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Notre pain quotidien (9)


Les épiciers de Tarnac ont encore frappé ! Heureusement que je relis mes vieux journaux. Sans quoi j’aurais failli louper dans Le Monde de jeudi dernier une comique et délassante petite tribune des dandys anars en polystyrène expansé de la ferme de Tarnac, dénonçant – dans un sabir qui fait un peu « mal traduit de l’italien » – une sorte de fantasmatique internationale policière qui relirait Kadhafi et Sarkozy ! Ah les arrestations arbitraires ! Ah cette cruelle chasse aux « anarcho-autonomes » que l’on embastille pour des… tags ! Ah ces « rafles » ! Sans parler du drame des institutrices militantes que de sales « flics » à la solde du système capitaliste et impérialiste obligeraient à devenir des « indics »… Brrr… Un vent de panique traverse les salles des profs ! Signe des temps : l’article est signé par une série de prénoms : « Aria, Benjamin, Bertrand, Christophe, Elsa, Gabrielle, Julien, Manon, Matthieu et Yildune. » Ah ! Cela renvoie aux heures les plus glorieuses de la téléréalité, quand les patronymes étaient honnis, au profit des seuls prénoms… Ah ! Loana, Steevy, et Bourriquet… Vivement que l’insurrection arrive, les copains, on va bien s’amuser.

Coup de pompes funèbres. La presse régionale – vous le savez bien – est une inépuisable pourvoyeuse de faits divers croustillants qui sont autant d’hymnes déchirants à l’humain, dans toute la splendeur de sa bêtise touchante. Ainsi l’Est Républicain de mardi dernier publiait un article titré : « Cambriolage au funérarium : un corbillard dérobé ». Valdahon (Doubs) a été pour un moment – de par l’apparente concentration en son sein de délinquants idiots – la capitale du bon sens. Car oui, braquer une banque ou faire main basse sur la recette d’une superette ce n’est rien à côté du potentiel que représente le cambriolage d’un funérarium ! « Et encore, ça aurait pu être pire, car un défunt se trouvait dans une des salles mortuaires qui ont été fracturées. Est-ce que les cambrioleurs ont pris peur, toujours est-il qu’ils ne l’ont heureusement pas touché » commente le patron. L’histoire ne dit pas si les délinquants sont repartis avec le corbillard en roulant à tombeau ouvert, mais une chose est certaine : ils ne l’emporteront pas au paradis.

Il est défendu à un fonctionnaire de jeter l’argent par les fenêtres, autant qu’il est déconseillé à un homme bien éduqué de défenestrer sa copine. Voilà un adage qu’un certain Pascal G., haut-fonctionnaire au Ministère de l’économie, aurait du faire sien. Pourtant, ainsi que nous l’apprend le quotidien Aujourd’hui en France (qui, au passage, balance le nom de l’intéressé…), cet homme un peu rugueux a été mis en examen pour tentative de meurtre, après avoir commencé à défenestrer sa « compagne ». Alerté par les hurlements, un policier qui était posté devant l’hôtel Matignon, à proximité du logement du butor, a dû intervenir pour sauver la jeune femme. « Il s’agissait d’une dispute entre nous, a confié Pascal G. à nos confrères. Elle était en train de tout balancer chez moi. Je lui ai alors dit : Attention, je vais te jeter par la fenêtre pour te calmer ! Cette jeune femme est très impressionnable. » Le policier explique que les trois-quarts du corps de la victime étaient déjà dans le vide… Le journal précise que la jeune-femme ne portera pas plainte. Question : sa tolérance à la connerie ne la fera t-elle pas, un jour, tomber de vraiment vraiment haut ? Affaire à suivre…



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Il est l’auteur de L’eugénisme de Platon (L’Harmattan, 2002) et a participé à l’écriture du "Dictionnaire Molière" (à paraître - collection Bouquin) ainsi qu’à un ouvrage collectif consacré à Philippe Muray.

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