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En s’alliant à l’islamisme, la gauche a trahi les Lumières

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Un peu partout dans le monde occidental, et singulièrement chez nous au sein du parti La France Insoumise, la gauche refuse de voir ce totalitarisme d’un type inédit qu’est l’islamisme.


Les propos de la propagandiste d’origine syrienne Rima Hassan, et les désordres que suscitent ses prises de parole publiques, avaient finalement conduit l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences Pô) à interdire sa conférence prévue le vendredi 22 novembre dernier dans les locaux de la Rue Saint-Guillaume. Mais voilà que le tribunal administratif de Paris a enjoint à l’IEP de reprogrammer cette conférence à une date ultérieure, à charge pour les organisateurs de « Students for Justice in Palestine », de présenter les garanties nécessaires au « bon déroulement » de la rencontre (!).

From the River to the Sea, le vrai slogan “génocidaire”

Cette décision du juge des référés est d’autant plus aberrante que la militante propalestinienne a été visée par une enquête pour apologie du terrorisme pour avoir qualifié « d’action légitime » les massacres du Hamas du 7 octobre 2023. Rima Hassan incite en effet sans relâche, des universités françaises au Parlement européen, à rayer Israël de la carte. Et en soutenant des manifestants peignant de rouge leurs mains, elle accuse les Israéliens d’avoir les mains rouges du sang des Gazaouis, retournant contre les Juifs l’image glorifiée des assassins palestiniens qui avaient battu à mort des soldats israéliens à Ramallah en 2000.

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Mais tout cela ne l’empêche pas, bien au contraire, de demeurer la nouvelle égérie de cette curieuse idéologie qui s’est développée dans la gauche en général, et tout particulièrement à LFI ou au sein d’une partie bruyante de la jeunesse universitaire, et de continuer à instrumentaliser ladite « cause palestinienne » contre Israël et les Juifs. Car la revendication d’un État palestinien n’est que la couverture de la négation de la légitimité d’Israël à exister, puisque cette Palestine revendiquée est censée s’étendre du Jourdain à la Méditerranée, « From the River to the Sea ». Le propalestinisme n’est que le masque de l’offensive islamiste qui dénie aux Juifs le droit d’avoir un État national, mais qui leur interdit tout autant de vivre en sécurité en France et d’y exercer tous leurs droits de citoyens. Dans cette vision, les Juifs devraient retrouver leur statut de dhimmis (sujets inférieurs en droit, humiliés, rançonnés et maltraités du temps des califats et de l’empire ottoman) faute de quoi ils sont systématiquement assassinés.


La petite faiblesse des islamistes, et nos grandes faiblesses occidentales

Mais les chrétiens, les « mécréants », les laïques, les démocrates, tous les Occidentaux en un mot, sont aussi les cibles des islamistes, même si les Juifs sont toujours leurs victimes de prédilection, d’autant qu’aujourd’hui ils sont considérés comme la pointe avancée de l’Occident au Moyen-Orient, comme des « privilégiés » parmi les privilégiés, comme des « super-blancs ». De Paris au Néguev, de novembre 2015 au 7 octobre 2023, l’islam est ainsi reparti à la conquête de l’Occident, s’attaquant à nos modes de vie et à nos vies tout court, à la fois sournoisement et violemment. Il ne s’agit pas d’un complot mais d’une stratégie politique expansionniste, trop souvent méconnue ou mésestimée par les Occidentaux, menée principalement par un mouvement salafo-frériste polymorphe, à travers une alliance sunnite-chiite largement manœuvrée par l’Iran des mollahs.

La gauche et plus largement la nébuleuse desdits « progressistes » (partis, intellectuels, agents de la fonction publique, ONG) en France, mais aussi aux États-Unis et jusqu’en Israël, est particulière touchée par le déni de cette réalité ou de la dangerosité de celle-ci, laissant de plus en plus le champ libre aux islamistes. Cela, par conviction idéologique considérant le musulman (nouveau « damné de la terre ») comme la victime de « l’extrême droite » (ennemi principal à combattre), et/ou par lâcheté étant persuadée de l’inéluctabilité de la domination du « Sud global » sur l’Occident décadent. On prône alors comme le claironne Jean-Luc Mélenchon, les insoumis et leurs soumis verts et socialistes, les bienfaits d’une immigration musulmane de masse et d’une créolisation des populations et de la culture française.

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Dans les administrations françaises, on continue à faire preuve de laxisme et de complaisance coupable à l’égard de la propagande diffusée par des islamistes, et des atteintes aux libertés fondamentales qu’ils perpétrent. De l’Éducation nationale où le « pas de vague » demeure le mot d’ordre implicite malgré les assassinats de Samuel Paty et de Dominique Bernard et les agressions répétées d’enseignants, aux tribunaux dont les verdicts sont plus cléments à l’égard de menaces de mort (comme l’auteur de l’appel à « brûler vif » le proviseur du lycée Ravel, condamné à une amende de 600 euros et un ridicule stage de citoyenneté) que face aux gestes déplacés d’un Nicolas Bedos (condamné à six mois sous bracelet électronique et une obligation de soins psychiatriques).

A rebours des luttes libertaires de jadis, les néo-féministes proclament le voilement des femmes comme instrument de leur libération, tandis que des militants LGBTQ++ clament leur soutien à une « Palestine libre » ignorant ou feignant d’ignorer le sort tragique promis aux leurs dans les territoires tenus par le Hamas mais aussi par l’Autorité palestinienne du Fatah, sous la botte islamiste en général (de Daech aux Talibans, du Levant à l’Asie musulmane) et jusqu’en France où en Allemagne : le 18 novembre dernier, la chef de la police de Berlin n’a-t-elle pas conseillé aux Juifs et aux homosexuels d’être prudents dans « certains quartiers » ?

Mais ce qui est encore plus troublant, c’est que l’on retrouve des attitudes similaires de « dhimmitude volontaire » au sein de la gauche israélienne, essentiellement intellectuelle au demeurant, tant les partis (Travailliste et Meretz malgré leur récente fusion) sont réduits à presque rien dans la représentation nationale israélienne, en grande partie à cause précisément, de leur abandon d’un sionisme de combat.

La gauche oublie l’aspect essentiellement religieux du conflit au Proche-Orient

Comme la gauche française obnubilée par « l’extrême droite » et la montée en puissance du RN, la gauche israélienne n’a de cesse d’attaquer Benjamin Netanyahu et sa stratégie militaire contre le Hamas et le Hezbollah, au motif qu’il est allié à des partis d’extrême droite. Ainsi, le professeur de science politique israélien Denis Charbit dans son récent ouvrage Israël, l’impossible État normal, continue à condamner la « colonisation des territoires occupés en Cisjordanie » (plutôt que de parler des « implantations en Judée-Samarie », territoires « disputés » depuis l’éviction de la Jordanie qui s’en était emparé illégalement en 1949), et persiste dans la croyance que la création d’un État palestinien mettra fin au « conflit du Moyen-Orient » (alors que le cœur du conflit n’est pas territorial mais religieux, et que les leaders palestiniens refusent la coexistence pacifique d’un État palestinien à côté d’Israël). 

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Or, en s’alliant à l’islamisme, non seulement la gauche apporte ses forces militantes et ses votes à l’entreprise politico-terroriste salafo-frériste, mais elle trahit le fondement même de la pensée progressiste, à savoir la philosophie des Lumières européennes (le mot se décline dans toutes les langues européennes) et l’esprit laïque né en France avec la philosophie du libertinage (du latin libertinus, affranchi, esclave libéré) qui s’est diffusé jusqu’en Amérique latine. Luttant contre l’emprise des croyances religieuses et superstitieuses comme des croyances sécularisées des eschatologies totalitaires et des thèses complotistes de tous poils, le libre penseur s’oppose en effet aux dogmes et aux vérités révélées. La pensée libre s’autorise les interprétations à l’infini, puisant en cela dans la tradition talmudique comme dans l’herméneutique grecque et la disputatio théologique chrétienne, mais en contradiction foncière avec l’intégrisme musulman.

Et c’est bien la démocratie elle-même, tant politique que sociale, que la gauche menace dans son alliance avec l’islamisme. Car la démocratie consiste dans l’agencement d’institutions organisant l’expression du libre choix du plus grand nombre et l’extension au plus grand nombre possible non seulement de la décision politique mais aussi des biens matériels et culturels. L’unité de base de la démocratie est l’individu libre (quel que soit son sexe) : pour qu’il soit toujours plus libre d’exprimer ses choix, il lui faudra partager une égalité de plus en plus grande avec ses semblables, partageant toujours plus équitablement moyens prosaïques et instruments de la pensée et de la parole pour que perdure le débat démocratique et la libre expression.   

Face à ces principes fondateurs de la culture occidentale, ce qui est en jeu aujourd’hui, c’est la poussée qui semble irrésistible de l’offensive islamiste. Quand la gauche en prendra-t-elle enfin la vraie mesure ? Quand considérera-t-on enfin que l’ennemi principal, celui qui met en péril tout autant la paix au Proche-Orient que nos acquis démocratiques, égalitaires et libertaires au cœur-même de toutes nos sociétés occidentales c’est aujourd’hui ce totalitarisme du troisième type qu’est l’islamisme ?

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Boualem Sansal: ses propos sur le Sahara que l’Algérie ne digère pas

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L’écrivain franco-algérien a été arrêté à l’aéroport d’Alger le 16 novembre pour des motifs encore inconnus.


Les liens historiques et humains qui unissent la France à l’Algérie font souvent sous-estimer la nature dictatoriale du régime politique qui la dirige. L’arrestation de l’écrivain Boualem Sansal en est encore la triste confirmation : l’Algérie est une nation en pleine dérive qui ne tient sa population qu’en désignant des boucs-émissaires étrangers et en maniant le bâton avec les récalcitrants.

L’Algérie, une drôle d’Histoire !

Il n’est d’ailleurs qu’à lire la presse officielle algérienne pour s’en convaincre. Dans un communiqué d’une rare virulence, au ton semblable à ce que l’on pourrait trouver dans des régimes aussi aimables que la Corée-du-Nord, l’Agence Presse Service écrit à propos des réactions françaises à la détention arbitraire de l’écrivain binational : « la France prend la défense d’un négationniste, qui remet en cause l’existence, l’indépendance, l’Histoire, la souveraineté et les frontières de l’Algérie ».

En cause, les propos tenus par Boualem Sansal au média Frontières. Il a notamment déclaré : « Quand la France a colonisé l’Algérie, toute la partie ouest de l’Algérie faisait partie du Maroc : Tlemcem, Oran et même jusqu’à Mascara. Toute cette région faisait partie du royaume. » Ce propos historiquement exact est jugé « négationniste » dans une Algérie où l’histoire est mythifiée et abondamment utilisée pour souder la population.

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Le caractère obsidional du régime créé par le FLN s’exprime notamment à l’égard de la France, des juifs, mais aussi du Maroc. La monarchie voisine est régulièrement vilipendée dans les médias algériens, jalousée aussi. Il ne fait donc guère de doutes que les propos de Monsieur Sansal sur la souveraineté marocaine dans la région du Sahara ont dû profondément énerver les autorités militaires algériennes, lesquelles soutiennent les séparatistes armés du Front Polisario depuis de nombreuses années.

De plus, le récent basculement de la France en faveur du plan d’autonomie marocain au Sahara a laissé un goût amer dans la bouche d’Alger. Vu comme un traître, Boualem Sansal est aussi un combattant inlassable des dérives islamistes qu’il a observées dans son pays d’origine, traumatisé comme tant d’autres par la guerre civile des années 1990 et les terroristes du GIA.

Boualem Sansal pourrait être poursuivi

Boualem Sansal est désormais dans une situation particulièrement périlleuse. Son arrestation politique pouvant conduire à la mise en œuvre de poursuites pour « atteinte à l’unité nationale et à l’intégrité territoriale du pays » et « incitation à la division du pays ». Des motifs passibles de prison ferme en Algérie. Ces méthodes, visant un homme qui a récemment acquis la nationalité française, s’apparentent à celles des régimes totalitaires.

À lire aussi, Céline Pina: Mobilisation générale pour la libération de Boualem Sansal!

Elles font de l’Algérie un pays qui devrait horrifier nombre de belles âmes bien françaises. On est pourtant bien en peine de trouver des réactions venant d’une grande partie de la gauche, souvent complaisante à l’égard d’Alger. Comme l’explique l’essayiste Fatiha Agag-Boudjahlat à La Dépêche du Midi : « Le Printemps arabe n’a qu’effleuré l’Algérie, l’Etat usant à la fois de brutalité et de clientélisme à coup de pétro et de gazodollars pour vite replonger son peuple dans l’apathie et la neurasthénie. Tout le monde le sait. Les Algériens le savent. Il n’y a guère que les immigrés et surtout leurs enfants en France pour chanter les louanges de l’Algérie en se gardant bien d’y vivre, de s’y faire soigner ou de s’y instruire. »

En manifestant clairement son intérêt à l’alliance marocaine, la France a dévoilé le fond de la pensée d’Alger. Revancharde et passéiste, l’Algérie de Monsieur Tebboune ne prend pas le chemin du progrès. Il est temps de lui rappeler qu’un dialogue se construit à deux et sûrement pas par le chantage.

Hécatombe chez les corvidés royaux, boussoles de la monarchie

Une superstition britannique veut que les corbeaux vivant en captivité dans la Tour de Londres soient supposés protéger la Couronne…


« Promis, Judith Godrèche, on te croa ! » DR.

L’annonce du décès d’un troisième corbeau nichant dans la mythique Tour de Londres aurait pu rester une brève parmi d’autres. Mais pour les tabloïds britanniques, il en va autrement : c’est un présage sinistre qui touche la monarchie de très près. Une légende tenace, vieille de deux siècles, affirme que « si les corbeaux de la Tour de Londres sont perdus ou s’envolent, la Couronne tombera et la Grande-Bretagne avec elle ». 

La disparition de Rex, corbeau baptisé en hommage à Charles III, n’est d’ailleurs pas un cas isolé. Depuis 2022, les corvidés succombent mystérieusement. Parmi eux, Merlina, surnommée la « Reine de la Tour », disparue sans laisser de traces peu de temps avant la mort d’Elizabeth II. Dans l’imaginaire collectif britannique, les corbeaux de la Tour ne sont donc pas de simples oiseaux. Ils sont les gardiens d’une monarchie qui oscille entre tradition et modernité. Depuis l’accession au trône de Charles III, le royaume semble marcher sur une corde raide et fragile. Réformes contestées, scandales royaux, fractures sociales… assez d’éléments pour que les plus pessimistes voient dans ces disparitions un sombre augure. 

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L’Historic Royal Palaces (HRP), qui veille sur cette célèbre prison abritant aujourd’hui les joyaux de la couronne, s’est efforcé de rassurer. Michael Chandler, le « Raven Master » en poste depuis deux ans, redouble d’efforts pour maintenir cet équilibre fragile. Nourris de mets macabres – poussins, rats, biscuits imbibés de sang – et soumis à des coupes précautionneuses de leurs plumes pour limiter leurs escapades, les corbeaux sont choyés comme des reliques vivantes et assurés de rester sur leur perchoir. 

Pourtant, silencieux mais omniprésents, ils semblent poser une question lancinante : et si, finalement, leur envol final et énigmatique signalait l’aube d’un bouleversement irréversible, un avertissement que devrait prendre très sérieusement les Windsor ? Honni soit qui mal y pense.

Recoller les morceaux

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En se rendant au chevet de la France profonde qui refuse de disparaitre, Emmanuel Courcol réussit à faire vibrer la corde sensible sans sombrer dans la guimauve ou le prêche social. Mercredi en salles.


Thibaud (Benjamin Lavernhe), fils de bonne famille provinciale, est devenu, talent et travail aidant, un jeune chef d’orchestre de renommée mondiale – il enseigne à Cleveland et se produit partout sur la planète. Le maestro apprend qu’atteint d’une leucémie, seul un donneur de moelle épinière pourra le sauver ; il a bien une sœur qui sacrifierait pour lui ce morceau de chair, mais les examens révèlent qu’elle n’a pas le même ADN. Thibaud découvre alors le pot aux roses, un secret bien gardé par ses parents : celui de son adoption. Tout comme celui de l’existence cachée d’un frère cadet de même sang, élevé quant à lui à Roubaix par une nourrice, dans un milieu populaire, comme on dit. Et voilà notre Thibaud parti faire connaissance avec son Jimmy (Pierre Lottin), cantinier et tromboniste à ses heures : avec lui, la greffe peut prendre. Encore faut-il qu’il soit donneur.

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Comédie douce-amère

Prolégomènes d’une intrigue toute en fantaisie, en émotion et en fanfare, selon le titre du film, porté d’un bout à l’autre par des répliques senties et des comédiens impeccables – à commencer par le photogénique Pierre Lottin, 35 ans, dans le rôle de Jimmy, comédien découvert dans Les Tuches 1, 2 et 3, d’Olivier Baroux, et qui jouait déjà il y a quatre ans dans Un triomphe, le film précédent d’Emmanuel Courcol, cet ancien acteur de théâtre passé sur le tard à la réalisation…

Benjamin Lavernhe et Pierre Lottin (c) Agat films

Il faut s’en réjouir. Comédie douce-amère menée avec brio, En fanfare fait vibrer la corde sensible, tout en esquivant le triple écueil de la farce, de la guimauve et du prêche social. Sous le signe de la musique et dans le paysage de cette France profonde pas encore tout à fait disparue, se noue la rencontre miraculeuse de deux âmes tendres, de cultures apparemment dissonantes, de destins sensément irréductibles, de galaxies sociales séparées par un gouffre économique, mental, anthropologique : d’un côté, arrimé à cette communauté ouvrière paupérisée du Nord dont l’usine est en sursis, et courtisé par une cégétiste au grand cœur (Sarah Suco), le Jimmy, prolo et jeune père divorcé en souffrance affective, discret collectionneur de vinyles, connaisseur de jazz et modeste joueur de trombone ; de l’autre Thibaud l’esthète ambitieux, l’érudit raffiné à l’article de la mort, et qui passe du clavier au pupitre, de Schubert à Verdi, et bientôt de l’orchestre classique au flonflon…

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À voir aussi pour écouter la musique

Conte de fée bien ancré dans le réel, En fanfare prend appui sur un casting d’excellente facture pour chanter, avec beaucoup de délicatesse, l’hymne nostalgique et rêveur de la réconciliation des contraires. Pour liant, quelques morceaux choisis, – de ces must du répertoire musical dont on ne se lasse jamais.      


En fanfare. Film d’Emmanuel Courcol. Avec Benjamin Lavernhe, Pierre Lottier, Sarah Suco. France, couleur, 2024. Durée : 1h43

En salles le 27 novembre

Boualem Sansal, résistant esseulé dans une France défaite

L’écrivain arrêté arbitrairement en Algérie la semaine dernière devrait voir un procureur aujourd’hui, selon son avocat. Et enfin savoir pour quel crime atroce il est retenu prisonnier. En France, écrivains et intellectuels veulent défendre la liberté d’expression de leur confrère, mais ne veulent surtout pas être assimilés à quelque odieuse « récupération de l’extrême droite »… Autant dire qu’avec de tels résistants, le malheureux n’est pas encore tiré d’affaire.


Boualem Sansal et Benyamin Netanyahou sont, tous deux, coupables de s’opposer à l’islam conquérant. Cette idéologie totalitaire est défendue, sans surprise, par la dictature algérienne qui a arrêté l’écrivain franco-algérien le 16 novembre à sa descente d’avion avant de l’incarcérer pour ses opinions. Un procureur devrait statuer ce lundi sur son sort incertain.

Décisions arbitraires

Mais le tribunal pénal international de La Haye s’est pareillement rallié, lui aussi, à la cause islamiste en délivrant, jeudi dernier, un mandat d’arrêt contre le Premier ministre israélien. Il est accusé, au même titre que le Hamas, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité dans sa contre-offensive contre le terrorisme djihadisme. Depuis ces deux accusations arbitraires, l’islamosphère jubile. Crachant sur Sansal, elle emboite le pas au régime algérien et à sa rhétorique stalinienne qui, par le biais de l’agence Algérie Presse Service, accuse « la France macronito-sioniste » d’être l’instrument d’un lobby « anti-algérien et pro-sioniste ». L’antisionisme, qui brandit Netanyahou comme un trophée, y trouve également une raison de plus de délégitimer Israël dans sa quête de survie. LFI, à l’origine d’une proposition de loi visant à abroger du Code pénal le délit d’apologie du terrorisme (introduit en 2014 par la gauche), applaudit à la traque des juges contre l’Israélien et ne trouve rien à dire à la mise sous les verrous du Soljenitsyne algérien. Bref, ces deux épisodes parallèles confirment la nature liberticide de l’islam politique et les soumissions d’instances internationales et de l’extrême gauche à cet avatar du communisme et du nazisme réunis. Or la France, « patrie des droits de l’homme », n’est pas à la hauteur de la résistance espérée. Face à la tyrannie algérienne et au parti pris des justiciers de La Haye, Paris ne dénonce ni les uns ni les autres.

A ne pas manquer, Causeur #128 : Coupons le cordon! Pour l’indépendance de l’Algérie

Réalistes infréquentables

Sansal, otage d’un Etat voyou, paye la faiblesse d’Emmanuel Macron face à l’agressivité compulsive d’Alger. Même si le chef de l’Etat a choisi de donner raison au Maroc sur le Sahara occidental, il persiste à culpabiliser la France en alimentant une jouissance algérienne jamais inassouvie. Le 19 novembre, l’ambassadeur de France, Stéphane Romanet, a déposé une gerbe de fleurs sur la tombe du chef FLN terroriste, Labri Ben M’hidi, au carré des Martyrs du cimetière d’Alger. Le 1er novembre, Paris avait reconnu la responsabilité de l’armée dans son assassinat en 1957. Ben M’hidi avait notamment été l’instigateur de l’attentat du Milk Bar (septembre 1956), ouvrant la bataille d’Alger. Mais l’écrivain francophone, pourfendeur de la somnolence française face à l’islam importé (qu’il ne différencie pas de l’islamisme), est aussi victime d’une intelligentsia nombriliste et pusillanime. Ces capons n’ont comme obsession que de ne pas se joindre à la droite dans ses alertes sur la subversion de la charia. Pourtant, ce sont ces infréquentables qui sont réalistes.

Ces jours-ci, les professionnels de la pétition cherchent à préserver leur monopole de l’indignation à propos de Sansal, en faisant valoir le risque d’une récupération par « l’extrême droite », cet argument indigent. « Ce sont les intellectuels, les écrivains, qui doivent le défendre », a assuré ce lundi matin sur RTL l’académicien et ancien ambassadeur, Jean-Christophe Rufin. Mais ce réflexe élitiste, caricatural, ne risque pas d’impressionner Alger.

Le monde littéraire n’a jamais été un obstacle aux Frères musulmans ; cela se saurait. La société civile, qui a généré ses propres soutiens à l’écrivain, a pris la relève. Elle ne peut être que plus téméraire que ces beaux esprits, atteints à leur tour par « l’étrange défaite ».

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Donald Trump 2.0: ce que la nouvelle équipe gouvernementale dit de l’Amérique

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Quelques nominations iconoclastes décidées par Trump amusent en Europe. Et on se réjouit d’observer ses premières reculades. Reste que pendant que nous nous appauvrissons, les Américains s’enrichissent. Et si le caractère spectaculaire de cette nouvelle administration peut prêter certains prétentieux à sourire, ne nous y trompons pas: elle sera efficace.


Donald Trump a tout gagné. Il va pouvoir presque intégralement façonner une administration à sa main. Les premières nominations de son « gouvernement » font d’ailleurs la part belle aux fidèles qui l’ont soutenu après le 6 janvier 2021 ; des personnalités comme Mike Pence, Mike Pompeo ou Nikki Haley ne figurant pas parmi les premiers élus. Ces trois-là auront payé leur « trahison » aux yeux d’un Donald Trump désormais seul maître à bord. L’ancien promoteur new-yorkais n’a pas simplement gagné la course à la Maison-Blanche. Il s’est emparé d’absolument tous les instruments de pouvoir de l’Etat américain.

Pour commencer, sa belle-fille Lara est l’actuelle co-présidente du Comité national républicain. Trump dirige donc sans partage le parti. Ensuite, les Républicains sont désormais majoritaires au Sénat et à la Chambre des représentants, sans compter qu’ils ont plus de juges favorables à leurs idées à la Cour suprême. Un président américain a rarement eu une telle donne, lui accordant une liberté de manœuvre extrêmement importante au pays du « présidentialisme ». Les choix principaux qui se dégagent sont pour l’heure la déréglementation, le protectionnisme, l’isolationnisme et la lutte contre les dérives du « progressisme ».

Une orientation plutôt libertarienne

Le mandat de Donald Trump sera sûrement marqué par une orientation « libertarienne » comparable à ce qu’expérimente l’Argentine avec Javier Milei. Le président argentin s’est d’ailleurs rendu aux Etats-Unis où on a pu le voir poser en compagnie d’Elon Musk et Vivek Ramaswamy. Le fondateur de Space X et Monsieur Ramaswamy seront placés à la tête du DOGE (Département pour l’efficacité du gouvernement), dont le nom fait référence à un jeton meme de cryptomonnaie dont Musk est le promoteur acharné depuis plusieurs années et qui a immédiatement vu sa capitalisation boursière s’envoler pour atteindre quasiment son plus haut historique dans les jours qui ont suivi l’élection de Donald Trump.

Partisan acharné de la liberté et du « less is more » en matière administrative, Elon Musk a multiplié les déclarations chocs sur l’état des finances américaines et annoncé qu’il allait auditer toutes les administrations publiques à commencer par le Pentagone. Il prévoit un important dégraissage de fonctionnaires jugés inutiles et de couper toutes les dépenses en trop. Il entend aussi abroger de nombreuses régulations dans des domaines aussi variés que la santé, l’éduction ou la politique fiscale. De quoi sûrement créer un choc de compétitivité pour l’économie américaine et l’industrie. 

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Continent ultra-régulateur, l’Europe fera donc face à des entreprises qui auront non seulement énormément de capitaux mais aussi des libertés extraordinaires et une fiscalité bien plus intéressante. Cela pourrait causer bien du tracas à nos entreprises, surtout quand en parallèle le budget du gouvernement Barnier prévoit d’augmenter les impôts visant directement les secteurs les plus performants de notre économie que sont l’aéronautique et le luxe ! Peut-être pourrions-nous trouver un juste milieu entre les aspirations d’Elon Musk et la fiscopathie bien française qui nous enchaine ? Le DOGE va s’attaquer à la bureaucratie fédérale de manière extrêmement agressive alors que nous ne cessons de la renforcer en France comme en Europe, contrairement à ce que préconise par exemple le rapport Draghi.

Les deux hommes sont technophiles et progressistes. Ils confirment aussi la conversion de Donald Trump aux cryptomonnaies ce qui pourrait entrainer la création d’une réserve fédérale de bitcoins. La reine des cryptomonnaies, qui concentre à elle seule 50 % des transactions de monnaies numériques, pourrait donc voir sa valeur encore exploser alors qu’elle approche aujourd’hui la ligne symbolique des 100K dollars qu’elle devrait dépasser très prochainement.

Les anciens démocrates recyclés

Au rayon des nominations polémiques, celles des démocrates dissidents Robert Kennedy Jr. et Tulsi Gabbard figurent en bonne place. Ancien démocrate comme Elon Musk, Donald Trump semble avoir voulu pratiquer l’ouverture en nommant Mme Gabbard à la tête du renseignement national et Kennedy à la Santé. Les deux personnalités suscitent néanmoins d’importantes interrogations. Vue comme favorable au Kremlin, Tulsi Gabbard est aussi accusée de ne pas avoir l’expérience nécessaire pour le poste. Quant à Kennedy, il lui est reproché d’être un adepte des pseudo-sciences et des théories complotistes. Reconnaissons-lui néanmoins une qualité : il lutte contre la malbouffe et demande aux industriels de l’agroalimentaire américains de se mettre aux standards européens. Cela pourrait éventuellement représenter une opportunité pour notre agriculture.

Isolationnisme modéré ?

On le sait, le multilatéralisme n’est pas la tasse de thé de Donald Trump, ni celle de JD Vance. La doctrine de l’America First sera remise au goût du jour. Très apprécié par Israël, Donald Trump a nommé aux Affaires étrangères Marco Rubio dont les sympathies pour l’Etat hébreu sont de notoriété publique. S’il y a bien un point de consensus de la future administration Trump, ce sera le soutien à Israël. La politique de Donald Trump entre 2016 et 2020 avait été marquée par le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem, geste symbolique qui avait beaucoup plu à la droite israélienne.

Donald Trump s’appuiera aussi sur l’Arabie Saoudite avec laquelle il a des liens anciens et privilégiés pour continuer à isoler l’Iran. Les accords d’Abraham seront d’ailleurs probablement relancés et les sanctions visant l’Iran renforcées. Trump pourra-t-il néanmoins obtenir la paix en « un jour » à Gaza et au Liban ? Il l’a promis mais il est permis d’en douter. On notera aussi une incohérence au sein du trumpisme. Les personnalités qu’il a désignées, à l’image de Mike Waltz à la Sécurité nationale ou de John Ratcliffe à la CIA, sont désireuses de mettre la pression sur les Etats « voyous » comme l’Iran et la Corée du Nord. Elles veulent aussi lutter plus ouvertement contre la Chine tant sur le plan stratégique qu’économique avec l’instauration de tarifs douaniers. Pourtant, elles semblent assez peu concernées par la Russie.

Il y a là un angle mort, Moscou étant le pilier central de cet axe. L’arrivée de soldats nord-coréens sur les champs de bataille ukrainiens l’aura encore confirmé. Se pourrait-il que l’administration Trump pense pouvoir négocier la tête de l’Iran avec l’agrément tacite de la Russie ? Ce serait une erreur de croire une telle chose possible. Reste que cette administration semble être pensée pour être alignée sur les vues de Donald Trump. Pour l’heure, ses méthodes de résolution du conflit ukrainien sont inconnues. Probablement transactionnelles, elles devront être confrontées à la réalité du terrain. Les Européens doivent entendre le message : nous devons être autonomes stratégiquement et prêts à maintenir nos engagements dans la durée.

Un pouvoir de nomination… qui reste soumis au contrôle du Sénat

Pour autant, cette concentration de pouvoirs reste limitée par certaines oppositions internes au sein des Républicains du Sénat qui peuvent empêcher certaines nominations. On l’a notamment vu récemment avec l’éviction de Matt Gaetz que Donald Trump avait désigné comme son futur ministre de la Justice. Ancien représentant des Etats-Unis du 1er district de Floride de 2017 à 2024, Matt Gaetz bénéficiait pourtant du soutien inconditionnel de JD Vance et Elon Musk. Le vice-président Vance l’avait même accompagné lors de son audition au Sénat afin de plaider sa cause. Cela n’aura pas été suffisant.

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Il faut dire que le profil de Matt Gaetz était pour le moins explosif. En mars 2022, il fut l’un des huit représentants au Congrès à voter contre la suspension des relations commerciales avec la Russie. Connu aussi pour son opposition à l’avortement « sans exception », Matt Gaetz a par ailleurs pâti de difficultés judiciaires importantes qui ont entaché son image de conservateur pur et dur du Freedom Caucus. Il a notamment été inquiété dans le cadre d’une enquête ouverte fin 2020 visant à déterminer s’il n’avait pas enfreint les lois contre le « trafic sexuel » en vigueur en Floride. Matt Gaetz aurait ainsi couché avec une mineure de 17 ans que lui aurait présenté l’élu local floridien Joel Greenberg, accusé d’être à la tête d’une petite entreprise de proxénétisme en ligne… Voilà qui rappellera un autre célèbre chrétien évangélique, le rocker Jerry Lee Lewis qui avait épousé sa cousine alors qu’elle était âgée de 13 ans. «Même si j’avais un fort soutien, il est clair que ma confirmation était injustement devenue une distraction pour le travail crucial de la transition… Il n’y a pas de temps à perdre en des querelles inutiles à Washington, je retire donc mon nom. Le ministère de la Justice de Trump doit être en place et prêt dès le premier jour», a déclaré Monsieur Gaetz le 20 novembre. Une façon de sortir par le haut d’une situation inextricable. Il a pu renoncer de lui-même au motif que les « allégations » le visant n’éclaboussent pas la nouvelle administration. La réalité est plus cruelle. Quatre à six sénateurs républicains dont Mitt Romney et l’actuel président du groupe Mitch McConnell se sont opposés à sa nomination. Il a donc été remplacé par une autre personnalité plus consensuelle, la Floridienne Pam Bondi. Elle aura pour mission de faire en sorte, comme l’a dit Donald Trump, que le ministère ne soit plus « instrumentalisé » contre lui et d’autres Républicains.

La désignation de Gaetz était-elle un test ou une diversion de Donald Trump afin de faire nommer les gens qu’ils voulaient vraiment autour de lui ? C’est ce que pensent certains commentateurs de la vie politique américaine. Une autre personnalité est actuellement sous le feu des critiques. Il s’agit de Pete Hegseth, envisagé pour être secrétaire à la Défense de la nouvelle administration. Personnalité médiatique connue et appréciée de l’écosystème « Maga », l’homme est visé comme Matt Gaetz pour une affaire de mœurs datant de 2017. Il a été blanchi après avoir trouvé un accord financier avec la plaignante mais il n’est pas exclu que Donald Trump l’exfiltre discrètement. Déjà pressenti en 2016, il avait alors été jugé insuffisamment compétent. Comme d’autres membres de l’administration Trump, il est un fervent soutien d’Israël et a même appelé à la reconstruction du Temple de Salomon où se trouve actuellement la mosquée Al-Aqsa.

Conclusion

Il y aura bien des leçons à tirer du prochain mandat Trump pour les Européens. D’abord parce que nous devrons prendre conscience du fait que l’autonomie stratégique est impérative dans le monde de demain. Enfin parce que nous verrons leur économie décoller plus encore. Depuis 2008, l’écart de PIB par tête s’est profondément creusé. Nous nous appauvrissons et ils s’enrichissent. Si le caractère spectaculaire de cette administration, semblable au casting d’un film d’action des années 80, peut prêter certains prétentieux à sourire, ne nous y trompons pas : elle sera efficace. Voir Pierre Moscovici rire sur le profil de Linda McMahon, ancienne présidente de la fédération de catch WWE nommée à la tête de l’Education, en dit long sur la déconnexion de nos élites… Les Etats-Unis de Trump seront des concurrents féroces, mais aussi, par certains aspects, un modèle dont nous ferions peut-être de nous inspirer de ce qu’il aura de meilleur (sans lui emprunter le pire, c’est-à-dire le spectacle et l’outrance).

Trump élu? Non, les démo-woko bobos battus

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Il a fallu à notre chroniqueur un peu de temps pour analyser la victoire de Trump — ou celle, à venir, de son équivalent européen, s’il s’en trouve un qui émerge. Étude implacable nourrie des réflexions de Francis Fukuyama, qui voit soudain rebondir une Histoire qu’il pensait close.


Peut-être vous rappelez-vous le grand succès de l’été 2023 aux États-Unis — une chanson intitulée Rich men north of Richmond (voir la vidéo en fin d’article) chantée par un illustre inconnu du nom d’Oliver Anthony — un redneck typique, couleur incluse. Jetez un œil sur les paroles (même si vous parlez couramment anglais, il a un accent un peu robuste) et vous aurez l’essentiel des raisons du vote Trump — élu par des gens qu’il méprise et avec lesquels il ne partage rien. Ce n’est pas Trump qui a été élu, ce sont les démocrates « au nord de Richmond » (la guerre de Sécession n’est pas réglée, il suffit d’aller dans les États du Sud pour s’en convaincre) qui ont été laminés.

Deux phénomènes concomitants

Francis Fukuyama, qui il y a trente ans nous prédisait « la fin de l’Histoire », puisque l’Amérique avait gagné le match contre l’URSS, a tenté d’analyser dans le Financial Times cette défaite — plus cuisante encore que celle d’Hillary Clinton contre ce même Trump en 2016 : cette fois, le raz-de-marée en voix dans les « swing states » ne laisse aucun doute sur le vrai gagnant.

Si en 2016 la victoire du gros blondin paraissait « une aberration », son retour victorieux en 2024 prouve que c’est Biden qui a été l’erreur. Les Républicains contrôlent désormais la totalité de l’appareil d’État. Une suprématie dont le RN en France peut toujours rêver : les juges justement s’occupent de lui. En admettant même qu’il gagne en 2027, l’État profond sera toujours administré par le Camp du Bien.
Et c’est bien là la cause profonde de cette victoire. Trump n’a pas gagné, mais les bobos, wokistes et autres progressistes qui nagent comme des requins dans le néo-libéralisme ont perdu. Plus exactement, son élection résulte de deux phénomènes concomitants.

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D’un côté, le néo-libéralisme qu’exaltent les bobos a fait preuve de son efficacité : tout à leur souci de présenter des bilans comptables satisfaisants à leurs actionnaires, et de leur verser des dividendes juteux, les grands systèmes financiers ont définitivement ruiné les pauvres et appauvri les classes moyennes — en attendant de les ruiner à leur tour. Comme dit Fukuyama, « le monde est devenu beaucoup plus riche dans son ensemble, tandis que la classe ouvrière perdait des emplois et des opportunités. Le pouvoir s’est déplacé des lieux qui ont accueilli la révolution industrielle vers l’Asie et d’autres parties du monde en développement. »

Pour faire digérer ce gigantesque transfert de richesses (tous les pauvres ruinés, cela enrichit démesurément les riches), les Démocrates ont cru — comme la gauche en France — que quelques réformes « sociétales » feraient passer la pilule. Le discours sur le genre, le wokisme, l’intersectionnalité des luttes, le discours sur la masculinité toxique et autres billevesées d’une importance très relative furent le nuage de fumée destiné à faire oublier que les fins de mois commençaient le 1er. Dixit notre augure américain : « Le souci progressiste pour la classe ouvrière a été remplacé par des protections ciblées pour un ensemble plus restreint de groupes marginalisés : minorités raciales, immigrés, minorités sexuelles, etc. Le pouvoir de l’État a été de plus en plus utilisé non pas au service de la justice impartiale, mais pour promouvoir des résultats sociaux spécifiques pour ces groupes. »

Eh bien, ces groupes, reconnaissants, ont voté Kamala Harris.
Mais pas les autres. Les Hispanos se sont déportés en masse vers Trump, qui ne leur veut pourtant aucun bien. Pareil pour les Noirs. Quant aux Rednecks, enfouis dans les forêts du Tennessee, ils chantent, comme Oliver Anthony :
« I wish politicians would look out for miners,
And not just minors on an island somewhere »
Deux lignes où plane l’ombre de Jeffrey Epstein et des riches qui ont usé de son hospitalité et abusé des mineurs qu’il leur offrait. La démocratie exemplaire des Démocrates était aussi une fabrique de l’horreur.
Conclusion ? « La classe ouvrière a eu le sentiment que les partis politiques de gauche ne défendaient plus ses intérêts et a commencé à voter pour des partis de droite. Ainsi, les Démocrates ont perdu le contact avec leur base ouvrière et sont devenus un parti dominé par des professionnels urbains éduqués. Les anciens ont choisi de voter républicain. »
Et d’ajouter : « En Europe, les électeurs des partis communistes en France et en Italie se sont tournés vers Marine Le Pen et Giorgia Meloni. »

Marine Le Pen (ou n’importe quel clone qui la remplacera) sera élue par ceux que la gauche a ignoré — depuis que Lionel Jospin, pendant la campagne présidentielle de 2002, malgré les conseils de Pierre Mauroy, a choisi de ne plus parler au peuple, mais d’aller chercher de nouveaux prolétaires chez les immigrés, comme le lui conseillait Terra Nova. C’est la stratégie suivie aujourd’hui par Mélenchon, hier laïcard robespierriste, aujourd’hui lécheur d’islamistes. Les pauvres ne votent pas RN : ils votent contre les partis progressistes qui « accordent plus d’importance aux étrangers et à l’environnement qu’à leur propre situation. »

Le discours sur le réchauffement climatique rejoint en ce sens le matraquage médiatique sur la dette « française » — alors qu’elle est le résultat d’une politique au service des banques qui prêtent l’argent et se remboursent sur l’impôt — et demain sur la saisie de l’épargne et la privatisation de la Sécurité sociale.

Donald Trump en meeting au Madison Square Garden, New York, 27 octobre 2024 © Evan Vucci/AP/SIPA

Un futur inquiétant

À noter que pendant que Trump affirme que « tariff » est le plus beau mot de la langue française et s’apprête à taxer lourdement les biens qui entrent aux États-Unis, nos dirigeants font les yeux doux au Mercosur, quitte à risque une levée de fourches. Mais les gilets jaunes les ont rassurés, la colère du peuple se règle avec quelques milliers de CRS.

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Et qu’importe à des gens qui roulent en voitures de fonction que l’on interdise bientôt les véhicules thermiques encore massivement utilisés par ces salauds de pauvres ? Que leur importe que l’équivalent-carbone des moteurs électriques importés d’Asie soit colossal ? Que leur importe que l’électricité augmente — et l’arrêt d’importation du gaz russe n’y est pas pour rien — pourvu que le gaz de schiste américain offre des solutions onéreuses mais juteuses ? L’Europe s’obstinera à défendre l’Ukraine, pendant que les Américains fermeront le parapluie.

Trump, qui fonctionne à la testostérone, admire au fond les dirigeants qui croient prioritairement en la force — Poutine ou Xi Jinping. Il passera des accords avec eux pendant que l’Europe restera dans les catacombes d’un nouvel ordre mondial. Et il soutiendra Netanyahou dans son combat contre l’islamisme terroriste — pléonasme ! Et quand bien même Trump, qui commence à être âgé, ne mettrait pas tout en œuvre en quatre ans, il peut compter sur son colistier, J.D. Vance, pour lui succéder, un vrai dur passé par les Marines, enfant de la Rust Bell, cette ceinture d’usines rouillées et désormais fermées : lisez son autobiographie, Hillbilly Elégie, en Livre de poche pour 9,40 € : ce n’est pas cher payé pour en savoir plus long sur le futur qui nous attend.

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Liberté d’expression, que d’horreurs on dit en ton nom

Une contre-société islamiste exploite nos libertés pour défier notre identité. En proposant d’abroger la loi de 2014 sur l’apologie du terrorisme, les Insoumis voudraient-ils lui filer un coup de main ?


C’est une proposition qui a été déposée mardi à l’Assemblée, mais qui n’a aucune chance d’être adoptée. Les Insoumis estiment que la loi de 2014 « permet aux gouvernements de détourner la lutte antiterroriste pour réprimer la liberté d’expression » (Ugo Bernalicis).

Selon eux, la loi de 1881 concernant la liberté de la presse, qui sanctionne les appels à la haine ou la négation de crime contre l’humanité, est suffisante. Présentant cette proposition de loi, étonnamment, ils invoquent le cas douteux de Jean-Paul Delescaut, un apparatchik CGT condamné à un an avec sursis en première instance pour avoir écrit après le 7-Octobre que les « horreurs de l’occupation illégale reçoivent les réponses qu’elles ont provoquées ». Ce qui ressemble tout de même fortement à une justification.

Toute cette affaire serait peut-être passée inaperçue si Gabriel Attal n’avait pas interpellé ce week-end ses homologues socialistes, communistes et écologistes. Cette proposition de loi, écrit-il, est « une insulte et une tache indélébile pour ceux qui la portent ». L’ancien Premier ministre a ajouté : « Saurez-vous vous désolidariser clairement et défendre ainsi nos valeurs? » Alléluia, les socialistes ont répondu présents ! MM. Faure, Vallaud, Cazeneuve et Hollande (qui était président de la République quand la loi a été votée) ont dénoncé l’initiative insoumise. Une double faute, selon Hollande, qui affirme d’une part que les Insoumis « veulent exonérer de leurs responsabilités des personnalités qui utilisent la cause palestinienne à des fins haineuses », et que d’autre part cela « heurte les victimes du terrorisme ». On verra bien si ces belles indignations résistent à l’opportunisme électoral longtemps…

Mais, les Insoumis ont-ils raison de dire que cette loi restreint la liberté d’expression ?

Oui, la loi du 13 novembre 2014 renforçant les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme restreint effectivement la liberté d’expression, puisqu’elle interdit par exemple d’approuver le 13-Novembre ou le 7-Octobre sur les réseaux sociaux. Sur le principe, vous le savez, je préfèrerais les excès de la liberté. Si nous étions encore un peuple, si le débat public se tenait encore normalement dans notre pays argument contre argument, on pourrait s’accommoder de quelques hurluberlus qui se réjouissent d’un crime de masse.

Mais, la donne a changé : une contre-société islamiste encouragée par LFI exploite nos libertés pour défier nos mœurs et notre identité. Et si on parle tant des valeurs de la République aujourd’hui, c’est parce qu’elles ne vont plus de soi.

Attention : ce n’est pas qu’un débat d’intellos. Samuel Paty a été assassiné parce que des gens ont publié des horreurs sur les réseaux sociaux. Et quand des élus approuvent le 7-Octobre à mots couverts et à coups de double langage, ils encouragent des petites brutes antijuives à passer à l’acte.

Bien sûr, la liberté d’expression n’est jamais totale. Même aux États-Unis. Il ne s’agit pas d’interdire la critique voire la haine d’Israël, même quand elle flirte avec l’antisémitisme. Ni d’embastiller des gamins qui ne sont pas Charlie. C’est à chaque fois au juge d’apprécier la faute. Si nous avons besoin d’un tel arsenal pour encadrer la liberté d’expression, c’est malheureusement parce que nous n’avons plus de langage commun. On peut parler librement, mais pas avec n’importe qui.


Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio

Retrouvez Elisabeth Lévy dans la matinale de Jean-Jacques Bourdin.

La Hollande, l’autre pays du halal

« Achetez votre viande halal, alors nous pourrons manger ensemble » ! À la gare centrale d’Utrecht, aux Pays-Bas, une publicité pour la marque de boucherie islamique Wahid fait polémique. Il y est indiqué que « ce qui est délicieusement halal pour Ebru », la jeune doctoresse voilée, « l’est aussi pour Anneloes », son amie infirmière néerlandaise de souche… Un véritable chantage au vivre ensemble qui casse les codes de l’assimilation, déplore notre chroniqueuse.


« Achetez votre viande halal, alors nous pourrons manger ensemble », voilà ce que dit cette gigantesque affiche qui trône au cœur de la gare centrale d’Utrecht, aux Pays-Bas.
Présentée comme un appel à la tolérance et à la fraternité, l’affiche conditionne le fait de pouvoir s’asseoir à la même table pour déjeuner à la soumission aux règles d’un islam intégriste. Le halal en est le vecteur.
Derrière ce qui se présente comme un appel à la tolérance, il s’agit en fait d’imposer la loi du plus fanatique au plus tolérant. Logique : c’est toujours le plus radical qui impose sa loi. Pour ne pas aller au conflit, l’autre cède. Ainsi, la femme voilée considère que la nourriture de la Hollandaise de souche est impure. Or on fait alliance par la table et le lit, via le partage de la nourriture ou le mariage. Pour cela il faut une égalité ou au moins une reconnaissance entre groupes. Si la nourriture d’un groupe est considérée comme impure, le mélange devient souillure, le partage devient avilissement.

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C’est parce qu’elle est sale, impure, « haram » au regard de l’islamiste voilée, que la seule manière pour la jeune femme blonde de manger avec Miss voile ostentatoire est de se soumettre à ses diktats culturels et religieux. Mais en se pliant à la règle des intégristes, elle contribue à renforcer la barrière communautaire. En effet si la société d’accueil accepte de soumettre ses codes sociaux aux diktats intégristes, comment refuser l’appartenance communautaire et accéder au statut d’individu émancipé ? L’intégration ou l’assimilation deviennent alors impossibles. La stratégie de la mise sous pression de la société d’accueil est validée par ceux-là mêmes qui devraient la combattre. C’est ainsi que les Pays-Bas, par fausse tolérance, renforcent l’emprise islamiste sur la population musulmane, puisque dès qu’un rapport de forces est posé, c’est la société qui cède.

Didier Kaminka, compagnon de route du parti d’en rire!

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Monsieur Nostalgie nous parle de Didier Kaminka, acteur, dialoguiste, scénariste et réalisateur disparu en septembre dernier qui fit les grands soirs de la comédie française à la télévision et au cinéma.


La comédie est le parent pauvre du cinéma. C’est elle qui fait bouillir la marmite et lorsqu’il s’agit de lui rendre hommage, ne serait-ce qu’un billet doux en remerciement pour le travail effectué, plus personne ne répond à l’appel. La reconnaissance du ventre est bien timide dans notre pays. On lui tourne le dos par peur de se salir l’esprit. Sans gêne, les médias prescripteurs préféreront toujours encenser un obscur réalisateur des nouvelles vagues successives, au néo-réalisme poisseux et victimaire, le genre donneur de leçons et terreur des studios, financé par nos impôts pour mieux caricaturer notre populisme franchouillard. Le masochisme de l’exception culturelle ne connaît pas de limite en France. Et pourtant, quand on interroge le public sur ses goûts profonds et ses souvenirs de longs métrages, il ne puise pas sa réflexion dans une encyclopédie pesante mais dans les classiques du dimanche soir.

L’humour d’antan

Tout de go, il se rappelle des Ripoux et des Sous-doués avec une certaine volupté et malice. Son visage s’illumine, la gaudriole et la farce ne lui déplaisent pas, la tradition vient de loin, de Rabelais et de Molière. L’absence de sérieux est encore la plus belle marque que peut montrer un peuple civilisé à la face du monde. C’est là, dans la débandade des deux branques encagoulés (Jugnot et Auteuil) de l’inénarrable Pour cent briques, t’as plus rien que se niche cette satanée identité française et non sur le fronton des Hôtels de ville. Le creuset de notre nation se trouve dans Philippe Noiret se « prenant » une balle dans le bide pour sauver la mise à son collègue ou dans Guy Marchand chantant Destiné dans un « love-computer » de stations balnéaires.

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Si les élites sont incapables de comprendre cet élan salvateur vers le divertissement, elles ne peuvent plus rien pour nous. Le lien est définitivement rompu. Il y eut, par le passé, La Grande Vadrouille et Le Corniaud, ces deux bornes tutélaires ont plus soudé les familles dysfonctionnelles que les déclarations d’un sous-secrétaire d’État à la cohésion sociale. Puis dans les années 1980, il y eut la patte Didier Kaminka (1943-2024). Il fut de toutes les aventures comiques de la décennie, dans l’ombre de Claude Zidi, Édouard Molinaro, François Leterrier, Christian Gion ou Pierre Richard. À la manœuvre, en tant qu’acteur ou réalisateur, complice de Georges Beller et de Luis Rego, il avait gagné la bataille idéologique chez les adolescents de ma génération en imposant un humour décomplexé et bon enfant qui avait vocation à faire marrer, sans se soucier des différences, sans la peur de blesser ou d’outrager l’Autre. Le drame de notre époque où la moindre remarque est perçue comme une remise en cause de la personne humaine. Cette liberté d’expression qui n’était aucunement revendiquée comme un acte militant ou politique paraît aujourd’hui un asile lointain. Nous avons la nostalgie de cette déconne qui était un bien commun partagé par tous et où le second degré était inhérent à l’art de la conversation et l’autodérision, une forme avancée de politesse. Tout n’était pas pris au drame et au larmoyant.

Un artiste tout terrain

Coluche en roublard de « Planète assistance » ou en inspecteur catastrophe serait perçu seulement par nos effarouchés du moment comme un grossier personnage, alors qu’il était un clown à deux faces, à la fois hilarant de veulerie et ultra-sensible dans sa solitude.

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Didier Kaminka, yeux bleus et cheveux ébouriffés, était un acteur lunaire et un artiste tout-terrain, avec une large palette allant de l’emmerdeur irrésistible sur grand écran à l’artiste contemporain. L’un de ses touche-à-tout, pouvant jouer la comédie, réaliser un film, écrire sur commande et peindre un tableau « pop déstructuré ». Parmi sa filmographie, j’ai un faible pour Association de malfaiteurs et cette réplique magique de François Cluzet : « Je gagne 10 briques par mois, qu’est-ce que j’irai voler une mob pourrie ? ». En passant derrière la caméra, il réalisa notamment Promotion canapé qui mérite d’être réhaussé par la critique, avec la très talentueuse actrice Margot Abascal et A quoi tu penses-tu ? avec Richard Anconina dont la bande-annonce est absolument à voir sur YouTube. Et si ça ne suffisait pas de vous convaincre, Kaminka a été au générique d’un épisode (Week-end à Deauville) de la série Sam et Sally avec Georges Descrières et Corinne le Poulain. Il est donc intouchable !

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En s’alliant à l’islamisme, la gauche a trahi les Lumières

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Mathilde Panot et Rima Hassan, de la France Insoumise, Paris, 1er juillet 2024 © ISA HARSIN/SIPA

Un peu partout dans le monde occidental, et singulièrement chez nous au sein du parti La France Insoumise, la gauche refuse de voir ce totalitarisme d’un type inédit qu’est l’islamisme.


Les propos de la propagandiste d’origine syrienne Rima Hassan, et les désordres que suscitent ses prises de parole publiques, avaient finalement conduit l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences Pô) à interdire sa conférence prévue le vendredi 22 novembre dernier dans les locaux de la Rue Saint-Guillaume. Mais voilà que le tribunal administratif de Paris a enjoint à l’IEP de reprogrammer cette conférence à une date ultérieure, à charge pour les organisateurs de « Students for Justice in Palestine », de présenter les garanties nécessaires au « bon déroulement » de la rencontre (!).

From the River to the Sea, le vrai slogan “génocidaire”

Cette décision du juge des référés est d’autant plus aberrante que la militante propalestinienne a été visée par une enquête pour apologie du terrorisme pour avoir qualifié « d’action légitime » les massacres du Hamas du 7 octobre 2023. Rima Hassan incite en effet sans relâche, des universités françaises au Parlement européen, à rayer Israël de la carte. Et en soutenant des manifestants peignant de rouge leurs mains, elle accuse les Israéliens d’avoir les mains rouges du sang des Gazaouis, retournant contre les Juifs l’image glorifiée des assassins palestiniens qui avaient battu à mort des soldats israéliens à Ramallah en 2000.

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Mais tout cela ne l’empêche pas, bien au contraire, de demeurer la nouvelle égérie de cette curieuse idéologie qui s’est développée dans la gauche en général, et tout particulièrement à LFI ou au sein d’une partie bruyante de la jeunesse universitaire, et de continuer à instrumentaliser ladite « cause palestinienne » contre Israël et les Juifs. Car la revendication d’un État palestinien n’est que la couverture de la négation de la légitimité d’Israël à exister, puisque cette Palestine revendiquée est censée s’étendre du Jourdain à la Méditerranée, « From the River to the Sea ». Le propalestinisme n’est que le masque de l’offensive islamiste qui dénie aux Juifs le droit d’avoir un État national, mais qui leur interdit tout autant de vivre en sécurité en France et d’y exercer tous leurs droits de citoyens. Dans cette vision, les Juifs devraient retrouver leur statut de dhimmis (sujets inférieurs en droit, humiliés, rançonnés et maltraités du temps des califats et de l’empire ottoman) faute de quoi ils sont systématiquement assassinés.


La petite faiblesse des islamistes, et nos grandes faiblesses occidentales

Mais les chrétiens, les « mécréants », les laïques, les démocrates, tous les Occidentaux en un mot, sont aussi les cibles des islamistes, même si les Juifs sont toujours leurs victimes de prédilection, d’autant qu’aujourd’hui ils sont considérés comme la pointe avancée de l’Occident au Moyen-Orient, comme des « privilégiés » parmi les privilégiés, comme des « super-blancs ». De Paris au Néguev, de novembre 2015 au 7 octobre 2023, l’islam est ainsi reparti à la conquête de l’Occident, s’attaquant à nos modes de vie et à nos vies tout court, à la fois sournoisement et violemment. Il ne s’agit pas d’un complot mais d’une stratégie politique expansionniste, trop souvent méconnue ou mésestimée par les Occidentaux, menée principalement par un mouvement salafo-frériste polymorphe, à travers une alliance sunnite-chiite largement manœuvrée par l’Iran des mollahs.

La gauche et plus largement la nébuleuse desdits « progressistes » (partis, intellectuels, agents de la fonction publique, ONG) en France, mais aussi aux États-Unis et jusqu’en Israël, est particulière touchée par le déni de cette réalité ou de la dangerosité de celle-ci, laissant de plus en plus le champ libre aux islamistes. Cela, par conviction idéologique considérant le musulman (nouveau « damné de la terre ») comme la victime de « l’extrême droite » (ennemi principal à combattre), et/ou par lâcheté étant persuadée de l’inéluctabilité de la domination du « Sud global » sur l’Occident décadent. On prône alors comme le claironne Jean-Luc Mélenchon, les insoumis et leurs soumis verts et socialistes, les bienfaits d’une immigration musulmane de masse et d’une créolisation des populations et de la culture française.

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Dans les administrations françaises, on continue à faire preuve de laxisme et de complaisance coupable à l’égard de la propagande diffusée par des islamistes, et des atteintes aux libertés fondamentales qu’ils perpétrent. De l’Éducation nationale où le « pas de vague » demeure le mot d’ordre implicite malgré les assassinats de Samuel Paty et de Dominique Bernard et les agressions répétées d’enseignants, aux tribunaux dont les verdicts sont plus cléments à l’égard de menaces de mort (comme l’auteur de l’appel à « brûler vif » le proviseur du lycée Ravel, condamné à une amende de 600 euros et un ridicule stage de citoyenneté) que face aux gestes déplacés d’un Nicolas Bedos (condamné à six mois sous bracelet électronique et une obligation de soins psychiatriques).

A rebours des luttes libertaires de jadis, les néo-féministes proclament le voilement des femmes comme instrument de leur libération, tandis que des militants LGBTQ++ clament leur soutien à une « Palestine libre » ignorant ou feignant d’ignorer le sort tragique promis aux leurs dans les territoires tenus par le Hamas mais aussi par l’Autorité palestinienne du Fatah, sous la botte islamiste en général (de Daech aux Talibans, du Levant à l’Asie musulmane) et jusqu’en France où en Allemagne : le 18 novembre dernier, la chef de la police de Berlin n’a-t-elle pas conseillé aux Juifs et aux homosexuels d’être prudents dans « certains quartiers » ?

Mais ce qui est encore plus troublant, c’est que l’on retrouve des attitudes similaires de « dhimmitude volontaire » au sein de la gauche israélienne, essentiellement intellectuelle au demeurant, tant les partis (Travailliste et Meretz malgré leur récente fusion) sont réduits à presque rien dans la représentation nationale israélienne, en grande partie à cause précisément, de leur abandon d’un sionisme de combat.

La gauche oublie l’aspect essentiellement religieux du conflit au Proche-Orient

Comme la gauche française obnubilée par « l’extrême droite » et la montée en puissance du RN, la gauche israélienne n’a de cesse d’attaquer Benjamin Netanyahu et sa stratégie militaire contre le Hamas et le Hezbollah, au motif qu’il est allié à des partis d’extrême droite. Ainsi, le professeur de science politique israélien Denis Charbit dans son récent ouvrage Israël, l’impossible État normal, continue à condamner la « colonisation des territoires occupés en Cisjordanie » (plutôt que de parler des « implantations en Judée-Samarie », territoires « disputés » depuis l’éviction de la Jordanie qui s’en était emparé illégalement en 1949), et persiste dans la croyance que la création d’un État palestinien mettra fin au « conflit du Moyen-Orient » (alors que le cœur du conflit n’est pas territorial mais religieux, et que les leaders palestiniens refusent la coexistence pacifique d’un État palestinien à côté d’Israël). 

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Or, en s’alliant à l’islamisme, non seulement la gauche apporte ses forces militantes et ses votes à l’entreprise politico-terroriste salafo-frériste, mais elle trahit le fondement même de la pensée progressiste, à savoir la philosophie des Lumières européennes (le mot se décline dans toutes les langues européennes) et l’esprit laïque né en France avec la philosophie du libertinage (du latin libertinus, affranchi, esclave libéré) qui s’est diffusé jusqu’en Amérique latine. Luttant contre l’emprise des croyances religieuses et superstitieuses comme des croyances sécularisées des eschatologies totalitaires et des thèses complotistes de tous poils, le libre penseur s’oppose en effet aux dogmes et aux vérités révélées. La pensée libre s’autorise les interprétations à l’infini, puisant en cela dans la tradition talmudique comme dans l’herméneutique grecque et la disputatio théologique chrétienne, mais en contradiction foncière avec l’intégrisme musulman.

Et c’est bien la démocratie elle-même, tant politique que sociale, que la gauche menace dans son alliance avec l’islamisme. Car la démocratie consiste dans l’agencement d’institutions organisant l’expression du libre choix du plus grand nombre et l’extension au plus grand nombre possible non seulement de la décision politique mais aussi des biens matériels et culturels. L’unité de base de la démocratie est l’individu libre (quel que soit son sexe) : pour qu’il soit toujours plus libre d’exprimer ses choix, il lui faudra partager une égalité de plus en plus grande avec ses semblables, partageant toujours plus équitablement moyens prosaïques et instruments de la pensée et de la parole pour que perdure le débat démocratique et la libre expression.   

Face à ces principes fondateurs de la culture occidentale, ce qui est en jeu aujourd’hui, c’est la poussée qui semble irrésistible de l’offensive islamiste. Quand la gauche en prendra-t-elle enfin la vraie mesure ? Quand considérera-t-on enfin que l’ennemi principal, celui qui met en péril tout autant la paix au Proche-Orient que nos acquis démocratiques, égalitaires et libertaires au cœur-même de toutes nos sociétés occidentales c’est aujourd’hui ce totalitarisme du troisième type qu’est l’islamisme ?

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Boualem Sansal: ses propos sur le Sahara que l’Algérie ne digère pas

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Boualem Sansal © Hannah Assouline

L’écrivain franco-algérien a été arrêté à l’aéroport d’Alger le 16 novembre pour des motifs encore inconnus.


Les liens historiques et humains qui unissent la France à l’Algérie font souvent sous-estimer la nature dictatoriale du régime politique qui la dirige. L’arrestation de l’écrivain Boualem Sansal en est encore la triste confirmation : l’Algérie est une nation en pleine dérive qui ne tient sa population qu’en désignant des boucs-émissaires étrangers et en maniant le bâton avec les récalcitrants.

L’Algérie, une drôle d’Histoire !

Il n’est d’ailleurs qu’à lire la presse officielle algérienne pour s’en convaincre. Dans un communiqué d’une rare virulence, au ton semblable à ce que l’on pourrait trouver dans des régimes aussi aimables que la Corée-du-Nord, l’Agence Presse Service écrit à propos des réactions françaises à la détention arbitraire de l’écrivain binational : « la France prend la défense d’un négationniste, qui remet en cause l’existence, l’indépendance, l’Histoire, la souveraineté et les frontières de l’Algérie ».

En cause, les propos tenus par Boualem Sansal au média Frontières. Il a notamment déclaré : « Quand la France a colonisé l’Algérie, toute la partie ouest de l’Algérie faisait partie du Maroc : Tlemcem, Oran et même jusqu’à Mascara. Toute cette région faisait partie du royaume. » Ce propos historiquement exact est jugé « négationniste » dans une Algérie où l’histoire est mythifiée et abondamment utilisée pour souder la population.

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Le caractère obsidional du régime créé par le FLN s’exprime notamment à l’égard de la France, des juifs, mais aussi du Maroc. La monarchie voisine est régulièrement vilipendée dans les médias algériens, jalousée aussi. Il ne fait donc guère de doutes que les propos de Monsieur Sansal sur la souveraineté marocaine dans la région du Sahara ont dû profondément énerver les autorités militaires algériennes, lesquelles soutiennent les séparatistes armés du Front Polisario depuis de nombreuses années.

De plus, le récent basculement de la France en faveur du plan d’autonomie marocain au Sahara a laissé un goût amer dans la bouche d’Alger. Vu comme un traître, Boualem Sansal est aussi un combattant inlassable des dérives islamistes qu’il a observées dans son pays d’origine, traumatisé comme tant d’autres par la guerre civile des années 1990 et les terroristes du GIA.

Boualem Sansal pourrait être poursuivi

Boualem Sansal est désormais dans une situation particulièrement périlleuse. Son arrestation politique pouvant conduire à la mise en œuvre de poursuites pour « atteinte à l’unité nationale et à l’intégrité territoriale du pays » et « incitation à la division du pays ». Des motifs passibles de prison ferme en Algérie. Ces méthodes, visant un homme qui a récemment acquis la nationalité française, s’apparentent à celles des régimes totalitaires.

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Elles font de l’Algérie un pays qui devrait horrifier nombre de belles âmes bien françaises. On est pourtant bien en peine de trouver des réactions venant d’une grande partie de la gauche, souvent complaisante à l’égard d’Alger. Comme l’explique l’essayiste Fatiha Agag-Boudjahlat à La Dépêche du Midi : « Le Printemps arabe n’a qu’effleuré l’Algérie, l’Etat usant à la fois de brutalité et de clientélisme à coup de pétro et de gazodollars pour vite replonger son peuple dans l’apathie et la neurasthénie. Tout le monde le sait. Les Algériens le savent. Il n’y a guère que les immigrés et surtout leurs enfants en France pour chanter les louanges de l’Algérie en se gardant bien d’y vivre, de s’y faire soigner ou de s’y instruire. »

En manifestant clairement son intérêt à l’alliance marocaine, la France a dévoilé le fond de la pensée d’Alger. Revancharde et passéiste, l’Algérie de Monsieur Tebboune ne prend pas le chemin du progrès. Il est temps de lui rappeler qu’un dialogue se construit à deux et sûrement pas par le chantage.

Hécatombe chez les corvidés royaux, boussoles de la monarchie

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Le maitre des corbeaux à la Tour de Londres, 2021 © Kirsty Wigglesworth/AP/SIPA

Une superstition britannique veut que les corbeaux vivant en captivité dans la Tour de Londres soient supposés protéger la Couronne…


« Promis, Judith Godrèche, on te croa ! » DR.

L’annonce du décès d’un troisième corbeau nichant dans la mythique Tour de Londres aurait pu rester une brève parmi d’autres. Mais pour les tabloïds britanniques, il en va autrement : c’est un présage sinistre qui touche la monarchie de très près. Une légende tenace, vieille de deux siècles, affirme que « si les corbeaux de la Tour de Londres sont perdus ou s’envolent, la Couronne tombera et la Grande-Bretagne avec elle ». 

La disparition de Rex, corbeau baptisé en hommage à Charles III, n’est d’ailleurs pas un cas isolé. Depuis 2022, les corvidés succombent mystérieusement. Parmi eux, Merlina, surnommée la « Reine de la Tour », disparue sans laisser de traces peu de temps avant la mort d’Elizabeth II. Dans l’imaginaire collectif britannique, les corbeaux de la Tour ne sont donc pas de simples oiseaux. Ils sont les gardiens d’une monarchie qui oscille entre tradition et modernité. Depuis l’accession au trône de Charles III, le royaume semble marcher sur une corde raide et fragile. Réformes contestées, scandales royaux, fractures sociales… assez d’éléments pour que les plus pessimistes voient dans ces disparitions un sombre augure. 

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L’Historic Royal Palaces (HRP), qui veille sur cette célèbre prison abritant aujourd’hui les joyaux de la couronne, s’est efforcé de rassurer. Michael Chandler, le « Raven Master » en poste depuis deux ans, redouble d’efforts pour maintenir cet équilibre fragile. Nourris de mets macabres – poussins, rats, biscuits imbibés de sang – et soumis à des coupes précautionneuses de leurs plumes pour limiter leurs escapades, les corbeaux sont choyés comme des reliques vivantes et assurés de rester sur leur perchoir. 

Pourtant, silencieux mais omniprésents, ils semblent poser une question lancinante : et si, finalement, leur envol final et énigmatique signalait l’aube d’un bouleversement irréversible, un avertissement que devrait prendre très sérieusement les Windsor ? Honni soit qui mal y pense.

Recoller les morceaux

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© Thibault Grabherr / Agat Films / France 2 Cinema

En se rendant au chevet de la France profonde qui refuse de disparaitre, Emmanuel Courcol réussit à faire vibrer la corde sensible sans sombrer dans la guimauve ou le prêche social. Mercredi en salles.


Thibaud (Benjamin Lavernhe), fils de bonne famille provinciale, est devenu, talent et travail aidant, un jeune chef d’orchestre de renommée mondiale – il enseigne à Cleveland et se produit partout sur la planète. Le maestro apprend qu’atteint d’une leucémie, seul un donneur de moelle épinière pourra le sauver ; il a bien une sœur qui sacrifierait pour lui ce morceau de chair, mais les examens révèlent qu’elle n’a pas le même ADN. Thibaud découvre alors le pot aux roses, un secret bien gardé par ses parents : celui de son adoption. Tout comme celui de l’existence cachée d’un frère cadet de même sang, élevé quant à lui à Roubaix par une nourrice, dans un milieu populaire, comme on dit. Et voilà notre Thibaud parti faire connaissance avec son Jimmy (Pierre Lottin), cantinier et tromboniste à ses heures : avec lui, la greffe peut prendre. Encore faut-il qu’il soit donneur.

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Comédie douce-amère

Prolégomènes d’une intrigue toute en fantaisie, en émotion et en fanfare, selon le titre du film, porté d’un bout à l’autre par des répliques senties et des comédiens impeccables – à commencer par le photogénique Pierre Lottin, 35 ans, dans le rôle de Jimmy, comédien découvert dans Les Tuches 1, 2 et 3, d’Olivier Baroux, et qui jouait déjà il y a quatre ans dans Un triomphe, le film précédent d’Emmanuel Courcol, cet ancien acteur de théâtre passé sur le tard à la réalisation…

Benjamin Lavernhe et Pierre Lottin (c) Agat films

Il faut s’en réjouir. Comédie douce-amère menée avec brio, En fanfare fait vibrer la corde sensible, tout en esquivant le triple écueil de la farce, de la guimauve et du prêche social. Sous le signe de la musique et dans le paysage de cette France profonde pas encore tout à fait disparue, se noue la rencontre miraculeuse de deux âmes tendres, de cultures apparemment dissonantes, de destins sensément irréductibles, de galaxies sociales séparées par un gouffre économique, mental, anthropologique : d’un côté, arrimé à cette communauté ouvrière paupérisée du Nord dont l’usine est en sursis, et courtisé par une cégétiste au grand cœur (Sarah Suco), le Jimmy, prolo et jeune père divorcé en souffrance affective, discret collectionneur de vinyles, connaisseur de jazz et modeste joueur de trombone ; de l’autre Thibaud l’esthète ambitieux, l’érudit raffiné à l’article de la mort, et qui passe du clavier au pupitre, de Schubert à Verdi, et bientôt de l’orchestre classique au flonflon…

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À voir aussi pour écouter la musique

Conte de fée bien ancré dans le réel, En fanfare prend appui sur un casting d’excellente facture pour chanter, avec beaucoup de délicatesse, l’hymne nostalgique et rêveur de la réconciliation des contraires. Pour liant, quelques morceaux choisis, – de ces must du répertoire musical dont on ne se lasse jamais.      


En fanfare. Film d’Emmanuel Courcol. Avec Benjamin Lavernhe, Pierre Lottier, Sarah Suco. France, couleur, 2024. Durée : 1h43

En salles le 27 novembre

Boualem Sansal, résistant esseulé dans une France défaite

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© Hannah Assouline / DR.

L’écrivain arrêté arbitrairement en Algérie la semaine dernière devrait voir un procureur aujourd’hui, selon son avocat. Et enfin savoir pour quel crime atroce il est retenu prisonnier. En France, écrivains et intellectuels veulent défendre la liberté d’expression de leur confrère, mais ne veulent surtout pas être assimilés à quelque odieuse « récupération de l’extrême droite »… Autant dire qu’avec de tels résistants, le malheureux n’est pas encore tiré d’affaire.


Boualem Sansal et Benyamin Netanyahou sont, tous deux, coupables de s’opposer à l’islam conquérant. Cette idéologie totalitaire est défendue, sans surprise, par la dictature algérienne qui a arrêté l’écrivain franco-algérien le 16 novembre à sa descente d’avion avant de l’incarcérer pour ses opinions. Un procureur devrait statuer ce lundi sur son sort incertain.

Décisions arbitraires

Mais le tribunal pénal international de La Haye s’est pareillement rallié, lui aussi, à la cause islamiste en délivrant, jeudi dernier, un mandat d’arrêt contre le Premier ministre israélien. Il est accusé, au même titre que le Hamas, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité dans sa contre-offensive contre le terrorisme djihadisme. Depuis ces deux accusations arbitraires, l’islamosphère jubile. Crachant sur Sansal, elle emboite le pas au régime algérien et à sa rhétorique stalinienne qui, par le biais de l’agence Algérie Presse Service, accuse « la France macronito-sioniste » d’être l’instrument d’un lobby « anti-algérien et pro-sioniste ». L’antisionisme, qui brandit Netanyahou comme un trophée, y trouve également une raison de plus de délégitimer Israël dans sa quête de survie. LFI, à l’origine d’une proposition de loi visant à abroger du Code pénal le délit d’apologie du terrorisme (introduit en 2014 par la gauche), applaudit à la traque des juges contre l’Israélien et ne trouve rien à dire à la mise sous les verrous du Soljenitsyne algérien. Bref, ces deux épisodes parallèles confirment la nature liberticide de l’islam politique et les soumissions d’instances internationales et de l’extrême gauche à cet avatar du communisme et du nazisme réunis. Or la France, « patrie des droits de l’homme », n’est pas à la hauteur de la résistance espérée. Face à la tyrannie algérienne et au parti pris des justiciers de La Haye, Paris ne dénonce ni les uns ni les autres.

A ne pas manquer, Causeur #128 : Coupons le cordon! Pour l’indépendance de l’Algérie

Réalistes infréquentables

Sansal, otage d’un Etat voyou, paye la faiblesse d’Emmanuel Macron face à l’agressivité compulsive d’Alger. Même si le chef de l’Etat a choisi de donner raison au Maroc sur le Sahara occidental, il persiste à culpabiliser la France en alimentant une jouissance algérienne jamais inassouvie. Le 19 novembre, l’ambassadeur de France, Stéphane Romanet, a déposé une gerbe de fleurs sur la tombe du chef FLN terroriste, Labri Ben M’hidi, au carré des Martyrs du cimetière d’Alger. Le 1er novembre, Paris avait reconnu la responsabilité de l’armée dans son assassinat en 1957. Ben M’hidi avait notamment été l’instigateur de l’attentat du Milk Bar (septembre 1956), ouvrant la bataille d’Alger. Mais l’écrivain francophone, pourfendeur de la somnolence française face à l’islam importé (qu’il ne différencie pas de l’islamisme), est aussi victime d’une intelligentsia nombriliste et pusillanime. Ces capons n’ont comme obsession que de ne pas se joindre à la droite dans ses alertes sur la subversion de la charia. Pourtant, ce sont ces infréquentables qui sont réalistes.

Ces jours-ci, les professionnels de la pétition cherchent à préserver leur monopole de l’indignation à propos de Sansal, en faisant valoir le risque d’une récupération par « l’extrême droite », cet argument indigent. « Ce sont les intellectuels, les écrivains, qui doivent le défendre », a assuré ce lundi matin sur RTL l’académicien et ancien ambassadeur, Jean-Christophe Rufin. Mais ce réflexe élitiste, caricatural, ne risque pas d’impressionner Alger.

Le monde littéraire n’a jamais été un obstacle aux Frères musulmans ; cela se saurait. La société civile, qui a généré ses propres soutiens à l’écrivain, a pris la relève. Elle ne peut être que plus téméraire que ces beaux esprits, atteints à leur tour par « l’étrange défaite ».

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Donald Trump 2.0: ce que la nouvelle équipe gouvernementale dit de l’Amérique

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Linda McMahon et Elon Musk, Palm Beach, 15 novembre 2024. Mme McMahon devrait être nommée Secrétaire à l'Éducation des États-Unis. Monsieur Musk sera en charge de l’efficacité de l’administration américaine © Alex Brandon/AP/SIPA

Quelques nominations iconoclastes décidées par Trump amusent en Europe. Et on se réjouit d’observer ses premières reculades. Reste que pendant que nous nous appauvrissons, les Américains s’enrichissent. Et si le caractère spectaculaire de cette nouvelle administration peut prêter certains prétentieux à sourire, ne nous y trompons pas: elle sera efficace.


Donald Trump a tout gagné. Il va pouvoir presque intégralement façonner une administration à sa main. Les premières nominations de son « gouvernement » font d’ailleurs la part belle aux fidèles qui l’ont soutenu après le 6 janvier 2021 ; des personnalités comme Mike Pence, Mike Pompeo ou Nikki Haley ne figurant pas parmi les premiers élus. Ces trois-là auront payé leur « trahison » aux yeux d’un Donald Trump désormais seul maître à bord. L’ancien promoteur new-yorkais n’a pas simplement gagné la course à la Maison-Blanche. Il s’est emparé d’absolument tous les instruments de pouvoir de l’Etat américain.

Pour commencer, sa belle-fille Lara est l’actuelle co-présidente du Comité national républicain. Trump dirige donc sans partage le parti. Ensuite, les Républicains sont désormais majoritaires au Sénat et à la Chambre des représentants, sans compter qu’ils ont plus de juges favorables à leurs idées à la Cour suprême. Un président américain a rarement eu une telle donne, lui accordant une liberté de manœuvre extrêmement importante au pays du « présidentialisme ». Les choix principaux qui se dégagent sont pour l’heure la déréglementation, le protectionnisme, l’isolationnisme et la lutte contre les dérives du « progressisme ».

Une orientation plutôt libertarienne

Le mandat de Donald Trump sera sûrement marqué par une orientation « libertarienne » comparable à ce qu’expérimente l’Argentine avec Javier Milei. Le président argentin s’est d’ailleurs rendu aux Etats-Unis où on a pu le voir poser en compagnie d’Elon Musk et Vivek Ramaswamy. Le fondateur de Space X et Monsieur Ramaswamy seront placés à la tête du DOGE (Département pour l’efficacité du gouvernement), dont le nom fait référence à un jeton meme de cryptomonnaie dont Musk est le promoteur acharné depuis plusieurs années et qui a immédiatement vu sa capitalisation boursière s’envoler pour atteindre quasiment son plus haut historique dans les jours qui ont suivi l’élection de Donald Trump.

Partisan acharné de la liberté et du « less is more » en matière administrative, Elon Musk a multiplié les déclarations chocs sur l’état des finances américaines et annoncé qu’il allait auditer toutes les administrations publiques à commencer par le Pentagone. Il prévoit un important dégraissage de fonctionnaires jugés inutiles et de couper toutes les dépenses en trop. Il entend aussi abroger de nombreuses régulations dans des domaines aussi variés que la santé, l’éduction ou la politique fiscale. De quoi sûrement créer un choc de compétitivité pour l’économie américaine et l’industrie. 

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Continent ultra-régulateur, l’Europe fera donc face à des entreprises qui auront non seulement énormément de capitaux mais aussi des libertés extraordinaires et une fiscalité bien plus intéressante. Cela pourrait causer bien du tracas à nos entreprises, surtout quand en parallèle le budget du gouvernement Barnier prévoit d’augmenter les impôts visant directement les secteurs les plus performants de notre économie que sont l’aéronautique et le luxe ! Peut-être pourrions-nous trouver un juste milieu entre les aspirations d’Elon Musk et la fiscopathie bien française qui nous enchaine ? Le DOGE va s’attaquer à la bureaucratie fédérale de manière extrêmement agressive alors que nous ne cessons de la renforcer en France comme en Europe, contrairement à ce que préconise par exemple le rapport Draghi.

Les deux hommes sont technophiles et progressistes. Ils confirment aussi la conversion de Donald Trump aux cryptomonnaies ce qui pourrait entrainer la création d’une réserve fédérale de bitcoins. La reine des cryptomonnaies, qui concentre à elle seule 50 % des transactions de monnaies numériques, pourrait donc voir sa valeur encore exploser alors qu’elle approche aujourd’hui la ligne symbolique des 100K dollars qu’elle devrait dépasser très prochainement.

Les anciens démocrates recyclés

Au rayon des nominations polémiques, celles des démocrates dissidents Robert Kennedy Jr. et Tulsi Gabbard figurent en bonne place. Ancien démocrate comme Elon Musk, Donald Trump semble avoir voulu pratiquer l’ouverture en nommant Mme Gabbard à la tête du renseignement national et Kennedy à la Santé. Les deux personnalités suscitent néanmoins d’importantes interrogations. Vue comme favorable au Kremlin, Tulsi Gabbard est aussi accusée de ne pas avoir l’expérience nécessaire pour le poste. Quant à Kennedy, il lui est reproché d’être un adepte des pseudo-sciences et des théories complotistes. Reconnaissons-lui néanmoins une qualité : il lutte contre la malbouffe et demande aux industriels de l’agroalimentaire américains de se mettre aux standards européens. Cela pourrait éventuellement représenter une opportunité pour notre agriculture.

Isolationnisme modéré ?

On le sait, le multilatéralisme n’est pas la tasse de thé de Donald Trump, ni celle de JD Vance. La doctrine de l’America First sera remise au goût du jour. Très apprécié par Israël, Donald Trump a nommé aux Affaires étrangères Marco Rubio dont les sympathies pour l’Etat hébreu sont de notoriété publique. S’il y a bien un point de consensus de la future administration Trump, ce sera le soutien à Israël. La politique de Donald Trump entre 2016 et 2020 avait été marquée par le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem, geste symbolique qui avait beaucoup plu à la droite israélienne.

Donald Trump s’appuiera aussi sur l’Arabie Saoudite avec laquelle il a des liens anciens et privilégiés pour continuer à isoler l’Iran. Les accords d’Abraham seront d’ailleurs probablement relancés et les sanctions visant l’Iran renforcées. Trump pourra-t-il néanmoins obtenir la paix en « un jour » à Gaza et au Liban ? Il l’a promis mais il est permis d’en douter. On notera aussi une incohérence au sein du trumpisme. Les personnalités qu’il a désignées, à l’image de Mike Waltz à la Sécurité nationale ou de John Ratcliffe à la CIA, sont désireuses de mettre la pression sur les Etats « voyous » comme l’Iran et la Corée du Nord. Elles veulent aussi lutter plus ouvertement contre la Chine tant sur le plan stratégique qu’économique avec l’instauration de tarifs douaniers. Pourtant, elles semblent assez peu concernées par la Russie.

Il y a là un angle mort, Moscou étant le pilier central de cet axe. L’arrivée de soldats nord-coréens sur les champs de bataille ukrainiens l’aura encore confirmé. Se pourrait-il que l’administration Trump pense pouvoir négocier la tête de l’Iran avec l’agrément tacite de la Russie ? Ce serait une erreur de croire une telle chose possible. Reste que cette administration semble être pensée pour être alignée sur les vues de Donald Trump. Pour l’heure, ses méthodes de résolution du conflit ukrainien sont inconnues. Probablement transactionnelles, elles devront être confrontées à la réalité du terrain. Les Européens doivent entendre le message : nous devons être autonomes stratégiquement et prêts à maintenir nos engagements dans la durée.

Un pouvoir de nomination… qui reste soumis au contrôle du Sénat

Pour autant, cette concentration de pouvoirs reste limitée par certaines oppositions internes au sein des Républicains du Sénat qui peuvent empêcher certaines nominations. On l’a notamment vu récemment avec l’éviction de Matt Gaetz que Donald Trump avait désigné comme son futur ministre de la Justice. Ancien représentant des Etats-Unis du 1er district de Floride de 2017 à 2024, Matt Gaetz bénéficiait pourtant du soutien inconditionnel de JD Vance et Elon Musk. Le vice-président Vance l’avait même accompagné lors de son audition au Sénat afin de plaider sa cause. Cela n’aura pas été suffisant.

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Il faut dire que le profil de Matt Gaetz était pour le moins explosif. En mars 2022, il fut l’un des huit représentants au Congrès à voter contre la suspension des relations commerciales avec la Russie. Connu aussi pour son opposition à l’avortement « sans exception », Matt Gaetz a par ailleurs pâti de difficultés judiciaires importantes qui ont entaché son image de conservateur pur et dur du Freedom Caucus. Il a notamment été inquiété dans le cadre d’une enquête ouverte fin 2020 visant à déterminer s’il n’avait pas enfreint les lois contre le « trafic sexuel » en vigueur en Floride. Matt Gaetz aurait ainsi couché avec une mineure de 17 ans que lui aurait présenté l’élu local floridien Joel Greenberg, accusé d’être à la tête d’une petite entreprise de proxénétisme en ligne… Voilà qui rappellera un autre célèbre chrétien évangélique, le rocker Jerry Lee Lewis qui avait épousé sa cousine alors qu’elle était âgée de 13 ans. «Même si j’avais un fort soutien, il est clair que ma confirmation était injustement devenue une distraction pour le travail crucial de la transition… Il n’y a pas de temps à perdre en des querelles inutiles à Washington, je retire donc mon nom. Le ministère de la Justice de Trump doit être en place et prêt dès le premier jour», a déclaré Monsieur Gaetz le 20 novembre. Une façon de sortir par le haut d’une situation inextricable. Il a pu renoncer de lui-même au motif que les « allégations » le visant n’éclaboussent pas la nouvelle administration. La réalité est plus cruelle. Quatre à six sénateurs républicains dont Mitt Romney et l’actuel président du groupe Mitch McConnell se sont opposés à sa nomination. Il a donc été remplacé par une autre personnalité plus consensuelle, la Floridienne Pam Bondi. Elle aura pour mission de faire en sorte, comme l’a dit Donald Trump, que le ministère ne soit plus « instrumentalisé » contre lui et d’autres Républicains.

La désignation de Gaetz était-elle un test ou une diversion de Donald Trump afin de faire nommer les gens qu’ils voulaient vraiment autour de lui ? C’est ce que pensent certains commentateurs de la vie politique américaine. Une autre personnalité est actuellement sous le feu des critiques. Il s’agit de Pete Hegseth, envisagé pour être secrétaire à la Défense de la nouvelle administration. Personnalité médiatique connue et appréciée de l’écosystème « Maga », l’homme est visé comme Matt Gaetz pour une affaire de mœurs datant de 2017. Il a été blanchi après avoir trouvé un accord financier avec la plaignante mais il n’est pas exclu que Donald Trump l’exfiltre discrètement. Déjà pressenti en 2016, il avait alors été jugé insuffisamment compétent. Comme d’autres membres de l’administration Trump, il est un fervent soutien d’Israël et a même appelé à la reconstruction du Temple de Salomon où se trouve actuellement la mosquée Al-Aqsa.

Conclusion

Il y aura bien des leçons à tirer du prochain mandat Trump pour les Européens. D’abord parce que nous devrons prendre conscience du fait que l’autonomie stratégique est impérative dans le monde de demain. Enfin parce que nous verrons leur économie décoller plus encore. Depuis 2008, l’écart de PIB par tête s’est profondément creusé. Nous nous appauvrissons et ils s’enrichissent. Si le caractère spectaculaire de cette administration, semblable au casting d’un film d’action des années 80, peut prêter certains prétentieux à sourire, ne nous y trompons pas : elle sera efficace. Voir Pierre Moscovici rire sur le profil de Linda McMahon, ancienne présidente de la fédération de catch WWE nommée à la tête de l’Education, en dit long sur la déconnexion de nos élites… Les Etats-Unis de Trump seront des concurrents féroces, mais aussi, par certains aspects, un modèle dont nous ferions peut-être de nous inspirer de ce qu’il aura de meilleur (sans lui emprunter le pire, c’est-à-dire le spectacle et l’outrance).

Trump élu? Non, les démo-woko bobos battus

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Le politologue américain Francis Fukuyama © DAVID HARTLEY/REX/Shutterstock/SIPA

Il a fallu à notre chroniqueur un peu de temps pour analyser la victoire de Trump — ou celle, à venir, de son équivalent européen, s’il s’en trouve un qui émerge. Étude implacable nourrie des réflexions de Francis Fukuyama, qui voit soudain rebondir une Histoire qu’il pensait close.


Peut-être vous rappelez-vous le grand succès de l’été 2023 aux États-Unis — une chanson intitulée Rich men north of Richmond (voir la vidéo en fin d’article) chantée par un illustre inconnu du nom d’Oliver Anthony — un redneck typique, couleur incluse. Jetez un œil sur les paroles (même si vous parlez couramment anglais, il a un accent un peu robuste) et vous aurez l’essentiel des raisons du vote Trump — élu par des gens qu’il méprise et avec lesquels il ne partage rien. Ce n’est pas Trump qui a été élu, ce sont les démocrates « au nord de Richmond » (la guerre de Sécession n’est pas réglée, il suffit d’aller dans les États du Sud pour s’en convaincre) qui ont été laminés.

Deux phénomènes concomitants

Francis Fukuyama, qui il y a trente ans nous prédisait « la fin de l’Histoire », puisque l’Amérique avait gagné le match contre l’URSS, a tenté d’analyser dans le Financial Times cette défaite — plus cuisante encore que celle d’Hillary Clinton contre ce même Trump en 2016 : cette fois, le raz-de-marée en voix dans les « swing states » ne laisse aucun doute sur le vrai gagnant.

Si en 2016 la victoire du gros blondin paraissait « une aberration », son retour victorieux en 2024 prouve que c’est Biden qui a été l’erreur. Les Républicains contrôlent désormais la totalité de l’appareil d’État. Une suprématie dont le RN en France peut toujours rêver : les juges justement s’occupent de lui. En admettant même qu’il gagne en 2027, l’État profond sera toujours administré par le Camp du Bien.
Et c’est bien là la cause profonde de cette victoire. Trump n’a pas gagné, mais les bobos, wokistes et autres progressistes qui nagent comme des requins dans le néo-libéralisme ont perdu. Plus exactement, son élection résulte de deux phénomènes concomitants.

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D’un côté, le néo-libéralisme qu’exaltent les bobos a fait preuve de son efficacité : tout à leur souci de présenter des bilans comptables satisfaisants à leurs actionnaires, et de leur verser des dividendes juteux, les grands systèmes financiers ont définitivement ruiné les pauvres et appauvri les classes moyennes — en attendant de les ruiner à leur tour. Comme dit Fukuyama, « le monde est devenu beaucoup plus riche dans son ensemble, tandis que la classe ouvrière perdait des emplois et des opportunités. Le pouvoir s’est déplacé des lieux qui ont accueilli la révolution industrielle vers l’Asie et d’autres parties du monde en développement. »

Pour faire digérer ce gigantesque transfert de richesses (tous les pauvres ruinés, cela enrichit démesurément les riches), les Démocrates ont cru — comme la gauche en France — que quelques réformes « sociétales » feraient passer la pilule. Le discours sur le genre, le wokisme, l’intersectionnalité des luttes, le discours sur la masculinité toxique et autres billevesées d’une importance très relative furent le nuage de fumée destiné à faire oublier que les fins de mois commençaient le 1er. Dixit notre augure américain : « Le souci progressiste pour la classe ouvrière a été remplacé par des protections ciblées pour un ensemble plus restreint de groupes marginalisés : minorités raciales, immigrés, minorités sexuelles, etc. Le pouvoir de l’État a été de plus en plus utilisé non pas au service de la justice impartiale, mais pour promouvoir des résultats sociaux spécifiques pour ces groupes. »

Eh bien, ces groupes, reconnaissants, ont voté Kamala Harris.
Mais pas les autres. Les Hispanos se sont déportés en masse vers Trump, qui ne leur veut pourtant aucun bien. Pareil pour les Noirs. Quant aux Rednecks, enfouis dans les forêts du Tennessee, ils chantent, comme Oliver Anthony :
« I wish politicians would look out for miners,
And not just minors on an island somewhere »
Deux lignes où plane l’ombre de Jeffrey Epstein et des riches qui ont usé de son hospitalité et abusé des mineurs qu’il leur offrait. La démocratie exemplaire des Démocrates était aussi une fabrique de l’horreur.
Conclusion ? « La classe ouvrière a eu le sentiment que les partis politiques de gauche ne défendaient plus ses intérêts et a commencé à voter pour des partis de droite. Ainsi, les Démocrates ont perdu le contact avec leur base ouvrière et sont devenus un parti dominé par des professionnels urbains éduqués. Les anciens ont choisi de voter républicain. »
Et d’ajouter : « En Europe, les électeurs des partis communistes en France et en Italie se sont tournés vers Marine Le Pen et Giorgia Meloni. »

Marine Le Pen (ou n’importe quel clone qui la remplacera) sera élue par ceux que la gauche a ignoré — depuis que Lionel Jospin, pendant la campagne présidentielle de 2002, malgré les conseils de Pierre Mauroy, a choisi de ne plus parler au peuple, mais d’aller chercher de nouveaux prolétaires chez les immigrés, comme le lui conseillait Terra Nova. C’est la stratégie suivie aujourd’hui par Mélenchon, hier laïcard robespierriste, aujourd’hui lécheur d’islamistes. Les pauvres ne votent pas RN : ils votent contre les partis progressistes qui « accordent plus d’importance aux étrangers et à l’environnement qu’à leur propre situation. »

Le discours sur le réchauffement climatique rejoint en ce sens le matraquage médiatique sur la dette « française » — alors qu’elle est le résultat d’une politique au service des banques qui prêtent l’argent et se remboursent sur l’impôt — et demain sur la saisie de l’épargne et la privatisation de la Sécurité sociale.

Donald Trump en meeting au Madison Square Garden, New York, 27 octobre 2024 © Evan Vucci/AP/SIPA

Un futur inquiétant

À noter que pendant que Trump affirme que « tariff » est le plus beau mot de la langue française et s’apprête à taxer lourdement les biens qui entrent aux États-Unis, nos dirigeants font les yeux doux au Mercosur, quitte à risque une levée de fourches. Mais les gilets jaunes les ont rassurés, la colère du peuple se règle avec quelques milliers de CRS.

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Et qu’importe à des gens qui roulent en voitures de fonction que l’on interdise bientôt les véhicules thermiques encore massivement utilisés par ces salauds de pauvres ? Que leur importe que l’équivalent-carbone des moteurs électriques importés d’Asie soit colossal ? Que leur importe que l’électricité augmente — et l’arrêt d’importation du gaz russe n’y est pas pour rien — pourvu que le gaz de schiste américain offre des solutions onéreuses mais juteuses ? L’Europe s’obstinera à défendre l’Ukraine, pendant que les Américains fermeront le parapluie.

Trump, qui fonctionne à la testostérone, admire au fond les dirigeants qui croient prioritairement en la force — Poutine ou Xi Jinping. Il passera des accords avec eux pendant que l’Europe restera dans les catacombes d’un nouvel ordre mondial. Et il soutiendra Netanyahou dans son combat contre l’islamisme terroriste — pléonasme ! Et quand bien même Trump, qui commence à être âgé, ne mettrait pas tout en œuvre en quatre ans, il peut compter sur son colistier, J.D. Vance, pour lui succéder, un vrai dur passé par les Marines, enfant de la Rust Bell, cette ceinture d’usines rouillées et désormais fermées : lisez son autobiographie, Hillbilly Elégie, en Livre de poche pour 9,40 € : ce n’est pas cher payé pour en savoir plus long sur le futur qui nous attend.

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Liberté d’expression, que d’horreurs on dit en ton nom

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Le député d'extrème gauche Ugo Bernalicis interrogé par des journalistes alors qu'il bloque l'ESJ en soutien à la cause palestinienne, Lille, 2 mai 2024 © FRANCOIS GREUEZ/SIPA

Une contre-société islamiste exploite nos libertés pour défier notre identité. En proposant d’abroger la loi de 2014 sur l’apologie du terrorisme, les Insoumis voudraient-ils lui filer un coup de main ?


C’est une proposition qui a été déposée mardi à l’Assemblée, mais qui n’a aucune chance d’être adoptée. Les Insoumis estiment que la loi de 2014 « permet aux gouvernements de détourner la lutte antiterroriste pour réprimer la liberté d’expression » (Ugo Bernalicis).

Selon eux, la loi de 1881 concernant la liberté de la presse, qui sanctionne les appels à la haine ou la négation de crime contre l’humanité, est suffisante. Présentant cette proposition de loi, étonnamment, ils invoquent le cas douteux de Jean-Paul Delescaut, un apparatchik CGT condamné à un an avec sursis en première instance pour avoir écrit après le 7-Octobre que les « horreurs de l’occupation illégale reçoivent les réponses qu’elles ont provoquées ». Ce qui ressemble tout de même fortement à une justification.

Toute cette affaire serait peut-être passée inaperçue si Gabriel Attal n’avait pas interpellé ce week-end ses homologues socialistes, communistes et écologistes. Cette proposition de loi, écrit-il, est « une insulte et une tache indélébile pour ceux qui la portent ». L’ancien Premier ministre a ajouté : « Saurez-vous vous désolidariser clairement et défendre ainsi nos valeurs? » Alléluia, les socialistes ont répondu présents ! MM. Faure, Vallaud, Cazeneuve et Hollande (qui était président de la République quand la loi a été votée) ont dénoncé l’initiative insoumise. Une double faute, selon Hollande, qui affirme d’une part que les Insoumis « veulent exonérer de leurs responsabilités des personnalités qui utilisent la cause palestinienne à des fins haineuses », et que d’autre part cela « heurte les victimes du terrorisme ». On verra bien si ces belles indignations résistent à l’opportunisme électoral longtemps…

Mais, les Insoumis ont-ils raison de dire que cette loi restreint la liberté d’expression ?

Oui, la loi du 13 novembre 2014 renforçant les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme restreint effectivement la liberté d’expression, puisqu’elle interdit par exemple d’approuver le 13-Novembre ou le 7-Octobre sur les réseaux sociaux. Sur le principe, vous le savez, je préfèrerais les excès de la liberté. Si nous étions encore un peuple, si le débat public se tenait encore normalement dans notre pays argument contre argument, on pourrait s’accommoder de quelques hurluberlus qui se réjouissent d’un crime de masse.

Mais, la donne a changé : une contre-société islamiste encouragée par LFI exploite nos libertés pour défier nos mœurs et notre identité. Et si on parle tant des valeurs de la République aujourd’hui, c’est parce qu’elles ne vont plus de soi.

Attention : ce n’est pas qu’un débat d’intellos. Samuel Paty a été assassiné parce que des gens ont publié des horreurs sur les réseaux sociaux. Et quand des élus approuvent le 7-Octobre à mots couverts et à coups de double langage, ils encouragent des petites brutes antijuives à passer à l’acte.

Bien sûr, la liberté d’expression n’est jamais totale. Même aux États-Unis. Il ne s’agit pas d’interdire la critique voire la haine d’Israël, même quand elle flirte avec l’antisémitisme. Ni d’embastiller des gamins qui ne sont pas Charlie. C’est à chaque fois au juge d’apprécier la faute. Si nous avons besoin d’un tel arsenal pour encadrer la liberté d’expression, c’est malheureusement parce que nous n’avons plus de langage commun. On peut parler librement, mais pas avec n’importe qui.


Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio

Retrouvez Elisabeth Lévy dans la matinale de Jean-Jacques Bourdin.

La Hollande, l’autre pays du halal

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DR.

« Achetez votre viande halal, alors nous pourrons manger ensemble » ! À la gare centrale d’Utrecht, aux Pays-Bas, une publicité pour la marque de boucherie islamique Wahid fait polémique. Il y est indiqué que « ce qui est délicieusement halal pour Ebru », la jeune doctoresse voilée, « l’est aussi pour Anneloes », son amie infirmière néerlandaise de souche… Un véritable chantage au vivre ensemble qui casse les codes de l’assimilation, déplore notre chroniqueuse.


« Achetez votre viande halal, alors nous pourrons manger ensemble », voilà ce que dit cette gigantesque affiche qui trône au cœur de la gare centrale d’Utrecht, aux Pays-Bas.
Présentée comme un appel à la tolérance et à la fraternité, l’affiche conditionne le fait de pouvoir s’asseoir à la même table pour déjeuner à la soumission aux règles d’un islam intégriste. Le halal en est le vecteur.
Derrière ce qui se présente comme un appel à la tolérance, il s’agit en fait d’imposer la loi du plus fanatique au plus tolérant. Logique : c’est toujours le plus radical qui impose sa loi. Pour ne pas aller au conflit, l’autre cède. Ainsi, la femme voilée considère que la nourriture de la Hollandaise de souche est impure. Or on fait alliance par la table et le lit, via le partage de la nourriture ou le mariage. Pour cela il faut une égalité ou au moins une reconnaissance entre groupes. Si la nourriture d’un groupe est considérée comme impure, le mélange devient souillure, le partage devient avilissement.

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C’est parce qu’elle est sale, impure, « haram » au regard de l’islamiste voilée, que la seule manière pour la jeune femme blonde de manger avec Miss voile ostentatoire est de se soumettre à ses diktats culturels et religieux. Mais en se pliant à la règle des intégristes, elle contribue à renforcer la barrière communautaire. En effet si la société d’accueil accepte de soumettre ses codes sociaux aux diktats intégristes, comment refuser l’appartenance communautaire et accéder au statut d’individu émancipé ? L’intégration ou l’assimilation deviennent alors impossibles. La stratégie de la mise sous pression de la société d’accueil est validée par ceux-là mêmes qui devraient la combattre. C’est ainsi que les Pays-Bas, par fausse tolérance, renforcent l’emprise islamiste sur la population musulmane, puisque dès qu’un rapport de forces est posé, c’est la société qui cède.

Didier Kaminka, compagnon de route du parti d’en rire!

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L'acteur et réalisateur français Didier Kaminka photographié en 1989 © JAMES/TF1/SIPA

Monsieur Nostalgie nous parle de Didier Kaminka, acteur, dialoguiste, scénariste et réalisateur disparu en septembre dernier qui fit les grands soirs de la comédie française à la télévision et au cinéma.


La comédie est le parent pauvre du cinéma. C’est elle qui fait bouillir la marmite et lorsqu’il s’agit de lui rendre hommage, ne serait-ce qu’un billet doux en remerciement pour le travail effectué, plus personne ne répond à l’appel. La reconnaissance du ventre est bien timide dans notre pays. On lui tourne le dos par peur de se salir l’esprit. Sans gêne, les médias prescripteurs préféreront toujours encenser un obscur réalisateur des nouvelles vagues successives, au néo-réalisme poisseux et victimaire, le genre donneur de leçons et terreur des studios, financé par nos impôts pour mieux caricaturer notre populisme franchouillard. Le masochisme de l’exception culturelle ne connaît pas de limite en France. Et pourtant, quand on interroge le public sur ses goûts profonds et ses souvenirs de longs métrages, il ne puise pas sa réflexion dans une encyclopédie pesante mais dans les classiques du dimanche soir.

L’humour d’antan

Tout de go, il se rappelle des Ripoux et des Sous-doués avec une certaine volupté et malice. Son visage s’illumine, la gaudriole et la farce ne lui déplaisent pas, la tradition vient de loin, de Rabelais et de Molière. L’absence de sérieux est encore la plus belle marque que peut montrer un peuple civilisé à la face du monde. C’est là, dans la débandade des deux branques encagoulés (Jugnot et Auteuil) de l’inénarrable Pour cent briques, t’as plus rien que se niche cette satanée identité française et non sur le fronton des Hôtels de ville. Le creuset de notre nation se trouve dans Philippe Noiret se « prenant » une balle dans le bide pour sauver la mise à son collègue ou dans Guy Marchand chantant Destiné dans un « love-computer » de stations balnéaires.

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Si les élites sont incapables de comprendre cet élan salvateur vers le divertissement, elles ne peuvent plus rien pour nous. Le lien est définitivement rompu. Il y eut, par le passé, La Grande Vadrouille et Le Corniaud, ces deux bornes tutélaires ont plus soudé les familles dysfonctionnelles que les déclarations d’un sous-secrétaire d’État à la cohésion sociale. Puis dans les années 1980, il y eut la patte Didier Kaminka (1943-2024). Il fut de toutes les aventures comiques de la décennie, dans l’ombre de Claude Zidi, Édouard Molinaro, François Leterrier, Christian Gion ou Pierre Richard. À la manœuvre, en tant qu’acteur ou réalisateur, complice de Georges Beller et de Luis Rego, il avait gagné la bataille idéologique chez les adolescents de ma génération en imposant un humour décomplexé et bon enfant qui avait vocation à faire marrer, sans se soucier des différences, sans la peur de blesser ou d’outrager l’Autre. Le drame de notre époque où la moindre remarque est perçue comme une remise en cause de la personne humaine. Cette liberté d’expression qui n’était aucunement revendiquée comme un acte militant ou politique paraît aujourd’hui un asile lointain. Nous avons la nostalgie de cette déconne qui était un bien commun partagé par tous et où le second degré était inhérent à l’art de la conversation et l’autodérision, une forme avancée de politesse. Tout n’était pas pris au drame et au larmoyant.

Un artiste tout terrain

Coluche en roublard de « Planète assistance » ou en inspecteur catastrophe serait perçu seulement par nos effarouchés du moment comme un grossier personnage, alors qu’il était un clown à deux faces, à la fois hilarant de veulerie et ultra-sensible dans sa solitude.

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Didier Kaminka, yeux bleus et cheveux ébouriffés, était un acteur lunaire et un artiste tout-terrain, avec une large palette allant de l’emmerdeur irrésistible sur grand écran à l’artiste contemporain. L’un de ses touche-à-tout, pouvant jouer la comédie, réaliser un film, écrire sur commande et peindre un tableau « pop déstructuré ». Parmi sa filmographie, j’ai un faible pour Association de malfaiteurs et cette réplique magique de François Cluzet : « Je gagne 10 briques par mois, qu’est-ce que j’irai voler une mob pourrie ? ». En passant derrière la caméra, il réalisa notamment Promotion canapé qui mérite d’être réhaussé par la critique, avec la très talentueuse actrice Margot Abascal et A quoi tu penses-tu ? avec Richard Anconina dont la bande-annonce est absolument à voir sur YouTube. Et si ça ne suffisait pas de vous convaincre, Kaminka a été au générique d’un épisode (Week-end à Deauville) de la série Sam et Sally avec Georges Descrières et Corinne le Poulain. Il est donc intouchable !

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