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Le Mur des comptes

La chronique éco de Jean-Jacques Netter


Le Mur des comptes
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Chaque mois, le vice-président de l’Institut des libertés décode l’actualité économique. Et le compte n’y est pas.


Le Mur des comptes devrait toujours débuter par un rappel des chiffres concernant la France. Notre endettement public s’élève désormais à 3 345 milliards d’euros, soit 114 % du PIB. Notre dépense publique, qui représente 57,1 % du PIB, se répartit ainsi : 34 % pour le social, 14,5 % pour les retraites, 12,4 % pour la maladie, 2,3 % pour la famille, 1,8 % pour le chômage et 1,3 % pour la lutte contre l’exclusion. Nos comptes publics accuseront cette année un déficit d’au moins 5,6 % du PIB, avec un paiement des intérêts de la dette qui devrait atteindre 65 milliards. La croissance nominale annuelle de l’économie française plafonne quant à elle à 2,5 %, ce qui est en dessous de nos taux d’intérêt à long terme. La démographie s’effondre. La productivité recule. Tout cela se traduit par un déficit annuel du commerce extérieur de plus de 80 milliards et une position extérieure nette (l’endettement des Français vis-à-vis du reste du monde) de 800 milliards. La situation ressemble bien à celle décrite par Frédéric Bastiat dans son essai Harmonies économiques en 1850: une « grande fiction par laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde ». On attend donc avec impatience la présentation par François Bayrou de son « Plan pluriannuel de redressement des comptes publics ». Quand il est rentré à Matignon, le Premier ministre a indiqué qu’il s’estimait « au pied de l’Himalaya budgétaire ». Pour le moment, il ne semble pas avoir trouvé son piolet.

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Le Plan de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE3) prévoit un investissement public de 300 milliards. Si une partie de cet ambitieux programme est consacrée à la relance du nucléaire, la plus grande proportion est consacrée aux énergies renouvelables. Il s’agit ni plus ni moins d’ici 2030 de multiplier par deux le nombre d’éoliennes terrestres en France, par cinquante celui des éoliennes en mer et par quatre la quantité des panneaux solaires – fabriqués en Chine – installés sur notre territoire. Tout cela coûte très cher au consommateur et au contribuable puisqu’entre 2010 et 2024 le prix de l’électricité a plus que doublé. Heureusement, un moratoire a été adopté sur le développement de nouveaux projets. Les industriels ont tiré la sonnette d’alarme. Mais les politiques sont-ils pour autant vaccinés contre l’écologie punitive ?

MaPrimRénov’ a déjà coûté 2,5 milliards d’euros depuis le début de l’année, et 3,4 milliards en 2024. Ce système de subvention est destiné à améliorer l’isolation des habitations et à aider les propriétaires à installer des chaudières plus écologiques chez eux. Le gouvernement a annoncé qu’il était suspendu à partir du 1er juillet, au motif « d’une surchauffe des services instructeurs et d’un niveau élevé de fraude ». Il faut dire que les acteurs du marché de la rénovation – qui ont multiplié les démarchages téléphoniques répétitifs et surtout très agressifs auprès des particuliers – avaient senti le filon… Tous ces allers-retours représentent un véritable cauchemar pour les entreprises du secteur et pour leurs clients. On avait déjà l’habitude de voir l’État assommer les propriétaires avec la taxe foncière et l’impôt sur la fortune immobilière. Mais la politique écologique d’Emmanuel Macron ajoute un supplice supplémentaire pour des centaines de milliers d’entre eux, qui se retrouvent carrément interdits de louer leurs biens classés G au diagnostic de performance énergétique (DPE). Afin de ne pas être en reste, Anne Hidalgo a maintenu à Paris l’encadrement des loyers. Ce dossier illustre de manière dramatique la façon calamiteuse dont la France est gérée.

L’hécatombe se poursuit en France dans les sociétés de technologie. Dernier exemple en date, la société Carmat, qui développe un cœur artificiel orthotopique, autorégulé et bioprothétique, est au bord de la cessation de paiements. L’État ne semble pas s’activer pour l’aider, alors qu’il est intervenu une fois de plus pour sauver la papeterie Chapelle-Darblay (52 millions à la demande du maire socialiste de Rouen et de la CGT) et la cristallerie d’Arques (en dix ans plus de 250 millions de fonds publics y ont été injectés). En revanche, rien n’a été fait pour maintenir l’activité de la start-up française Visibrain, spécialisée dans les logiciels de surveillance des sujets sensibles sur les réseaux sociaux. Le service d’information du gouvernement aurait pu, par exemple, s’équiper avec ce logiciel. Il a préféré se fournir auprès du canadien Talkwalker, détenu par des fonds américains ! Cela permettra au Pentagone de connaître en temps réel les thèmes qui intéressent nos autorités…

Le vrai coût de l’immigration en France mériterait d’être évalué convenablement, c’est-à-dire en prenant en compte les dépenses liées à l’accueil, l’hébergement, l’accès aux soins, l’éducation, l’aide sociale ainsi que toutes les dépenses liées à la sécurité et à l’intégration. On sait que le budget de l’Aide médicale d’État (AME) devrait atteindre 1,2 milliard en 2025 et on pense que les coûts d’hébergement d’urgence dépasseront le milliard d’euros. Problème, tous ces chiffres ne sont pas consolidés. C’est la raison pour laquelle Éric Ciotti, patron des députés UDR à l’Assemblée, a demandé la création d’une commission d’enquête sur le sujet.

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L’industrie automobile européenne est morte. Sachant qu’on peut acheter en Suisse un SUV de la marque chinoise BYD pour 20 000 francs alors que la Porsche Macan est vendue autour de 80 000 francs, c’est bientôt la fin. En vingt ans, la production automobile a reculé des deux tiers en France, avec à présent seulement 1,3 million d’unités produites par an et un déficit commercial du secteur s’élevant à 4,8 milliards d’euros, rien qu’au premier trimestre 2025.

La Caisse nationale d’allocations familiales n’a pas pu obtenir la certification de ses états financiers de la part de la Cour des comptes pour l’exercice 2023. La raison : 6,3 milliards de prestations ont été versés « en dehors du cadre réglementaire ». On retrouve parmi les bénéficiaires de ces sommes beaucoup de retraités algériens extrêmement âgés, dont la preuve qu’ils sont toujours en vie n’est pas très documentée.

Le nombre de fonctionnaires ne cesse d’augmenter. Durant le premier quinquennat Macron (2017-2022), il a progressé de 177 000, contre une hausse de 126 000 sous Hollande (2012-2017) et de 35 000 sous Sarkozy (2007-2012).

Été 2025 – #136

Article extrait du Magazine Causeur




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