principe d’égalité salariale, qui pour le présent concerne les hommes et les femmes, à toutes les minorités, ce qui exclut bien entendu les hommes blancs ;
L’interdiction de fumer dans les jardins et sur les terrasses des pubs et des restaurants (cette mesure n’est pas encore confirmée).
En rendant visite à Scholz et à Macron, Starmer a certes trouvé des homologues partageant avec lui les mêmes défis. Mais les trois partagent la même absence de véritables solutions.
Aurélien Bellanger a écrit un long tract qui ravit les Frères musulmans. Le tract en question s’intitule Les Derniers jours du Parti socialiste et dénonce les intellectuels de gauche qui, selon l’auteur, se sont rangés du côté de l’extrême droite en devenant « islamophobes » et racistes. Succès assuré dans les mosquées. Y proposera-t-il des dédicaces ?
Romancier et essayiste, Aurélien Bellanger est également chroniqueur sur la radio publique et a par conséquent pu bénéficier d’une belle publicité, le même jour, lundi 26 août, sur France Inter puis sur France Culture. Les Derniers jours du Parti socialiste (Éditions du Seuil) sont une charge haineuse contre le Printemps républicain et l’un de ses fondateurs, Laurent Bouvet (mort en 2022) – alias Grémont dans le livre –, ainsi que contre deux intellectuels qui ont, selon l’auteur, mal tourné : Michel Onfray – alias Frayère – et Raphaël Enthoven – alias Taillevent.
Toutes ces personnes auraient trahi la gauche en utilisant le concept de laïcité pour faciliter l’émergence de l’islamophobie : « Il y a une islamophobie extrêmement forte qui travaille la société française, une islamophobie qui est devenue, de passion populaire, une passion d’intellectuels. L’islamophobie, aujourd’hui, quand on allume un certain nombre de chaînes de télévision, est extrêmement présente sur les plateaux, et c’est une anomalie. La société française est malade de cette islamophobie et des personnes l’ont volontairement attisée », affirme M. Bellanger sur France Inter. De plus, continue de divaguer ce dernier, le Parti socialiste serait mort étouffé par « une laïcité dévoyée et la réinvention d’un racisme à gauche ». Il fallait y penser !
Le jour de la rentrée et au lendemain d’un attentat islamiste contre une synagogue, la radio publique ouvre son micro à la dénonciation de l’ « islamophobie »…
L’idéologue militant ayant pris le pas sur le romancier, il est advenu ce qui devait advenir : le livre est écrit avec les pieds, loin des influences houellebecquienne et balzacienne dont se réclame l’auteur, et n’est qu’une succession de remarques crasseuses à l’encontre des susnommées. Le style imite tantôt celui du tweet qui se veut subtilement ravageur mais n’est en vérité qu’une grossière charge insultante ; tantôt celui d’un écrivain en herbe pastichant les expressions plates et sociologisantes d’Annie Ernaux ou s’exerçant, à la manière d’un journaliste de Libération, à empiler sèchement des pseudo-vérités politiques ou intimes sur telle ou telle personnalité honnie. L’imitation est au demeurant réussie : l’ensemble de l’œuvre est d’un ennui incommensurable, idéal en cas d’insomnie.
Si, sur France Inter, Sonia Devillers a tenté de mettre en porte à faux Aurélien Bellanger et ses accusations de racisme concernant Philippe Val, Michel Onfray ou Raphaël Enthoven – dans ce dernier cas, il n’est pas impossible que les relations conjugales du co-fondateur du journal Franc-Tireur avec la directrice de la station de radio publique, Adèle Van Reeth, aient pesé dans la balance – il n’en a pas été de même sur France Culture où Lucile Commeaux a encensé le roman de M. Bellanger dans lequel elle a cru déceler une « teneur ludique » et « une forme de lyrisme bienvenue » qui font qu’on lit ce roman « comme un bon Club des cinq ». Ayant lu dans ma prime jeunesse tous les tomes de cette merveilleuse série littéraire pour enfants, je puis affirmer que le style et les intrigues de ceux-ci sont incomparablement supérieurs au manuscrit lourdingue d’Aurélien Bellanger – du moins dans leur version originale. Les misérables versions expurgées qui ont vu le jour il y a quelques années présentent en revanche de grandes similitudes avec le travail de sabotage du style et de l’imagination du même Aurélien Bellanger.
Arnaud Viviant, critique littéraire d’extrême gauche officiant sur France Inter dans l’émission Le Masque et la Plume, a rendu compte du roman de M. Bellanger sur le site de la revue d’extrême gauche Regards. Dans une langue qui se prétend « inclusive », il gribouille : « Un mot sur l’auteur pour celleux qui ne le connaîtraient pas encore » – avant de qualifier l’œuvre de l’auteur en question de « balzacienne » puis d’affirmer, avec une petite idée derrière la tête que je vous laisse deviner, que si cet auteur n’a pas la « force romanesque » d’un Houellebecq, il est « plus dense, plus cérébral, beaucoup plus structuré et pertinent politiquement que l’auteur de Soumission ». M. Viviant a été d’autant plus enthousiasmé par le roman de M. Bellanger que lui-même se souvient s’être « méfié а la naissance du Printemps républicain après avoir appris que, parmi les fondateurs du mouvement, il y avait Marc Cohen », lequel, « devenu rédacteur en chef de Causeur, allait publier le manifeste du Printemps républicain, conjointement avec Marianne ». Effectivement, ça fait froid dans le dos ! Comme l’auteur des Derniers jours du Parti socialiste – qui fait dire à son personnage Sauveterre (double de lui-même) que la conception de la laïcité de Grémont-Bouvet « cache quelque chose d’obscurément fascisant » – M. Viviant n’a pas de mots assez durs contre CNews ou les « éditos “d’extrême droite moins une” de Philippe Val sur Europe 1 ». Comme Annie Ernaux – qu’il admire et avec qui il partage un attrait pour une écriture inclusive qui serait « un formidable défi littéraire posé aux écrivains » – le critique n’a jamais caché son tropisme mélenchonien. Un livre dézinguant salement un mouvement politique de gauche mettant en cause les nouveaux dogmes immigrationnistes et islamo-compatibles de l’extrême gauche ne pouvait que le réjouir. Le style littéraire n’a ici aucune importance – seule compte l’objectif idéologique qui est de laisser croire que le concept de laïcité n’est plus qu’un outil sournois pour légitimer le racisme et l’islamophobie en France.
« Islamophobie » : un mot piégé
Aurélien Bellanger, sous couvert d’une œuvre romancée, reprend à son compte la notion d’islamophobie pour balancer la « mauvaise gauche ». Les ressorts de cette notion ont été parfaitement démontés par Philippe d’Iribarne dans son essai paru en 2019, Islamophobie. Intoxication idéologique : « Ce concept est un leurre, une illusion qui entretient le ressentiment au lieu de favoriser la concorde en faisant croire aux musulmans qu’ils sont des victimes systématiques et en les privant de leur sentiment de responsabilité. » Ce terme a été imposé en France par le Collectif contre l’islamophobie (CCIF), régulièrement dénoncé pour ses accointances avec les Frères musulmans et dissous par Gérald Darmanin en 2020. L’UE, gangrénée par des lobbyistes musulmans ayant appris à jouer avec nos règles démocratiques, a créé en 2015 une Commission européenne contre l’islamophobie. L’ONU de M. Gutteres a accouché d’une Journée internationale de lutte contre l’islamophobie. Les Frères musulmans se réjouissent d’avoir des alliés aussi idiots et visiblement prêts à subir toutes les humiliations inhérentes à leur statut de futurs dhimmis. Autre exemple : la marche contre l’islamophobie organisée en France en 2019 durant laquelle Jean-Luc Mélenchon et la majorité des députés LFI se tenaient aux côtés du CCIF, de Marwan Muhammad et de ses affidés hurlant des « Allahou Akbar » en rafale à… cent mètres du Bataclan ! Depuis, Rima Hassan est devenue l’égérie des Insoumis et les actes antisémites n’ont fait que croître dans notre pays – mais ce sujet, comme celui des actes de vandalisme se multipliant contre les édifices chrétiens, n’intéresse absolument pas M. Bellanger.
Le discours de l’islamophobie est un discours victimaire et essentialiste qui ne correspond à aucune réalité dans les sociétés occidentales. Il est un mensonge qui nuit aussi bien aux pays d’accueil qu’aux immigrés désireux de se fondre dans ces pays mais qui, rebutés par la faiblesse et la lâcheté de sociétés incapables de prolonger le projet de civilisation d’un Occident qui jadis vénéra les concepts de liberté et d’égalité issus d’une histoire multimillénaire, peuvent finir par succomber aux appels de l’islam radical. Il est grand temps, écrit encore Philippe d’Iribarne, que les Français se reprennent et tiennent un discours de vérité aux musulmans vivant en France en leur disant fermement qu’ils n’ont « aucune chance de devenir des membres respectés s’ils restent étrangers à cette vénération. » Malheureusement, le discours de l’islamophobie n’a fait qu’encourager les nouveaux venus à se tenir à distance des règles sociales, politiques et coutumières d’un pays qui, par ailleurs, laisse des mœurs rétrogrades pénétrer en son sein et se plie aux demandes des représentants d’un islam n’ayant jamais caché son projet conquérant. Tous les « accommodements » que les sociétés occidentales acceptent au nom de la lutte contre l’islamophobie sont considérés par les islamistes comme une victoire absolue, par les musulmans dans leur ensemble comme la preuve d’un abandon des valeurs qui ont forgé l’Occident. Les Frères musulmans constatent avec joie que le monde occidental, épuisé et haineux de lui-même, renie son histoire, sa culture et ses traditions, se vide de sa sève, s’affaiblit au point de devenir une proie facile. La Belgique, au bord de l’abîme, sera la première à tomber, selon eux. Mais tous les pays d’Europe de l’Ouest et du Nord sont concernés.
Multiculturalisme, multiples problèmes
Récemment, en Angleterre, les plus douloureusement touchés par une immigration illimitée ont osé manifester suite à la mort tragique de trois fillettes tuées par un jeune Anglais d’origine rwandaise. Cette tragédie a réveillé l’horrible souvenir des réseaux de prostitution et de pédophilie organisés dans de nombreuses villes du pays par des hommes musulmans d’origine pakistanaise abusant sexuellement de très jeunes filles blanches (certaines des plus de 4000 victimes connues n’avaient que onze ans) issues de milieux sociaux défavorisés, réseaux qui purent prospérer pendant plus de vingt ans sans que les autorités, craignant d’être accusées d’islamophobie et de racisme, ne bougent le petit doigt. À quoi s’ajoute un communautarisme problématique, source d’une scission grandissante dans une société où la charia s’impose de plus en plus. Mais rien ne doit venir ternir le plan immigrationniste des élites européennes : les notions d’islamophobie et de xénophobie sont venues à la rescousse du nouveau gouvernement britannique et ont été relayées sans sourciller par les médias. Si des Anglais ont manifesté, ce n’est pas pour défendre leur pays contre une immigration posant de plus en plus de problèmes d’insécurité physique ou culturelle mais parce qu’ils sont islamophobes, racistes et d’extrême droite – telle a été la propagande déversée par les instances européennes et les médias mainstream. Telle est celle que répand Aurélien Bellanger à propos de cette partie de la gauche française qui ne veut pas fermer les yeux face au défi que représente une immigration musulmane qui ne se sent plus aucun devoir envers le pays qui l’accueille et ne rêve que de rejoindre les rangs communautaires prêts à en découdre pour imposer de nouveaux modes de vie régis par les lois coraniques. En manipulant, à l’instar des islamistes, le concept d’islamophobie, M. Bellanger se fait l’allié objectif des Frères musulmans qui l’ont imposé partout, sous toutes ces formes, dans le seul but de faire taire ceux qui dévoilent leur stratégie de conquête et d’infiltration. Malgré des travaux rigoureux, Alexandre Del Valle, Emmanuel Ravazi, Gilles Kepel ou Florence Bergeaud-Blackler, par exemple, n’ont pas échappé à l’accusation d’islamophobie, de xénophobie ou d’appartenance à l’extrême droite de la part des islamo-gauchistes politiques, médiatiques ou universitaires. M. Bellanger préfère bien entendu valoriser les discours d’Olivier Roy sur une supposée « laïcité idéologique et totalitaire » ou les diatribes de Rokhaya Diallo contre le « racisme systémique » qui sévirait en France.
Charge idéologique grossière, style pauvre et imagination faiblarde font que le livre de M. Bellanger ne peut en aucun cas être qualifié de roman. En vérité, le livre de M. Bellanger est un tract. Un long tract politique. D’ailleurs, la revue politico-bien-comme-il-faut Télérama, enévoquant un« récitdénonçant le sabotage de la gauche par une poignée d’intellectuels peu scrupuleux de badiner avec l’extrême droite », vend la mèche malgré elle.
Ce pensum n’estni un roman, ni un récit. C’est un tract politique. Avec tous les défauts du tract politique : répétitif, ennuyeux, doctrinal, fastidieux, disgracieux. Le destin des Derniers jours du Parti socialiste est par conséquent tout tracé. Il est celui de tout tract politique qui se respecte et finit généralement dans les eaux sales d’un caniveau avant que d’aller pourrir dans les profondeurs d’un égout.
Ségolène Royal, Bernard Cazeneuve, François Bayrou… Les Français n’avaient pas envie de tester la « nouveauté » avec l’impayable Lucie Castets. Le Premier ministre que le président Macron va désigner pourrait donc ne pas être né de la dernière pluie. Est-ce vraiment préférable ?
Manifestement, le Chef de l’État rencontre mille et une difficultés dans sa recherche d’un quidam pouvant faire office de Premier ministre. A-t-il essayé le «Bon Coin»? Il paraît qu’on y trouve de tout, absolument de tout! Le plus souvent à des conditions très favorables, ce qui tomberait bien au vu de la situation financière du pays. Évidemment, ce n’est jamais de l’objet de « première main », c’est de l’occasion. Toujours dans un état des plus satisfaisants, au dire des vendeurs. Donc, pourquoi pas ? D’autant que, de quelque côté qu’il se tourne, le président va devoir faire avec du déjà-vu, de l’occasion justement, voire du recyclé. Nul besoin de prétendre rivaliser avec Nostradamus ou la regrettée Madame Soleil pour prédire que le gouvernement qui va sortir de tout cela ne pourra être qu’un cabinet de fond de tiroir.
D’ores et déjà, on ne peut pas dire que les noms qui circulent soient de nature à causer un électrochoc capable de réveiller le citoyen de sa torpeur de fin d’été, ou, à défaut, générer un effet de surprise particulièrement bluffant. On ne peut pas dire non plus que ce noms-là « donnent envie », selon l’expression consacrée. Cazeneuve, tiendrait la corde (comme le pendu s’accroche désespérément à la sienne, peut-être bien ?). Quant à l’inusable Daniel Cohn-Bendit, l’homme de la révolution soixante-huitarde, le gourou de l’imagination au pouvoir, ne pousse-t-il pas l’audace intellectuelle, le culte de l’épopée politicienne jusqu’à proposer François Bayrou ? Bayrou, le génie incarné de l’immobilisme, du bilan zéro, de l’inaction érigée en art de gouvernement, promu général en chef d’une escouade censée précisément tordre le coup à l’immobilisme, ouah on se pince ! Il paraît que Dany l’impayable s’est fendu d’une note au président dans l’intention de lui vendre cette géniale idée. Double erreur. En un, le nom proposé, celui d’un haut-commissaire au Plan dont on se demande de quoi ce haut-commissariat a bien pu accoucher à ce jour. En deux, l’erreur, cardinale celle-là, de vouloir encore croire, malgré l’expérience des faits depuis presque une décennie, que Jupiter pourrait un jour entendre, accepter, suivre le moindre conseil. Il y a eu un temps un autre nom. Peut-être parce qu’elle porte celui de Castets (chez LFI on cultiverait donc le sens du calembour révélateur ?) la dame – ex-experte en excavation financière à la mairie de Paris – s’est imaginée être la solution du casse-tête présidentiel. Il semble qu’elle se soit elle aussi fourvoyée. Sauf bien sûr, revirement élyséen de dernière minute. Comme on le sait, on n’en est pas à l’abri. En attendant, pas de gouvernement, par de ministres de plein exercice, ni Premier ni autres. Un gouvernement d’ombres chinoises, dirait-on. On se console en se disant que pendant ce temps-là au moins ils n’ont plus ni l’autorité ni les moyens de faire de trop grosses bêtises. C’est toujours cela.
La vie de Pierre Terrail de Bayard (1475-1524), narrée par l’un de ses compagnons d’armes, Jacques de Mailles, dans La très joyeuse, plaisante et récréative histoire du gentil seigneur de Bayart, est à redécouvrir…
Son nom figure au panthéon des plus grands de notre histoire et claque à nos oreilles autant qu’il émeut notre sensibilité : Pierre Terrail, fils d’Aymon seigneur de Bayard et lui-même connu sous le nom du chevalier Bayard, est mort il y a exactement 500 ans.
Ses exploits chroniqués par un « Loyal Serviteur »
Rares sont les militaires dont la postérité aura permis de les maintenir dans la connaissance publique et populaire aussi longtemps ; rares aussi sont les héros qui peuvent, par la simple évocation de leur nom, convoquer aussi efficacement le souvenir d’autant de vertus. Il était connu de son vivant pour être, par excellence, l’homme de toutes les qualités : pieux dans sa foi, fidèle dans son allégeance, brave dans son métier, le chevalier Bayard sans peur et sans reproche appartient à la véritable élite dont un pays peut s’enorgueillir : celle qui se tient droit dans ses devoirs, ne s’en écarte jamais y compris s’il faut le payer de sa vie. La France, notamment son armée, a longtemps entretenu le souvenir du grand militaire et si tant de générations de soldats et d’officiers ont pu si souvent empêcher que la France ne cède sous la pression des forces hostiles qui s’exerçaient à ses frontières, c’est en grande partie parce que l’ombre de Bayard planait par-dessus nos guerriers et faisait retomber sur eux un peu de l’exemple du grand homme.
Notre immense chance est qu’il y avait dans l’entourage personnel du chevalier Bayard un homme lettré qui, l’ayant accompagné sur les champs de bataille et dans sa vie quotidienne, a pu en écrire la chronique. Cette chronique, écrite par un contemporain qui le suivait au plus près, constitue la source primaire par excellence sur la vie et les actes de Pierre Terrail. Quelques fois réédité jusqu’au siècle dernier, ce livre fondamental revient aujourd’hui pour le cinquième centenaire de la mort du militaire. Son titre est à lui seul une promesse épique : La très joyeuse, plaisante et récréative histoire du gentil seigneur de Bayart, par Jacques de Mailles qui en son temps s’était signalé par le simple sobriquet de Loyal Serviteur.
Un texte incontournable
Le style du chroniqueur appartient évidemment autant au champ biographique qu’hagiographique comme cela était habituel en ce temps. Les historiens modernes ont depuis relevé quelques exagérations dans le texte du Loyal Serviteur mais celui-ci reste, notamment grâce à sa magnifique plume et au fait que l’auteur a personnellement connu et suivi le personnage dont il fait la chronique, le texte incontournable sur la vie de Bayard, celui dans lequel on se plonge autant pour se renseigner sur la vie du héros que pour s’injecter de l’énergie dans le sang. Les scènes de vie choisies pour tisser la chronique sont très souvent à la faveur du chevalier mais il est acquis aux yeux de l’historiographie que le Loyal Serviteur n’a pas « inventé » un personnage en ce que sens que son récit correspond à ce que nous savons effectivement du tempérament du chevalier, de sa bravoure au combat et d’un ensemble de vertus qui le singularisaient notablement dès son vivant.
La très joyeuse, plaisante et récréative histoire du gentil seigneur de Bayart ne rend pas seulement justice au seigneur en question : elle fait aussi honneur à l’exercice même de la chronique ainsi qu’à la langue littéraire, épique et aventureuse telle que les plus grands auteurs ont su la manier pour sublimer leur sujet. Chaque page transporte le lecteur dans un monde encore largement médiéval et il n’est pas rare qu’au détour d’un paragraphe, après nous être ému pour un haut fait, nous refermions le livre un peu chagrinés à l’idée que ces temps héroïques ne soient plus et qu’il nous faille maintenant composer avec toutes les lâchetés de notre malheureuse et bien décevante époque…
La réédition par La délégation des siècles de La très joyeuse, plaisante et récréative histoire du gentil seigneur de Bayart est presque la seule contribution du monde éditorial français au souvenir pourtant nécessaire d’un grand modèle que très exactement cinq siècles séparent de nous.
Dans les élections à venir, il faudra surtout regarder ce que font les électeurs des États de Géorgie et de Pennsylvanie, explique notre contributeur. La démocrate Kamala Harris, qui voit plutôt les sondages évoluer en sa faveur actuellement, semble être parvenue à se dégager de l’emprise de l’aile la plus à gauche et la plus anti-israélienne de son parti. Du moins l’espère-t-on.
De l’élection du président américain dépend en partie l’avenir du monde. Par un contraste saisissant, les motivations des électeurs ne dépendent nullement de ces considérations géostratégiques, mais de leurs soucis quotidiens: le coût du panier alimentaire, le prix de l’essence à la pompe, les intérêts à payer pour sa propriété, la coûteuse couverture des soins ou les dépenses pour l’éducation. De ce point de vue, les indicateurs de la présidence Biden sont indiscutablement favorables: le plein emploi ou presque, l’inflation contenue, la production repartie, la couverture sociale sauvegardée.
Les intentions de vote en faveur de Trump à la baisse
Mais le ressenti des citoyens consommateurs est assez déconnecté des indices macroéconomiques ; et les facteurs émotionnels, dont le rôle a longtemps été sous-estimé par la vulgate économique influencée par l’analyse marxiste, sont exacerbés par les outils de communication actuels et peuvent générer des réactions d’attirance ou de rejet irrationnelles.
Alors que les ennuis judiciaires de Donald Trump n’ont pas entaché sa popularité, les lapsus de Joe Biden ont entrainé une chute catastrophique dans les sondages qui l’a obligé à ne pas se représenter. Trump triomphait. Il a eu tort. La mise en orbite de Kamala Harris au cours d’une convention démocrate réussie a provoqué chez le candidat républicain une véritable réaction de panique, des commentaires particulièrement inappropriés et une sanction immédiate dans les intentions de vote.
Aujourd’hui, c’est Kamala Harris la favorite, mais les jeux ne sont pas faits et un événement imprévisible pourrait modifier la donne électorale. La situation du monde ne devrait pourtant pas dépendre d’une parole mal placée, mais c’est la loi de la démocratie…
Regardez la Géorgie et la Pennsylvanie !
Le système électoral américain a des facettes ahurissantes pour un Français. À chacun des cinquante États et du District de Columbia est attribué un nombre de grands électeurs qui dépend de sa population. Le parti arrivé en tête emporte la totalité de ces électeurs aussi étroite qu’ait été sa victoire. Le Nebraska et le Maine qui ont institué un système plus nuancé font figure de curiosité. Parfois, le candidat qui a obtenu la majorité des votes n’a donc pas remporté les élections. Ce fut le cas de Al Gore en 2000 et de Hillary Clinton, qui, malgré trois millions d’électeurs de plus, a été battue par Trump en 2016. Dans la plupart des Etats, la campagne est en réalité inutile: on sait que la Californie enverra 54 grands électeurs démocrates, l’État de New York 28 et le Texas 40 républicains.
La compétition se concentre sur les «battleground states» ou «swing states». Il y en a cinq, car le Michigan, qu’on y inclut en général et où se trouve la plus grande communauté arabo-musulmane américaine, va certainement voter démocrate. Il reste le Wisconsin, le Nevada, l’Arizona, la Géorgie et la Pennsylvanie, ces deux derniers particulièrement observés.
– En Pennsylvanie, 20% des citoyens ne peuvent pas voter, car ils ne se sont pas inscrits sur les listes électorales. Comme ces citoyens négligents voteraient plutôt démocrate, le gouverneur démocrate (Josh Shapiro) a poussé à des mesures d’inscription automatique.
– En Géorgie, le Comité de contrôle électoral, à majorité trumpiste, s’est octroyé le droit de ne pas certifier le vote à la moindre suspicion, ce qui prépare à des accusations de malversations si Trump n’obtient pas la majorité. Le gouverneur de Géorgie, pourtant lui-même républicain, tente de s’opposer à cet activisme débridé. Mais la chicanerie juridique américaine a du ressort…
À une bipartition électorale géographique (qui contraste grosso modo aux États-Unis un centre républicain et des États démocrates sur la côte Est et la côte Ouest), se surajoutent des différences de genre parfois considérables, peut-être liées à la politique de l’État en matière d’interruption de grossesse. Les femmes votent nettement démocrate et les hommes républicain.
Parmi les inconnues, il y a le comportement des partisans de Robert Kennedy junior, candidat indépendant, de la famille emblématique du parti démocrate. Militant complotiste anti-vaccinal au cours de la pandémie du Covid, il vient de se rallier à Donald Trump, qui lui aurait promis carte blanche dans le domaine de la Santé. Ils partageraient tous deux une passion pour la liberté, une estime pour Poutine et une volonté de lutter contre des agences gouvernementales soi-disant corrompues et des sociétés agro-alimentaires qui détruiraient la santé des enfants américains. Les électeurs orphelins de Robert Kennedy pourraient-ils amener à Trump les voix qui feraient la différence dans les swing states? Pour l’instant: les sondages suggèrent qu’ils reporteraient plus souvent leurs votes sur Kamala Harris. Affaire à suivre.
Chez beaucoup de ceux qui se préoccupent du soutien à Israël par le président des États-Unis, la candidature de Kamala Harris suscite des craintes. Ils constatent que la plupart des personnalités hostiles à Israël sont liées au parti démocrate, par exemple les membres de ce qu’on appelle la Squad à la Chambre des Représentants et les partisans du wokisme dans le monde universitaire. Ils minimisent les antisémites à l’ancienne qui rôdent autour de Trump et soulignent que ce dernier appelle les Israéliens à «finir le travail» alors que Joe Biden, qui parle de façon peu réaliste de cessez-le-feu et de paix, a trouvé que les manifestants anti-israéliens à Chicago avaient des arguments à faire valoir. Ils relèvent que les relations personnelles de Netanyahu avec Biden et plus encore avec Kamala Harris n’ont rien de chaleureux. Ils craignent l’influence de Barack Obama dont la présidence avait renforcé l’Iran et rappellent que ce sont les accords d’Abraham, qui ont tenu jusqu’à aujourd’hui, qui semblent les meilleurs véhicules à une solution future du conflit israélo-arabe. Ils regrettent enfin que les orateurs à la Convention démocrate n’aient pas insisté sur le fait qu’Israël est le seul allié fiable dans cette région du monde et que le combat qu’il mène contre le fanatisme islamiste est aussi le combat de la démocratie américaine. À cela s’ajoute le fait que Ilan Goldenberg, l’homme que Kamala Harris a choisi comme liaison pour les relations avec Israël, est un proche de JStreet, et un critique de la politique israélienne. Ces inquiétudes sont légitimes.
Mais, les tentatives de faire virer la convention vers une démonstration de solidarité avec les Palestiniens ont piteusement échoué ; les massacres du 7 octobre ont été décrits pour ce qu’ils étaient, des parents d’otages ont pu parler et des Palestiniens non ; le droit d’Israël à se défendre a été proclamé sans ambages. Sans attacher une importance exagérée au fait que Kamala Harris a épousé un Juif qui aime manifestement Israël, je constate qu’elle a toujours proclamé son soutien à Israël et que Joe Biden lui-même a été irréprochable dans ce domaine, tout critique qu’il ait parfois été.
L’aile la plus à gauche et la plus opposée à Israël du parti démocrate maîtrisée ?
Au cours de cette convention démocrate, il me semble que le parti traditionnel a commencé à se dégager de l’emprise de son aile gauche anti-israélienne. Il y a un long travail à faire tant le narratif de l’innocente victime palestinienne face à l’Israélien surarmé est devenu dans le public l’estampille de la bonne-pensance.
Mais il est fondamental pour Israël que le soutien américain reste bipartisan.
Dans une conjoncture géopolitique exceptionnellement délicate, laisser les clefs de la Maison Blanche à un Donald Trump qui a montré un mépris absolu pour les individus et pour la vérité des faits, qui s’est mis à dos les forces armées par ses déclarations méprisantes envers les soldats tués au combat, qui a les yeux de Chimène pour les autocrates de la planète, tout cela, malgré ses déclarations favorables, est pour beaucoup d’Américains proches d’Israël au-delà de leurs forces. Je les comprends. Mais à l’intérieur du parti démocrate, les amis d’Israël ne devront pas baisser la garde…
Le récit médiatique entourant les «violences policières», à la mode depuis la mort de George Floyd aux États-Unis en 2020, est mis à mal par la mort du gendarme Éric Comyn.
La mort tragique d’un gendarme à Mougins (06) à l’occasion d’un contrôle, tué par un multirécidiviste capverdien en liberté nous rappelle les vingt-quatre mille refus d’obtempérer par an et la mort de Nahel, « petit ange parti trop tôt ». Une fois de plus, la France est divisée.
La police et la gendarmerie, pour la majorité des lecteurs du Monde, de Libération, de Télérama, des Inrocks, pour les intellectuels et militants issus de la diversité, pour ce qui reste du peuple de gauche, pour la France insoumise surtout, sont des corps réactionnaires peu soucieux des libertés publiques. Pour tous ces gens-là, les violences policières actuelles en rappellent d’autres : celles contre le peuple révolté ou affamé, contre les ouvriers en grève devant les portes des usines, contre les Juifs sous le régime de Vichy, les Arabes pendant la guerre d’Algérie, les immigrés dans les bidonvilles…
Pensée manichéenne
Or la vision qu’ils présentent est tronquée ; pire, elle est manichéenne. Elle répartit les principaux protagonistes d’une situation – la police, les victimes du racisme – dans deux catégories distinctes : les « bons » et les « mauvais », les victimes et les coupables, ceux qui font les frais de provocations et d’humiliations, d’un côté, ceux qui jettent à terre, menottent, rouent de coups et arrêtent injustement, de l’autre. Mais que l’on ne se pose pas la question, de savoir d’où viennent les attitudes et les comportements des policiers, ce qui peut éventuellement les expliquer – ce qui n’a rien à voir avec les excuser – voilà qui est effarant. Prendre les gens pour des victimes, à la longue, c’est les prendre pour des imbéciles en les dépossédant de tout désir, objectif ou intention.
Dans les affaires de refus d’obtempérer la pensée manichéenne fait d’ores et déjà fi de la complexité des situations, du rôle des émotions dans la vie sociale et des manipulations politiciennes. Oui, il y a du « racisme » dans la police comme il y a de la haine chez les racailles « racisées » contre la police, représentants d’un Etat honni. Dès l’entrée en école de police chez les élèves policiers, dans le huis-clos des commissariats, il y a ce racisme qui s’explique parce que venant de milieux populaires très touchés par la crise et par l’effondrement des valeurs d’ordre et de civilité chères à ces milieux, les gardiens de la paix ont une clientèle de plus en plus colorée du fait de l’immigration de masse et de la délinquance presque toujours étrangère ou issue de l’immigration. Par ailleurs, la relation pour le moins délicate à l’autorité de beaucoup de jeunes, musulmans, gauchistes ou anarchistes, crée sans cesse des tensions, des violences parfois graves et un harassement de policiers laissés souvent seuls au front, sans soutien véritable des hiérarchies et des politiques qui leur donnent des injonctions contradictoires et absurdes, dans l’espoir d’éviter des troubles beaucoup plus graves.
Les militants antipolice recherchent-ils la justice, ou une guerre raciale ?
La publication de la vidéo de la mort brutale de George Floyd écrasé par le genou d’un policier blanc avait provoqué autrefois de nombreuses manifestations violentes un peu partout aux États-Unis et en Europe et la naissance du mouvement « Black lives matter »… A Paris, des milliers de personnes avaient défilé pour Adama Traore et contre les « violences policières ». La cause avancée pour ces indignations, ces colères et ces violences, c’est un combat pour la justice et contre le racisme. Mais en arrière-plan, c’est une guerre civile qui s’annonce, une guerre des races qui ramène à la surface les ressentiments et les rancœurs identitaires de populations agrégées par la haine. Cet antiracisme qui prétend combattre les injustices et la haine est, en fait, une nouvelle forme de fascisme.
Dans l’histoire du siècle passé et de l’histoire tout court, ce n’est pas une nouveauté. Toutes les périodes de crise ont vu naître le besoin de trouver une raison unique aux malheurs des individus, broyés par le cours des événements. La tentation totalitaire, c’est la promesse d’un monde purifié délivré du Mal.
« Les Représentants du peuple seront impassibles dans l’accomplissement de la mission qui leur est confiée : le peuple a mis entre leurs mains le tonnerre de la vengeance, ils ne le quitteront que lorsque tous ses ennemis seront foudroyés. Ils auront le courage énergique de traverser les immenses tombeaux des conspirateurs et de marcher sur des ruines, pour arriver au bonheur de la nation et à la régénération du monde. » (Proclamation des Représentants à Lyon, le 15 frimaire, an II.) Cette tentation totalitaire se renforce aujourd’hui très rapidement. Elle va même jusqu’à enrôler des enfants dans son combat idéologique. Ce qui la caractérise, c’est qu’elle prône la disparition ou la mise à l’écart de ceux qui sont censés représenter le Mal. Hier, les Juifs, les bourgeois, les Tutsis au Rwanda. Aujourd’hui, l’homme blanc, le policier, le juif supposé sioniste.
Frustrations identitaires
Elle a pour partisans et acteurs deux groupes d’individus: les déshérités, véritables ou imaginaires, musulmans des quartiers pour la plupart et les frustrés. Cette alliance des frustrés qui se veulent responsables du sort de ceux qu’ils voient, à tort ou à raison, comme des victimes et des opprimés et, d’autre part des déshérités est réellement explosive. L’histoire a toujours réuni ces deux groupes de personnes dans un élan qui s’est voulu révolutionnaire. Les déshérités ont réellement besoin de lutter pour la justice et l’égalité. Ce fut le cas, entre autres, des ouvriers et des paysans, victimes des inégalités, du chômage pendant la révolution industrielle dans les temps qui précédèrent l’émergence des mouvements prolétariens. C’est toujours le cas dans de nombreux endroits de la planète. Ils apportent dans ces mouvements un peu de raison et des raisons de combattre. Les frustrés qui ne sont pas de véritables déshérités, écrivaillons, journalistes, enseignants, techniciens, communient dans une jalousie commune et cherchent maladivement à réparer ce qu’ils considèrent comme une injustice de la vie. Ils vont diriger le combat des déshérités et transformer le combat des déshérités en une lutte pour de nouvelles dominations. Ils vont vouloir écraser les imposteurs qui ont pris la place qui leur est due en raison du mérite qu’ils s’attribuent. Cette alliance des frustrés et de ceux qui se considèrent comme des déshérités prépare des conflits futurs qui n’opposeront pas seulement des cultures et des civilisations mais à l’intérieur même des sociétés, en Occident comme en Orient, des groupes humains séparés par leurs conceptions culturelles, religieuses, par leurs conditions sociales ou ethniques et dont certains se considèrent comme des victimes de complots fomentés par des ennemis tout puissants et maléfiques.
Le King est mort en août 1977, il y a 47 ans. Notre contributrice revient sur les parcours de son ex-femme Priscilla et de sa fille Lisa-Marie, dont les destinées sont actuellement à l’affiche du film de Sofia Coppola, diffusé sur Canal +, et d’un documentaire, sur Arte.
La mort de Delon, le 18 août, m’a un peu coupé l’herbe sous le pied. En effet, j’étais alors bien partie pour écrire sur Elvis, dont on célébrait le 47ème anniversaire de la mort le 16 août 1977. Et finalement, avec un peu de retard, je me dis : « allons-y ! », le King du rock’n’roll c’est sans aucun doute davantage dans mes cordes que le bel acteur français. Et puis, si le mois d’août tire à sa fin, il n’est pas encore tout à fait terminé… L’été, avec le soleil à son zénith, possède toujours une forme de cruauté. Albert Camus le savait mieux que personne. Que l’on aime ou que l’on déteste ces mois d’été au ralenti, ceux de 2024, quelle hécatombe (Alain Delon, Gena Rolands, Françoise Hardy, Catherine Ribeiro)… Le 16 août 1977 donc, disparaissait Elvis. Celui avant qui rien n’existait, ni le rock’n’roll moite, ni les filles en pâmoison, ni l’incursion de la « négritude » au sein de la musique chantée par les blancs… La légende dit qu’il serait mort sur ses toilettes. Peu importe ! N’appelle-t-on pas également cet endroit, le trône ? Cruelle ironie… Ses funérailles ont eu lieu le 18 août, à Memphis, avec force défilés de Cadillac et de filles s’évanouissant sur des civières sur son passage. Le roi est mort, vive le roi ! En 2024, il semblerait que l’on commence enfin à s’intéresser aussi à sa femme : Priscilla. Féminisme oblige ? Je l’ignore et n’en ai cure, mais Priscilla mérite qu’on s’arrête sur son cas ; c’est un personnage plus complexe qu’il n’y paraît. On ne devient pas la femme d’Elvis sans raisons. C’est une nouvelle fois Arte, à la faveur d’un documentaire fouillé et sans concessions, sobrement intitulé « Elvis et Priscilla »1, qui donne encore une fois le la. Cependant, pour se faire une idée de la personnalité de Priscilla Beaulieu (Madame Presley), il est aussi nécessaire de s’intéresser à Priscilla, le film de Sofia Coppola2 sorti en 2023, ici à son meilleur. Le film fut cependant mal compris à sa sortie (comme souvent). Nous y reviendrons.
Elvis fait son service en Allemagne, précisément à Friedberg, en RFA, et c’est là qu’il rencontre la jeune Priscilla, qui n’avait même pas 14 ans. Le père adoptif de cette dernière est dans l’US Air Force. Sa mère est fan d’Elvis, et pousse sa fille à le fréquenter. Le décor est planté. Priscilla se rend donc tous les soirs dans l’antre d’Elvis et de ses compagnons de caserne. Cependant, l’endroit ressemble davantage à un bar chic où l’on joue de la musique et drague les filles, qu’à une chambrée de militaires. La jolie brune ne tarde pas à taper dans l’œil d’Elvis – qui a rapidement du se dire que vu son jeune âge, il pourrait en faire sa poupée. Nous verrons par la suite que cette intuition était la bonne. Et puis, tout va très vite. Les parents de Priscilla autorisent leur fille à accompagner Elvis dans le Saint des saints : sa kitschissime propriété de Graceland. À une condition, cependant : que celle-ci suive des cours dans une très vénérable institution catholique. Ce qu’elle fait, de fort mauvaise grâce. Elle veut épouser le King, mais lui n’en a cure pour l’instant. Il préfère faire de Priscilla un Elvis en jupons. Il lui fait teindre ses cheveux en noir de jais ; sa choucroute s’élève de plus en plus, et ses yeux sont de plus en plus cernés d’eye-liner. Il lui fait aussi prendre somnifères et amphétamines, dont il est déjà très friand. Elle devient sa chose. Mais ne se laisse pas faire, pique des crises de jalousie épouvantables lorsque les tabloïds font leurs gros titres sur les nouveaux coups de cœur supposés d’Elvis. C’est tout cela que Sofia Coppola montre à la perfection dans son film ; elle est une cinéaste de l’enfermement, Virgin Suicides en est le meilleur exemple. Le film, comme le documentaire d’Arte, nous montrent deux Priscilla : celle d’avant le mariage (la petite fille soumise) et celle d’après (la femme qui commence à savoir ce qu’elle veut).
Elvis et Priscilla convolent en justes noces le 1er mai 1967. La petite Lisa-Marie naît neuf mois après, le 1er février 1968. Ce mariage n’est pas heureux: Elvis était-il, comme on aime à l’assener sans arrêt de nos jours, un homme toxique ? Il resta toute sa vie cet homme du Sud, pour qui les femmes étaient soit des saintes, soit des putains. Et puis, Priscilla finit par le tromper avec son instructeur de karaté et demande le divorce… Elvis est dévasté. Priscilla était, à ses yeux, définitivement devenue une putain ! Cependant, en 73, l’année de leur divorce, il fait bonne figure, et continue ses concerts à Vegas. À sa mort, son ex-femme géra sa colossale fortune d’une main de fer. Il n’y avait pas en elle, la malédiction des Presley… Elle en est la seule survivante. Lisa-Marie meurt le 12 janvier 2023. Chanteuse et actrice, Lisa Marie apparait pour la dernière fois en public à la 80e cérémonie des Golden Globes, durant laquelle le film de Sofia Copola est récompensé. Elle est alors visiblement affaiblie et a une démarche peu assurée. On la retrouve le lendemain chez elle en arrêt cardiaque, et elle meurt deux jours plus tard à l’hôpital. Elle fut le portrait de son père, et sa voix n’aurait pas fait rougir ce dernier. Une histoire à la fois sublime et tragique. De celles dont seule l’Amérique a le secret…
Dans Le Point, François Hollande aimerait que la gauche se libère de ses démons radicaux. Dans Le Figaro, Nicolas Sarkozy appelle la droite et les partis de gouvernement à cesser d’ajouter la crise politique à la crise économique et sociale française, au nom de l’intérêt du pays, et à se hisser au-dessus des intérêts partisans… Mais tout cela ne nous dit toujours pas quel Premier ministre atterrira à Matignon.
Il y a ceux qui font une vraie campagne électorale pour être nommés sans aucune raison, comme cette Première ministre LFI baroque qui aligne les aberrations, l’ignorance économique, les fautes sur le pouvoir d’achat et les caprices de pouvoir à tout prix. Ceux qui, comme le RN, ont complètement disparu de la circulation – sont-ils en psychanalyse, pour se remettre de la torture mentale qu’on leur fait subir en les traitant de « fachos » tous les jours ? – et se voient refuser tout poste à l’Assemblée nationale et ne bénéficier d’aucune considération alors qu’ils ont quand même 126 députés élus par le peuple français ! (Voilà qui nécessite d’augmenter fortement les doses d’antidépresseurs pour des gens qui ne sont pas tous des salauds comme on veut le faire croire et ont des ambitions pour la France, même si elles ne correspondent pas forcément à ce qu’on souhaite). Ceux qui restent de la droite qu’on aimait bien, mais qui estiment que ce serait se compromettre gravement que de prendre une parcelle de pouvoir lié à Emmanuel Macron (ils n’ont pas beaucoup d’arguments, en réalité, uniquement des punchlines). Ceux des vrais socialistes qui se cachent (sauf François Hollande et Ségolène Royal), terrifiés à l’idée de contredire le grand méchant loup, Jean-Luc de son prénom… et morts de peur devant l’hypothèse de peut-être devoir admirer un Premier ministre issu de leur camp, Bernard Cazeneuve, que beaucoup à droite trouvent en réalité très fréquentable, digne et plutôt entreprise-friendly… Du côté des centristes, ce n’est pas beaucoup plus clair, et on ne sait plus où tourner la tête au risque d’avoir un torticolis : « gauche, droite, gauche, droite – et où est le centre » ? Quant à Didier Migaud, ancien président de la Cour des comptes et dernier candidat sorti du chapeau pour aller à Matignon, c’est la certitude d’une révolte incendiaire et collective à LFI, à cause du mot « Cour » et du mot « comptes » !
Choix du Premier ministre: "Je fais tous mes efforts jours et nuits (…) pour aboutir à la meilleure solution pour le pays", déclare Emmanuel Macron à Belgrade pic.twitter.com/8FlMwdjKRp
Ne vous y trompez donc pas : si Jupiter ne se prononce pas aussi vite que certains le voudraient, c’est qu’il a encore un certain sens des responsabilités… olympiennes. Comment concilier l’inconciliable ? Il essaie. Et puis, le président n’a pas du tout l’intention de dissoudre dans un an ! Il souhaiterait certainement que la cohabitation à venir fonctionne un peu plus longtemps, car c’est contraire à tout principe jupitérien de ne plus régner. Pas facile, donc, de faire fonctionner cette Assemblée née de sa colère post-législatives… Le président espère vraisemblablement que tout cela puisse fonctionner façon puzzle, et on finit par le souhaiter aussi. Alors, Messieurs les ministres démissionnaires (qui font le boulot, mine de rien), Messieurs les députés et Messieurs les conseillers pas si intègres que cela, il va falloir vous réveiller tous, et endosser une responsabilité individuelle avant d’être collective, car c’est bien de la responsabilité individuelle des députés élus que dépend le fait que la France sorte de l’ornière. Quelques conseils basiques et gratuits, dont vous ne semblez pas franchement avides :
– Ayez le sens de l’honneur, et votez ce qui vous semble bon pour la France, sans penser à votre secte partisane ; – Arrêtez de vouloir transformer l’Assemblée nationale en jungle ; – Décidez cette année d’entamer une année de formation professionnelle personnelle : Comment fonctionne vraiment une entreprise ? Quelles sont les conséquences économiques de la générosité de l’État ? Où en sont la dette et ses perspectives dramatiques ? Pourquoi ça ne marche jamais d’enrichir les pauvres en faisant la chasse aux riches ? etc. Je peux vous proposer plein d’autres thèmes de formation professionnelle intéressants dans ce genre ; – La cohésion nationale commence par soi-même ! Être aimable avec ses confrères, les écouter avec un peu d’objectivité, serrer la main de tout le monde, les Français vous en sauront gré… – Créez une commission de travail pour définir enfin ce qu’est « un parti républicain », faites signer cette charte par tous les partis, et ne tolérez plus la moindre incartade ; – Arrêtez de penser que le succès en France est une « rupture d’égalité » (ça, c’est ma recommandation spéciale pour les élus de gauche).
« L’avenir ce n’est pas ce qui va arriver, mais c’est ce qu’on va en faire » disait Bergson. Vous avez trois heures pour disserter sur cette déclaration philosophique, moins pour le président.
L’ancien président aurait passé l’été à parler à Emmanuel Macron, Xavier Bertrand et Laurent Wauquiez. Mais, la droite semble enfermée dans des raisonnements d’épiciers !
La droite républicaine, qui s’est rendue deux fois à l’Élysée ces derniers jours avec le même trio dont Laurent Wauquiez comme inspirateur principal, a tort. Et pas seulement parce que son refus de participer au gouvernement va laisser la place à un Premier ministre de gauche comme le président de la République l’en a, paraît-il, avertie lors des échanges. Mais surtout à cause d’une stratégie incompréhensible. Nicolas Sarkozy a totalement raison quand il déclare « que la droite doit assumer la responsabilité de gouverner » et que « les Républicains doivent œuvrer à faire nommer un Premier ministre de droite (…) plutôt que de céder à la facilité de laisser nommer une personnalité de gauche »[1]. Cette approche lucide de l’ancien président ne nous dispense pas, par honnêteté, d’expliquer pourquoi hier le rapprochement avec le macronisme, souhaité par certains et d’abord par Nicolas Sarkozy, aurait été délétère alors que dans la situation actuelle il serait positif. Hier la droite n’avait aucune raison de se fondre en perdant les dernières forces qui lui restaient dans le macronisme, une gauche chic parfumant ce centrisme alternatif du « en même temps » encore vivace. Aujourd’hui, face à un président affaibli depuis les élections européennes, et surtout à cause d’une dissolution suicidaire, la droite a tout pour reprendre la main. Le rapport de force a changé de bord. Pourtant elle recule devant l’obstacle – une habitude chez Laurent Wauquiez ? – alors qu’une conjoncture exceptionnelle lui offre l’opportunité de concrétiser les mesures vigoureuses qu’elle porte, notamment sur le plan régalien et en matière d’immigration. Elle serait assurée d’obtenir, sur le plan parlementaire, l’aval d’une majorité de députés Renaissance, de députés du Rassemblement national (Nicolas Sarkozy a rappelé à juste titre « qu’il est faux de dire que Marine Le Pen est plus dangereuse que Jean-Luc Mélenchon ») et de quelques députés socialistes libérés du dogmatisme idéologique rendant aveugle face au réel et aux remèdes nécessaires.
Face à cette probable configuration, qu’oppose-t-on à droite ? Le fait qu’il y aurait des risques parlementaires, que rien ne serait forcément gagné et que le gouvernement y perdrait son crédit. Et que par voie de conséquence le futur que Laurent Wauquiez espère présidentiel (en se croyant seul à droite dans la joute à venir !) serait sans doute définitivement obéré. Ce sont des raisonnements d’épiciers qui ne devraient pas peser face à l’état calamiteux de la France, qui appelle des actions urgentes et vigoureuses – Nicolas Sarkozy le souligne avec force et inquiétude. La situation devrait reléguer les tactiques égoïstes, qui d’ailleurs garantiraient moins la victoire demain qu’une attitude d’homme d’État maintenant. Nicolas Sarkozy doit, cette fois, être écouté par un camp que certes il a profondément déçu mais on ne saurait dénier à l’ancien président une intuition et des fulgurances souvent sans égales. Modestement, je voudrais poursuivre sur sa ligne et m’étonner d’abord de ce pacte législatif et de ces lignes rouges, en eux-mêmes pertinents mais qui sont proposés sans la volonté réelle d’incarner le premier et de prévenir les secondes. Étrange conception de la politique que cette frilosité d’une droite prétendant imposer ses réflexions mais s’arrêtant au bord de l’action. J’ai été surpris par le propos de Laurent Wauquiez qualifiant de « décevant » son dernier entretien, en compagnie de Bruno Retailleau et Annie Genevard, avec le président de la République. Comme si cela avait été à ce dernier de mener la danse républicaine, de dire oui, de dire non, de se comporter comme si, dans le climat sombrement démocratique de ces derniers mois, il était encore le héros, même défait. Aberration d’autant plus critiquable qu’Emmanuel Macron s’était lui-même privé de son autorité constitutionnelle en transférant ce qui lui aurait incombé dans la sphère des partis.
Aussi on aurait attendu de cette droite une acceptation évidente de cette mission qui aurait été à la fois une charge et un honneur. Et, plutôt que de quémander à Emmanuel Macron son aval pour tout, elle aurait dû contraindre le président à seulement prendre acte de la réalité de ses entreprises et de ce que le pays exigeait pour sa sauvegarde. La droite est tombée dans le piège inverse : aussi faraude qu’elle a prétendu apparaître, elle s’est placée subtilement sous le joug du président pour, allons jusque-là, se donner bonne conscience en fuyant ses responsabilités opératoires. Elle aurait dû au contraire opposer au président une politique gouvernementale du fait accompli. Ainsi probablement va-t-on manquer une occasion unique : la droite républicaine avait tout pour revigorer la République, elle va laisser passer sa chance, par lâcheté et défaut de clairvoyance. Sauf miracle de dernière minute.
Rentrée littéraire. Dans son nouveau livre, Thibault de Montaigu reconstitue son étonnant arbre généalogique, et se questionne en particulier sur un étrange grand-père tombé lors de la Grande guerre. Savoureux.
Déjà, rien que pour la couverture du livre, on a envie de le lire. Il a une bonne bouille, avec sa tignasse jais de futur rebelle, le petit garçon qui tient son cartable coloré en rouge avec des fermetures jaunes. On reconnaît Thibault de Montaigu, auteur d’un remarquable roman intitulé La Grâce, prix de Flore 2020, regard malicieux et sourire enjôleur ; sans oublier les pompes qui brillent. Il a quoi, neuf ans, l’âge où l’on a tout compris de la vie. Après, c’est pour confirmer. On a envie de le lire, et on a raison. Car c’est une sacrée aventure à laquelle il nous convie, l’aventure de sa famille, en particulier de son père et de son étrange arrière-grand-père, Louis, capitaine des hussards fauché en 1914 dans une charge de cavalerie totalement anachronique. Une dinguerie, comme dirait l’autre. Nous sommes happés par le style enlevé comme celui de Paul Morand, père de ce courant littéraire qui n’en est pas un, les hussards, justement, avec les fils Nimier, Déon, Laurent, Blondin, un père indigne, compromis avec Laval, honni de De Gaulle, mais grand écrivain – relisez surtout ses nouvelles. Nous sommes pris par le rythme des chapitres jamais trop longs, car Thibault de Montaigu est un virtuose de la vitesse maîtrisée. On ne décroche pas.
Thibault s’occupe de son père grabataire et aveugle. Ça pourrait virer au pathos, mais non, l’auteur tient son rang. L’homme a du charisme, il a vécu comme un Casanova, et fini ruiné. Dans son fauteuil roulant, perforé de tuyaux, il continue de porter un pull en cachemire bouffé par les mites. Thibault est l’ainé, il s’occupe bien de son géniteur, c’est un fils attentionné. Un jour, le vieil homme arthritique lui parle de son arrière-grand-père et lui demande d’écrire un livre dont l’ancêtre serait le sujet. Il dit : « Tu te rends compte : une charge à cheval, sabre au clair, contre des mitraillettes et des canons. Il faut en avoir quand même ! » C’est en effet romanesque. C’est surtout suicidaire : ça cache sûrement quelque chose. Montaigu hésite. C’est qu’il a commencé un livre sur Buzz Aldrin, le deuxième homme à avoir marché sur la lune. Comme l’écrit avec justesse l’auteur : « Seulement un écrivain ne choisit jamais son sujet ; c’est l’inverse qui est vrai. » L’enquête commence alors. C’est en réalité l’enquête des origines. Avec finesse, Montaigu évoque, à propos de son père, Œdipe : « (…) la cécité est son châtiment pour avoir méconnu ses origines. » Œdipe ignore qui sont ses parents. L’inceste et le parricide deviennent les conséquences d’un mal qui nous ronge tous : « le mépris du passé, l’effacement des origines, la tentation de croire que nous ne devons tout qu’à nous-mêmes. » Diablement actuel. Thibault de Montaigu va tenter de reconstituer l’arbre généalogique familial. C’est indispensable, ce n’est pas sans risque. Mais n’est-il l’arrière-petit-fils d’un hussard ? L’ouvrage devient alors vital pour combler la perte des siens. À la mort d’Emmanuel, son père, il « ne gardera rien de lui. Sauf ce livre où en me penchant peut-être j’entendrai son cœur battre encore un peu… »
Il y a donc ce face à face entre le fils aîné et ce père qui n’est pas exempt de reproches. « L’homme est ce qu’il cache : un misérable petit tas de secrets », a écrit André Malraux. Mais est-il pour autant responsable ? Louis n’est-il pas le vrai responsable ? Pourquoi cette charge peut-être pas si héroïque que ça ? Thibault, à la fin de son enquête, cite Teilhard de Chardin, jeune prêtre jésuite officiant comme brancardier durant la Première Guerre mondiale : « Aller en ligne, c’est monter vers la paix. »
Écrire ce livre, c’est vivre en paix avec soi-même.
Le nouveau Premier ministre britannique rentre de deux visites diplomatiques, à Berlin et à Paris. Comme MM. Scholz et Macron, Keir Starmer semble incapable de trouver une solution aux problèmes identitaires des classes populaires de son pays. La seule chose qu’il leur promet à la rentrée ? Une augmentation des impôts.
Le Premier ministre travailliste, Sir Keir Starmer (il a été adoubé automatiquement en tant que Procureur général, entre 2008 et 2013), a fait grand cas cette semaine d’un voyage européen qui lui a permis de rencontrer le chancelier allemand, Olaf Scholz, à Berlin, mercredi, et Emmanuel Macron, jeudi (après avoir assisté la veille à la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques). La raison de ces visites ? Selon le locataire du 10 Downing Street, l’objectif est de « reset », c’est-à-dire « réinitialiser », les relations avec l’UE après les années de turbulence provoquées par le Brexit – mais sans renverser le Brexit, assure-t-il. Si Starmer a de bonnes raisons de cultiver ses partenaires allemand et français, il a aussi des problèmes de politique intérieure à faire oublier.
Point de salut hors de l’Europe ?
Olaf Scholz est le nouveau meilleur ami étranger de Keir Starmer qui est déjà allé à Berlin au mois de juillet, juste après son élection. Il est vrai que l’UE reste le plus grand partenaire commercial du Royaume Uni, et l’Allemagne elle-même est le deuxième pays partenaire après les États-Unis. Lors de la première visite berlinoise, les deux sociaux-démocrates ont annoncé les grandes lignes d’une coopération militaire approfondie entre les deux nations. Cette fois, ils ont fait savoir que c’est un véritable traité, qualifié d’« ambitieux », qui sera négocié par les deux pays. Bien que cet accord doive être prêt à entrer en vigueur assez tôt en 2025, son contenu reste pour l’instant assez vague. Il s’agira d’approfondir la coopération en termes de commerce, de croissance économique, de recherche et développement, de défense européenne, d’éducation et jeunesse, et de lutte contre l’immigration « irrégulière » (euphémisme pour « illégale ») et notamment les bandes de trafiquants. Concernant le commerce, il est difficile de voir quelle peut être la marge de manœuvre sans empiéter sur les règles bruxelloises, et il est significatif que Starmer n’est pas encore allé à Bruxelles. Malgré les références à l’éducation et à « plus de contacts interpersonnels », le Premier ministre a refusé une proposition émanant de la Commission européenne qui permettrait plus de mobilité pour les jeunes. Il a également exclu une adhésion britannique au programme Erasmus. La coopération en matière de défense se fera dans le cadre de l’Otan et un des objectifs sera une force de dissuasion efficace contre la Russie poutinienne. Une des raisons pour cette mesure est la crainte de la réélection de Donald Trump qui a indiqué qu’il voulait « repenser » l’Otan et sa mission.
Sur les aspects militaires, sécuritaires et anti-immigration, l’accord anglo-allemand s’inspire de la coopération franco-britannique, à savoir les traités de Londres (ou accords de Lancaster House) de 2010 et la déclaration commune de Macron et Sunak après leur rencontre à l’Élysée en mars 2023. Si Starmer est allé immédiatement à Paris après Berlin, c’est surtout pour éviter toute impression de favoritisme. Et pour être en bonnes relations avec l’UE, il reste toujours nécessaire d’être aussi proche de Paris que de Berlin.
Le club européen des losers ?
En se rapprochant en même temps de Scholz et de Macron, Starmer affirme sur la scène internationale son appartenance au camp des sociaux-démocrates. Le hic, c’est que ce camp n’a pas exactement le vent en poupe. Ne parlons pas de la côte de popularité d’Emmanuel Macron et des difficultés qu’il a à former un gouvernement. Côté Scholz, c’est la grande dégringolade dans les sondages pour le chancelier et pour son parti. L’Allemagne, jusqu’ici la championne économique de l’Europe, a vu sa croissance baisser de -0,1% au deuxième trimestre. En mai, sa production industrielle a baissé de 2,5% et ses exportations de 3,6%.
Les médias allemands ont commenté la « bromance » entre Scholz et Starmer en soulignant qu’ils ont en commun une personnalité terne et un manque de charisme. En réalité, ils partagent un défi beaucoup plus menaçant. Au Royaume Uni, la tuerie à l’arme blanche de Southport, le 29 juillet, a mis en pleine lumière la colère populaire qui bouillonne sous la surface dans beaucoup de régions anglaises. Si Starmer doit gérer l’affaire de Southport, Scholz a fort à faire de son côté à Solingen : un réfugié syrien, apparemment aux ordres de l’État islamique, a assassiné trois personnes à coups de couteau le 23 août. Le réfugié en question devait être expulsé vers la Bulgarie où il était censé faire sa demande d’asile officielle, mais les autorités allemandes n’arrivaient pas à le localiser. Elles savent où il est maintenant. Cet attentat vient après une autre tuerie à Mannheim le 31 mai : cette fois un réfugié afghan a poignardé six personnes dont un policier mortellement. Sans surprise, Scholz en est venu à proclamer qu’il faut « accélérer les expulsions ». Même si ces paroles sont suivies d’effet à la longue, ce ne sera pas assez tôt pour sauver le chancelier, son parti et sa coalition, lors des élections régionales qui auront lieu le premier septembre en Saxe et Thuringe. Les sondages sont très favorables envers le parti anti-immigration, Alternative für Deutschland (AfD). Le chef local de l’AfD en Thuringe, Björn Höcke, a posté une vidéo avec comme slogan une alternative brutale : « Höcke ou Solingen ».
Au cours de sa tournée européenne, Starmer a dénoncé ce qu’il appelle la « far-right snake oil », autrement dit, la « poudre de perlimpinpin de l’extrême droite ». Avec Scholz et Macron, il doit faire face au défi que représente une partie de l’électorat qui est excédée par l’immigration de masse non contrôlée et le mépris à leur égard dont font preuve les élites de gouvernement, surtout celle de centre gauche. S’il existe une forme de solidarité entre les leaders allemand, britannique et français, c’est surtout parce qu’ils n’arrivent pas du tout à résoudre les problèmes des classes populaires.
Tout est la faute des Tories !
Élu le 4 juillet, la lune de miel est déjà finie pour le nouveau gouvernement travailliste. Non seulement la côte de popularité du Premier ministre baisse de manière drastique, mais son parti n’est approuvé que par un peu plus qu’un cinquième des citoyens. Certes, il a une majorité écrasante de 174 sur 650 sièges au Parlement, mais il n’a gagné que 33,7% du vote, contre 32,1% pour Corbyn en 2019 et 40% pour le même en 2017. Ce qui veut dire que Starmer n’est pas l’objet d’un grand enthousiasme populaire. Il ne peut pas se permettre d’échec et déjà les problèmes s’accumulent. Sa seule rengaine, qui manque d’originalité, consiste à répéter que tout est la faute des gouvernements conservateurs qui ont précédé le sien.
Lors d’un grand discours dans la roseraie à Downing Street, le 27 août, il laisse entendre qu’il y aura des mesures « douloureuses » à prendre à l’automne, sans aucun doute une référence à des augmentations d’impôts. Pourtant, son parti avait fait campagne sur un refus en principe de taxer les citoyens encore plus qu’ils ne le sont actuellement. Pour justifier le revirement, Starmer prétend avoir découvert un « trou noir » de 22 milliards laissé par les Conservateurs dans les finances de l’État, ces mêmes Conservateurs qu’il accuse de ne pas avoir assez dépensé sur les services publics et les salaires du secteur public.
Starmer a abondamment accusé les Conservateurs de corruption (non sans une certaine justification), mais son propre gouvernement est déjà l’objet d’accusations de « cronyism » (copinage) et de « chumocracy » (du mot anglais pour pote). Car certains donateurs du Parti travailliste se sont vu nommer à des postes-clés de fonctionnaires (dont un qui a donné pour 3400 euros de lunettes à Sir Keir). Les Travaillistes ont abrogé ou suspendu certaines lois phares des Conservateurs, dont le programme permettant d’expulser des migrants « irréguliers » vers le Rwanda ou la législation anti-woke garantissant la liberté d’expression des universitaires. En revanche, les mesures positives qu’entend prendre le gouvernement de Starmer ne semblent pas calculées pour plaire aux électeurs populaires, pour ne pas dire populistes :
La fermeture des hôtels accueillant des migrants et la redistribution de ces derniers dans des logements vides partout en Angleterre ;
L’introduction dans les programmes scolaires de plus d’éléments concernant la justice sociale ;
L’extension du principe d’égalité salariale, qui pour le présent concerne les hommes et les femmes, à toutes les minorités, ce qui exclut bien entendu les hommes blancs ;
L’interdiction de fumer dans les jardins et sur les terrasses des pubs et des restaurants (cette mesure n’est pas encore confirmée).
En rendant visite à Scholz et à Macron, Starmer a certes trouvé des homologues partageant avec lui les mêmes défis. Mais les trois partagent la même absence de véritables solutions.
Le romancier Aurélien Bellanger, prix de Flore 2014. Image: capture YouTube / France inter.
Aurélien Bellanger a écrit un long tract qui ravit les Frères musulmans. Le tract en question s’intitule Les Derniers jours du Parti socialiste et dénonce les intellectuels de gauche qui, selon l’auteur, se sont rangés du côté de l’extrême droite en devenant « islamophobes » et racistes. Succès assuré dans les mosquées. Y proposera-t-il des dédicaces ?
Romancier et essayiste, Aurélien Bellanger est également chroniqueur sur la radio publique et a par conséquent pu bénéficier d’une belle publicité, le même jour, lundi 26 août, sur France Inter puis sur France Culture. Les Derniers jours du Parti socialiste (Éditions du Seuil) sont une charge haineuse contre le Printemps républicain et l’un de ses fondateurs, Laurent Bouvet (mort en 2022) – alias Grémont dans le livre –, ainsi que contre deux intellectuels qui ont, selon l’auteur, mal tourné : Michel Onfray – alias Frayère – et Raphaël Enthoven – alias Taillevent.
Toutes ces personnes auraient trahi la gauche en utilisant le concept de laïcité pour faciliter l’émergence de l’islamophobie : « Il y a une islamophobie extrêmement forte qui travaille la société française, une islamophobie qui est devenue, de passion populaire, une passion d’intellectuels. L’islamophobie, aujourd’hui, quand on allume un certain nombre de chaînes de télévision, est extrêmement présente sur les plateaux, et c’est une anomalie. La société française est malade de cette islamophobie et des personnes l’ont volontairement attisée », affirme M. Bellanger sur France Inter. De plus, continue de divaguer ce dernier, le Parti socialiste serait mort étouffé par « une laïcité dévoyée et la réinvention d’un racisme à gauche ». Il fallait y penser !
Le jour de la rentrée et au lendemain d’un attentat islamiste contre une synagogue, la radio publique ouvre son micro à la dénonciation de l’ « islamophobie »…
L’idéologue militant ayant pris le pas sur le romancier, il est advenu ce qui devait advenir : le livre est écrit avec les pieds, loin des influences houellebecquienne et balzacienne dont se réclame l’auteur, et n’est qu’une succession de remarques crasseuses à l’encontre des susnommées. Le style imite tantôt celui du tweet qui se veut subtilement ravageur mais n’est en vérité qu’une grossière charge insultante ; tantôt celui d’un écrivain en herbe pastichant les expressions plates et sociologisantes d’Annie Ernaux ou s’exerçant, à la manière d’un journaliste de Libération, à empiler sèchement des pseudo-vérités politiques ou intimes sur telle ou telle personnalité honnie. L’imitation est au demeurant réussie : l’ensemble de l’œuvre est d’un ennui incommensurable, idéal en cas d’insomnie.
Si, sur France Inter, Sonia Devillers a tenté de mettre en porte à faux Aurélien Bellanger et ses accusations de racisme concernant Philippe Val, Michel Onfray ou Raphaël Enthoven – dans ce dernier cas, il n’est pas impossible que les relations conjugales du co-fondateur du journal Franc-Tireur avec la directrice de la station de radio publique, Adèle Van Reeth, aient pesé dans la balance – il n’en a pas été de même sur France Culture où Lucile Commeaux a encensé le roman de M. Bellanger dans lequel elle a cru déceler une « teneur ludique » et « une forme de lyrisme bienvenue » qui font qu’on lit ce roman « comme un bon Club des cinq ». Ayant lu dans ma prime jeunesse tous les tomes de cette merveilleuse série littéraire pour enfants, je puis affirmer que le style et les intrigues de ceux-ci sont incomparablement supérieurs au manuscrit lourdingue d’Aurélien Bellanger – du moins dans leur version originale. Les misérables versions expurgées qui ont vu le jour il y a quelques années présentent en revanche de grandes similitudes avec le travail de sabotage du style et de l’imagination du même Aurélien Bellanger.
Arnaud Viviant, critique littéraire d’extrême gauche officiant sur France Inter dans l’émission Le Masque et la Plume, a rendu compte du roman de M. Bellanger sur le site de la revue d’extrême gauche Regards. Dans une langue qui se prétend « inclusive », il gribouille : « Un mot sur l’auteur pour celleux qui ne le connaîtraient pas encore » – avant de qualifier l’œuvre de l’auteur en question de « balzacienne » puis d’affirmer, avec une petite idée derrière la tête que je vous laisse deviner, que si cet auteur n’a pas la « force romanesque » d’un Houellebecq, il est « plus dense, plus cérébral, beaucoup plus structuré et pertinent politiquement que l’auteur de Soumission ». M. Viviant a été d’autant plus enthousiasmé par le roman de M. Bellanger que lui-même se souvient s’être « méfié а la naissance du Printemps républicain après avoir appris que, parmi les fondateurs du mouvement, il y avait Marc Cohen », lequel, « devenu rédacteur en chef de Causeur, allait publier le manifeste du Printemps républicain, conjointement avec Marianne ». Effectivement, ça fait froid dans le dos ! Comme l’auteur des Derniers jours du Parti socialiste – qui fait dire à son personnage Sauveterre (double de lui-même) que la conception de la laïcité de Grémont-Bouvet « cache quelque chose d’obscurément fascisant » – M. Viviant n’a pas de mots assez durs contre CNews ou les « éditos “d’extrême droite moins une” de Philippe Val sur Europe 1 ». Comme Annie Ernaux – qu’il admire et avec qui il partage un attrait pour une écriture inclusive qui serait « un formidable défi littéraire posé aux écrivains » – le critique n’a jamais caché son tropisme mélenchonien. Un livre dézinguant salement un mouvement politique de gauche mettant en cause les nouveaux dogmes immigrationnistes et islamo-compatibles de l’extrême gauche ne pouvait que le réjouir. Le style littéraire n’a ici aucune importance – seule compte l’objectif idéologique qui est de laisser croire que le concept de laïcité n’est plus qu’un outil sournois pour légitimer le racisme et l’islamophobie en France.
« Islamophobie » : un mot piégé
Aurélien Bellanger, sous couvert d’une œuvre romancée, reprend à son compte la notion d’islamophobie pour balancer la « mauvaise gauche ». Les ressorts de cette notion ont été parfaitement démontés par Philippe d’Iribarne dans son essai paru en 2019, Islamophobie. Intoxication idéologique : « Ce concept est un leurre, une illusion qui entretient le ressentiment au lieu de favoriser la concorde en faisant croire aux musulmans qu’ils sont des victimes systématiques et en les privant de leur sentiment de responsabilité. » Ce terme a été imposé en France par le Collectif contre l’islamophobie (CCIF), régulièrement dénoncé pour ses accointances avec les Frères musulmans et dissous par Gérald Darmanin en 2020. L’UE, gangrénée par des lobbyistes musulmans ayant appris à jouer avec nos règles démocratiques, a créé en 2015 une Commission européenne contre l’islamophobie. L’ONU de M. Gutteres a accouché d’une Journée internationale de lutte contre l’islamophobie. Les Frères musulmans se réjouissent d’avoir des alliés aussi idiots et visiblement prêts à subir toutes les humiliations inhérentes à leur statut de futurs dhimmis. Autre exemple : la marche contre l’islamophobie organisée en France en 2019 durant laquelle Jean-Luc Mélenchon et la majorité des députés LFI se tenaient aux côtés du CCIF, de Marwan Muhammad et de ses affidés hurlant des « Allahou Akbar » en rafale à… cent mètres du Bataclan ! Depuis, Rima Hassan est devenue l’égérie des Insoumis et les actes antisémites n’ont fait que croître dans notre pays – mais ce sujet, comme celui des actes de vandalisme se multipliant contre les édifices chrétiens, n’intéresse absolument pas M. Bellanger.
Le discours de l’islamophobie est un discours victimaire et essentialiste qui ne correspond à aucune réalité dans les sociétés occidentales. Il est un mensonge qui nuit aussi bien aux pays d’accueil qu’aux immigrés désireux de se fondre dans ces pays mais qui, rebutés par la faiblesse et la lâcheté de sociétés incapables de prolonger le projet de civilisation d’un Occident qui jadis vénéra les concepts de liberté et d’égalité issus d’une histoire multimillénaire, peuvent finir par succomber aux appels de l’islam radical. Il est grand temps, écrit encore Philippe d’Iribarne, que les Français se reprennent et tiennent un discours de vérité aux musulmans vivant en France en leur disant fermement qu’ils n’ont « aucune chance de devenir des membres respectés s’ils restent étrangers à cette vénération. » Malheureusement, le discours de l’islamophobie n’a fait qu’encourager les nouveaux venus à se tenir à distance des règles sociales, politiques et coutumières d’un pays qui, par ailleurs, laisse des mœurs rétrogrades pénétrer en son sein et se plie aux demandes des représentants d’un islam n’ayant jamais caché son projet conquérant. Tous les « accommodements » que les sociétés occidentales acceptent au nom de la lutte contre l’islamophobie sont considérés par les islamistes comme une victoire absolue, par les musulmans dans leur ensemble comme la preuve d’un abandon des valeurs qui ont forgé l’Occident. Les Frères musulmans constatent avec joie que le monde occidental, épuisé et haineux de lui-même, renie son histoire, sa culture et ses traditions, se vide de sa sève, s’affaiblit au point de devenir une proie facile. La Belgique, au bord de l’abîme, sera la première à tomber, selon eux. Mais tous les pays d’Europe de l’Ouest et du Nord sont concernés.
Multiculturalisme, multiples problèmes
Récemment, en Angleterre, les plus douloureusement touchés par une immigration illimitée ont osé manifester suite à la mort tragique de trois fillettes tuées par un jeune Anglais d’origine rwandaise. Cette tragédie a réveillé l’horrible souvenir des réseaux de prostitution et de pédophilie organisés dans de nombreuses villes du pays par des hommes musulmans d’origine pakistanaise abusant sexuellement de très jeunes filles blanches (certaines des plus de 4000 victimes connues n’avaient que onze ans) issues de milieux sociaux défavorisés, réseaux qui purent prospérer pendant plus de vingt ans sans que les autorités, craignant d’être accusées d’islamophobie et de racisme, ne bougent le petit doigt. À quoi s’ajoute un communautarisme problématique, source d’une scission grandissante dans une société où la charia s’impose de plus en plus. Mais rien ne doit venir ternir le plan immigrationniste des élites européennes : les notions d’islamophobie et de xénophobie sont venues à la rescousse du nouveau gouvernement britannique et ont été relayées sans sourciller par les médias. Si des Anglais ont manifesté, ce n’est pas pour défendre leur pays contre une immigration posant de plus en plus de problèmes d’insécurité physique ou culturelle mais parce qu’ils sont islamophobes, racistes et d’extrême droite – telle a été la propagande déversée par les instances européennes et les médias mainstream. Telle est celle que répand Aurélien Bellanger à propos de cette partie de la gauche française qui ne veut pas fermer les yeux face au défi que représente une immigration musulmane qui ne se sent plus aucun devoir envers le pays qui l’accueille et ne rêve que de rejoindre les rangs communautaires prêts à en découdre pour imposer de nouveaux modes de vie régis par les lois coraniques. En manipulant, à l’instar des islamistes, le concept d’islamophobie, M. Bellanger se fait l’allié objectif des Frères musulmans qui l’ont imposé partout, sous toutes ces formes, dans le seul but de faire taire ceux qui dévoilent leur stratégie de conquête et d’infiltration. Malgré des travaux rigoureux, Alexandre Del Valle, Emmanuel Ravazi, Gilles Kepel ou Florence Bergeaud-Blackler, par exemple, n’ont pas échappé à l’accusation d’islamophobie, de xénophobie ou d’appartenance à l’extrême droite de la part des islamo-gauchistes politiques, médiatiques ou universitaires. M. Bellanger préfère bien entendu valoriser les discours d’Olivier Roy sur une supposée « laïcité idéologique et totalitaire » ou les diatribes de Rokhaya Diallo contre le « racisme systémique » qui sévirait en France.
Charge idéologique grossière, style pauvre et imagination faiblarde font que le livre de M. Bellanger ne peut en aucun cas être qualifié de roman. En vérité, le livre de M. Bellanger est un tract. Un long tract politique. D’ailleurs, la revue politico-bien-comme-il-faut Télérama, enévoquant un« récitdénonçant le sabotage de la gauche par une poignée d’intellectuels peu scrupuleux de badiner avec l’extrême droite », vend la mèche malgré elle.
Ce pensum n’estni un roman, ni un récit. C’est un tract politique. Avec tous les défauts du tract politique : répétitif, ennuyeux, doctrinal, fastidieux, disgracieux. Le destin des Derniers jours du Parti socialiste est par conséquent tout tracé. Il est celui de tout tract politique qui se respecte et finit généralement dans les eaux sales d’un caniveau avant que d’aller pourrir dans les profondeurs d’un égout.
Ségolène Royal, Bernard Cazeneuve, François Bayrou… Les Français n’avaient pas envie de tester la « nouveauté » avec l’impayable Lucie Castets. Le Premier ministre que le président Macron va désigner pourrait donc ne pas être né de la dernière pluie. Est-ce vraiment préférable ?
Manifestement, le Chef de l’État rencontre mille et une difficultés dans sa recherche d’un quidam pouvant faire office de Premier ministre. A-t-il essayé le «Bon Coin»? Il paraît qu’on y trouve de tout, absolument de tout! Le plus souvent à des conditions très favorables, ce qui tomberait bien au vu de la situation financière du pays. Évidemment, ce n’est jamais de l’objet de « première main », c’est de l’occasion. Toujours dans un état des plus satisfaisants, au dire des vendeurs. Donc, pourquoi pas ? D’autant que, de quelque côté qu’il se tourne, le président va devoir faire avec du déjà-vu, de l’occasion justement, voire du recyclé. Nul besoin de prétendre rivaliser avec Nostradamus ou la regrettée Madame Soleil pour prédire que le gouvernement qui va sortir de tout cela ne pourra être qu’un cabinet de fond de tiroir.
D’ores et déjà, on ne peut pas dire que les noms qui circulent soient de nature à causer un électrochoc capable de réveiller le citoyen de sa torpeur de fin d’été, ou, à défaut, générer un effet de surprise particulièrement bluffant. On ne peut pas dire non plus que ce noms-là « donnent envie », selon l’expression consacrée. Cazeneuve, tiendrait la corde (comme le pendu s’accroche désespérément à la sienne, peut-être bien ?). Quant à l’inusable Daniel Cohn-Bendit, l’homme de la révolution soixante-huitarde, le gourou de l’imagination au pouvoir, ne pousse-t-il pas l’audace intellectuelle, le culte de l’épopée politicienne jusqu’à proposer François Bayrou ? Bayrou, le génie incarné de l’immobilisme, du bilan zéro, de l’inaction érigée en art de gouvernement, promu général en chef d’une escouade censée précisément tordre le coup à l’immobilisme, ouah on se pince ! Il paraît que Dany l’impayable s’est fendu d’une note au président dans l’intention de lui vendre cette géniale idée. Double erreur. En un, le nom proposé, celui d’un haut-commissaire au Plan dont on se demande de quoi ce haut-commissariat a bien pu accoucher à ce jour. En deux, l’erreur, cardinale celle-là, de vouloir encore croire, malgré l’expérience des faits depuis presque une décennie, que Jupiter pourrait un jour entendre, accepter, suivre le moindre conseil. Il y a eu un temps un autre nom. Peut-être parce qu’elle porte celui de Castets (chez LFI on cultiverait donc le sens du calembour révélateur ?) la dame – ex-experte en excavation financière à la mairie de Paris – s’est imaginée être la solution du casse-tête présidentiel. Il semble qu’elle se soit elle aussi fourvoyée. Sauf bien sûr, revirement élyséen de dernière minute. Comme on le sait, on n’en est pas à l’abri. En attendant, pas de gouvernement, par de ministres de plein exercice, ni Premier ni autres. Un gouvernement d’ombres chinoises, dirait-on. On se console en se disant que pendant ce temps-là au moins ils n’ont plus ni l’autorité ni les moyens de faire de trop grosses bêtises. C’est toujours cela.
Le chevalier de Bayard dessiné par l'illustrateur Osvaldo Tofani. DR.
La vie de Pierre Terrail de Bayard (1475-1524), narrée par l’un de ses compagnons d’armes, Jacques de Mailles, dans La très joyeuse, plaisante et récréative histoire du gentil seigneur de Bayart, est à redécouvrir…
Son nom figure au panthéon des plus grands de notre histoire et claque à nos oreilles autant qu’il émeut notre sensibilité : Pierre Terrail, fils d’Aymon seigneur de Bayard et lui-même connu sous le nom du chevalier Bayard, est mort il y a exactement 500 ans.
Ses exploits chroniqués par un « Loyal Serviteur »
Rares sont les militaires dont la postérité aura permis de les maintenir dans la connaissance publique et populaire aussi longtemps ; rares aussi sont les héros qui peuvent, par la simple évocation de leur nom, convoquer aussi efficacement le souvenir d’autant de vertus. Il était connu de son vivant pour être, par excellence, l’homme de toutes les qualités : pieux dans sa foi, fidèle dans son allégeance, brave dans son métier, le chevalier Bayard sans peur et sans reproche appartient à la véritable élite dont un pays peut s’enorgueillir : celle qui se tient droit dans ses devoirs, ne s’en écarte jamais y compris s’il faut le payer de sa vie. La France, notamment son armée, a longtemps entretenu le souvenir du grand militaire et si tant de générations de soldats et d’officiers ont pu si souvent empêcher que la France ne cède sous la pression des forces hostiles qui s’exerçaient à ses frontières, c’est en grande partie parce que l’ombre de Bayard planait par-dessus nos guerriers et faisait retomber sur eux un peu de l’exemple du grand homme.
Notre immense chance est qu’il y avait dans l’entourage personnel du chevalier Bayard un homme lettré qui, l’ayant accompagné sur les champs de bataille et dans sa vie quotidienne, a pu en écrire la chronique. Cette chronique, écrite par un contemporain qui le suivait au plus près, constitue la source primaire par excellence sur la vie et les actes de Pierre Terrail. Quelques fois réédité jusqu’au siècle dernier, ce livre fondamental revient aujourd’hui pour le cinquième centenaire de la mort du militaire. Son titre est à lui seul une promesse épique : La très joyeuse, plaisante et récréative histoire du gentil seigneur de Bayart, par Jacques de Mailles qui en son temps s’était signalé par le simple sobriquet de Loyal Serviteur.
Un texte incontournable
Le style du chroniqueur appartient évidemment autant au champ biographique qu’hagiographique comme cela était habituel en ce temps. Les historiens modernes ont depuis relevé quelques exagérations dans le texte du Loyal Serviteur mais celui-ci reste, notamment grâce à sa magnifique plume et au fait que l’auteur a personnellement connu et suivi le personnage dont il fait la chronique, le texte incontournable sur la vie de Bayard, celui dans lequel on se plonge autant pour se renseigner sur la vie du héros que pour s’injecter de l’énergie dans le sang. Les scènes de vie choisies pour tisser la chronique sont très souvent à la faveur du chevalier mais il est acquis aux yeux de l’historiographie que le Loyal Serviteur n’a pas « inventé » un personnage en ce que sens que son récit correspond à ce que nous savons effectivement du tempérament du chevalier, de sa bravoure au combat et d’un ensemble de vertus qui le singularisaient notablement dès son vivant.
La très joyeuse, plaisante et récréative histoire du gentil seigneur de Bayart ne rend pas seulement justice au seigneur en question : elle fait aussi honneur à l’exercice même de la chronique ainsi qu’à la langue littéraire, épique et aventureuse telle que les plus grands auteurs ont su la manier pour sublimer leur sujet. Chaque page transporte le lecteur dans un monde encore largement médiéval et il n’est pas rare qu’au détour d’un paragraphe, après nous être ému pour un haut fait, nous refermions le livre un peu chagrinés à l’idée que ces temps héroïques ne soient plus et qu’il nous faille maintenant composer avec toutes les lâchetés de notre malheureuse et bien décevante époque…
La réédition par La délégation des siècles de La très joyeuse, plaisante et récréative histoire du gentil seigneur de Bayart est presque la seule contribution du monde éditorial français au souvenir pourtant nécessaire d’un grand modèle que très exactement cinq siècles séparent de nous.
Dans les élections à venir, il faudra surtout regarder ce que font les électeurs des États de Géorgie et de Pennsylvanie, explique notre contributeur. La démocrate Kamala Harris, qui voit plutôt les sondages évoluer en sa faveur actuellement, semble être parvenue à se dégager de l’emprise de l’aile la plus à gauche et la plus anti-israélienne de son parti. Du moins l’espère-t-on.
De l’élection du président américain dépend en partie l’avenir du monde. Par un contraste saisissant, les motivations des électeurs ne dépendent nullement de ces considérations géostratégiques, mais de leurs soucis quotidiens: le coût du panier alimentaire, le prix de l’essence à la pompe, les intérêts à payer pour sa propriété, la coûteuse couverture des soins ou les dépenses pour l’éducation. De ce point de vue, les indicateurs de la présidence Biden sont indiscutablement favorables: le plein emploi ou presque, l’inflation contenue, la production repartie, la couverture sociale sauvegardée.
Les intentions de vote en faveur de Trump à la baisse
Mais le ressenti des citoyens consommateurs est assez déconnecté des indices macroéconomiques ; et les facteurs émotionnels, dont le rôle a longtemps été sous-estimé par la vulgate économique influencée par l’analyse marxiste, sont exacerbés par les outils de communication actuels et peuvent générer des réactions d’attirance ou de rejet irrationnelles.
Alors que les ennuis judiciaires de Donald Trump n’ont pas entaché sa popularité, les lapsus de Joe Biden ont entrainé une chute catastrophique dans les sondages qui l’a obligé à ne pas se représenter. Trump triomphait. Il a eu tort. La mise en orbite de Kamala Harris au cours d’une convention démocrate réussie a provoqué chez le candidat républicain une véritable réaction de panique, des commentaires particulièrement inappropriés et une sanction immédiate dans les intentions de vote.
Aujourd’hui, c’est Kamala Harris la favorite, mais les jeux ne sont pas faits et un événement imprévisible pourrait modifier la donne électorale. La situation du monde ne devrait pourtant pas dépendre d’une parole mal placée, mais c’est la loi de la démocratie…
Regardez la Géorgie et la Pennsylvanie !
Le système électoral américain a des facettes ahurissantes pour un Français. À chacun des cinquante États et du District de Columbia est attribué un nombre de grands électeurs qui dépend de sa population. Le parti arrivé en tête emporte la totalité de ces électeurs aussi étroite qu’ait été sa victoire. Le Nebraska et le Maine qui ont institué un système plus nuancé font figure de curiosité. Parfois, le candidat qui a obtenu la majorité des votes n’a donc pas remporté les élections. Ce fut le cas de Al Gore en 2000 et de Hillary Clinton, qui, malgré trois millions d’électeurs de plus, a été battue par Trump en 2016. Dans la plupart des Etats, la campagne est en réalité inutile: on sait que la Californie enverra 54 grands électeurs démocrates, l’État de New York 28 et le Texas 40 républicains.
La compétition se concentre sur les «battleground states» ou «swing states». Il y en a cinq, car le Michigan, qu’on y inclut en général et où se trouve la plus grande communauté arabo-musulmane américaine, va certainement voter démocrate. Il reste le Wisconsin, le Nevada, l’Arizona, la Géorgie et la Pennsylvanie, ces deux derniers particulièrement observés.
– En Pennsylvanie, 20% des citoyens ne peuvent pas voter, car ils ne se sont pas inscrits sur les listes électorales. Comme ces citoyens négligents voteraient plutôt démocrate, le gouverneur démocrate (Josh Shapiro) a poussé à des mesures d’inscription automatique.
– En Géorgie, le Comité de contrôle électoral, à majorité trumpiste, s’est octroyé le droit de ne pas certifier le vote à la moindre suspicion, ce qui prépare à des accusations de malversations si Trump n’obtient pas la majorité. Le gouverneur de Géorgie, pourtant lui-même républicain, tente de s’opposer à cet activisme débridé. Mais la chicanerie juridique américaine a du ressort…
À une bipartition électorale géographique (qui contraste grosso modo aux États-Unis un centre républicain et des États démocrates sur la côte Est et la côte Ouest), se surajoutent des différences de genre parfois considérables, peut-être liées à la politique de l’État en matière d’interruption de grossesse. Les femmes votent nettement démocrate et les hommes républicain.
Parmi les inconnues, il y a le comportement des partisans de Robert Kennedy junior, candidat indépendant, de la famille emblématique du parti démocrate. Militant complotiste anti-vaccinal au cours de la pandémie du Covid, il vient de se rallier à Donald Trump, qui lui aurait promis carte blanche dans le domaine de la Santé. Ils partageraient tous deux une passion pour la liberté, une estime pour Poutine et une volonté de lutter contre des agences gouvernementales soi-disant corrompues et des sociétés agro-alimentaires qui détruiraient la santé des enfants américains. Les électeurs orphelins de Robert Kennedy pourraient-ils amener à Trump les voix qui feraient la différence dans les swing states? Pour l’instant: les sondages suggèrent qu’ils reporteraient plus souvent leurs votes sur Kamala Harris. Affaire à suivre.
Chez beaucoup de ceux qui se préoccupent du soutien à Israël par le président des États-Unis, la candidature de Kamala Harris suscite des craintes. Ils constatent que la plupart des personnalités hostiles à Israël sont liées au parti démocrate, par exemple les membres de ce qu’on appelle la Squad à la Chambre des Représentants et les partisans du wokisme dans le monde universitaire. Ils minimisent les antisémites à l’ancienne qui rôdent autour de Trump et soulignent que ce dernier appelle les Israéliens à «finir le travail» alors que Joe Biden, qui parle de façon peu réaliste de cessez-le-feu et de paix, a trouvé que les manifestants anti-israéliens à Chicago avaient des arguments à faire valoir. Ils relèvent que les relations personnelles de Netanyahu avec Biden et plus encore avec Kamala Harris n’ont rien de chaleureux. Ils craignent l’influence de Barack Obama dont la présidence avait renforcé l’Iran et rappellent que ce sont les accords d’Abraham, qui ont tenu jusqu’à aujourd’hui, qui semblent les meilleurs véhicules à une solution future du conflit israélo-arabe. Ils regrettent enfin que les orateurs à la Convention démocrate n’aient pas insisté sur le fait qu’Israël est le seul allié fiable dans cette région du monde et que le combat qu’il mène contre le fanatisme islamiste est aussi le combat de la démocratie américaine. À cela s’ajoute le fait que Ilan Goldenberg, l’homme que Kamala Harris a choisi comme liaison pour les relations avec Israël, est un proche de JStreet, et un critique de la politique israélienne. Ces inquiétudes sont légitimes.
Mais, les tentatives de faire virer la convention vers une démonstration de solidarité avec les Palestiniens ont piteusement échoué ; les massacres du 7 octobre ont été décrits pour ce qu’ils étaient, des parents d’otages ont pu parler et des Palestiniens non ; le droit d’Israël à se défendre a été proclamé sans ambages. Sans attacher une importance exagérée au fait que Kamala Harris a épousé un Juif qui aime manifestement Israël, je constate qu’elle a toujours proclamé son soutien à Israël et que Joe Biden lui-même a été irréprochable dans ce domaine, tout critique qu’il ait parfois été.
L’aile la plus à gauche et la plus opposée à Israël du parti démocrate maîtrisée ?
Au cours de cette convention démocrate, il me semble que le parti traditionnel a commencé à se dégager de l’emprise de son aile gauche anti-israélienne. Il y a un long travail à faire tant le narratif de l’innocente victime palestinienne face à l’Israélien surarmé est devenu dans le public l’estampille de la bonne-pensance.
Mais il est fondamental pour Israël que le soutien américain reste bipartisan.
Dans une conjoncture géopolitique exceptionnellement délicate, laisser les clefs de la Maison Blanche à un Donald Trump qui a montré un mépris absolu pour les individus et pour la vérité des faits, qui s’est mis à dos les forces armées par ses déclarations méprisantes envers les soldats tués au combat, qui a les yeux de Chimène pour les autocrates de la planète, tout cela, malgré ses déclarations favorables, est pour beaucoup d’Américains proches d’Israël au-delà de leurs forces. Je les comprends. Mais à l’intérieur du parti démocrate, les amis d’Israël ne devront pas baisser la garde…
Le récit médiatique entourant les «violences policières», à la mode depuis la mort de George Floyd aux États-Unis en 2020, est mis à mal par la mort du gendarme Éric Comyn.
La mort tragique d’un gendarme à Mougins (06) à l’occasion d’un contrôle, tué par un multirécidiviste capverdien en liberté nous rappelle les vingt-quatre mille refus d’obtempérer par an et la mort de Nahel, « petit ange parti trop tôt ». Une fois de plus, la France est divisée.
La police et la gendarmerie, pour la majorité des lecteurs du Monde, de Libération, de Télérama, des Inrocks, pour les intellectuels et militants issus de la diversité, pour ce qui reste du peuple de gauche, pour la France insoumise surtout, sont des corps réactionnaires peu soucieux des libertés publiques. Pour tous ces gens-là, les violences policières actuelles en rappellent d’autres : celles contre le peuple révolté ou affamé, contre les ouvriers en grève devant les portes des usines, contre les Juifs sous le régime de Vichy, les Arabes pendant la guerre d’Algérie, les immigrés dans les bidonvilles…
Pensée manichéenne
Or la vision qu’ils présentent est tronquée ; pire, elle est manichéenne. Elle répartit les principaux protagonistes d’une situation – la police, les victimes du racisme – dans deux catégories distinctes : les « bons » et les « mauvais », les victimes et les coupables, ceux qui font les frais de provocations et d’humiliations, d’un côté, ceux qui jettent à terre, menottent, rouent de coups et arrêtent injustement, de l’autre. Mais que l’on ne se pose pas la question, de savoir d’où viennent les attitudes et les comportements des policiers, ce qui peut éventuellement les expliquer – ce qui n’a rien à voir avec les excuser – voilà qui est effarant. Prendre les gens pour des victimes, à la longue, c’est les prendre pour des imbéciles en les dépossédant de tout désir, objectif ou intention.
Dans les affaires de refus d’obtempérer la pensée manichéenne fait d’ores et déjà fi de la complexité des situations, du rôle des émotions dans la vie sociale et des manipulations politiciennes. Oui, il y a du « racisme » dans la police comme il y a de la haine chez les racailles « racisées » contre la police, représentants d’un Etat honni. Dès l’entrée en école de police chez les élèves policiers, dans le huis-clos des commissariats, il y a ce racisme qui s’explique parce que venant de milieux populaires très touchés par la crise et par l’effondrement des valeurs d’ordre et de civilité chères à ces milieux, les gardiens de la paix ont une clientèle de plus en plus colorée du fait de l’immigration de masse et de la délinquance presque toujours étrangère ou issue de l’immigration. Par ailleurs, la relation pour le moins délicate à l’autorité de beaucoup de jeunes, musulmans, gauchistes ou anarchistes, crée sans cesse des tensions, des violences parfois graves et un harassement de policiers laissés souvent seuls au front, sans soutien véritable des hiérarchies et des politiques qui leur donnent des injonctions contradictoires et absurdes, dans l’espoir d’éviter des troubles beaucoup plus graves.
Les militants antipolice recherchent-ils la justice, ou une guerre raciale ?
La publication de la vidéo de la mort brutale de George Floyd écrasé par le genou d’un policier blanc avait provoqué autrefois de nombreuses manifestations violentes un peu partout aux États-Unis et en Europe et la naissance du mouvement « Black lives matter »… A Paris, des milliers de personnes avaient défilé pour Adama Traore et contre les « violences policières ». La cause avancée pour ces indignations, ces colères et ces violences, c’est un combat pour la justice et contre le racisme. Mais en arrière-plan, c’est une guerre civile qui s’annonce, une guerre des races qui ramène à la surface les ressentiments et les rancœurs identitaires de populations agrégées par la haine. Cet antiracisme qui prétend combattre les injustices et la haine est, en fait, une nouvelle forme de fascisme.
Dans l’histoire du siècle passé et de l’histoire tout court, ce n’est pas une nouveauté. Toutes les périodes de crise ont vu naître le besoin de trouver une raison unique aux malheurs des individus, broyés par le cours des événements. La tentation totalitaire, c’est la promesse d’un monde purifié délivré du Mal.
« Les Représentants du peuple seront impassibles dans l’accomplissement de la mission qui leur est confiée : le peuple a mis entre leurs mains le tonnerre de la vengeance, ils ne le quitteront que lorsque tous ses ennemis seront foudroyés. Ils auront le courage énergique de traverser les immenses tombeaux des conspirateurs et de marcher sur des ruines, pour arriver au bonheur de la nation et à la régénération du monde. » (Proclamation des Représentants à Lyon, le 15 frimaire, an II.) Cette tentation totalitaire se renforce aujourd’hui très rapidement. Elle va même jusqu’à enrôler des enfants dans son combat idéologique. Ce qui la caractérise, c’est qu’elle prône la disparition ou la mise à l’écart de ceux qui sont censés représenter le Mal. Hier, les Juifs, les bourgeois, les Tutsis au Rwanda. Aujourd’hui, l’homme blanc, le policier, le juif supposé sioniste.
Frustrations identitaires
Elle a pour partisans et acteurs deux groupes d’individus: les déshérités, véritables ou imaginaires, musulmans des quartiers pour la plupart et les frustrés. Cette alliance des frustrés qui se veulent responsables du sort de ceux qu’ils voient, à tort ou à raison, comme des victimes et des opprimés et, d’autre part des déshérités est réellement explosive. L’histoire a toujours réuni ces deux groupes de personnes dans un élan qui s’est voulu révolutionnaire. Les déshérités ont réellement besoin de lutter pour la justice et l’égalité. Ce fut le cas, entre autres, des ouvriers et des paysans, victimes des inégalités, du chômage pendant la révolution industrielle dans les temps qui précédèrent l’émergence des mouvements prolétariens. C’est toujours le cas dans de nombreux endroits de la planète. Ils apportent dans ces mouvements un peu de raison et des raisons de combattre. Les frustrés qui ne sont pas de véritables déshérités, écrivaillons, journalistes, enseignants, techniciens, communient dans une jalousie commune et cherchent maladivement à réparer ce qu’ils considèrent comme une injustice de la vie. Ils vont diriger le combat des déshérités et transformer le combat des déshérités en une lutte pour de nouvelles dominations. Ils vont vouloir écraser les imposteurs qui ont pris la place qui leur est due en raison du mérite qu’ils s’attribuent. Cette alliance des frustrés et de ceux qui se considèrent comme des déshérités prépare des conflits futurs qui n’opposeront pas seulement des cultures et des civilisations mais à l’intérieur même des sociétés, en Occident comme en Orient, des groupes humains séparés par leurs conceptions culturelles, religieuses, par leurs conditions sociales ou ethniques et dont certains se considèrent comme des victimes de complots fomentés par des ennemis tout puissants et maléfiques.
Devant ses fans, Elvis Presley et sa femme Priscilla présentent leur bébé Lisa Marie, février 1968. DR.
Le King est mort en août 1977, il y a 47 ans. Notre contributrice revient sur les parcours de son ex-femme Priscilla et de sa fille Lisa-Marie, dont les destinées sont actuellement à l’affiche du film de Sofia Coppola, diffusé sur Canal +, et d’un documentaire, sur Arte.
La mort de Delon, le 18 août, m’a un peu coupé l’herbe sous le pied. En effet, j’étais alors bien partie pour écrire sur Elvis, dont on célébrait le 47ème anniversaire de la mort le 16 août 1977. Et finalement, avec un peu de retard, je me dis : « allons-y ! », le King du rock’n’roll c’est sans aucun doute davantage dans mes cordes que le bel acteur français. Et puis, si le mois d’août tire à sa fin, il n’est pas encore tout à fait terminé… L’été, avec le soleil à son zénith, possède toujours une forme de cruauté. Albert Camus le savait mieux que personne. Que l’on aime ou que l’on déteste ces mois d’été au ralenti, ceux de 2024, quelle hécatombe (Alain Delon, Gena Rolands, Françoise Hardy, Catherine Ribeiro)… Le 16 août 1977 donc, disparaissait Elvis. Celui avant qui rien n’existait, ni le rock’n’roll moite, ni les filles en pâmoison, ni l’incursion de la « négritude » au sein de la musique chantée par les blancs… La légende dit qu’il serait mort sur ses toilettes. Peu importe ! N’appelle-t-on pas également cet endroit, le trône ? Cruelle ironie… Ses funérailles ont eu lieu le 18 août, à Memphis, avec force défilés de Cadillac et de filles s’évanouissant sur des civières sur son passage. Le roi est mort, vive le roi ! En 2024, il semblerait que l’on commence enfin à s’intéresser aussi à sa femme : Priscilla. Féminisme oblige ? Je l’ignore et n’en ai cure, mais Priscilla mérite qu’on s’arrête sur son cas ; c’est un personnage plus complexe qu’il n’y paraît. On ne devient pas la femme d’Elvis sans raisons. C’est une nouvelle fois Arte, à la faveur d’un documentaire fouillé et sans concessions, sobrement intitulé « Elvis et Priscilla »1, qui donne encore une fois le la. Cependant, pour se faire une idée de la personnalité de Priscilla Beaulieu (Madame Presley), il est aussi nécessaire de s’intéresser à Priscilla, le film de Sofia Coppola2 sorti en 2023, ici à son meilleur. Le film fut cependant mal compris à sa sortie (comme souvent). Nous y reviendrons.
Elvis fait son service en Allemagne, précisément à Friedberg, en RFA, et c’est là qu’il rencontre la jeune Priscilla, qui n’avait même pas 14 ans. Le père adoptif de cette dernière est dans l’US Air Force. Sa mère est fan d’Elvis, et pousse sa fille à le fréquenter. Le décor est planté. Priscilla se rend donc tous les soirs dans l’antre d’Elvis et de ses compagnons de caserne. Cependant, l’endroit ressemble davantage à un bar chic où l’on joue de la musique et drague les filles, qu’à une chambrée de militaires. La jolie brune ne tarde pas à taper dans l’œil d’Elvis – qui a rapidement du se dire que vu son jeune âge, il pourrait en faire sa poupée. Nous verrons par la suite que cette intuition était la bonne. Et puis, tout va très vite. Les parents de Priscilla autorisent leur fille à accompagner Elvis dans le Saint des saints : sa kitschissime propriété de Graceland. À une condition, cependant : que celle-ci suive des cours dans une très vénérable institution catholique. Ce qu’elle fait, de fort mauvaise grâce. Elle veut épouser le King, mais lui n’en a cure pour l’instant. Il préfère faire de Priscilla un Elvis en jupons. Il lui fait teindre ses cheveux en noir de jais ; sa choucroute s’élève de plus en plus, et ses yeux sont de plus en plus cernés d’eye-liner. Il lui fait aussi prendre somnifères et amphétamines, dont il est déjà très friand. Elle devient sa chose. Mais ne se laisse pas faire, pique des crises de jalousie épouvantables lorsque les tabloïds font leurs gros titres sur les nouveaux coups de cœur supposés d’Elvis. C’est tout cela que Sofia Coppola montre à la perfection dans son film ; elle est une cinéaste de l’enfermement, Virgin Suicides en est le meilleur exemple. Le film, comme le documentaire d’Arte, nous montrent deux Priscilla : celle d’avant le mariage (la petite fille soumise) et celle d’après (la femme qui commence à savoir ce qu’elle veut).
Elvis et Priscilla convolent en justes noces le 1er mai 1967. La petite Lisa-Marie naît neuf mois après, le 1er février 1968. Ce mariage n’est pas heureux: Elvis était-il, comme on aime à l’assener sans arrêt de nos jours, un homme toxique ? Il resta toute sa vie cet homme du Sud, pour qui les femmes étaient soit des saintes, soit des putains. Et puis, Priscilla finit par le tromper avec son instructeur de karaté et demande le divorce… Elvis est dévasté. Priscilla était, à ses yeux, définitivement devenue une putain ! Cependant, en 73, l’année de leur divorce, il fait bonne figure, et continue ses concerts à Vegas. À sa mort, son ex-femme géra sa colossale fortune d’une main de fer. Il n’y avait pas en elle, la malédiction des Presley… Elle en est la seule survivante. Lisa-Marie meurt le 12 janvier 2023. Chanteuse et actrice, Lisa Marie apparait pour la dernière fois en public à la 80e cérémonie des Golden Globes, durant laquelle le film de Sofia Copola est récompensé. Elle est alors visiblement affaiblie et a une démarche peu assurée. On la retrouve le lendemain chez elle en arrêt cardiaque, et elle meurt deux jours plus tard à l’hôpital. Elle fut le portrait de son père, et sa voix n’aurait pas fait rougir ce dernier. Une histoire à la fois sublime et tragique. De celles dont seule l’Amérique a le secret…