Sa défense est « lunaire », d’après l’Obs. Elle ne l’est que pour ceux qui persistent à nier ou à minorer le phénomène de la violence conjugale visant les hommes.
Pour rappel, Jacqueline Sauvage a tué son époux le 10 septembre 2012 et a fait reposer toute sa défense sur le « victim-blaming » (voir plus bas pour ce mot), accusant son défunt mari de lui avoir fait vivre un enfer depuis des années. Certains l’ont accusée de mentir ou, du moins, de s’arranger avec la vérité. Je n’ai aucune raison de le penser (en revanche, j’ai déjà dit à plusieurs reprises tout le mal que je pensais de la notion de « légitime défense différée », inventée pour l’occasion par quelques féministes). Personne n’a toutefois jamais dit que sa stratégie de défense était « lunaire » (ce qui doit vouloir dire « hallucinante »), personne ne l’a accusée de pratiquer le « victim-blaming ».
Comment peut-on dire que sa ligne de défense est « indécente » ?
Jonathann Daval dit avoir tué sa femme lors d’une « dispute » dont il a pu montrer les séquelles physiques et son avocat précise que, personnalité « écrasante », qui « rabaissait » son mari, Alexia Daval avait des « crises ». S’il est vrai que « l’un des deux conjoints était violent », ce n’était donc pas son client, ajoute-t-il.
Peut-être Jonathann Daval ment-il, peut-être s’arrange-t-il avec la vérité, comme peut-être Jacqueline Sauvage. Mais comment peut-on dire que sa ligne de défense est « indécente », « dangereuse », ou « lunaire » ?
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Pour ma part, si les faits sont avérés, je me les représente sans peine et j’imagine la scène comme si j’y étais. La volonté soudaine, non pas de la tuer, mais de la faire taire. Parce que ce jour-là, il est fatigué, il ne supporte plus, il n’en peut plus. Il a tout fait pour éviter le conflit, il s’est écrasé tant qu’il a pu, il a évité en tout de la contrarier et, encore une fois, cela ne va pas. Parce que ce qui la contrarie, elle, c’est sa présence à lui, l’impression qu’elle a de gâcher sa vie avec ce minable. Et puis, cela fait longtemps qu’elle a compris qu’il ne dirait rien à personne, qu’il subirait tout sans broncher et que s’il bronche, c’est lui qui finira en tôle. Alors, elle ne se contrôle plus, elle crie, elle ricane, « tu es vraiment un pauvre type », elle le provoque, « tu es tellement nul que tu n’es même pas foutu de réagir quand je te tape », etc.
Des hommes sont victimes de violence conjugale en France
Je connais des Jonathann Daval (si celui-ci dit vrai, je précise), je sais ce que c’est que de devoir dire, avant de raccrocher : « quoi qu’il arrive, si tu sens que tu vas craquer, tu la laisses crier et tu quittes la pièce. Promets-moi que tu quitteras la pièce. Et la prochaine fois qu’elle te frappe, tu files à la police ». Ils n’y vont jamais, la peur qu’on ne les croie pas, qu’on se moque d’eux, et pire que tout : la crainte de sa réaction quand elle saura. J’ai déjà eu l’occasion de dire quel drame silencieux, dont l’ampleur est scandaleusement minorée, représente aujourd’hui la maltraitance conjugale envers les hommes. J’ai reçu, après la publication de cet article, un nombre surprenant de témoignages de gratitude. Et j’ose croire que j’ai pu éviter des suicides et des meurtres par le seul soulagement que j’ai procuré à tous ceux qui se sont dit : quelqu’un, quelque part sur cette Terre, sait ce que je vis.
En France, à l’heure actuelle, contrairement à ce qui se fait dans d’autres pays, il n’existe pas de foyer d’accueil ni même de lieu d’écoute et de soutien pour les hommes victimes de violences conjugales. Officiellement, c’est donc un phénomène marginal, ne nécessitant aucun dispositif de prise en charge, bref un phénomène qui n’existe pas. Et le discours féministe dominant ne permet même pas qu’on y réfléchisse.
De fait, le féminisme apparaît de plus en plus pour ce qu’il est : le…
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