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Comment Joliot-Curie a empêché Hitler de fabriquer sa bombe atomique

Quand Jean Dréville filmait «La Bataille de l’eau lourde»


Comment Joliot-Curie a empêché Hitler de fabriquer sa bombe atomique
Frédéric Joliot-Curie, Editions Montparnasse.

La Bataille de l’eau lourde, film daté (1947) mais passionnant de Jean Dréville, ressort en DVD.


Le principal intérêt du film de Jean Dréville (aidé par le cinéaste norvégien Titus Vibé Muller) est qu’il narre un épisode finalement assez peu connu de la seconde guerre mondiale : la bataille de l’eau lourde et l’action de quelques résistants norvégiens qui permit d’éviter, grâce à leurs sabotages, qu’Hitler possède l’arme nucléaire. A la veille de la déclaration de guerre et pour poursuivre ses expériences sur la fission de l’atome, le savant français Frédéric Joliot-Curie intervient auprès du ministre des armements Raoul Dautry afin de s’assurer auprès de la Norvège de l’exclusivité de l’approvisionnement en eau lourde. Mais comme la France, la Norvège est envahie par l’Allemagne qui possède désormais la précieuse eau lourde distillée dans la région du Telemark. Des opérations vont être menées par les alliés, à l’aide de parachutistes norvégiens, pour saboter l’usine et empêcher les allemands de fabriquer leur propre bombe atomique.

Joliot-Curie, scientifique et (piètre) acteur

Si le sujet est passionnant, avouons d’emblée que le traitement opéré par Dréville l’est beaucoup moins. Ni documentaire (même si les cinéastes utilisent de temps en temps des images d’archives), ni fiction (puisque les vrais protagonistes des événements apparaissent à l’écran), La Bataille de l’eau lourde est une reconstitution des faits rejouée par les protagonistes du drame. Une voix-off, omniprésente, se charge d’expliquer ce qui se joue à l’écran. Le dispositif s’avère assez vite pesant, entre le didactisme scolaire d’une page de manuel et la dramatique télé (Frédéric Joliot-Curie était sans doute un grand savant mais quel piètre acteur !). L’envahissant commentaire traduit d’une certaine manière l’impuissance des images à rendre compte de cet épisode de la guerre.

Lorsque les parachutistes débarquent dans le Telemark, le film gagne en puissance car Dréville nous offre quelques très beaux plans sur cette nature aussi majestueuse qu’hostile (ces paysages de montagnes enneigées où nos vaillants résistants évoluent). Les préparatifs des sabotages, sans être palpitants, témoignent du métier d’un cinéaste un peu oublié et pas forcément très intéressant (de mon côté, je n’ai vu de lui qu’une comédie parfaitement oubliable – Les Casse-pieds– et un monument d’académisme – La Reine Margot– avec Jeanne Moreau).

Pour les passionnés d’histoire

Encore une fois, on regrette vraiment que le metteur en scène n’ait pas eu plus confiance en lui et ses images pour revenir sur ces événements historiques. Obsédé qu’il est par la véracité de son témoignage, il plombe son film par une volonté didactique et explicative aussi lourde que l’eau du titre ! Le souffle qui passe parfois lors de certains beaux mouvements de caméra aurait largement suffi à nous convaincre et la fiction aurait sans doute été mieux à même de traduire l’angoisse et l’héroïsme de ces résistants saboteurs.

Le film pourra néanmoins intéresser les passionnés d’Histoire mais s’avérera plus anodin pour les cinéphiles en dépit de la curiosité du projet.

La Bataille de l’eau lourde (1947) de Jean Dréville et Titus Vibé Muller avec Frédéric Joliot-Curie, Lew Kowarski, Raoul Dautry (Éditions Montparnasse).

La Bataille de l'eau Lourde

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est cinéphile. Il tient le blog Le journal cinéma du docteur Orlof

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