Helena Costa, avant-gardiste du foot français


À la surprise générale, le président du Clermont Foot Auvergne annonçait la semaine dernière la nomination d’une quasi-inconnue au poste d’entraîneur général de l’équipe fanion. Une première en Europe, qui donne l’occasion à tout le football français de bomber le torse, fier d’être précurseur sur un sujet supposé sensible. Dans un continent où la recherche obsessionnelle du progrès pousse à consacrer un drag queen comme passionaria, voilà enfin une bonne raison de tirer la langue à nos voisins. 

Invités à réagir à cette nomination que d’aucuns penseront être  un joli coup marketing, eu égard au CV un peu maigre de la coach, les acteurs du sport français le plus populaire se sont fendus de déclarations bienveillantes, alternant les poncifs habituels sur « le regard tout à fait particulier des femmes sur le football (qui) prennent des décisions plus subtiles que les hommes » selon Jean-Michel Larqué pendant que le chroniqueur Pierre Ménès osait une boutade un peu grivoise ; « Il y a-t-il un M. Costa et qu’en pense-t-il ? »

Dans ce florilège de réactions un peu gauches, la ministre Najat Vallaud-Belkacem, en qualité de sa charge des Sports, ajoute « Bravo au Clermont Foot de comprendre que donner leur place aux femmes est l’avenir du football professionnel ». Soit.

À l’ère de la théorie du genre, il est cocasse de constater combien les clichés sexistes ont la vie dure. Quant à un autre sport national pratiqué par tous à l’envi, la psychologie de comptoir, son avenir semble radieux.

Et Helena Costa là-dedans ? La portugaise (qui cumule donc d’importantes qualités pour la réalisation de blagues vaseuses) ne demande qu’une chose, comme elle le rappelle sur Europe 1 «J’appelle toute la presse et les supporters à me regarder comme une entraîneur normal et à me juger pour mes résultats et sur mon travail, et non pas parce que je suis une femme. »

Passé le tumulte lié à cette nomination qui a le mérite de bouger les lignes et de porter ombrage aux polémiques actuelles sur le racisme et le sexisme dans le foot, on peut espérer que Madame Costa sera entendue, et les envolées lyriques des uns et des autres sur sa condition remises au placard.

La coach, qui a précédemment exercé à la tête de l’équipe féminine du Qatar, sait que sa nomination est une tempête dans un verre d’eau, alors que nombre de femmes au Moyen-Orient défendent leur simple droit à exercer le sport-roi.

De son côté, le président de la FIFA Sepp Blatter a déclaré :  « Félicitations et bonne chance à Helena Costa au Clermont Foot. Une bonne nouvelle pour les femmes dans le football aujourd’hui »

Une déclaration à rapprocher des inflexions de la FIFA dans certaines de ses positions comme la récente autorisation du port du voile au cours des compétitions officielles. Une intrusion manifeste du religieux dans le sport, sur fond de lobbying très important des pays concernés, dont l’influence grandissante dans le sport interroge. Une question sur laquelle la FIFA se montre étonnamment moins prolixe.



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