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Macron, progressiste des années 80

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Macron, progressiste des années 80
Ronald Reagan, Emmanuel Macron et Margaret Thatcher... à quelques années d'intervalle. SIPA. 00873122_000012 / REX40291448_000001

Alors, comment elle se passe, cette rentrée dans la Macronie ? Au cas où vous ne le sauriez pas, la Macronie est un pays d’Europe Occidentale de 67 millions d’habitants au climat tempéré, enfin jusqu’à la prochaine canicule. Il est dirigé par un président qui se prend pour Jupiter mais que l’on n’a pas envoyé pour autant à l’asile pour mégalomanie.

La machine à démonter le temps

Depuis mai 2017, la Macronie vit une étrange situation. Son gouvernement a en effet décidé de revenir une bonne quarantaine d’années en arrière comme dans le film Retour vers le Futur. A croire que ses ingénieurs ont réussi, dans les caves du palais présidentiel, à construire une machine à remonter le temps. Figurez-vous que la Macronie a choisi, en effet, de renvoyer sa population au début des années 80 pour retrouver un paradis perdu. Celui que connaissaient l’Amérique de Reagan et le Royaume Uni de Margaret Thatcher au début des années 80. En Macronie, ce sont de vrais modèles. Bon, ce n’est pas très moderne ni progressiste, même si d’habiles communicants font croire à la population que le progrès, en politique comme en aviation, c’est la réaction.

Ah, quelle heureuse époque où l’on pouvait libérer l’économie, baisser les impôts des plus riches, casser les syndicats, faire disparaître toutes les protections sociales, réduire les droits des salariés de manière à pouvoir les écrire sur un ticket de métro, et encore en grosse lettre. Une époque où l’on gouvernait la main dans la main avec le patronat, les financiers, où le montant des dividendes reçus par les actionnaires était le seul thermomètre de la bonne santé du pays.

La retraite, une idée de vieux

Une petite précision, cependant, il paraît que la Macronie, avant, s’appelait la France. Mais que la France, c’était peuplé de Gaulois réfractaires, des gens à qui il est impossible d’expliquer sans qu’ils se foutent en rogne, que l’idéal d’une existence est de travailler jusqu’à 70 ans comme auto-entrepreneur, parce que ça, c’est un destin vraiment épanouissant. Alors, on a décidé de l’appeler Macronie, parce que Danemark, c’était déjà pris.

On aurait pu s’inquiéter, avec une Macronie championne du monde en Russie, que Jupiter se serve de cette victoire pour asseoir sa popularité, que les exploits de Mbappé feraient oublier le conflit à la SNCF et aideraient à faire passer en douce une réforme de la Constitution qui donnerait encore plus de pouvoir à Jupiter. Bref, de confondre la République avec l’Olympe. Si vous ne trouvez pas ça très progressiste, c’est que vous êtes conservateur, attaché à vos petits acquis sociaux qui pourtant, après des années de social-libéralisme, avaient fondu comme un glacier au temps du réchauffement climatique.

Sauver la terre (et le système solaire)

Et patatras, voilà que tout s’est effondré aussi rapidement qu’est passé le bus des footballeurs vainqueurs sur les Champs Elysées.

C’est étrange, comme on peut vite perdre la main : dans ce fameux bus se trouvait Benalla. Benalla est un jeune homme qui se faisait appeler Mars sur les sites de rencontre, parce que Mars est la planète la plus proche de Jupiter. A croire que la mythologie rend fou. Benalla, en plus, quand il était petit, il a eu une panoplie de CRS. Alors, même s’il était conseiller du président, il était resté très enfant. Le 1er mai, il a ressorti sa panoplie pour aller jouer avec des copains au jeu : « Toi aussi, casse un gauchiste. »

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Jupiter a plutôt été long à la détente pour réagir. La faute à la canicule sans doute dont il est allé se protéger dans la piscine qu’il a fait construire à Brégançon. Ne riez pas, Jupiter aussi a besoin de faire trempette. Ca fatigue de lancer des éclairs toute la journée. Et puis alors qu’il avait retrouvé des forces, repatatras, son ministre de l’Ecologie démissionne parce qu’il a compris, même s’il a mis le temps, que vouloir sauver notre pauvre planète dévastée était incompatible avec le capitalisme pour lequel il vaut mieux continuer à faire des profits dans un monde invivable que de vivre dans un monde où on ne peut plus faire de profits.

Alors Jupiter, sur l’Olympe, il commence à éprouver une légère inquiétude, surtout à la lecture des sondages. Ce serait peut-être le moment d’en profiter pour casser sa machine à remonter le temps, non ?



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