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Les futurs profs soumis à la question


Les futurs profs soumis à la question
Image d'illustration Unsplash

Madame, Mademoiselle, Monsieur,
Puisque ces marques de civilité qui font référence à « l’identité de genre » sont pourchassées par les maniaco-inclusifs, dont la pathologie obsessionnelle se répand plus vite que le Covid (dernier exemple : note interne de la DGFIP du 6 juillet à l’intention des contrôleurs fiscaux leur enjoignant de ne plus les utiliser dans leurs courriers aux contribuables), je propose de les utiliser partout où c’est possible afin de protéger ces belles expressions menacées de disparition.
Donc, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, il sera question ici d’une information récente concernant les épreuves orales des concours pour devenir enseignant. Lors d’une de ces épreuves il a été posé la question suivante : « En classe de moyenne section, vous remarquez que les garçons jouent à la voiture et les filles s’orientent vers le coin dînette. Comment résolvez-vous ce problème ? »
Depuis une semaine que cette information m’est tombée sous les yeux je n’arrive pas à l’oublier, tant elle me semble exemplaire de ce nouveau monde impossible à comprendre pour un boomer comme moi, mais aussi, et c’est bien plus grave, du terrorisme intellectuel aussi violent que sournois avec lequel il cherche à imposer son idéologie.
Impossible à comprendre parce que naguère ce genre de question, posée dans un concours pour futurs enseignants, aurait semblé un gag, une incongruité. Quelque chose de l’ordre de la fameuse énigme surréaliste : « quelle différence y a-t-il entre un oiseau ? ».
Cette question n’appelle pas de réponse. L’interrogé reste coi, bouche bée, avant de partir dans un éclat de rire. De la même façon, aucune personne sensée, à l’époque, n’aurait su répondre au « comment résolvez-vous ce problème ». Où est le problème ? Qu’est-ce qui ne va pas ? Pourquoi ne pas demander : il pleut, comment résolvez-vous ce problème… ?
Et pourtant nos candidats enseignants sont aujourd’hui sommés de répondre, ou de passer pour hostiles aux « valeurs de la République ».
Il y a là, en pure logique, une contradiction dans la question, qui n’apparaît peut-être pas tout de suite mais qui, en y regardant de plus près, met en évidence toute l’absurdité de l’idéologie woke comme la niaiserie de ses promoteurs.
En effet, la question posée infère, je dirais même impose, que le choix de jouer aux voitures pour les garçons et celui de jouer à la dinette pour les filles, est un problème. On ne demande pas au candidat ce qu’il en pense, il doit à priori se soumettre à l’injonction « ceci est un problème ».
Le terrorisme intellectuel sournois est bien là puisque, quelle que soit sa conception personnelle (qui pourrait être – quelle horreur – de penser que cela ne mérite pas d’intervention de sa part), il doit y renoncer, courber l’échine et soumettre sa personnalité au dictat de l’institution. S’il veut satisfaire le jury il doit faire sienne l’idéologie qui sous-tend la question.
Idéologie dont, attention Mesdames et Messieurs, nous allons maintenant démontrer l’absurdité logique :
(Filles + dinette) + (Garçons + voitures) = Problème
De ce postulat de départ nous pourrions déduire :
(Filles + voitures) + (Garçons + dinette) = Problème
En effet, si l’on échange les places entre dinette et voitures, il n’y a pas de raison que le problème disparaisse. Si l’on admet la première proposition on doit admettre la seconde. Mais cela signifie que, quelle que soit la situation il y a toujours un problème, ce qui constitue une sorte de boucle étrange. En effet, à quoi bon évoquer une situation comme problématique, si la solution induite est tout aussi problématique.
Évidemment nos modernes pédagogistes ne raisonnent pas ainsi (ou alors la question qu’ils posent est absurde comme nous venons de le voir). On peut supposer que pour eux la deuxième proposition est :
(Filles + voitures) + (Garçons + dinette) = Pas de problème
Mais ce qui saute alors aux yeux c’est la dimension purement idéologique de la question initiale qui porte le message suivant:
Si les filles vont vers la dinette et les garçons vers les voitures c’est un problème.
Si les filles vont vers les voitures et les garçons vers la dinette cela n’est plus un problème.
Comment justifier que l’on se questionne dans le premier cas et pas dans le second ? Logiquement c’est impossible, idéologiquement c’est très facile.
Comme ce questionnement est dans tous les cas ridicule, on peut supposer que sa visée réelle n’est pas là, mais peut-être simplement, et c’est très inquiétant, de briser l’échine de quiconque oserait questionner un progressisme devenu fou.



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Réalisateur de films d'entreprises et institutionnels. Organisateur de spectacles.

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