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Mélenchon devenu un «salopard d’antisémite»…

La gauche a un ennemi de l’intérieur


Mélenchon devenu un «salopard d’antisémite»…
Le député de l'Essonne Jérôme Guedj, Nancy, 14 juin 2025 © ISA HARSIN/SIPA

Samedi 13 juin, à la tribune du congrès du Parti socialiste, Jérôme Guedj a violemment attaqué Jean-Luc Mélenchon, le qualifiant de « salopard antisémite ». En réponse, Jean-Luc Mélenchon a exigé hier des excuses officielles de la part du PS. Pendant ce temps, Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol se sont affrontés sur la stratégie à adopter vis-à-vis de La France insoumise, dans l’éventualité de législatives anticipées. Incapables de s’accorder sur un texte de synthèse, les deux camps sont finalement repartis dos à dos.


Ce n’est pas Causeur qui le dit mais Jérôme Guedj, naguère proche parmi les proches du matamore islamolâtre. Cet anathème, il le lance depuis la tribune du congrès du Parti socialiste qui se tenait ce week-end à Nancy, non pas dans l’arrière-salle du Café du Commerce qui aurait largement suffi, mais ailleurs, dans un lieu d’un standing plus flatteur.

Le congrès des cœurs brisés

« J’ai une meurtrissure profonde terrible à dire devant ce congrès que, pour la première fois de ma vie, j’ai dû dire de l’homme que j’ai aimé profondément qu’il est devenu un salopard d’antisémite, avec des propos qui sont pour nous absolument insoutenables », a donc lancé l’orateur, ouvrant noblement son cœur. Cœur blessé, de toute évidence. On n’est pas loin des termes si douloureux du dépit amoureux. Il est vrai que la politique est parfois – aussi – affaire de passion.

La rupture est intervenue à la suite du pogrom du 7 octobre 2023 perpétré par le Hamas contre les populations civiles d’Israël (pudiquement – hypocritement devrais-je dire – qualifié de simple « attaque » ce dimanche encore par Le Monde et l’AFP).

« Quand je dis à Jean-Luc Mélenchon qu’il n’est pas possible et souhaitable de défendre la revendication de la Palestine de la mer à la rivière, argumente le parlementaire, je défends la position historique des socialistes, notamment celle de François Mitterrand à la Knesset en 1982 (…) Et à ce moment-là, je deviens le sioniste génocidaire pour Jean-Luc Mélenchon et les siens ».

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On se souvient des propos effectivement tenus par le chef suprême des Insoumis, accusant son ex-ami et étroit collaborateur d’être un « lâche, de cette variété humaine que l’on connaît tous, les délateurs (…) L’intéressant est de le voir s’agiter autour du piquet où le retient la laisse de ses adhésions », ajoutait-il, féroce.

En d’autres termes, Guedj ne serait pas, lui, une conscience libre exprimant ses propres convictions et opinions, mais un roquet en laisse, un pleutre sous influence.

Qui ? Qui ?

Ce thème-là a manifestement ces temps-ci la faveur de l’imprécateur. Il l’a repris avec délectation et emphase ce 11 juin au pupitre d’un meeting à Rouen alors qu’il évoquait la galéjade du mouille-cul de la paix où étaient embarquées Rima Hassan et Greta Thunberg pour le trophée, si âprement convoité, de celle qui pourra s’auréoler de la plus reluisante vertu woko-progressiste du monde.

« Tous ceux que vous aurez entendu parler de croisière, tonne Chef Jean-Luc, ont récité des éléments de langage qui leur ont été distribués. Demandez-vous si c’est seulement l’ambassade d’Israël qui les leur a donnés ou si c’est aussi d’autres. » Là encore, seuls des êtres en laisse, des « cervelles fatiguées » (sic) et manipulées peuvent, selon lui, s’exprimer de la sorte. La bonne vieille théorie de la manipulation sans frontières, du complot planétaire en mode Protocole des Sages de Sions n’est pas loin. Une force obscure – et juive, cela va sans dire – serait à la manœuvre.

Vilaines figures

Puis le même d’ajouter, menaçant : « Jeunes gens, rappelez-vous leurs noms, regardez leur vilaine figure ! » Là, on croit entendre l’inimitable Fouquier-Tinville. On perçoit en fond sonore le terrifiant leitmotiv révolutionnaire, de 93 sans doute mais aussi de toutes les fureurs du même tonneau : « Il ne suffit pas de dire que des têtes vont tomber ! Il faut dire lesquelles ! » Des noms, il faut des noms. Les noms de ceux dont, le moment venu, le sang (impur, forcément impur) abreuvera nos sillons. La version Terreur à la Robespierre du don du sang, si l’on veut. Donc, connaître et retenir les noms n’est pas qu’un détail, c’est la base même du job. Ne nous y trompons pas.

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Tout cela n’est guère nouveau, en effet. Et Jérôme Guedj n’est en fait que l’agneau utile de Mélenchon. La victime sacrificielle idéale. Idéale parce qu’elle concentre les deux pôles d’exercice de la violence révolutionnaire. Violence interne reposant sur la constante et nécessaire dénonciation de saboteurs, de traîtres, de « délateurs ». Cette terreur d’appareil qui sert à justifier les purges pour tout motif, à commencer par la suspicion de tiédeur idéologique. Violence dirigée vers l’extérieur également. Traditionnellement en direction du Juif. Là, encore un grand classique. Une seule référence historique : lorsque Staline voit sa toute-puissance quelque peu écornée – n’aura-t-il pas alors ce mot extraordinaire : « Tout est fini : je ne me fais même plus confiance à moi-même ! – lorsqu’il sent son trône vaciller sous ses fesses de Petit Père des Peuples, disais-je c’est un complot juif qu’il va inventer de toutes pièces pour tenter de faire diversion et se remettre en selle. Le célèbre faux complot des Blouses Blanches, qu’il me semble bien avoir évoqué ici-même.

Bref, ce sont toujours les mêmes pratiques éculées, les mêmes aberrations mentales, l’instrumentalisation du même vertige irrationnel saturé de haine, qui sont convoqués au tribunal révolutionnaire. Et cela, à d’infimes variantes près, selon la même rhétorique, la même dialectique. Surtout, au fond dans les mêmes termes… À se demander qui peut bien les distribuer dans les cervelles fatiguées des Mélenchon et affidés, ces pathétiques éléments de langage répétés à l’envi ?

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Ex-prof de philo, auteur, conférencier, chroniqueur. Dernière parution : « Je suis Solognot mais je me soigne » éditions Héliopoles, 2025

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