
Le capitaine Pooja Thapa – professionnelle incorruptible, queer replète à cheveux ras et aux traits disgracieux, moulée dans son jeans, affectant cette froideur toute virile justifiant qu’on lui donne du « Sir » selon l’usage local pour s’adresser aux policiers – est envoyé de Katmandou pour, aidée de son adjointe Matama, enquêter sur l’enlèvement crapuleux de deux enfants, dont le fils d’un député qui finance un mouvement insurrectionnel dans cette région peuplée par l’ethnie hindouiste des madhesi, soit 25% de la population de cette enclave entre Chine et Inde qui s’appelle le Népal : une minorité, paraît-il, discriminée culturellement et linguistiquement.
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Un thriller népalais distribué en France, voilà qui n’est pas chose courante. Présenté au Festival de Venise en 2024, Pooja, Sir sort à présent en salles dans une version non censurée, ce qui ne fut pas le cas dans l’espace autochtone. La mise en œuvre de ce long métrage n’a pas été une sinécure s’il faut en croire le cinéaste : un tournage en pleine mousson, ajourné d’abord en raison de la pandémie de Covid, puis à cause d’une maladie dont fut atteinte Asha Magrati, grande figure du théâtre au Népal, ici dans le rôle-titre…
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Sous l’alibi d’une intrigue au suspense un peu poussif, l’arrière-plan sociologique et politique demeure manifestement ce qui importait à Deepak Rauniyar : sur fond de couvre-feu, d’émeutes et de répression par l’impérialisme du Nord, l’argument, pour le spectateur occidental non averti du contexte, gagnerait à se voir assorti d’un mode d’emploi. C’est toute la limite d’une fiction inféodée à l’intention documentaire. Saluons quand même la prise de risque de cette échappée népalaise dans la fournaise de l’été.
Pooja, Sir Film de Deepak Rauniyar. Népal, couleur, 2024. Durée: 1h49. En salles le 23 juillet.


