Après avoir fêté leur victoire avec leurs supporters sur les Champs-Élysées, les joueurs du PSG, vainqueurs de la Ligue des champions, ont été reçus ce dimanche soir à l’Élysée par le président de la République. Tout le monde était très joyeux. Désolé, Elisabeth Lévy casse un peu l’ambiance dans sa chronique matinale.
Malgré les violences et les pillages, peut-on vraiment se réjouir que le sport crée des moments d’union nationale ? Réjouissez-vous si vous y arrivez. Moi je ne marche plus. Et même, l’idolâtrie qu’on voue à ces sportifs, ou à quiconque d’ailleurs me met un peu mal à l’aise.
Malaise identitaire
Certes, des millions de Français ont regardé la même chose et hurlé ensemble. Mais ce patriotisme des stades est un patriotisme de pacotille, un cache misère. On agite le drapeau, on chante « on a gagné ». Des gens de gauche qui d’ordinaire taxent la France de colonialisme et de racisme applaudissent des milliardaires. And so what ? C’est la fin de comète de l’identité. On la proclame d’autant plus bruyamment qu’elle est menacée.
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D’ailleurs, personne ne s’émeut qu’on se barbouille de tricolore en arborant les couleurs du Qatar. Ni que le président de la République rende hommage à ce pays qui a été, dit-il, un actionnaire exigeant. Du Hamas ? Rappelons que le Hamas, ami du Qatar, c’est les Frères musulmans sur lesquels on s’excite depuis dix jours. Mais passons… je sens que je gâche la fête ! Quant au tweet présidentiel à la fin du match « Champion frère ! », il est au minimum ridicule.
La fraternité, c’est dans la devise nationale. Sauf que la fraternité dont il est question ici n’est pas universelle ni nationale. Emmanuel Macron singe la langue des quartiers où « frère » (ou cousins) ne s’adresse pas à tous les Français mais aux gens de votre communauté, origine ou appartenance. Dans cette logique communautaire, les Palestiniens sont mes frères, pas les juifs ou les Berrichons. On a d’ailleurs vu pendant le weekend une vidéo assez déplaisante de manifestations de supporters français du PSG à Munich défilant aux cris de « Nous sommes tous les enfants de Gaza ». Et hier, la foule qui a envahi tout le centre de Paris n’était pas à l’image de la France. Déjà, il n’y avait presque pas de femmes – et certaines de celles qui étaient quand même présentes se plaignent sur les réseaux sociaux d’attouchements et autres frottages. Nous avons observé de très jeunes garçons (majoritairement ?) issus de l’immigration. Et des racailles – certes je ne les mélange pas avec les autres jeunes – qui sont semble-t-il intervenues un peu plus tard. Mais même quand ils ne cassaient pas, tous ces gens s’amusaient de façon un peu agressive, ils faisaient du bazar avec leurs scooters, les voitures. On sentait qu’une étincelle pouvait tout faire partir.
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Gueule de bois
En 1998, on m’a fait le coup de la France Black Blanc Beur unie derrière son drapeau. Sept ans plus tard, les émeutes de 2005 révélaient l’étendue des fractures françaises. Et depuis, ça n’a fait qu’empirer. Le sport ne peut pas créer une unité nationale qui n’existe pas. Alors frère, ton match de foot, je m’en bats les oreilles.
Cette chronique a été diffusée sur Sud Radio
Retrouvez Elisabeth Lévy dans la matinale.
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