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Tom a rempilé: la dernière?

« The Final Reckoning”, de Christopher Mc Quarre, en salles depuis le 21 mai 2025


Tom a rempilé: la dernière?
Tom Cruise dans The final reckoning, film de Christopher Mc Quarre, 2025 © Paramount

Projections de presse délocalisées à Cannes, avant-première parisienne le 19 mai au Pathé La Villette littéralement prise d’assaut : votre serviteur s’est replié sur le Pathé Beaugrenelle pour voir le deuxième volet de Dead Reckoning, sorti en salles ce mercredi comme nul ne l’ignore sous le titre The Final Reckoning.

L’avantage avec ces blockbusters, c’est qu’on n’a que l’embarras du choix : entre les séances en Dolby Cinema (avec option « service au fauteuil » le week-end – Apérol spritz, vins rouges, blancs, rosés, bières, et même champagne…), en immersion I MAX, en ADX (votre siège branle dès que ça gigotte sec à l’écran) –  le Screen X (extension à 270°) n’est proposé qu’à La Villette, trop loin de chez moi.

Ethan Hunt contre l’IA

Bref, le temps d’habituer ses cinq sens en éveil aux fragrances de popcorn et aux bruits de déglutitions (qui sont au ciné ce que le ressac est à la mer), franchi le long tunnel des bandes-annonces, vous voilà prêt à vous taper le prologue de vingt minutes qui, précédant la bande-son fameuse associée au générique et sensé faire le récap du volet 1, aurait plutôt tendance à vous égarer dans les rets de cette improbable intrigue, dont les grandes lignes se préciseront lorsqu’enfin commence le début de la fin, sous les espèces de ce final reckoning.  

Au demeurant, de cette insondable intrigue on se fiche un peu. Vous êtes sensé comprendre que la CIA a été infiltrée par l’Entité, émanation de l’Intelligence artificielle, laquelle projette de programmer l’apocalypse pour rebâtir la civilisation, en prenant possession des arsenaux nucléaires de la planète. L’agent Ethan Hunt (Tom Cruise) a pu récupérer la petite clef cruciforme propre à déverrouiller le code-source, stocké sur un disque dur nommé « Povkova », et à l’accès duquel dépend le salut de l’humanité. Mais celui-ci gît dans les abysses glacés de la calotte polaire, celé dans l’épave du Sébastopol, un sous-marin nucléaire russe envoyé par le fond, ses marins ayant trouvé là leur sépulture, figés dans la mort aussi intacts que des steaks surgelés. Pour compliquer les choses, un prototype d’arme appelé « La Patte de lapin » court-circuite les efforts d’Ethan et de son équipe, et le sardonique Gabriel (Esai Morales) s’est emparé de la pilule empoisonnée créée par Luther, malade au stade terminal ; elle seule pourrait neutraliser l’Entité, mais à condition de l’intégrer au code-source ! Vous avez tout pigé ? Tant mieux. Toujours est-il que le compte à rebours est lancé.

Le duel aérien vaut le prix de votre place

De Londres à l’Afrique du Sud en passant par la mer de Béring, de la piste d’envol d’un porte-avion aux cascades où s’affrontent dans les airs Ethan et Gabriel, aux manettes des deux biplans vintages joliment peints, l’un en rouge, l’autre en jaune, pour la possession de la fameuse pilule portée en sautoir par Gabriel (la très longue séquence du duel aérien mérite le déplacement), jusqu’aux entrailles du pouvoir étasunien, les presque trois heures du film s’éternisent quelque peu. D’autant qu’à dire vrai, fondamentalement le spectateur se moque de ces rebondissements ésotériques dont il ne cherche même plus à démêler l’écheveau : se laisser porter par l’image suffit à son contentement passif.

En réalité, ce qui vous intéresse, vous et moi, c’est de voir comment vieillit Tom Cruise : certes les traits ont épaissi, l’éclairage peine à masquer le parchemin qui s’attache aux joues encore rebondies, le regard reste vif, la prunelle bien vascularisée, et surtout, sa nouvelle coupe de cheveux tout à fait seventies insuffle à la star de 62 ans une brise roborative. Et rendez- vous compte, pas un cheveu blanc, – mais comment fait-il ? Les amateurs de chair fraîche seront d’autre part saisis par la résilience de cette anatomie entièrement glabre, dont Tom Cruise consent à nous dévoiler la musculature toujours ferme, dans des plans érotisés où l’éternel jeune homme, les hanches comprimées dans un tout simple maillot de bain noir de piscine, fait des brasses sous-marines à se les peler par moins vingt.

Sur un autre registre, il convient de se féliciter que, sous les traits de l’actrice noire Angela Bassett, madame la présidente des Etats-Unis (ex. patronne de la CIA dans l’opus 1) se fasse, la larme à l’œil, scrupule à sacrifier par une frappe préventive quelques villes américaines prises au hasard (car passées sous le contrôle de l’Entité), et résiste à appuyer sur le bouton nucléaire, contre l’avis de ses faucons. Nous voilà rassurés sur son caractère bien trempé. D’autant que l’ennemi, ici, est désormais clairement identifié : ce sont les Russes ! Se dénoue ainsi favorablement une nouvelle guerre froide sous l’emprise de l’IA, dans l’anticipation exponentielle d’une « crise des missiles » à côté de quoi celle de Cuba, en 1962, n’aura jamais été que du pipi de chat.  Est-ce que Trump a aimé le film ?

2h49


The Final Reckoning. Film de Christopher Mc Quarre. Avec Tom Cruise, Ving Rhames, Simon Pegg, Vanessa Kirby, Esai Morales, Pom Klementieff, Angela Bassett… Etats-Unis, couleur, 2024.

Durée : 2h49. En salles depuis le 21 mai 2025




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